TOUT EST DIT

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dimanche 5 décembre 2010

Jack Lang appelle son "cher Laurent" Gbagbo à quitter le pouvoir

Le député socialiste français Jack Lang, pourtant proche du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, l'a prié dimanche de quitter la tête du pays, estimant qu'il se "grandirait en reconnaissant les résultats"Alassane Ouattara. qui proclament la victoire de son rival

"Tu te grandirais en reconnaissant les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante mise en place avec ton plein accord. L'élection d'Alassane Ouattara a été par ailleurs reconnue par l'ensemble de la communauté internationale", déclare M. Lang dans une lettre adressée à son "cher Laurent" et rendue publique.

"Il t'appartient, à présent, d'accomplir le geste de retrait qui préservera l'unité ivoirienne et assurera la perpétuation de la démocratie dont tu as été le refondateur", écrit l'ancien ministre à M. Gbagbo, qui était au pouvoir depuis 2000. "Il faut espérer aussi que le Président nouvellement élu saura, à ton exemple, constituer un gouvernement de réconciliation nationale", poursuit le député.
"J'en appelle à ton amitié et aux valeurs communes que nous partageons. L'oeuvre accomplie par toi pour la Côte d'Ivoire est importante", a ajouté le député PS, estimant qu'il y avait "contribué à restaurer la paix".

INTERNATIONALE SOCIALISTE
M. Lang s'était rendu à Abdijan avant l'élection présidentielle pour y apporter, comme il l'a indiqué, "son soutien amical" à Laurent Gbagbo, "un camarade socialiste, un progressiste". Le parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), est membre comme le PS de l'Internationale socialiste mais, officiellement, le parti français d'opposition et le président sortant ivoirien n'entretiennent plus de relations depuis 2004.
Dans un communiqué publié jeudi soir, avant que le Conseil constitutionnel ne déclare M. Gbagbo vainqueur et invalide les chiffres qui donnaient gagnant son rival Alassane Ouattara, le PS a appelé "chacun, et en particulier le pouvoir en place, à respecter les résultats de l'élection".
Un message répété vendredi soir par son numéro deux Harlem Désir, après que l'ONU a reconnu la victoire de M. Ouattara : "Gbagbo doit se conformer à la demande de l'ONU. Quand on demande au peuple de voter, on respecte son choix", a-t-il écrit sur Twitter.

Des passagers révoltés occupent un avion



"L'armée seule n'est pas en mesure de maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir"

Coupée en deux depuis près de dix ans, la Côte d'Ivoire s'est réveillée avec deux présidents, dimanche 5 décembre. La veille, le président sortant Laurent Gbagbo et son adversaire Alassane Ouattara ont chacun revendiqué la victoire et prêté serment. Jeudi, la commission électorale avait donné Ouattara vainqueur avec 54,1 % des voix contre 45,9 % à Gbagbo. Quelques heures plus tard, le Conseil constitutionnel invalidait ce résultat et donnait Gbagbo vainqueur avec plus de 51,45 % des voix. Plusieurs scénarios de sortie de crise se dessinent, explique Philippe Hugon, spécialiste de la Côte d'Ivoire, qui redoute un "troisième tour dans la rue".

Laurent Gbagbo a prêté serment samedi au palais présidentiel. Au même moment, son adversaire Alassane Ouattara prêtait serment par écrit. Dans quelle situation se retrouve le pays ?
On se retrouve dans une situation avec deux chefs d'Etat, qui ont chacun prêté serment. Sauf que dans le cas présent, la validité de l'élection de Laurent Gbagbo est extrêmement faible. Le Conseil constitutionnel, qui a renversé le résultat de l'élection pour donner Laurent Gbagbo vainqueur, n'a pas fourni d'argumentaire correspondant aux faits. Les irrégularités évoquées dans quelques bureaux de vote du nord du pays [fief d'Alassane Ouattara] sont réelles, mais il y en a eu également dans le sud. Et en tout état de cause, elles ne suffisent pas à faire passer le score de Laurent Gbagbo de 45 % des voix [selon les résultats de la commission électorale] à 51 %. Les observateurs présents sur place le confirment.
Cette décision n'est donc pas valide, d'autant que la commission électorale a été empêchée de communiquer les résultat dans les délais [mardi soir, des représentants du chef de l'Etat au sein de la commission électorale avaient empêché physiquement l'annonce de résultats partiels, contestant des votes "frauduleux" dans le Nord, tenu par l'ex-rebellion des "Forces nouvelles"]. Il s'agit d'un hold-up électoral. Gbagbo a tenté un coup de force en prêtant serment, auquel Ouattara a répondu par un autre coup de force en prêtant serment à son tour pour ne pas se laisser distancer.
Il y a déjà eu des précédents dans l'histoire africaine, notamment à Madagascar, au Zimbabwe ou au Kenya. Dans ces deux derniers cas, l'opposant s'était retrouvé premier ministre. Mais cette solution est totalement exclue en Côte d'Ivoire. Ouattara ne sera pas le premier ministre de Gbagbo.
Quels sont les scénarios possibles de sortie de crise ?
Il y a trois possibilités. Un compromis diplomatique avec une médiation de l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui vient d'être nommé médiateur de l'Union africaine en Côte d'Ivoire, et est arrivé dimanche à Abidjan. Mais il me semble difficile d'y croire. Laurent Gbagbo a réalisé un coup de force, et on ne voit pas pourquoi il reviendrait en arrière.
Sans compter que la précédente médiation de Thabo Mbeki en Côte d'Ivoire [de 2004 à 2006] s'était soldée par un échec. [L'ancien président sud-africain avait arraché un accord proclamant la "fin des hostilités" entre les "Forces nouvelles" et l'armée régulière, qui était resté lettre morte. Accusé par les rebelles du nord d'être un "partisan acharné" de Laurent Gbagbo, il s'était vu retirer le dossier en octobre 2006].
Une deuxième possibilité serait un embargo international qui déboucherait sur la mise au banc de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale. Enfin, l'hypothèse que tout le monde redoute : un troisième tour dans la rue avec une nouvelle flambée de violence [plusieurs centaines d'Ivoiriens se sont déjà réfugiés au Liberia voisin par crainte que la situation dégénère].
Gbagbo bénéficie du soutien de l'armée, Ouattara de celui de la communauté international. De quel côté penche le rapport de force ?
Laurent gbagbo n'a aucun soutien, il est totalement isolé [seuls deux pays étaient représentés à sa prestation de serment : l'Angola et le Liban]. Le soutien de la communauté internationale et de l'Union africaine à Alassane Ouattara est logique. L'écart de voix est tel [54,1 % pour Ouattara contre 45,9 % pour Gbagbo] qu'il n'y a aucun débat possible sur la validité de l'élection de Ouattara. Si l'écart avait été plus faible, l'union africaine aurait peut-être été plus prudente.
Certes, Laurent gbagbo a reçu l'armée dès sa prestation de serment et celle-ci le soutient. Mais le pays est coupé en deux. L'ex-rebellion du nord du pays, les "Forces nouvelles" du premier minitre Guillaume Soro [qui a reconnu la victoire de Ouattara] peuvent intervenir à tout moment. On peut donc craindre des affrontements entre les forces armées du nord et du sud, que la communauté internationale tente justement d'éviter depuis bientôt dix ans (Lire : "Les ingrédients de la crise"). L'armée seule n'est pas en mesure de maintenir Gbagbo au pouvoir.

