TOUT EST DIT

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mercredi 12 janvier 2011

Le livret A pourrait passer à 2%

Toutes les personnes ayant un livret A vont avoir le sourire. Le taux de rémunération du fameux petit carnet rouge pourrait être réévalué le 1er février pour s'indexer sur l'inflation, a indiqué mercredi Christine Lagarde sur France 2, la ministre de l'Economie.
« Si les chiffres de l'inflation témoignent d'une inflation hors tabac à 1,6%, le taux du livret A restera à 1,75 (...) En revanche si l'inflation hors tabac est à 1,7% alors la rémunération du livret A passera à 2%» affirme la ministre. Mais pas de réjouissance prématurée, le taux est aussi recalculé le 1er août. Christine Lagarde a néanmoins rassuré en prévenant qu'il ne devrait pas diminuer sous les 1,75%.

Un plan de sauvetage n’aiderait personne

Sous la pression des marchés et poussé par certains pays à accepter un aide financière, le gouvernement de José Sócrates doit rester ferme et rétablir la confiance, assure une éditorialiste portugaise, car les plans d’aide ne font qu’aggraver la crise. 

Les expériences grecque et irlandaise nous montrent qu’en économie, les interventions créent davantage de problèmes, nouveaux et plus graves, et en viennent même à mettre en péril la monnaie unique. Mais il appartient aujourd'hui au gouvernement portugais de faire en sorte d'éviter le pire.
Les dirigeants de la zone euro ont terminé l'année 2010 en étant davantage conscients des risques que faisait courir à l'euro la solution qui a été choisie pour résoudre le problème de la dette que certains pays européens rencontrent. C'est, dans ce contexte, qu'il faut inscrire les déclarations de soutien, multiples et variés, apportées aux mesures adoptées par le Portugal pour lutter contre le déficit public.

Un modèle qui alimente l'effet domino

Les interventions, d'abord en Grèce puis en Irlande, ont montré que le modèle privilégié dans la gestion de la crise de la dette contribuait à alimenter un effet domino qui fait planer le spectre d'un effondrement de la zone euro.
Dublin n'avait pas encore accepté le plan d'aide que déjà, analystes et économistes dressaient leur liste des victimes : viendraient ensuite Lisbonne, puis Madrid, et ce serait Rome ou Bruxelles. Dans cette réaction en chaîne annoncée, les analystes arrivaient rapidement à une conclusion évidente : nous allions assister à l'effondrement ou à l'éclatement de la zone euro. Et la chute de la monnaie unique allait ouvrir une brèche profonde dans l'ensemble de l'édifice européen.
C'est parce qu'ils sont conscients des menaces à venir pour un projet qui garantit la paix et la prospérité de l'Europe depuis déjà plus d'un demi-siècle que les dirigeants européens (ainsi qu'une partie de la technocratie européenne) ont repensé toute la stratégie à suivre pour surmonter les problèmes de financement de certains membres de l'euro, dont le Portugal.

Lisbonne ne peut pas grand-chose contre les Cassandre

Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, démenti officiellement par le gouvernement allemand, Berlin et Paris souhaitent que le Portugal demande officiellement une aide financière pour éviter une contagion de la crise à l'Espagne. Aurait-on changé d'opinion au sein de la zone euro ? Rien ne le laisse penser. Ce qui semble manquer en revanche, c'est la confiance dans la capacité de cette stratégie fondée sur les fonds européens et le FMI à éviter de nouvelles interventions et à empêcher la contagion à l'Espagne et à d'autres pays.
La nouvelle tempête financière qui s'est abattue sur le Portugal est la conséquence de l'annonce de deux émissions obligataires le 6 janvier. Les établissements financiers explorent actuellement les possibilités d'engranger des bénéfices supplémentaires en achetant ces nouveaux titres proposés à des taux plus élevés. Les dirigeants politiques ne peuvent pas et ne doivent pas favoriser ce type d'opérations par des déclarations qui créent des problèmes supplémentaires, pour le Portugal comme pour l'euro.
Le gouvernement de Lisbonne ne peut pas grand-chose contre les Cassandre. Mais le Premier ministre José Sócrates peut faire beaucoup, lui, en mettant toute sa détermination et sa ténacité au service de la lutte contre le déficit public. Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour que nous ayons la certitude, au plus tard en février, que les prévisions de déficit public seront respectées cette année. Ce n'est qu'ainsi qu'il peut espérer la solidarité des Européens et une solution européenne – sans l'aide du FMI.

Le FN séduit de plus en plus les sympathisants de la droite classique

Le Front national fait toujours figure "d’épouvantail" dans le paysage politique français. Mais une progression de l’adhésion à ses idées est constatée entre janvier 2010 et janvier 2011.

A quelques jours du congrès de Tours des 15 et 16 janvier, qui verra soit Marine Le Pen, soit Bruno Gollnisch succéder à Jean-Marie Le Pen, le baromètre d’image du Front national réalisé par TNS-Sofres pour Le Monde, Canal+ et France Inter, met en lumière un mouvement des sympathisants de la droite traditionnelle en faveur des idées du Front national, notamment lié à un effet Marine Le Pen.
Une "porosité" qui concerne une frange, certes minoritaire, des sympathisants de l’UMP mais qui explique à elle seule "presqu'exclusivement" la progression sur un an de l’adhésion aux idées du parti d’extrême droite.
Selon le baromètre, 22 % des sondés se déclarent en accord avec les idées défendues par le FN. Ils étaient 18 % en janvier 2010. Cette progression de quatre points est intervenue dans une année marquée par les débats sur l’identité nationale, le port du voile intégral et une séquence gouvernementale à tonalité sécuritaire très forte au coeur de l’été.
"C'EST 12 POINTS DE PLUS QUE L'ANNÉE DERNIÈRE"
Surtout, 32 % des sympathisants UMP se déclarent en accord avec les idées du Front national. "C'est 12 points de plus que l'année dernière", relève Edouard Lecerf, directeur général de TNS-Sofres.
Le jeu ambivalent d'une frange des sympathisants de l'UMP vis-à-vis du FN se retrouve dans l'attitude à adopter sur la question des alliances. Seuls 8 % des sympathisants de l'UMP se disent prêts à le traiter en "allié en passant une alliance électorale globale avec lui". Cependant, 35 % d'entre eux souhaitent "faire des alliances avec lui selon les circonstances".
TNS-Sofres note qu'"au total, ce sont donc 50 % des sympathisants de droite [FN compris] – dont 43 % des sympathisants UMP – qui souhaitent que l'UMP passe une alliance globale ou selon les circonstances avec le FN. En 2002, après la présidentielle, la proportion était seulement de 33 % à droite (et de 23 % chez les sympathisants RPR)." 34 % des sympathisants UMP refusent "tout accord politique avec lui sans le combattre", 17 % souhaitent le "combattre".
Dans cette équation, le facteur Marine Le Pen joue un rôle particulier.

