TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 11 décembre 2010

Dissidents


Nous sommes le camp du bien et une chaise vide le prouve, que l’Occident a vénérée à Oslo, en honorant Liu Xiaobo, le Prix Nobel de la paix empêché, notre saint… Pendant ce temps, Julian Assange, notre diable, croupit en prison à Londres, accusé de viol par la prude Suède, au risque du doute et de la manipulation. Mais les gens sérieux qui nous gouvernent en frémissent, voulant Assange coupable, l’espérant brisé, pour que se taise WikiLeaks, pour qu’y réfléchissent tous ceux qui prétendraient troubler les vérités officielles.
D’une prison l’autre et toutes se valent ? Il est des coïncidences de vocabulaire perturbantes: c’est pour "subversion au pouvoir de l’Etat" que Liu Xiaobo est emprisonné. Précisément ce que pratique WikiLeaks: une oeuvre subversive contre nos Etats, et leurs étouffements, en Irak ou ailleurs… D’un Etat l’autre et il ne fait jamais bon chatouiller les puissants?


La comparaison est odieuse? Mais elle existe, elle est dite. C’est Poutine qui en a joué, terrible Russe avec qui nous commerçons pourtant sans frémir, complice de la Chine pour mépriser Liu Xiaobo, mais qui se pose en défenseur d’Assange pour nous ôter notre supériorité morale. Ce culot? Mais Poutine n’est pas seul. Le Brésilien Lula aussi, un démocrate, quel démocrate!, nous réclame la liberté pour Assange… Et avec eux des manifestants partout dans le monde, et ces jeunes gens qui piratent les sites Internet des puissances d’argent complices de l’étouffement de WikiLeaks. Jeunes indignes ou indignés, justement? Idiots utiles de Poutine et de la Chine? Ou frères plus chanceux des internautes chinois, qui utilisent le Web pour entrapercevoir la liberté, comme des internautes, ici, en espèrent un peu de vérité? Ils existent. L’un d’entre eux, âgé de 16 ans, a été arrêté aux Pays- Bas. Un adolescent en prison, sommes-nous cela?


L’Occident n’est pas la Chine, Assange n’est pas Liu Xiaobo et l’enjeu de WikiLeaks ne vaut pas la question démocratique en Chine. Mais cette distinction ne clôt rien. Nos valeurs sont supérieures, mais en sommesnous dignes? Comme dans les années 1960-1970, une génération se lève, conscientisée en marge de la vieille politique – la contreculture alors, le Web aujourd’hui – et cette génération ne se satisfait pas d’un monde occidental gargarisé de sa propagande. Et l’Occident ne peut pas impunément célébrer les dissidents d’en face tout en commerçant avec leurs persécuteurs, et en matraquant, chez lui, ceux qui le contestent, ou testent ses principes…


Il y a quarante ans, le monde libre vibrait aux dissidents soviétiques, mais la CIA du monde libre faisait renverser Allende au Chili, et les flics des pouvoirs brisaient les reins des gauchistes. Aujourd’hui, un ministre français, Besson, décrète WikiLeaks "criminel", un ministre américain, Gates, se réjouit de voir Assange emprisonné, on prend l’étranger en bouc émissaire de nos sociétés… On copine avec Poutine, mais Sakineh et Liu Xiaobo sont nos excuses et nos icônes, nos prétextes aussi. Peut-on se contenter de ne pas être chinois?

On n'est pas couché - DAMIEN BAÏSER



La ville d'Amsterdam interroge des clients de prostituées par Internet

Amsterdam, Envoyé spécial - La ville d'Amsterdam a décidé de consulter, via Internet, les clients des prostituées locales pour fixer sa nouvelle politique en matière de mœurs. Près de quarante d'entre eux, Néerlandais et étrangers, ont accepté de confier leurs expériences et leurs impressions alors que la ville lance une campagne destinée à mieux lutter contre la traite des êtres humains.

Amsterdam prend ainsi le contre-pied de politiques menées en Europe du Nord – en Suède particulièrement – où le fait d'être client d'une prostituée est punissable pénalement.
Selon les responsables municipaux, ces témoignages pourront aider à une meilleure prise en compte de problèmes sanitaires mais aussi à débusquer des cas d'abus dont seraient victimes les prostituées. "Les clients sont les seuls à savoir ce qui se déroule une fois la porte fermée", commente l'un des responsables de l'enquête.
RÉGULER LA PROFESSION
Actuellement, des consommateurs racontent déjà, sur deux sites Web privés, certaines de leurs visites, ce qui aide les services sociaux et la police des mœurs à s'informer sur diverses situations. Par ailleurs, un site de la police enregistre anonymement les signalements de mauvais traitements (bleus, prénoms d'hommes tatoués…).
La prostitution a été légalisée en 2000 aux Pays-Bas. Celles et ceux qui la pratiquent sont invités à s'enregistrer. Un texte en discussion à la chambre des députés prévoit que les clients qui auraient recours aux services de personnes non enregistrées seraient désormais punissables.
Amsterdam estime, en revanche, que les clients de prostituées déclarées peuvent l'aider à mieux réguler la profession, notamment dans le quartier De Wallen, la "zone rouge" de la ville où, selon les estimations, les bars sont fréquentés chaque année par quelque 200 000 hommes.
Malgré la légalisation, la situation de nombreuses prostituées des Pays-Bas ne semble pas s'être améliorée. Un tiers des clients réguliers consultés par la ville affirme s'être rendu compte qu'une prostituée avec laquelle ils avaient des relations était soumise à une contrainte.