Cote d’alerte

Il y a un risque de chaos, voire de guerre civile, en Côte d’Ivoire, qui dépasse nettement l’enjeu de l’approvisionnement de la planète en cacao, dont ce pays est le premier producteur mondial, et qui ferait grimper le prix du chocolat.
L’élection présidentielle, dont le tour décisif avait lieu il y a une semaine, devait permettre rien moins que la réconciliation de la nation ivoirienne autour d’un exercice transparent de la démocratie. Le processus électoral devait accoucher d’une sorte de réunification, entre les territoires sous l’autorité de l’État et ceux contrôlés par la rébellion. Trois ans après l’accord de paix conclu entre le pouvoir et le chef rebelle Guillaume Soro, le libre choix des électeurs devait concrétiser les bonnes intentions couchées sur le papier. Et il y a urgence. La Côte d’Ivoire sort d’une étrange décennie, scindée en deux mi-temps : un quinquennat « légitime » du président Laurent Gbagbo, élu en 2000 ; puis une prolongation arbitraire de son mandat, également de cinq ans, décidée par le chef de l’État sans reconsulter le peuple, privant du même coup les opposants de leur droit de solliciter le suffrage universel. Mais pour être fondateur d’une « pacification », il eût fallu que le scrutin fût libre des manœuvres du passé.
Force est de constater qu’il n’en est rien. Résumé du feuilleton : l’autorité de contrôle du dépouillement déclare Alassane Ouattara vainqueur, avec 54 % des voix ; mais la Cour constitutionnelle annule le verdict de plusieurs départements favorables à l’opposant, et c’est M. Gbagbo qui se trouve nanti d’une majorité de plus de 51 %. La cote d’alerte est atteinte quand chacun bénéficie d’une légitimation séparée : sans perdre de temps, M. Gbagbo prête serment et est investi, tandis que M. Ouattara se fait adouber par les Nations unies, la Maison blanche, la Commission européenne, l’Union africaine — appui peut-être décisif — et Dominique Strauss-Kahn. Excusez du peu.
Il y a donc deux présidents à Abidjan, mais pas de chef d’État incontesté. Un casse-tête pour tout le monde. À persister à passer en force, le président sortant risque d’exacerber la violence. À intervenir lourdement, l’étranger donnerait du poids à ses accusations d’ingérence. Au bord du gouffre, il appartient d’abord aux Ivoiriens de ne pas succomber au vertige.

Obstruction


Les Ivoiriens retiennent leur souffle. Beaucoup redoutent des violences alors que les résultats du second tour de l’élection présidentielle, qui s’est déroulé dimanche dernier, tardent à être reconnus par un camp, celui du président sortant Laurent Gbagbo : celui-ci refusait encore jeudi 2 décembre au soir d’admettre les scores dans au moins trois régions du Nord. L’ONU a pourtant affirmé que le scrutin s’était déroulé « globalement dans un climat démocratique ». Pour elle, les irrégularités et « incidents parfois violents » qui ont été relevés ne sont pas de nature à changer le résultat final.


Alors que l’incertitude restait grande jeudi sur l’évolution de la situation, les questions semblent bien être : si le vote des électeurs a tourné en défaveur de Laurent Gbagbo, saura-t-il le reconnaître ? Ses proches accepteront-ils de se priver de l’accès privilégié au pouvoir dont ils ont profité depuis dix ans ? Oseront-ils déclencher la violence pour intimider leurs adversaires et les dissuader de revendiquer la victoire ? Décideront-ils de maintenir leur pays en déséquilibre, avec un Sud profitant de la manne du cacao et du pétrole et un Nord plus défavorisé ? « Ce à quoi la Côte d’Ivoire aspire, affirmait dès le 23 novembre l’archevêque d’Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwa, c’est d’avoir un président au-dessus des clans, des tribus, de la religion, capable de conduire le pays et ceux qui y habitent vers un épanouissement total. » « Nous lançons à tous un appel à favoriser le vivre-ensemble dans le respect de nos différences, si enrichissantes », ajoutait-il.


