TOUT EST DIT

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jeudi 23 décembre 2010

Le long chemin du divorce à l’européenne

Chaque année, des milliers de couples binationaux divorcent en Allemagne. Mais l’aménagement des gardes des enfants est compliqué, car la justice favorise systématiquement le parent allemand. La nouvelle réglementation européenne devrait simplifier les choses. 

Ils s’appellent Sascha, Aurélie, Erwin, Astrid, Camille, Julia ou Quirin. Ils ont 18 mois ou 7 ans. Ces enfants ont tous en commun d’avoir un parent français et un parent allemand, d’avoir subi une séparation parentale conflictuelle et de se trouver au cœur d’une guerre sans merci entre leurs parents et les justices des deux pays. Chaque année, 30 000 couples binationaux divorcent en Allemagne, sur les 140 000 binationaux qui se séparent dans les pays de l’Union européenne.
Pour faciliter ces procédures, quatorze pays de l’Union européenne, dont l’Allemagne et la France, ont signé en juin une convention de divorce, très attendue. "Un moment historique", assurait alors la ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, lors de la signature de cette loi qui devrait entrer en vigueur début 2011 [voir ci-dessous].

Un enfant qui a grandi en Allemagne ne peut plus quitter le pays

Les quatorze pays de l’UE se sont mis d’accord sur une règle commune : en cas de conflit, le divorce sera prononcé dans le pays où résidaient les deux époux avant leur séparation. Le progrès est majeur : jusqu’à présent, le conjoint se précipitant le premier devant le tribunal du pays de son choix décidait du régime juridique sous lequel aurait lieu la séparation.
"Dans le cas des couples franco-allemands, un père avait intérêt à demander le divorce en France, où le montant des pensions alimentaires est bien moins élevé. Et les mères, en Allemagne, où elles ont bien plus de droits, résume Jean-Patrick Revel, un avocat français spécialiste en droit de la famille exerçant à Berlin. Mais pour le droit de garde et le lieu de résidence des enfants, questions douloureuses, cette nouvelle réglementation ne changera pas grand-chose", relativise-t-il.
"Car d’autres textes internationaux décident que tout ce qui concerne les enfants dépend de leur lieu de résidence. Et la justice allemande interprète ce principe de façon très stricte, au nom du "bien de l’enfant", une notion susceptible de bien des interprétations. Pour un tribunal allemand, cela veut dire qu’il faut laisser l’enfant là où il a été socialisé. De fait, lorsqu’un enfant a grandi en Allemagne, il est très difficile de l’envoyer en France si sa mère française souhaite rentrer dans son pays. Et il est impossible de lui faire quitter l’Allemagne, même pour des vacances, si le tribunal estime qu’il y a risque d’enlèvement."
Bien des recommandations du Jugendamt (l’équivalent allemand de la Ddass, dont l’avis est souvent suivi par les juges de la famille allemands) renforcent l’amertume, la colère ou les angoisses du parent non allemand. Caroline, 38 ans, n’a pas vu son fils Sascha pendant huit mois. Au moment de la séparation, Sascha n’avait pas 1 an. Le père de l’enfant avait auparavant fait enfermer sa femme française dans un hôpital psychiatrique.

Des décisions extrêmes et incompréhensibles

Alain, 45 ans, père d’une petite fille née en Allemagne, s’est vu retirer la garde de l’enfant au motif qu’il est presque aveugle, "comme si un mal-voyant ne pouvait élever son enfant !". Karine, deux enfants, n’a pu garder avec elle que son fils. Sa fille aînée a été confiée au père allemand, l’autorité allemande estimant que les enfants "se connaissant depuis peu", ce n’était pas un problème de les séparer. De telles décisions, extrêmes et incompréhensibles, sont parfois prises lors de divorces de couples allemands. Mais lorsqu’ils concernent un parent étranger, celui-ci évoque inévitablement une discrimination.
Comment en arrive-t-on à de pareils déchirements ? "Les Allemands et les Français ont une conception du droit de la famille totalement différente", estime le juriste Jean-Pierre Copin, qui a participé durant trois ans à un projet pilote franco-allemand de médiation familiale. Lancé en 2003 par les ministres de la Justice des deux pays, il a été abandonné faute de financements. "En France, on part du principe que quoi qu’il arrive, l’enfant a droit à ses deux parents", poursuit-il. 
"En cas de conflit, on s’arrange pour ne jamais rompre le lien avec l’un des parents et, dans le pire des cas, on organise des visites sous surveillance. En Allemagne, on va privilégier la "sauvegarde de l’enfant" en cas de conflit parental. La justice peut alors décider de rompre le contact entre l’enfant et l’un des deux parents si le conflit parental est trop violent. Cela peut obliger les parents à régler leur conflit. Mais la justice peut aussi décider de rompre le lien, au risque d’induire un éloignement affectif."
Tous ces Français, convaincus d’être sacrifiés sur l’autel de l’amitié franco-allemande, ont depuis longtemps cessé de croire que la France leur viendra en aide. Le cas de Françoise qui, malgré l’opposition du père, avait pu quitter l’Allemagne avec son fils de 7 ans et l’approbation de la justice allemande pour retourner vivre en France, ne leur redonnera pas confiance. La justice française vient de décider que Fabien devra aller vivre près de son père, au risque de ne plus jamais pouvoir revenir en France.
La juge française a estimé que la mère s’était installée loin de toute école allemande et que l’enfant risquait ainsi de rompre le lien avec son père qui ne parle qu’allemand. Les parents français d’enfants franco-allemands n’osent même plus rêver d’une décision similaire de la justice d’outre-Rhin. "J’ai cessé de croire que la justice allemande condamnera un jour une Allemande pour avoir tenté de séparer son enfant de son père, soupire Alain. Même quand, comme c’est mon cas, les expertises psychologiques insistent sur le fait que la mère n’est pas vraiment capable d’élever son enfant."