"A un moment, DSK devra choisir où il est le plus utile"

Trop Trop : Le Parti socialiste peut-il attendre Dominique Strauss-Kahn ?
Jean-Christophe Cambadélis : Oui, tout à fait, car il a beaucoup de travail, ce Parti socialiste. Nous avons devant nous des élections cantonales et sénatoriales ; un rendez-vous au printemps pour adopter, hiérarchiser et financer notre programme ; des primaires qui devront rassembler près d'un million d'électeurs ; et enfin le rassemblement de la gauche et des écologistes. Voilà qui devrait nous occuper et nous permettre d'attendre si Dominique Strauss-Kahn souhaite venir.
Tawin : N'est-il pas risqué pour le PS de ne désigner son candidat qu'en automne 2011, alors que la machine présidentielle se sera déjà mise en marche?
Jean-Christophe Cambadélis : La machine présidentielle, vous voulez parler du président sortant ? Auquel cas elle est très grippée, cette machine. Nicolas Sarkozy est contesté, ici ou là on s'interroge pour savoir s'il ne faut pas lui substituer M. Fillon. Les candidats se bousculent au centre – François Bayrou, Jean-Louis Borloo –, dans son propre camp –Villepin – le Front national monte. Il n'y a donc aucune raison politique pour que le Parti socialiste se précipite.
J'observe enfin que c'est en juin que le Parti communiste répondra ou pas à Jean-Luc Mélenchon. C'est au même moment que Besancenot se décidera. Et dans les mêmes eaux que les écologistes choisiront définitivement.
Nous sommes dans l'épure de l'ensemble des formations politiques, le président de la République sortant ayant indiqué qu'il se déciderait en décembre-janvier. Pourquoi faudrait-il que le PS soit la seule formation, à part Lutte ouvrière, à accélérer son calendrier ?
NicolasD : Quand le PS réalisera-t-il que la priorité numéro 1 est de trancher la question du leadership, non réglée depuis 2002 ? Construire le programme avant de sélectionner le candidat n'a pas de sens. Quelle marge aura alors le candidat ?
Jean-Christophe Cambadélis : Lorsque nous tentons de sélectionner le meilleur candidat pour représenter la gauche, on nous dit que nous ne sommes pas au clair sur notre alternative, et que notre candidat sera bousculé par cette absence de clarification. Quand on tente de clarifier, on nous dit : "Pourquoi mettre le programme avant le candidat ?"
Nous avons une stratégie, celle de dire que le rejet de Nicolas Sarkozy, qui est extrêmement fort, n'est pas suffisant pour élire un candidat de gauche à l'élection présidentielle. C'est le bilan que nous avons tiré de 2002 et de l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle. Cela veut dire que la personnalité de notre candidat ne suffit pas à catalyser le rejet de Nicolas Sarkozy, même si c'est important.
Il faut, pour être solide, tout à la fois un candidat, mais surtout indiquer un autre chemin à la France. Car la question que l'on nous pose sur le terrain, que l'on perçoit dans les sondages, c'est : "Qu'est-ce que vous vous proposez, est-ce que vous pouvez faire autre chose ?" Et ne pas répondre à cette question, c'est fragiliser par avance le candidat, quel qu'il soit, car il s'effritera dans la campagne.
Marcel : En quels termes pensez-vous que se pose le choix que DSK devra faire entre direction du FMI et présidentielle ? Quels sont les éléments qui entrent en compte dans sa réflexion ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je ne peux pas parler à sa place. Je ne peux que commenter une situation que je n'ai pas évoquée avec lui. Mais si l'on regarde, il est aujourd'hui au front de la construction d'une gouvernance mondiale, de la régulation économique, de la tentative de surmonter la guerre monétaire.
Tout le monde peut comprendre que cela lui prend du temps, même s'il vient d'indiquer, après le G20 de Séoul, que nous étions entrés dans l'après-crise, tout du moins dans l'"après-cette-crise". Donc il y a ce qu'il fait, son travail, essentiel pour une croissance durable et une stabilité économique mondiale.
Et puis il y a l'appel de la France. Il se manifeste par les sondages, par les articles qui se multiplient et par une attente palpable. Je pense qu'à un moment, qui n'est pas encore venu, il devra faire un choix de priorités, où il est le plus utile pour ses compatriotes.
Clément : Ne pensez-vous pas que si DSK décide de se lancer, la bulle dans laquelle il était jusque-là éclatera et que sa cote de popularité dans les sondages chutera ? Je crois que c'est l'opinion de J.-F. Copé, et je pense qu'il n'a pas tort...
Jean-Christophe Cambadélis : Jean-François Copé a le droit de rêver. Il faut qu'il rêve très fort, car il vient de toucher un parti politique, l'UMP, qui n'est pas en capacité aujourd'hui de mener la campagne présidentielle. L'UMP ne se sort pas de la justification quotidienne de la pratique contestée de Nicolas Sarkozy.
L'UMP n'a toujours pas de projet, de programme, pour le deuxième quinquennat de Nicolas Sarkozy, si ce n'est la continuité de ce qui n'est pas, pour le moins, populaire en France. Donc si Dominique Strauss-Kahn venait, les sondages seraient vraisemblablement moins favorables.
Mais Sarkozy est là, et ils ne le sont pas du tout. L'un devra éviter de tomber, l'autre ne sait pas encore comment monter.
Jack : Les électeurs socialistes ne seraient-ils pas en droit d'avoir un candidat qui ose descendre dans l'arène, comme Ségolène Royal, plutôt que quelqu'un qui reste à l'abri, ne se mouillant pas dans les polémiques nationales ?
Jean-Christophe Cambadélis : Dominique Strauss-Kahn s'est beaucoup mouillé dans la crise économique et financière que nous avons vécue. Je crois personnellement qu'il fallait beaucoup de courage pour affronter Wall Street, la City de Londres et les marchés financiers en faisant des propositions de rupture avec le consensus de Washington qui présidait hier à la marche du FMI.
Je pense qu'il est plus confortable de ferrailler avec un Nicolas Sarkozy conspué par l'opinion que de combattre pour la régulation dans des enceintes où vous avez en face de vous Barack Obama, Mme Merkel, M. Poutine, ou encore M. Hu Jintao.
KDS : Pensez-vous que DSK a vraiment envie d'y aller ? Ne va-t-il pas faire comme Delors naguère, que toute la gauche attendait... et qui a laissé Chirac l'emporter !


