TOUT EST DIT

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mardi 21 décembre 2010

Internet vu par les journaux télévisés, il y a quinze ans




Internet vu par les JT, il y a quinze ans
envoyé par lemondefr. - L'actualité du moment en vidéo.

Côte d'Ivoire - Le camp Ouattara appelle à la désobéissance

Alassane Ouattara et ses partisans n'ont pas l'intention de rester les bras croisés face à Laurent Gbagbo. La guerre civile ne semble plus très loin. 

« Se mobiliser », « manifester par tous les moyens » jusqu'au départ du « président factice ». Dans un appel lancé mardi, Guillaume Soro, le Premier ministre d'Alassane Ouattara, exhorte ses partisans à se lever contre Laurent Gbagbo et à « désobéir ».
La Côte d'Ivoire « vit la pire des escalades dans la barbarie d'un clan, d'un régime fini, contre les populations civiles démunies et désarmées » a-t-il lancé, inquiet de la montée de violence qui gagne de le pays.
Selon lui, près de 200 personnes sont mortes et 1.000 autres ont été blessées par balles depuis le début du mois de décembre. « Plus grave, des femmes sont battues, déshabillées, violentées et violées (...) Les ingrédients pour un génocide sont en place », poursuit Guillaume Soro.
Laurent Gbagbo, le président sortant, est de plus en plus isolé par la communauté internationale qui a reconnu la victoire de Ouattara à la présidentielle du 28 novembre.

Gbagbo « sourit » aux sanctions

L'Union européenne a d'ailleurs décidé de durcir le ton, lui interdisant le séjour sur son territoire ainsi qu'à ses deux épouses et à 16 autres proches. Les Etats-Unis viennent d'en faire autant.
Des sanctions qui font « sourire » Emile Guiriéoulou, son ministre de l'Intérieur.  Même défiance à l'égard de l'ONU qui a décidé lundi de prolonger de six mois le mandat de sa mission en Côte d'Ivoire, l'Onuci, et envisage même de la renforcer, alors que le président sortant avait exigé son retrait « immédiat ».
Les troupes de l'Onuci maintiendront pour l'instant le niveau de leurs forces à 8.650 personnes parmi lesquelles 7.200 Casques bleus et 1.250 policiers, souligne la résolution adoptée par le Conseil de sécurité.

J'APPELLE OUVERTEMENT AU MEURTRE DE GBAGBO !!!!

Espace Schengen: France et Allemagne bloquent l'entrée de la Bulgarie et la Roumanie

La France et l'Allemagne ont informé mardi la Commission européenne de leur décision de bloquer l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'espace Schengen, a annoncé un de ses porte-parole.
La Commissaire européenne en charge de la Sécurité, Cécilia Malmström, a reçu mardi une lettre signée par les ministres français et allemand de l'Intérieur, Brice Hortefeux et Thomas de Maizière, dans laquelle ils jugent "prématuré" d'autoriser l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'espace Schengen en mars 2011, a déclaré son porte-parole, Michele Cercone.
Les deux ministres insistent sur les carences que ces deux pays ont montré en matière de lutte anticorruption et de lutte contre la criminalité organisée, a-t-il précisé.
La Commission n'a aucun pouvoir de décision en la matière, a-t-il rappelé. "Elle doit être prise à l'unanimité par les Etats", a-t-il expliqué.
Le président roumain Traian Basescu a estimé que cette décision était "un acte de discrimination" à l'égard de son pays.
Des experts des Etats membres se sont rendus en Roumanie et en Bulgarie et vont présenter un rapport en janvier pour permettre aux gouvernements de prendre leur décision. "La Commission n'a pas à rendre d'avis sur ce rapport", a-t-il souligné.
Les prises de positions de la France et de l'Allemagne signifient que l'unanimité ne sera pas obtenue et que l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie sera différée.

Au milieu du gué


Un grand pas pour l’UE, mais un petit pas pour les Européens. La révision du traité de Lisbonne approuvée par les 27 chefs d’Etat et de gouvernement, le 16 décembre, met en place un mécanisme permanent de sauvetage des Etat membres en difficulté. A partir de 2013, ce "mécanisme européen de stabilité" prendra le relais du Fonds européen de stabilité financière de 440 milliards d’euros (750 avec l’argent du FMI) créé dans l’urgence en mai dernier.


En d’autres termes, comme le titre Die Presse en Autriche, l’Union se dote d’un fonds monétaire européen, une chose inimaginable il y a seulement un an. Petit à petit, sous la pression des événements, une sorte de fédéralisme informel s’installe alors même que les Etats membres affirment de plus en plus leur intérêt national et leur volonté, au détriment de la Commission européenne. Evolution paradoxale mais inévitable si l’Europe veut se sortir de la crise actuelle. Car un tel fonds aurait certainement permis d’éviter, ou du moins d’atténuer, les attaques des marchés contre les pays les plus fragiles.


Un malaise subsiste tout de même. Premièrement, comme l’observait la Süddeutsche Zeitung cette semaine, les dirigeants européens ne donnent pas le sentiment de vraiment savoir dans quelle direction ils vont. Le débat, très technique, sur la création d’euro-obligations, a été largement esquivé, mais il démontre qu’entre les Etats, la Banque centrale européenne, et peut-être les milieux financiers, il existe des divergences qui pourraient encore fragiliser la situation des pays de la zone euro les plus exposés aux réactions des marchés.