Législation européenne

Divorces sans frontières

L’Union européenne se dirige vers des "divorces internationaux simplifiés", explique Trouw, qui rapporte que le Conseil des ministres a approuvé le 20 décembre une procédure pour permettre aux couples binationaux "de choisir le régime juridique qu’ils souhaitent appliquer" à leur divorce. Mi-décembre, la proposition de règlement avait été adoptée par le Parlement. C’est la première fois que l’on a recours à la procédure de coopération renforcée, qui permet aux pays qui partagent les mêmes positions d'adopter une législation en l'absence d'accord de l'ensemble des Vingt-Sept, note le quotidien. Celui-ci ajoute que les procédures de divorce internationaux concernent 13% des 122 million de mariages conclus chaque année en Europe. La mesure a été adoptée par 14 pays, dont Malte, où le divorce n'est pas prévu par la loi, ainsi que par la France et l’Allemagne.

Européen, donc paria

Il fallait que l’écrivain néerlandais Arnon Grunberg s’installe à New York pour se sentir européen. Car, dans sa famille, c’est souvent l’exil et le déracinement qui ont construit l’identité familiale. Une histoire qui vaut aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous.
Cela faisait à peu près deux ans que j’avais émigré à New York lorsqu’un homme me traita d’“eurotrash” dans un bar du centre de Manhattan. Je connaissais “white trash”, mais cela évoquait pour moi des associations d’idées qui ne recouvraient pas le sens de cette notion : “white trash” me faisait penser à des hommes d’affaires et banquiers jeunes et bruyants qui se comportent de manière désagréable dans des lieux publics. “Eurotrash” était une découverte pour moi. J’aurais dû lire plus souvent Bret Easton Ellis.

Snob, hautain et n’ayant pas trouvé sa place d’un côté ou de l’autre de l’océan, c’est ainsi que me voyait cet Américain éméché. Je n’avais pas besoin de dictionnaire pour cela. Peut-être espérait-il que je lui casse la figure. Ce qui me semblait honorable. Mais, déjà au collège, je m’étais rendu compte qu’aucune insulte ne valait la perte de quelques incisives. Généralement, la meilleure solution consiste à arborer un sourire amical. Et c’est ce que j’ai fait.

J’ai du mal à penser à l’Europe sans me remémorer cet incident. On peut choisir de devenir américain. La “hyphenated identity” [l’identité à trait d’union] offre de nombreuses possibilités. On est coréen-américain ou italo-américain, ou écossais-américain. Pour devenir européen, j’ai dû déménager à New York.

Mes parents, nés en 1912 et 1927 à Berlin, étaient (et sont), s’ils étaient quelque chose, probablement européens en plus d’être juifs. Pas par idéalisme – à leur corps défendant. Ma mère avait essayé en 1939 d’atteindre Cuba avec ses parents. Mais Cuba n’acceptait plus les réfugiés juifs d’Allemagne, l’Amérique avait fermé ses frontières, et c’est ainsi que ma mère et sa famille se sont retrouvées aux Pays-Bas. Après la guerre et un séjour dans plusieurs camps de concentration, elle est retournée aux Pays-Bas sans parents. Elle a essayé de vivre quelque temps à Paris, où elle a été jeune fille au pair, à Buenos Aires, où elle avait de la famille, et en Israël, où elle a travaillé comme serveuse, pour retourner finalement à Amsterdam sans s’y sentir chez soi. Elle était, en quelque sorte, foncièrement allemande, mais elle ne s’est jamais posé la question de retourner à Berlin. Elle était trop fière pour cela. Européenne comme solution de repli, même s’il est probable qu’elle ne se désignerait jamais elle-même ainsi.

L’histoire de mon père est assez similaire. Il avait survécu à la guerre dans différentes cachettes aux Pays-Bas et, même s’il se targuait de mieux parler le néerlandais que la plupart des Néerlandais, je ne pense pas qu’il se sentait néerlandais. Les dernières années de sa vie, il se promenait, pour des raisons que je ne comprenais pas très bien, avec un manuel d’anglais dans son manteau de cuir noir. Il est vrai qu’il était né à Berlin, mais ses parents étaient originaires de Lemberg (aujourd’hui Lviv, en Ukraine), et son premier passeport lui avait été délivré par l’Empire austro-hongrois. Il en était de même pour lui : européen faute de mieux.

