TOUT EST DIT

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dimanche 31 juillet 2011

La Grèce handicapée par une grève des taxis en pleine période touristique

Une grève des taxis contre la dérégulation du métier, qui entrera lundi dans sa troisième semaine, porte un coup à l'économie fragile de la Grèce et handicape le secteur névralgique du tourisme.
Aucun taxi jaune ne circule plus à Athènes ni dans aucune ville depuis mi-juillet. Les propriétaires de taxis ont multiplié les blocages dans les ports, aéroport, et sur les autoroutes, entravant la circulation et abandonnant sous un soleil de plomb des myriades de touristes chargés de valises au pied des bateaux ou des avions.


Dans un pays où le secteur du tourisme représente un cinquième du PIB et où les taxis assument un rôle de quasi service public, - entre l'aéroport d'Athènes et le port du Pirée d'où partent les ferries vers les îles, ainsi que dans les îles elle-mêmes peu desservies par les transports en commun - les professionnels du tourisme s'impatientent, et demandent une solution "immédiate".
Après l'intervention de la justice, les protestataires ont mis un bémol à leurs actions les plus impopulaires, en levant les péages sur les autoroutes ou en ouvrant les portes de l'Acropole pour laisser les touristes entrer gratuitement.
"Je ne peux pas contrôler ces gens", s'est indigné mercredi le président des taxis d'Athènes, Thymios Lybéropoulos sur la télévision Alter.
 

Il a souligné avoir "la chair de poule" quand il pense à ce que ses collègues menacent de faire pour résister à la réforme, dictée par les créanciers du pays, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).
Comme celle des routiers l'an dernier, la dérégulation des taxis s'inscrit dans le cadre de mesures visant à ouvrir à la concurrence des métiers protégés en Grèce, avocats, pharmaciens ou ingénieurs, afin de relancer l'économie en récession depuis trois ans.
Dans le cas des taxis, le ministre des Transports estime que la réforme servira aussi à "lutter contre l'argent noir" dans un secteur où les licences sont achetées et vendues "d'une manière qui favorise l'évasion fiscale".
Renommés pour leur faible qualité de service, les taxis grecs ont longtemps résisté avant d'accepter de donner des reçus à leurs clients ou de ne pas fumer dans leur voiture.
Jeudi, certains ont tenté de bloquer des cars de touristes au Pirée, jetant de l'huile sur la chaussée pour empêcher la police de les disperser.
Le bras de fer avec le gouvernement a commencé début juillet, quand le nouveau ministre des transports a refusé d'appliquer un accord survenu avec son prédecesseur, avant le remaniement du 17 juin, qui prévoyait de lier "le nombre de taxis à la population de chaque ville".
Ce compromis aurait permis de limiter le nombre de voitures en circulation, ce que demandent les taxis qui estiment que la libéralisation va "créer un encombrement" de voitures, et "faire chuter la valeur" de leurs licences chèrement acquises.
Après avoir rencontré le ministre vendredi, ils ont maintenu leur mouvement. "Nous allons continuer à lutter jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites", a lancé M. Lyberopoulos.
Dans la semaine, le Premier ministre Georges Papandréou s'était déclaré à l'écoute, tout en restant ferme sur la nécessité de la réforme.
Selon les médias, la grève a causé 1,2 milliard de pertes au Pirée, certains bateaux de croisière renonçant à acoster et continuant plus loin en Méditerrannée pour débarquer leurs touristes.
"Alors que le nombre d'arrivées a augmenté de 10 à 15%, les revenus provenant de la consommation des touristes sur place ont chuté de 10%", relève le président de l'union de commerçants, Vassilis Krokkidis.
"Je viens de rentrer de Rhodes (île du Dodécanèse, sud) et tous les touristes étaient cloués à leurs hôtels", déplore-t-il.
D'autant plus que le secteur du tourisme est déjà touché cette année par la chute de 20% du tourisme intérieur, les Grecs partant moins en vacances à cause de la récession.

UNION POUR LE MAGHREB OU UNION POUR LA MÉDITERRANÉE : Le choix revient aux peuples maghrébins

«Il n'est point de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va» (Sénèque)



Ce mois de juillet est l'occasion pour nous de revenir sur l'Arlésienne de Bizet constituée par l'Union pour la Méditerranée inaugurée avec faste il y a de cela trois ans. La configuration actuelle a remis aux calendes grecques cette utopie, notamment du fait des convulsions des pays arabes et du changement de stratégie qui donnerait à croire qu'au lieu de négogier avec les pays, dans la plus pure tradition de la diplomatie de la canonnière, on met en oeuvre une nouvelle invasion pour s'assurer l'énergie.


Où en est l'Europe?

Avec sa lucidité coutumière, Hubert Védrine nous donne sa vision de l'Europe. Pierre Haski rapporte ses propos. «L'occasion était donnée par un débat à l'Académie diplomatique internationale -dirigée par Jean-Claude Cousseran autour d'un recueil de textes d'Hubert Védrine entre 2003 et 2009, «Le Temps des chimères» (Fayard). Hubert Védrine parle de chimères. Les «chimères»? De belles idées véhiculées par l'Occident au temps de sa splendeur, comme son «assurance universaliste», le «monopole du leadership occidental», une «vision simpliste du prosélytisme démocratique», le «droit-de-l'hommisme» ou le «manichéisme». Sans oublier le «devoir d'ingérence» cher à Bernard Kouchner, qu'il rapproche du «logiciel caché profond» de l'Occident: «L'évangélisation». Autant de vaches sacrées occidentales que pourfend l'ancien chef de la diplomatie».(1) (2)

Plus grave encore, il y a une fracture entre les pays du Sud de l'Europe et ceux du Nord. Les premiers reprochant aux seconds de ne pas tenir compte de l'histoire de la civilisation méditerranéenne dans laquelle la Grèce et l'Italie ont eu un rôle majeur. Nous lisions: «Ignorée au début de la construction européenne, la Méditerranée a, depuis, fait l'objet de plusieurs tentatives d'intégration, toutes vouées à l'échec. La crise qui frappe actuellement la rive Sud montre qu'une nouvelle approche est nécessaire. La Méditerranée a vécu dans le passé de nombreuses périodes de guerre et de paix. (....) A son tour, l'histoire contemporaine a vécu une succession de fractures qui ont déclenché des tensions, voire de véritables guerres: dans le Maghreb, dans le Machrek, en Espagne, en Grèce, à Chypre, dans les Balkans, dans l'ex-Yougoslavie, en Palestine, et ainsi de suite. Au Nord comme au Sud, l'ensemble du Bassin méditerranéen se lie difficilement avec les régions continentales. » (2)

Même des reproches sont faits à la création de l’Union Européenne, dans le sens que les aspirations des pays du Sud de l’Europe n’ont pas été pris en compte ! L´Union européenne s'est créée sans prendre en considération les spécificités de la Méditerranée, telle une Europe séparée du «berceau de l'Europe». Comme si une personne privée de son enfance ou de son adolescence pouvait se développer normalement... Depuis un certain temps déjà, notre chère mer ressemble à une frontière maritime, s'étendant du Levant au Ponant et séparant l'Europe, d'un côté, de l'Afrique et de l'Asie mineure, de l'autre. A de nombreuses reprises, les décisions concernant le sort de la Méditerranée ont été prises hors de son territoire ou sans tenir compte de son opinion. (...) La tentative du président Nicolas Sarkozy de créer une nouvelle «Union pour la Méditerranée» a été accueillie avec mépris par l'Europe continentale (par l'Allemagne en particulier). Du reste, la proposition française a été hâtivement mise en oeuvre. La peur de l'immigration provenant de la côte méridionale ne suffit pas à elle seule à déterminer les grandes lignes d'une politique réfléchie. La côte méridionale reste sur ses réserves, gardant toujours en mémoire l'expérience du colonialisme. Aujourd'hui, il se passe peu ou prou la même chose, avec cette guerre qui vient d'éclater en Libye».(2)

Dans le même ordre, Richard Werly reproche aux grands pays de l'Europe de ne pas s'occuper assez des pays du sud de l'Europe. Justement, l'Europe actuelle paraît plus engluée que jamais dans ses crises à répétition. Tous les pays du sud de l'Europe sont, à des degrés divers, dans la tourmente financière. «Les pays du sud de l'Europe écrit-il, rencontrent d'immenses difficultés. Mais ce n'est pas une raison pour les négliger, ou les pousser vers la sortie: le sort de l'UE est lié à sa partie méridionale, rappelle un journaliste du Temps. Il y a les chiffres, et ils sont impitoyables. Ceux de la Grèce, avec sa dette d'environ 350 milliards d'euros équivalente à 160% de son Produit intérieur brut (PIB), servent désormais de slogan à tous ceux, Allemagne en tête, qui clouent au pilori la mauvaise gestion et les tricheries (avérées) passées d'Athènes. Le Portugal, avec une dette publique de 126 milliards, soit 88% du PIB, ou l'Italie avec une dette d'environ 1800 milliards d'euros, soit près de 120% de son PIB viennent tout de suite derrière. La dette publique espagnole, à 680 milliards d'euros, représente environ 64% du PIB du pays... contre 1650 milliards pour la France, soit 84% du PIB de l'Hexagone, que les agences de notation ont dans leur collimateur».

