TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 3 décembre 2010

En Côte d'Ivoire, le Conseil proclame Gbagbo vainqueur

Après avoir invalidé jeudi des résultats favorables à l'opposant Alassane Ouattara, le Conseil constitutionnel a donné vendredi la victoire au président sortant. L'opposition met en garde contre «un nouveau putsch».

La confusion est à son comble en Côte d'Ivoire. Sans surprise, le Conseil constitutionnel a déclaré vendredi Laurent Gbagbo vainqueur de l'élection présidentielle, avec 51% des voix. Jeudi soir l'institution, présidée par un proche du président sortant, avait invalidé le résultat proclamé par la commission électorale indépendante (CEI), qui donnait la victoire à Alassane Ouattara avec 54% des voix. Mais le Conseil a annoncé vendredi avoir «annulé» les votes dans sept départements du nord, fief de Ouattara, où selon le camp Gbagbo le scrutin avait été «frauduleux».

Maintenant que les deux candidats ont été déclarés tour à tour vainqueurs de l'élection, que va-t-il advenir du pays ? Quelques heures avant l'annonce du Conseil constitutionnel, le camp Ouattara avait haussé le ton. Alors que le candidat opposant appelait jeudi soir au «rassemblement» pour la paix, son directeur de campagne, Amadou Gon Coulibaly, a mis en garde vendredi contre un «nouveau putsch» de Laurent Gbagbo. «C'est pour ça qu'il commence à prendre des dispositions», a-t-il asséné en référence à la fermeture, jeudi soir, des frontières par l'armée. «Mais ça ne changera strictement rien. Le peuple de Côte d'Ivoire s'est exprimé, Laurent Gbagbo est battu».

«Nous ne reconnaîtrons pas les décisions du Conseil»

Dans ce contexte, a averti le porte-parole de Ouattara, «nous ne reconnaîtrons pas les décisions du Conseil constitutionnel». Légalement, celui-ci était en droit d'annuler les résultats annoncés jeudi par la CEI, qui avait dépassé le délai légal de 72 heures. Mais l'opposition dénonce les manœuvres du camp Gbagbo, qui avait empêché lundi la proclamation des résultats. Surtout, elle accuse le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, d'être à la solde du président sortant. Paul Yao N'dré «sort de son rôle de juge pour porter ses habits de partisan et militant», a accusé Amadou Gon Coulibaly.

Face à un pays au bord du gouffre, la communauté internationale marche sur des œufs. Pour le moment, les puissances étrangères ont multiplié les appels au calme et à la responsabilité, en se gardant de prendre ouvertement parti. Seuls les États-Unis ont semblé entériner la victoire d'Alassane Ouattara, en appelant dès jeudi au respect des résultats de la CEI. La présidence française a affirmé qu'il appartenait «désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien».

GBAGBO EST UN ENFOIRÉ, UN MAFIEUX, C'EST UN SALAUD DE LA PIRE ESPÈCE. 
LA FRANCE DOIT SE POSITIONNER CONTRE CE DICTATEUR QUI N'A FAIT QUE DU MAL AU PEUPLE IVOIRIEN.
L'AFRIQUE MÉRITE, AUJOURD'HUI, D'AUTRES PERSONNAGES QUE CE SINISTRE ENCULÉ DANS LA DESTINÉ DE SES PEUPLES.

Présidentielle : inquiétude en Côte d’Ivoire



La guerre de Corée n'intéresse personne

Une nouvelle guerre entre les deux Corées n'aura probablement pas lieu. Pour une simple raison : les deux pays, comme leurs alliés, n'y auraient aucun intérêt économique.
Les Etats Unis choisissent leurs guerres. Celle-ci ne présente aucun intérêt. Des centaines de milliers de personnes seraient tuées dans les premières heures du conflit selon une estimation du Pentagone. La Corée du Sud étant un partenaire économique majeur des Etats-Unis, sa destruction probable serait économiquement catastrophique. Wall Street s'effondrerait. A loose-loose situation.

Pour une fois on n'utilisera probablement pas la théorie de Von Klausewitz selon laquelle " la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens ". Mais alors devant ce " stalemate " problématique quelle est la politique des Etats-Unis ? La continuation du stalemate ! Bien sûr, si la Corée du Nord avait des réserves gigantesques de pétrole on se la disputerait à coup de barrages d'artillerie et de bombardements.
L'option d'envisager de développer le Nord coûterait trop cher à la Corée du Sud. Une telle guerre étant infructueuse du point de vue du " business ", on ne la fera pas. Quant à la Corée du Nord elle sait qu'elle ne peut attaquer le Sud. Ce serait du suicide.
Quel atout lui reste-t-il ? Celui de faire peur et de faire du chantage en particulier avec la Chine. La peur se négocie ! La Chine qui n'a aussi aucun intérêt dans un conflit se verra forcée d'aider son " allié " sufisamment pour que les gens ne crèvent pas trop de faim et aient un peu d'électricité. C'est le prix qu'il lui faudra payer pour éviter de pousser le Nord dans ses retranchements auquel cas, n'ayant plus rien à perdre elle pourrait jouer le tout pour le tout et attaquer le Sud.
Quant aux Etats-Unis, ils surveillent de loin, montrant seulement leur capacité militaire pour que la Corée du Nord se tienne tranquille. D'où les jeux de guerre prévus entre Etat-Unis et Corée du Sud.
Bien sûr la situation peut se détériorer si la Corée du Nord se met à fabriquer des armes atomiques. Le raisonnement ci-dessus s'appliquera de nouveau à la différence près que le chantage se fera plus fort et que la Chine sera obligée de céder.
Cuba s'ouvrira au monde après la mort de Fidel Castro. Les pays d'Afrique très riches en minerais rares auront leur période de gloire. Par contre la Corée du Nord semble vouer à ne pouvoir qu'adorer son " dear leader". Rien de plus.

Le vote du budget européen victime du traité de Lisbonne

Le Parlement européen (PE) et le Conseil ne sont pas parvenus à voter un budget pour l’Union européenne (UE) pour 2011. L’Europe renoue avec des crises qu’elle n’a pas connues depuis plus de vingt ans.
Non qu’il n’y ait jamais de tensions budgétaires, car il y en a toujours, mais elles ont surtout lieu entre Etats membres et tous les sept ans, au moment de la négociation du cadre financier pluriannuel. Bien que ce cadre se contente de fixer des plafonds de dépenses sur la durée de la programmation, il constitue une sorte de traité de paix budgétaire et le vote annuel du budget est grandement facilité. Il n’y a pratiquement pas de vraie crise sur le budget annuel depuis 1988, date de la création de cette procédure.
Alors pourquoi une crise cette année ? Jusqu’alors, le pouvoir budgétaire était partagé entre les deux branches de l’autorité budgétaire, chacune ayant la maîtrise d’une moitié du budget. Le Conseil votait les dépenses obligatoires et le PE, les dépenses non obligatoires. Le traité de Lisbonne a supprimé cette distinction et le budget doit être voté, en pratique, en codécision. En cas de désaccord, la Commission réunit un comité de conciliation chargé d’élaborer un projet commun. Il n’y est pas parvenu et il y a donc deux projets : le budget du Conseil à 126,5 milliards d’euros et le celui du PE à 130,5 milliards, en dessous du plafond autorisé par le cadre précité qui est de 134,5 milliards. Chacun a de bonnes raisons pour défendre sa position. Le PE met en avant les besoins nouveaux de l’UE, tandis que le Conseil estime indécent de proposer une augmentation du budget communautaire de près de 6 % alors que les Etats font ce qu’ils peuvent pour réduire leurs propres dépenses.
Cette situation de blocage est prévue par le traité : en cas de désaccord entre les deux institutions,  c’est le budget de l’année précédente qui s’applique par douzièmes provisoires. Cela a été le cas en 1988.
Chaque milliard de plus au budget entraîne pour la France un prélèvement de 165 millions
Mais ce conflit budgétaire n’est que l’expression d’une crise politique plus profonde, qui est l’affrontement entre deux légitimités, complémentaires, mais conduisant à deux logiques budgétaires opposées. Le PE évoque les missions de l’UE et s’inscrit dans une logique de dépenses. Le Conseil évoque ses contraintes et s’inscrit dans une logique de financement. Car le budget de l’UE est financé de fait par les contributions des Etats. Ainsi, dit en substance le Conseil, il est facile au PE d’augmenter le budget, dès lors qu’il fait reporter la charge sur les Etats. Le PE, fort de ses nouveaux pouvoirs budgétaires, veut montrer sa force et ne veut pas se faire imposer une limite par le Conseil. Ce dernier freine pour ne pas avoir à céder chaque année aux demandes du PE. Car il y aura toujours de nouvelles dépenses à financer. Il faut aussi, estiment certains Etats, prendre en compte l’effort budgétaire actuel des contributeurs. En 2009, le solde net de l’Allemagne et de la France vis-à-vis du budget communautaire représente 12 milliards d’euros. Chaque milliard de plus au budget européen entraîne, pour la France, un prélèvement supplémentaire de 165 millions d’euros.
Dans ce combat, le PE a des atouts incontestables : il joue la fibre européenne, s’appuie sur l’opinion, renvoyant les Etats à leur position de pingres égoïstes. Sans compter une habilité tactique. Car, en vérité, le PE est prêt à se rallier à la position du Conseil. A deux conditions. L’une est de faire accepter par le Conseil l’idée de créer de nouvelles ressources propres. L’autre est de demander à être associé à la négociation du cadre financier pluriannuel. Car si le budget annuel est en codécision, le cadre financier lui, reste largement décidé par les Etats. Le PE n’intervient qu’au stade ultime pour approbation. Sur ces deux demandes du PE, les Etats opposent un non catégorique. L’impôt européen exige l’unanimité et le dossier, quoique séduisant, n’est pas mûr. Quant au cadre financier, qui est la clef de voute du système, c’est l’arme fatale qui leur reste et dont ils ne sont pas prêts à se défaire.
Mais le Conseil n’est pas désarmé. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, mais la rupture qui conduit aux douzièmes provisoires, donne en fait satisfaction aux Etats membres qui demandent la simple reconduction du budget 2010 ! Ensuite, le Conseil a bien compris que le PE va demander systématiquement à s’approcher du plafond de dépenses fixé par le cadre pluriannuel. Echaudé par les tensions de cette année, et alors que démarre la négociation du prochain cadre financier, il va chercher à fixer des plafonds à minima. Dans les deux cas, le résultat sera à l’exact opposé à l’objectif visé par le PE.
Jusqu’où ne pas aller trop loin ? Les deux parties ont intérêt à s’entendre. D’ailleurs, il est absolument certain qu’elles y parviendront. La construction européenne fonctionne ainsi depuis cinquante ans.