Airbus: une commande historique, un pari risqué

Le constructeur vient de conclure avec une compagnie indienne un contrat sur 180 appareils. Décryptage de la stratégie d'Airbus.

  En remportant, avec IndiGo, la plus importante commande ferme jamais passée par une compagnie aérienne auprès d'un constructeur - 180 appareils d'un coup - Airbus confirme un double pari. Premier pari, pris il y a déjà quelques années : miser sur les compagnies low-cost, et pas seulement en Europe (telle Easy Jet) mais aussi dans les pays émergents, qui offrent d'incroyables perspectives de croissance du transport aérien. Ainsi, le trafic intérieur indien a connu l'an dernier une hausse supérieure à 9% !  
"Les compagnies de la région Asie-Pacifique, dont la Chine et l'Inde, transporteront un tiers du trafic passagers d'ici 2029, ce qui en fera la région la plus importante en termes de volume", soulignait récemment Chris Emerson, le patron de la stratégie produits et des prévisions de marché chez Airbus. Une opportunité comprise depuis longtemps à Toulouse, au siège de l'avionneur, qui a développé des relations privilégiées avec des transporteurs d'Asie du sud-est comme le malais AirAsia, gros acheteur d'Airbus. Mais un pari risqué : ces compagnies sont récentes et parfois fragiles, elles se livrent souvent une guerre sans merci sur leur marché régional et peuvent être contraintes de réduire rapidement la voilure, à l'instar de l'indienne Kingfisher, grande cliente d'Airbus, menacée de faillite en 2009 et contrainte de reporter des commandes. 
Deuxième pari pris par Airbus : proposer une version remotorisée de son modèle le plus vendu, l'A 320. C'est l'A 320-NEO dont le lancement a été annoncé en décembre 2010 (pour une mise en service au printemps 2016) et dont IndiGo devient le premier client. La décision d'offrir aux compagnies la possibilité de disposer d'un moteur plus économe n'est pas anodine : elle est une réponse à l'arrivée prochaine de nouveaux concurrents (le canadien C-Series et le chinois C-919), mais va absorber d'importantes ressources en ingénierie chez l'avionneur et pourrait aussi, à terme, pénaliser les ventes d'A 320 classiques, un modèle largement amorti, à l'industrialisation très maîtrisée, puisque développé il y maintenant plus de vingt ans. Et sur lequel le constructeur réalise ses plus belles marges.  
L'investissement sur l'A320-NEO va aussi repousser d'autant le lancement d'un avion mono-couloir entièrement nouveau. Ce qui laisse éventuellement le champ libre à Boeing pour proposer au marché un successeur de son best-seller, le 737... 

Une honte pour le monde

D’accord, d’accord, on a compris : l’indignation et les bons sentiments n’ont jamais fait une politique. Mais comment un esprit rationnel pourra-t-il expliquer qu’un an après le séisme de magnitude 7 qui a ravagé Haïti, Port-au-Prince reste un champ de ruines où 5 %, seulement, des décombres ont été dégagés ? Toutes les justifications du monde ne pourront justifier un tel échec. A quoi bon avoir pleurniché par tonneaux sur le sort de nos malheureux « frères » de la Caraïbe si nous - l’Occident - avons été incapables par la suite de contrarier le destin brutal avec lequel ils doivent composer ?

Ce n’était pas le premier tremblement de terre majeur auquel l’humanité a dû faire face ces dernières années. Mais ni au Mexique, ni en Algérie, ni en Chine, ni même en Indonésie après le tsunami, nous n’avions assisté à un tel décalage entre l’émotion planétaire des premiers jours et le bilan de la reconstruction douze mois plus tard. L’incurie qui a figé l’image arrêtée apparaît d’autant plus scandaleuse qu’on la regarde d’un œil navré mais fataliste.

Les responsabilités sont partagées, évidemment. Oui, les grandes nations se sont mobilisées et l’incapacité de l’État fantôme d’Haïti à prendre en main la situation n’est pas étrangère à l’inaction des autorités qui devaient rebâtir le pays. Mais la condescendance avec laquelle a été considérée l’une des nations les plus pauvres du monde a souvent stérilisé les énergies. Si une catastrophe similaire avait frappé la région de San Francisco ou de Los Angeles, qui aurait admis que les plaies de la tragédie restent ainsi béantes, ouvertes, sanguinolentes. Supportables au point qu’on laisse le choléra et la pourriture y prospérer ? 250 000 morts et 300 000 blessés à Port-au-Prince auraient-ils moins d’importance ici qu’en Californie ?

Bien sûr, on peut se rassurer à bon compte : la mission de réhabilitation était gigantesque, impossible à réussir en si peu de mois. Mais d’emblée le monde a délibérément manqué d’ambition pour Haïti. Les habitants pouvaient bien attendre les dix ans - au minimum - qu’on leur promettait pour remettre d’équerre leur capitale meurtrie… Qui étaient-ils après tout, ces miséreux du XXI e siècle, pour exiger mieux ?

Posés sur de telles bases chancelantes, les projets ont pris tout leur temps. L’action des ONG s’est embourbée dans les méandres d’un Etat inconsistant et les hésitations des pays donateurs. A tel point que les chantiers sont encore, pour la plupart, au point mort. Comme si rien ne pressait quand 800 000 hommes, femmes et enfants dorment encore dans des camps provisoires.

D’une certaine façon, la situation est pire encore qu’au lendemain de cette terrible nuit de janvier 2010 où tout a basculé. Ce matin-là, il y avait l’horreur, partout, mais aussi l’espoir d’un renouveau. Il n’en reste rien.

Primaire


A votre avis, qui est le plus sincère: François Bayrou, Nicolas Sarkozy ou Jean-Luc Mélenchon ? Vous n’en savez rien, et vous en fichez comme de votre premier mensonge... Un très sérieux journal du soir a pourtant trouvé «un échantillon de 800 personnes, représentatif de la population française», qui n’avaient sans doute rien de mieux à faire, pour leur poser la question de la sincérité comparée des candidats présidentiels. Résultat: le plus sincère serait la verte Eva Joly. Ainsi va l’époque, on dénonçait dans la présidentielle un concours de beauté, nous voici avec un concours de sincérité. On imagine déjà toutes les déclinaisons de cette nouvelle catégorie politique: la sincère-démocratie, l’union sincère populaire, l’extrême-sincérité, et bien sûr le PS, ou Parti sincère. Au fait, à votre avis, qui est le plus sincère: Royal, DSK, Aubry, Hollande...? La vérité si je mens: voilà un vrai débat politique !

Une stratégie de développement


Port-au-Prince mais aussi des quartiers entiers d'autres villes ont été abattus par le tremblement de terre de l'an dernier. L'État, déjà bien fragile, s'est effondré. Le peuple haïtien est apparu dans son dénuement mais aussi dans sa volonté de survivre et de reconstruire. Un immense élan international de secours s'est déclenché alors que l'on comptait 250 000 morts, 300 000 blessés, 700 000 déplacés. Beaucoup d'argent a été promis par différents pays. En France, dans l'Ouest, la générosité a été remarquable.