Continuant son plaidoyer, il met en exergue le rôle de charnière des pays du Sud qu'il oppose aux politiques des droites extrêmes «Une telle antienne, reprise à l'envi par des formations populistes de droite dure tel que le Parti de la Liberté néerlandais de Geert Wilders, nie pourtant une évidence: le sort de l'Europe-puissance, dans l'histoire, a toujours été lié à la Méditerranée, et amputer l'UE de sa frange méridionale serait un contresens politique tant les enjeux stratégiques et économiques qui se jouent sur ce flanc sud sont déterminants. Ne parlons pas ici de l'apport colossal de la Grèce à la pensée européenne, ou de la manière dont l'identité commerciale et capitaliste européenne s'est forgée en Méditerranée comme l'a démontré Fernand Braudel. Les Printemps arabes, pourraient être des sources de vitalité pour l'Europe. Parlons juste marchés, main-d'oeuvre et actualité: Qui peut contester que les «Printemps arabes» sont potentiellement source d'une incroyable vitalité pour le continent? Les relais passent par Athènes, Naples, Gibraltar, Barcelone ou Nicosie. Berlin, qui investit tant dans le projet solaire Desertec au sud de la Méditerranée, ne doit pas l'oublier. L'Union pour la Méditerranée, justifiée mais mal pensée par Nicolas Sarkozy, ne doit pas être naufragée».(3)

Beau plaidoyer! On peut y ajouter le dernier attentat du fondamentaliste norvégien et attribué en priorité à l'Islam, alors qu'une enquête d'Europol a montré que sur les 200 «attentats» seuls trois sont du fait de réseaux terroristes islamiques.


Que reste-t-il de l'Union pour la Méditerranée?

Curieusement, même dans la tourmente, les leaders européens - pris de court par les révoltes arabes se rattrapent sur Kadhafi en démolissant la Libye, le seul pays à ne pas vouloir de l'Union pour la Méditerranée.... Justement, à propos du bilan de l'UPM, Predrag Matvejeviæ est sceptique quant aux résultats: «Trois ans d'existence, et un bilan nul. Mais La Vanguardia veut croire qu'avec un nouveau secrétaire général, l'UPM peut encore oeuvrer utilement. Les grandes civilisations qui ont placé la Méditerranée au centre de la planète se nourrissaient de mythes et de légendes dans lesquels dieux et surhommes régnaient sur la nature et ses éléments, commandant aux mortels et s'immisçant dans leur destin. (...) Mais, dans nos civilisations actuelles, les réalités comptent davantage. L'une de ces réalités, c'est l'Union pour la Méditerranée. Les balbutiements de l'UPM sont loin d'être couronnés de succès. » (4)

Cette institution poursuit Predrag Matvejeviæ a été lancée il y a trois ans par Nicolas Sarkozy. Elle a d'abord été accueillie avec scepticisme aussi bien par les pays du Nord, qui redoutaient une division de l'Union européenne, que par les pays du Sud, dont la cohésion n'est pas la principale qualité. Les premiers pas de l'UPM ont été lents, tant dans l'approbation des statuts que dans la nomination des dirigeants et la distribution des responsabilités. Le conflit au Proche-Orient a eu tôt fait d'assombrir ses débuts, en mettant à bas la stratégie de gestion de l'eau et en faisant avorter les deux derniers sommets (...) (...)Ce projet a besoin d'une volonté politique affirmée et d'une dotation financière suffisante. Il est indispensable que nous, citoyens et entreprises de la Méditerranée, soyons convaincus de son importance. L'UPM ne peut pas laisser s'évaporer l'enthousiasme que suscite cette renaissance ni se satisfaire d'un même passé commun: elle doit oeuvrer à l'avenir commun de ses peuples et se lancer sans tarder dans des actions ambitieuses.(4)

Pour sa part, le député socialiste Arnaud Montebourg n'a pas été tendre avec la politique de la France et partant de l'UPM. Dans une conférence à l'Idri, il a qualifié le 27 avril à Alger, l'Union pour la Méditerranée (UPM) de «coquille vide». Pour lui «l'échec de l'UPM est dû également à l'accroissement du nombre de ses membres alors qu'au départ il ne concernait que les pays du pourtour méditerranéen».(5)


Qu'en est-il de la Turquie, chaînon majeur ?

Il est intéressant de noter que l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne connaît toujours, avec les gouvernements actuels (France Allemagne, Grèce...), un refus. Les architectes de l'UPM pensaient «régler le problème» en diluant les espérances de la Turquie dans la coquille vide de l'UPM. En fait, le problème est plus profond et au risque de nous répéter, le moteur du refus concerne la peur de l'Islam. Même les plus hautes autorités n'hésitent plus à pointer du doigt l'Islam. Le refus de la Turquie dans l'Europe tient de l'obstination irrationnelle. On connaît les positions de Giscard d'Estaing qui ramène l'adhésion de la Turquie à un problème ethnique et d'essence chrétienne. Cependant, un homme politique a toujours été constant dans ses positions: Michel Rocard n'est pas un inconnu. Pour lui, l'adhésion de la Turquie est un facteur contribuant à la «paix régionale». «Nous partageons avec la Turquie un héritage historique.» «La Turquie est aux frontières de l'Europe, mais elle lui est historiquement intégrée depuis la Grèce antique jusqu'à nos jours.»(6)

A l'autre bout de l’énigme, pour ce qui est de la Croatie, la Moldavie, voire la Serbie, c'est l'Europe qui propose un traitement accéléré de leur intégration. C'est dire si d'un côté c'est le TGV, de l'autre l'escargot perclus de rhumatismes. Par ailleurs, l'Europe - sans publicité - a déclaré en décembre 2008, dans les faits, Israël 28e Etat de l'Europe avec tous les avantages du fait des relations upgrading. Curieusement, l'Europe et l'Occident commencent à «redécouvrir» les vertus de la Turquie vue de plus en plus comme un modérateur, notamment après les convulsions actuelles du Monde arabe. Passerelle entre l'Orient et l'Occident, la Turquie pourrait s'imposer dans les prochaines années comme un acteur géopolitique majeur. La Turquie aurait dû se méfier des promesses qui lui ont été faites -l'adhésion à l'Europe suivrait son cours...normal - lors de la mise en place du canular traquenard de l'Union pour la Méditerranée».

UP Méditerranée ou UP Maghreb? Quelle priorité?

Quelle est l'alternative pour les pays du Maghreb, maintenant que l'Union pour la Méditerranée est en panne, faute de combattants! On sait le forcing qui a amené à sa mise en place. Mettre autour de la même table Bachar el Assad et Israël, il faut le faire!. Que deviennent les acteurs du premier show? Exit Moubarak, Ben Ali. Kadhafi et El Assad luttent justement pour garder leur trône contre une coalition européenne. Il est pratiquement admis que l'UPM, dans sa configuration ancienne, a vécu. Les replâtrages, les calculs d'épicier quant à la distribution des sucettes (les postes: il n'est que de voir comment le secrétariat général a été confié à un Jordanien puis après sa «démission» à un Marocain), on constatera que l'Algérie avec sa politique de un pas en avant, deux pas en arrière, s'est faite marginaliser et elle est absente dans les rares projets toujours en projets.