Arrêtons le pillage financier de l’Irlande publié le lun, 29/11/2010 - 10:28

Le cinquième plan d'austérité imposé au peuple irlandais est une honte. Cette mesure, uniquement destinée à sauver un secteur bancaire moribond, va accabler davantage les citoyens impuissants.
Le pillage de l’Irlande par la troïka de vautours financiers de l’Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international est un crime. Je suis de tout cœur avec ceux qui le combattent et j’admire votre résistance au nom de l’indépendance nationale de votre pays et de l’avenir de votre peuple.
En vous disant de continuer, de ne pas vous laisser démoraliser ou tromper, je vous garantis qu’ici en France et en Europe, nous vous soutenons pleinement, comme nous soutenons la Grèce et le peuple grec, au nom de la justice d’abord et au nom de notre propre avenir, car l’Irlande et la Grèce ne sont que les premières victimes de ce qui conduira fatalement à une désintégration financière mondiale et à une décomposition politique si l’on ne change pas la donne politique.

Ne vous laissez pas faire ! Il ne s’agit pas d’une erreur qui aurait été commise par l’Irlande, c’est un symptôme d’une crise générale. Partout on renfloue les établissements financiers et les spéculateurs, c’est-à-dire les coupables, et on écrase les peuples, c’est-à-dire les victimes.
Ceux qui imposent cette politique sont les conglomérats d’intérêts financiers de la City et de Wall Street, incarnant la forme actuelle de l’Empire britannique. Il est obscène que ces intérêts prétendent sauver l’Irlande en imposant un cinquième plan d’austérité représentant 4 % du Produit intérieur brut, qui s’ajoute aux 4 % des plans précédents ! Brian Lenihan, votre ministre des Finances, a dû reconnaître que la principale préoccupation de son gouvernement était d’éviter un effondrement du secteur bancaire. Tous les gouvernements européens se comportent de la même façon.
Le gouvernement des banques, par les banques et pour les banques
A leur politique qui a pour principe le gouvernement des banques, par les banques et pour les banques, il faut substituer celui d’Abraham Lincoln et de notre Constitution française, « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
On vous dira qu’il faut sauver le secteur bancaire européen et l’euro, et qu’on ne peut pas procéder autrement. Ils répètent, comme Margaret Thatcher, qu’il n’y aurait pas d’autre alternative (TINA, There Is No Alternative). C’est faux ! Car en procédant ainsi, l’Empire britannique non seulement détruit les peuples et les économies, mais se détruit lui-même. L’euro et les principaux établissements financiers sont déjà des morts-vivants, trop grands et trop corrompus pour être sauvés. Notre choix est de ne pas nous laisser entraîner dans son étreinte mortelle !
Comment faire ? En rejetant pour toujours le système monétariste dominant, par sa nature même prédateur, pour lui substituer un système de crédit public à taux de change fixes qui assure l’équipement de l’homme et de la nature. Pour cela, la première salve mortelle contre l’Empire britannique doit être la séparation entre banques d’affaires et banques de dépôt, associée à la mise en faillite ordonnée de ceux qui ont perdu au jeu financier. Cela s’appelle un système Glass-Steagall, du nom de la loi votée aux Etats-Unis sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt et abrogée successivement en France et aux Etats-Unis à la fin du XXe siècle. C’est ce qui a permis cette folie financière qui aujourd’hui veut écraser l’Irlande. Arrêtons-la ensemble !
Le programme et le combat de Lyndon LaRouche aux Etats-Unis et le mien en France partent de cette initiative. Nous comptons sur nos amis irlandais, dans l’esprit de Theobald Wolfe Tone, d’Arthur Griffith et de Michael Collins, pour mener aujourd’hui l’offensive, sachant que mieux que d’autres, vous connaissez le pedigree de l’ennemi britannique et avez toujours eu le courage de lui faire face. Nous nous sentons ici dans l’esprit du général Hoche en 1796.

Noël : les jouets traditionnels ont la cote



Le mystère Aubry


Il y a un mystère Martine Aubry. Pourquoi cette femme politique qui a pris la direction du Parti socialiste en novembre 2008 après un congrès catastrophique où elle ravit le pouvoir dans des conditions discutables à Ségolène Royal – on dénombra ici et là des tricheries – est-elle aujourd’hui en train de se désengager de son éventuelle candidature pour 2012 ?


Quelle que soit l’opinion que l’on a de Martine Aubry, il faut reconnaître ses mérites. Ce n’est pas toujours facile de se faire un nom lorsqu’on est la fille du grand Jacques Delors. Pourtant Martine Aubry fit partie de la « dream team » du Premier ministre socialiste Lionel Jospin et elle fut avec Dominique Strauss-Kahn l’un de ses ministres les plus influents. Pour le meilleur et pour le pire, ce duo fut à l’origine des fameuses 35 heures ! Au congrès du PS, Martine Aubry fut la bénéficiaire d’une opération « tout sauf Ségolène », orchestrée par une coalition hétéroclite des amis de Laurent Fabius, de ceux de DSK et de la gauche du PS autour de Benoît Hamon. Malgré cette majorité assez peu cohérente, Mme Aubry réussit à s’imposer et à imposer son leadership au point d’apparaître à la rentrée de septembre dernier comme une probable candidate à l’élection présidentielle en cas de défection de DSK avec qui elle s’était entre-temps « pactée » !


Depuis lors, la première secrétaire est apparue de plus en plus absente, absente des grandes occasions offertes à la gauche pendant la bataille des retraites, absente des tribunes télévisées où elle se fit remplacer par Mme Royal, absente de Paris et omniprésente à Lille.
Il n’y a guère que deux explications à ce désengagement.


– Ou bien Martine Aubry ne ressent pas cette envie, cette rage de combattre et de vaincre à une élection présidentielle qu’avaient MM. Mitterrand, Chirac et Sarkozy (et qu’a toujours Ségolène Royal) par défaut de motivation ou de capacité de résistance physique.


– Ou bien elle renonce parce qu’elle sait de la bouche même de l’intéressé que M. Strauss-Kahn est d’ores et déjà candidat. Et qu’elle respecte son pacte. On le saura très vite.


PS - Aubry se tait, DSK parle

Retranchée à Lille, Martine Aubry s’est jusqu’ici tue depuis le coup d’éclat de Royal. Dominique Strauss-Kahn, lui, s’est exprimé jeudi à mots couverts depuis… New Delhi.