Des solutions d'urgence ont été mises en œuvre auxquelles l'association Ouest-France Solidarité a participé. Grâce au résultat extraordinaire de la collecte de l'an passé, des tentes, des abris de fortune ont été dressés. Hélas, le provisoire dure toujours et ce sont des centaines de milliers d'Haïtiens qui se trouvent encore entassés dans quelques endroits exigus et insécurisés. Ils vivent cette épreuve avec beaucoup de courage. Pourtant, une telle situation ne pourra pas durer sans provoquer des troubles graves.


Évidemment, l'argent ne suffit pas. Les observateurs, les commissions internationales soulignent la nécessité de reconstruire un véritable État. Des orientations sont définies. « Il ne s'agit pas, en effet, de reconstruire des bâtiments et des logements à l'identique, mais de construire des institutions et une économie », écrit Pierre Duquesne, ambassadeur chargé des questions économiques de reconstruction et de développement (1).


Ainsi, avant de reconstruire, il faut savoir où le faire et comment. Quand on songe à la masse énorme des décombres et déchets qu'il faut évacuer, au fait qu'il n'existe pas de cadastre, on imagine l'ampleur des difficultés et des efforts qui sont et seront nécessaires. Certains estiment qu'il faudra au moins dix ans pour y parvenir. À Montréal, la commission internationale s'est engagée au minimum pour une telle période.


« Le pain des tropiques »


Mais, derrière la catastrophe connue de tous, il en est une autre, moins apparente : c'est la dégradation des sols par suite du déboisement. Il importe donc, en même temps, de s'engager à fond dans le développement durable qui consiste à sauvegarder les terres arables puis à les employer judicieusement. Cela passe, évidemment, par le reboisement, ce qui signifie donc qu'il faut traiter les problèmes d'Haïti à la source et sur le long terme, écrit encore Pierre Duquesne.


Il faut que cette catastrophe majeure devienne, en quelque sorte une chance qui permette l'aménagement politique et économique du territoire. Ainsi, on pourra espérer une réussite analogue à celle de la République dominicaine voisine qui, voici cinquante ans, était dans un état comparable à celui d'Haïti aujourd'hui. Pour y parvenir, il importe de redonner du poids aux collectivités locales par la décentralisation, mais aussi compte et comptera le respect des règles démocratiques.


Souhaitons que le processus électoral en cours permette « l'installation d'une gouvernance qui sortira de l'indécision politique, de l'inefficacité administrative, des inégalités extrêmes, de l'absence d'intégrité financière » (1). Mais c'est, bien sûr, des Haïtiens eux-mêmes que dépend l'avenir du pays. Ce sont eux qui mettront en oeuvre, comme il convient, l'aide internationale.


Déjà, nombreux sont ceux qui ont fait cette prise de conscience et se sont engagés dans une réflexion stratégique sur le développement d'Haïti. En témoignent, par exemple, l'effort entrepris par le Gadru (Groupe d'appui au développement rural) et par le Codeart (Coopération au développement de l'artisanat), effort en partie financé par les dons d'Ouest-France Solidarité pour stabiliser les sols autour des villages et pour faciliter, par des cassaveries, la transformation du manioc, ce « pain des tropiques » (2). De plus, Ouest-France Solidarité s'efforce de soutenir ceux qui peuvent construire des logements durables à des prix abordables.


Un an après, presque tout reste à faire. Nous maintiendrons autant que nous le pourrons notre aide et, bien sûr, dans le respect des Haïtiens qui sont, en définitive, les maîtres de leur destin.

(1) Revue Mondes, n° 4.

(2) Le pain des tropiques, film de Bernard Simon diffusé sur France Ô, ce soir, à 20 h 35.

Sous l’ombre de DSK


Le Parti socialiste a réussi à trouver un accord sur la date de ses élections primaires pour l’investiture à la présidentielle 2012. Le scrutin, ouvert à tous les sympathisants de gauche, aura lieu les 9 et 16 octobre prochains, et il faudra s’être porté candidat avant le 13 juillet.


Rarement un calendrier politique aura été aussi discuté et aussi disputé. Les strauss-kahniens voulaient reculer le dépôt des candidatures à l’automne pour que leur champion puisse rester à Washington le plus longtemps possible, les hollandistes voulaient voter avant l’été. DSK pourra finalement assister au sommet du G8 de Deauville, fin mai, en tant que patron du FMI : sous l’apparence d’un compromis, c’est lui qui obtient satisfaction. Sa campagne de marketing politique basée sur le silence et sur le mystère pourra continuer six mois encore.


Pendant ces six mois, tous les autres candidats seront en quelque sorte ficelés à la décision du grand argentier du capitalisme. Il leur faudra faire preuve de beaucoup d’imagination pour sortir de son ombre tutélaire. Ségolène Royal s’y est essayée cette semaine, en affirmant qu’elle était prête à faire équipe avec celui qu’elle avait battu en 2006, à condition qu’il adopte la totalité de son programme. Personne n’y croit, bien sûr, d’abord parce que la Poitevine n’a pas présenté de programme depuis qu’elle a avoué que celui qu’elle portait en 2007 n’était « pas crédible », ensuite et surtout parce qu’elle est bien trop égocentrique pour faire équipe avec qui que ce soit. Mais le seul fait qu’elle juge nécessaire de donner des gages de bonne volonté montre à quel point ces primaires sont balisées vers un seul homme : la direction du PS a articulé son carnet de route 2011 autour d’une candidature DSK. Si celui-ci renonce, le bureau national se retrouvera orphelin comme en 1994, après l’abandon de Jacques Delors. Avec une différence de taille : à l’époque, seuls deux dirigeants, Henri Emmanuelli et Lionel Jospin, s’étaient affrontés pour l’investiture, et les primaires (qui n’avaient pas été prévues) n’avaient duré que quelques semaines. Aujourd’hui, la cour est pleine, et la récréation ne se terminera qu’à la veille de la fête nationale… pour reprendre dès la rentrée de septembre. Le PS n’a pas fini de s’ébrouer dans le flou, les egos et les non-dits.

Le pari risqué d'Obama pour retrouver la croissance

Avec une équipe tout juste renouvelée à la Maison-Blanche, les objectifs de Barack Obama pour la deuxième partie de son mandat s'affichent haut et clair : priorité à l'économie et cap au centre sur l'échiquier politique. Ce sera le terreau de son discours sur l'état de l'Union, prévu dans trois semaines. Les élections législatives de l'automne - qui ont redonné la majorité aux républicains à la Chambre des représentants -et l'approche de l'élection présidentielle de 2012 ont influé sur la nouvelle stratégie.