L’ONU, qui s’est fortement engagée dans la stabilisation de la Côte d’Ivoire , depuis huit ans, et dans l’organisation du scrutin, doit à présent aider à une sortie de crise pacifique. Si le blocage persiste, elle devra à la fois défendre le respect du verdict des urnes et s’assurer que la paix civile est préservée. Une tâche difficile, où il s’agit notamment de tranquilliser les électeurs ayant voté pour le perdant, quel qu’il soit. Le gagnant putatif doit, de son côté, montrer qu’il a la stature d’un homme d’État, susceptible d’incarner l’unité nationale. Les Ivoiriens qui ont cru en cette élection ne doivent, en tout cas, pas se décourager. Le bon déroulement de la campagne électorale a souligné leur adhésion à un processus pacifique. C’est sur cette voie qu’il leur faut continuer.

Le regard de Bernard Maris 


Docteur en économie, enseignant, journaliste à France Inter et à Charlie-Hebdo sous le pseudonyme d’Oncle Bernard, Bernard Maris a publié de nombreux livres, des romans et des essais d’économie qui se vendent comme des polars. Sa culture éclectique lui permet de croiser les théories de Keynes et de Freud (Capitalisme et pulsion de mort, Albin Michel) ou de passer les théories économiques au décapant d’une pensée iconoclaste et d’une écriture vive et paradoxale. Son dernier ouvrage: Marx, ô Marx, pourquoi m’as-tu abandonné? (Editions Les Echappés).
Libé
Tous les jours de la semaine, je lis Libé auquel je suis abonné, puis Le Figaro, puis Le Parisien, puis Les Echos. Et tous les jours, je m’arrache les cheveux et claironne que je vais me désabonner de ce canard qui m’agace somptueusement et dont je ne peux me passer. C’est une vieille liaison d’amour-haine, qui remonte au temps du Libé des petites annonces. Ainsi lorsque le quotidien devient le Libé des philosophes comme aujourd’hui, après le Libé des écrivains, des artistes, etc. Horripilant.
D’abord ces gens ne savent pas écrire dans un journal - comme quoi ce n’est pas si simple d’être journaliste - ensuite pourquoi pas le Libé des plombiers, des assureurs, des infirmières? C’est quoi cette attitude arrogante et germanopratine, ce petit air malin, et, pour tout dire, de gauche un peu vaniteuse: "Nous, on vous fait passer l’info, mais nappée de crème intellectuelle?" A chacun son travail. Pour en finir avec ces boutons que je gratterai délicieusement dès demain, autre sujet d’éruption: la couv' sur l’allusion pédophile de Sarkozy aux journalistes de sa suite! Ah non! Trop c’est trop, demain je me désabonne!
WikiLeaks
Montée pompeuse au créneau de divers outrés à propos du site WikiLeaks, qui divulgue les documents secrets américains. Le chœur: "Oui, mais tout ce que dit Wikileaks, on le savait!" Si vous le saviez, braves gens, pas la peine d’en faire un fromage. Ensuite: "WikiLeaks, c’est la dictature de la transparence! C’est Pol Pot! C’est du fascisme! C’est Orwell!" Ah, ça c’est plus intéressant… Une petite dose (grosse dose?) de mensonge vaudrait mieux que la "dictature" de la transparence. Eh bien non.
Au prétexte de ne pas divulguer les secrets d’alcôves - tout le monde a le droit de dormir seul après tout - il faudrait ne pas divulguer les palinodies de la bureaucratie des affaires étrangères américaine ou autre? La "transparence", on connaît ça en économie: c’est la transparence de la concurrence, la concurrence obsessionnelle de notre Commission européenne. Elle est un mythe dangereux, n’existe jamais, sinon il n’y aurait pas de vie économique.
Puisque l’on cite Orwell, on devrait savoir que dans 1984, ce n’est pas la transparence qui est en cause, c’est le matraquage statistique en continu, "les fabuleuses statistiques sortaient en continu du télécran". Ça ne vous rappelle rien? Cette obsession statistique de nos sociétés? Et ce n’est pas parce que la "langue est fasciste" (Roland Barthes) qu’il faut s’interdire de parler.
Donc, vive la transparence: je n’ai aucunement envie de savoir si Sarkozy dort sur le dos ou sur le côté, mais je voudrais savoir sur Karachi. Je voudrais savoir pourquoi Falcone est persécuté par la justice française depuis dix ans, sans véritable motif ou preuve, et croupit en prison alors que Pasqua gambade sous ses fenêtres. Pourquoi le Mediator, déclaré dangereux depuis 1998, n’a été interdit qu’en 2009.
Le secret ne sert que les puissants, le pouvoir et ses sbires: Hubert Védrine l’a revendiqué sur Inter. "On ne peut pas tout dire devant les enfants." Authentique! Les citoyens sont des enfants. Des minus. Des inférieurs. Fermez les yeux et bouchez-vous les oreilles. Certes, "ce qu’on ignore ne fait pas mal", dit le proverbe anglais. Mais ce qu’on dit à demi-mot blesse à hurler.
Cantona
Il a raison de vouloir faire mal aux banques. A juste titre on lui répond qu’en leur faisant mal on se fait mal. C’est ça les "marchés": des épargnants guidés par les banques, qui anticipent la faillite de leurs débiteurs (les Grecs par exemple) et qui l’anticipant la précipitent, donc précipitent leur propre ruine. C’est assez cocasse. "Les 100.000 analphabètes qui font les marchés", comme disait Alain Minc. Mais comment nuire aux banques sans nuire aux épargnants? Comment flinguer quelqu’un qui tient un otage drogué dans ses bras? Quoi? Les épargnants seraient les otages des banques qui les ont drogués à l’argent facile? Comme vous y allez…
Fracture
Vu a la télé, scénario d’Emmanuel Carrère, un de mes auteurs préférés. C’est l’histoire d’une jeune prof d’histoire qui découvre l’enseignement en banlieue difficile. Déjà, dans le genre, j’avais adoré La Journée de la jupe avec Isabelle Adjani, professeure dans une banlieue dure qui craquait, et finissait par prendre en otage ses élèves et réclamer "une journée de la jupe" (le droit pour une femme de faire cours en banlieue en jupe). Fracture est du même tabac et vraiment formidable. Précipitez-vous, réclamez le DVD, ou lisez le roman de Thierry Jonquet qui a inspiré le film, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, dont le titre reprend un vers du poème de Victor Hugo, A ceux qu’on foule aux pieds, où le poète demande
"pour tous le pain et la lumière".
Le père Hugo arrive encore à me tirer les larmes des yeux. L’enseignant que je suis ne peut imaginer ce qui se passe dans les banlieues. Comment a-t-on pu laisser faire? Mais quelle honte, honte à nous, honte d’avoir laissé prospérer ces barbares, il n’y a pas d’autre terme! Comment avons-nous pu, depuis deux générations, laisser naître ça, dans la patrie de Victor Hugo et de Condorcet? Laisser marmiter cette sauce horrible, épaisse, violente, faite de jurons et d’insultes, ce patois canaille et racaille? Et je ne suis pas devenu Neuilly-prout-prout: je sais bien que Neuilly se moque de Saint-Denis, au contraire, cette barbarie fait son affaire…
Je me souviens d’un innocent, qui, au cours préparatoire, demanda à l’instituteur si l’on ne devait obligatoirement mettre une majuscule à tout mot commençant par "f", parce que le mot "France" commençait par "f"… Personne n’avait ri. L’instituteur avait expliqué. Ça faisait partie "du pain et de la lumière" qu’il donnait. Question: comment peut-on avoir encore la vocation d’enseigner, sachant que l’on est méprisé par les parents, raillé par le gouvernement au nom de l’absentéisme, de la paresse et des vacances, mal payé, et maintenant accablé d’injures par les enfants eux-mêmes? Ce n’est évidemment pas l’économie la vraie question posée à la France, c’est l’enseignement.