"Dominique devrait corriger son côté professeur"
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo.
Jean-Christophe Cambadélis : J'en serais fort triste, mais pas désespéré. Car le Parti socialiste a la chance d'avoir deux candidats aujourd'hui en capacité de battre Nicolas Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn, qui a une équation personnelle connue, la compétence sur les questions économiques, la connaissance du monde et la connaissance via les experts du FMI, extrêmement précise, de la situation française. Nous avons aussi Martine Aubry, qui réussit l'exploit d'être dirigeante du Parti socialiste et en même temps extrêmement populaire tout en battant Nicolas Sarkozy dans les sondages.
Cela montre que l'opinion tout en espérant l'un ne se désespère pas de l'autre.

Musaraigne : A titre personnel, vous semblez miser en même temps sur Martine Aubry et DSK, qui aura votre suffrage au final ? N'importe lequel des deux ?
Jean-Christophe Cambadélis : Tout le monde sait – il suffit de voir les questions – que je suis un ami de longue date de Dominique Strauss-Kahn. Mais je veux gagner, parce que la rupture avec les années Sarkozy est une nécessité pour la France. Je peux parfaitement comprendre que Dominique Strauss-Kahn tranche pour continuer un travail essentiel à l'économie mondiale, mais aussi à la France, au FMI.
Et même si personnellement j'aurais un petit pincement au cœur, je suis tout autant ami de Martine Aubry, et je suis persuadé qu'elle a les qualités, souvent d'ailleurs complémentaires à celles de Dominique Strauss-Kahn, pour relever le gant. Elle est loyale vis-à-vis de son camp, la gauche, elle est de gauche, mais enfin il suffit de voir comment elle administre la communauté urbaine de Lille, elle est réaliste, elle est très combative. Et donc je n'aurais aucun état d'âme à être à ses côtés si l'occasion se présentait.
Riri : On dit que ni Martine Aubry ni DSK n'auraient envie d'être candidat. C'est vrai ?
Jean-Christophe Cambadélis : Nous avons changé d'époque. Le temps du noir et blanc, des DS, du tour des cantons et du téléphone à fil est terminé. A cette époque, on disait qu'il fallait penser à la présidentielle le matin en laçant ses chaussures.
Nous avons épuisé ce type d'hommes politiques qui ne pensent qu'à ça et qui, lorsqu'ils sont au pouvoir, se demandent pourquoi ils sont là. Toute leur énergie est dans la conquête, mais celle-ci les laisse sans force quant à la gestion.
Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn sont des grands serviteurs de l'Etat, de la République. Mais ils ne sont pas nés avec le désir monarchique dans leur berceau. Servir, oui ; sombrer dans le désir obsessionnel d'être président de la République, non. Pour moi, c'est une très bonne chose.
Topaz : Si DSK démissionnait serait-il tenu ou pas d'effectuer son préavis ? Vous qui êtes très proche de DSK, êtes-vous dans la confidence de ses intentions et de son timing ?
Jean-Christophe Cambadélis : Il n'y a pas de préavis au FMI. Il n'y a pas de confidences non plus. Je suis très respectueux de le laisser travailler aujourd'hui. Je pense que ce qu'il fait est indispensable et qu'il n'y a pas besoin de le déranger toutes les semaines pour le harceler dans le style "tu veux ou tu veux pas ?" Je ne suis donc pas dans la confidence.
Yves Le Pape : DSK peut-il assumer le texte sur l'égalité réelle ?
Jean-Christophe Cambadélis : Tout à fait. Il faudrait même poser la question inverse : qu'est-ce qui est inassumable dans un texte qui est intelligent sur l'école, novateur sur la santé, percutant sur le logement et qui a un seul défaut – mais ce n'était pas l'objet du texte –, celui de ne pas être accompagné d'un plan de financement ?
Nous travaillons à cela. Et au printemps, nous aurons un document hiérarchisé, financé. J'observe d'ailleurs que si ce texte était vraiment incompatible – non pas avec un retour de Dominique Strauss-Kahn mais avec une gauche réaliste –, François Hollande, Pierre Moscovici et quelques autres ne se seraient pas abstenus, ils auraient voté contre. On ne s'abstient pas lorsque la gauche réaliste est en jeu.
Ils se sont abstenus parce que c'était pour eux la dernière fenêtre de tir avant les primaires, car depuis maintenant plus d'un an et demi, nous votons les textes à l'unanimité, élaborons ensemble une plate-forme alternative à Nicolas Sarkozy. Et on comprend que les responsables qui souhaitent se présenter aux primaires aient besoin de dire qu'ils apporteraient quelque chose de nouveau à la synthèse qui est en marche.
Quant à moi, pas trop éloigné de la vraie gauche réaliste, j'ai voté pour.