A la surprise générale, le président a tiré très vite les leçons de sa « déculottée » de novembre et il est parvenu à faire passer un nombre de textes important au mois de décembre. « Obama est un Houdini - un célèbre prestidigitateur », s'est émerveillé l'hebdomadaire « The Economist », même s'il lui paraît difficile que le président puisse reproduire pareille performance. Les démocrates ont en effet eu du mal à l'avaler, mais le compromis auquel la Maison-Blanche et les républicains sont parvenus sur la reconduction des réductions d'impôt va aboutir à un nouveau plan de relance fiscal de 200 milliards de dollars. Dès ce mois-ci, les salariés vont recevoir un chèque de fin de semaine ou de quinzaine un peu plus étoffé. Les impôts étant prélevés à la source, la baisse des cotisations sociales se traduit immédiatement dans le portefeuille. De quoi inciter les Américains à dépenser, d'autant que le rebond des marchés boursiers en fin d'année dernière (la moitié des foyers américains détiennent des titres ou des obligations) a contribué à augmenter la richesse des ménages, à 54.900 milliards de dollars au troisième trimestre 2010, selon les derniers chiffres disponibles, contre 53.700 milliards le trimestre précédent.

Du coup, tous les économistes ont revu leurs prévisions de croissance de l'économie américaine à la hausse. Celle-ci devrait atteindre 3 % en 2011 (4 % si l'on prend la période qui s'étend du quatrième trimestre 2010 au dernier trimestre 2011), ramenant le chômage aux alentours de 9 %. C'est encore un taux très élevé, et il faudra plusieurs années pour l'abaisser suffisamment, a prévenu le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. Lui-même est intervenu vigoureusement en lançant, début novembre, un nouveau programme d'achat d'emprunts d'Etat à hauteur de 600 milliards de dollars, prévu pour durer jusqu'en juin prochain.

En ce début d'année, l'économie américaine va mieux en même temps que les politiques de soutien sont plus fortes. Les risques d'une nouvelle plongée dans la récession ne sont plus évalués qu'à 15 % ou 20 % et l'inflation est faible. Le rebond de l'économie américaine est pourtant médiocre au regard des taux de croissance normalement enregistrés après une récession (qui sont de l'ordre de 5 % à 7 %), mais il a été rapide. Les ventes annuelles de voitures, qui dépassaient les 16 millions d'unités avant la crise pour tomber à 9 millions pendant, sont maintenant remontées de 30 %, à 12 millions de véhicules. Les entreprises n'ont jamais été aussi riches en cash. Le problème : elles ont jusqu'à présent peu investi en ressources humaines, préférant miser sur les technologies de l'information pour encore accroître leur productivité, qui a beaucoup progressé. Elles ont également reconstitué leurs stocks et il n'y a plus beaucoup de points de croissance à espérer de ce côté-là. Et si les entreprises exportent mieux, les importations ont également redémarré avec la reprise de la consommation, ce qui atténue l'effet des exportations sur le taux de croissance.

Pour les convaincre d'embaucher, une partie des efforts de la Maison-Blanche dans les mois qui viennent va consister à réinstaurer un climat de confiance avec le monde des affaires. A cet effet, la nomination de William Daley, ancien ministre du Commerce de Bill Clinton et banquier chez JP Morgan, comme chef de cabinet de Barack Obama a été bien perçue… jusque par la Chambre de commerce américaine, pourtant très hostile au président. Des réformes substantielles pourraient accompagner la reprise, avec notamment celle du Code des impôts que souhaite la Maison-Blanche.

La réussite de la nouvelle équipe du président se mesurera à l'aune du taux de chômage. Plus les créations d'emplois seront nombreuses, plus les démocrates amélioreront leurs chances de succès en 2012. Reste encore l'épineuse question du marché immobilier, dont le redémarrage varie énormément de région à région. Or la relance du bâtiment aura un effet important sur l'emploi.

La situation peut paraître injuste aux Européens. Alors qu'ils se serrent la ceinture, prônent la rigueur, l'Amérique s'offre le luxe d'être dépensière. Elle aggrave sa dette, joue de sa monnaie, la relance de son économie étant sa seule priorité afin de récupérer les 8 millions d'emplois perdus depuis la crise financière. Entre la politique d'assouplissement quantitative de la banque centrale et le dernier plan de relance fiscale, celle qui est encore la première puissance mondiale ne se refuse rien. Mais cette politique a un coût, et ne l'immunise pas pour autant face aux dangers qui la menacent, de l'intérieur comme de l'extérieur. Car en faisant le choix de la croissance et de l'emploi, les Etats-Unis ont repoussé à plus tard le règlement de questions pourtant cruciales comme celle de la dette fédérale. Les républicains menacent d'ailleurs de refuser d'augmenter le plafond de celle-ci (actuellement à 14.300 milliards de dollars) lors d'un vote prévu en mars prochain et veulent, dès cette année, restreindre de 100 milliards le train de vie du gouvernement. Il va être crucial, pour le président, de faire entendre sa voix sur ce thème et de ne pas laisser le camp adverse s'approprier seul le discours de l'austérité budgétaire. D'autant qu'il y a d'autres bombes en puissance, qui viennent des déséquilibres budgétaires et de la dette des Etats fédérés comme des municipalités.

Sur le front extérieur, l'économie américaine devra faire face à une surchauffe des prix de l'énergie et des matières premières, aux conséquences de l'accélération de l'inflation dans les pays émergents et aux rebondissements de la crise de la dette souveraine en Europe. Il appartient maintenant à Gene Sperling, le nouveau conseiller économique de Barack Obama et le successeur de Larry Summers, d'ajuster la voile en fonction de ces différents développements.

Tour Eiffel: bilan de santé high-tech pour la vieille dame de fer

Laissée durant plus d'un siècle aux seuls soins des ouvriers et des peintres, la Tour Eiffel dispose désormais d'un bilan de santé high-tech réalisé par modélisation numérique, qui devrait lui permettre d'affronter sereinement les deux ou trois prochains siècles.
A sa construction par Gustave Eiffel pour l'Exposition universelle de 1889, la Tour était prévue pour être démantelée au bout de vingt ans. Comment ses 18.000 éléments ont-ils résisté depuis lors aux intempéries, aux aménagements et aux millions de visiteurs qui la piétinent chaque année ?
Plutôt bien ! Mais il aura fallu réaliser une modélisation numérique de la vieille dame de fer et résoudre une équation à plus d'un million d'inconnues pour s'assurer de son état de santé.
A son arrivée comme responsable des structures de la Tour Eiffel, Stéphane Roussin découvre, avec surprise, la dimension artisanale de l'entretien de l'édifice.
"Grosso modo, on faisait un check-up complet lors des campagnes de peinture et suivant ce que les peintres découvraient, on entretenait!", raconte-t-il.
"Je viens d'un autre domaine, où on modélise d'abord les éléments neufs avant de les réaliser", ajoute cet ancien officier de marine qui fut notamment chargé du porte-avions Charles-de-Gaulle à l'état-major.