A la différence de ma mère, il prononçait le mot et, en plus, avec une certaine fierté. Lorsqu’un jour je lui ai demandé : “Pourquoi ne pars-tu pas en Israël ?”, il m’a répondu : “Je suis européen.” Difficile, à Amsterdam, dans les années 1970, de proclamer qu’on est, à vrai dire, originaire de l’Empire austro-hongrois.

De nos jours, l’Europe est quelque chose de suspect, une maladie, au mieux un musée, probablement un échec. Celui qui prétend être européen proclame en fait quelque chose d’autre : qu’il est cosmopolite, sans domicile, un traître à sa patrie – en fait, un paria. Un écrivain ami qui, comme moi, est parti aux Etats-Unis a dit : “C’est plus facile d’aimer l’Amérique tant qu’on n’y habite pas.”

Il y a du vrai là-dedans. Et, bien que j’aime l’Amérique – du moins New York – sans avoir oublié que l’Amérique a refusé de laisser entrer mes grands-parents et ma mère, je ne pense pas que je suis à New York pour devenir américain. C’est le destin qui m’a amené à New York et, même si j’avais voulu devenir américain, c’est justement l’endroit où je suis et reste européen : un passeport américain n’y changerait rien.

Dans un essai, Hannah Arendt a déclaré que le Juif pouvait être un paria conscient. Le Juif pouvait, pour ainsi dire, adopter le statut de paria, auquel il ne pouvait de toute manière pas échapper. Sans vouloir romancer le paria et sans vouloir appeler tous les Européens les nouveaux Juifs, c’est le statut le plus attrayant, même pour les non-Juifs : le “paria conscient”.

Strasbourg : rencontre de travail entre Lagarde et Schaüble aujourd'hui en Alsace

La ministre de l´Economie Christine Lagarde aura une rencontre de travail cec  jeudi après-midi avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble à Strasbourg, ville frontalière avec l´Allemagne, a-t-on appris auprès de son ministère.
Selon l´entourage de la ministre, il s´agit également d´une visite «amicale» à son homologue, qui se trouve en vacances à Strasbourg.
Paris et Berlin ont affiché leur unité de vues ces dernières semaines sur les réformes en cours dans la zone euro, traversée par une crise depuis le début de l´année.
Le président Nicolas Sarkozy a annoncé la semaine dernière, à l´issue d´un sommet européen à Bruxelles, que la France ferait prochainement des propositions communes avec l´Allemagne pour «aller plus loin» dans la convergence des politiques économiques dans la zone euro.
Parallèlement, Paris et Berlin ont entamé un travail de comparaison de leur fiscalité, le gouvernement français plaidant pour une convergence dans ce domaine.

Pourquoi la Chine se met au chevet de l’Euro

Pékin assure être disposé à apporter son aide à l’Union européenne au prise avec la crise de la monnaie unique. Non sans arrière-pensée.

L’Europe doit-elle compter sur la Chine pour sauver l’Euro ? Oui, la Chine a intérêt à la réussite de l’Euro et de l’Europe, dans la mesure où Pékin dispose de 2.650 milliards de dollars de réserve de change. De l’argent disponible pour être investi en obligations.
Pour financer leur déficit public, Washington ou les pays européens émettent des emprunts, des obligations à trois mois, à cinq ans ou dix ans. Si personne ne se présente pour acheter des titres, les Etats doivent payer un taux d’intérêt plus élevés pour attirer les investisseurs. Lassé d’être dépendant du dollar dont la valeur baissait, Pékin, qui possède 900 milliards de bonds du Trésor américain, a vu d’un bon œil l’arrivée de l’Euro fort…
Non. L’Europe ne peut compter sur la Chine que si elle offre une alternative au dollar. Pékin gère ses réserves comme tout bon capitaliste. Elle dispose de 2.650 milliards de dollars qu’elle veut faire fructifier. Les placer en obligations grecques, oui, mais pas à n’importe quel prix. L’Europe doit donc rassurer la Chine sur sa capacité à maintenir la valeur de l’Euro pour avoir sa confiance.