David Miodownick : Peut-on réellement attendre un changement substantiel dans la politique économique de "gauche" étant donné l'état des déficits publics ? En somme, l'austérité est-elle de rigueur (remember 1983) ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je m'en souviens, ô combien ! Car nous avons commencé par 1981 avant 1983. Et nous n'avions pas à l'époque voulu prendre en compte la situation économique et le tournant a été pour le moins rigoureux, même si on pourrait objectivement démontrer que le pouvoir de Raymond Barre et de Valéry Giscard d'Estaing n'avait pas préparé la France à cette situation.
Mais je crois que l'on ne peut pas aller aux élections en disant : "Nous ferons la même politique que la droite." Il faut bien sûr prendre en compte les déficits publics, qui ont été créés un tiers par la crise et deux tiers par la politique de Sarkozy. Mais nous devons être le parti de la sortie de crise et indiquer concrètement comment, par une politique combinée en Europe et en France, nous imposerons au continent une autre politique que l'austérité renforcée de l'axe Merkel-Sarkozy.
Ruch : Quelle différence entre la politique de Sarkozy et celle suivie par DSK au FMI ?
Jean-Christophe Cambadélis : Le FMI, ce n'est pas le gouvernement de la France. J'entends par là qu'il s'agit d'une institution dans laquelle il y a les représentants de nombreux pays qui ne sont ni socialistes ni même de gauche.
Donc il faut conduire une politique dans le cadre d'un compromis, avec des forces souvent antagonistes. Il y a une part de détermination, mais aussi une science stratégique, un art diplomatique à mener pour arriver à ses fins.
Présider la France, c'est tout autre chose : vous êtes comptable de vos actes, et lorsque vous décidez le bouclier fiscal, vous en payez les conséquences. Mais je vais aller plus loin : Nicolas Sarkozy a pensé, à tort, que le choc fiscal produirait la croissance des riches et que celle-ci ruissellerait vers les pauvres.
Il s'est entièrement trompé. Il faut donc une tout autre politique, faite d'une remise en ordre de nos finances, d'une réforme fiscale, d'une confiance qui permettent de sortir rapidement de la crise. Et avec la croissance, remédier à nos déficits structurels : absence de PMI-PME, retard dans l'innovation technologique, difficultés dans l'éducation et épargne dormante.
Elloch : DSK est détesté par l'extrême gauche, compte-t- il rassembler en passant par le centre, et si oui lequel ?
Jean-Christophe Cambadélis : Arrêtons de sociologiser l'élection présidentielle. C'est le péché mignon de tous nos analystes sur les plateaux de télévision, cherchant à construire des Rubik's cube électoraux. Dans ce domaine, je ne suis pas un partisan de la demande mais de l'offre. C'est l'offre qui structure le champ politique. S'il y a une offre politique structurée, cohérente, juste, écologiste, elle amènera à elle des gens de tous horizons. Car l'engagement partisan – je suis à l'extrême gauche, je suis à gauche, je suis au centre, je suis à droite, voire je suis à l'extrême droite – est de moins en moins durable. Les électeurs sont de plus en plus stratèges, ils font leur marché dans l'espace public, peuvent être d'accord sur un sujet avec l'un, puis être d'accord avec l'autre. C'est la conséquence de la désidéologisation et de la dépolitisation. Donc il ne s'agit pas de dire que le PS doit courir après l'extrême gauche ou cajoler le centre. Le PS doit faire une offre cohérente, robuste et juste pour la France. Le reste viendra.
Quant à la question des alliances, je ne crois pas que l'on puisse fixer un préalable programmatique, voire nominatif, au Parti socialiste. Pour deux raisons : d'abord parce qu'il faut être inconditionnellement pour la défaite de Nicolas Sarkozy. C'est la clé qui ouvre le champ du possible. Ensuite, nous ne choisissons pas entre Mme Eva Joly, M. Hulot, M. Cochet, voire quelques autres ; nous ne choisissons pas entre M. Chassagne, M. Mélenchon, M. Besancenot ou la candidate de Lutte ouvrière. Il n'y a aucune raison que nos partenaires s'immiscent dans nos choix. S'ils voulaient le faire, bienvenue, il y a les primaires.
David Miodownick :  On connaît votre engagement passé et présent pour lutter contre le FN. Pensez-vous que le PS ait retenu toutes les leçons de l'électrochoc du 21 avril 2002 ? Le FN "new generation" peut-il cartonner en 2012, et si oui, au détriment de qui ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je suis sceptique, pour ne pas dire plus, du buzz actuel sur la montée inexorable de Marine Le Pen. Je pense qu'il s'agit là d'un moyen de rassembler les troupes de l'UMP et éviter la division.
Marine Le Pen a quelques talents médiatiques, mais le facho-bobo, j'y crois pas trop. C'est-à-dire ce mélange complexe entre un populisme nationaliste, mais quand même de bon teint, et quelques thèmes puisés au sein de l'extrême droite. Marine Le Pen n'a pas l'histoire de Jean-Marie Le Pen. Elle aura beaucoup de mal à unifier toutes les familles de l'extrême droite.