De plus, la révision du traité de Lisbonne reste un acte politique hermétique à la plupart des citoyens européens, qui restent confrontés à la réalité de la crise économique et aux politiques d’austérité. Pour les Grecs ou les Irlandais, les plans de sauvetage consentis par leurs partenaires sont synonymes de sacrifices et engendrent du ressentiment. Pour beaucoup d’Allemands, cette solidarité ressemble davantage à une extorsion d’euros laborieusement épargnés. Et dans les autres pays, le résultat de longues tractations entre dirigeants, aussi utile soit-il, pèse peu aux yeux de ceux qui sont directement touchés par le chômage et la baisse de leur niveau de vie.


Communication déficiente ou réponse politique insuffisante ? En 2011, les Vingt-Sept devront donner une réponse à cette question, car la sortie de crise ne se fera pas sans l’adhésion des peuples.


Aéroports : "un défaut d’information" (NKM)
envoyé par FranceInfo. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Back to Normalcy

Is America really in decline?

Where on earth is the United States headed? Has it lost its way? Is the Obama effect, which initially promised to halt the souring of its global image, over? More seriously, is it in some sort of terminal decline? Has it joined the long historical list of number one powers that rose to the top, and then, as Rudyard Kipling outlined it, just slowly fell downhill: “Lo, all our pomp of yesterday / At one with Nineveh and Tyre”? Has it met its match in Afghanistan? And has its obsession with the ill-defined war on terrorism obscured attention to the steady, and really much more serious, rise of China to the center of the world’s stage? Will the dollar fall and fall, like the pound sterling from the 1940s to the 1970s?

It is easy to say “yes” to all those questions, and there are many in Latin America, Europe, the Middle East, Asia, and in the United States itself, who do so. But there is another way to think about America’s current position in today’s mightily complicated world, and it goes like this: All that is happening, really, is that the United States is slowly and naturally losing its abnormal status in the international system and returning to being one of the most prominent players in the small club of great powers. Things are not going badly wrong, and it is not as if America as becoming a flawed and impotent giant. Instead, things are just coming back to normal.

Scandales de santé publique

Sang contaminé, hormone de croissance, amiante, Distilbène, Mediator… Les scandales — le mot n’est pas trop fort — se succèdent trop régulièrement pour ne pas éveiller des doutes concernant la fiabilité du système français de santé publique. Le Distilbène, présenté comme la pilule miracle contre les fausses couches, s’est révélé toxique pour les femmes enceintes et pour leurs filles. Il a été interdit aux États-Unis en 1971, et seulement six ans plus tard en France. La manipulation de l’amiante, fibre cancérigène, a été réglementée dès les années 1930 en Grande-Bretagne, et progressivement interdite chez nos voisins européens à partir de 1978. En France, il a fallu attendre 1997 pour que l’amiante soit enfin banni… ce qui n’a pas empêché des dérogations, et la poursuite des importations jusqu’en 2002.

Le Mediator a été interdit en 2003 par l’Espagne et en 2004 par l’Italie. Mais il n’a été retiré de la vente en France qu’en novembre 2009, juste après l’autorisation de produire… son médicament générique. Le moins que l’on puisse dire est que les autorités sanitaires de notre pays manquent de réactivité ! Les premiers signaux d’alarme dataient pourtant de plus de dix ans. Est-ce parce que le Mediator était produit par un laboratoire français qu’il a bénéficié pendant si longtemps d’un régime de faveur ?

À gauche et à droite, les politiques ouvrent le parapluie. Le PS affirme que Martine Aubry et Bernard Kouchner, qui avaient la haute main sur la santé en 1998, n’ont pas entendu parler de la première alerte, lancée à l’époque par trois médecins de la Sécurité sociale. C’est curieux ! Quant à Xavier Bertrand, il était ministre de la Santé en 2006, quand un rapport remis à la Haute autorité de la santé tirait, une fois de plus, la sonnette d’alarme. Mais il a fallu attendre samedi dernier pour que le même, revenu au gouvernement en novembre, convoque une réunion de crise. De deux choses l’une : ou bien les ministres successifs ne savaient rien des dangers du Mediator, malgré les alertes. On se demande alors à quoi ils peuvent servir. Ou bien ils n’ont pas été à la hauteur de leurs fonctions. Georgina Dufoix, aux Affaires sociales sous François Mitterrand, s’était dite « responsable mais pas coupable » dans l’affaire du sang contaminé. Aujourd’hui, personne ne se sent responsable d’un atermoiement pourtant coupable…

La droite américaine 
a le vent en poupe

Les démocrates ont subi une raclée lors des élections de mi-mandat, en novembre, perdant la majorité à la Chambre des représentants et la capacité de blocage au Sénat. Effet immédiat, lors du vote sur la prolongation ou non des réductions d'impôts pour les riches, que le candidat Obama avait promis d'éliminer et qui arrivent à expiration fin décembre.

Les démocrates voulaient les garder seulement en dessous d'un revenu annuel de 250 000 dollars (190 000 €), mais ils ont accepté la demande républicaine de les maintenir pour tous.

Pour illustrer les victoires de la droite américaine, il faut regarder du côté de la Cour suprême. Sa composition avait changé sous le régime de G.W. Bush, et la plupart des choix se font à une courte majorité (5 contre 4). Mais c'est une transformation idéologique plus profonde qu'il faut examiner.