En 2008, la SETE (Société d'exploitation de la Tour Eiffel) commande donc une modélisation numérique de la Tour de 324 mètres de haut, du même type que celles réalisées pour d'autres édifices aussi spectaculaires que le viaduc de Millau (2.460 m de long pour 343 m de haut), les tours jumelles Petronas en Malaisie (452 m de haut) ou la tour Burj Khalifa de Dubaï (828 m).
Problème: si les comportements des matériaux modernes utilisés dans ces ouvrages sont bien connus, il n'en allait pas de même pour la Tour Eiffel. "Aujourd'hui, les ponts sont en acier et boulons, alors que la Tour est entièrement faite de fer et de structures rivetées. On est parti de zéro pour revenir à la construction initiale de la Tour", souligne M. Roussin.
Tandis que deux ingénieurs du Cetim (Centre technique des industries mécaniques) se plongeaient dans les plans d'origine de Gustave Eiffel pour la modéliser, d'autres faisaient passer toute une batterie de tests mécaniques et chimiques à ses éléments pour rentrer les bonnes valeurs dans leurs calculs.
Bonne surprise: le fer "puddlé" choisi par Eiffel, qui servait à la même époque à ferrer les chevaux, réagit un peu comme du bois, mais avec une résistance supérieure. Et il s'oxyde beaucoup moins que l'acier.
Une fois obtenue une "photographie" de la Tour en 2009, les ingénieurs se lancent dans de lourds tests virtuels pour étudier le comportement de la structure et de ses 148.000 "noeuds" en fonction de divers éléments (vents, neige, givre, visiteurs, etc.).
Après six mois de calculs, le modèle "dynamique" de la Tour est enfin prêt et permet toutes les simulations.
"On a fait tourner le modèle avec les normes européennes actuellement en vigueur et on a pu s'assurer que la Tour est bien dimensionnée. On a même été jusqu'à lui imposer deux fois son poids: la Tour bouge mais n'est pas détruite", confie Stéphane Roussin.
Il se refuse à dévoiler quelles circonstances extrêmes pourraient endommager l'édifice mais assure que "la Tour a de la marge".
Le modèle a surtout permis de comprendre que les zones jusqu'à présent les plus surveillées n'étaient pas nécessairement les plus "stressées" et que d'autres, plus vulnérables, étaient négligées.
Des enseignements utiles également pour adapter la vieille dame aux défis futurs, au premier rang desquels le réchauffement climatique et les polluants atmosphériques.

Les Trente Glorieuses chinoises touchent à leur fin

Cherchez l'erreur. Si l'on en croit les analystes, l'économie chinoise a connu une croissance d'un peu plus de 10 % en 2010. Sur la même période, le principal indice de la Bourse de Shanghai a accusé une baisse de 14 %. Les investiseurs ont manifestement perdu une partie de leur enthousiasme au cours du dernier trimestre 2010. Au moment même où la planète entière réalisait tout ce qu'elle doit à l'économie chinoise, les milieux d'affaires craindraient-ils, eux, que la suite du programme de développement du pays soit plus délicate ?

Depuis deux mois, les débats qui animent le petit monde des économistes tournent autour d'un thème unique : l'inflation. Celle-ci risque-t-elle de dérailler ? Elle retrouve actuellement ses niveaux d'avant la crise. Elle devient surtout problématique en matière alimentaire, avec une hausse annuelle de plus de 11 %. Fin décembre, une enquête d'opinion a révélé que le degré d'exaspération des ménages était au plus haut depuis plus de dix ans face à ce problème. Cela n'a pas échappé au pouvoir. Car personne, dans les cercles dirigeants, n'a oublié que le soulèvement populaire de 1989 était intervenu après une période de forte hausse des prix. Le Premier ministre, Wen Jiabao, a d'ailleurs déclaré avoir appris au cours de sa carrière qu'il y a « deux sujets qui peuvent fragiliser la stabilité sociale [...]. L'un est la corruption, l'autre le niveau des prix ». Il vient de répéter que la lutte contre l'inflation serait un objectif majeur cette année, tandis que le gouverneur de la banque centrale déclarait viser la « stabilité » des prix.

Dès lors, deux scénarios se dessinent. Dans le premier, les autorités font ce qu'elles ne cessent de promettre et emploient les grands moyens pour calmer la hausse des prix. C'est l'option la plus courageuse, car elle impose d'aller à l'encontre des milieux d'affaires et de ralentir coûte que coûte la circulation monétaire dans le pays. Freiner une activité de crédit manifestement débridée, mettre de nouveaux bâtons dans les roues du secteur immobilier, en pleine bulle spéculative, relever substantiellement le taux de change du yuan, les mesures à prendre sont connues. La Bourse de Shanghai ne s'y trompe pas : cela signerait la fin d'un certain âge d'or du capitalisme chinois, qui a vu les entreprises accéder au crédit bancaire à des tarifs exceptionnellement bas, au détriment de ménages contraints de placer leur épargne sur des comptes très mal rémunérés. Cela compliquerait aussi singulièrement la tâche des exportateurs positionnés sur les secteurs à faible valeur ajoutée. Ces derniers voient aujourd'hui la hausse de la devise chinoise -qui s'est appréciée de 3,6 % face au dollar l'an dernier -comme leur principale épée de Damoclès.

Pas sûr, donc, que Pékin soit vraiment déterminé à sortir l'artillerie lourde car il y aurait, à l'évidence, de la casse. D'où le deuxième scénario auquel on assiste aujourd'hui. Il est plus empreint de prudence... ou d'indécision. Même si la banque centrale a depuis longtemps conscience de la nécessité d'agir, elle reste subordonnée à un pouvoir politique hésitant et soumis au lobbying des milieux d'affaires. Certes, les autorités ne sont pas restées les bras croisés. Aux banques, elles ont ordonné six hausses de leurs réserves obligatoires au cours de l'année 2010 et deux hausses des taux d'intérêt. C'est peu comparé à d'autres banques centrales d'Asie - six hausses de taux en Inde, trois en Malaisie. C'est surtout une demi-mesure lorsqu'on constate à quel point la banque centrale rechigne à limiter le niveau des crédits bancaires. L'an dernier, l'objectif - pourtant élevé -de 7.500 milliards de yuans de nouveaux prêts a été dépassé, et rien ne permet de penser que celui de 2011 sera revu à la baisse. Le volume des prêts dans le pays est pourtant en hausse de 60 % sur deux ans et la masse monétaire semble partir en dérapage incontrôlé.

Pour certains économistes, cette hésitation à contenir fermement le crédit témoigne d'une inquiétude sur la santé du système financier. Après avoir prêté excessivement sur ordre de Pékin en 2009, afin de stimuler l'économie dans un contexte de récession internationale, les banques se retrouvent avec des créances plus que douteuses, contractées notamment par les collectivités locales. Et certains de leurs débiteurs n'ont d'autre choix que d'obtenir de nouveaux emprunts pour rembourser les anciens. Pékin craindrait-il de provoquer une hécatombe en normalisant pour de bon l'activité bancaire ?