Pour Georges Stanechy, un des fondements de la politique étrangère européenne et tout particulièrement française et espagnole, est d'empêcher à tout prix une «Union» du Maghreb. En fait, il convient de réactiver le formidable projet de l'UMA (Union du Maghreb arabe) qui réunissait Maroc-Algérie-Tunisie-Libye-Mauritanie. Soit un ensemble d'une centaine de millions de personnes, aux compétences de niveau international par la qualité de ses cadres multilingues, aux ressources complémentaires (mines- énergie-agriculture-industrie) et au potentiel de développement en termes de marchés (infrastructures et consommations) extraordinaire. Cet ensemble représenterait un poids dans les négociations internationales, face à l'Europe ou autres, autrement plus efficace que les différents accords bilatéraux qui ne sont qu'un habillage du: «Diviser pour régner». Dans le partage de la prospérité, la renaissance de ses traditions et de son patrimoine historique, trop longtemps arasés par un colonialisme et un néocolonialisme impitoyables.(8)

Imaginons que les dirigeants du Maghreb soient fascinés par l'avenir. Imaginons que nous ayons un Jean Monnet, un De Gaulle ou un Adenauer, le Maghreb que tout unit: l'histoire la culture et même un Islam tolérant non politique dans son essence, serait une véritable force avec une jeunesse exubérante, un immense territoire supérieur à celui de l'Europe, des ressources énergétiques, un savoir-faire et surtout une vision rationnelle de la réalité que nous avons appris, il faut bien le reconnaître, de la présence coloniale, nul doute que ce Maghreb qui aurait 125 millions d'habitants en 2030 serait un acteur important du Bassin méditerranéen. Les leaders naissent aussi d'un élan de la société. C'est là où l'encadrement, les leaders d'opinion, doivent se rassembler.... Sans cette volonté, l'attente du «miracle», de «l'homme providentiel», ne donnera rien. Combien y a-t-il de colloques organisés sur l'Union pour le Maghreb entre représentants non-gouvernementaux des différents pays concernés, sur des projets communs, par la «société civile», par le «pays profond», les universités, les centres de recherche, les organisations professionnelles, patronales, syndicales ou autres?...

Le Maghreb doit travailler, d'abord, en priorité, en urgence, sur ce qui «rassemble» et non pas sur ce qui «divise». L'avenir du Sahara est l'exemple même du problème qui trouvera sa solution, dans le cadre de l'Union pour le Maghreb, sous une forme à déterminer dans la solidarité face aux pressions et enjeux imposés par l'Occident. Rien n'interdit, d'ailleurs, d'y inclure l'Egypte. L'ensemble de plus de 6 millions de km2 et un marché de 200 millions d'âmes est une opportunité pour les peuples de la région. Nul doute que cet ensemble négociera en position de force avec l'Europe qui, on s'en doute, mettra tout son poids pour le faire échouer sauf si les peuples du Maghreb en décident autrement.

1.Pierre Haski: «Quelques burqas et la République serait en danger?» Rue89 26/04/2010

2.http://www.presseurop.eu/fr/content/article/564321-des-nuages-sombres-sur-mare-nostrum 22 03 2011

3.http://www.presseurop.eu/fr/content/article/799381-sans-le-sud-l-europe-perdrait-le-nord

4.http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/26/l-union-pour-la-mediterranee-vous-vous-rappelez 26 07 2011

5.Chems Chitourhttp://www.legrandsoir. info/Declin-du-sens-Ou-va-la-vieille-Europe.html

6.Michel Rocard, Oui à la Turquie. Ed. Seuil 2008

7C.E. Chitour: Le niet de l'Europe à la Turquie: L'Expression mars 2009

8. Georges Stanechy - Commentaire article Chitour http://stanechy.overblog.com

samedi 30 juillet 2011

Nicolas Hulot envisagerait de quitter Europe Ecologie-Les Verts

Défait par Eva Joly lors de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Nicolas Hulot pourrait quitter le parti écologiste avant la fin août, indique son conseiller Jean-Paul Besset. L'animateur de télévision avait auparavant exprimé sa déception dans le magazine Bretons, critiquant durement le rassemblement écologiste et certains de ses cadres, tout en se défendant de vouloir régler des comptes.

Dans le quotidien La Montagne paru samedi 30 juillet, Jean-Paul Besset laisse entendre que Nicolas Hulot pourrait quitter EELV avant les journées d'été du rassemblement écologique, du 18 au 20 août à Clermont-Ferrand. "Si vous voulez mon sentiment personnel, il ne viendra pas à Clermont", dit-il. Vendredi, sur France info, Nicolas Hulot avait lui-même assuré, face à "l'immense gâchis" de sa défaite à la primaire, "qu'il ne sert à rien d'insister".
Interrogé par Bretons, l'animateur estime que la primaire qui l'a opposé à l'ex-magistrate Eva Joly "aura donné un spectacle assez préjudiciable" de l'écologie. Selon lui, tout à été fait par les cadres du mouvement pour lui compliquer la tâche, du calendrier choisi au périmètre de vote. Il se demande aussi "quel diplôme de psychologie il faut avoir pour comprendre leur fonctionnement".
UN RAPPROCHEMENT AVEC BORLOO ?
"De Jean-Vincent Placé à Dany Cohn-Bendit, en passant par Cécile Duflot et Noël Mamère, ils n'ont eu de cesse de me demander de les rejoindre. Mamère m'a dit que j'étais le seul candidat possible. Et pourtant, il fut le premier à m'envoyer des banderilles quand je me suis présenté", déplore-t-il. Néanmoins, l'animateur assure n'avoir aucune rancœur envers Eva Joly, qui a obtenu une victoire très nette avec 58,16 % des voix.
L'annonce du probable départ de Nicolas Hulot d'EELV relance les spéculations sur un rapprochement avec Jean-Louis Borloo, le leader du Parti radical qui semble préparer sa candidature à la présidentielle de 2012. L'animateur avait semé le trouble lors du congrès des écologistes en confiant à des journalistes qu'il avait "pendant un court temps" envisagé un tandem avec Jean-Louis Borloo. Ce dernier avait aussitôt redit "son estime" pour l'écologiste, avec lequel il avait travaillé lors du Grenelle de l'environnement.

Les retraités allemands à Athènes pour former les Grecs

Pour rendre la Grèce plus compétitive, le commissaire européen à l'Énergie suggère que des professeurs d'écoles professionnelles et des artisans qualifés à la retraite soient envoyés à Athènes.

Comment faire pour que l'économie grecque devienne aussi compétitive que l'allemande ? Rien de plus simple. «J'imagine que des professeurs d'écoles professionnelles et des artisans qualifiés à la retraite seraient volontaires pour être envoyés (en Grèce) à durée déterminée», vient de suggérer le commissaire européen à l'Énergie, l'Allemand Günther Oettinger, dans un entretien au Hamburger Abendblatt. «Nous espérons que la culture économique allemande se laissera transférer à la Grèce», a déclaré simultanément le ministre de l'Économie, Philipp Rösler, par ailleurs vice-chancelier du gouvernement Merkel, en tant que patron du parti libéral.
Ce ministre d'à peine 38 ans, d'origine vietnamienne, incarne les vertus du métissage et il en est fier. Philipp Rösler considère qu'il n'y a aucune raison pour que les méthodes appliquées pour remettre à flot l'ex-RDA communiste ne marchent pas au profit de la Grèce. Ses propos, aux relents d'impérialisme culturel, paraîtront un brin naïfs. Mais ils reflètent manifestement une large partie de l'opinion publique outre-Rhin. Et après tout ne prête-t-on pas à Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe, cette formule, «Si c'était à refaire, je commencerais par la culture» ? C'est le moment ou jamais d'essayer.
LES ALLEMANDS NE MANQUENT PAS D'AIR, QUELLE IMPUDENCE !
POUR QUI SE PRENNENT-ILS ?
JAMAIS JE NE ME SOUMETTRAI À CES NAZIS !!!

Les paroles de haine et les actes de mort

Une semaine après le drame, la Norvège enterre ses morts et poursuit une douloureuse introspection. Comment un pays aussi riche, tolérant et ouvert a-t-il pu nourrir un être tel qu'Anders Breivik en son sein ? Ce sera aux juges et aux psychiatres norvégiens de décider s'il est pénalement ou non responsable. Mais s'il est l'auteur d'un acte démentiel, il n'a rien du simple être psychiquement déséquilibré. Affichant ouvertement son islamophobie et son antimarxisme, revendiquant ses liens avec certaines franges de l'ultradroite, se voyant en héros et martyr de l'Occident - parfait reflet, sinistre ironie, des postulants aux attentats-suicide islamistes… - assumant de devenir « le plus gros monstre nazi depuis la Seconde Guerre mondiale », le tueur d'Utoya est l'expression extrême d'une idéologie dont on ne peut ignorer la persistance, voire la progression dans toute l'Europe.Le Parti du progrès norvégien, et moins encore le Front national français, ne peuvent être tenus pour responsables des attentats d'Oslo, pas plus que la franc- maçonnerie, la religion chrétienne ou le jeu vidéo en ligne World of Warcraft, dont le « croisé » paranoïaque d'Utoya était apparemment aussi l'adepte. En revanche, comme le constatait l'association antiraciste MRAP, dans un communiqué, s'il s'agit bien d'un acte purement individuel, « il s'est nourri idéologiquement d'un terreau alimenté par tous ceux qui, en Europe, stigmatisent les immigrés, les étrangers, les musulmans. » Une prise de conscience qui vaut aussi pour la France. Les paroles ne tuent pas. Mais elles peuvent servir à armer l'esprit dérangé de tueurs prêts à passer à l'acte.

Europe, où est ta beauté d’antan ?