Une première décision importante de la Cour a eu lieu, en janvier 2010, dans l'affaire Citizens United. L'arrêt de la Cour affirmait que des corporations (et des syndicats) sont des « personnes », aux yeux de la loi. Pour cette raison, la loi votée par le Congrès, en 2002, qui imposait des limites sur leurs contributions aux campagnes politiques, serait une atteinte au premier amendement à la Constitution qui garantit la liberté de la parole. C'est ainsi qu'on a vu, en novembre, des candidats bien financés surprendre des députés établis.

Mais, pour expliquer la montée des populistes du Tea Party, il faut y voir l'idéologie d'un individualisme débridé qui fait fi de ses effets sur la société. On l'a vue pendant les dix-huit mois où l'on a débattu de la réforme du système des assurances santé.

Très vite, le Président a dû abandonner l'idée d'une couverture nationale : le compromis final a établi des assurances privées auxquelles tout citoyen doit adhérer. Cette obligation est la base de l'idée d'une assurance qui vise à compenser le risque d'accidents. Or, les chantres de l'individualisme y voient surtout une entrave à leur liberté.

Comme nous sommes aux États-Unis, la question aboutira éventuellement à la Cour suprême. En attendant, une Cour fédérale, en Virginie, vient de déclarer que l'obligation de s'assurer est contraire à la Constitution. En effet, le gouvernement a la responsabilité de réglementer les activités commerciales ; il peut donc réglementer les compagnies d'assurance. Mais le citoyen qui n'achète pas une police d'assurance n'engage aucune activité ; et voilà qu'on menace de le pénaliser pour cette « non-activité » ! Alors, affirme la Cour, le gouvernement s'accorde une autorité « sans limites » sur la liberté de l'individu. Va-t-on lui imposer l'obligation d'«acheter une voiture, adhérer à un club de gym, manger des asperges » ? Non ! Il faut protéger l'individu avant tout.

Cette idéologie a porté le succès républicain. Elle convainc beaucoup d'Américains que Barack Obama est un « socialiste », et qu'il veut contrôler et diriger la société entière à partir de Washington. En effet, si le gouvernement peut imposer l'achat d'une assurance santé, pourquoi ne m'imposerait-il l'obligation de faire plus d'exercices... ou de manger des asperges ?

Comment Barack Obama et les démocrates pourront-ils contrer ces idéologues ? Après tout, une assurance est aussi une expression de la solidarité des citoyens les uns avec les autres. Une piste pour Obama ?



(*) Professeur émérite à Stony Brook University, New York, auteur d'Aux origines de la pensée politique américaine (Pluriel).

Sourire


Il a raison, Xavier Bertrand, le scandale du Médiator révèle des défaillances graves qui ne peuvent rester sans réponse. Les responsables politiques, s’ils veulent être dignes de ce nom, doivent s’expliquer - à commencer par les ministres de la Santé, de gauche et de droite, de Martine Aubry à Philippe Douste-Blazy, de Bernard Kouchner à Xavier Bertrand lui-même. Mais dans ce grand déballage, il en est un qu’on n’entend pas, c’est Jacques Servier, patron des laboratoires du même nom, qui commercialisaient le Médiator. Il ne s’est exprimé qu’une fois, pour dire qu’il ne comprenait pas bien où étaient tous ces morts, dénoncer «une fabrication», et ajouter que les soupçons d’entente avec l’autorité de contrôle le faisaient «sourire». Oui, tout cela le fait sourire. Monsieur Servier a bâti avec ses médicaments une fortune estimée à 3,8 milliards d’euros. On comprend qu’il sourie, non ?

Crise de la zone euro : Trichet en appelle à la responsabilité des Etats

Les Etats et les institutions de la zone euro doivent assumer à la fois leur responsabilité individuelle et leur responsabilité collective dans la crise actuelle, a déclaré ce lundi Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE). Il a par ailleurs qualifié "d'absurde" l'hypothèse d'une sortie d'un pays de la zone euro. "Le plan irlandais est précisément fait pour permettre à l'Irlande de faire face à ses problèmes propres, qui sont des problèmes reposant assez largement sur son système bancaire. Pour ce qui nous concerne, nous nous consacrons bien entendu à notre propre responsabilité, de manière aussi rigoureuse que possible, aussi sage que possible et avec le succès que vous savez", a commenté Jean-Claude Trichet, président de la BCE, ce lundi matin sur Europe 1.
"Nous demandons bien entendu à chacun d'assumer ses responsabilités dans la période présente. Nous assumons les nôtres, elles sont difficiles mais nous les assumons pleinement. Nous demandons aux autres institutions et aux gouvernements d'être à la hauteur de leurs propres responsabilités, à la fois individuellement et collectivement."
"Nous devons à la fois avoir des responsabilités individuelles pleinement assumées - la bonne gestion de chacun des pays et, pour ceux qui ont un programme de redressement, appliquer rigoureusement le programme de redressement - et bien entendu aussi, assumées collégialement, par une bien meilleure gouvernance et par un fonds de stabilisation qui soit capable d'assumer toutes ses responsabilités", a-t-il ajouté. "Cela veut dire concrètement faire plus individuellement et faire plus collectivement dans la crise grave que nous avons, qui n'est pas une crise de l'euro, qui est une crise de la stabilité financière."
Interrogé sur la situation spécifique de la France, Jean-Claude Trichet a répondu: "chaque pays de la zone euro doit faire lui-même ses propres efforts. Et donc notre message pour la France est exactement le message que nous avons pour chacun d'entre eux: être aussi attentif que possible à rendre parfaitement crédibles les programmes qui ont été engagés." Interrogé sur l'éventualité d'une sortie d'un pays de l'euro, il a simplement répondu: "je ne commente pas ce qui est une hypothèse absurde".