Comment riposter à Ségolène Royal ? Pris de court l’un comme l’autre par une offensive éclair qu’ils n’ont pas vu venir, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn s’interrogent. Seule certitude : ils sont décidés à ne pas se laisser faire. Fidèle à sa volonté de prendre du recul quand elle perd la main, la patronne du PS s’est murée, depuis lundi soir, dans un grand silence. Elle a même « séché » le bureau national du parti mardi pour coordonner à Lille le « plan grand froid ». « Pourquoi aurions-nous bouleversé notre calendrier ?, affecte de s’interroger François Rousseaux, en charge de sa communication. Martine est sur le terrain, dans sa ville, où elle a beaucoup à faire. Elle a d’ailleurs participé à des maraudes pour vérifier qu’aucun sans-abri ne passerait la nuit dehors… ».
Tentant ainsi de minimiser l’impact de l’offensive Royal, Martine Aubry a laissé ses proches déminer le terrain pour elle. « La priorité numéro un du PS, c’est de répondre aux attentes des Français. Nous devons leur préparer le meilleur projet pour 2012, confie ainsi Harlem Désir, le numéro 2 du parti. Rien ne la détournera de ce chemin. »
Pas question, donc, de laisser Royal imposer son rythme, pas question de relancer une bataille des ego. Tenue par sa promesse de candidature commune avec DSK – elle a confirmé, la semaine dernière, l’existence d’un « pacte », bien réel celui-là, avec Strauss-Kahn – la maire de Lille veut, dit-elle, s’en tenir à sa feuille de route : la construction du « projet », d’abord.

« Elle parlera de tout »

Mais consciente que son long silence commence à être diversement interprété, elle sortira de sa réserve ce week-end. Plusieurs interventions sont aussi prévues la semaine prochaine. « Ce calendrier était établi avant la déclaration de Royal », assure Rousseaux. « Parlera-t-elle de Royal ? – Elle parlera de tout. Du PS, de la France, des Français… »
Les Français, Dominique Strauss-Kahn, les a salués jeudi depuis New Delhi (Inde). Il a réagi – fait exceptionnel – à un nouveau sondage le donnant gagnant à la présidentielle. « Je suis ravi de voir que mes compatriotes m’aiment bien », a lâché le directeur du Fonds monétaire international (FMI), quitte à écorner son « devoir de réserve ». Faut-il y voir un signe alors que la pression s’accentue pour qu’il lève le voile sur ses projets ? En tout cas, DSK a refusé d’aller plus loin. « Il n’y a rien de nouveau », a-t-il répété. Avant de s’en sortir par une pirouette : « A la fin de mon deuxième, troisième, quatrième mandat au FMI, quelqu’un d’une autre région du monde deviendra mon heureux successeur. » Et à la fin de son premier mandat ?

Pierre Mauroy devant la justice pour une affaire d'emploi fictif

Après dix ans d'aléas judiciaires, l'ancien premier ministre socialiste Pierre Mauroy comparaît, vendredi 3 décembre, devant le tribunal correctionnel de Lille pour répondre de l'emploi fictif présumé de Lyne Cohen-Solal à la communauté urbaine de la métropole nordiste en 1992.
A 82 ans, l'emblématique chef de gouvernement de l'Union de la gauche entre 1981 et 1984, qui ne détient plus aujourd'hui qu'un mandat de sénateur, est renvoyé pour "abus de confiance". Il est soupçonné d'avoir fait bénéficier Lyne Cohen-Solal – actuellement adjointe au maire PS de Paris – d'un emploi fictif d'attachée de presse de la communauté urbaine de Lille pendant dix mois, alors qu'elle était également rédactrice en chef de l'hebdomadaire socialiste Vendredi.
ABUS DE CONFIANCE
Lyne Cohen-Solal est jugée à ses côtés pour "recel d'abus de confiance". L'ancien directeur de cabinet de M. Mauroy à la communauté urbaine, Bernard Masset, comparaît lui, pour "complicité d'abus de confiance". Leur renvoi en correctionnelle, annoncé en mai malgré le non-lieu général requis en octobre 2009, conclut une longue procédure, issue d'une plainte en juin 2000 d'Eric Darques, ancien élu local de la ville de Lambersart, dans l'agglomération lilloise.
Les intéressés avaient été mis en examen en juin 2008 pour "détournement de fonds publics" – 19 000 euros au total – avant la requalification des faits en simple "abus de confiance". M. Mauroy avait affirmé à l'époque de sa mise en examen que Lyne Cohen-Solal avait "parfaitement rempli sa mission" de promotion de la métropole lilloise et que sa "faible rémunération (...) n'avait pas été usurpée".
"MINÉ PAR CETTE AFFAIRE"
MM. Mauroy et Masset encourent trois ans de prison, Mme Cohen-Solal cinq ans. L'avocat de l'ancien premier ministre, Me Jacky Durand, se déclare "optimiste" sur l'issue du procès, dès lors que le parquet lui-même a relevé dans ses conclusion qu'il n'y avait "pas matière à la moindre condamnation" pour les trois prévenus. M. Mauroy, "fatigué, est miné par cette affaire et se présente à l'audience avec beaucoup de réticence. Il est temps que cela finisse", a souligné l'avocat.
La défense a fait valoir que cette affaire avait été déclenchée au moment du dépôt d'une plainte de Mme Cohen-Solal contre son adversaire électoral Jean Tibéri, député et maire UMP du 5e arrondissement de Paris, pour une affaire de faux électeurs. Elle s'était soldée par la condamnation de l'ancien maire de la capitale en juin 2009 à dix mois de prison avec sursis et trois ans d'inéligibilité.
M. Mauroy n'a plus de mandat local depuis qu'il a laissé, en avril 2008, la présidence de la communauté urbaine de Lille à Martine Aubry, après dix-neuf ans d'exercice, à l'issue des dernières élections municipales. Il a aussi occupé le fauteuil de maire de Lille pendant vingt-huit ans. Il ne sera pas candidat au renouvellement de son mandat de sénateur, qui arrive à échéance en 2011.

Hackers vengeurs et espions en diligence

Pour le célèbre romancier et intellectuel Umberto Eco, l'affaire WikiLeaks ou "Cablegate" souligne l'hypocrisie qui régit les rapport entre les Etats, les citoyens et la presse et préfigure un retour vers des méthodes archaïques de communication. 