Des ruines de l'après-guerre à la crise actuelle, notre continent vit-il la fin d'un cycle ? L'écrivain mexicain Carlos Fuentes, Européen de coeur depuis 60 ans, livre son inquiétude emplie de nostalgie. 

De solaires jeunes filles passent, blondes, court-vêtues mais élégantes. Les jeunes hommes aiguisent leurs armes de séduction. Les anciens affichent une élégance éternelle. Les bourgeois qui remplissent restaurants, bars et hôtels n’ont rien à leur envier. Les touristes courent et parcourent par milliers les hauts lieux d’une culture trois fois millénaire : du Vatican aux forums impériaux, du Panthéon à la place d'Espagne en passant par la place Navone, qui fut jadis le stade de Domitien.
Que cette Italie est loin de celle que j’ai découverte pour la première fois, en 1950. J’avais 22 ans, la Seconde Guerre mondiale avait pris fin à peine cinq ans plus tôt, et Benito Mussolini, dictateur et Duce, avait fini exécuté par des résistants et pendu la tête en bas sur la place Loreto de Milan aux côtés de sa maîtresse, Claretta Petacci, dont une pieuse femme avait attaché la jupe aux cuisses. Les enfants couraient pieds nus en demandant l’aumône. Les mendiants étaient stationnés à des endroits clés des villes, dans les gares ou aux sorties des restaurants. Les gens allaient au musée parce qu’il y avait le chauffage – pas dans les hôtels.
Personne ne prenait le train en première ou deuxième classe. En troisième en revanche s’entassaient des voyageurs qui attachaient leurs valises avec des cordes et étaient vêtus, non comme des ouvriers, mais comme ce qu’ils étaient au fond : les représentants d’une classe moyenne appauvrie. Les ouvriers, eux, allaient grossir les rangs du Parti communiste italien et chantaient "Celui qui ne travaille pas ne mangera pas. Vive le communisme et la liberté."

Maires communistes et entrepreneurs capitalistes

De son côté, la bourgeoisie libérale se plaçait sous la protection des Américains. Le pape Pie XII, Eugenio Pacelli, lavait les soupçons de collaboration avec les nazis qui pesaient sur lui à grands renforts d’anticommunisme et de gloria chantant l’"année du jubilé" (1950). Dans les villes italiennes se côtoyaient maires communistes et entrepreneurs capitalistes, ces derniers souvent de véritables stars du développement économique de l’époque.
Depuis lors, une bourgeoisie riche et puissante, une classe de travailleurs vieillie ou déplacée par de nouveaux métiers où les syndicats sont en perte de vitesse, une jeunesse inquiète et contestataire ont cohabité avec des gouvernements de centre gauche et de centre droit sans guère d’attachements idéologiques. A croire que la politique italienne n’est qu’un rite de passage vers la réalité économique profonde du pays.
En qui les Italiens se sont-ils reconnus ? Les meilleurs éléments de la gauche n’ont pas pu créer d’alliances politiques durables, pas même par la fondation et la refondation de ces dernières sous de multiples appellations. La droite s’est en revanche trouvé un personnage rustique, bouffon et calculateur, que les lois du pouvoir protègent contre les procès qui le rattraperont quand il le quittera, ce pouvoir, un jour. Ce jour-là est-il proche, le dernier de Silvio Berlusconi ? Le gouvernement italien grince en tout cas de l’intérieur, comme l’a montré le ministre de l’Economie Giulio Tremonti en l’absence de Berlusconi, disparu au beau milieu d’une crise que le président de la République, l'ancien communiste Giorgio Napolitano, a gérée précisément avec ce que Berlusconi n’a pas : le génie politique.

Une crise paneuropéenne

Le plus intéressant dans cette affaire est que Tremonti, le ministre de l’Economie, Draghi, le futur président de la Banque centrale européenne, Napolitano, le président de la République italienne et, tacitement, de larges franges de la gauche post-communiste et de la droite post-berlusconienne, ont tous parlé d’une même voix pour mettre en garde contre une crise nationale – crise dont Tremonti aussi bien que Draghi osent faire porter le chapeau à une crise européenne dont l’Italie serait, par définition, la victime et non la cause.
Mais non, mais non, la crise est d’ordre européen : c’est aussi l’argument central de l’ancien chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances) et ancien Premier ministre britannique Gordon Brown dans un article qui bénéficie d’un large écho international. "Pourquoi l’Europe s’est-elle endormie" ?, se demande et nous demande Gordon Brown.
Manque de capitaux, chômage, croissance en berne : tout annonçait une crise. Celle de l’Europe, et pas seulement celle de pays pris isolément, de l’Irlande, du Portugal, de la Grèce, voire de l’Italie et de l’Espagne. Une crise paneuropéenne : si l’on se refuse à le comprendre, les remèdes seront – sont – inefficaces.

Le monde actuel n'est plus eurocentrique

Le problème, insiste Brown, est européen et a plusieurs visages. Le secteur bancaire européen n’a pas pris conscience qu’il n’est pas seulement le secteur bancaire européen, encore moins un secteur bancaire national, mais qu’il fait partie d’un système mondial. Les problèmes ne se résoudront pas en débloquant des crédits, argumente le Britannique, car ce sont des problèmes de solvabilité et d’insolvabilité, et non de liquidités.
Ces problèmes-là ne se résoudront pas isolément. Brown prône une stratégie "paneuropéenne" qui, aux "réactions dans la panique", substitue une politique de reconstruction à long terme. Dans le cas contraire, l’Europe entrera dans une ère de mécontentement social, de phobie de l’immigrant et de "mouvements de sécession" politique. Et Gordon Brown de proposer que les problèmes communs soient abordés comme tels, non comme des problèmes "locaux" qui ne concerneraient pas le reste de l’Europe.
Je me rappelle l’Europe en ruines de 1950. La situation actuelle n’a aucune raison de sombrer à nouveau dans les drames de l’après-guerre. Il est certain en revanche que l’Europe devra s’adapter à un monde nouveau où se multiplient les économies émergentes, en Asie et en Amérique latine aujourd’hui, peut-être aussi en Afrique demain. Elle ne renouera pas avec la gloire d’antan, mais pas plus qu’avec la misère de jadis. L’Europe devra s’adapter à un monde pluriel, émergent et jamais plus eurocentrique.

Une vérité perdue dans les nuages

Nombre d’Alsaciens sont, hélas, bien placés pour comprendre la détresse des familles des victimes du Rio-Paris. La catastrophe aérienne du Mont-Saint-Odile et, dans une moindre mesure, celle d’Habsheim, leur ont infligé la douloureuse lenteur des enquêtes sur de telles affaires. Cette impression que, rapport après rapport, la vérité se dérobe, masquée par les nuages, mouvants, des investigations, évanescente comme le mystère, affreux, d’un avion qui s’écrase.

Pour faire le deuil d’un être cher, il faut pouvoir sonder le néant des conditions de sa disparition. L’acceptation passe par l’explication du drame et aussi par la détermination des responsabilités qui ont conduit à l’accident. Il ne s’agit pas d’un besoin de trouver coûte que coûte le ou les «coupables» sur lesquels faire porter la faute, mais de combler ce vide qui déshumanise l’absence. La visualisation du scénario apaise, comme si les victimes n’étaient tout à coup plus seules dans leur tragédie.

Si on en croit la conclusion du Bureau d’enquêtes et d’analyse, il faudra encore attendre de longs mois avant de pouvoir reconstituer définitivement les trois minutes trente finales du vol AF447. En affirmant que le BEA ne fait qu’«établir les faits», avant que la justice ne fasse ensuite son travail, Nathalie Kosciusko-Morizet ne pouvait pas dire autre chose. Mais c’est évidemment d’autant plus difficile à entendre que les éléments présentés n’établissent pas de hiérarchie claire entre les causes liées aux défaillances de l’avion et les éventuelles erreurs d’appréciation des pilotes.

Ce flou qui, à l’oreille, met tout sur le même plan, choque évidemment les personnels d’Air France, parce qu’il donne le sentiment de protéger les intérêts économiques, phénoménaux, du constructeur. Il n’y a alors qu’un souffle de doute jusqu’à la théorie du complot, qui a enveloppé toute la procédure de l’affaire du Mont-Saint-Odile. Mais il pourrait aussi porter l’injustice tant le BEA, composé d’experts, et pas tous Français, ni même tous Européens, fait prévaloir une analyse froide des circonstances du crash. Les recommandations de ces professionnels ne sont pas de simples suggestions et tentent, en priorité, de combler une zone d’inconnu dans la formation des pilotes au décrochage en haute altitude. La sécurité aérienne ne saurait s’en affranchir...

La raison invite à se résigner à ce diagnostic de prudence. Mais en se soumettant au temps, elle impose aux proches des 228 morts de l’Atlantique-sud une cruauté supplémentaire.