Ingenico et les intérêts français


Cette histoire se déroule ces jours-ci et soulève un très classique débat. Celui entre ce que les uns appellent la défense des intérêts industriels de la France et ce que les autres dénoncent comme du protectionnisme. L’entreprise dont il s’agit, c’est Ingenico. Son nom ne vous dit peut-être rien, sauf si votre œil tombe sur lui quand vous prenez de l’argent dans un distributeur de billets ou quand vous tapez (dans un magasin) votre code de carte bancaire sur un terminal de paiement. Ingenico est le numéro deux mondial de ce type de terminaux, n° 1 en Europe, n° 2 en Chine et aux Etats-Unis. C’est une belle entreprise de 2.800 salariés, dont la stratégie actuelle est de se diversifier des matériels vers les services (la sécurité des transactions).


C’est une si belle société qu’elle suscite des convoitises. A tel point que le cours de l’action a « explosé » de 60% depuis le début de l’année. Et du coup, soit parce qu’ils se sont dits que c’est le bon moment pour réaliser une bonne opération, soit pour des raisons stratégiques (se développer avec quelqu’un qui a plus de moyens), les actionnaires et les dirigeants d’Ingenico ont eu envie de vendre. Ils ont reçu, ont-ils annoncé vendredi, une grosse offre d’un concurrent américain, en l’occurrence Danaher.


… et c’est là que l’Etat intervient. Selon nos informations, il a décidé de bloquer. L’Etat qui a non pas un mais deux moyens de pression pour empêcher la cession d’Ingenico. Le premier est simple : 22% du capital sont détenus par le groupe aéronautique Safran, lui-même contrôlé par l’Etat. Safran aurait voulu se débarrasser de cette participation chez Ingenico pour engranger du cash, l’Etat lui a dit, ce week-end, non. Safran n’étant plus vendeur, la pression devrait diminuer. Quand on est américain, avoir l’Etat français sur la chaise d’à côté dans un conseil d’administration n’est pas tentant !


Mais le gouvernement a un autre levier. Depuis 2006, il peut s’opposer à la vente d’entreprises dont les métiers sont stratégiques. Or, Ingenico fournit à Safran une technologie de cryptologie ultra pointue. Mais tout ceci, le rôle de l’Etat, n’est bien sûr pas évoqué dans le communiqué publié dimanche soir.


L’Etat a-t-il raison de vouloir que la société reste française ? Débat éternel ! A priori, si Renault rachète Nissan puis Dacia, si EDF rachète les centrales nucléaires de British Energy, si GDF-Suez rachète (la semaine dernière) le tout aussi britannique International Power, on ne voit pas pourquoi la France interdirait la vente d’Ingenico. Les distributeurs de billets, ce n’est pas la défense nationale ! Cela étant, l’Etat est dans son droit le plus absolu d’actionnaire même si c’est un peu bizarre de contrôler les DAB.


Eric Besson, le nouveau ministre de l’Industrie, envoie un signal clair : le patriotisme économique est de retour et les investisseurs étrangers seront, si c’est nécessaire, reconduits à la frontière !

Thierry Mariani



Le secrétaire d'Etat aux Transports a eu chaud au coeur en décrochant enfin un poste gouvernemental lors du récent remaniement, mais la neige qui a bloqué routes et aéroports s'est chargée de refroidir son enthousiasme. Entré à dix-huit ans au RPR, l'ancien élève du petit séminaire d'Avignon fait figure de grognard à droite. Sa fidélité à Nicolas Sarkozy est toutefois restée longtemps insuffisamment récompensée à ses yeux. L'ex-maire de Valréas, la ville où son père était artisan dans le bâtiment, a même estimé avoir été « pris pour un con » quand le chef de l'Etat lui a refusé un maroquin après les dernières régionales. Ce représentant assumé de la « droite populaire » a, il est vrai, de bons conseils à prodiguer en haut lieu quant à la manière de braconner des électeurs sur les terres du Front national. Le natif d'Orange n'a jamais fait de quartier sur l'immigration, défendant le recours aux tests ADN et les statistiques ethniques. Marié à une Russe, ce diplômé de relations internationales appartenait au groupe d'études sur le Tibet à l'Assemblée, mais c'est pour sa participation avec deux autres députés à un voyage controversé à Bagdad avant la seconde guerre du Golfe qu'il s'est surtout fait remarquer. Inamovible président des Chorégies d'Orange, il a été un actif militant du collectif Jamais sans mon département, avocat des numéros minéralogiques traditionnels. Un slogan qui ressemblait à un Toujours avec ma circonscription de la part de celui qui a représenté sans discontinuer le Vaucluse au Palais-Bourbon pendant dix-sept ans.

Double tranchant


La Chine ne s'en cache même pas. Il y a des secteurs stratégiques dans lesquels les industriels étrangers ne peuvent être au mieux que les partenaires minoritaires d'acteurs chinois. Les Etats-Unis l'admettent tout autant : les prises de contrôle de groupes stratégiques par des investisseurs non américains ne sont pas interdites par principe, mais restent soumises à un long processus d'approbation débouchant régulièrement sur un « no ». La France serait donc bien naïve si elle s'avérait être la seule à laisser filer vers l'étranger sans broncher ses pépites ou ses centres de décision. Le gouvernement Villepin avait d'ailleurs, en 2005, indiqué que, dans certains secteurs clefs, l'Etat souhaitait disposer d'un droit de regard.