L'affaire WikiLeaks a une double valeur. D'un côté, elle se révèle un scandale apparent, un scandale qui n'apparaît comme tel que devant l'hypocrisie qui régit les rapports entre les Etats, les citoyens et la presse. De l'autre, elle annonce de profonds changements au niveau international, et préfigure un futur dominé par la régression.
Mais procédons par ordre. Le premier aspect de WikiLeaks, c'est la confirmation du fait que chaque dossier constitué par un service secret (de quelque nation que ce soit) est composé exclusivement de coupures de presse. Les "extraordinaires" révélations américaines sur les habitudes sexuelles de Berlusconi ne font que rapporter ce qui depuis des mois pouvait se lire dans n'importe quel journal (sauf ceux dont Berlusconi est propriétaire), et le profil sinistrement caricatural de Khadafi était depuis longtemps pour les artistes de cabaret matière à sketch.
La règle selon laquelle les dossiers secrets ne doivent être composés que de nouvelles déjà connues est essentielle à la dynamique des services secrets, et pas seulement en ce siècle. Si vous allez dans une librairie consacrée à des publications ésotériques, vous verrez que chaque ouvrage répète (sur le Graal, le mystère de Rennes-le-Château, les Templiers ou les Rose-Croix) exactement ce qui était déjà écrit dans les ouvrages antérieurs. Et ce non seulement parce que l'auteur de textes occultes n'aime pas faire des recherches inédites (ni ne sait où chercher des nouvelles sur l'inexistant), mais parce que ceux qui se vouent à l'occultisme ne croient qu'à ce qu'ils savent déjà, et qui reconfirme ce qu'ils avaient déjà appris.
C'est le mécanisme du succès de Dan Brown. Idem pour les dossiers secrets. L'informateur est paresseux, et paresseux (ou d'esprit limité) le chef des services secrets (sinon il pourrait être, que sais-je, rédacteur à Libération), qui ne retient comme vrai que ce qu'il reconnaît. Les informations top secret sur Berlusconi que l'ambassade américaine de Rome envoyait au Département d'Etat étaient les mêmes que celles que Newsweek publiait la semaine d'avant.
Alors pourquoi les révélations sur ces dossiers ont-elles fait tant de bruit ? D'un côté, elles disent ce que toute personne cultivée sait déjà, à savoir que les ambassades, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et depuis que les chefs d'Etats peuvent se téléphoner ou prendre un avion pour se rencontrer à dîner, ont perdu leur fonction diplomatique et, exception faite de quelques petits exercices de représentation, se sont transformées en centres d'espionnage. N'importe quel spectateur de polar sait très bien cela, et ce n'est que par hypocrisie que l'on fait semblant de l'ignorer.
Toutefois, le fait de le répéter publiquement viole le devoir d'hypocrisie, et sert à placer sous une mauvaise lumière la diplomatie américaine. En second lieu, l'idée qu'un hacker quelconque puisse capter les secrets les plus secrets du pays le plus puissant du monde porte un coup non négligeable au prestige du département d'Etat. Aussi le scandale ne met-il pas tant en crise les victimes que les "bourreaux".
Mais venons-en à la nature profonde de ce qui est arrivé. Jadis, au temps d'Orwell, on pouvait concevoir tout pouvoir comme un Big Brother qui contrôlait chaque geste de ses sujets. La prophétie orwellienne s'était complètement avérée depuis que, pouvant contrôler chaque mouvement grâce au téléphone, chaque transaction effectuée, l'hôtel visité, l'autoroute empruntée et ainsi de suite, le citoyen devenait la victime totale de l'oeil du pouvoir. Mais lorsque l'on démontre, comme çela arrive maintenant, que même les cryptes des secrets du pouvoir ne peuvent échapper au contrôle d'un hacker, le rapport de contrôle cesse d'être unidirectionnel et devient circulaire. Le pouvoir contrôle chaque citoyen, mais chaque citoyen, ou du moins le hacker - élu comme vengeur du citoyen -, peut connaître tous les secrets du pouvoir.
Comment un pouvoir qui n'a plus la possibilité de conserver ses propres secrets peut-il tenir ? Il est vrai, Georg Simmel le disait déjà, qu'un vrai secret est un secret vide (et secret vide ne pourra jamais être dévoilé) ; il est vrai, aussi, que tout savoir sur le caractère de Berlusconi ou de Merkel est effectivement un secret vide de secret, parce que relevant du domaine public ; mais révéler, comme l'a fait WikiLeaks, que les secrets de Hillary Clinton étaient des secrets vides signifie lui enlever tout pouvoir. WikiLeaks n'a fait aucun tort à Sarkozy ou à Merkel, mais en a fait un trop grand à Clinton et à Obama.
Quelles seront les conséquences de cette blessure infligée à un pouvoir très puissant ? Il est évident que dans le futur, les Etats ne pourront plus mettre en ligne aucune information réservée - cela reviendrait à la publier sur une affiche collée au coin de la rue. Mais il est tout aussi évident qu'avec les technologies actuelles, il est vain d'espérer pouvoir entretenir des rapports confidentiels par téléphone. Rien de plus facile que de découvrir si et quand un chef d'Etat s'est déplacé en avion et a contacté l'un de ses collègues. Comment pourront être entretenus dans le futur les rapports privés et réservés ?
Je sais bien que, pour l'instant, ma prévision relève de la science-fiction et est donc romanesque, mais je suis obligé d'imaginer des agents du gouvernement qui se déplacent de façon discrète dans des diligences aux itinéraires incontrôlables, en n'étant porteurs que de messages appris par coeur ou, tout au plus, en cachant les rares informations écrites dans le talon d'une chaussure. Les informations seront conservées en copie unique dans des tiroirs fermés à clef : au fond, la tentative d'espionnage du Watergate a eu moins de succès que WikiLeaks.
J'ai eu l'occasion d'écrire que la technologie avance maintenant en crabe, c'est-à-dire à reculons. Un siècle après que le télégraphe sans fil a révolutionné les communications, Internet a rétabli un télégraphe sur fils (téléphoniques). Les cassettes vidéo (analogiques) avaient permis aux chercheurs en cinéma d'explorer un film pas à pas, en allant en avant et en arrière et en en découvrant tous les secrets du montage, alors que maintenant les CD (numériques) ne permettent que de sauter de chapitre en chapitre, c'est-à-dire par macroportions. Avec les trains à grande vitesse, on va de Rome à Milan en trois heures, alors qu'en avion, et les déplacements qu'il inclut, il faut trois heures et demie. Il n'est donc pas extraordinaire que la politique et les techniques de communications en reviennent aux voitures à cheval.
Une dernière remarque. Autrefois, la presse essayait de comprendre ce qui se tramait dans le secret des ambassades. A présent, ce sont les ambassades qui demandent les informations confidentielles à la presse.

Johnny Depp aime la France des écrivains, moins sa conjugaison

Johnny Depp a beau adorer la France, où il a l'impression de pouvoir croiser "Baudelaire au coin de la rue", l'acteur américain se bat encore avec sa conjugaison, malgré douze ans de vie commune avec Vanessa Paradis.
"C'est difficile encore la 'conjugation'. Ça me rend dingue", a-t-il expliqué mercredi en français à Reuters, à Paris, où il se trouve pour la promotion de son dernier film, "The Tourist", avec Angelina Jolie.
Maîtrise-t-il bien le reste de la langue de Molière? "Bien je ne sais pas, mais ça vient", répond l'acteur fétiche de Tim Burton, qui partage son temps entre la Californie, la banlieue parisienne et le sud de la France avec sa famille.
"La France est tout pour moi", a-t-il poursuivi, en anglais. "Elle m'a offert la simplicité, l'idée de pouvoir vivre une vie simple, semi-normale avec mes enfants", Lily-Rose et Jack, a expliqué la star.
"Il doit bien y avoir une raison pour laquelle les artistes et les écrivains ont toujours gravité par ici, il y a quelque chose de magnétique", a estimé Johnny Depp, qui a tourné quelques scènes en français dans le film d'Yvan Attal "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
"Juste marcher dans les rues, entrer dans ces restaurants comme la Closerie des lilas, c'est de l'histoire et vous le sentez. Je vois Baudelaire au coin de la rue, je vois James Joyce, je vois Simone de Beauvoir et Hemingway et Fitzgerald. Je les sens là", a-t-il expliqué.
Angelina Jolie, dont il interprète l'amant dans "The Tourist", pourrait jouer une héroïne de Baudelaire, selon lui. "Elle pourrait incarner 'les fleurs du mal'", a-t-il estimé.
John Irish, édité par Laure Bretton

Wolfgang Schäuble : «Nous avons tous les moyens de conserver la stabilité de l'euro»

Dans un entretien accordé au moment où il recevait le Grand prix de l'Economie des « Echos », le ministre des Finances allemand, confie son optimisme quant à la future gouvernance de la zone euro. Il sera dans l'intérêt bien compris des créanciers privés d'aider volontairement un pays de la zone euro en difficulté mais toujours solvable, selon Wolfgang Schäuble. Il confirme que l'Allemagne devrait afficher l'an prochain un déficit public inférieur à 3 % et souligne le rebond de la demande intérieure outre-Rhin.
Quel regard portez-vous sur l'extrême fébrilité des marchés financiers à l'égard de la zone euro ?

Nous avons en ce moment une inquiétude qui ne correspond pas à la réalité. Mais je suis convaincu qu'elle va se résorber, quand nous appliquerons de manière cohérente les mesures déjà prises. Ces réactions des marchés sont aussi liées au fait que la construction européenne est encore quelque chose de nouveau pour le reste du monde, parce que nous répartissons la compétence législative entre le niveau européen et les Etats-nations, au lieu de la réserver exclusivement à ces derniers. Mais cette démarche s'inscrit dans les efforts nécessaires à consentir, au XXIème siècle, pour trouver de nouvelles formes de prise de décision.

Le mécanisme permanent de résolution des crises de la zone euro, appelé à remplacer le schéma actuel, qui expire en 2013, vous convient-il ? N'est-il pas en deçà de ce que le gouvernement allemand souhaitait ?

Pour trouver une solution commune, on doit développer des propositions et ensuite être prêt à tomber d'accord sur un compromis. Ceux qui se basent sur tel ou tel document de travail intermédiaire pour ensuite évaluer le résultat final n'ont pas compris comment on arrive à une décision.

Dans le nouveau mécanisme, si un pays de la zone euro est certes en difficulté mais toujours considéré comme solvable, les investisseurs privés seront impliqués sur base volontaire. Est-ce crédible ?

Oui, tout à fait. Si l'analyse menée par la BCE, le FMI et la Commission européenne conclut que l'Etat en question est solvable, il est dans l'intérêt des créanciers qu'il le reste. Ce n'est pas comme si nous demandions aux créanciers quelque chose qui les desserve. Nous ne les encourageons pas à faire oeuvre de charité, nous leur montrons clairement où est leur intérêt. S'ils ne coopèrent pas, le danger grandirait que l'Etat ne soit plus solvable, et alors ils devront nécessairement participer au sauvetage.