Hulot flingue Europe-Ecologie, mais le parti lui laisse la porte ouverte

Nicolas Hulot l'avait promis : "A l'instant où le candidat ou la candidate sera choisi, je serai dans le constructif et le positif" déclarait-il le 4 juillet au Monde.fr entre les deux tours de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts. Pourtant, quelques jours plus tard, alors que sa défaite face à Eva Joly se dessine précisément, l'initiateur du pacte écologique exprime son amertume vis-à-vis du parti, de ses principaux dirigeants et même des sympathisants dans un entretien au magazine Bretons.


L'entretien a paru vendredi 29 juillet, mais c'est le 10 juillet que Nicolas Hulot a reçu chez lui, à Saint Lunaire, la rédaction du magazine breton. Même si les résultats du second tour des primaires ne sont pas définitifs, il sait alors que les jeux sont faits : sa concurrente, Eva Joly, qui avait frôlé l'élection dès le premier tour, le distance trop largement pour qu'il puisse espérer revenir. A cet échec au terme d'une campagne éclair de trois mois, s'ajoute l'humiliation : la veille, le samedi 9 juillet , lors de la mobilisation contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, il a reçu sur la tête un plein seau d'épluchures. "Je me suis fait agresser par ce militant" et Eva Joly "n'a pas eu un mot. Si elle avait été malmenée de la sorte, je me serais insurgé dans la seconde. Tout ça n'est pas très noble. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cela ne donne pas très envie d'y rester” déclare-t-il.
"PRONONCEZ CINQ FOIS LE MOT SARKOZY DANS UN DISCOURS..."
Au sein d'Europe Ecologie-Les Verts, si on reconnaît l'inélégance de l'aggression, on rappelle à la vedette du petit écran la réalité du terrain et de la vie politique :"Nous avons tous déjà été victimes de ce type d'agression" relativise François de Rugy, député écologiste présent sur les lieux. "Les auteurs ne sont pas des militants verts, ce sont des extrémistes qui profitent de ces manifestations pour faire ce genre de coups d'éclat. Eva Joly n'a pas condamné pour ne pas donner plus de relief et plus d'écho à ces actes" justifie-t-il.
Toutefois, la rancoeur du fondateur d'"Ushuaïa" ne frappe pas seulement Eva Joly, mais également de nombreux cadres de la galaxie écologiste : "De Jean-Vincent Placé à Dany Cohn-Bendit, en passant par Cécile Duflot et Noël Mamère, ils n'ont cessé de me demander de les rejoindre. Mamère m'a dit que j'étais le seul candidat possible" poursuit Nicolas Hulot qui, semble-t-il, pensait que la primaire ne serait qu'une formalité. Selon lui, les médias et les militants écologistes ne sont pas exempts de responsabilités dans sa défaite : “Les médias sont conditionnés par la façon traditionnelle de faire de la politique. Les électeurs aussi. Et plus que les électeurs, les militants. Ils aiment les formules, ils aiment les ennemis désignés. Prononcez cinq fois le mot Sarkozy dans un discours : vous provoquez des orgasmes...” ironise-t-il.
QUELLE PLACE POUR HULOT AU SEIN D'EELV ?
Au sein d'EELV, cette nouvelle sortie de Nicolas Hulot est percue comme une maladresse. "On pensait que son point fort c'était la communication, la maîtrise des médias. Cet entretien près de trois semaines après la primaire est la preuve qu'il s'agit finalement de son talon d'Achille", analyse François de Rugy, député écologiste. "Je pense qu'il est plus fragile qu'il n'y paraît. Il n'a pas été exposé au type d'attaques personnelles qui touchent les politiques. La politique est très rude" poursuit Dominique Voynet, sénatrice EELV et maire de Montreuil dans un entretien au JDD.
"Cet entretien a été réalisé trois semaines avant sa publication" indique pour sa part Denis Baupin, soutien de Nicolas Hulot pendant la primaire, laissant entendre que la défaite digérée , l'ancien candidat peut trouver une place au sein d'EELV. Une analyse partagée par Jean-Vincent Placé, membre du bureau de campagne d'Eva Joly, qui bien que directement cité par Nicolas Hulot, ne souhaite pas "polémiquer inutilement". Il déclare d'ailleurs que Nicolas Hulot a "sa place au sein d'EELV". Reste à savoir si Nicolas Hulot est prêt à ne pas être le numéro 1. Le 10 juillet, il pose franchement la question : “Est-ce que j'apporte quelque chose à Europe Écologie ? Si je ne leur apporte pas grand-chose, cela ne sert à rien d'insister. Il vaut mieux que je reprenne une autre forme d'engagement”, déclare-t-il à Bretons.
"ON NE BOUDE PAS EN CAS DE DÉFAITE"
"Une fois l'amertume passée, c'est à Nicolas Hulot de faire savoir ce qu'il veut faire. S' il a le désir et la volonté de poursuivre avec nous, très bien. Si ce n'est pas le cas, il est inutile de s'acharner" tranche François de Rugy, impatienté par les états d'âmes de l'ancien candidat. "En politique, on ne gagne pas chaque campagne, et on ne boude pas en cas de défaite."
Europe Ecologie-Les Verts tiendra, du 18 au 20 Août, ses journées d'été à Clermont-Ferrand. Selon plusieurs élus écologistes, l'occasion sera belle pour Nicolas Hulot de se décider après un long temps de réflexion. La vedette du petit écran est toujours considérée comme un atout au sein d'EELV. "Il faut trouver un mode d'intervention spécifique pour Nicolas dans cette campagne" estime Denis Baupin qui imagine un rôle lui permettant d'exprimer ses qualités sans l'enfermer dans un organigramme politique qu'il abhorre. Toujours selon l'adjoint au maire de Paris, entre l'animateur et les politiques d'EELV il faut jouer "la complémentarité des rôles" et préserver dans la campagne présidentielle "le lien si particulier qui fait de Nicolas Hulot l'écologiste le plus connu et le plus populaire."
MAIS, QU'EST-IL ALLÉ FAIRE DANS CE DRAKKAR ?

Zapatero annonce des élections législatives anticipées en Espagne

Madrid, correspondance - Après plusieurs semaines de rumeurs persistantes dans la presse, de pétitions insistantes de la part de l'opposition et de démentis réguliers du principal intéressé, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a finalement cédé à la pression ambiante et annoncé,  vendredi 29 juillet à 13 heures, des élections anticipées le 20 novembre.

Selon le président socialiste, cette date a été choisie "pour deux raisons". D'une part, elle lui laisse le temps de boucler, "avant la dissolution des assemblées", certains dossiers en cours, et de voter de nouveaux décrets de réforme visant à accélérer la réduction du déficit public, lesquels seront dévoilés le 19 août lors du prochain conseil des ministres.
D'autre part, elle permettra au nouveau gouvernement "d'être en mesure de prendre toutes les décisions qui lui correspondent pour prendre les rênes du pays au 1er janvier". En clair, M. Zapatero s'évite ainsi le difficile exercice qu'aurait été le vote du budget pour l'année 2012. Difficile car le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) risquait de manquer de soutien au sein du parlement mais aussi car ce budget devra sans doute prévoir de nouvelles mesures d'austérité pour l'Espagne. Des mesures impopulaires qui auraient pu nuire au candidat socialiste.
Car derrière le choix d'avancer la date des élections, initialement prévues en mars 2012, se cachent également de savants calculs électoraux. Le PSOE a désigné au début du mois son candidat pour prendre la succession de M. Zapatero en la personne de l'ancien vice-président du gouvernement et ministre de l'intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba. Ce dernier a annoncé le 8 juillet sa démission pour se consacrer à une campagne difficile, si ce n'est impossible, l'écart entre les deux partis étant alors de 10 points selon plusieurs sondages.
"CONTEXTE COMPLIQUÉ"
Mais figure politique très appréciée et respectée en Espagne, M. Rubalcaba est parvenu à réduire l'écart de 3 points selon un sondage du Centre d'enquête sociologique (CIS) paru mercredi qui donnent les conservateurs vainqueurs avec 43% des voix. Surfant sur sa réputation de fin stratège et de travailleur infatigable, mais aussi sur le sursaut provoqué au sein des électeurs de gauche par l'écrasante victoire du parti populaire (PP, droite) lors des élections locale du 22 mai, l'ancien ministre de l'intérieur espère remonter les sondages et récupérer les 1,5 million d'électeurs perdus par le PSOE.
Dans cette course, le temps n'est pas forcément un allié, risquant d'éroder le phénomène de nouveauté que représente sa candidature.
Au contraire, M. Zapatero a annoncé les élections anticipées dans un moment clé. La veille, le ministère de l'économie avait annoncé une réduction de 19% du déficit budgétaire par rapport à l'an dernier, confirmant son objectif de réduire à 6% le déficit public à la fin de l'année, contre 9,2% en 2010. Et le matin même les chiffres du chômage offraient une légère trêve, à 20,8%, marquant une augmentation de l'emploi de 0,3%.
C'est ainsi dans un "contexte compliqué" mais après avoir posé "les bases de la récupération économique" que M. Zapatero a estimé que le temps était venu de fixer un calendrier pour les élections législatives.

