TOUT EST DIT

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dimanche 2 janvier 2011

La Poste a perdu son monopole du courrier

Depuis ce samedi 1er janvier, la totalité du marché du courrier est ouverte à la concurrence. Mais aucun acteur n'est venu défier La Poste sur le marché fragilisé des plis de moins de 50 grammes.

C'est au tour de La Poste. Après le transport aérien en 1997, les télécoms un an plus tard, le fret ferroviaire en mars 2006, l'électricité et le gaz en 2007, ou encore le transport ferroviaire de passagers à l'international fin 2009, les services postaux français s'ouvriront totalement à la concurrence ce samedi 1er janvier, avec la fin du monopole de La Poste sur les plis de moins de 50 grammes. Ceux-ci représentent 80 % des envois réalisés en France. Il s'agit de l'étape ultime de la libéralisation du courrier orchestrée par les directives européennes de 1997 et 2002 dans le but de baisser les prix et d'améliorer les prestations aux consommateurs. Mais cette ouverture est loin de provoquer le big-bang annoncé à l'époque. Aucun acteur, français ou étranger, n'a voulu défier La Poste. Avec l'essor d'Internet, le courrier est en recul, alors qu'en 2002 il apportait l'essentiel des résultats du groupe. Ses volumes devraient chuter de 30 % entre 2008 et 2015. « Personne n'avait imaginé que, au jour de son ouverture totale à la concurrence, le marché du courrier serait en déclin, contrairement aux marchés des télécoms, de l'énergie et des transports qui, eux, progressaient », rapporte un proche du PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly.
Pour autant, la situation n'est pas figée. Ils n'étaient que deux à défier France Télécom en 1998. Et dans l'aérien, personne n'avait imaginé, lors de la fin du monopole d'Air Inter en 1997, l'essor d'Easyjet. « À court terme, aucun concurrent ne se profile à l'échelle nationale. À moyen terme, il en sera probablement autrement », assure la même source. Même s'il y a peu de chances qu'un concurrent tente de reproduire le schéma de distribution universelle de La Poste, il n'est pas exclu que des challengers se positionnent sur des zones spécifiques, comme Paris ou Lyon.
9 milliards d'investissements
Dans tous les cas, La Poste a pris les devants. Depuis la loi sur la régulation postale de 2005, elle s'y prépare. Le passage en société anonyme, au printemps, lui a facilité la tâche. Il a permis à la Caisse des dépôts de participer, aux côtés de l'État, à une augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros. Cet argent frais était nécessaire au groupe public pour accompagner son plan de développement d'ici à 2015. Celui-ci fait la part belle à La Banque Postale, la locomotive du groupe, censée dégager à cet horizon la majeure partie des profits du groupe. Néanmoins, sur les quelque 9 milliards d'investissements prévus au cours de cette période, 1 milliard sera consacré au courrier.
Après les services postaux, la laborieuse libéralisation du marché ferroviaire domestique pour les passagers constituera le gros dossier à venir. Certains observateurs tablent sur 2014, deux ans après la publication d'une directive européenne sur le sujet attendue fin 2011-début 2012.



Découvrez qui sont les contribuables les plus endettés de la planète

La Tribune a procédé à un tour d'horizon mondial de l'endettement public par habitant. Il en ressort que les Japonais sont de loin les contribuables sur lequel repose la dette la plus importante de la planète. Juste derrière figure l'Islande. Pour savoir où se situent les Français, les Allemands ou les Américains, cliquez sur notre infographie animée.

Indignisme

Un prophète est né à la gauche française, désormais confite en indignation, révérant Stéphane Hessel et brandissant son livre tel un passeport best-seller pour le monde nouveau.
Et cet engouement en dit long sur l’épuisement intellectuel des gauches, au bout du bout de leur histoire délavée. On ne pense plus avec Marx ou Marcuse, Blum, Trotski, Foucault ou Sartre, mais on révère Hessel et son Indignez-vous. Même pas un livre, une brochure; même pas une brochure, un tract, trente pages en écho décalqué des évidences de l’âge d’or. Et l’on consulte l’oracle sans crainte du ridicule, et il est pour Aubry et contre Sarkozy, et il faut résister au libéralisme comme jadis sous Pétain, et Vichy c’était le capitalisme, et le vieillard est irréfutable.

Qu’on ne s’y méprenne pas. Hessel n’est pas en cause, mais ce qu’on fait de lui. Hessel est un homme à la vie ébouriffante, d’une vitalité que l’on se souhaite nonagénaire, dont les combats sont justes; et qui possède l’aura de la victime, pourchassé par la haine d’une ultradroite pro-israélienne. Mais tout ceci ne devrait pas transformer des truismes en sourates sacrées. Ce qui est affligeant et révélateur, c’est l’aveuglement avec lequel Hessel est révéré sans être lu, discuté ou débattu. Pourtant, il y aurait matière.

Premier exemple. "Quand j’essaie de comprendre ce qui a causé le fascisme […], je me dis que les possédants, avec leur égoïsme, ont eu terriblement peur de la révolution bolchevique." C’est une lecture pseudo-marxisante du fascisme, qui n’aurait été qu’un masque de la bourgeoisie, un avatar de la lutte des classes… Comme s’il n’y avait pas eu des bourgeois antinazis, ou des socialistes justement terrifiés par le bolchevisme! Toute notion de morale individuelle s’efface devant cette vision mécaniste de l’histoire. Hessel nie la parenté tragique des totalitarismes, de droite et de gauche, oublie les pages terribles de l’écrivain soviétique persécuté Vassili Grossman, méprise la réflexion des gauches humanistes depuis Jaurès et Blum.