Et quand un Etat n'est plus solvable ?

Si un Etat de la zone euro cherche assistance, on doit évidemment chercher dans chaque cas une solution adaptée. Toute autre attitude serait une absurdité. Si vous prenez les deux cas qui se sont présentés cette année, la Grèce et l'Irlande, leurs causes et leurs caractéristiques sont tellement différentes qu'un schéma pré-établi ne ferait aucun sens. On agit au cas par cas. Mais il est aussi clair que si l'analyse de la Commission, de la BCE et du FMI conclut à l'insolvabilité, alors la participation des créanciers privés, sous une forme ou une autre, doit être une composante du programme de sauvetage.

Que se passera-t-il entre 2013 et 2018, dans la période où le nombre d'obligations souveraines munies de clauses d'action collective sera encore minoritaire ?

Dimanche dernier, nous n'avons pas encore arrêté tous les détails. Il n'y avait pas de nécessité à le faire. Bien sûr, on aurait pu imaginer, c'est une réflexion que nous avons eue au sein du gouvernement allemand, attacher ces clauses plus tôt, peut-être de manière volontaire. Mais, au cours des dernières semaines, le débat sur ces clauses a été constamment mal compris, comme si nous voulions utiliser ces instruments, déjà, dans les mesures d'aides actuelles pour l'Irlande, ou même pour la Grèce. Pour éviter tout malentendu, nous avons décidé de dire que ces clauses ne seraient introduites qu'à partir de la mi-2013, de manière obligatoire.

Dans la crise irlandaise, le bas niveau du taux de l'impôt sur la société a été sérieusement mis en question. La crise de la zone euro ne montre-telle pas un besoin d'harmonisation, dans le domaine fiscal et d'autres ?

C'est une question fondamentale de politique européenne. Les peuples d'Europe, qui sont souverains, dans leur écrasante majorité ne sont pas prêts à communautariser tous les domaines de la politique. Je suis d'avis que les problèmes de l'Irlande viennent de ce qu'elle a attiré, dans les dernières années, des activités financières dans des proportions excessives, grâce à ses dispositions fiscales et une autorité de supervision perfectible. Avec des conséquences dont personne ne souffre plus aujourd'hui que l'Irlande et le peuple irlandais. Mais de l'autre côté, beaucoup de gouvernements ont souligné que la politique fiscale, y compris dans le traité de Lisbonne, est de la compétence des Etats. Ils ont insisté : cette crise ne peut pas mener à un abandon soudain des principes de compétences au sein de l'UE.

Que pensez-vous des études de certains économistes et analystes qui portent sur une scission, voire une dissolution de la zone euro ?

Tous ceux qu'on désigne comme experts ne le sont pas nécessairement. Je suis totalement convaincu que nous avons tous les moyens de conserver à l'avenir l'euro comme monnaie mondiale stable. En outre, je suis convaincu que la monnaie unique n'est pas seulement un gros atout pour les Européens. L'économie mondiale aussi, de plus en plus interdépendante, a un intérêt à une monnaie européenne forte.

Le déficit public allemand devrait repasser l'an prochain sous la barre des 3 % du PIB. Etes-vous fier de ce résultat ?

D'après les prévisions disponibles pour la croissance et l'évolution du marché du travail, nous avons en effet une chance de respecter l'an prochain la limite des 3 %. Au milieu de nombreuses critiques, venues de l'UE, du FMI, des Etats-Unis, nous avons, avec notre politique modérée de réduction des déficits, non pas ralenti, mais renforcé la croissance. Cette recette ne vaut pas nécessairement de la même manière pour tous les pays, mais pour l'Allemagne, notre politique était la bonne. Pour soutenir la demande intérieure privée en Allemagne, il faut créer la confiance en la pérennité de la politique. Nous y sommes parvenus. Les Sages pronostiquent que la contribution de la demande intérieure à notre croissance va sensiblement augmenter dans les années à venir.

La taxe sur les transactions financières est-elle toujours à l'agenda ?

Nous avons un accord à l'Ecofin pour traiter le sujet. Nous avons reçu les premières analyses de la Commission. Nous savons qu'il y a des positions divergentes. Mais dans ce domaine aussi, la France et l'Allemagne sont déterminées à avancer. Et, en matière fiscale, c'est la règle de l'unanimité qui vaut. Nous y travaillons vigoureusement et nous pensons que les arguments en faveur de la taxe sont convaincants. Eu égard à la volatilité des marchés financiers, nous avons besoin d'éléments stabilisants.

Pour Jean-Claude Trichet, il n'y a pas de crise de l'euro

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, affirme, vendredi 3 décembre, sur RTL, que l'euro est "crédible" et n'est pas "en crise en tant que monnaie", au lendemain du conseil des gouverneurs de la BCE qui a prolongé ses mesures exceptionnelles.
"On a des problèmes d'instabilité financière qui sont dus à une crise budgétaire dans certains pays européens", a-t-il ajouté, en expliquant que la BCE avait décidé jeudi de "continuer à alimenter en liquidités, sur des durées d'une semaine, un mois et trois mois, de manière illimitée, l'économie européenne".
La BCE a annoncé jeudi qu'elle gardait son principal taux directeur inchangé au niveau historiquement bas de 1 %. Mais alors que l'institution européenne avait laissé entendre à plusieurs reprises qu'elle allait alléger son dispositif en faveur des banques, profitant de la normalisation du marché interbancaire, elle y a finalement renoncé, décidant de prolonger ses prêts à taux fixe et montant illimité sur trois mois jusqu'à fin mars 2011.

Le Financial Times indique pour sa part que la BCE a acheté jeudi plus massivement qu'attendu, par tranches de 100 millions d'euros, des obligations publiques irlandaises et portugaises afin de réduire les taux des emprunts. Ces rachats se déroulaient alors même que Jean-Claude Trichet indiquait sans avancer de montant que son institution allait poursuivre son programme de rachat d'obligations publiques. Selon le FT, qui cite des traders, la BCE n'a pas racheté d'obligations espagnoles.
Les taux portugais sont repassés jeudi sous la barre des 6 %, à 5,854 %, contre 6,4 % mercredi soir ; ceux de l'Irlande sont descendus sous les 9 % (à 8,297 %). Les taux de l'Espagne ont oscillé autour de 5 %, contre 5,25 %, tandis que les taux italiens se sont inscrits à 4,36 %, contre 4,50 % mercredi soir.

On a découvert une nouvelle forme de vie... sur Terre

Des scientifiques ont annoncé la découverte d'une nouvelle forme de vie cachée au fond d'un lac de Californie. Il s'agit d'une bactérie capable de se développer à partir de l'arsenic. Une découverte qui laisse suggérer que des formes de vie sont possibles sur d'autres planètes réputées invivables.

 La Nasa l'affirmait sur son site, il fallait s'attendre à une annonce extraordinaire, à même de bouleverser la recherche sur l'existence de vies extra-terrestres. L'information révolutionnaire est tombée jeudi soir : des scientifiques ont annoncé la découverte d'une nouvelle forme de vie... cachée au fond d'un lac de Californie. Il s'agit d'une vulgaire bactérie capable de se développer à partir de l'arsenic et d'incorporer le violent poison naturel dans son ADN. On attendra donc pour rencontrer E.T. en personne. 
 Mais passée la déception, il apparaît que la découverte présentée jeudi soir au public n'en demeure pas moins exceptionnelle. Ce n'est pas tant la bactérie en soi, qui est déjà connue, qui importe. "Ce qui est nouveau ici, c'est que l'arsenic est utilisé comme bloc de construction pour un organisme", souligne le professeur Ariel Anbar, co-auteur des travaux, financés par la Nasa, qui doivent paraître dans la revue Science. En somme, cette découverte redéfinit ce que la science considère comme les éléments de base nécessaires au développement de la vie: le carbone, l'hydrogène, l'azote, l'oxygène, le phosphore et le soufre.
La Nasa attise la curiosité

La découverte de cette bactérie californienne tapie au fond d'un lac empoisonné est partie d'une discussion il y a quelques années entre trois scientifiques sur la possibilité que des formes de vie différentes, mues par des lois biologiques inédites, puissent exister sur Terre. Felisa Wolfe-Simon, chercheuse en astrobiologie à l'USGS, l'Institut de géophysique américain, Ariel Anbar, de l'Université de l'Arizona (sud-ouest) et un troisième scientifique, Paul Davies, avaient ensuite publié en 2009 des travaux émettant l'hypothèse que l'arsenic puissent se substituer au phosphore (dont il est proche sur la tableau périodique des éléments) dans des formes précoces de vie sur Terre.