Claude Allègre : « Ségolène a la niaque »

L’ancien ministre de Jospin, très contesté par les scientifiques pour ses positions sur le réchauffement climatique, n’est pas tendre avec ses anciens camarades socialistes. « Le PS est un panier de crabes », dénonce-t-il tout haut en saluant la combativité de , qu’il critiquait violemment en 2007.

Le sommet de Cancún (Mexique) qui se tient actuellement sur le climat semble voué à l’échec. N’y a-t-il plus d’urgence à baisser les émissions de gaz à effet de serre ?
.
Bien sûr que si, même si je ne pense pas que cela soit une urgence climatique.
D’abord il faut limiter le dégagement de CO2 pour lutter contre l’acidification des océans. Les océans étant en train de s’acidifier, cela signifie que toute vie liée aux squelettes calcaires, aux coquilles ou aux coraux va être en difficulté. Ensuite, nous avons intérêt à épargner les combustibles fossiles, comme le pétrole, pour les générations futures. Voilà pourquoi il est important de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Avec l’hiver que nous vivons, après celui de l’an passé, il sera difficile de convaincre les gens que le danger c’est le réchauffement.

Pourquoi les Etats n’arrivent-ils pas à s’accorder ?
Parce qu’on prend le modèle par le mauvais bout. On explique que le capitalisme pollue la planète et qu’il faut des sanctions économiques. Ce n’est pas comme ça qu’il faut se saisir du problème. Pour limiter les émissions de CO2 , il faut proposer des technologies alternatives. Depuis longtemps, je milite pour la électrique. Il faut proposer des solutions et non pas des sanctions. La stratégie actuelle est vouée à l’échec dès le départ. Dire aux Chinois : Ne vous développez pas, abandonnez le charbon, c’est nul. Personne n’acceptera de stopper le développement économique. En revanche, si on leur dit : Voilà une technologie qui permet de piéger le CO2, ils vont l’acheter et même la créer.

L’attitude du gouvernement sur l’écologie vous convient ?
Oui, j’ai été content de constater que, dans son discours à l’Assemblée, François Fillon a dit que l’écologie punitive, c’était fini. Il y a là un tournant par rapport aux risettes faites aux Verts.

Vous avez récemment publié une tribune de soutien au bilan de Nicolas Sarkozy…
J’ai plutôt parlé d’ombre et de lumière. J’ai pris position violemment contre la politique à l’égard des Roms mais j’ai approuvé la réforme de la Constitution ou l’action face à la crise. Je suis irrité par l’attitude qui consiste à tout rejeter. Il faut que les Français se rendent compte à quel point la situation est gravissime et que, sur certains sujets, il faut qu’il y ait un accord entre droite et gauche, comme savent le faire les Allemands.

Approuvez-vous la réforme des retraites ?
C’était inévitable. Lionel Jospin avait d’ailleurs préparé à l’époque une réforme qui aurait sans doute provoqué les mêmes réactions. Quand vous allez vivre jusqu’à 100 ans, vous n’allez pas vous arrêter de travailler à 60 ans. Personne ne reviendra dessus. Pas plus le PS que d’autres.

