TOUT EST DIT

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vendredi 7 janvier 2011

Islam : Nicolas Sarkozy met en garde contre la "défiance"

Lors de la traditionnelle cérémonie de vœux aux autorités religieuses, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a rendu hommage aux communautés chrétiennes d'Orient récemment endeuillées par une série d'attentats, revendiqués par des djihadistes en Egypte et en Irak. Devant les représentants coptes présents en France, le chef de l'Etat a indiqué que ces victimes étaient "nos martyrs", les "martyrs de la liberté de conscience", un droit qu'il a par ailleurs longuement défendu.

Il a appelé les pays où sont persécutées les minorités religieuses à "garantir des droits à toutes les religions" et mis en garde contre "un plan particulièrement pervers d'épuration religieuse" au Moyen-Orient. Visiblement soucieux de ne pas voir la "méfiance, la peur, l'amalgame" s'installer dans les opinions publiques occidentales, M. Sarkozy a insisté sur la distinction entre l'islam et "la face hideuse de ces fous de Dieu qui tuent aussi bien des chrétiens que des juifs, des sunnites que des chiites".
RESPECT DE LA LAÏCITÉ
Il s'est également livré à une définition de ce que doivent être, à ses yeux, le respect de la laïcité et le rôle des religions dans les débats et l'espace publics. "La République laïque assure à chaque culte et à chaque fidèle la sécurité sans laquelle il lui est impossible de vivre pleinement sa foi. Une République laïque entretient un dialogue permanent avec les religions pratiquées sur son sol de façon à les entendre et, parfois, pourquoi pas à les écouter."
Dans une allusion "aux prières de rue" des musulmans, dénoncées en décembre 2010 par Marine Le Pen, le chef de l'Etat a rappelé que "la République ne peut pas accepter qu'une religion investisse l'espace public sans autorisation mais cela implique, bien évidemment, que la République tienne aussi ses promesses en permettant que chacun puisse prier dans des lieux dignes".

Le PIB de la zone euro croît moins que prévu au 3e trimestre

La croissance économique de la zone euro a ralenti plus que prévu au troisième trimestre, montrent les chiffres révisés publiés vendredi par Eurostat, tandis que le taux de chômage de la zone est resté stable en novembre à 10,1%.

Le bureau de la statistique de l'Union européenne a revu à +0,3% la variation du PIB des 16 pays membres de la zone euro par rapport au trimestre précédent, contre 0,4% en première estimation. Le chiffre sur un an a été confirmé à +1,9%.
Eurostat a confirmé que la consommation des ménages, les dépenses publiques et le commerce extérieur ont contribué chacun à hauteur de 0,1 point au chiffre du troisième trimestre.
Les stocks, dont l'apport à la croissance avait initialement été jugé nul, ont contribué à hauteur de 0,1 point, tandis que l'investissement a soustrait 0,1 point (contre un apport nul en première estimation).
L'économie allemande a crû de 0,7% d'un trimestre sur l'autre, comme annoncé initialement, et la variation du PIB français a été revue à la baisse, passant de 0,4% à 0,3%.
Par ailleurs, Eurostat a annoncé que le taux de chômage dans la zone euro était resté stable en novembre, à 10,1% de la population active, même si le nombre de demandeurs d'emploi a reculé de 39.000 à 15,924 millions de personnes.

Nicolas Sarkozy craint une "épuration" des chrétiens d'Orient

Nicolas Sarkozy a mis en garde vendredi contre "un plan particulièrement pervers d'épuration religieuse" au Moyen-Orient après les attaques contre les chrétiens survenues dans cette région.

Lors des voeux aux autorités religieuses à l'Elysée, le chef de l'Etat français a condamné les violences subies par cette communauté, comme l'attentat de la nuit de la Saint-Sylvestre qui a fait une vingtaine de morts dans une église d'Alexandrie, en Egypte, et les attaques contre des maisons chrétiennes de Bagdad, en Irak.
"Il faut y prendre garde, nous ne pouvons pas non plus admettre et donc faciliter ce qui ressemble de plus en plus, j'emploie un mot fort, à un plan particulièrement pervers d'épuration au Moyen-Orient, d'épuration religieuse", a dit le président français.
"En Irak comme en Egypte, les chrétiens d'Orient sont chez eux, et ils le sont pour la plupart depuis 2.000 ans", a-t-il souligné. "Nous ne pouvons pas accepter que cette diversité humaine, culturelle, religieuse qui est la norme en France, en Europe et dans la plupart des pays occidentaux disparaisse de cette partie du monde".
En ce jour de fête de Noël orthodoxe, selon le calendrier julien, Nicolas Sarkozy présentait ses voeux aux responsables des grandes religions. Le chef des coptes de France, Guirguis Lucas, était exceptionnellement présent.
Ce dernier avait célébré la messe de Noël la veille en son église de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) en présence de responsables catholiques, juifs, musulmans et protestants et du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Une cérémonie sous haute surveillance après les menaces proférées sur internet contre les églises coptes de France.
"Ce qui vaut pour le Noël copte aujourd'hui vaut bien évidemment pour tous les lieux de cultes qui se trouvent sur le territoire et donc sous la protection de la République", a dit Nicolas Sarkozy.
"LE DROIT DE CROIRE OU DE NE PAS CROIRE"
Après l'attentat d'Alexandrie, l'ensemble des autorités religieuses en France ont fait part de leur indignation et de leur solidarité.
Pour l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le mot "épuration" employé par Nicolas Sarkozy n'est pas trop fort.
"Si vous prenez une population qui était, mettons, d'un million il y a dix ans et qui est de 200.000 aujourd'hui, il faut bien constater qu'il y a eu une épuration", a-t-il dit à la presse. "Quand on plastique les maisons, c'est bien pour que les gens les quittent, pas pour qu'ils les réparent".
Guirguis Lucas dit regretter pour sa part que les auteurs des attentats en Egypte ne soient pas jugés. "Même s'il y a des persécutions, des attentats, nous sommes là. C'est un pays chrétien depuis le départ", a-t-il souligné.
La communauté musulmane de France est "la première horrifiée par les crimes que l'on commet en son nom", a dit Nicolas Sarkozy, qui s'est par ailleurs inquiété de la montée de l'islamophobie, notamment reflétée par les sondages.
"Si telle religion est irrationnellement perçue, chez nous, comme une menace, nous devons combattre cette réaction irrationnelle par la connaissance mutuelle et par la compréhension de l'autre", a-t-il estimé.
Partisan d'une "laïcité positive", un terme utilisé au début de son mandat dans lequel certains ont vu une menace contre la séparation entre l'Eglise et l'Etat décrétée en France en 1905, Nicolas Sarkozy a plaidé vendredi pour une République laïque qui assure à chacun "le droit de croire ou de ne pas croire" et "entretient un dialogue permanent avec les religions".
"Aucune religion ne dictera jamais sa conduite à la République mais en quoi la République serait-elle menacée d'écouter ce que les hommes et les femmes de Dieu ont à lui dire ?", s'est-il interrogé.

Laurent Wauqiez fait l'éloge de Merkel dans la crise de l'euro

 Le ministre français des Affaires européennes Laurent Wauquiez fait l'éloge de la politique de la chancelière allemande Angela Merkel face à la crise de l'euro, dans une interview publiée vendredi.
Alors que l'Allemagne a été accusée d'avoir agravé la crise en tardant à approuver l'aide à la Grèce, M. Wauquiez se dit "tout à fait convaincu" par la politique de Berlin, dans une interview donnée en allemand au quotidien Süddeutsche Zeitung.
"La situation n'était pas simple pour Angela Merkel, déclare M. Wauquiez. L'Allemagne est un pays solide avec une politique économique sérieuse et des accords salariaux mesurés. Cette Allemagne s'est vu demander d'aider d'autres pays européens en difficulté financière. La chancelière a manoeuvré courageusement et manifesté de grandes convictions européennes, sans oublier ses intérêts nationaux. L'Allemagne a négocié de façon intensive et sérieuse. Cela m'a impressionné".
Interrogé sur les désaccords qui sont apparus à cette occasion entre Paris et Berlin, le ministre affirme: "la crise a approfondi nos relations (...) Nous avons resserré les rangs".
"L'Allemagne et la France n'ont pas toujours les mêmes intérêts. Mais nous sommes toujours en mesure de trouver des compromis (...) Les négociations avec l'Allemagne sont toujours difficiles, reconnaît-il. Mais le résultat est toujours un succès", selon lui.
Le ministre estime que la France pourrait prendre exemple sur l'Allemagne pour sa culture du consensus, son système d'apprentissage et son réseau de petites et moyennes entreprises.
L'Allemagne de son côté, qui fait face à un déficit des naissances, pourrait s'inspirer de la politique démographique de la France. "L'Allemagne a trop peu d'enfants. C'est une grande faiblesse. Elle ne peut pas devenir un pays vieux", prévient M. Wauquiez.