Elle s'appuie beaucoup, dans le moment présent, sur les mégrétistes, ce qui lui vaudra quelques ressentiments dans d'autres courants. Que lui reste-t-il ? Un populisme rugueux, mais elle n'est pas la seule à vouloir catalyser les mécontentements populaires.
Donc au bout, je la vois dans l'épure de ce que fait le Front national, mais pas en capacité d'aller au-delà. C'est déjà un problème que sur ces thèmes il y ait en France autant de popularité pour le Front national. Mais la bataille sera très clairement entre Nicolas Sarkozy et le candidat du Parti socialiste, et ceci, à mon avis, dès le premier tour.
Gaëtan Poitevin :  Selon certains commentateurs, Nicolas Sarkozy préférerait Dominique Strauss-Kahn face à lui pour les prochaines élections présidentielles. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je ne sais pas qui Nicolas Sarkozy préfère. Ce qu'il veut, c'est être le plus haut possible au premier tour, car s'il était accroché, voire battu, tout son édifice s'effondrerait. Donc je le crois beaucoup plus pragmatique qu'on veut bien le dire. Il prendra le candidat socialiste qui viendra et calera sa campagne par rapport à ce qu'il pense être les défauts du candidat socialiste en question.
C'est d'ailleurs pourquoi il ne faut pas se précipiter : tant qu'il ne sait pas, il ne peut pas construire son système de jeu, si vous me permettez l'expression. Donc il dira alternativement qu'il préfère l'un parce que l'extrême gauche n'en veut pas, ou l'autre parce que le centre ne peut pas. Mais son objectif, c'est d'être en tête au premier tour.
Jack : Vous êtes allé en Côte d'Ivoire en tant que secrétaire du PS : reconnaissez-vous la victoire de Ouattara, demandez-vous à Laurent Gbagbo de se retirer ?
Jean-Christophe Cambadélis : C'est fait : dès le premier jour, nous avons dit, au Parti socialiste, qu'il fallait que les autorités reconnaissent la victoire de Ouattara. Nous sommes aujourd'hui dans une impasse. Laurent Gbagbo refuse le résultat annoncé par la commission indépendante. Il se maintient au pouvoir malgré toutes les prises de position internationales et africaines.
M. Ouattara est élu, mais protégé par les Nations unies. Il a dû nommer M. Soro, ancien chef rebelle du Nord, alors qu'il était dans une alliance avec M. Bédier, qui est du Sud.
Les élections avaient surmonté le clivage ethnique, la suite le reconstitue. Il faut donc obtenir que Laurent Gbagbo reconnaisse le résultat, car je ne vois pas bien comment, sinon, la Côte d'Ivoire peut s'en sortir.
Dudule :  Vous étiez connu pour être un "porte-flingue" et pour vos saillies à l'égard de vos adversaires. Depuis quelque temps, votre discours est plus apaisé. Changement de style ?
Jean-Christophe Cambadélis : On vieillit... Plus sérieusement, il y a un temps pour tout. Aujourd'hui, je suis dans des responsabilités politiques européennes et internationales où c'est plutôt la diplomatie qui doit primer.
Et puis je me dis que si la gauche gagnait l'élection présidentielle, voire si elle la perdait, le temps de ma génération serait arrivé et que somme toute, je pourrais être utile au Parti socialiste.
David Miodownick :  Pourquoi Dominique Strauss-Kahn a-t-il échoué lors des primaires en 2006 ?
Jean-Christophe Cambadélis : Pour de nombreuses raisons, à la fois personnelles et objectives. Personnelles parce que je pense – il ne va pas aimer – qu'il n'était pas prêt, qu'il voyait la présidentielle comme une possibilité, mais n'avait pas encore totalement réfléchi à la France, à ses passions, à ses problèmes, à ses espoirs.
Ensuite, nous avons sous-estimé la cristallisation médiatico-sondagière autour de Ségolène Royal. Il était quasiment impossible d'avancer un argument rationnel. On nous répondait : "Elle va gagner."
Et Dominique Strauss-Kahn, qui est précisément un rationnel, avait du mal à trouver les arguments démontrant que son chemin social-démocrate, aujourd'hui tellement loué, était celui nécessaire à la France. Et puis, et puis, on ne nous a pas facilité le travail. Mais c'est de l'histoire ancienne.
aer0s :  Depuis quelque temps, on nous présente Strauss-Kahn comme le candidat parfait. Mais il a bien quelques défauts. Sur quels points faudra-t-il le plus travailler s'il se présente pour 2012 ?
Jean-Christophe Cambadélis : La rançon de son intelligence. Il va vite, absorbe très vite documents, notes et lectures, comprend très vite avant qu'une conversation soit terminée, et il lui arrive d'avoir un ton un peu professoral. Ce qui chez lui n'est pas du mépris, mais la volonté d'arriver à l'efficacité le plus rapidement possible.
Cela peut être mal compris dans une campagne électorale. Et il devra accepter de laisser percevoir le garçon sympathique, convivial, et pour tout dire blagueur, avec beaucoup d'humanité, qu'il est en réalité.