Mais, au-delà de la vie sur Terre, le fait qu'une bactérie soit capable d'évoluer dans l'arsenic pourrait suggérer que des formes de vie sont possibles sur d'autres planètes réputées pourtant invivables. Nous revoilà donc partis dans notre quête d'altérité dans l'espace infini !  La Nasa avait d'ailleurs attisé la curiosité des spécialistes dans son invitation à la presse pour l'annonce officielle, indiquant qu'il s'agissait de "discuter d'une découverte en astrobiologie qui aura des conséquences sur la recherche de preuves de vie extra-terrestre". Mais quelle que soit la portée de ces travaux, le Pr Anbar reconnaît que la découverte d'une vie extra-terrestre est encore loin d'être à l'ordre du jour.

Vous avez dit « successeur » ?

Le risque, c'est l'invraisemblable. Et là, nous y sommes. Un responsable politique ne parle jamais de son successeur. Même à l'article de la mort. Même de façon détournée. Même avec bienveillance. C'est absolument contraire à son instinct comme à son fonctionnement. Un mot tabou, qui porte malheur. Alors quand un professionnel comme DSK le prononce, comme il l'a fait hier à New Delhi, ce ne peut être par inadvertance, comme cherchent à nous le faire croire les proches du favori des sondages, et encore moins pour chanter l'ouverture aux pays émergents de l'institution qu'il dirige, comme l'affirment ses conseillers.
Le directeur du FMI savait très bien l'effet que produirait sa petite confidence apparemment anodine mais calculée au millimètre. Et tout se passe exactement comme il l'avait prévu. La presse a mordu à l'hameçon et toute excitée par « le signe » de l'homme de Washington, elle dissèque à n'en plus finir la formulation pour en décrypter le sens. La ficelle est aussi mince qu'une corde à noeuds : trois jours après l'annonce de la candidature de Ségolène Royal aux primaires du PS, son « premier ministre idéal pour les Français » vient de rappeler qu'il n'était pas en voie de delorisation, et restait plus que jamais en course pour la magistrature suprême.
La méthode est un peu lourde, quand même, et manque curieusement de sérénité pour un homme qui survole les sondages des primaires, distançant aisément tous ses rivaux, y compris la présidente de Poitou-Charentes. Le petit jeu du chaud-froid pour gagner du temps ne trompe plus personne désormais. Les Français risqueraient de rapidement se lasser des atermoiements d'un personnage que toutes les enquêtes d'opinion donnent largement vainqueur du candidat de la droite au second tour. Avec cette question agacée : en a-t-il envie oui ou non ?
Séduisant en petit comité ou sur un plateau de télévision, DSK ne dispose cependant pas du charisme qui lui donnerait les moyens de manipuler sa popularité. A seize mois de l'échéance, sa meilleure carte jusque-là - l'absence - sera bientôt périmée. D'atout incontestable, elle pourrait même devenir un handicap. S'il doit apporter régulièrement la preuve qu'il est toujours, malgré tout, dans le paysage national, le directeur général du Fonds monétaire international finira à la longue par perdre cette autorité nonchalante et décontractée qui fait sa séduction pour une composition classique sans grand intérêt, où il est loin de donner le meilleur de lui-même. Un bon acteur, les Français en ont déjà un à l'Élysée. Ce qu'ils attendent de son futur challenger, c'est précisément qu'il soit différent avec sous le bras - mais où est-il ? - un vrai projet.


? la caravane passe

Le coup de pied rageur de Ségolène Royal dans la fourmilière a eu le mérite d'empêcher le parti socialiste de pétrifier les primaires jusqu'à l'été prochain. Le processus de désignation s'est rouvert et n'est plus seulement le tapis rose que l'on se préparait à dérouler pour l'hésitant Dominique Strauss-Kahn. Mais à peine l'ex-candidate à la présidentielle avait-elle marqué ses points, avec un brio certain, qu'aussitôt elle les a reperdus dans une inattendue marche arrière au journal télévisé du lendemain en évoquant l'éventualité de son retrait? Sans doute, après une journée de reproches véhéments, venait-elle de se rendre compte que son coup d'éclat faisait à nouveau d'elle une femme seule et sans soutiens, quand dans l'unité elle avait réussi à redorer son blason.


Psychodrame, silences, bisbilles, les interprétations vont bon train depuis, ignorant que répondre à Ségolène Royal c'est lui donner de l'importance. Or le problème du PS ce n'est pas cette candidature pour bruyante qu'elle soit, mais bien son projet. Martine Aubry a choisi une ligne politique et fixé un calendrier, elle veut maintenant boucler le programme et organiser le vote des primaires. La première secrétaire tentera, le plus longtemps possible, de faire en sorte que le show des uns et des autres n'alimente pas la dispersion. Aboiements ou pas la caravane passe.


Le plan communication de Martine Aubry et de ses amis est à l'évidence de rester sur les axes définis à l'avance et non de répondre à ce qui se passe ailleurs. C'est une stratégie qu'ils ne laisseront modifier ni par les saillies de Ségolène Royal, ni par les petites phrases de Nicolas Sarkozy.


En poussant Martine Aubry à réagir à sa candidature, Ségolène Royal cherchait à la mettre en position de challenger. La première secrétaire n'est pas tombée dans le piège, soucieuse de se donner une image de possible présidentiable au-dessus de la quotidienneté. Pas sûr que dans ce même registre la grossière manoeuvre du pacte ait été sa meilleure idée. Bien dans son personnage de sage de la Corrèze, François Hollande tire profit de ce crêpage de leadership, en incarnant chaque jour un peu plus, et avec juste ce qu'il faut de distance, le réalisme de gauche.

Ridicule

Ira ? Ira pas ? Le suspense est insoutenable autour de la candidature de Monsieur Strauss-Kahn. L’homme ne manque certes pas de finesse et comme il ne peut, à cette heure, dire ni oui, ni non, il s’amuse à distiller signes et contre-signes. Un coup dans le zig, un coup dans le zag, et on repart en sens inverse. Le ridicule est plutôt chez les sondeurs qui nous annoncent déjà, tel l’Ifop, sa victoire au second tour avec 59% des suffrages. Et pourquoi pas 75%, Monsieur Ifop ? Faudrait quand même voir à ne pas prendre les journaux du bon Dieu (et les autres) pour des canards sauvages… Le ridicule frappe également les commentateurs, qui pratiquent l’analyse comme un art divinatoire, et jouent les Pythie de comptoir.
Alors, ira ou ira pas ? 
Et si on pariait, pour changer un peu, sur le Loto sportif ou le concours de Miss France ?

Situation bloquée à Abidjan


Une élection ne fait pas la démocratie. Les exemples pullulent, et le continent africain en a une longue expérience. Mais elle peut marquer un tournant. C'est ce qui est en train de se jouer, en ce moment-même, à Abidjan. Depuis dimanche, on attendait le résultat du second tour de l'élection présidentielle opposant le sortant, Laurent Gbagbo, à son principal rival, Alassane Ouattara. Quatre jours d'attente et la crainte du pire. Car, malgré une mobilisation sans précédent des électeurs, malgré la présence de Casques bleus de l'Onu et d'observateurs indépendants, malgré la surveillance mutuelle des deux camps tout au long de la procédure de dépouillement des bulletins de votes, l'interruption du processus électoral menace toujours.


Le blocage au sein de la Commission électorale a été total. La nouvelle de la mort de huit militants du camp Ouattara a même fait craindre, hier, un nouveau coup d'État, le basculement dans la guerre civile. En fin de journée, un résultat a enfin été annoncé. Il couronne Ouattara l'opposant, de façon assez nette, mais il est contesté par le camp Gbagbo et le Conseil constitutionnel.


Dans une démocratie rodée, on parlerait d'une alternance difficilement conquise. Dans le cas ivoirien, c'est l'installation même d'un fonctionnement démocratique qui est en jeu, pour une population désireuse de tourner enfin la page de dix ans de conflits.


Car jamais depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, en 1993, le pays n'a pu mener à terme la transition démocratique pourtant souhaitée par des millions d'Ivoiriens. Longtemps exemple de stabilité, le pays a plongé peu à peu dans les guerres de succession. Laurent Gbagbo, ancien opposant au père de la nation, ne devait son arrivée à la présidence qu'au coup d'État de 1999 et à une élection tronquée en 2000. Depuis, le pays a vu s'enchaîner mutineries et soulèvements militaires, sur fond de tensions ethniques, en sommeil depuis l'Indépendance, en 1960.