Apple lance l'AppStore pour ses ordinateurs Macintosh

Apple vient de lancer dans 90 pays un magasin d'applications pour Macintosh accessible en ligne. L'objectif, évident, est de dupliquer le succès du magasin virtuel pour l'iPhone et l'iPad.


 Pourquoi changer une formule gagnante ? Depuis hier, les utilisateurs d'ordinateurs Macintosh -équipés de la dernière version du système d'exploitation Mac OS 10.6.6 -disposent d'une nouvelle opportunité. Dans le menu de l'interface utilisateur (le menu Pomme) apparaît désormais l'option « AppStore », sur laquelle il suffit de cliquer pour pénétrer dans un nouveau magasin virtuel chargé de logiciels pour le Macintosh. Lors de son lancement officiel, Steve Jobs a indiqué que plus d'un millier de programmes y étaient déjà présents. Et ce n'est, bien sûr, qu'un début.

Apple veut naturellement transposer à l'univers de la micro-informatique le succès de son AppStore pour terminaux mobiles (un milliard de dollars de chiffre d'affaires réalisé en 2010 et 1,5 million d'applications disponibles).
De fait, par ce lancement inédit, les observateurs, dans la Silicon Valley, s'attendent à un véritable bouleversement sur le marché de la distribution des logiciels. « Le marché de la micro-informatique a depuis longtemps dépassé le stade où l'on devait se déplacer dans un magasin pour acheter un logiciel sous forme de boîte, qu'on ramenait chez soi pour l'installer via un disque », résume Michael Gardenberg, analyste du Gartner Group. Il souligne que le bénéfice de l'Appstore ne se limite pas à la capacité de télécharger directement un programme dans son ordinateur. « Apple a su créer une nouvelle relation -plus directe -entre les éditeurs et les utilisateurs, qui change le comportement de ces derniers ».

Favoriser les petits éditeurs

Grâce à une offre en ligne plus large et plus variée, les utilisateurs sont, par exemple, plus enclins à chercher eux-mêmes sur un magasin virtuel plusieurs petits programmes bon marché, dont chacun remplit une fonction précise. Par opposition à l'habitude d'acheter des logiciels très riches vu leur nombre de fonctions, mais également très coûteux. Et dont, au final, on n'utilisera souvent qu'une faible partie des possibilités.
L'initiative d'Apple vise donc à favoriser les petits éditeurs de logiciels bureautiques indépendants qui, jusqu'à présent, ont toujours eu du mal à se frayer un chemin dans l'univers de la grande distribution. La firme de Steve Jobs se sent désormais assez puissante et sûre de son modèle pour ne pas redouter de se mettre à dos autant la grande distribution que les principaux éditeurs -comme Microsoft, qui d'ailleurs n'est pas présent au lancement de ce Mac AppStore. Cela ne devrait pas durer. A part Apple lui-même, qui a placé ses propres logiciels sur ce magasin, d'autres grands éditeurs, comme Autodesk, ont tenu à être présents dès l'ouverture. D'autres devraient suivre, ne serait-ce que pour ne pas laisser le champ totalement libre à de petits concurrents, plus agiles et plus agressifs sur le plan tarifaire.
« Je suis sûr que les utilisateurs de l'univers Apple n'auront aucun problème pour adopter rapidement ce nouveau magasin », prédit Tim Bajarin, un analyste réputé de la Silicon Valley. Un nouveau magasin qui pourrait conduire, un jour, à la naissance d'autres espaces, pour les applications Windows…

Henri Guaino : «Sur l'euro, Séguin avait tout anticipé, tout prévu»

Un an après la mort de Philippe Séguin, Henri Guaino analyse dans 'Les Echos' l'héritage laissé par l'ancien ténor du RPR. Et loue le «volontarisme» de Nicolas Sarkozy, dont il est le conseiller spécial à l'Elysée.

  Pourquoi n'avez-vous pas accepté de participer au colloque en hommage à Philippe Séguin qu'organisent vendredi les proches de François Fillon ?
Je me réjouis que l'on célèbre la mémoire de Philippe Séguin. Je le fais moi-même à chaque fois que j‘en ai l'occasion parce qu'il incarnait quelque chose auquel je crois profondément et que je voudrais voir rester vivant à travers son souvenir. Je me rendrai encore mercredi prochain à l'invitation de l'Université d'Aix pour lui rendre hommage.

On va dire de vous que vous ne reconnaissez pas en François Fillon un héritier de Philippe Séguin...

J'ai assisté hier à l'inauguration par François Fillon de la Galerie Philippe Séguin à la Cour des comptes et j'ai toujours trouvé ridicules les querelles pour savoir qui détient un morceau de la vraie croix.

Que reste-t-il aujourd'hui du séguinisme ?

Le séguinisme c'est comme le gaullisme, ce n'est ni une doctrine, ni une idéologie, encore moins une religion. C'est une attitude, une façon d'être et de penser en politique. C'est une histoire personnelle qui a pour moi, et je crois au fond pour beaucoup de Français, une profonde signification intellectuelle, morale et politique.

Une attitude par rapport à l'Etat, notamment ?

A l'Etat, à la Nation, à l'Histoire... Philippe Séguin avait deux références essentielles : le général de Gaulle et la République. Ce qui était au fond, pour lui, la même chose. L'idéal républicain, il ne le portait pas seulement dans sa pensée, dans ses discours, il l'incarnait aussi dans son parcours. Le père mort à la guerre, la mère institutrice qui l'élève seule, la France d'autant plus aimée qu'elle est lointaine et idéalisée, le sentiment qui persistera sa vie durant d'être un «petit chose» projeté dans un univers qui n'est pas le sien, «l'orgueil du pauvre» qui n'est pas un ressentiment mais la dignité particulière, tellement républicaine, de celui qui n'ayant rien, qui n'étant rien, n'a dû qu'à son mérite d'être devenu quelqu'un. Un parcours à la Camus avec le soleil de Tunis à la place de celui d'Alger. Une intransigeance gaullienne qui fait les caractères difficiles mais les grands statures morales et humaines.

Ces valeurs sont-elles si menacées qu'il faille les célébrer par des anniversaires ?

Nous vivons une époque de profond désarroi qui nourrit un besoin grandissant de cette République que Philippe Séguin incarnait avec autant de force. L'émotion suscitée par sa mort est à la hauteur de ce désarroi.

N'est-ce pas aussi un constat d'échec sur le quinquennat ?

Ce problème n'est pas de l'ordre d'un quinquennat, ni du ressort d'un seul pays. Tous les pays développés, et pas seulement la France, sont plongés dans une crise profonde, intellectuelle, morale, identitaire, sociétale, à laquelle la politique ordinaire, concentrée sur la conjoncture et la gestion, ne peut pas répondre. Philippe Séguin l'avait pressenti avant beaucoup d'autres et le président de la République a eu raison de parler de «politiques de civilisation». Nous avons construit, collectivement, depuis trente ans, un système intenable. Quand on place, par exemple, l'appât du gain au-dessus de tout, cela crée immanquablement un problème de civilisation. Quand on bâtit un monde où le taux d'actualisation est de l'ordre de 15 à 20%, cela signifie que l'avenir n'a plus aucune valeur et qu'il y a chaque jour dans le monde des milliards de décisions individuelles qui sont prises sur l'idée que l'avenir n'a plus de valeur. C'est forcément destructeur. Comme est destructrice une mondialisation où chacun cherche à se développer au détriment des autres, ce qui n'est pas une fatalité mais le fruit des choix politiques et idéologiques des dernières décennies que la crise nous oblige à remettre en cause.

Le pouvoir politique n'a plus le pouvoir d'inverser les choses ?