L'ESPOIR FAIT VIVRE !

Match à trois pour la présidentielle de 2012

Belle mise en scène pour les deux grands partis de gouvernement ! Samedi 11 décembre, le PS réunissait sa convention nationale sur "l'égalité réelle" à la Halle Freyssinet, à Paris. Au même moment, l'UMP tenait son premier conseil national d'après remaniement porte de Versailles. Le lieu est symbolique : c'est là que Nicolas Sarkozy avait prononcé son premier discours de candidat en janvier 2007.

Il est encore trop tôt pour savoir qui seront les candidats de 2012, mais la future échéance présidentielle est dans toutes les têtes. Martine Aubry et Jean-François Copé ne l'ont pas caché, organisant à distance la première grande confrontation idéologique entre chefs de parti, sur fond de crise financière mondiale.
Du discours de la première secrétaire du PS, on retient deux idées forces : le sarkozysme est mort, "disqualifié " par ses excès, impuissant à résoudre la "crise de civilisation" qui secoue le monde. Aux socialistes d'incarner l'"alternative" fondée sur l'"épanouissement individuel" et "l'égalité réelle". Ce dernier concept a mis des années à émerger. Il reflète une évolution fondamentale : le PS a longtemps raisonné en termes d'Etat-providence et de droits collectifs. Il constate que cela n'a pas empêché les inégalités de prospérer au point de menacer le pacte républicain. Il tente aujourd'hui de mieux appréhender les parcours individuels, avec, qui plus est, une économie forcée de moyens, puisque les caisses de l'Etat sont vides. Faire mieux avec moins ! C'est l'esquisse d'une révolution idéologique !
Jean-François Copé fait mine de ne pas s'en apercevoir. Pour le secrétaire général de l'UMP, la crise disqualifie le PS et sert Nicolas Sarkozy. Le président agit, s'adapte au monde, ose les réformes difficiles, alors que les socialistes se crispent sur leurs vieilles lunes, comme la retraite à 60 ans. Persuadé d'aller dans le sens de l'histoire, M. Copé veut que la France travaille toujours plus, et exige pour l'après-2012 l'enterrement des 35 heures, cette réforme dont le nom reste attaché à celui de Martine Aubry. La confrontation a le mérite d'être claire !
Elle est cependant trop simple, car le match n'est pas binaire. Un troisième larron rôde alentour : le Front national. M. Copé le cite comme possible trouble-fête. Mme Aubry n'en dit mot, mais ses troupes sont inquiètes. La crise est une fabrique à populistes. Et Marine Le Pen, qui prétend succéder à son père en janvier, surfe sur les difficultés sociales. Elle prône un Etat fort, défend les services publics, veut la mort de l'euro, fustige la mondialisation, dénonce les délocalisations. Ses mots peuvent trouver une oreille attentive dans les milieux populaires, comme avaient fait mouche ses attaques contre les minarets lors des régionales de mars.
Du coup, la République redevient un thème de campagne, sorte de rempart contre la mondialisation. A gauche comme à droite, tout le monde emploie le terme, mais conjugué de plus en plus avec les mots "autorité", "respect", "sécurité", "rejet du communautarisme". Comme s'il y avait urgence à redéfinir les règles du vivre-ensemble.

à Oslo, la chaise vide et les ombres

Il n'y avait pas qu'une chaise vide à Oslo pour recevoir le prix Nobel de la paix. Étaient présents aussi, en grand nombre, les ombres de ceux qui perdirent la vie, en juin 1989, sur la place Tian'anmen.

Il y avait là aussi, sans doute, dans ce nombre, cet homme seul, fragile face à un tank dont il faisait obstinément dévier la trajectoire. On se rappelle l'extraordinaire photographie qui a inscrit dans l'histoire l'immense courage d'un inconnu.

Parce que Liu Xiaobo avait dédié son prix à ses amis assassinés sur la plus célèbre place de Pékin, la chaise vide devenait ainsi le symbole le plus puissant de cette résistance des démocrates chinois.

Ce vide suggère l'immense attente, la profonde aspiration à la liberté de millions et de millions d'hommes et de femmes de ce peuple.

Ce Nobel honore la Chine

Cette évocation de Tian'anmen flétrit de fait la lâcheté des nations qui n'ont pas osé venir à Oslo pour la remise du prix. Elles ont préféré plier devant la menace chinoise pour sauvegarder des intérêts souvent simplement économiques.

Mais ce n'est pas en se résignant aux oukases du gouvernement chinois que l'on pourra espérer, un jour, parler avec la Chine en démocrate, en homme libre. Au contraire, ceux-là qui montrent leur servilité ne rendent pas service à la Chine, ils la confortent dans son raidissement, dans un isolement mental qui ne pourra durer, à l'époque de la mondialisation. À moins que cette puissance extraordinaire et si riche de diversité et de potentialité ne se veuille, demain, comme de plus en plus totalitaire... Le gouvernement chinois, par son attitude, aujourd'hui, dans l'affaire du Nobel et, hier, dans celle du dalaï-lama, commence à nous faire redouter cela.

Les gouvernants chinois n'ont pas compris que le Nobel honorait la Chine et tous les Chinois. Ils se seraient grandis en reconnaissant cela. Nous sommes déçus mais, malgré tout, quand on aime la Chine et qu'on l'admire, on n'en restera pas là. On continuera à refuser ce genre de menace et à croire à la liberté pour elle, pour les Chinois, et puis, un jour, à la démocratie pour cette grande et noble nation.

À Fribourg, Merkel et Sarkozy s’engagent à défendre ensemble l’euro

À une semaine du Conseil européen de Bruxelles, qualifié de crucial, la chancelière allemande et le président français ont affiché hier leur unité face à la crise monétaire qui secoue l’Union.