Deuxième exemple: "Le Hamas n’a pas pu éviter que des roquettes tombent contre des villes israéliennes." Tout à sa défense de la Palestine, Hessel tombe dans la naïveté classique de ces gauches qui ne voient jamais le mal dans la violence des opprimés. La vérité est autre : le Hamas est bien bombardant, terroriste et fasciste, ce qui n’excuse pas les crimes du colonialisme israélien. Mais Hessel, quand il s’indigne, refuse la complexité ou la nuance. Camus, connaît pas.

C’est le droit de Hessel de ressasser des simplismes. C’est le paradoxe des médias progressistes de ne pas s’y arrêter. C’est le problème du peuple de gauche de faire un triomphe à ce brouet, achetant une posture régressive au lieu d’appréhender le chaos contemporain. La gauche n’est pas la recherche d’un gourou chenu, et l’indignation n’est pas la politique. Elle en est même l’exact contraire, ou plutôt son empêchement. Le sujet, actuellement, est d’inventer un ordre tenable dans le maelström libéral, pas de révérer le programme économique des résistants de 44. C’est la tâche concrète, technique et pragmatique d’un Strauss-Kahn ou de quiconque s’y attellera: tâche intenable, si l’on en reste à l’indignisme de confort. La gauche la plus simple du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Sérénité

Exercice convenu, les vœux permettent de prendre des résolutions, comme pour repartir sur un nouveau pied. Quel mot peut, au seuil de 2011, les résumer? Sérénité. C’est l’état auquel nous aspirons, bousculés par un monde de plus en plus rude: des vies professionnelles martelées par le stress, des histoires personnelles striées par des blessures souvent lointaines.
2010 aura été, pour les Français, l’année de la reprise en trompe l’œil. La croissance est amortie comme l’a été la récession : la France a crû, en valeur, trois fois moins que l’Allemagne. 2011 sera une année de pause électorale, ce qui est rarissime. Après les "midterms" américaines qui ont affaibli Obama, après le départ, au Brésil, de Lula, figure du monde émergent, aucun grand pays ne connaîtra d’élection décisive. Les nations du G20, sous présidence française, seront dégagées de la pression immédiate de leurs opinions publiques. Ce peut être l’occasion de mieux maîtriser la forte croissance mondiale et ses désordres.
Pour le JDD, 2011 sera une année importante. Dans deux mois, vous lirez un journal plus riche, plus cohérent, plus facile à manier. Nos annonceurs profiteront d’une impression plus homogène. Le JDD changera mais, comme dans Le Guépard, pour que tout reste pareil: le journal "intello-populaire" qui marque le dimanche en prenant du recul sur l’agitation de la semaine. Merci encore, chère lectrice, cher lecteur, de votre fidélité. Pour vous et vos proches, une année plus sereine.

Catherine Séguin: "Philippe Séguin n'est pas catalogable"

Un colloque et une exposition retraceront, vendredi prochain, le parcours de l'ancien président de l'Assemblée nationale. Sa fille, Catherine Séguin, évoque la mémoire de son père. Extraits.
La mort de votre père Philippe Séguin, il y a un an, a provoqué une grande émotion. Avez-vous été surprise?
Oui, ce fut une grande surprise. Je pressentais cette popularité mais je n’imaginais pas qu’elle prendrait de telles proportions. Il y a toujours autour d’une disparition brutale une émotion mais là, c’était vraiment inattendu. Je gardais en mémoire la campagne cauchemar des municipales à Paris en 2001 marquée par une forte hostilité vis-à-vis de lui. Neuf ans plus tard, j’ai ressenti une ferveur populaire inversement proportionnelle. Quand son cercueil a été conduit dans la cour des Invalides sous les applaudissements, c’était extrêmement poignant.
Comment expliquez-vous une si grande émotion?
Je crois qu’il n’a jamais caché aux Français ce qui faisait sa force et ses faiblesses. Il avait des fragilités qu’il ne dissimulait pas. Pour ces raisons, liées à l’homme, ajoutées à la force de ses convictions et de son engagement (il abhorrait les compromissions – souvenez-vous de sa posture face au FN), il était à la fois attachant, accessible et, même depuis la Cour des comptes, indissociable de la scène politique française. Après le choc, sa disparition a laissé place à un grand vide, et beaucoup ont, semble-t-il, découvert qu’il manquait dans le paysage politique de notre pays. Je pense aussi qu’il était profondément respectueux de l’Etat et de ses institutions. Cela compte dans l’esprit des gens, et ce n’est pas la qualité la mieux partagée chez les politiques actuels…
Etait-il amer de ne pas avoir été président de la République ou Premier ministre?
Aucunement. De l’ambition, il en avait certainement. Mais de plan de carrière, je ne lui en connaissais aucun. Ce n’était pas son genre. Sa popularité était peut-être liée au fait qu’il n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour atteindre ces fonctions, et qu’il s’est toujours refusé à prendre des raccourcis et à renoncer à ses convictions pour accéder au sommet du pouvoir.
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans les colonnes du Journal du Dimanche ainsi que sur leJDD.fr.