Ce n'est pas la bonne façon de se poser la question. Le politique, c'est l'expression de la volonté collective opposée à tous les déterminismes, hier la nature, aujourd'hui les marchés ou la technique, qui menacent d'asservir l'Homme. C'est le fondement même de l'idée de civilisation. Cela a été l'aventure de la modernité depuis le XVIe siècle. Or, que vivons nous depuis trente ans ? Un formidable retour en arrière, avec l'idée que la nature des choses est plus forte que la volonté humaine, et que l'on ne peut plus rien, sur rien. La formule employée jadis par Lionel Jospin, «L'Etat ne peut pas tout», est révélatrice de cette défaillance morale. Il aurait mieux valu dire : «Je ne veux pas intervenir, voilà pourquoi, et je l'assume». La différence entre les deux formules, c'est la responsabilité politique qui, dans un cas est revendiquée et assumée, et dans l'autre, niée. Aujourd'hui, que se passe-t-il ? La demande des citoyens s'accroît, car moins la politique répond, plus la demande est forte. Le mal profond, ce n'est pas l'individualisme, mais le sentiment insupportable qu'ont les gens d'être seuls au monde car tout seuls, ils ne peuvent rien. Mais si le collectif -national ou européen -proclame son impuissance à les protéger et à leur rendre la maîtrise de leur destin, alors ils iront chercher leur protection dans la communauté étroite, le clan, la tribu. La République selon Séguin, c'est un non au renoncement comme lorsqu'il dénonçait le «Munich social». La politique peut toujours quelque chose. Pour le meilleur ou pour le pire. Mais si l'on abandonne cette conviction comme on l'a fait pendant trente ans, on est sûr du pire.

Y a-t-il des porteurs de ce message aujourd'hui ?

C'est tout le sens de mon engagement auprès de Nicolas Sarkozy. Si je l'ai suivi, c'est parce qu'il voulait incarner le volontarisme politique. Cela ne veut pas dire qu'il suffit de vouloir pour réussir, mais l'on ne peut pas réussir si l'on ne veut jamais rien. Et au bout du compte, c'est ce qu'il a fait. Dans la crise, il a fait preuve d'un volontarisme exceptionnel par rapport aux autres chefs d'Etat, et il les a entraînés. Evidemment, cela n'a pas effacé la crise. Mais elle aurait été bien plus dramatique si la France n'avait pas remis de la politique en Europe, si elle n'avait pas suscité la création du G20. Cette crise est l'expression d'une inversion des valeurs, d'une perception erronée des performances de nos sociétés et de nos économies. Regardez le fameux «modèle» irlandais, dont on voit aujourd'hui qu'il n'était qu'une escroquerie intellectuelle.

Les polémiques autour de l'euro donnent-elles a posteriori raison à Philippe Séguin ?

Tout était dans le «discours pour la France» que Philippe Séguin [qui s'était opposé à la monnaie unique, NDLR] a prononcé à l'Assemblée au moment de Maastricht. Il avait tout anticipé, tout prévu, et notamment qu'une fois que ce serait fait, il serait impossible de revenir en arrière. Sortir de l'euro aurait un coût colossal. Nous devons maintenant gérer au mieux les conséquences du choix de la monnaie unique. Il est clair que nous ne pourrons pas avoir une solidarité budgétaire européenne suffisante pour compenser la disparition des ajustements monétaires entre les pays membres. L'euro n'est donc viable qu'à une condition : que chacun y mette du sien et soit convaincu de la nécessité de tout faire pour diverger le moins possible des autres. C'est ce que plaide la France.

Le Séguin de la Cour des comptes, c'est celui de l'orthodoxie budgétaire. Faut-il faire de la lutte contre les déficits une priorité ?

Séguin faisait son travail de premier président de la Cour des comptes. Elle est collégiale et il en était le porte-parole. Qu'il faille rechercher l'équilibre financier est une évidence. Il faut à la fois rationaliser la machine administrative, les interventions publiques, mais aussi soigner tout ce qui, dans la société, produit de façon endogène de la dépense publique. C'est dans les réformes structurelles et la préparation de l'avenir que se trouve en réalité la clef du rétablissement de nos équilibres. La réforme des retraites et même -paradoxalement -le grand emprunt sont parmi les contributions les plus importantes à l'assainissement de nos finances publiques. Pour retrouver l'équilibre il faut retrouver l'expansion, mais une société malade sur le plan des valeurs, des repères, du rapport à l'avenir, au temps, ne peut pas être une société en expansion. Le capitalisme, l'économie, c'est d'abord une question de valeurs. Le rôle de l'entrepreneur, du créateur, la place du travail, c'est une question de valeurs.

Mais n'est-ce pas les marchés financiers qui décident aujourd'hui, davantage que le politique ?

Cette idée est la formulation contemporaine du renoncement. Elle pointe un problème majeur. Aucune société, aucune économie n'est durablement possible sous la contrainte du rapport que les marchés entretiennent avec le temps, et comment peut-on confier au hasard la conduite des sociétés humaines ? Car les marchés financiers, lorsqu'ils fonctionnent bien, avancent au hasard. Un marché financier, ce n'est pas un centre d'analyse économique. Ce sont des traders qui veulent gagner de l'argent en achetant ou en vendant avant les autres. Keynes avait trouvé la formule exacte quand il disait que les Bourses fonctionnaient comme des concours de beauté où celui qui gagne n'est pas celui qui découvre qu'elle est la candidate la plus belle mais celle que la majorité désigne comme la plus belle. Sortir de cette dictature absurde, c'est tout l'enjeu de la régulation mondiale et du G20. C'est un enjeu de civilisation.

Faut-il faire de la fin des 35 heures un thème majeur de la prochaine présidentielle ?

Le travail reste un thème majeur et il y a toujours un débat autour du malthusianisme qui nous a coûté si cher dans le passé, une ligne de partage entre ceux qui veulent partager la rareté et ceux qui croient à l'expansion.

Coupons les vivres aux journalistes !

C’est la nouvelle mode : pour faire taire les plumitifs trop curieux, l’Elysée leur flanque désormais ses services secrets au derrière. Il y a pourtant mieux à faire.


Bien sûr, il y a les perruques, les lunettes noires et les impers gris muraille. Achetés en gros volume, ça finit par faire un budget. Il y a aussi le salaire des taupes et les stages de plongée en eaux troubles, pas donnés non plus à ce qu’il paraît. Mais ce qui coûte le plus cher dans l’espionnage, voyez-vous, ce sont tous ces bidules dont on n’a pas idée, capteurs polymorphiques, gants de toilette enregistreurs, cravates à lecture optique, sans parler des micros pour plantes vertes et des lunettes qui déshabillent. Rien qu’une camionnette de plombier équipée «ministère de l’Intérieur» va chercher dans les 200 000 euros, les budgétaires de la DCRI (Direction centrale du renseignement) s’en arrachent les fausses barbes.
Certes, on ne peut pas laisser les journalistes raconter n’importe quoi. Woerth par-ci, Bettencourt par-là… A force de vous chercher des poux dans la tête, ces merlans-là seraient capables d’en trouver ! Mais est-il pour autant indispensable de dépenser tant d’argent pour les empêcher de nuire ? Entre les vols organisés d’ordinateurs, la surveillance rapprochée des rédactions et le dépiautage systématique des factures téléphoniques des plumitifs, plusieurs millions d’euros ont été engloutis en à peine quelques semaines par les services secrets. A ce rythme, c’est toute la politique de réduction de la dette qui risque d’être remise en cause. Or, pardon de nous immiscer, mais il existe une solution bien plus rentable pour couper définitivement le sifflet aux scribouillards.
Saluons ici le très inventif Jean-François Copé, pointe de diamant de l’UMP, qui l’a découverte un peu par hasard, avec notre aide, il est vrai. Voici l’affaire : outré que l’ex-haut-commissaire du gouvernement Martin Hirsch ait osé l’accuser de profiter de sa situation pour arrondir ses honoraires d’avocat, Copé, donc, a fait déposer un amendement à l’Assemblée pour supprimer le salaire du fauteur de troubles. Par égard pour les hautes fonctions passées de ce dernier, ce texte n’a pas été adopté, et l’histoire en est restée là.
Mais, nom d’un barbouze, qu’est-ce qui empêcherait le gouvernement de faire la même chose avec les journalistes ? Et de se débrouiller pour que, cette fois, la loi soit vraiment votée ? Cela refroidirait certainement leurs ardeurs, vous pouvez me croire. Evidemment, l’Etat n’a pas le pouvoir d’empêcher les journaux de continuer de payer leurs Rouletabille. En revanche, rien ne l’empêcherait de ponctionner 100% de leurs émoluments, par le biais d’une nouvelle Taxe sur les Plumes et les Micros (TPM). Selon nos calculs, cette niche fiscale à l’envers (à peine moins injuste que celle dont disposent aujourd’hui les cartes de presse) pourrait rapporter plus de 2 milliards d’euros au Trésor public. Allez Sarko, un beau geste…