Où en sont vos relations avec Nicolas Sarkozy ?
Je le vois de temps à autre. Il m’a proposé deux fois d’être ministre, j’ai dit non. Le temps est passé. J’ai 73 ans, je ne vais pas m’embêter à aller dans un ministère. Ma passion ce n’est pas la politique, c’est la science et l’écriture.

Comment voyez-vous la situation de l’Europe ?
Je crains la gangrène. Que les situations grecque, irlandaise se propagent… Il faut totalement changer l’Europe et revoir la zone euro. Il faut dire aux pays en faillite qu’on les aide, mais qu’ils doivent sortir de la zone euro. Leur dire : Utilisez votre monnaie, dévaluez. Sinon, si ça continue, c’est l’Allemagne qui sortira de l’Europe et reprendra le mark.

Craignez-vous une montée des populismes en Europe ?
Bien sûr. Et, en France, Marine Le Pen va faire un très bon score, elle est une meilleure candidate que son père. En politique, les deux personnalités qui ont émergé depuis deux ans, c’est elle et Jean-Luc Mélenchon.

Que pensez-vous de Jean-Luc Mélenchon ?
Beaucoup de bien sûr le plan personnel même si je ne partage pas ses idées. Mais il a beaucoup de talent, il est cultivé. C’est le nouveau Georges Marchais. Il défend ses idées. Il a vu qu’elles ne pénétraient pas dans le PS, là il tente une OPA sur le PC.

Que vous inspire l’agitation sur les primaires chez vos anciens camarades du PS ?
Je ne suis pas étonné. Il y a pourtant un bon candidat, c’est Dominique Strauss-Kahn. Lui faire le procès de ne pas être de gauche, c’est n’importe quoi. Certes, il n’est pas sur les positions de Jean-Luc Mélenchon… mais c’est lui qui a inventé le RMI que Michel Rocard a ensuite mis en musique. Dominique est un pragmatique, il voit bien dans quel monde on vit. Il ferait un très bon candidat, mais je ne suis pas sûr qu’il en ait envie. Il a une position formidable en ce moment, plus importante que celle d’un chef d’Etat. S’il était réclamé comme l’a été Jacques Delors en 1995, peut-être se laisserait-il tenter. Mais j’ai plutôt l’impression qu’il veut finir sa mission au FMI.

Et les autres prétendants ?
J’ai toujours pensé que le PS aurait à compter avec Ségolène Royal. Elle a de l’abattage, des partisans, un style. Martine Aubry est travailleuse, elle essaie de faire travailler le PS, ce qui n’est pas une petite affaire. Mais je ne sais pas ce qu’elle veut faire.

Martine Aubry a-t-elle envie d’être candidate ?
Ce problème de l’envie, c’est très difficile à jauger. Par exemple, je pense que Lionel Jospin n’a jamais eu l’obsession d’être président contrairement à des gens comme Laurent Fabius ou Michel Rocard. Au fond de lui, il n’était pas prêt à sacrifier toute sa vie. Nicolas Sarkozy, lui, a toujours vécu pour ça. Ségolène Royal aussi, et je pense qu’elle ne va pas être loin du poteau. Il ne faut pas la sous-estimer. Elle a bien progressé. Elle est plus réfléchie, Ségolène a la niaque.

Et François Hollande ?
Il joue du violon à contretemps. S’il avait décidé d’être candidat en 2007, il aurait pu, il était premier secrétaire, personne ne s’y serait opposé. Maintenant, tout seul dans son coin en Corrèze, il se met à jouer du biniou. Il est très intelligent, il est très bon orateur mais il manque d’intuition. Ségolène Royal en a.

Les primaires sont une bonne chose pour le PS ?
C’est une bêtise. Le PS est un panier de crabes. Il n’y a pas d’esprit d’équipe. Ce sont des individualités qui jouent chacune leur partition. Ils n’ont pas de programme.

Il y a quand même des propositions…
Je ne les ai pas encore vues. Peut-être sont-elles cachées afin de nous surprendre ?

Ubu président à Abidjan

Après son "putsch constitutionnel", Laurent Gbagbo s’est fait investir en grande pompe samedi. Alassane Ouattara, vainqueur dans les urnes, a prêté serment par lettre. Violents affrontements dans les rues. 

Le roi est nu, mais il est roi. Du moins pour les siens, et le temps, peut-être, que l’Histoire qu’il affectionne tant ne le rattrape. Samedi, dans une ambiance ubuesque, Laurent Gbagbo a prêté serment sur la Constitution pour devenir à nouveau président de la Côte d’Ivoire pour cinq ans. Quelques heures plus tard, Alassane Ouattara annonçait de son côté avoir fait parvenir un courrier au Conseil constitutionnel, disant que lui aussi prêtait serment pour accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat. Dans le même temps, le Premier ministre, Guillaume Soro, lui a remis sa démission… et a été aussitôt reconduit dans ses fonctions.
La Côte d’Ivoire dispose donc de deux présidents: l’un, Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) et reconnu par la communauté internationale. L’autre, Gbagbo, investi par les institutions nationales, depuis que le Conseil constitutionnel, qui lui est acquis, a invalidé le résultat de la CEI et proclamé sa victoire. Cela dure depuis jeudi, mais un sommet de ce feuilleton pathétique a été atteint samedi. A midi, au Palais présidentiel, se tient l’investiture de Laurent Gbagbo annoncée la veille au soir sur RTI, la chaîne publique devenue depuis quelques jours Télé- Gbagbo.