En 2002, un début de guerre civile a fait craindre une partition radicale du territoire entre un Nord acquis à la cause d'Ouattara et une moitié sud du pays loyale à Gbagbo. Héritiers de la période Houphouët, ni Gbagbo ni Ouattara n'ont pu, jusqu'ici, acquérir une légitimité nationale. L'un, Gbagbo, parce qu'il a toujours été accusé de dérive autocratique. L'autre, Ouattara, parce que le camp adverse lui reproche d'avoir soufflé sur les braises de la rébellion armée en 2002.


Tout, en fait, sépare ces deux hommes. L'un, Gbagbo, par son passé syndical, a une fibre plus socialiste et joue volontiers de la corde nationaliste. L'autre, Ouattara, économiste formé aux États-Unis et ancien haut fonctionnaire du FMI, a été le dernier Premier ministre d'Houphouët. Durant la campagne électorale, la compétition entre les deux hommes a flirté en permanence avec le risque d'un embrasement violent. Plaçant le pays sur le fil du rasoir : la France observe avec appréhension, mais le violent sentiment antifrançais des années 2002-2004 la rend discrète. Environ quatorze mille de nos compatriotes résident actuellement en Côte d'Ivoire.


La présence sur le territoire de nombreuses milices et le risque réel de dérapages ethniques préoccupent la communauté internationale. Hier, le Conseil de sécurité des Nations unies a annoncé être prêt à prendre toutes les mesures contre quiconque bloquerait le processus électoral. La paix ne tient, en fait, qu'à un fil, la parole du vaincu. La plus dure à dire.

Brèves de Polichinelle

Jour après jour, la chronique des potins du monde alimente nos curiosités goulues de minuscules révélations que l'on nous présente comme des brûlots mais dont on a désamorcé tous les détonateurs. Fallait-il tout ce tapage pour nous apprendre que Nicolas Sarkozy est autoritaire et pro-américain, que DSK n'a guère de sympathie pour Ségolène Royal, qu'Angela Merkel est triste comme un bonnet de nuit, que Berlusconi n'aime rien tant que la gaudriole et que notre Rafale est invendable? Non bien sûr et c'est un curieux paradoxe que de voir des journaux servir la caution à un site expert en autopromotion sur des informations mille fois écrites et expliquées à leurs lecteurs.

D'autres s'offusquent de ce déballage en place publique des coulisses de la diplomatie, volées par un informaticien aussi malin que mal intentionné. À croire que les équilibres du monde vont s'en trouver bouleversés. Sans doute la publication des télégrammes agacera-t-elle quelques susceptibilités. Mais à lire et relire les livraisons de scoops de polichinelle on comprend que l'argument de la transparence n'est que le prétexte à un déversement exhibitionniste d'indiscrétions au service d'intérêts qui eux sont bien tenus secrets.

Les contre-pouvoirs, pour rester crédibles, ne doivent pas se départir de leurs codes déontologiques, ni oublier de toujours séparer le bon grain de l'ivraie. L'éthique est souvent l'alliée de la pugnacité contre les manipulations de la vérité et les abus du secret d'État. Informer ce n'est pas être à la remorque d'un site Internet qui confond la liberté d'expression avec la diffusion de cette espèce de recueil de brèves de café du commerce. Les coulisses ne sont que les coulisses et WikiLeaks un avatar d'Internet dont on découvrira peut-être un jour qu'il a été instrumentalisé.

Heureusement la guerre et la paix ne dépendent ni d'un petit lapin poursuivi à travers un salon doré ni d'un canapé accueillant à Washington. L'intérêt principal de cette opération à grand retentissement sera, peut-être, d'ouvrir une vraie réflexion sur les métiers de l'information. Et de vérifier une fois encore que la distance et le respect de l'autre sont d'autres formes d'expression. Le silence aussi.

Sarkozy, l’évidence d’une candidature

A côté de l’emballement politique des primaires au Parti socialiste, on a assisté à un emballement médiatique concernant les intentions présidentielles de Nicolas Sarkozy. Mardi soir, le chef de l’Etat recevait des parlementaires UMP de la Droite sociale, le club du ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez. Entre autres choses, il leur dit qu’il ne pourra pas faire plus de deux mandats puisque la révision constitutionnelle qu’il a fait voter en 2008 limite effectivement à deux le nombre de quinquennats consécutifs.

Un député rapporte la scène à un journaliste. Et ça devient : "Nicolas Sarkozy envisage un deuxième mandat." "Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à la présidentielle de 2012." Et de fil en aiguille, on en tire la conclusion : les choses se précipitent au PS, donc le président accélère à son tour. C’est ça que j’appelle un emballement. Car la réalité est en fait plus simple.

Nicolas Sarkozy n’a évidemment pas annoncé sa candidature, même si celle-ci ne fait strictement aucun doute. Il a fait un constat : ce sera deux quinquennats maximum. Un constat n’est pas une annonce.
Et surtout, ce n’est pas la première fois qu’il fait le coup. C’est même une habitude chez lui, quand il reçoit des parlementaires à l’Elysée, d’évoquer la prochaine présidentielle, le plus souvent sur le mode de l’humour.

8 juillet 2009, on est juste après les élections européennes : « Au pire ou au mieux, vous en avez encore pour sept ans et demi avec moi ! » Si on compte bien, ça veut bien dire qu’il se voit à l’Elysée jusqu’en 2017. 12 mai 2010, après les régionales : « Ne croyez pas que je ne réfléchis pas à l’étape suivante. » Et puis dans le grand mercato de la majorité du mois de novembre, tous, de Jean-François Copé à François Baroin, tous martèlent qu’ils veulent travailler à l’élection de Nicolas Sarkozy. Alors il a beau dire, comme le 15 novembre dernier à la télévision, qu’il ne prendra sa décision que « quelque part à l’automne 2011 », personne n’imagine un seul instant qu’il ne sera pas à nouveau candidat. D’ailleurs, de Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac, y en a-t-il un seul qui n’ait pas tenté d’être réélu ?

Pourquoi alors, ses propos sur 2012, provoquent-ils plus de remous que d’habitude ? Pour deux raisons. La première tient au camp d’en face. Le fait que le PS se soit lancé dans la bataille pour la désignation de son candidat influe sur l’ensemble du paysage politique. Mais on dit : le PS accélère, donc Sarkozy accélère. En fait c’est l’inverse. C’est parce que la droite n’a pas de doute sur son candidat que les socialistes se disent : il faudrait peut-être que nous aussi on se mette en ordre de marche.

La deuxième raison tient à la popularité toujours faible de Nicolas Sarkozy. Pour la première fois dans un sondage, paru dans "L’Express", une majorité courte de sympathisants de droite dit préférer François Fillon à l’actuel chef de l’Etat comme candidat en 2012. Du coup certaines voix, comme Jean-Pierre Raffarin, confient en privé : « S’il sent qu’il peut être battu, il n’ira pas ». Mais ces voix sont archi minoritaires. La plupart, à l’instar d’Alain Juppé, sont au contraire convaincus que, même si les sondages sont mauvais, Nicolas Sarkozy restera persuadé d’être le seul à pouvoir gagner.

La dernière ligne de défense

Face au triple risque de déflation en Europe, d'asphyxie financière de plusieurs Etats de la zone euro et d'effondrement en cascade de banques de pays dits « périphériques », la dernière ligne de défense passe par Francfort et Berlin.

Par Francfort, où la Banque centrale européenne dispose des moyens de calmer la crise, tout au moins dans ses manifestations les plus aiguës. Il ne faut pas sous-estimer la capacité du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, à prendre des mesures exceptionnelles, à la hauteur d'enjeux tout à fait considérables puisque c'est de la survie de la zone euro qu'il est question. La BCE peut accroître ses achats d'obligations d'Etat irlandaises, portugaises ou autres, ce qui constitue en soi une menace décisive contre la spéculation. Elle peut et doit continuer à assurer la liquidité des banques des pays fragiles pour éviter la panique des populations concernées et la contagion à un grand pays comme l'Espagne. Elle pourrait enfin, si nécessaire, dans un ultime défi aux marchés, emprunter la voie ouverte par la Réserve fédérale américaine depuis plus d'un an en engageant un vaste programme de rachat d'actifs. Si cette option audacieuse est exclue aujourd'hui, elle fait partie de l'arsenal de défense de toute banque centrale condamnée à choisir entre la survie de la monnaie et le respect de l'orthodoxie.