Egypte : Noël orthodoxe sous haute protection



Frédéric Mitterrand n'ira pas à Jarnac : "Je ne veux pas instrumentaliser le nom de Mitterrand"

Le ministre de la Culture estime qu'il "n'y aurait pas vraiment [sa] place" car cette commémoration "se présente sous un jour politique"

Le ministre de la Culture et neveu de François Mitterrand était un temps attendu à Jarnac ce week-end pour la commémoration du 15ème anniversaire de la mort de l'ancien Président. Interrogé sur Europe 1, Frédéric Mitterrand a annoncé qu'il ne se rendrait pas en Charente. "Je n'irai pas à Jarnac car je ne veux pas instrumentaliser le nom de Mitterrand", a-t-il déclaré.
"Cette commémoration se présente sous un jour politique et je n'y aurai pas vraiment ma place", a expliqué le ministre, confiant qu'il passerait la journée avec sa mère.
"Je n'ai pas besoin d'un jour précis pour me souvenir de François Mitterrand, pas besoin d'un jour précis pour penser à une maison familiale où j'ai passé toutes mes vacances de Pâques, durant mon enfance", a-t-il précisé.
Début 2010, à l'occasion d'un déplacement en Charente pour le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le ministre s'était recueilli sur la tombe de l'ancien Président, et en avait profité pour découvrir la maison natale de François Mitterrand.

Kiosques à journaux menacés par le numérique



Dix millions de Coptes en Égypte

Les Coptes d’Égypte constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient, et l’une des plus anciennes.
La minorité copte d’Égypte est généralement estimée entre 6 et 10 % des quelque 80 millions d’Égyptiens. L’Église copte, elle, parle de 10 millions de fidèles.
Les Coptes orthodoxes, avec à leur tête le patriarche Chenouda III, constituent la grande majorité de cette communauté, qui compte également des catholiques.
Ces derniers, qui font partie des Églises de rite oriental de l’Église catholique, ont à leur tête le patriarche Antonios Naguib, qui a été consacré cardinal par le pape Benoît XVI le 20 novembre dernier. Selon l’annuaire pontifical 2010, il existe 165 000 Coptes catholiques en Égypte.
Les Coptes remontent à l’aube du christianisme, à l’époque où l’Égypte était intégrée à l’empire romain, puis à l’empire byzantin, après la disparition de la dernière dynastie pharaonique des Ptolémées, d’origine grecque.
Le mot « copte » a d’ailleurs la même racine que le terme « Égyptien » en grec ancien.
Leur déclin commence avec les invasions arabes du VII e siècle et l’islamisation progressive du pays, aujourd’hui dans son immense majorité musulman sunnite.
Les Coptes sont présents à travers tout le pays, avec des concentrations plus fortes en Moyenne-Égypte. On les trouve également dans toutes les catégories sociales, des éboueurs misérables du Caire (« zabbaline ») aux grandes familles patriciennes, comme les Boutros-Ghali.
Faiblement représentés au Parlement et au gouvernement, les Coptes s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police. Ils déplorent également une législation très contraignante pour l’édification d’églises, alors que le régime pour les mosquées est très libéral.
L’arrêt d’un chantier de construction d’une église a été au centre de violents affrontements en novembre dernier entre policiers et manifestants coptes au Caire, qui ont fait deux morts parmi ces derniers.
Déjà à Noël 2010
La montée d’un islam rigoriste aggrave leur sentiment de marginalisation. Des incidents, parfois meurtriers, ont émaillé leurs relations avec les musulmans au cours des dernières années, renforçant leurs craintes. Le 6 janvier 2010, à la veille du Noël copte, six fidèles ont été tués par des tirs à la sortie d’une messe à Nagaa Hamadi, en Haute-Égypte, suscitant une vive émotion dans cette communauté. Le verdict des meurtriers présumés est attendu le 16 janvier

Trop tôt pour crier victoire

Quatre mille tués sur les routes en 2010, est-ce un bon ou un mauvais chiffre ? Si l’on compare cette statistique aux 8200 morts d’il y a dix ans, et aux 15 000 morts annuels des années soixante-dix, le résultat est exceptionnel. Si l’on considère, à l’inverse, l’objectif fixé par Nicolas Sarkozy au début de son quinquennat — pas plus de 3000 morts sur la route en 2012 —, le résultat 2010 est très décevant. Avec 6,5 % de baisse de la mortalité sur un an, on sera bien au-dessus de 3500 tués à la fin du mandat du président de la République.

Brice Hortefeux, en tout cas, crie victoire trop tôt : les 3994 tués dont il a fait état hier ne constituent qu’un relevé provisoire, qui ne prend pas en compte les décès dus à des accidents en 2010, mais enregistrés début 2011. L’année dernière, il avait fallu ajouter onze personnes aux statistiques définitives 2009. Combien de victimes vont augmenter la liste provisoire 2010 ? Il n’en faut que six pour atteindre la barre psychologique des 4000 morts…

Saluons donc la reprise de la baisse des accidents, après une médiocre année 2009, en évitant tout cocorico qui masquerait les ratés de la prévention. Car il y en a. Les pneus neige, par exemple, ne sont toujours pas obligatoires en France. Certes, ils coûtent cher. Mais moins que les accidents qu’ils permettent d’éviter. Quant à l’assouplissement tout récent du permis à points, ce n’est pas un bon signal. Qu’on l’admette ou non, la meilleure prévention routière reste la peur du gendarme. L’accidentologie a commencé à baisser de façon spectaculaire après la mise en service des premiers radars automatiques en 2002.

Les campagnes de prévention à la télé c’est bien, mais ça ne remplace pas la responsabilisation individuelle. On avait remarqué depuis longtemps que les automobilistes se montraient moins prudents à l’approche des grandes échéances électorales, car ils avaient pris l’habitude de miser sur une amnistie présidentielle. Nicolas Sarkozy a eu le courage, en 2007, de ne pas tomber dans le panneau de la démagogie. En refusant alors de pardonner petites et grandes infractions, il était resté fidèle à l’action qu’il avait impulsée à la tête du ministère de l’Intérieur. Il serait incompréhensible qu’il mollisse aujourd’hui, alors que de très nombreux Français ont compris l’intérêt d’une politique résolue contre la délinquance routière. Mieux vaut perdre des points que la vie…

La fin du monde, à tire d’aile


Les oiseaux ne se cachent plus pour mourir. Foudroyés en plein vol, ils tombent par grappes entières sur les campagnes désolées. Sauf que la foudre n’a pas frappé. Alors quoi ?


En Arkansas, au matin du nouvel an, on ramasse les cadavres de 5 000 carouges à épaulettes. Les feux d’artifice du réveillon sont vite tenus pour cause directe du carnage. Tandis que l’homme s’amuse bêtement, les bêtes meurent, voilà. L’incident aurait pu se conclure ainsi, avec une morale digne du fabuliste.


Mais l’étrange phénomène se répète trois jours après, en Louisiane. Puis sur une route suédoise, soudain jonchée d’une centaine de choucas à l’agonie… On n’ose plus incriminer les pétards de la Saint-Sylvestre, refroidis depuis longtemps.


Le mystère s’épaissit, il pleut maintenant des hypothèses : pollution chimique, nuage de grêle, tornade, réchauffement climatique… Les scientifiques finiront bien par trouver une explication rationnelle.


En attendant, la paranoïa décolle et les forums d’internet s’échauffent. La volaille des sectes caquette comme jamais : “c’est la fin du monde !” Prévue par les Incas pour 2012, l’apocalypse a déjà commencé.


Le trépas des corbeaux annonce l’ultime chaos, repentez-vous mécréants ! Les appels à la raison n’y changent rien, une peur millénaire plane sur le web. Avec ou sans iPad, les vieilles superstitions résistent. Chassez le surnaturel, il revient au galop.

L’éveil du Maghreb?

Ce matin, Alger a peur. Peur de ce vendredi ou l’on prie pour que le jour de la prière ne soit pas celui de la violence. Presque vingt ans après avoir connu les débuts confus de la terreur obscurantiste, l’Algérie s’interroge à nouveau sur la colère de la rue, bien décidée à éviter une récupération par les islamistes radicaux.

Cette crainte cohabite avec un irrépressible élan pour la liberté. On ne sait trop, de ce côté-ci de la Méditerranée, s’il faudra se réjouir de l’énergie des pays du Maghreb pour bousculer des modèles politiques à bout de souffle, ou s’il faudra s’inquiéter de la déstabilisation qu’un mouvement de masse pourrait entraîner.