En réalité, les autorités peuvent analyser le casse-tête sous tous les angles, elles savent bien que les choses se compliquent. Car derrière les causes climatiques qui peuvent expliquer, ici ou là, la hausse des cours du chou ou du riz, il y a des forces structurelles à l'oeuvre dans la poussée d'inflation actuelle. L'une est l'envolée des salaires, qui se concrétise plus vite que prévu, et que l'évolution démographique va accélérer dans des délais assez courts. L'autre est, paradoxalement, le statut de « star » qu'a désormais la Chine sur les marchés. Conformément à son nom chinois, la deuxième économie mondiale est véritablement devenue « le pays du centre », ce qui lui vaut d'attirer les capitaux du monde entier, et alimente des bulles spéculatives sur toutes sortes d'actifs. Au final, entre coûts de main-d'oeuvre en hausse, inflation d'actifs multiples et devise appelée à s'apprécier, la Chine ne peut plus être ce pays low cost qui a bouleversé l'équilibre du monde. Certes, cela ne signifie en aucun cas la fin de la croissance. Mais les Trente Glorieuses chinoises touchent sans doute à leur fin.

Assurance-vie : la fin d'une rente

L'assurance-vie est tombée de son piédestal. Certes, les ménages continuent à y investir une part non négligeable de leurs économies, mais les nuages ne cessent de s'amonceler audessus du produit vedette de l'épargne financière, annonçant la fin de l'âge d'or de ce placement sans équivalent.

Il faut dire que la crise financière a porté deux coups de boutoir au dispositif. La tempête boursière de 2008 a d'abord balayé son segment le plus prometteur, les contrats investis en actions (dits en unités de compte), qui sont tout à coup apparus pour ce qu'il étaient, c'est-à-dire risqués. Les ménages s'en sont alors massivement détournés au profit des contrats en euros, investis en obligations d'Etat, jugés plus sûrs. Aujourd'hui, c'est au tour de ces contrats de voir leur étoile pâlir, victimes de la baisse durable des taux d'intérêt. Le produit-phare de l'assurance-vie est en effet contraint de rogner année après année le rendement promis aux épargnants. A tel point que, si d'aventure le taux du Livret A devait continuer à progresser, la question pourrait rapidement se poser d'un arbitrage au profit du plus liquide des deux produits.

On n'en est certes pas encore là, mais difficile de peindre l'avenir en rose. Car, si les assureurs disposent encore des moyens d'amortir la chute des rendements, ce n'est plus pour longtemps. Les restrictions qu'imposent les futures règles prudentielles du secteur (Solvabilité II) les obligeront en effet à réduire significativement leur exposition aux actifs à risque. Une fois épuisées les poches de profit accumulées dans ces portefeuilles, ils ne pourront plus doper les performances des contrats en euros et les assurés seront condamnés au régime sec.

Si l'on ajoute à ce tableau, déjà sombre, la perspective d'une réforme de la fiscalité du patrimoine aux contours encore flous, un constat s'impose en ce début d'année. L'assurance-vie n'est plus le produit miracle offrant un rendement significatif et défiscalisé sans risque pour le capital. En cela, elle n'échappe pas à la règle commune à tous les investisseurs, qui veut qu'il soit désormais impossible de dégager du rendement sans prendre de risque.

Mais tous les épargnants n'en ont pas forcément conscience. Et le réveil pourrait bien être brutal pour nombre d'entre eux. C'est aux assureurs qu'il revient de les éclairer sur le sujet. Un véritable défi pour la profession. D'autant qu'il passera forcément par la réhabilitation des contrats en unités de compte, seuls à même d'offrir à l'avenir des rendements attractifs. Mais, s'ils ne veulent pas voir s'éroder leurs marges et un stock d'épargne sous gestion de plus de 1.300 milliards d'euros, les assureurs-vie n'ont guère d'autre choix.

Seuls les paranoïaques survivent…

Il n’y a pas que Renault. Une revue de presse régulière montre que ces histoires d’espionnage sont plus courantes qu’on ne le croit.

Peu sensibilisés à la culture du renseignement, les français le sont tout aussi peu à la sécurité. Et l’affaire Renault est là pour nous le rappeler après celles récentes de Michelin (2008) ou de Valéo (2005) et avant bien d’autres encore… sans compter toutes celles qui restent ou resteront cachées ou ignorées. « Allons, il ne faut pas devenir parano » entend-on pourtant dire quand de l’autre côté de l’Atlantique, Andy Grove, n’a pas hésité à intituler l’ouvrage de management relatant son expérience à la tête d’Intel : « Seuls les paranoïaques survivent ». Etrange, non ?

Non. Pas si étrange que cela car comme le dit bien un proverbe vietnamien : il est plus utile de voir une chose une fois que d’en entendre parler cent fois. Et c’est pourquoi les failles viennent très souvent de cadres dirigeants qui, outre l’accès à des informations stratégiques, ont le grand avantage pour les espions de ne plus être au contact du terrain. Dès lors, leur vigilance n’est plus aussi soutenue car dans le confort de leur luxueux bureau, il semble que rien ne puisse plus leur arriver. Et voici à ce propos une histoire vécue personnellement.

Nous sommes en Normandie dans un château transformé en université d’entreprise. Le public est composé de hauts cadres dirigeants d’une multinationale du secteur des télécommunications. Après un exposé sur la guerre économique, c’est au tour d’une société de contre-espionnage d’intervenir. Leur discours est simple : ne pas quitter sa mallette, ne rien laisser d’important dans sa chambre d’hôtel, se méfier des micros espions, etc. Avec ce principe de bon sens : la sécurité implique une vigilance de tous les instants. La DCRI le sait bien qui présente lors de ces conférences une vidéo tournée par une caméra de surveillance. Quelques secondes d’inattention et le tour est joué : la mallette du chef d’entreprise contenant son ordinateur portable a été dérobé. Le temps qu’il s’en aperçoive et ce sont des informations stratégiques qui viennent de lui être dérobées. Savez-vous qu’une clé USB contient l’équivalent de plusieurs dizaines de coffres forts. Plus besoin de chalumeau.

Bref, cela n’arrive donc pas qu’aux autres. Les cadres présents écoutent et sourient. A la française, ils se charrient, se font des clins d’œil… A n’en pas douter, ils semblent sensibilisés. La lumière se rallume et le maître de cérémonie indique la pause café. Quinze minutes plus tard, nos cadres reprennent leur place. La présentation continue. « Voici un micro espion » montre l’un des conférenciers. « Et voici un enregistrement pris lors de la pause café » poursuit-il. Certains visages palissent lorsqu’ils entendent leurs voix échanger sur des sujets confidentiels. Rires de certains collègues… mais rires jaunes quand un autre conférencier leur rend des documents subtilisés dans leurs mallettes pendant la pause. Faut-il préciser que ces mallettes étaient fermées à clef ?