"Lui, s’il veut être président, il n’a qu’à retourner dans le Nord"

Tous ses soutiens se sont pressés pour cette cérémonie. Pendant une heure, belles toilettes et grosses berlines ont défilé sur l’esplanade qui fait face au palais. Dans l’assemblée, se côtoient chefs traditionnels, cadres du FPI (le parti du président) et hauts gradés de l’armée qui, la veille, ont fait allégeance à leur chef. Tous affichent la même insouciance feinte, la même confiance déraisonnable: "Aujourd’hui, nous assistons à la renaissance de la Côte d’Ivoire", affirme le maire d’une petite commune, portant fièrement l’écharpe aux couleurs du pays. "C’est une journée historique, assure Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de Laurent Gbagbo. Elle se fait dans la douleur mais cette douleur fait partie de l’histoire de la Côte d’Ivoire."
En marge de ces discours, de la rancoeur perce. Celle que l’on nourrit à l’endroit de la France et de l’ONU, "qui s’immiscent dans les affaires d’un pays souverain". Il y a aussi la haine que l’on voue à Alassane Ouattara, le félon. "Je viens de l’Ouest et je sais toutes les atrocités que ses partisans ont commises là-bas", éructe Douarou Jocelyne, représentante des femmes laïques de Côte d’Ivoire. "Lui, s’il veut être président, il n’a qu’à retourner dans le Nord, là où sont ses amis rebelles", raille Avériste, un gbagbiste pur et dur.
Aucun ne reconnaît les résultats de la CEI. Pour tous, comme le chantent ses partisans les plus fervents, l’affaire est entendue: "On a installé Gbagbo!" Ce sera chose faite, deux heures plus tard, dans la salle des pas perdus, vaste espace à la déco pompidolienne. Sous les vivats, Laurent Gbagbo, costume sombre barré d’une écharpe orange, entre. Démarche solennelle, mine fatiguée, le président s’installe dans un fauteuil de velours rouge. Derrière lui, sont présents tous les caciques de son camp mais aussi trois ambassadeurs (Liban, Afrique du Sud et Angola). Surtout, il y a, tout de blanc vêtue, Simone, l’épouse, la compagne de lutte.

"On va créer des liens avec le Pakistan ou la Corée du Nord"

Quel sens tout cela a-t-il? Pour vivre cette journée, Laurent Gbagbo a dû instaurer le couvre-feu, fermer les frontières du pays, couper la réception d’une partie des chaînes françaises. Les forces de sécurité, lourdement armées, quadrillent Abidjan, et les rues du coeur de la capitale économique sont désertes. Dans les quartiers de Koumassi, Adjamé ou Abobo, des partisans du RDR, le parti de Ouattara, montent des barricades, enflamment pneus et boutiques pour dire qu’ils ne se laisseront pas "voler leur victoire". Vendredi soir, deux personnes sont mortes dans le quartier de Port-Bouët dans des violences entre partisans des deux camps. A tout moment, des affrontements risquent de virer au bain de sang.
Au Golf Hotel, protégé par les blindés de l’ONU, il y a aussi cet autre pouvoir, celui d’Alassane Ouattara, qui est en train de se mettre en place. Quant au nord du pays, il est aux mains des Forces nouvelles, les ex-rebelles qui se disent prêts à résister à toute tentative de récupération de ce territoire par l’armée loyaliste.
Laurent Gbagbo, même s’il est légitimé par les institutions, pourra-t-il tenir ainsi? Il a démontré par le passé qu’il pouvait se sortir de situations très délicates. "Ce n’est pas grave. On va créer des liens avec le Pakistan ou la Corée du Nord", veut croire Avériste, le jeune partisan de Gbagbo. D’autres donnent l’exemple du Zimbabwe de Robert Mugabe, mis au ban des nations… Une chose est sûre. Le processus électoral qui a conduit à cette impasse a été un échec. On avait pourtant présenté ce scrutin, attendu depuis cinq ans et reporté à plusieurs reprises, comme historique. La plupart des électeurs y ont cru. Certains, pour accomplir leur devoir électoral, ont patienté des heures sous un soleil ardent. Disant qu’ils voulaient vivre cet exercice démocratique. Mais d’autres n’y étaient pas prêts.

Angela Merkel, "Dark Vador" de l’écologie

 "La preuve : Merkel arrête le changement climatique“, ironise la Tageszeitung en montrant un Dark Vador passant devant la porte de Brandebourg enneigée. Le quotidien rapporte que selon des documents révélés par WikiLeaks, les diplomates américains estimaient en 2008 que la chancelière allemande mène "une politique agressive en matière de climat avec le soutien massif de la population“. La TAZ estime cependant que "Merkel ne mène pas une 'politique agressive en matière climatique', elle se contente de l'annoncer", pour ensuite reléguer les questions d'environnement au second rang. Quant au soutien de la population, la TAZ qualifie cette estimation "d'originale“, et rappelle que presqu’aucun peuple ne prend plus l'avion, ne conduit de plus grosses voitures ou ne consomme plus d'électricité par habitant que les Allemands. 

Coûteuse information

Un spectre hante les médias, Internet.

La publication par WikiLeaks des mémos de la diplomatie américaine, sans doute volés, est une nouvelle étape dans la double tyrannie de la "transparence" et de l’immédiateté. Le blocage éventuel des sites est une réponse stupide mais plusieurs de nos chroniqueurs expriment des opinions divergentes. Une chose est sûre: à l’avenir, moins de secrets se mettront par écrit! Une révolution industrielle hyperviolente conduit les médias à repenser leur métier. Ils connaissent des mouvements de personnes, ce qui est toujours significatif, et des changements stratégiques qui bousculent des positions construites de longue date.