En dépit de toutes les frustrations qu’elles peuvent éprouver, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc partagent cette même chance : elles sont jeunes, avec des moins de 25 ans qui représentent jusqu’à 60 % de la population. Elles partagent un même appétit pour se développer, élever leur niveau de vie, s’ouvrir au monde du III e millénaire. C’est même au nom de cette attente que leurs jeunesses manifestent, ivres d’une déception fondamentale devant un avenir qui, à leurs yeux, n’est pas parti pour tenir ses promesses. Ils voudraient être légers, et ils ne le peuvent pas. Doublement corsetés qu’ils sont par la crise économique et les interdits de toutes sortes.

Expert en langue de bois dictatoriale, Ben Ali n’a pas tout à fait tort, paradoxalement, quand il voit dans la télévision la responsable du désordre. Maudites paraboles, hein ? Ce sont elles, et notamment celles permettant de recevoir des chaînes françaises, qui, en effet, susciteraient l’impression de manque et le goût de révolte.

La grande vanité des régimes autoritaires, c’est de croire qu’ils peuvent tout contrôler. Ils sont complètement dépassés par ce mouvement qui n’emprunte aucun des codes idéologiques habituels. Cette fois, pour une génération dont les parents n’ont pas connu la guerre d’indépendance, c’est l’absence de perspectives qui est ressentie comme une oppression dans des sociétés cadenassées. Le chômage, la non-reconnaissance, voire l’abandon tacite de la jeunesse, ce sont autant de mines prêtes à exploser aujourd’hui. La crise entretient l’amertume à l’égard d’une France chiche, désormais, pour accorder des visas à tous ces jeunes diplômés avides d’une expérience dans l’Hexagone, salutaire comme un ballon d’oxygène.

L’Europe ne peut rester indifférente à ce soulèvement inédit. Elle est trop proche de cette Afrique du Nord bouillonnante pour simplement fermer ses oreilles, ses yeux… et ses portes. Pour ne rien voir ou ne rien entendre. Ce malaise profond, bien différent d’une fièvre éruptive, la regarde directement. Si elle ne veut pas contribuer à faire le lit d’Al-Qaida sur un matelas de rancœur, la France doit plus que jamais regarder vers ce sud compliqué. Aussi périlleux que prometteur.


Les comptoirs européens de la Chine

Les poches pleines de billets, Pékin fait son shopping. Depuis des mois, les responsables chinois sillonnent l'Europe. La raison première est simple. Avec près de deux mille milliards d'euros de réserves de change - soit plus que le Japon, la Russie, les États-Unis, l'Allemagne et la France réunis -, la Chine est actuellement le meilleur acheteur du marché. Tout l'intéresse : les échanges, les contrats, le savoir-faire, les infrastructures, les usines, les matières premières africaines, et même les dettes souveraines.

Après avoir financé la dette américaine au moment de l'explosion de leur industrie, à présent, les Chinois diversifient leur panier avec la dette européenne. Trois pays sont déjà en tête de liste. La Grèce, avec plus de quatre milliards de financements déjà actés. Le Portugal, qui devrait trouver son salut financier grâce à l'achat par Pékin de cinq milliards d'euros d'obligations d'État. Enfin, l'Espagne avec laquelle des discussions sont bien avancées. D'autres commencent à y penser, comme la Belgique, l'Italie ou la Hongrie. Si la gouvernance de l'euro ne donne pas, au premier semestre, des signes tangibles de redressement, c'est à Pékin que pourrait se jouer l'avenir de la monnaie unique.

Dans la planète financière, le fait ne bouleverse en soi aucun dogme, car ce type d'échanges et de croisements est courant. Après tout, la Chine, désormais deuxième puissance économique, entretient avec l'Europe des liens suffisamment forts (comme deuxième partenaire) pour que la santé financière du Vieux Continent concerne au premier chef l'empire du milieu. Soutenir l'euro, c'est pour Pékin épauler un acheteur de ses propres produits. Un poumon tout aussi vital que le poumon américain.

Sur le plan de l'influence politique, le phénomène est, en revanche, beaucoup plus inédit. Car, outre les bons du Trésor des pays européens, Pékin multiplie les investissements aux quatre coins de l'Europe. Un consortium chinois a emporté la mise, l'an passé, en Pologne, pour la construction d'autoroutes cofinancées par l'Union européenne. Des concessions des ports d'Athènes, de Naples et de Barcelone sont passées aux mains d'investisseurs chinois. Tout comme Volvo, en Suède, ou MG Rover en Grande-Bretagne. On pourrait multiplier les exemples d'acquisitions, notamment dans le domaine manufacturier.

Pékin doit écouler ses réserves, diversifier ses appuis mais aussi acquérir de nouvelles technologies. Ce sont les raisons de cette stratégie. La puissance financière chinoise n'a pas encore atteint les niveaux de ce que furent les puissances britannique, il y a un siècle, ou américaine, plus récemment. Et le fait n'est pas nécessairement à sens unique, si les Européens savent transformer l'ouverture à la Chine de leur marché en porte tournante vers le marché chinois.

Néanmoins, la fulgurance de cette montée en puissance impressionne. En trois ans, la Chine vient de décupler ses investissements à l'étranger, sans pour autant lever les nombreux obstacles qu'elle impose aux sociétés étrangères désireuses de s'y installer. Face à une Europe unie, qui émettrait par exemple des obligations communes, le rapport de force serait plus ou moins paritaire. Face à une Europe divisée, non seulement les taux sont plus avantageux pour Pékin, mais le cordon de sécurité tissé en Europe par la Chine pour sécuriser l'expansion de son économie pourrait se transformer en une nasse pour les maillons faibles de l'euro. Tout de go.

La maladie commémorative

En novembre, c’étaient les émissions et les numéros spéciaux pour les 30 ans de la mort de De Gaulle. Cette fois ce sont les 15 ans de la mort de Mitterrand et le premier anniversaire de celle de Séguin. Avouons qu’il y a une sorte de maladie française de la commémoration.
François Fillon à un colloque sur Philippe Séguin, vendredi 7 janvier, à l’occasion du premier anniversaire de sa mort. Ségolène Royal et Martine Aubry ensemble sur la tombe de François Mitterrand, samedi 8 janvier à Jarnac, pour le quinzième anniversaire de sa mort. Avouons qu’il y a une sorte de maladie française de la commémoration.

En novembre, c’étaient les émissions et les numéros spéciaux pour les 30 ans de la mort de De Gaulle. Cette fois ce sont les 15 ans de la mort de Mitterrand et le premier anniversaire de celle de Séguin. Ça ne vaut pas seulement d’ailleurs pour les personnalités politiques. Combien d’émissions marquant de la même manière l’anniversaire de la mort de Claude François ou d’autres.

On peut se moquer de cette propension à la commémoration. Mais après tout, on peut se réjouir aussi de notre besoin de ne pas oublier notre passé récent, de constater que chaque jour de l’aventure humaine n’est pas une page blanche. Même si ce regard dans le rétroviseur recèle une part de nostalgie d’un passé idéalisé. Car, et on le voit à propos de Mitterrand et Séguin, la mémoire se fait sélective et se transforme en exercice de canonisation laïque.

François Mitterrand ? Il est loin le temps où ses héritiers avaient le courage de revendiquer un droit d’inventaire. Qu’il ait compté pour la gauche et marqué la France, c’est incontestable. Mais ce n’est pas blasphémer que de rappeler un parcours idéologique guère rectiligne, une proximité douteuse avec Vichy, une position critiquable sur la guerre d’Algérie, un premier quinquennat catastrophique sur le plan économique, un second marqué par les affaires ou la cécité sur la fin du bloc communiste. Saluer un personnage romanesque et l’homme qui a apporté la victoire à la gauche n’interdit pas la lucidité même post-mortem.

Il en va de même pour Philippe Séguin dont on rappelle à juste titre l’exigence du discours, le sens de l’Etat. Mais ceci ne doit pas faire oublier des attitudes parfois plus velléitaires ou des décisions, on va dire, étonnantes comme son départ du RPR en pleine campagne européenne. Je ne fais pas le procès de ces illustres défunts. Mais comprendre leur exemple, en tirer des leçons ce n’est pas forcément faire le tri au risque de farder la vérité.