« Si l’euro échoue, c’est l’Europe qui échoue », a averti Angela Merkel. « Nous ferons ce qu’il faut pour défendre l’euro », a renchéri Nicolas Sarkozy, hier lors de la conférence de presse commune au Théâtre de Fribourg, à l’issue du treizième Conseil des ministres franco-allemand. Ce sommet a été consacré en grande partie à la préparation du prochain Conseil européen à Bruxelles, qui devrait approuver la création, d’ici 2013, d’un fonds de soutien permanent en cas de crise dans un pays de la zone euro.
« Nous devons entériner ce mécanisme de crise et changer le traité », a déclaré Mme Merkel. Un avis partagé par M. Sarkozy, selon qui « l’euro est une partie non négociable de l’avenir de l’Europe ».
Le dispositif temporaire adopté au printemps dernier porte sur un montant global de 750 milliards d’euros de prêts ou garanties pour des prêts, dont 440 milliards proviennent des pays de la zone euro, notamment de l’Allemagne et de la France, les deux principaux contributeurs. Le Fonds monétaire international (FMI) y contribue à hauteur de 250 milliards d’euros, le reste étant versé par l’Union européenne.
Deux symboles de l’union
Parmi les réformes structurelles jugées indispensables, le tandem franco-allemand a notamment évoqué la convergence fiscale entre les deux pays. « Nous devons montrer le bon exemple », a indiqué Mme Merkel. Pour M. Sarkozy, cette convergence devrait constituer « le prélude de la nécessaire convergence économique dans l’ensemble de l’Union européenne ».
Paris et Berlin rejettent l’émission d’emprunts européens prônée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de l’Eurogroupe. « Le partage des taux d’intérêt et des risques ne nous aiderait pas structurellement », a répondu la chancelière, interrogée sur cette question. « Je ne suis pas persuadé que les Français et les Allemands seraient très heureux que nous acceptions de mutualiser la dette de toute l’Europe, alors même qu’il n’y a pas assez d’harmonisation », a déclaré de son côté le président français.
Deux événements « hautement symboliques », selon Mme Merkel, se sont déroulés hier en marge de cette rencontre au sommet : l’installation d’une unité de combat de l’armée allemande en France (« Une idée de Nicolas Sarkozy ») et la mise en service d’un nouveau pont ferroviaire entre Strasbourg et Kehl (voir ci-dessous).
Pour M. Sarkozy l’arrivée de soldats allemands sur le territoire français dans un cadre de paix constitue un « nouveau signal de la profondeur de notre amitié, enracinée de manière définitive ».
Le sommet de Fribourg a été marqué par un déploiement sans précédent des forces de l’ordre dans la capitale de la Forêt-Noire. Plus de 1 000 policiers ont été mobilisés pour boucler le centre-ville et empêcher les manifestants de s’approcher des deux dirigeants. Seuls 300 Fribourgeois ont été autorisés à se rendre sur la place de la cathédrale.
« Attaque » au pistolet… à eau
À l’issue de la visite de la cathédrale, seul édifice demeuré miraculeusement intact lors d’un bombardement des Alliés, le 27 novembre 1944, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont pris un bain de foule, au cours duquel ils ont été hués par une poignée de militants antinucléaires et anticapitalistes. Un manifestant armé d’un pistolet à eau a réussi à envoyer un jet d’eau en direction des deux dirigeants, à la grande stupéfaction des gardes du corps du président français, qui n’avaient jamais fait l’objet d’une telle « attaque ».


Un plus un égalent un

Même par grand froid, il existe une douceur rhénane qui a, chez nos voisins allemands, quasiment la même saveur que la fameuse douceur angevine dans l’Hexagone. Illuminée de surcroît par les feux chaleureux de l’avent, elle semble avoir dispensé un parfait climat d’entente et d’harmonie à la rencontre d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, hier à Freiburg-im-Breisgau. Rien de ce qui était visible et audible de l’extérieur n’a contredit la sensation de juste milieu, entre canicule et glaciation. Le président de la République et la chancelière fédérale n’ont fait qu’un, en tout bien tout honneur, afin de se présenter comme un bloc devant leurs pairs, les 16 et 17 à Bruxelles, au prochain sommet de l’Union européenne.

D’un même élan, ils ont écarté eurosceptiques et souverainistes, que dopent les difficultés de la zone euro, et confirmé leur foi commune en la monnaie du même nom. Un sondage montrant que le D-mark ne rendait nostalgiques que 36 % des Allemands a fait cerise sur la Schwarzwälder, le biscuit local. D’une même voix, ils ont dit oui/ja à un fonds de soutien permanent aux pays touchés par une crise financière au sein de la zone, sorte de Samu des liquidités. Ils ont toutefois jugé prématuré d’envisager une augmentation de ses fonds, que d’aucuns voudraient porter à un millier de milliards d’euros.

D’un même geste, Angela et Nicolas ont fait objection aux emprunts européens préconisés par le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Paul Juncker : encore trop de disparités économiques, budgétaires et fiscales entre les pays de l’Union, ont-ils fait valoir. Harmonisons d’abord. Arguments qui, paradoxalement, avaient été opposés à la création même de l’euro, en vain. Mais c’est déjà de l’histoire ancienne…

Comme ces unions chenues qui repassent devant M. le maire, ou le prêtre, pour renouveler leurs engagements, le couple franco-allemand a tout fait, hier, pour mériter son nom. La force de son unité proclamée ne sera pas un luxe, car les vues franco-allemandes, notamment sur les emprunts, ne font pas l’unanimité. Le problème des grandes familles.

Permissif


On n’arrête pas le progrès… La police des fraudes a découvert l’existence de logiciels permissifs. Rien à voir avec des sites pornographiques : il s’agit d’outils informatiques qui permettent à des commerçants de pratiquer une comptabilité bienveillante. Ni vu ni connu du fisc, des recettes partent dans la nature – suisse, monégasque ou autre. 4000 pharmaciens auraient ainsi permissivé leurs comptes, grugeant l’Etat de 400 millions d’euros. Mais il va être difficile d’intervenir, car l’intention malhonnête n’est pas prouvée : le logiciel, nous expliquent très sérieusement les fraudes, « n’est pas à la base permissif, mais permet d’aller dans la malhonnêteté ». C’est donc à l’insu de leur plein gré que ces pharmaciens auraient dilué leurs bénéfices et leurs impôts. Franchement, chers amis pharmaciens, la pilule de la permissivité surprise est un peu grosse à avaler…

Royal demande à Fillon de s'excuser

Ségolène Royal a demandé vendredi à François Fillon de présenter « ses excuses » après la pagaille provoquée par la neige.

Ségolène Royal aime les excuses. On le sait. C'était déjà elle qui en avril 2009 en avait adressées à José Luis Zapatero pour des propos désobligeants prêtés à Nicolas Sarkozy à son égard. Le locataire de l'Elysée aurait en effet déclaré que son homologue espagnol n'était pas très intelligent.
C'était aussi elle qui en avait faite à l'Afrique toute entière après le controversé discours de Dakar, toujours de Nicolas Sarkozy.
La présidente de la région Poitou-Charentes a récidivé vendredi.  Sa cible cette semaine François Fillon.
Ségolène Royal, a en effet estimé vendredi sur RMC et BFM-TV que le Premier ministre devrait présenter « des excuses publiques » après la pagaille provoquée par le neige. L'exécutif dans son ensemble est, selon elle, responsable d'un « chaos » à cause de son « inertie coupable », de son « indifférence » et de son « incompétence ». 
« Ce qui est pire dans cette affaire, c'est qu'ils font porter la responsabilité aux services publics », a-t-elle poursuivi.