« Nous nous inquiétons beaucoup de la dette »

Et puis, dernier élément qui pèse dans la balance : l’UE est la première destination des exportations chinoises, tandis que dans l’autre sens la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de l’Union derrière les Etats-Unis.
Avant de savoir si Pékin volera au secours de l’Euro, il faut écouter ses officiels. A la manœuvre, le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, qui mène actuellement des discussions bilatérales Chine-UE à Pékin. « Nous nous inquiétons beaucoup de savoir si la crise européenne de la dette peut être contrôlée. » Ou encore : « Nous voulons voir si l’UE est capable de maîtriser les risques concernant les dettes souveraines et si le consensus peut être traduit en véritable action pour permettre à l’Europe de sortir rapidement et en bonne forme de la crise », a ajouté le ministre chinois.
Quelques heures plus tôt, le vice-Premier ministre Wang Qishan avait déclaré que la Chine était prête à soutenir les mesures de l’UE et du FMI afin d’assurer la stabilité financière de l’Europe. Durant une visite au Portugal le mois dernier, le président chinois Hu Jintao avait assuré Lisbonne de la volonté d’aide chinoise, mais Pékin n’a pas encore fait de promesses fermes d’achat d’obligations d’Etat portugaises.
Ces déclarations doivent aussi être replacées dans leur contexte immédiat. L’Union européenne a envoyé des hauts responsables à Pékin pour parler de sujets qui fâchent les autorités chinoises. Au menu, il y avait les exportations de produits chinois à bas prix déferlant avec l’aide d’un yuan maintenu artificiellement bas, la protection de la propriété intellectuelle, et les « terres rares ». Indispensables pour l’industrie de haute technologie, elles sont à 97 % produites en Chine et leur exportation est extrêmement contingentée.
Autant de discussions désagréables pour le gouvernement chinois pas mécontent de rappeler à ses hôtes qu’ils ont un certain nombre de problèmes à régler avant de s’occuper de ce qui se passe en Chine.

Force, inélégance et démocratie

Avant l’élection présidentielle en Biélorussie, le régime d’Alexandre Loukachenko avait donné de petits signes d’assouplissement, qui avaient stimulé l’optimisme incorrigible qu’il faut parfois opposer aux obscurités de l’époque. Mais le pouvoir de Minsk est vite revenu à ses pires réflexes. Cet exemple rend prudent, quand on examine les moyens de surmonter cette autre crise de l’arbitraire, dont le théâtre est la Côte d’Ivoire. Pour les organisations et États qui appellent le président sortant, Laurent Gbagbo, à se démettre — Nations unies, Union africaine, États-Unis, Union européenne, Fonds monétaire international — la capacité à imposer ce départ est limitée. Sauf à risquer l’épreuve de force. Washington évoque avec la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest l’augmentation des effectifs de Casques bleus. Cela accroît la pression, mais pourrait ne pas suffire à faire plier le président cramponné. Il existe cependant deux autres voies, une élégante et une inélégante. Cette dernière — foin d’idéalisme — obéirait aux principes intangibles de la Realpolitik en tentant de miner le pouvoir de Laurent Gbagbo de l’intérieur, en « retournant » des appuis décisifs. Le chef de l’État en place a certes des sympathisants dans l’opinion ivoirienne, mais son autorité repose surtout sur quelques organes d’État, dont l’armée. Il n’est pas de bonne diplomatie, sans cette partie secrète qui peut sonder en sous-main les âmes de certains acteurs et leur tracer un autre avenir, sans la figure tutélaire usée. Mais cette option peut perpétuer des traditions de connivence, voire de corruption, dont les apôtres de la bonne gouvernance prétendent justement libérer la planète. Vaste programme.

Il reste donc une solution élégante, rarement avancée : retourner aux urnes ! La Commission électorale ivoirienne a proclamé Alassane Ouattara vainqueur, avec plus de 54 % des voix. Mais le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats de sept départements pour fraude, et a déclaré M. Gbagbo élu, avec plus de 51 % des voix. En France, lorsque le résultat d’une circonscription est douteux, l’on y revote. De même, il conviendrait de redonner la parole aux citoyens ivoiriens dans les départements litigieux, sous contrôle de l’Onu, pour trancher.

Du foie gras "made in china" pour les fêtes ?

Vins, foies gras, chocolats... les entreprises chinoises lorgnent le savoir-faire français. Une opportunité à haut risque pour leurs partenaires hexagonaux.