Malgré tout, que nous disent ces hommages à François Mitterrand et Philippe Séguin sur la vie politique d’aujourd’hui ? Le souvenir de François Mitterrand, c’est pour la gauche la nostalgie de la victoire bien sûr. N’oublions pas que le PS n’a pas gagné une présidentielle depuis 1988. Et pour la droite, c’est peut-être aussi la nostalgie d’un exercice plus monarchique de la fonction présidentielle.

Philippe Séguin, lui, c’est la nostalgie d’une époque où les dirigeants politiques avaient une densité, fut-ce au prix d’une rugosité de caractère, une culture politique et un sens de l’Etat qui se sont un peu perdus.

Et puis François Mitterrand comme Philippe Séguin, c’étaient deux tribuns, deux hommes qui croyaient encore à la capacité de la politique à infléchir le cours des choses, deux hommes qui donnaient du poids et du sens aux mots. Et ça, à l’heure du langage SMS, cela a de quoi nourrir une légitime nostalgie.

Le goût de la jérémiade


Ahurissant sondage ! Les Français sont les plus pessimistes du monde sur l'économie en 2011, selon un sondage BVA-Gallup paru en début de semaine. La sinistrose est plus répandue chez nous qu'en Irak, en Afghanistan ou en Islande, pourtant frappés par la guerre ou la crise. La valeur des réponses et des comparaisons est évidemment sujette à questions mais la réalité semble bien celle d'un pays très sérieusement déprimé. Pourquoi ?




Avant de répondre, il faut noter que le goût français pour la plainte a d'anciennes raisons paysannes : « Monsieur le marquis, les récoltes n'ont jamais été aussi mauvaises ! » Mais nous n'en sommes plus là, la plainte s'est détachée de ses causes objectives pour se nourrir elle-même comme celle d'un déprimé qui jouit de sa déprime. Plutôt que de se secouer, il suçote son mal. Ce goût de la jérémiade a trouvé à s'ancrer dans la nostalgie des Trente Glorieuses. Le succès, lui aussi ahurissant, du livre de Stéphane Hessel illustre cette mythification d'un modèle français qui serait perdu, celui des « valeurs du Conseil national de la Résistance », l'union sacrée des partis, le combat contre les nazis, la solidarité, la République… toute la France rangée derrière la gloire du sauveur et visionnaire général de Gaulle.




Tout cela fait spectacle. Comme l'a écrit très justement Henri Gibier dans ces colonnes à propos des manifestations contre la réforme des retraites : la France aime le social-spectacle. On peut élargir cette judicieuse remarque, voilà l'indignation-spectacle et la déprime-spectacle. Comme celle d'un corps qui n'a plus prise sur le réel, qui renonce à l'avoir en vérité, et qui se complaît dans ses jérémiades.




Cela nous amène au pourquoi. La cause, sans doute principale, de la névrose est la difficulté principielle de la France à faire face à la mondialisation. Tout du beau modèle français si adoré est bousculé par l'époque moderne, par l'individualisme et par l'économie schumpetérienne. L'Etat jacobin et interventionniste, le gouvernement par le haut, la primauté de la loi sur le contrat, le système social figé sur l'emploi masculin à vie dans des organisations tayloriennes, les services publics rigides : des lignes Maginot quand il faut de la mobilité et de la souplesse, quand on entre dans la société des flux (commerciaux, financiers, Internet…).




La réforme est nécessaire et urgente, mais aucun gouvernement n'a trouvé la bonne clef. La décentralisation sous François Mitterrand, par exemple, a réveillé les grandes villes, tant mieux, mais a endormi Paris, ce qui est plus grave. Elle a multiplié les dépenses et dissous les responsabilités (voir l'épisode peu glorieux de la neige). A mes yeux, elle est globalement en échec. Quant aux autres réformes, Jacques Chirac a renoncé dès 1995, Lionel Jospin a cru que c'était affaire de moyens insuffisants et Nicolas Sarkozy, dont le bilan apparaîtra loin d'être négatif, a toutefois gâché ses tentatives courageuses par défaut de comportement et par manque de cap. Au bout du compte, s'est généralisée la conviction décliniste que tout fout le camp, que la France se perd, que la défiance est de mise, que demain sera pire qu'aujourd'hui. On a ici parlé de juin 1940 : le pressentiment d'une déroute.




Sortir de ce méchant spectacle, encore une fois c'en est un, passe par le retour au principe de sérieux. Pour reprendre au point de départ : 2011 s'annonce plutôt comme meilleure et non pire, avec une croissance autour de 2 % (1,5 % en 2010) dans un contexte mondial de consolidation de la reprise. La situation de l'emploi devrait un peu s'améliorer. Pas de quoi pleurnicher ! Plus avant, la France conserve des atouts de capital et de travail dans la compétition mondiale, il n'y a aucune raison de penser a priori qu'elle va perdre pied. L'Allemagne montre que c'est possible et les Allemands se classent dans le sondage parmi les plus optimistes des pays développés, avec les Scandinaves.




Les Scandinaves qui démontrent, ce faisant, que l'autre crainte qu'adorent ruminer les Français, celle d'une disparition de leur si beau modèle social sous les coups de boutoir des Chinois et de l'argent-roi, est fausse. La solidarité est mise en péril moins par la mondialisation que par l'immobilisme nostalgique. De Gaulle dites-vous ? Le colonel de chars prônait la guerre de mouvement.

"Les 35 heures, c'est du mi-temps"

Manuel Valls a provoqué un tollé en proposant de "déverrouiller" les 35 heures. Pourtant, c'est déjà le cas dans de nombreuses entreprises comme en témoignent les internautes de l'express.

 
"Déverrouiller les 35 heures" pour permettre aux entreprises d'augmenter les salaires. C'est avec ces mots que Manuel Valls a relancé un débat qui court depuis plus de dix ans. Promulguée en 1999, la loi sur les 35 heuresa largement été entamée par les réformes successives de la droite.  
"C'est un moyen commode pour les patrons d'exiger beaucoup plus de travail, tout en ne payant que 35h. Et bien sûr sans la moindre RTT", déplore phil osophe, qui travaille dans la formation et l'accompagnement. 
"Mon patron l'impose" 
Ce constat, de nombreux internautes le font au sein de leur entreprise. "Le problème principal, c'est que ces 35heures sont très théoriques. Dans beaucoup d'entreprises, si on veut accomplir sa mission, les 35h sont bien maigres. Il faut aujourd'hui se battre pour ne pas faire d'heures sup'!", analyse Rotatif. Et Totoche, qui travaille en principe 35 heures par semaine, d'ajouter: "Avec l'annualisation du temps de travail, je suis obligé de travailler, en plus, le samedi toutes les fois que mon patron l'impose. Et en ce moment, c'est souvent!" 
Ce sentiment, sonne comme un reproche à l'encontre des employeurs: "Les entreprises ont vite compris comment se jouer des 35 heures: tout le monde est promu cadre dirigeant pour vous faire travailler 6 jours sur 7. 35 heures c'est du mi-temps", dénonce Genie des Alpages. Du mi-temps, peut-être pas mais selon l'Insee, les salariés français travaillent 39,3 heures par semaine. 
"Un très correct complément de salaire" 
Si tout le monde semble avoir fait le deuil du temps de travail prôné par une partie de la gauche, l'augmentation du temps de travail est perçue comme une évolution positive pour certains. Ainsi,mefiant37à la tête d'une société commerciale se réjouit de la défiscalisation des heures supplémentaires instaurée par la loi Tepa de 2007: "Mes vendeuses se font un très correct complément de salaire non imposable mais légal, et c'est bon pour moi". 
Pour d'autres, ce débat a des saveurs franco-françaises. A en croire Genesis de Chine, c'est "l'esprits de vacanciers perpétuels" des Français qui pose problème. Lui travaille 50 heures par semaine sur le continent asiatique et ne semble pas avoir à s'en plaindre. 

Avenir


Au Maghreb, rien de nouveau. Des jeunes, beaucoup de jeunes, qui rêvent d’un emploi, d’un logement, d’un avenir. Et des vieux qui bouchent l’horizon politique: Abdelaziz Bouteflika, 73 ans dont douze au pouvoir, récemment réélu avec plus de 90% des suffrages; et Zine Ben Ali, 74 ans dont vingt-quatre au pouvoir, récemment réélu à plus de 89%. Non, décidément, rien de nouveau, en Algérie et en Tunisie, sinon les années qui passent à convoiter de loin les promesses de réussite sur l’autre rive de la Méditerranée. Il suffit alors d’un coup de chaud sur les prix de la farine et de l’huile pour que tout s’embrase... La tentation est grande, depuis cette rive, de regarder tout cela de loin. Mais trop de liens nous rattachent à ces peuples. Surtout, ils nous rappellent que le pire, pour un pays, qu’il soit pauvre ou qu’il soit riche, c’est de n’offrir aucun avenir à sa jeunesse.