Une revue de presse régulière montre que ces histoires d’espionnage sont plus courantes qu’on ne le croit. Mais surtout tapez « micro espion » sur un moteur de recherche et vous verrez qu’il s’agit là d’un commerce fleurissant. Pour le matériel de base, il n’est point besoin de fréquenter une des rares boutiques qui ont pignon sur rue. Un achat sur le web suffira. Et comme ces technologies se multiplient, l’analyse tend à démontrer que ces produits se vendent et que si des personnes les achètent c’est pour les utiliser : clés USB piégées (un programme récupère secrètement vos données), outils d’interception de conversations téléphonique, appareil photo muni d’un rayon laser pour écouter à travers les fenêtres déguisé en faux touriste, caméra cachée dans un tableau, etc. Des menaces d’autant plus réelles que nos sociétés pratiquent le voyeurisme et un usage limite car sans limites des technologies de l’information. Pourtant, l’idée que cela n’arrive qu’aux autres reste ancrée dans l’esprit de nombre de nos concitoyens. Alors que faire ?

Avec une telle carence culturelle, les services de police et de gendarmerie ont du pain sur la planche. En général, leurs présentations sont convaincantes et leurs démonstrations, (notamment de pillage via Internet) restent gravées dans les mémoires. Mais pour renforcer leur discours, rien ne vaut le témoignage d’autres chefs d’entreprise (difficiles à trouver mais pas impossible) et une formation sérieuse à l’intelligence économique dans toutes ses dimensions. Car la seule sensibilisation à la sécurité économique est nécessaire mais non suffisante. Développer les fonctions de veille stratégique et de management des connaissances permet aux organisations de prendre conscience de leur richesse immatérielle et donc de mieux les préserver des convoitises. Autrement dit, la protection des informations ne peut se développer dans les entreprises que dans le cadre plus large d’une politique d’intelligence économique qui implique l’ensemble des salariés à tous les échelons et favorise un management de l’information transversal qui décloisonne les services. Car la sécurité est une histoire de posture avant d’être une question de procédures. Et l’histoire de l’intelligence économique le prouve : ce sont les organisations les plus dynamiques, ouvertes et conquérantes qui savent aussi le mieux se protéger.

La sécurité économique n’est pas une contrainte mais un atout

Ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Renault » qui vient de conduire à la mise à pied de trois cadres de haut niveau soupçonnés de diffusion de données sensibles, pose avec acuité le problème plus général de la sécurité économique qui est une composante essentielle de la stratégie de sécurité nationale.

Deux grandes nécessités doivent être soulignées en termes d’objectifs de sécurité économique :


- la défense du périmètre stratégique de souveraineté, c’est-à-dire la défense des entreprises sensibles participant des secteurs stratégiques définis par le gouvernement,


- la diffusion d’une culture de la sécurité du patrimoine informationnel et productif au sein des entreprises.

La volonté d’assurer la sécurité du patrimoine économique et des entreprises ne relève pas du repli sur soi ou de l’obsession sécuritaire, mais d’une compréhension approfondie des conditions de la compétitivité.

De ce point de vue, la question du transfert des technologies revêt une importance capitale. Lorsque ce transfert est consenti et maîtrisé, il appartient à la vie normale de l’entreprise.

Mais en cas de captation technologique (issue de méthodes indélicates), il représente une catastrophe pour une entreprise qui fonde son développement sur sa créativité et son potentiel de R&D.

Les options pour s’opposer à ce type de pratiques relèvent à la fois de la stratégie juridique (brevets) et de la sûreté de haut niveau (mesures de protection du savoir stratégique au moyen des systèmes d’information, intelligence sociale, sensibilisation des personnels de l’entreprise, observation des compétiteurs, etc.)

Il est certain qu’il existe des lacunes françaises en matière de sécurité économique. On peut relever l’insuffisante protection de l’information stratégique publique ou privée, le manque de vigilance face à l’instrumentalisation étrangère des procédures judiciaires à des fins de recueil illicite d’informations stratégiques, la passivité face aux tentatives de prise de contrôle d’entreprises sensibles, la vulnérabilité de nos systèmes d’information, l’insuffisante culture de sécurité économique des décideurs publics et privés.

Il faut donc construire une véritable doctrine de sécurité économique fondée sur l’identification précise des intérêts économiques et scientifiques majeurs.

C’est d’ailleurs cette démarche qu’avait engagée Nicolas Sarkozy alors qu’il était ministre de l’Intérieur par la mise en œuvre d’un programme d’Etat de sécurité économique dans les pôles de compétitivité. Il faut constater avec regret que ce programme n’a pas été poursuivi après son départ de ce ministère et surtout qu’il n’a pas été développé et généralisé à l’ensemble des entreprises.

L’expertise acquise dans les pôles de compétitivité et qui a donné lieu à la réalisation d’un référentiel de sécurité économique, opérationnel est mobilisable dans les délais les plus brefs au profit d’entreprises recevant des aides de l’Etat. Pourquoi ne pas le faire ?

En tout cas, il doit être clair que la sécurité économique n’est pas une contrainte mais un atout. La crédibilité des entreprises s’apprécie bien entendu en termes de compétitivité et d’innovation mais aussi par l’intégration de la sécurité dans la valeur qu’elle crée.

Triste comme un Français

C'est une affaire entendue. On savait déjà que les Français se classaient parmi les plus méfiants des peuples du monde. Une consultation internationale leur décerne aujourd'hui le record mondial du pessimisme. Une telle timbale étant difficile à décrocher au palmarès, l'événement mérite au moins une tentative d'explication.

Un premier indice est dans le palmarès de ceux qui, au contraire, manifestent le plus d'optimisme ou, à mieux dire, le plus de confiance dans l'avenir. On trouve dans ce peloton la plupart des pays émergents, dont la croissance confirmée apporte tous les jours à leurs populations des améliorations diverses. En corollaire, les Européens, promis à une croissance durablement médiocre, se retrouvent logiquement dans le bas du tableau. Comme les Français, mais semble-t-il avec moins d'aigreur qu'eux, ils ont pris conscience qu'est révolu le temps de la suprématie de leur continent et qu'il ne reviendra pas. C'est ainsi que la nostalgie européenne mine la cohésion de l'Union elle-même, au lieu d'y inspirer de salutaires initiatives.

Mais, dans ce registre, ce sont les Français qui font le plus fort. Peut-être parce qu'ils regrettent plus que d'autres l'arrogance de leur passé. Sans doute aussi parce qu'ils ont fait de la course aux avantages un sport national qui anime l'essentiel de leurs combats politiques. A défaut de se satisfaire au moins de tout ce qu'ils ont gagné, ils sont habités par la peur de tout perdre. Nos voisins aussi sans doute, mais les Français y apportent leur légendaire mauvaise humeur. C'est ce qui fait, paraît-il, leur marque distinctive.

A cela, ils pourraient répondre, tel le sage antique, qu' « il vaut mieux être un philosophe malheureux qu'un pourceau satisfait ». Attention cependant que, aux yeux des innombrables populations pourvues de moins d'avantages qu'eux, ils ne passent simplement pour des pourceaux insatisfaits.