 Dans la ferme de madame Wang, 60.000 canards picorent en liberté du maïs local. Plus que 75 jours d'élevage, 13 jours de gavage, et les poussins tout juste arrivés de Canton par avion donneront des foies de grande qualité. Car, depuis 2007, la ferme de madame Wang est possédée par le français Euralis, leader mondial du foie gras, qui commercialise ces foies chinois sous sa marque Rougié, destinée à la restauration haut de gamme. Pourtant, la marque française n'est que numéro trois du marché derrière... deux groupes chinois : San Rougey et Jilin Zhengfang ! Mais comment cet emblème de la gastronomie hexagonale peut-il être produit par des Chinois ? Comme dans d'autres secteurs, par la simple copie de nos savoir-faire. "Les Chinois sont très friands de tous nos produits français", explique René-Pol Bouldoires, directeur du restaurant Mr & Mrs Bund, à Shanghai. D'autres mets de notre table de Noël sont concernés, comme les chocolats ou les vins fins.
Au départ, des entreprises hexagonales ont donné un coup de main. Dans le foie gras, la société Val de Luce a créé en 2006 la marque Délice du Périgord avec son partenaire local, Jilin Zhengfang, aujourd'hui numéro deux du marché. La même année, Delpeyrat s'est associée au chinois Jifa. Le chocolat est encore aux mains des Lindt, Valrhona ou Barry Callebaut mais ces marques transmettent leurs savoir-faire aux grands chefs chinois. Dans le vin, le leader local, Changyu, qui pèse près de la moitié de la production en Chine, a commencé avec le français Castel. Et il existe beaucoup de petits partenariats, comme la coentreprise baptisée Château Reifeng Auzias dans la région du Penglai. Aujourd'hui, les vignes sont plantées à marche forcée dans cette province du Shandong, au sud de Pékin, où les propriétés viticoles se multiplient. "Les Chinois ne veulent pas automatiser car ils ont la main-d'oeuvre, mais ils sont preneurs de nos outils sophistiqués comme les pressoirs, les filtres, etc.", explique l'oenologue Jean-Luc Berger.
Une fois les connaissances et les outils acquis, les partenaires français sont souvent écartés. Val de Luce et Delpeyrat se sont ainsi fait sortir. Et la qualité peut vite décliner. "Les Chinois importent en vrac des vins du Chili, d'Argentine ou des pays de l'Est et l'assemblent avec leur raisin local", dénonce Yves Benard, président de l'Organisation internationale de la vigne et du vin.
Pour le moment, ces produits français sont limités à une consommation locale. Seuls les riches clients de Pékin, Shanghai ou Canton s'en délectent au restaurant ou les offrent pour montrer leur richesse. Mais les ventes progressent au même rythme que la classe supérieure. Entre 2005 et 2010, la consommation de chocolat à Shanghai est passée de 700 g à 1,8 kg par habitant et par an. Celle de foie gras se limite à quelque 200 tonnes sur toute la Chine mais progresse de plus de 20 % par an. Enfin, le vin, consommé à hauteur d'environ œ bouteille par personne, a des perspectives quasi infinies. On observe cependant peu d'exportation. Les Français pourront donc attendre quelques Noëls de plus avant que la nourriture ne rejoigne leur nappe et leur vaisselle dans les cargos du "made in China".

Crise de l'euro : prévenir ou punir ?

Pour faire face à la crise de l'euro, les gouvernements de la zone ont donc fini par se mettre d'accord sur une esquisse de compromis. Mais les discussions qui ont abouti à la création d'un mécanisme permanent de secours révèlent de profondes divergences, qui promettent quelques problèmes de mise en oeuvre. Le différend porte sur les objectifs, ou plutôt sur le dosage entre deux objectifs : s'agit-il prioritairement de défendre l'euro - son statut international, son efficacité comme gardien des disciplines budgétaires et rempart contre l'inflation -ou d'empêcher les Etats trop endettés de faire faillite ? En gros, faut-il punir ou prévenir ? La question oppose l'Allemagne, qui prône la sévérité, aux autres pays membres qui, à des degrés divers, privilégient la solidarité.

Cette différence d'objectifs se traduit dans le choix des moyens. Et d'abord celui du timing : quand une difficulté se déclare, à quel moment le mécanisme de sauvetage doit-il jouer ? Réponse de l'Allemagne : le plus tard possible (Angela Merkel aurait même voulu préciser « en dernier ressort »), de sorte que le pays endetté subisse, par des taux d'intérêt élevés, les conséquences de son laxisme, et sente passer, pour ainsi dire, le vent du boulet - alors que pour la plupart des autres pays membres, l'intervention doit être précoce pour prévenir l'emballement de défiance des marchés. Autre question : faut-il impliquer les créanciers privés dans les mécanismes de sauvetage, par une restructuration de la dette des Etats insolvables ? L'Allemagne l'a exigé, et même si cette implication doit être décidée au cas par cas, les banques prêteuses intégreront à coup sûr une prime de risque supplémentaire dans les taux consentis aux pays les plus fragiles. Sévérité ou solidarité ? Chaque position, poussée à l'extrême, a ses inconvénients : trop d'indulgence encourage le laxisme, trop de sévérité conduit à côtoyer dangereusement une aggravation irréversible de la crise. La politique européenne naviguera encore longtemps entre ces deux écueils.

Euro : l'Allemagne proposerait un fonds monétaire européen

A peine annoncé la volonté de réformer les traités européens pour instaurer un mécanisme de sauvetage permanent des membres de la zone euro en difficulté, les grandes manœuvres diplomatiques s'accélèrent. Et, selon le Süddeutsche Zeitung du jeudi 23 décembre, Berlin passe à l'offensive avec une proposition très concrète : la création d'une sorte de fonds monétaire européen.