La préférence française pour la déprime

Un récent sondage BVA-Gallup a montré que, en matière d'économie, la sinistrose est plus répandue en France qu'en Afghanistan ou en Irak. Pourquoi ce goût français pour la déprime ? Parce que notre pays s'accroche désespérément à son modèle en guise de rempart à la mondialisation, là où il faudrait, au contraire, faire mouvement en utilisant ses atouts.

Inquiétude sur la dette des ménages italiens

En apparence, l'Italie a relativement bien résisté à la conjoncture économique dégradée de ces deux dernières années. Quelques jours avant Noël, la banque centrale du pays, gouvernée par Mario Draghi, a fait savoir que les ménages avaient à peu près réussi à préserver leur patrimoine au premier semestre 2010. Mieux : pendant la grave récession de 2009, ils se sont enrichis de 93 milliards d'euros, soit une progression supérieure à 1 %. Admirable, quand on sait qu'en France les familles parvenaient tout juste à sauver les meubles, avec une progression de 0,2 %. Comme chez nous, les produits financiers ont généré un rendement supérieur à la pierre, avec le recul des prix de l'immobilier. Aujourd'hui, le patrimoine des ménages italiens équivaut à 8,2 années de revenu net disponible, contre 7,3 en France et 4,8 aux Etats-Unis. On comprend que dans ces conditions, Rome se frotte les mains d'appartenir « à la partie la plus riche du monde » et de figurer « parmi les dix premiers pays en termes de richesse par tête » : les familles transalpines détiennent 5,7 % du patrimoine privé de la planète, alors que la richesse produite par leur pays ne pèse que 3 % du PIB mondial et la population seulement 1 % de l'humanité.

A y regarder de plus près, la réalité n'est pas aussi rose. En valeur absolue d'abord, le patrimoine des ménages atteint 8.600 milliards d'euros quand en France, à nombre d'habitants équivalent, il représente 9.300 milliards d'euros. Ensuite, cette richesse demeure extrêmement concentrée, à l'image du patrimoine du président du Conseil, Silvio Berlusconi, soixante-quatorzième fortune mondiale avec 9 milliards d'euros, numéro trois en Italie derrière l'inventeur du Nutella, Michele Ferrero (17 milliards) et le fondateur de Luxottica, Leonardo Del Vecchio (10,5 milliards). Les 10 % des ménages les plus riches concentrent à eux seuls 45 % de la richesse nationale, tandis que la moitié la plus pauvre de la population de la péninsule n'en possède qu'à peine 10 %. Quant à la proportion de ceux qui croulent sous les dettes - la Banque d'Italie parle de « richesse nette négative » -, elle n'a pas cessé de croître au cours des dix dernières années, pour frapper désormais plus de 3 % des gens. Des écarts « incommensurables » qui font penser « aux pays pauvres dotés de régimes autoritaires, où un petit nombre s'approprie le plus gros des ressources », dénonçait récemment le quotidien d'opposition « La Repubblica ». C'est parfois vrai au sein d'une même entreprise : chez Fiat, où Sergio Marchionne est de plus en plus impopulaire, l'ouvrier en bas de l'échelle salariale gagne quatre cents fois moins que le patron. Il y a quinze jours, l'Institut national de la statistique (Istat) a complété ce diagnostic en indiquant que, entre 2005 et 2009, la proportion d'Italiens vivant en état de « pauvreté absolue » est passée de 4 % à 4,7 %. Le taux est supérieur à 9 % dans les familles comptant plus de cinq membres et il est particulièrement élevé dans la tranche des 35 à 44 ans, ainsi qu'au-delà de 65 ans.


Si le phénomène de concentration des richesses existe aussi en France, il se double, en Italie, d'inégalités très fortes d'une région à l'autre. En clair, les écarts entre riches et pauvres sont encore plus criants à Naples qu'à Milan, à Palerme qu'à Venise, à Bari qu'à Turin. Cela n'existe nulle part ailleurs dans les pays développés, souligne la Banque d'Italie. En outre, l'ascenseur social ne fonctionne que pour une minorité. Ici, plus que dans les pays voisins, la destinée des jeunes dépend la plupart du temps des ressources de la génération précédente, rendant les inégalités en quelque sorte héréditaires. Une réalité à mettre en parallèle, évidemment, avec la montée inexorable du chômage. L'Istat a récemment sonné l'alarme à ce sujet. Non seulement la part de la population active actuellement sans emploi a encore grimpé en octobre, à 8,7 %, un score qui n'avait pas été atteint depuis janvier 2004. Mais en plus, les jeunes en ont été une nouvelle fois les premières victimes. Chez les 15-24 ans, le taux de chômage approche maintenant les 25 %, avec des pointes locales à 36 %. Dramatique, quand on sait que l'Italie ne comptabilise ni les salariés en chômage technique ni ceux qui ont renoncé à pointer à l'assurance-chômage. Chez les moins de 35 ans, on compte 2,25 millions de « ni-ni », des jeunes qui ont abandonné toute idée d'étudier ou de travailler, ajoute le centre de recherche Censis dans son rapport annuel sur la situation sociale du pays. Un document qui montre qu'en Europe, l'Italie présente, avec Malte et la Hongrie, le plus bas taux d'emploi de la population en âge de travailler (57,5 %, contre 64,2 % en France).

Ceci expliquant peut-être cela, l'endettement des ménages s'envole. Entre septembre 2008, date de déclenchement de la crise, et septembre 2010, celui-ci a enregistré un bond de 29 %, calcule le Centre d'études de l'artisanat et des PME de Mestre (CGIA). Les foyers italiens, qui étaient jusqu'alors très peu exposés, ont dorénavant sur le dos 19.500 euros de dette en moyenne. C'est un très mauvais signe. Et sans aucun doute, au-delà de l'atonie persistante de la croissance, le sujet de préoccupation majeur du gouvernement pour cette année. Car c'était jusqu'à présent le grand dada de Giulio Tremonti que de masquer le poids astronomique de la dette publique en y agrégeant la dette privée, faisant de l'Italie l'un des meilleurs élèves d'Europe avec un taux global de 236 % du PIB, contre 238 % en France ou 295 % au Royaume-Uni. En 2011, les marchés en demanderont davantage pour être rassurés.

Gesticulation

Dans un Etat de droit, où le pouvoir suprême tient sa légitimité de son élection libre par le peuple, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour condamner l'absence délibérée de la CGT, hier soir, à la cérémonie des voeux présidentiels aux partenaires sociaux. On peut à raison juger désuet ce rite protocolaire, mais il appartient à cette tradition républicaine dont le formalisme contribue à asseoir l'autorité distante, et non familière, du politique. En décidant, pour la première fois, de sécher l'invitation d'un chef de l'Etat qu'elle confond visiblement avec un adversaire ordinaire, la centrale syndicale dirigée par Bernard Thibault fait mine de se placer en dehors du jeu social tel qu'il doit s'exercer en république. S'il faut qu'elle s'exprime librement, la démocratie sociale doit toujours, en effet, s'en remettre, au bout du compte, à l'autorité supérieure de la démocratie politique. Il n'est pas certain, cependant, que si grande soit la portée de ce geste déplacé de la CGT.

Après avoir perdu lourdement le combat contre la réforme des retraites, du fait notamment de son obstination à nier jusqu'au bout la lassitude de l'opinion face aux blocages des carburants, Bernard Thibault a vu dans cette rodomontade d'hier l'occasion de donner une revanche à sa fierté abîmée. Cela soignera son image à l'intérieur d'une centrale dont les oppositions internes sont certes trop divisées pour l'inquiéter, mais dont les récents reculs électoraux ont été trop nombreux, dans l'énergie, les transports, à La Poste, pour ne pas préoccuper les troupes. Que sa maladresse ait une motivation interne n'excuse rien. Cela relativise.

Surtout, il ne faudrait pas en conclure que la CGT a basculé dans une opposition plus radicale encore. D'abord parce que, en dénouant alors brutalement les liens patiemment retissés avec la CFDT, elle s'affaiblirait en s'isolant. Ensuite, parce que ce serait faire erreur de perspective que de surestimer, au prisme d'un pseudo-« axe Sarkozy-Thibault », les évolutions réformistes de la CGT. La réalité est que sa pratique de la négociation reste fortement marquée par le refus du compromis avec le pouvoir. En quarante ans, elle n'a signé qu'un accord interprofessionnel, de taille, celui de 2008, car il modifie, au profit des grandes centrales, les règles de représentativité. Il n'y a donc rien de signifiant à la voir rester à la porte de l'Elysée.