La justice sous le feu des projecteurs

Affaire DSK, acte V. Après la sidération de l'agression sexuelle d'une femme de chambre noire par le directeur du FMI, après l'opprobre jeté sur un Dominique Strauss-Kahn présumé coupable, les menottes aux poignets devant les caméras, après les révélations ayant remis en cause l'innocence de la victime, après le déclenchement de « l'affaire bis » Tristane Banon, c'est l'heure de la contre-attaque de Nafissatou Diallo et de ses avocats. La discrète employée anonyme du Sofitel a désormais un visage et une voix, depuis son interview sur ABC et dans Newsweek lundi, puis sa première apparition publique devant la presse, hier. La carte de la médiatisation et de la « communautarisation » de l'affaire est jouée depuis le début par son avocat Kenneth Thompson. Après avoir eu pour but de faire exister la victime présumée face à l'une des personnes les plus puissantes de la planète, il s'agit désormais d'atténuer le discrédit jeté sur sa cliente, de faire pression sur le procureur afin qu'il n'abandonne pas les poursuites… voire sans doute de préparer le terrain pour un procès au civil, et sa perspective de forts dommages et intérêts. Le report de l'audience au 23 août laisse en tout cas présager d'autres interventions, d'un camp ou l'autre, dans une affaire qui relève désormais autant du show- business que de la procédure judiciaire. Cette lumière crue projetée sur cette histoire ne participe pas vraiment de la recherche de la vérité. Et la justice risque de finir par se brûler à s'exercer autant sous le feu des projecteurs.

Le rôle du Tea Party dans la crise de la dette américaine

"Aucun vote ce soir." L'annonce de l'un des membres de la direction républicaine de la Chambre des représentants aux Etats-Unis a pris par surprise le Congrès et la Maison Blanche, jeudi 28 juillet, tard dans la soirée. Après des heures de tractations, les républicains de la Chambre, où leur parti est majoritaire, ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur le plan sur la réduction des déficits et le relèvement du plafond de la dette publique proposé par leur chef de file, John Boehner. Un blocage qui, depuis le début des négociatoins houleuses entre l'exécutif et le Congrès, est en grande partie l'œuvre de la frange ultraconservatrice du Parti républicain, le Tea Party. Au point de menacer les Etats-Unis de défaut de paiement si aucun accord n'est trouvé d'ici la date butoir du 2 août.

 Lire notre éclairage Comprendre la crise de la dette américaine
Dans sa dernière version, le texte républicain prévoit une réduction des déficits de 915 milliards de dollars sur dix ans, en échange d'un relèvement du plafond de la dette en deux temps : 900 milliards de dollars d'ici au 2 août, avant un second relèvement, début 2012, en pleine période électorale. Le plan concurrent, des démocrates au Sénat, où ils sont majoritaires, prévoit un relèvement du plafond en un temps et économiserait 2 200 milliards de dollars sur dix ans, selon le Bureau du budget du Congrès américain (CBO), une agence indépendante. Depuis le début, le Sénat démocrate s'oppose au "plan Boehner", qui "n'est rien de plus qu'un gros baiser dégoulinant au Tea Party", selon l'expression de Harry Reid, chef de file démocrate au Sénat.
"LE TEA PARTY S'EST EMPARÉ DU PLAN BOEHNER"
"Si Boehner avait eu les mains libres, il y aurait eu un compromis il y a un bon moment", estime Graham K. Wilson, professeur de science politique à Boston University. Pour la première fois, le Tea Party, jeune mouvement politique qui a pris forme lors des élections de mi-mandat de 2010 dans l'aile droite du Parti républicain, s'impose dans les discussions et les négociations au Congrès.
L'échec du vote à la Chambre prouve d'abord la force numérique du mouvement, même s'il est difficile de déterminer exactement le nombre d'élus républicains qui se reconnaissent dans cette mouvance. Graham Wilson estime que ce chiffre tourne autour de vingt pour cent des élus. Quoi qu'il en soit, leur importance est suffisante pour avoir obligé John Boehner à solliciter les voix du Tea Party, indispensables à la validation de son plan, le poussant, de fil en aiguille, à radicaliser son discours.
"Le Tea Party s'est emparé du plan Boehner", résume George Shambaugh, professeur de science politique à Georgetown University. Résultat : "Il n'y a aucune mention d'une hausse d'impôts, aussi bien dans le plan du Sénat que dans celui de la chambre des représentants." Pour de nombreux experts, la victoire politique du Tea Party est d'avoir réussi à évacuer toute notion de relance économique et d'augmentation des impôts du plan, pour n'y laisser que la réduction des dépenses.
Une ligne résumée, jeudi soir, par Mike Pence, élu républicain de l'Indiana et membre du Tea Party, qui martelait : "Nos objectifs restent les mêmes. Produire une législation sans hausse d'impôts."
LA DETTE, AU CŒUR DE L'IDÉOLOGIE DU TEA PARTY
Au-delà de la lutte contre la mainmise de l'Etat et d'une opposition viscérale à toute hausse des dépenses publiques, l'aile droite du Parti républicain a surtout un cheval de bataille : la dette. Et c'est précisement dans cette bataille que le Tea Party a joué son va-tout : "Ils sont dans une stratégie de quitte ou double", note Charlotte Lepri, chercheuse à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). A tel point que certains, comme Michele Bachmann, élue du Minnesota et candidate déclarée à la primaire républicaine, affirment ne pas croire au risque d'un défaut de paiement si aucun compromis n'est trouvé d'ici au 2 août.
Au sein de la mouvance, tous ne s'opposent pas au plan de John Boehner. Mais les plus radicaux vont jusqu'à réclamer la tête du président de la Chambre. Les différends au sein même du Parti républicain ont été incarnés par John Boehner et Eric Cantor, numéro deux de la Chambre des représentants et proche du Tea Party. "John Boehner a quitté la table des négociations à cause de cette rivalité, il a fait le calcul de durcir sa position", note George Shambaugh.

Des membres du Tea Party manifestent contre le relèvement du plafond de la dette, à Washington le 27 juillet.
Des membres du Tea Party manifestent contre le relèvement du plafond de la dette, à Washington le 27 juillet. REUTERS/JONATHAN ERNST
Lorsque les Républicains se réuniront de nouveau pour tenter de trouver un terrain d'entente, vendredi, beaucoup auront en tête une autre échéance que celle du 2 août : l'élection présidentielle de 2012. "Les républicains craignent d'être mis à mal [par le Tea Party] pendant les primaires du parti", souligne Graham Wilson, qui estime que c'est pour cette raison qu'ils ne répugnent pas à charmer ces ultraconservateurs.
2012 est également dans l'esprit du Tea Party, dont "les membres sont principalement venus au pouvoir avec l'idée d'évincer Barack Obama", rappelle George Shambaugh. En blocant les négociations sur le plafond de la dette, ils ont réussi à faire vaciller le président, estime M. Wilson. En n'hésitant pas à brandir un éventuel défaut de paiement, ils hypothèquent également "le grand sujet" sur lequel Barack Obama veut bâtir sa campagne de réélection : la baisse du chômage.

vendredi 29 juillet 2011

Le cinéma grec enterre le père de Zorba, Michel Cacoyannis

Le monde du cinéma et de la culture grecs a dit un dernier adieu jeudi au cinéaste chypriote-grec Michel Cacoyannis, réalisateur de "Zorba le Grec", décédé lundi à Athènes à l'âge de 89 ans.

Le compositeur grec Mikis Theodorakis, qui a fait la musique de nombre de ses films était assis au premier rang de l'assemblée lors de la cérémonie célébrée selon le rite orthodoxe dans une église du centre d'Athènes ceinte de couronnes de fleurs blanches envoyées par des personnalités.

"Aujourd'hui nous disons adieu à un grand créateur qui a porté la culture grecque au bout du monde", a dit la ministre de l'Education Anna Diamantopoulou en rendant hommage à son oeuvre cinématographique, mais aussi à son activité en faveur de l'éducation au théâtre et au cinéma via la fondation qu'il avait créée à Athènes, et où il a été enterré.


Des représentants du monde politique grec ou chypriote étaient présents, ainsi que des acteurs ou réalisateurs parmi lesquels Antonis Kafetzopoulos qui a joué dans "l'Académie de Platon", Costas Ferris (Rebetiko), ou Constantin Giannaris (Omiros).