Cette nouvelle institution, "indépendante", viendrait s'ajouter à la Banque centrale européenne (BCE). Le document de travail du gouvernement que s'est procuré le Süddeutsche Zeitung évoque ainsi un "fonds européen de stabilité, de croissance et d'investissement", qui ressemble sur le papier au Fonds monétaire international.
Elle pourrait aider en urgence des Etats de la zone euro, en échange de conditions économiques sévères. Les Etats qui demanderaient des crédits à ce fonds devraient ainsi lui fournir en guise de garanties des réserves d'or ou des obligations privées par exemple. Ce nouveau fonds devrait avoir une "capacité illimitée de refinancement" pour défendre l'euro, selon le document de travail.
Plusieurs pays soutiendraient la proposition allemande. Selon le quotidien, outre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande et l'Irlande ont également fait des propositions sur ce dossier, en préparation de la prochaine réunion des ministres européens des finances à Bruxelles à la mi-janvier.
PARIS PRÈFÈRE UN "GOUVERNEMENT ÉCONOMIQUE"
En revanche, la France développerait son propre plan, différent de celui d'Angela Merkel. Christine Lagarde, ministre de l'économie et des finances, évoque dans une interview au journal la création d'un gouvernement économique européen qui regrouperait les seize membre de la zone euro, qualifié de "Formule 16". Ce groupe pourrait s'ouvrir aux autres pays de l'UE, dans le cadre de la "Formule 16 plus", mais sans la Grande-Bretagne, "qui ne doit pas bloquer tous les autres", estime la ministre.
Selon elle, ce gouvernement économique devrait donner son accord à toute décision économique nationale qui pourrait avoir un impact sur les autres pays de l'UE. Différence sensible avec le plan allemand, ce seront bien les chefs d'Etat et de gouvernement qui auront "le dernier mot".
Autorité indépendante contre gouvernement économique dans la main des politiques : Berlin et Paris divergent complètement sur les solutions à apporter à la crise que traverse la zone euro. Une rencontre est justement prévue jeudi à Strasbourg entre Christine Lagarde et son homologue allemand, Wolfgang Schäuble. "Nous discutons de la façon dont nous pouvons travailler encore plus étroitement ensemble", explique-t-elle au journal.

Lagarde plaide pour une coordination économique de la zone euro

"Je ne pense pas qu'il soit possible d'ôter aux Etats la souveraineté sur leurs budgets mais nous pourrions nous coordonner les uns avec les autres lorsque nous élaborons nos législations fiscales", estime la ministre française de l'Economie dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung. Les politiques économiques doivent être mieux coordonnées en Europe et cette coordination doit s'opérer dans un premier temps au niveau des 16 pays de la zone euro, a déclaré ce mercredi Christine Lagarde, dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. La ministre de l'Economie ajoute que d'autres pays hors de la zone euro pourraient choisir de participer à cette coordination. "La crise nous a montré que limiter la dette, comme le prévoit le traité de Maastricht, n'est pas suffisant. L'Irlande respectait ces critères et se trouve quand même en difficulté", dit-elle avant d'ajouter : "L'UE ne doit pas simplement regarder les budgets, elle doit surveiller comment évoluent les économies des pays membres."
Des politiques nationales visant à doper les exportations et à accroître l'investissement dans certains secteurs, par exemple, affecteraient directement les autres Etats de la zone euro, estime également Christine Lagarde: "Je ne pense pas qu'il soit possible d'ôter aux Etats la souveraineté sur leurs budgets mais nous pourrions nous coordonner les uns avec les autres lorsque nous élaborons nos législations fiscales. C'est exactement ce que prévoient la France et l'Allemagne. De plus en plus, nous voulons nous coordonner lorsque nous préparons nos budgets pour les années à venir."
Christine Lagarde rejette dans cet entretien l'idée d'émettre des obligations communes aux pays de la zone euro, parfois surnommées "E-Bonds", avant la mise en place d'une politique économique commune. A la question de savoir si la France soutenait une telle idée, la ministre répond : "Pour l'instant, absolument pas. Avant d'introduire des euro bonds, il nous faut en premier lieu avoir une gouvernance économique plus étroite".

Le gâchis de la formation


Les politiques de formation, en France, coûtent cher, très cher. Notre pays est l'un des tout premiers au monde pour les ressources qu'il consacre à l'enseignement, de l'école maternelle à l'université. Aux contributions de l'État, s'ajoutent celles des collectivités locales, des entreprises et des familles. Un effort colossal mais nécessaire.


Malheureusement, les résultats ne sont pas à la hauteur de l'investissement, comme viennent de le rappeler quelques rapports internationaux ou nationaux récents. Ils montrent que, si l'argent est indispensable, il ne peut compenser des choix contestables. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) estime que les résultats obtenus par les élèves sont déterminés, à plus de 90%, par les politiques éducatives et pour le reste par la richesse du pays.


Une rafale d'études éclaire l'ampleur du problème. À la sortie du collège, un enfant sur cinq ne maîtrise pas les fondamentaux que l'on acquérait avec le vieux certificat d'études accordé à 14 ans : c'est-à-dire lire, écrire, compter. Mesure-t-on bien ce que signifie le fait qu'un quart de la population ne possède pas les minima requis pour s'insérer dans le monde du travail ?