Que les pouvoirs publics s'opposent au rachat d'Ingenico par un groupe américain n'est ainsi pas en soi choquant. Non seulement cette entreprise technologique est active dans l'univers de la défense et de la sécurité via ses produits de cryptologie, mais l'Etat est en outre déjà un actionnaire - certes indirect, via Safran -de ce groupe. On est donc loin de l'imbroglio dans l'univers du yaourt qui avait vu le gouvernement agir en coulisse pour dissuader Pepsi de partir à l'assaut de Danone.


Cela dit, au moment où la France s'énerve de voir Eurostar commander des trains chez Siemens plutôt que chez Alstom, ou alors que le ministère de la Défense a été tenté de bloquer une commande de camions passée à Fiat plutôt qu'à Renault Trucks, on peut légitimement se demander si le recours au patriotisme économique, qui devrait être l'exception bien plus que la règle, n'est pas en train de basculer du mauvais côté. Si, après Gemplus (Gemalto), l'Etat redoutait de voir une autre entreprise tricolore changer de couleur de passeport, il aurait pu le faire savoir en amont.


Car brandir ainsi, au dernier moment, l'arme de la préférence nationale est à double tranchant. Le gain à court terme peut s'avérer coûteux à long terme ! Trop protéger d'un éventuel prédateur ou de la pression de la concurrence internationale un producteur domestique, c'est prendre le risque d'avoir, demain, des entreprises françaises moins efficaces, tentant de vendre plus cher des solutions moins innovantes. Surtout, au moment où nos propres entreprises ont un besoin crucial d'aller chercher la croissance sur la scène internationale, fermer de façon arbitraire notre accès à certains, c'est prendre le risque qu'on nous claque, à notre tour, la porte au nez.

Italie : 
qui est le plus malade ?

Il est avéré que Silvio Berlusconi n'a sauvé sa tête qu'en achetant les votes de deux députés. Qu'importe, puisqu'il en avait déjà acheté beaucoup d'autres, à des prix que d'ailleurs distille la rumeur (300.000 euros cash, ou un emploi fictif de « conseiller » à 150.000 euros par an pendant cinq ans). Mais il ne pourra pas payer tout le monde tout le temps. Le pays a pris les couleurs violacées d'un Bas-Empire décadent : corruption gangrénant la société politique, impunité protégeant le maître, débats dégénérant en pugilats, monopole médiatique conditionnant l'opinion, laquelle oscille entre abêtissement et dérision. Et, au sommet, un vieillard cynique, bourré de liftings et d'implants pour faire « buona figura », et de Viagra pour afficher sa « virilità ». En fait, si ce grand malade peut ainsi gouverner dans l'obscénité, c'est que le pays lui-même n'est pas bien portant.

On est par exemple stupéfait de l'incapacité des opposants à présenter une alternative crédible et durable. Encombrés par leurs nuances et leurs calculs, la gauche, le centre gauche ou le centre ne sont parvenus qu'exceptionnellement à le renverser, mais sans pouvoir se maintenir (Prodi). Le centre droit, infecté par ses pratiques du temps d'Andreotti, continue de se vendre au plus offrant. Les droites conservatrices ou séparatistes (Ligue du Nord) ont trouvé avec lui l'occasion d'exploiter leurs démagogies locales, et les postes qui y sont attachés… La maladie de Berlusconi n'est en somme que le symptôme - et non la cause -du mal des Italiens.

Or ils ne sont pas plus mauvais que d'autres, au contraire. Mais leur Constitution et leur mode de scrutin calamiteux leur ont octroyé 62 gouvernements en soixante-quatre ans et généré cette classe politique qui, par nature, n'a pas intérêt à les réformer. A force de ne pas vouloir être gouverné, le peuple italien va peut-être comprendre qu'il est temps de rompre avec ces mauvais calculs. La guérison est à ce prix.

Irlande : la BCE étrille le plan de sauvetage bancaire

L'institut d'émission européen s'inquiète des effets néfastes qui pourraient résulter du projet de loi adopté en Irlande pour stabiliser son système bancaire.