Dimitris Papaïoannou, chorégraphe et réalisateur des cérémonies de l'ouverture et de fermeture des jeux Olympiques d'Athènes en 2004, était également présent.

La grande actrice grecque Irène Papas, qu'il avait révélée dans sa trilogie de tragédies adaptées du théâtre antique (Electre, Iphigénie, Les Troyennes), avait estimé dans la presse que le réalisateur avait rejoint "le grand théâtre des immortels".

Pour sa part le journal Ta Néa soulignait que Michel Cacoyannis, par le succès mondial de son film "Zorba le Grec" en 1964 qui fit la gloire d'Anthony Quinn, "avait fait plus pour la Grèce que n'importe quel bureau de tourisme du monde".

Outre le cinéma et le théâtre, M. Cacoyannis a également été salué pour l'action déterminante qu'il avait eue dans la modernisation du système d'illumination du Parthénon à Athènes.

"Je crains de me réveiller un jour et de ne plus voir le Parthénon sur l'Acropole", disait le cinéaste. "Nous te promettons que nous lutterons tous pour que cela n'arrive jamais", a promis la ministre de l'Education.

Le journal de 07h du 29 juillet 2011
 




Contre le chômage, que faire ?

On parle beaucoup de la dette des États, pas assez du chômage. Or, celui-ci recommence à s'aggraver chez nous, comme le montrent les chiffres récemment publiés : depuis deux mois, le nombre des demandeurs d'emploi augmente à nouveau, retrouvant le niveau de l'an dernier, soit à peu près la moyenne européenne, proche de 10 %.

Toutefois, la moyenne européenne n'est pas très significative, car il y a une très grande disparité selon les pays. Depuis un minimum à peine supérieur à 4 %, aux Pays-Bas, et un maximum de plus de 20 %, en Espagne. Il est bien vrai que cela n'est pas sans rapport avec les niveaux d'endettement des États. Ce sont les plus endettés qui ont les taux de chômage les plus élevés, à savoir la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, auxquels il faudrait ajouter plusieurs pays d'Europe centrale. À l'inverse, l'Allemagne, qui a fortement réduit ses déficits, affiche un taux de chômage modéré, 6 %, soit un tiers de moins que la France, avec il est vrai une population en diminution.

La lutte contre les déficits et le recul de la dette publique ne sont donc pas incompatibles avec la lutte contre le chômage, contrairement aux thèses complaisamment affichées par certains experts. Il faut donc s'y employer.

Mais que faire d'autre pour que ce mal social recule durablement ? Si l'on s'inspire des politiques conduites dans les pays où le chômage est le plus faible, trois outils paraissent efficaces : la modération salariale (mais c'est bien le cas en France, aussi), le recours au chômage partiel plutôt qu'au licenciement et l'apprentissage pour insérer les jeunes dans le monde du travail. Ces deux dernières politiques pourraient être plus développées chez nous, bien que le gouvernement les encourage déjà. Elles ont produit des effets réels outre-Rhin où le chômage partiel a permis de sauver plus d'un million d'emplois et où l'apprentissage concerne trois fois plus de jeunes qu'en France.

Les nouveaux moteursde la croissance

Naturellement, le taux de croissance joue un rôle déterminant dans la lutte pour l'emploi. Il tourne actuellement autour de 2 % l'an, en France. Ce qui est insuffisant pour créer beaucoup d'emplois. Toutefois, l'évolution de notre démographie peut paraître plus favorable qu'il y a vingt ans, avec le départ à la retraite des classes nombreuses nées après-guerre et l'arrivée à l'âge de travailler des classes plus creuses de la fin du XXe siècle.

Mais où seront les moteurs de la croissance économique dans notre nouveau XXIe siècle ? Celui-ci sera dominé par une transition entre deux types de développement : celui du XXe siècle fondé sur l'industrialisation du monde occidental et celui du XXIe siècle qui dépendra de l'industrialisation du reste du monde, de l'exploitation des nouvelles technologies et de la lutte pour économiser la nature et la protéger de l'asphyxie.

C'est de notre capacité à investir dans ces nouveaux moteurs du développement que dépendront notre croissance et nos emplois. Il nous faudra vendre de plus en plus en Asie et en Afrique ; explorer toutes les promesses de l'informatique, des biotechnologies et des nanotechnologies ; remplacer les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Inutile donc de vitupérer conte la mondialisation et contre le progrès technique. D'eux dépend l'avenir de l'emploi.

Les cinq faiblesses du plan grec

Insuffisant. Tel est le verdict des marchés, une semaine après l'accord européen pour sauver la Grèce et stopper la contagion de la crise de la dette en Europe. Passage en revue des problèmes du nouveau plan.

L'accalmie aura été de courte durée. Une semaine tout juste après le sommet européen qui devait stopper la crise en aidant la Grèce, les marchés retombent dans la méfiance. Le plan de 109 milliards d'euros, qui devait agir comme un calmant, ne fait plus effet. «Certes, la Grèce se porte un peu mieux qu'avant le sommet. Mais mercredi l'écart entre les taux d'intérêt grec et allemand, la référence, s'est creusé. Encore un jour ou deux comme celui-ci et le pays se retrouvera dans une situation pire qu'avant», relève Paul Donovan, économiste chez UBS.
Tant redoutée, la contagion de la crise aux autres pays fragiles (Espagne, Italie) n'a pas été stoppée. Leurs taux ont continué à grimper et les investisseurs s'interrogent sur les limites du plan présenté jeudi dernier.

Des imprécisions

Pour la première fois, les investisseurs vont être fortement incités à participer à l'effort de sauvetage de la Grèce. Problème: les marchés manquent des détails nécessaires pour évaluer combien le secteur financier va perdre à ce jeu-là. «Les institutions financières sont supposées avoir le choix entre trois solutions, mais celles-ci ne sont pas détaillées dans la déclaration européenne de jeudi dernier», s'étonne Justin Knight, responsable taux pour la zone euro chez UBS. Le lobby bancaire, l'Institut de la finance internationale, qui a participé aux négociations, estime les pertes probables pour le secteur à environ 20% des montants investis dans la dette grecque.

Un fonctionnement lent et laborieux

Les dirigeants européens ont décidé de mettre plus d'outils à la disposition du Fonds européen de stabilité financière (FESF), le mécanisme chargé de venir en aide aux États en difficulté. Ce dernier, qui ne pouvait que prêter aux États, pourra dorénavant acheter de la dette de ces pays s'ils sont attaqués par les marchés. Une telle action demande une grande réactivité. Or, le FESF devra attendre d'obtenir l'accord unanime des États membres avant d'agir. «C'est un peu comme si un conseil municipal devait se réunir à chaque fois avant d'envoyer les pompiers éteindre un incendie», s'inquiètent les analyses d'ING, qui auraient souhaité un fonctionnement plus flexible.

Pas assez de moyens

Le FESF pourrait en outre ne pas avoir les moyens d'exercer ses nouveaux pouvoirs. Laurence Boone, économiste zone euro chez Bank of America Merril Lynch, estime qu'il faudrait 290 milliards d'euros pour défendre l'Italie et l'Espagne s'ils étaient attaqués par les marchés. Or, il n'a que 220 milliards d'euros à disposition. «Le manque de moyens risque d'amputer l'efficacité du Fonds», en conclut l'économiste. Un membre de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé qu'il faudrait augmenter l'enveloppe du FESF jusqu'à 1000 milliards d'euros. Les économistes du centre d'étude européen CEPS estiment pour leur part le besoin à 4000 milliards d'euros.

Pas assez généreux pour la Grèce

Les dirigeants européens ont assoupli les conditions auxquelles ils accordent des prêts à la Grèce, au Portugal et à l'Irlande. Les durées de remboursement ont été allongées et le taux d'intérêt a été abaissé à 3,5%. Insuffisant, selon les analystes de Nomura: «Le taux d'intérêt moyen sur la dette grecque devrait être sous les 3% pour lui permettre d'atteindre ses objectifs de réduction de sa dette à horizon 2031, à savoir la faire passer sous la barre des 90% du produit intérieur brut (PIB)». L'agence de notation Standard & Poor's estime en conséquence qu'une nouvelle restructuration de la dette grecque sera nécessaire dans les deux ans.

Pas assez d'intégration

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, l'a reconnu lui-même mercredi: le sommet ne signe pas la fin de la crise européenne de la dette. «Une union économique plus profonde, incluant des émissions de dette titres de dette européens, est nécessaire avant que l'on puisse déclarer vaincue la crise de le dette en zone euro», estime Michala Marcussen, chef économiste chez Société générale CIB.
Au final, «une institution supranationale avec de vrais pouvoirs pour limiter les déficits publics est indispensable», tranche ING. C'est le rêve de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne sur le départ: un ministre des Finances européen qui pourrait faire respecter la rigueur budgétaire, au-dessus des États. En attendant une telle réforme, les économistes prévoient de nouvelles montées de fièvre, jusqu'à ce que le remède approprié soit apporté.