L'analphabétisme n'est pas nouveau, mais il est inquiétant qu'il augmente et qu'il se concentre dans les catégories sociales déjà défavorisées. Dans la récente étude Pisa effectuée sous l'égide de l'OCDE, non seulement la France glisse de la douzième à la dix-huitième place, mais elle se révèle comme l'un des pays impuissants à corriger, grâce à l'école, les inégalités d'origine.


Le fameux élitisme républicain n'est plus qu'un miroir aux alouettes. La triste réalité est celle d'une inégalité des chances que l'école confirme au lieu d'éliminer, ce que les parents ont bien compris, comme en témoignent les stratégies pour inscrire les enfants dans le « bon » lycée ou les transférer dans une école privée.


Le système fonctionne à la sélection, mais sur la base de l'échec. Au lieu que les professions manuelles ou techniques soient choisies en raison des talents ou goûts de l'enfant, elles deviennent les débouchés repoussoirs, l'exutoire des recalés alors que, en Allemagne, le système mixte école/apprentissage forme toujours des techniciens valorisés.


Le tri sauvage continue, faute d'une sélection adéquate, fondée sur la qualification et les qualités de chaque étudiant. Le corps social ¯ à commencer par les étudiants ¯ refuse d'entendre parler de cette nécessaire orientation, mais se voile la face devant le scandale que constitue l'élimination d'un étudiant sur deux, au cours des deux premières années d'université.


Chaque année, des centaines de jeunes sont victimes d'un tri dont ils ne sont que partiellement responsables et qui se poursuivra encore sur le marché du travail. L'observatoire des zones urbaines sensibles vient de publier des chiffres qui témoignent de l'abîme dans lequel nous sommes tombés : 43 % des jeunes hommes et 37 % des jeunes femmes étaient au chômage fin 2009 !


L'indifférence des uns, l'aveuglement des autres aboutissent à ce paradoxe que la France dépense beaucoup pour des résultats piteux sur le plan économique, désastreux sur le plan social et lourds de conséquences sur le plan politique.


(*) Institut universitaire européen de Florence.

Mme l’ambassadrice Rama Yade


C’est son cadeau de Noël. Évincée du gouvernement, Rama Yade retrouve un emploi. Le conseil des ministres l’a faite ambassadrice auprès de l’Unesco. Elle qui cherchait un emploi dans le privé “grâce à ses relations”, disait-elle, peut interrompre la rédaction des CV et cesser de se ronger les ongles près du téléphone...

Bonne fille, la République sait épargner à ses serviteurs éconduits les affres de la recherche d’un boulot. Les exemples se ramassent à la pelle... Lorsque leur reclassement dans le giron de l’État paraît trop voyant, les organisations internationales, la FAO, l’Onu, aujourd’hui l’Unesco, font l’affaire en assurant une reconversion discrète.

S’agissant de Rama Yade, Nicolas Sarkozy estime que cette fonction va “comme un gant” à son ancienne secrétaire d’État. Auteur de fraîche date d’un livre sur les jeunes, Rama Yade ne pouvait rêver meilleur point de chute pour exercer toute son expertise.

Mme l’ambassadrice a appris la bonne nouvelle le jour où elle a rejoint le Parti radical. Jugé comme une audace, ce passage osé de l’UMP à un parti composant l’UMP n’aura pas affecté la bienveillance présidentielle.

Seul le Premier ministre s’est inquiété de savoir si cette fonction est compatible avec une présence assidue sur les plateaux de télévision. Une mauvaise manière pour François Fillon de souligner que le bilan de son ex-ministre est largement plus médiatique que politique...

Avis de sévérité

«Quand il est pris dans la nasse, le poisson commence à réfléchir». Ce pragmatique proverbe africain a inspiré la Banque mondiale : elle serre la vis autour de Laurent Gbagbo dans l’idée de le faire plier par des voies pécuniaires là où la diplomatie a jusqu’ici échoué.

Cette sanction accentue l’isolement du président battu mais ne change rien à court terme à la difficile mise en œuvre de la démocratie en Côte d’Ivoire, où organiser un scrutin ne dit rien de ce qui se passera ensuite. On est loin des règles sophistiquées du suffrage universel, exercice hautement ritualisé où celui qui est déclaré battu s’efface discrètement même s’il se sent lésé. George W. Bush n’a vraiment gagné l’élection de l’an 2000 que quand son rival Al Gore a admis l’arrêt de la Cour suprême qui lui était défavorable.

Dans les démocraties balbutiantes en revanche (et sous réserve que le vote ait été sincère), on n’est jamais sûr que le perdant acceptera sa défaite. En Afrique ou ailleurs, trop de candidats ne consentent à la liturgie électorale que parce qu’ils tablent sur leur victoire, une jolie victoire ornée du brevet de modernité politique décerné par une «communauté internationale» ravie de voir s’éloigner l’ère des coups d’État et des révolutions de palais. Combien d’anciens putschistes se sont-ils ainsi recyclés ?