La crise irlandaise met à nouveau la Banque centrale européenne (BCE) sous pression. Celle-ci a de « sérieuses préoccupations » et craint de faire les frais de défauts de solvabilité en provenance de banques irlandaises, selon une opinion publiée vendredi soir sur son site Internet à propos d'un projet de loi de sauvetage du secteur bancaire irlandais.
Ce projet est critiqué par la BCE en ce qu'il ne tient pas assez compte des droits des banques centrales, notamment l'irlandaise, en tant que créancières des banques commerciales. Une loi promulguée la semaine dernière par Dublin octroie par ailleurs à l'Etat irlandais des pouvoirs étendus pour mener la restructuration du système bancaire, notamment la possibilité d'imputer des pertes aux détenteurs d'obligations non prioritaires.
Face aux inquiétudes européennes, l'Irlande a toutefois défendu cette loi et a garanti que la BCE ne serait pas affectée par ces mesures. « Il n'est pas question qu'une banque centrale, que ce soit la BCE ou toute autre banque centrale nationale créancière des institutions, soit exposée financièrement par l'exercice des pouvoirs du ministre décrétés par cette loi », a déclaré un porte-parole du ministère des Finances.
Les données les plus récentes montrent que les banques de l'île d'Emeraude captent à elles seules 136 milliards d'euros de prêts accordés par la BCE, soit un quart des opérations de refinancement effectuées dans la zone euro. D'autres liquidités, pour 45 milliards d'euros, ont été octroyées aux banques par la Banque Centrale d'Irlande. La crise s'est aggravée après que la note souveraine de l'île a été dégradée la semaine dernière de cinq crans par l'agence Moody's. La BCE a ensuite signé un accord pour une facilité de swap de 10 milliards de livres sterling avec la Banque d'Angleterre pour tenter de limiter les problèmes du système bancaire irlandais. Les observateurs y voient un signe que les banques de ce petit pays sont toujours sous la menace d'un manque de liquidités malgré le soutien massif reçu de la BCE.
En échange de ces liquidités, les établissements bancaires demandeurs doivent apporter en garantie des actifs répondant à des normes de qualité élevées. Aussi, le projet de loi irlandais ne doit pas conduire à « affecter les opérations ou les droits de la banque centrale (irlandaise) ou de la Banque centrale européenne, ou d'aucune autre banque centrale » au sein de l'Eurosystème, prévient la BCE. En clair, l'institution voudrait être sûr qu'elle dispose de garanties de qualité suffisante pour ne pas faire les frais d'un défaut de remboursement de fonds avancés.
Globalement la BCE réclame que soit clarifié dans la loi finale le fait que les droits des banques centrales, comme créanciers de tout institut, ne seront pas affectés.

Au Québec, Noël commence chez les lutins bûcherons

"Lutin, lutin, viens ici ! J'ai trouvé mon sapin!", crie Marie, sept ans, en s'enfonçant dans la neige de la forêt québécoise, où des milliers de familles viennent couper leur arbre de Noël.
Le lutin, - un rouquin de vingt ans portant un bonnet pointu coloré et une tunique assortie - arrive armé d'une scie à main et coupe en quelques secondes le beau conifère touffu de deux mètres de haut choisi par la petite fille.
Aux Plantations Fernet à Saint-Cuthbert, à 100 km de Montréal, ce qui pourrait être un achat banal devient une aventure et un moment de magie de Noël pour les enfants.
Pour gagner le milieu de la forêt et en revenir avec le gros sapin, on voyage sur une remorque tirée par un énorme tracteur. Au retour, si l'air est frais - et il est rare qu'il en soit autrement - on peut se restaurer dans une grange convertie en restaurant en dégustant une "soupe aux boutons" (légumes), d'excellentes crêpes au sirop d'érable, ou, plus surprenant, des saucisses flottant dans le même sirop.
"Dans le temps, les familles prenaient un gros sapin, venaient et coupaient la tête", raconte Cécile Grandchamp, directrice des Plantations Fernet. "C'est une tradition québécoise, j?ai voulu faire revivre cette magie-là".
Pour les Américains du Nord, les plus beaux sapins se trouvent au Canada. Au début du siècle, près de deux millions d'arbres partaient chaque année à Noël vers les Etats-Unis et le Mexique. Mais avec un dollar canadien fort, et une concurrence de plus en plus féroce, les exportations ne cessent de baisser: 1,8 million en 2008, 1,7 million en 2009...
Dès avant l'an 2000, sentant le vent tourner, les planteurs ont trouvé un remède: faire du sapin le centre d'un univers festif.
Ils se sont donc lancés dans "l'autocueillette" comme on dit au Québec. "Venez couper votre sapin", appelle une inscription visible de loin sur le toit de la grange-restaurant des Plantations Fernet.
Une fois sur place, les enfants trouvent plein d'autres activités: une petite colline de neige aux pentes raides invite aux glissades sur les fesses, une "cabane à sucre" propose des "tires sur la neige" - bonbons mous fabriqués sur place en versant du sirop d'érable bouillant sur la glace ou la neige compacte.
Sans compter les balades en carriole ou en traîneau tirés par les chevaux, une boutique offrant les produits de la région et, clou du programme, une audience chez le Père Noël en personne qui officie dans une pièce de la grange...
Chaque année, en l?espace des quatre fins de semaine précédant Noël, la plantation attire 10.000 personnes. Un succès inattendu qui a permis aux propriétaires d'arrêter les exportations vers les Etats-Unis et d'offrir du travail à une quarantaine de "lutins", entre bûcherons, cuisiniers et conducteurs de tracteurs, recrutés dans les villages alentour.
Le tracteur retourne au point de départ avec ses deux remorques, celle des passagers et celle transportant les sapins fraîchement coupés.
Avant de repartir pour la ville, il y a encore "la danse du sapin", comme l'annonce un panneau accroché sur une machine dont on a du mal à deviner le fonctionnement.
L'arbre est mis debout sur une plaque qui se met à vibrer violemment: la neige et les feuilles mortes s'envolent aussitôt et le sapin, tout beau tout propre peut être emballé dans un filet de plastique et placé sur le toit de la voiture. Par un lutin, bien entendu.