Strauss-Kahn toujours en tête des personnalités politiques, selon un sondage

Le socialiste Dominique Strauss-Kahn était toujours en janvier en tête des personnalités politiques avec une cote d'avenir de 49%, en hausse de deux points par rapport à décembre, dans le baromètre mensuel TNS Sofres Logica pour Le Figaro Magazine rendu public jeudi.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), donné favori dans les sondages pour les primaires PS en vue de la présidentielle, arrive en tête des personnalités à qui les Français souhaitent voir jouer "un rôle important au cours des mois et années à venir", avec 49% (+2 points).
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, est deuxième, mais à dix points d'écart, avec 39% (-1). Elle est suivie du maire de Paris, Bertrand Delanoë (38%, +2). Viennent ensuite deux exclus du gouvernement, Rama Yade (37%, +2) et Jean-Louis Borloo (36%, +2), puis Michèle Alliot-Marie (32%, -2), à égalité avec Olivier Besancenot (+1) et Christine Lagarde (-2).
Avec 31%, François Bayrou (+3), François Hollande (+3) et Alain Juppé (+2) sont au coude à coude. François Hollande devance ainsi pour la première fois Ségolène Royal (28%, -2).
A gauche, Laurent Fabius effectue la progression la plus importante (24%, +5), et se trouve à égalité avec Eva Joly, candidate probable de Europe-Ecologie-Les-Verts à la présidentielle (24%, inchangé). Le président du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon (17%) est en hausse de deux points.
Candidat à la primaire PS, Manuel Valls est en hausse de 1 points à 19%, tandis que Arnaud Montebourg, également candidat à la primaire socialiste, est stable à 18% .
A droite, Jean-François Copé (23%) et Xavier Bertrand (20%) sont stables, tandis que Roselyne Bachelot perd 4 points à 19%.
A l'extrême-droite, Marine Le Pen gagne 4 points à 18%, soit deux fois plus que son père Jean-Marie (9%, inchangé).
Enquête réalisée les 3 et 4 janvier auprès d'un échantillon de 1.000 personnes interrogées en face à face à leur domicile (méthode des quotas).

François Mitterrand

« Dans les meetings, j'expliquais que 2 fois 2 égalent parfois 5. Quelquefois, lorsqu'on se trompe, ça peut même faire 3 » : le premier et unique président socialiste de la V e République a plus marqué l'histoire par son habileté à manier les mots que pour sa rigueur envers les chiffres. La famille socialiste se retrouvera demain sur sa tombe à Jarnac pour commémorer dans une belle unanimité les quinze ans de sa mort. Celui qui fut onze fois ministre sous la IV e avant de passer deux septennats à l'Elysée n'en reste pas moins aux yeux de beaucoup le « prince de l'équivoque » que fustigea Raymond Barre : l'ex-militant des Croix-de-feu qui fit carrière à gauche, le fonctionnaire vichyssois devenu le courageux « Morland » de la Résistance, l'ancien élève du collège Saint-Paul d'Angoulême allié avec le Diable communiste pour mieux l'exorciser. Ce fin manoeuvrier a excellé aussi à éliminer ses rivaux. Giscard, Rocard et quelques autres ont subi les coups de dents du grand fauve, dont le polémiste Jean Cau écrivit qu'il s'était fait limer les canines « afin qu'on oublie comment il avait déchiré ses proies ». Homme de culture passionné de livres et d'arbres, le berger de Latché, qui mena longtemps double vie conjugale en cachant à la France l'existence de sa fille Mazarine, avait inauguré son règne par une visite au Panthéon : peut-être la manifestation inconsciente de son souhait d'y entrer un jour définitivement, lui qui déclara qu' « On crée pour l'éternité, même si elle se charge de vous démentir ».

Le nouvel âge de la télévision

Le tsunami numérique est sur le point de s'abattre sur l'audiovisuel. Après avoir bouleversé l'économie de la musique et de la presse, le mariage de la numérisation et d'Internet va provoquer un raz de marée télévisuel. Le piratage à grande échelle de films et de séries ne fait figure que de simple hors-d'oeuvre car c'est une révolution beaucoup plus profonde des « business models » qui se profile.
L'actuel Salon de l'électronique grand public de Las Vegas l'illustre. L'an dernier, les stars du show étaient les téléviseurs 3D et les nouvelles manettes virtuelles pour consoles de jeux. Des produits certes innovants mais dont le principal objectif reste d'accélérer l'obsolescence des précédentes familles de gadgets, afin de donner un coup de booster à un marché du « brun » trop porté par la simple demande de renouvellement. Cette année, l'innovation change de braquet. A l'abri des casinos, ce sont de nouvelles générations de téléviseurs connectés, de « smartphones » et de tablettes multimédias que les géants dévoilent. Autant de produits qui permettront via « apps » ou programmes de consommer autrement de la télévision. Le pouvoir va ainsi passer progressivement entre les mains des téléspectateurs capables de choisir où et quand ils consomment de l'image digitale. L'univers de la télé qui était un monde de l'offre (les chaînes A et B proposent tel programme à telle heure) devient un monde de la demande dans lequel le consommateur navigue au lieu de se laisser guider.
Les grandes chaînes peuvent se rassurer en notant que l'explosion des supports numériques ne les a guère affectées pour l'instant. En France comme en Amérique, on a même jamais passé autant de temps devant le petit écran et la télé de rattrapage est encore gérée par les chaînes. Mais le rapport de force entre diffuseurs et créateurs pourrait rapidement s'inverser. Les marques des seconds pesant à terme plus que la notoriété des premiers.
Les TF1 et M6 de ce monde qui réalisent une part majeure de leurs bénéfices en commercialisant des publicités entourant des séries américaines pourront être contournés par les studios hollywoodiens. Ces derniers changeront d'intermédiaire pour vendre à l'unité en passant par Apple et son iTunes Store ou ils diffuseront à travers un site géré par Google dont la régie publicitaire génère déjà autant de chiffre d'affaires en France que celle de TF1. Sur plusieurs jours, un programme diffusé par YouTube peut déjà réunir des millions de téléspectateurs, soit autant qu'un prime time. C'est bien un nouvel âge de la télé qui s'annonce.

Le cas hongrois

L'Union européenne est-elle, une fois de plus, piégée par ses institutions ? Sa construction a toujours reposé sur un pari, parce qu'elle s'interdit tout retour en arrière : il est difficile d'y entrer, mais il est impossible d'en sortir. Si la Hongrie devait subir aujourd'hui les tests auxquels sont soumis les pays candidats, sur leur respect des principes démocratiques et leur « vertu » économique, il est fort probable qu'on la prierait d'attendre à la porte, le temps de se mettre en conformité avec les normes européennes. Mais la Hongrie est dans l'Union, et en assure la présidence jusqu'au 30 juin. Au plus mauvais moment : elle ne fait pas partie de la zone euro, alors que la consolidation de la monnaie unique est en tête de l'agenda européen. Surtout, elle a adopté, sous la houlette du Premier ministre, Viktor Orban, une ligne politique qui consterne ses partenaires. Ce fut d'abord, au printemps dernier, la décision unilatérale d'attribuer la nationalité hongroise aux ressortissants des pays voisins « d'ascendance magyare », au risque de compliquer la situation de ces minorités, notamment en Slovaquie et en Roumanie. Puis, en décembre, une loi soumettant les médias à une sévère censure. Economiquement, le pays est surendetté, en pleine récession, en rupture avec le FMI, et la notation de ses emprunts publics est au plus bas. Pour couronner le tout, Budapest vient d'adopter une mesure fiscale discriminante à l'égard des entreprises étrangères, objet d'une réclamation auprès de Bruxelles…

Quelques observateurs attribuent cette politique populiste à la crainte du Premier ministre de voir progresser le parti d'extrême droite Jobbik. Explication peu rassurante : l'équilibre européen serait ainsi, au hasard des circonstances, à la merci de formations extrémistes minoritaires. Si l'on veut trouver à cette situation un aspect positif, on peut se dire qu'elle peut contribuer à clarifier la gouvernance de l'Union, en affaiblissant le rôle de la présidence tournante au profit de la présidence du Conseil européen, qui vient de fêter son premier anniversaire.