Faut-il abattre les loups pour protéger les troupeaux ?

Comme tous les soirs, Yves Derbez regroupe ses 250 brebis et 350 agneaux en parc de nuit. Ce 15 juillet, l'éleveur du Martinet, dans la vallée de l'Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), est serein : le temps est clair, la clôture de protection électrifiée est installée et la chienne de garde veille au grain. Sans compter qu'aucune attaque n'a été signalée dans les environs depuis le début de l'année.

Mais le lendemain, au petit matin, le quotidien vire au cauchemar : 69 bêtes, dépecées, gisent au sol, non loin de la chienne, blessée et traumatisée. "Un massacre, dit, la gorge serrée, l'éleveur de 54 ans. Je me sens très mal, je ne dors plus : c'est un choc tant économique qu'émotionnel. J'en ai pris pour dix ans."
La semaine suivante, c'est dans le village voisin d'Enchastrayes qu'une seconde attaque de loup fait 104 victimes, dans un groupement pastoral formé par six éleveurs. La technique est toujours la même : le prédateur, intelligent et opportuniste, tourne longtemps autour des bêtes. Il excite le chien, qui dort dans l'enclos, et effraie les brebis jusqu'à ce que, terrorisées, elles finissent par défoncer elles-mêmes les filets électriques et s'offrir en pâture.
ALLÈGEMENT DES RÈGLES D'ABATTAGE
Suite à ces assauts, la ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a reçu, mercredi 27 juillet, une délégation de députés, d'élus et de représentants des éleveurs locaux. "On ne part pas à la chasse au loup. Mais la pression sur les élevages est telle que je crois qu'on peut s'organiser pour la faire baisser", a-t-elle déclaré à l'issue de la réunion.
La ministre a proposé une solution, qui sera examinée au cours d'un comité national "Loup" qui se tiendra fin août : la mise en place d'un "arrêté de défense automatique qu'on prendrait à l'année sur toutes les zones attaquées l'année précédente". Concrètement, les éleveurs pourraient abattre les loups dès les premières attaques, sans autre procédure, afin de défendre leurs troupeaux. Aujourd'hui, au contraire, ces tirs de défense ne sont autorisés qu'après un arrêté préfectoral, délivré dans un délai minimum de quinze jours après le constat des attaques.
LA POPULATION DE LOUPS CROÎT
Car les loups font partie des espèces protégées, à la fois par la Convention de Berne de 1979 et par la directive Habitat-faune-flore de 1992. Grâce à ces lois protectrices, le prédateur, réapparu en France en 1992 après avoir disparu dans les années 1930 du fait de la chasse et de la destruction de son habitat, a vu sa population croître progressivement.
On en dénombre aujourd'hui 190, répartis sur neuf départements, essentiellement dans les Alpes, contre seulement deux spécimens il y a vingt ans. "Les loups sont en train de recoloniser l'Hexagone, avec un taux de croissance qui tourne autour de 15 % par an. Ce phénomène est le même à l'échelle de l'Europe, grâce aux protections dont ils font l'objet et au développement des forêts", explique Eric Marboutin, responsable des études sur les loups et les lynx à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l'organisme qui effectue les comptages scientifiques.
Si, en France, les loups gris restent toujours classés dans la catégorie "vulnérables" de la liste rouge des espèces menacées établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la croissance de la population est suivie de près par l'Etat, qui autorise chaque année des tirs de prélèvement. Dans le jargon, cela signifie que des loups sont tués, loin des troupeaux d'ovins, par des chasseurs ou éleveurs titulaires d'un permis de chasse. Pour l'année 2010-2011, le nombre de loups qui peuvent être "prélevés" a été fixé à six, au maximum, à l'échelle de la France. Mais le ministère de l'écologie a annoncé mercredi que ce quota pourra être revu chaque année en fonction de la population estimée, du rythme de son accroissement et des dégâts occasionnés.
RECRUDESCENCE DES ATTAQUES
Qui dit croissance de l'espèce dit augmentation des attaques. Au 25 juillet 2011, 583 ont été recensées, provoquant la mort de 2 115 moutons, soit une augmentation d'environ 25 % des assauts et de 18 % des pertes par rapport à 2010. Près de la moitié de ces attaques (272) ont été enregistrées dans les Alpes-Maritimes et le Var, mais les Alpes-de-Haute-Provence ont payé le plus lourd tribut (431 ovins tués).
Exaspérés, les éleveurs ont alors décidé de se rassembler et de s'organiser. Née au printemps dernier, l'association Eleveurs et montagnes rassemble déjà près de un millier d'agriculteurs. "Nous allons veiller à ce que les engagements du ministère de l'écologie soient appliqués l'an prochain. Dans le cas contraire, nous organiserons des manifestations", assure Yves Derbez, son président. Dans les Pyrénées, c'est l'association Ariège ruralité, qui regroupe des exploitants agricoles, éleveurs et chasseurs, qui dénonce depuis le début de l'année les menaces entraînées par tous les grands prédateurs, au premier plan desquels figurent l'ours et le loup.
"Travailler quotidiennement sans relâche pour voir son cheptel décimé, ce n'est pas une vie. Certains éleveurs commencent à jeter l'éponge tandis que des jeunes ne veulent plus reprendre les exploitations", se désespère Yves Derbez, comme d'autres éleveurs déjà durement touchés par les crises agricoles qui se sont succédées, de la flambée des prix de la nourriture du bétail à la sécheresse qui a détruit les pâturages. "Si l'on ne relâche pas la pression, c'est la fin du pastoralisme", prédit-il.
LA BIODIVERSITÉ MENACÉE
Or, les ovins sont nécessaires à l'écosystème des régions. "S'il n'y a plus de moutons en alpage, ce sont 300 à 400 espèces végétales et animales qui disparaîtront en une dizaine d'années", estime le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée (Cerpam).
Mais, de la même façon, la disparition du loup entraînerait aussi une menace pour la biodiversité. "Il est hors de question de commencer la chasse au loup. Tout dépendra de l'encadrement prévu par les nouvelles règles d'abattage proposées par le ministère. Mais le risque est que les éleveurs puissent tuer davantage de loups que le quota de prélèvements, menaçant ainsi l'espèce, s'inquiète Jean-François Darmstaedter, secrétaire général de Ferus, association de protection des loups. Sans compter qu'en tuant un loup, l'on risque d'éliminer un individu majeur de la meute et d'augmenter les attaques."
Le loup est par ailleurs considéré comme un régulateur écologique. "En s'attaquant d'abord aux animaux malades ou plus faibles, il contribue à la bonne santé d'une espèce et peut éviter des épidémies. Il aide par ailleurs à réguler les surplus de jeunes sangliers ou cervidés, qui peuvent menacer les forêts", développe Jean-François Darmstaedter.
FAIRE COHABITER LOUPS ET BREBIS
Alors, comment faire cohabiter loups et brebis pour le bien de la biodiversité dans son ensemble ? La clé, c'est l'homme, estiment à la fois les éleveurs et les associations écologistes. "Le berger doit surveiller son troupeau chaque nuit, avec l'aide de plusieurs chiens, pour effaroucher les loups et éviter toute attaque", assure Jean-François Darmstaedter. "A moins d'être enragés, ce qui n'est plus le cas en France depuis des années, les loups n'attaquent pas l'homme", confirme Eric Marboutin, de l'ONCFS.
Preuve que cette cohabitation est possible, en Roumanie, où vivent 2 500 loups, en Espagne (2 000 spécimens) et en Italie (entre 500 et 800), les attaques de cheptel sont très rares et celles d'hommes inexistantes. "Mais il est vrai que la main-d'œuvre roumaine est davantage bon marché que la française, concède Jean-François Darmstaedter. Les troupeaux de brebis sont souvent gardés jour et nuit par dix bergers et dix chiens de protection."
"Nous ne pouvons pas travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour garder nos bêtes. Et embaucher coûte souvent trop cher", rétorque Yves Derbez. Pour Ferus, le gouvernement doit donc mettre la main à la poche. "L'Etat s'est engagé à assurer la réintégration des loups en France. Il doit donc soutenir, par des aides conséquentes, les bergers dans les zones à loups", livre Jean-François Darmstaedter. Pour l'exemple, des bénévoles de l'association assistent les éleveurs et gardent leur cheptel la nuit, pendant de courtes périodes.

COMME TOUJOURS, LES BERGERS NE VEULENT PAS FAIRE LEUR TRAVAIL DE BERGER, ALORS ILS ÉLIMINENT LA MENACE (fausse). 
DOIT-ON NATIONALISER LA GARDE DES BREBIS ?