Chiffon rouge

Il est des thèmes « chiffons rouges » (ou roses), emblématiques d’une politique, contre lesquels les taureaux adverses ont inévitablement envie de foncer. Les 35 heures sont de ceux-là. Et comme Martine Aubry, patronne du PS, porte la responsabilité de cette loi phare de la gauche, il ne faut pas s’étonner que le patron de l’UMP Jean-François Copé entre en guerre contre cette réforme vieille de dix ans : il juge qu’elle handicape l’économie française et coûte cher à l’État.
Que les 35 heures aient entraîné leur lot de désorganisation, qu’elles n’aient pas permis la création d’autant d’emplois qu’espéré, qu’il ait fallu mettre en place d’onéreuses solutions de contournement à base d’heures supplémentaires, nul n’en disconviendra. Que la réforme ait été particulièrement complexe pour le secteur public, et le monde hospitalier en particulier, n’échappe à personne. Mais, malgré tout, les salariés français restent attachés aux 35 heures et aux journées de récupération auxquelles elles donnent droit. Cela se paye souvent d’un surcroît de productivité et donc de stress, mais ils y tiennent, parce que cela libère du temps de loisir et, surtout, parce que cela permet une meilleure articulation entre vie familiale et vie professionnelle. Sujet majeur dans une société française où pères et mères de famille travaillent et ne renoncent pas à élever des enfants.
Le gouvernement et Xavier Bertrand semblent peu pressés de revenir sur le sujet. L’allongement de la carrière professionnelle, lié à la réforme des retraites, est suffisamment épineux pour ne pas en rajouter ; et des dossiers délicats (notamment autour de la dépendance) exigent une mobilisation totale des partenaires sociaux. Si la réflexion menée au sein de l’UMP par Jean-François Copé doit être une occasion de penser mieux l’organisation du travail, notamment dans la perspective de retraites plus tardives, si elle mesure les attentes des salariés comme des employeurs, tant mieux. Mais si le but principal était de ferrailler contre la gauche en déconstruisant l’une de ses réformes symboliques, ce serait faire un bien mauvais usage du temps de travail des parlementaires.

Doit-on en finir avec les 35 heures ?

Dans un entretien à « La Croix », le ministre du travail Xavier Bertrand oppose une fin de non-recevoir à ceux qui, comme Jean-François Copé, prônent une abrogation des 35 heures

Le nouveau secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a décidé de relancer le débat sur la réduction du temps de travail contre l’avis de l’Élysée.

Alors que le ministre du travail, Xavier Bertrand, assure qu’il n’y a pas lieu de revenir sur ce sujet – plusieurs dispositions ayant été prises pour amoindrir la portée de cette réforme – il vient de confier « une mission de réflexion » sur cette question aux deux principaux animateurs des réformateurs, le courant le plus libéral de l’UMP : Hervé Novelli (député et secrétaire général adjoint de l’UMP) et Gérard Longuet (président du groupe UMP au Sénat).

Cette initiative n’a rien d’un hasard. La première raison est d’ordre conjoncturel : comme chaque année à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances, la droite accuse la gauche d’avoir durablement plombé les finances publiques avec la réduction du temps de travail.

La seconde est d’ordre structurel : une partie de la droite n’a jamais digéré les 35 heures et est bien décidée à poursuivre sa guérilla jusqu’à la neutralisation financière de la réduction du temps de travail ou son abolition, soit par un retour aux 39 heures hebdomadaires, soit par une suppression de la durée légale de travail qui serait fixée par voie conventionnelle.

Imposer ce débat avant l’élection présidentielle, comme il l’avait fait pour la burqa, permet à Jean-François Copé de se poser en champion de la droite de conviction et de viser directement celle qui avait porté cette réforme, Martine Aubry, première secrétaire du PS.

Quels sont les salariés concernés par les 35 heures ?

Dans les entreprises comme dans la fonction publique, la durée légale du travail pour les salariés est fixée à 35 heures par semaine, ou à 1607 heures par an, selon une modulation qui peut permettre l’octroi de jours de réduction du temps de travail.

En revanche, les salariés, cadres ou non, qui sont en « forfait jours » ne sont pas concernés par les 35 heures. Pas plus que les cadres dirigeants ou les VRP, non tenus à des horaires précis.

Enfin, dans quelques secteurs (employés de maison, gardiennage, commerces de détail alimentaire, transport routier de marchandises), où certaines heures sont supposées creuses, un système d’heures d’équivalence permet de faire travailler plus sans majoration salariale.

Par ailleurs, la durée légale ne se confond pas avec la durée effective du travail. D’abord, selon la Dares (1), dans les entreprises employant 10 personnes ou plus, 16,1% des salariés travaillent à temps partiel. À l’inverse, certains salariés font des heures supplémentaires.

Au total, pour un temps complet, la durée moyenne est de 36,1 heures, un chiffre stable depuis deux ans. 3,8% des salariés à temps complet travaillent entre 32 et 35 heures, 80,1% entre 35 et 36 heures, 8% entre 36 et 39 heures, et 8,1% 39 heures ou plus. C’est dans les secteurs de l’hébergement-restauration, de la construction et des « transports et entreposage » qu’on fait le plus d’heures supplémentaires.

Que reste-t-il des lois Aubry ?

Depuis la mise en place des 35 heures, des voix n’ont cessé de s’élever, à droite et dans le patronat, pour les remettre en cause. Si, à l’heure actuelle, les 35 heures demeurent la durée légale de travail, au-delà de laquelle se déclenche la majoration salariale pour heure supplémentaire, une série de lois ont créé des outils pour les contourner en tentant d’augmenter le temps de travail effectif. Avec un succès relatif, qui varie selon le contexte économique.