L'Asie au secours de l'euro

Le doute n'est plus permis : l'Asie veut sauver le soldat euro. La Chine va acheter des obligations publiques espagnoles. Le Japon, lui, va acquérir des obligations émises par le Fonds européen mis en place l'an dernier pour sauver les Etats de la zone euro menacés de naufrage financier. Ces décisions n'ont pas été prises par des investisseurs privés cherchant à diversifier leurs placements, mais par les gouvernants en place à Pékin et Tokyo. Il s'agit donc d'une décision politique. Elle s'explique par trois raisons. La première est évidente : les grandes puissances d'Asie viennent aider des pays amis au moment où ils traversent une passe difficile. Le moment est bien choisi, car les Etats européens risquent d'avoir du mal à placer sur des marchés inquiets les quelque 800 milliards d'euros d'obligations qu'ils ont prévu d'émettre cette année. La deuxième raison est limpide : Pékin et Tokyo se livrent une guerre d'influence, à la fois en Asie et dans le monde. Chacun agit à sa manière. Forte de sa nouvelle assurance, la Chine a envoyé son vice-Premier ministre faire un voyage triomphal à Madrid la semaine dernière pour annoncer la décision d'acheter des titres espagnols, que le gouvernement va émettre en abondance dans les prochains mois. Le Japon, lui, a toujours été réticent à jouer son rôle dans le grand jeu financier mondial. Il a donc fait un choix plus institutionnel, annoncé de Tokyo par son ministre des Finances. La troisième raison n'est pas exprimée, mais c'est sans doute la plus profonde : l'Asie ne veut pas laisser l'euro s'effondrer. Les Chinois savent bien que l'Europe des Vingt-Sept est leur premier marché, devant les Etats-Unis. Les Japonais, eux, redoutent une nouvelle « endaka », une appréciation de leur devise qui assécherait leurs exportations -en un an, le yen a gagné 13 % face au dollar et deux fois plus face à l'euro.

Vu d'Asie, le sauvetage de l'euro s'impose donc comme l'une des toutes premières priorités de ce début d'année. Aux Etats-Unis, certains commentateurs influents commencent aussi à expliquer que les Américains doivent participer aux efforts entrepris pour éviter le pire en Europe, afin de préserver leurs exportateurs... et leurs banquiers. Cette attention touchante confirme évidemment la faiblesse du Vieux Continent. Mais elle montre aussi que l'Europe est un enjeu majeur, et pas seulement pour les Européens.

Pourquoi faut-il faire la fête ?

C'est la saison des voeux et autres moments de convivialité qui marquent la fin d'une année et le commencement d'une autre. Ces cérémonies, lorsqu'elles sont festives, réjouissent souvent plus les collaborateurs que les managers. Un dirigeant me parlant de ses voeux à ses collaborateurs me confiait : « Certes, on a fait une très bonne année, mais je ne veux pas qu'ils s'endorment sur leurs lauriers, l'année qui démarre va être dure ». Sa conclusion est qu'il ne faut surtout pas trop féliciter ses équipes qui « pourraient attendre plus d'argent et baisser leur niveau d'effort ». Or rien n'est jamais fini, à peine a-t-on le sentiment de clore un cycle ou un projet que le suivant est déjà sur les rails. Et il est urgent de se mobiliser car... ça va être difficile. La période de fêtes nous rappelle l'importance de s'arrêter et de célébrer. Les efforts fournis par les équipes sont souvent conséquents. Rappelons que nous sommes, en France, en tête de la productivité horaire mondiale et que cela ne se fait pas sans une considérable dépense d'énergie. La fête est le moment qui marque symboliquement un temps de réjouissance collective et de récompense du labeur collectif. Moments trop rares de convivialité centrés sur des émotions positives qui entretiennent la qualité relationnelle.
Célébration sans bémol

Si un dirigeant veut exprimer sa gratitude et ses félicitations, son discours doit être sans bémol. Le temps de la célébration ne doit pas être pollué par celui de la sollicitation d'efforts. Reste l'inquiétude de susciter plus de demandes financières. C'est possible, et parfois légitime. Pour autant, il arrive que le dirigeant ne puisse pas y répondre. Il lui faut alors assumer son refus et la frustration qu'il crée. Mais cette frustration est très supérieure, s'il ne reconnaît pas l'effort et les résultats. La motivation n'est pas proportionnelle au revenu. Elle est, en revanche, directement liée à la qualité de la relation avec sa ligne hiérarchique. On peut accepter de son chef qu'il ne réponde pas exactement à ses attentes de rémunération. Mais s'il ne reconnaît pas la qualité de son travail et l'intensité de ses efforts, la démotivation est garantie. Célébrons donc l'année à venir sans arrière-pensées.

La France redevient le premier producteur mondial de vin

Pour les amoureux du vin français, 2009 restera comme une parenthèse peu glorieuse. Cette année-là, l'Italie avait ravi à la France sa place de premier producteur mondial de vin. L'affront est lavé : selon une étude réalisée pour Vinexpo, le Salon du vin et des spiritueux, qui se tiendra du 19 au 23 juin à Bordeaux, et publiée mardi 11 janvier, la France a récupéré sa place en 2010.

Réalisée en partenariat avec le cabinet britannique ISWR à l'occasion de Vinexpo, cette étude prospective porte jusqu'en 2014. Même si la France – comme l'Italie, les Etats-Unis, l'Afrique du Sud ou l'Allemagne – a connu une petite récolte en 2010, l'Hexagone est revenu à la première place devant l'Italie et l'Espagne. Sa production est estimée à 419 millions de caisses.
La production française va continuer à baisser d'ici 2014 (de 5,54 % en moyenne), ce qui ne devrait toutefois pas empêcher la France de conserver sa place de leader, selon les prévisions d'ISWR.
Depuis les années 1960, la consommation de vin recule régulièrement, en moyenne de 2 % par an. Depuis 2005, la baisse a ralenti (de 1,4 % en moyenne par an). Et le mouvement devrait se poursuivre pour la période 2010-2014 (-0,7 % en moyenne par an).
LA VODKA EN VEDETTE
En revanche la consommation de vins rosés a explosé (+ 19,8 %) entre 2005 et 2009. Idem pour les vins effervescents (+ 4,62 %). La France est le premier pays consommateur de vins rosés et le deuxième de vins effervescents.
La consommation de spiritueux est en hausse de 0,35 % en 2010 par rapport à l'année précédente et devrait continuer de croître de 1,72 % entre 2010 et 2014.
Les Français sont toujours les premiers consommateurs au monde de whisky écossais. La consommation a encore augmenté de 18,7 % entre 2005 et 2009. Le mouvement va se poursuivre : + 6,53 % entre 2010 et 2014 pour arriver à 14 millions de caisses.
La vodka a vu sa consommation exploser (+ 64,8 %) entre 2005 et 2009, un succès dû en partie au mélange à des boissons énergisantes. A l'horizon 2014, la progression va continuer (+ 18,63 %) pour représenter à cette date 3,22 millions de caisses. Le rhum n'est pas en reste: + 16,6 % entre 2005 et 2009 et + 5,88 % prévus d'ici 2014.