Copé vole au secours de Fillon

En plus des excuses, Ségolène Royal a par ailleurs ajouté que si elle était à l'Elysée, elle s'en prendrait aussi au Ministre des Transports Thierry Mariani: « Je lui demanderais d'aller s'occuper d'autre chose parce que, franchement, n'être même pas revenu de Moscou pour s'occuper des Français qui souffrent, c'est le contraire de l'idée que je me fais de la responsabilité politique ».
En réaction à cette slave, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a accusé vendredi en début d'après-midi Ségolène Royal de « démagogie facile ». Dans un communiqué, le député de Seine-et-Marne « s'indigne de la charge de Ségolène Royal qui montre une nouvelle fois qu'elle préfère l'agression à la proposition ».
Et d'ajouter : « L'UMP aurait aimé connaître ses idées pour faire face à l'avenir à ce type d'accidents climatiques dont la violence n'est pas toujours facilement mesurable ».
Deux jours après les violentes chutes de neige qui ont paralysé l'Ile-de-France, la polémique sur la gestion de la crise ne fait que commencer.

ELLE DEVRAIT COMMENCER PAR S'EXCUSER, ELLE MÊME, D'ÊTRE AUSSI CONNE !!! 
(ouf ça vient de loin !)

Mikhaïl Gorbatchev : la Russie court à la catastrophe

L'ex-dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev enjoint au président Dmitri Medvedev de tenir sa promesse d'une libéralisation politique et de lutter contre la corruption, soulignant que le pays courait dans le cas contraire à la catastrophe, dans une tribune publiée vendredi 10 décembre dans la Novaïa Gazeta. Dans ce texte publié par le journal d'opposition dont il est actionnaire, le père de la perestroïka et Prix Nobel de la paix fait un bilan peu flatteur de la dernière décennie en Russie, depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.

"En 2000, les priorités étaient avant tout de défendre l'intégrité territoriale du pays et de le rendre à nouveau gouvernable, écrit M. Gorbatchev. Ces objectifs ont dans l'ensemble été atteints. Mais depuis, les questions non réglées se sont faites de plus en plus évidentes." Les promesses de libéralisation et de lutte contre la corruption du président Medvedev, élu en 2008 à la suite de Vladimir Poutine, devenu premier ministre, "ont empli d'espoir ceux qui s'inquiètent de l'avenir de la Russie", observe Mikhaïl Gorbatchev. Mais les mesures prises sont "insuffisantes et inadaptées", regrette-t-il.
CORRUPTION ET MANIPULATION DES ÉLECTIONS
Le pays a laissé de côté le "processus démocratique", s'est trouvé gagné par une "corruption qui s'étend à tous les niveaux de la fonction publique et délite la société", écrit M. Gorbatchev. "La suppression de l'élection des gouverneurs de régions, le passage au scrutin exclusivement par listes, sans participation minimale, le relèvement du seuil d'entrée au Parlement, tout cela dans des conditions de manipulation des élections à travers les médias", énumère-t-il notamment.
"Si on ne surmonte pas les tendances antidémocratiques, toutes les conquêtes des années passées seront menacées. Pas seulement le processus démocratique, mais aussi la fameuse stabilité" acquise depuis 2000, ajoute-t-il. "Le président doit donner au pays un nouvel ordre du jour, conclut M. Gorbatchev, il faut une concurrence démocratique, une société civile active, un contrôle réel de la société [sur les affaires de l'Etat]."

UNE CRIMINALISATION CROISSANTE DE LA SOCIÉTÉ
Dans un article publié vendredi par le journal officiel Rossiiskaïa Gazeta, le président de la Cour constitutionnelle russe, Valéri Zorkine, dénonce quant à lui "une criminalisation croissante de la société russe" qui s'étend aux instances du pouvoir. "La criminalité sape les bases de notre système juridique fragile, de notre vie sociale, politique et économique", estime-t-il.
M. Zorkine considère que "l'alliance du pouvoir et de la criminalité", illustrée par les événements récents de Kouchtchevskaïa, dans le sud de la Russie, est "loin d'être unique". Le massacre en novembre de douze personnes à Kouchtchevskaïa a révélé que cette petite ville avait été terrorisée pendant des années par une bande criminelle couverte par les autorités et les forces de l'ordre.
Cette affaire a suscité l'émotion dans un pays pourtant habitué ces dernières années à la montée de la violence et a donné lieu à de nombreuses révélations dans les médias russes. "Des choses pareilles se sont produites ailleurs", souligne M. Zorkine, citant notamment Novossibirsk (Sibérie), Enguels (Volga) et Gous-Khroustalny (centre).
"Nous n'avons pas le droit de laisser notre Etat se criminaliser. Dans ce cas, nos rêves d'une société démocratique et d'un Etat de droit seront enterrés", clame-t-il. Dans une telle société, "il y aura des fauves, maîtres de la jungle criminelle et des 'sous-hommes' conscients qu'ils sont simplement à la merci des fauves", ajoute-t-il. "On aura d'un côté l'agression et le mépris à l'égard des 'loosers' […] de l'autre l'horreur et la colère des misérables qui, désespérés, vont rêver d'une dictature et pas du tout de démocratie", conclut-il.