Ainsi, le contingent d’heures supplémentaires maximal par salarié a été relevé d’abord de 130 jours à 220 jours, sans provoquer d’engouement. Depuis 2008, l’employeur est même autorisé à négocier son propre contingent avec les syndicats. Surtout, en 2007, les heures supplémentaires ont été exonérées de charges pour les entreprises et d’impôt pour les salariés contribuables, de façon à en encourager l’usage.

Après avoir grimpé en flèche, le nombre d’heures supplémentaires a fortement régressé pendant la crise. Selon le dernier bilan officiel, chaque salarié à temps complet en aurait fait en moyenne 10,2 au deuxième trimestre 2010.

Enfin, le recours aux forfaits jours, qui permet de contourner le décompte en heures de travail, d’abord autorisé uniquement pour les cadres, a été progressivement étendu à d’autres catégories de salariés. Aujourd’hui, 9,6% des salariés sont décomptés en forfait jours.

Les 35 heures pèsent-elles toujours sur les finances publiques ?

L’État verse au total 21,18 milliards d’euros aux Urssaf en compensation des allègements de cotisations sociales patronales. Or, depuis 2003, ces allègements dits Fillon cumulent non seulement les allègements Aubry (1998) liés à la réduction du temps de travail, mais aussi les allègements Balladur (1993) et Juppé (1996) liés, eux, à la réduction du coût du travail sur les bas salaires. Les finances publiques ne comptabilisent donc pas précisément combien pèsent aujourd’hui les 35 heures sur le budget de la nation.

En 2008, le Conseil d’analyse économique (2) a cependant évalué que, sur un total de 21,5 milliards d’euros en 2007, « environ 9 milliards d’euros correspondent aux allègements généraux sur les bas salaires antérieurs à la RTT » (43%) tandis que « le reste, soit environ 12 milliards d’euros, correspond à l’accroissement des allègements liés à la mise en œuvre de la RTT et la convergence vers le haut des smic et des garanties mensuelles de rémunération qui s’en est suivie » (57%).

On peut considérer que ces 12 milliards d’euros environ correspondent toujours au coût actuel des 35 heures.

Les 35 heures ont-elles réduit la compétitivité des entreprises ?

En diminuant la durée légale du travail sans baisser les salaires, la loi sur les 35 heures a conduit à l’augmentation du coût horaire du travail. Mais les réorganisations dans les entreprises et les aides de l’État qui ont accompagné la réforme ont nuancé les conséquences sur la productivité des entreprises.

Éric Heyer, économiste à l’OFCE, souligne les moyens par lesquels celles-ci ont maintenu leurs coûts : « le gel des salaires pendant dix-huit mois », « des gains de productivité via d’importantes réorganisations et l’annualisation du temps de travail qui a permis d’enlever un grand nombre d’heures supplémentaires », sans oublier « les aides de l’État », qui représentent aujourd’hui un peu plus de 21 milliards d’euros d’allègements de cotisations sociales patronales.

« On ne peut pas dire qu’il y ait eu une perte de compétitivité », conclut-il, précisant que le constat vaut surtout « dans le privé ». Car dans le secteur public, à l’image des hôpitaux, la mise en place des lois Aubry a été un « grand fiasco », faute de préparation.

« Il est très difficile d’établir le lien entre la mise en place des 35 heures et une chute de la compétitivité des entreprises françaises », estime Denis Ferrand, directeur de l’institut COE Rexecode. Favorable à une politique de l’offre, il juge que « les 35 heures ont conduit à une désorganisation du système productif ».

Éric Heyer précise que les lois Aubry n’ont pas eu les mêmes effets selon la taille des sociétés. « Globalement, les grandes entreprises industrielles et à bas salaire y ont gagné, ce qui n’est pas le cas des plus petites, dans le tertiaire, où les salaires étaient un peu plus élevés. »

Peut-on supprimer les 35 heures ?

Les lois Fillon, en 2003, puis la défiscalisation des heures supplémentaires dans le cadre de la loi Tepa, en 2007, ont permis d’augmenter la durée du travail et de contourner les 35 heures. Depuis plusieurs années, elles ont été « complètement assouplies », résume Éric Heyer.

Pour autant, la fin des 35 heures ne semble pas pour demain, car « beaucoup de chefs d’entreprise ne le veulent pas ». Favorable à la réintroduction de « souplesse, dans les entreprises où il existe un bon dialogue social », Denis Ferrand souligne que « certaines peuvent fonctionner aux 32 heures, quand d’autres ont besoin de 40 heures ». Et il note que « la majoration sur les heures supplémentaires a paradoxalement sacralisé les 35 heures comme référentiel ».

Pour Éric Heyer, la fin des 35 heures pourrait être mise en place, mais elle ne correspond pas à une réelle volonté politique, même de la part des détracteurs des lois Aubry : « L’idée de la majorité présidentielle est d’augmenter la durée de travail. Pour y parvenir, soit vous augmentez la durée légale, soit vous incitez aux heures supplémentaires. Le gouvernement a choisi la seconde option. »

(1) Dares : Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (ministère du travail).
(2)
Les Allègements de cotisations sociales patronales sur les bas salaires en France de 1993 à 2007, de Jean Boissinot, Julien Deroyon, Benoît Heitz et Véronique Rémy.