Hostile aux scrutins qui lui nuisent, Gbagbo s’en tient à la conception antique du duel où le perdant est celui qui a physiquement touché terre. On lui dit qu’il a perdu, il s’en moque puisqu’il est encore debout... C’est tout le problème de l’Union européenne, des États-Unis, de l’ONU, du Fonds monétaire international, de l’Union africaine et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest, tous désireux de voir Alassane Ouattara présider, mais réticents à engager des opérations militaires à hauts risques.

Gbagbo mise sur cette inaction pour se maintenir. Cynique, il s’empressera d’accuser l’Union européenne et plus encore la France d’ingérence néocoloniale si jamais les casques bleus de l’ONUCI s’avisent de faire contre lui usage de leurs armes.

Il joue la montre, convaincu que la faible capacité opérationnelle de l’ONUCI, ajoutée aux atermoiements ou scrupules des diplomates, qu’ils soient européens ou africains, est son meilleur atout. En cas de bain de sang, celui qui sera soupçonné d’en être responsable aura perdu. D’où la nécessité que les sanctions financières ouvrent une issue rapide. Il faudra pour cela qu’elles pèsent plus lourd que le trésor de guerre amassé depuis dix ans par Gbagbo, lequel a dans l’immédiat de quoi tenir grâce aux bénéfices accumulés autour du cacao, du café et des taxes portuaires.


Nouveau défi agricole

On peut accuser les spéculateurs, regretter les tensions en Côte d'Ivoire, s'emporter contre l'aléa climatique… la réalité est implacable : si le prix des matières agricoles flambe, cela n'est pas que pour des raisons conjoncturelles. Les sommets atteints en cette fin 2010 par le sucre, le blé ou l'arabica illustrent aussi de profonds bouleversements structurels.

Tant sur un plan démographique qu'économique, l'agriculture est, en ce début de XXI e siècle, confrontée à un nouveau défi. D'ici à 2050, la population mondiale devrait passer de plus de 6 à près de 9 milliards d'habitants. La planète va compter de plus en plus de bouches à nourrir. Et des bouches qui, portées par l'enrichissement de la majorité des économies, exigent une alimentation de plus en plus riche et variée. La planète agricole va devoir produire plus. Beaucoup plus : 70 % de plus d'ici à 2050, estime la FAO (1).

Fini l'époque où, dans les pays riches, on considérait que la priorité était de lutter contre la surproduction et de réduire les subventions. Plus qu'à la mise en jachère ou à l'instauration de mécanismes généralisés de soutien des prix, l'heure est à la recherche d'une augmentation de la production.

Pour produire plus, on peut, bien sûr, chercher à conquérir de nouvelles terres. Mais plus que la découverte de nouveaux horizons agricoles, la priorité doit être d'exploiter mieux les terres déjà cultivées en améliorant les rendements. Aussi bien dans les pays développés, que dans ceux en voie de développement, qui trop longtemps ont cessé d'investir dans la modernisation de leur agriculture. Comme pour n'importe quelle activité économique, il va falloir investir plus et mieux. Il faudra en particulier miser sur la technologie, en évitant de diaboliser par principe les OGM. D'autant que si les OGM de première génération avaient surtout pour vocation d'améliorer les marges des semenciers, les générations futures, qui doivent permettre de consommer moins d'eau ou de pesticides, seront bénéfiques également pour le consommateur-citoyen.

L'enjeu n'est pas qu'économique, il est aussi géopolitique. L'augmentation à venir de la population interviendra en grande partie en Afrique du Nord ou au Proche-Orient, dans des zones qui, en raison du climat et de la pénurie d'eau, continueront à importer massivement des denrées alimentaires. Si l'on ne veut pas voir se répéter les émeutes de la faim de 2008, si l'on veut minimiser les risques de conflits, il est donc impératif de garantir une hausse de la production, qui seule permettra d'éviter que la flambée actuelle des prix se transforme en bulle folle.


(1) « Sécurité alimentaire : un enjeu global », de Bernard Bachelier (Fondapol FARM)

Le président de l'UE présente ses voeux sous forme de haïku

Le président permanent de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a composé des voeux aux Européens sous forme de haïku, un bref poème japonais, qu'il présente à la fin d'un message vidéo dans lequel il revient sur sa première année en poste.
"Nous devons tous travailler à donner de l'espoir aux gens", dit-il en souhaitant un joyeux Noël et une bonne année aux Européens. Avant d'ajouter: "Permettez-moi de le dire avec un haïku: +Silence et joie/De Noël à Nouvel An/En espérant aussi pour l'espoir+".
Ces douze derniers mois ont été "turbulents", estime-t-il également dans ce message, en rappelant que l'UE a principalement été occupée à maintenir la stabilité de la zone euro. "Je suis convaincu que nous sommes en train de réussir", assure-t-il.
Herman Van Rompuy est poète à ses heures. Nommé en novembre 2009 premier président permanent du conseil européen en vertu du traité de Lisbonne, il avait publié au printemps un recueil de haïkus.
A l'occasion du dernier sommet Europe-Asie en octobre à Bruxelles, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, en avait d'ailleurs profité pour se procurer ledit recueil et obtenir de son auteur une dédicace.