La publicité se transfère, les ventes s’effritent sous l’effet d’une pseudo "gratuité". Les groupes de médias se trouvent pris dans un ciseau dramatique: ils doivent réduire leurs coûts pour survivre mais la baisse de leur offre rend leurs contenus moins attractifs. On oublie que l’information a un coût mais aussi un prix. Or le coeur des médias, c’est l’information, coûteuse à produire, c’est pour cela que de nombreux sites pillent l’information des autres pour assurer de l’audience. Il ne s’agit pas de corporatisme. Mais quand l’information surabonde, les journalistes ont pour métier d’enquêter, de sélectionner, de hiérarchiser et de mettre en forme. Les journalistes doivent regagner sans cesse le respect de leurs publics par leur capacité à critiquer - avec compétence - tous les pouvoirs. Sans souci d’être populaires. Sans être dupes des courtisans.

Sarkozy à “l’école de la patience”

En janvier 2008, son premier voyage en Inde avait froissé les autorités locales. Toujours pressé, Nicolas Sarkozy avait bousculé les usages, façon éléphant dans un magasin de porcelaine. Il avait multiplié les retards aux rendez-vous officiels et porté plus d’attention à son téléphone portable qu’à ses interlocuteurs. Pour couronner le tout, le Président avait tout bonnement snobé les manifestations de la Fête nationale, reléguant l’anniversaire de l’indépendance du pays au rang de défilé folklorique...

Le résultat avait été la hauteur. Pas un seul contrat signé avec ce géant asiatique d’un milliard d’habitants. Sarkozy était reparti comme il était venu, les centrales nucléaires et les Rafale sur les bras... Ce week-end, le Président foule à nouveau le sol de ce pays-continent. Mais cette fois-ci, pas de gaffe. Quatre jours et trois nuits sur place, un cortège de sept ministres et des dizaines de chefs d’entreprise. Soudain mitterrandien, il donne du temps au temps. Et encore ne s’agit-il que d’un simple voyage officiel, pas d’un voyage d’Etat ! Entre deux entretiens politiques, il devait même s’offrir une longue escapade amoureuse au Taj Mahal avec Carla alors qu’il y a deux ans il avait arpenté le site à grandes enjambées. Voilà qui ira droit au cœur des hommes d’affaires de Bombay... Un diplomate tire la leçon de cette inattendue bouffée de sagesse indienne : “Sarkozy est à l’école de la patience”. C’est sans doute cela le miracle indien...

L'Afrique, d'abord !

Le déni de démocratie en Côte d'Ivoire n'est pas propre à ce pays. Mais, à quelques exceptions près, à toute l'Afrique, qu'elle soit francophone, anglophone ou lusophone. Plus de 50 ans après leurs indépendances, ces États n'ont pas su se débarrasser des séquelles du colonialisme. Par exemple, ces frontières artificielles tracées par les anciennes métropoles, des frontières qui divisent les ethnies en les opposant à d'autres tout en gardant dans chaque pays les structures traditionnelles de la société avec son tribalisme et son clientélisme. Un environnement dans lequel les élites, encore aujourd'hui formées par les anciens colonisateurs, savent se mouvoir en pleine aisance. Pour leur plus grand profit...
Et s'il y a un exemple-type pour illustrer ces confusions, c'est bien celui qu'offre la Côte d'Ivoire. Déjà sous la présidence Bédié (1993-1999) avait été inventé le concept d'« ivoirité ». En quelque sorte pour distinguer les moins pauvres des plus pauvres, des 25 % ou 30 % d'« immigrés » du Burkina arrivés dans le pays sous l'ère prospère du « despote éclairé » Félix Houphouët-Boigny (1959-1993). Depuis cette déclaration d'« ivoirité », de façon larvée d'abord et en quasi guerre civile ensuite (à partir de 2002), le « Nord » à majorité musulmane s'oppose au « Sud » chrétien ou animiste.
A cette situation confuse qui avait mené aux révoltes populaires et sanglantes de 2004 entraînant le départ d'une partie de la communauté française, s'ajoutent les relents nauséabonds de la Françafrique. Car cette Françafrique, mille fois enterrée, survit en pleine santé à Abidjan. Plus sur le plan économique que politique, même s'il faut s'interroger sur les étranges relations entre le PS - l'ancien ministre Jack Lang en tête - et Laurent Gbagbo, désormais un usurpateur au regard du droit international.
L'ONU, relayée par la quasi unanimité de ses membres, confirmée par les déclarations de Barack Obama, de Nicolas Sarkozy, du directeur-général du FMI Dominique Strauss-Kahn et par Bruxelles, reconnaît l'évidence : l'éclatante victoire comptable dans les urnes d'Alassane Ouattara. La victoire de l'« homme du Nord musulman » contre « l'homme du Sud chrétien ». Bien que le Conseil constitutionnel ivoirien dise le contraire en réfutant la validité du scrutin dans ce « Nord » peu contrôlable...
Mais là encore, les anciennes puissances coloniales appliquent leurs valeurs démocratiques sans tenir compte des réalités africaines. Comme aux temps de Rudyard Kipling ou de Jean Jaurès où il fallait porter le « lourd fardeau » de l'« homme blanc » en apportant la « civilisation »... Laissons les Ivoiriens faire le choix définitif entre leurs deux présidents. Sans violences, toutefois.


Conscience collective

Pas facile de sensibiliser aux dangers du réchauffement climatique quand la France grelotte dans ses paysages blancs et ses routes verglacées en attendant le Père Noël. On nous dit pourtant que 2010 sera la plus chaude des années, que la couche d'ozone se troue toujours plus, que les forêts disparaissent, que l'effet de serre galope et que les climato sont toujours sceptiques. Traumatisés par le fiasco de Copenhague, les maîtres du monde ne sont pas à Cancun. Le sauvetage des banques d'abord, pour celui de la planète on verra plus tard. Chacun a d'autres priorités. La crise en Occident, le progrès social dans les pays émergents, la pauvreté pour l'Afrique et tous les exclus du progrès. Comme si l'impasse écologique n'était pas le résultat de nos abus de consommation dévoreurs de justice sociale et prédateurs des sources d'énergie.

Quelques bouts de compromis et deux ou trois louables intentions pour se donner bonne conscience ne réussiront pas à masquer le manque d'ambitions de la diplomatie verte. Il en va toujours ainsi en temps de crise, les visions à long terme sur l'avenir de la terre et son dangereux réchauffement ne pèsent jamais bien lourd face à l'obsession économique et monétaire et aux difficultés du moment. Regardez comment, dans un grand numéro d'hypocrisie, le Grenelle a été détricoté et l'énergie enlevée du ministère de l'écologie.

L'échec des sommets n'est pas l'échec des combats climatiques mais celui des politiques de développement. Comment peut-on penser que les pays émergents vont s'appliquer des règles qui freineront leur croissance ? La pollution de la planète interpelle bien plus le progrès et les conditions de vie des peuples défavorisés que quelques grands indicateurs de fonte de la banquise pour émissions de télé de grande écoute.

Ce dont le processus onusien a le plus besoin, c'est d'une prise de conscience collective de l'intérêt des politiques environnementales. Et nos gouvernants d'une véritable vision de l'aménagement et de la structuration de nos territoires. Ce n'est qu'en faisant le lien entre leur environnement immédiat et l'intérêt de la planète que les populations comprendront l'universalité des enjeux.

Côte d'Ivoire : Gbagbo et Ouattara ont prêté serment

Le président sortant a été investi samedi à la tête de la Côte d'Ivoire, à l'issue d'une victoire électorale contestée par la communauté internationale. Mais Alassane Ouattara, fort du soutien du premier ministre Guillaume Soro, a lui aussi prêté serment par écrit.

Situation ubuesque en Côte d'Ivoire. Samedi, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ont tous les deux prêté serment en tant que président auprès du Conseil constitutionnel.
Au pouvoir depuis 2000, Gbagbo a officiellement été investi samedi président de la République de Côte d'Ivoire, en dépit des protestations internationales. La cérémonie d'investiture a été retransmise en direct à la télévision nationale (RTI) après que le chef d'état-major des armées, le général Philippe Mangou, eut renouvelé la veille au soir son allégeance envers Laurent Gbagbo.
«Devant le peuple souverain de Côte d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les droits et libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l'intérêt supérieur de la Nation», a-t-il ainsi déclaré en prêtant serment au palais présidentiel à Abidjan. «Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois si je trahis mon serment», a-t-il ajouté devant une très nombreuse assistance.
Balayant du revers de la main les désaveux de la communauté internationale, et notamment du représentant de l'Onu, il a ajouté: «J'ai observé quelques exemples graves d'ingérence. Nous n'avons demandé à personne de venir gérer notre pays. Notre souveraineté est quelque chose que je vais défendre».

Guillaume Soro s'en remet à Ouattara

De son côté, Alassane Ouattara, alias «ADO», qui a reçu le soutien et les félicitations des Nations unies et de pays comme les Etats-Unis et la France, a obtenu l'appui celui du premier ministre de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro. L'ancien chef politique des ex-rebelles du Nord a remis sa démission à Alassane Ouattara, qui l'a reconduit dans ses fonctions. Autre soutien de poids pour Ouattara : le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine, qui a pris position samedi soir en sa faveur, en affirmant «rejeter toute tentative visant à créer un fait accompli».
Alassane Ouattara a prêté serment «en qualité de président de la République de Côte d'Ivoire» par un courrier au Conseil constitutionnel. Par courrier adressé hier au président du Conseil constitutionnel Paul Yao N'dré et déposé «samedi matin», selon son entourage, «ADO» adresse sa «prestation de serment» manuscrite de président. «Les circonstances exceptionnelles que vit la Côte d'Ivoire en ce moment ne me permettent pas de prêter serment en personne devant le Conseil constitutionnel», dit-il pour expliquer l'envoi de ce «serment écrit».
«La Côte d'Ivoire est maintenant en de bonnes mains» et «sera désormais en paix», a ajouté Alassane Ouattara, prenant «l'engagement de faire en sorte que tous les Ivoiriens soient protégés sur l'ensemble du territoire».Il a adressé une copie de cet «acte de prestation de serment en qualité de président de la République de Côte d'Ivoire» au représentant de l'ONU dans le pays, Youn-jin Choi, qui avait validé sa victoire à la présidentielle.
L'élection de Laurent Gbagbo a été rejetée par les Nations unies, les Etats-Unis, l'Union européenne et la France, qui ont reconnu vainqueur son rival Alassane Ouattara. Le Conseil constitutionnel avait proclamé vendredi le président sortant vainqueur de la présidentielle du 28 novembre, invalidant les résultats de la commission électorale qui donnaient Alassane Ouattara en tête.
Cette investiture s'est déroulée dans un climat de violences à Abidjan, marquées par au moins deux morts dans la nuit et des protestations de jeunes opposants dans les rues.

IL N'Y A QUE L'AFRIQUE POUR NOUS METTRE EN SCÈNE DES  ABSURDITÉS PAREILLES.