Mais, au-delà de ces réponses au tourbillon de défiance qui menace la zone euro de désintégration, c'est Berlin qui détient la clef d'un retour au calme durable. « Nous, en tant que politiques, ne devons pas nous laisser gagner par la nervosité » des marchés financiers, déclarait hier soir à Paris le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble. Noble engagement, mais qui suppose encore que l'Allemagne clarifie sa conception de la solidarité européenne, dise ce qu'elle est prête à accepter pour assurer la stabilité de cet espace commun, affirme et surtout explique à son opinion qu'il est dans son intérêt stratégique d'éviter absolument la contagion de la crise à un grand pays de la zone euro.

Depuis le début de l'année, les créanciers de la zone euro testent cette faille majeure de notre zone monétaire commune : jusqu'où les pays partageant la même monnaie seront-ils solidaires les uns des autres ? Défi d'autant plus redoutable qu'en ces temps de doute il s'arme facilement de relents populistes. Les grands d'Europe, Allemagne en tête, sauveront l'euro s'ils cessent de considérer leurs voisins comme un risque - tombera ? tombera pas ? -et se souviennent qu'ils partagent avec eux plus que l'euro, un destin commun.

Le prévisible, l'incertain et l'inconnu


Ce sont les trois mots clefs pour analyser rigoureusement la situation et les mesures de politiques économiques à prendre. Cela vaut pour l'économie mondiale, pour celle de l'Union européenne et bien évidemment pour la France. C'est donc à partir d'une analyse soigneuse des faits, établissant une frontière précise entre ces trois territoires, le prévisible, l'incertain et l'inconnu que l'on peut délimiter les domaines d'actions possibles, puis analyser les avantages et inconvénients de toute décision. C'est également pour cela qu'il est tout aussi important de saisir les origines de la crise que nous vivons depuis 2007, comprendre le déroulement de ces trois dernières années, percevoir précisément la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui et tenter, sans approximations excessives, de dessiner les contours des semestres et années à venir et les moyens d'infléchir, s'il en est besoin, le cours des choses.


Il y a d'abord ce qui est connu. Fondamentalement, la crise même si elle a éclaté dans la sphère financière, est, comme toujours à l'origine liée au monde réel. Elle correspond, en effet, au transfert, extraordinairement rapide et violent, d'activités, souvent industrielles, des pays de l'OCDE vers les pays émergents. Certains pays ont plus souffert que d'autres, parfois par manque de lucidité, souvent par manque de réactivité. C'est sans nul doute le cas de notre pays, du moins si on le compare à notre grand partenaire allemand. Il y a évidemment ce qui est imprévisible car aucun des dérèglements majeurs de l'économie mondiale n'est réellement réglé : désindustrialisation, excès de liquidité, poursuite du désendettement affaiblissant la croissance, variabilité forte des prix des matières premières.


Tout cela a conduit à plaider pour la création d'un G20 qui aurait pour objectif de réguler l'économie mondiale, notamment dans son versant financier et l'on ne peut que se réjouir du fait que la France soit en charge de ce G20 en 2011.


Cependant, il ne faut pas négliger les risques de l'inconnu, baptisés improprement « guerre des monnaies ». Si nos partenaires (Etats-Unis, Royaume-Uni, Japon, Chine) continuent à mener des politiques monétaires hyperstimulantes, empêcher l'appréciation de l'euro sera impossible, sauf si la Banque centrale européenne se met à accumuler une montagne de dollars, ce qui serait dangereux et indésirable.


Si l'on prend le cas de la France, il est nécessaire d'élaborer des politiques économiques adaptées tout particulièrement dans le timing. Et tout cela doit se faire dans un environnement macroéconomique difficile avec une dette publique à résorber, sans véritable degrés de liberté, si ce n'est de faire évoluer la réparation des revenus.


Tout cela prend du temps, beaucoup de temps, les conséquences sont connues, la croissance aux Etats-Unis ne dépassera pas les 2 %, en Europe 1,5 point. La vraie incertitude se situe dans des prévisions de durées : 2012-2013 ? Sûrement pas avant. Tout dépendra évidement de l'impact des resserrements budgétaires et de l'efficacité des politiques monétaires mises en oeuvre par les banques centrales. Mais quittons le domaine relativement confortable de ces zones grises pour rentrer dans l'inconnu. La liste des interrogations est longue et impressionnante et toute politique économique doit se conformer à cette impuissance première : nous ne savons pas ce que sera la répartition des activités productives, donc l'emploi, à cinq ans dans nos pays.


Dans une période de rupture aussi significative, l'exigence est de donner la priorité aux éléments de compréhension pour bâtir des politiques économiques efficaces. Par exemple, comment inciter le travail, l'innovation, l'épargne de long terme ? Et puis, aujourd'hui, les problèmes fiscaux sont traités isolement ou de manière très approximative par des positions simplistes où l'on oppose le confiscatoire au « y'a qu'à ». Un autre point, tout aussi urgent et parfaitement inconnu, concerne les effets du vieillissement, effet négatif si on le prend à travers les prélèvements associés aux retraites et à la santé et effet positif si l'on pense que les seniors peuvent être productifs et que cette nouvelle répartition démographique est source de nouvelles activités.


Il est définitivement urgent de savoir ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas.

De plus en plus de médecins…

Le Français moyen, abreuvé de reportages alarmistes sur le désert médical en expansion, est convaincu que le nombre de médecins est en chute libre. Un des mérites de l'« Atlas de la démographie médicale française 2010 » publié par l'Ordre des médecins est de montrer exactement le contraire : il n'y a jamais eu autant de médecins en activité en France, 216.450 au 1 er janvier 2010. Certes, ce nombre augmente faiblement depuis cinq ans, mais il augmente toujours. Et si l'on fait une comparaison plus longue, les chiffres sont spectaculaires : le nombre des médecins s'est accru de 93 % en trente ans. La population française ayant augmenté dans des proportions bien moindres, la densité médicale est passée, au cours de ces mêmes trente dernières années, de 206 médecins pour 100.000 habitants à 324.

Ainsi, contrairement au discours ambiant qui, sur ce sujet comme sur tant d'autres, accable nos oreilles, la réalité est que la situation s'est nettement améliorée. Elle est même une des meilleures du monde, comme le montrent les chiffres du rapport de l'ONU sur le développement humain où l'on constate que la densité médicale en France est la plus élevée du monde, juste après celles de la Norvège et des Pays-Bas. Le débat public gagnerait ainsi à se focaliser sur les vrais problèmes plutôt que sur des fantasmes. Car les vrais problèmes existent ! L' « Atlas » de l'Ordre des médecins fait ainsi apparaître que la densité médicale connaît un écart de plus de 50 % entre les régions bien dotées, telles que l'Ile-de-France et la région Paca, et les moins bien dotées que sont la Picardie et le Centre. Il y a donc un souci majeur de répartition des médecins sur le territoire alors même que leurs syndicats protestent contre les timides mesures prises par la loi Bachelot de juillet 2009 pour tenter de corriger ces inégalités. Autre vrai souci : sur les 5.259 nouveaux médecins de 2010, plus de 1.000 ont préféré le statut de remplaçant plutôt que de s'installer. Et quand on leur demande pourquoi, plus de 70 % répondent qu'ils redoutent la paperasse, et plus de 50 % les gardes de nuit et de week-end. Voilà de quoi donner à réfléchir sur les vraies difficultés.

Eurotunnel, symbole encombrant

Quitte à célébrer des anniversaires, autant choisir de bons souvenirs. Comme ce 1 er décembre 1990 qui a vu deux ouvriers, l'un britannique et l'autre français échanger la première poignée de main à 100 mètres sous la mer. Hier, les deux hommes se sont à nouveau serré la pogne, émus comme au premier jour.

On aurait pu choisir bien d'autres dates pour se remémorer cette aventure hors du commun. L'introduction en Bourse, en novembre 1987, par exemple. Mais ces souvenirs-là conservent un goût amer. Un chantier qui dérape, des actionnaires floués, des promesses trompeuses et, au bout, l'un des grands scandales financiers de cette fin de XX e siècle.

L'histoire d'Eurotunnel rappelle que, si les grands travaux sont rarement de grandes affaires, celle-là est un concentré des erreurs à ne pas commettre, même au nom d'un rêve. L'erreur politique d'abord, deux leaders qui ne partagent pas la même vision du monde et ne s'entendent sur rien, François Mitterrand et Margaret Thatcher. L'étatiste contre l'ultra-libérale. Alors, pour faire passer la pilule d'un projet 100 % privé et faire croire à la bonne affaire, on invente des projections de trafic totalement farfelues, qui s'avéreront cinq fois supérieures à la réalité.

Mais, comme ce cocktail n'était pas suffisamment toxique, les promoteurs de ce nouveau « canal de Suez » ont corsé la difficulté en imaginant un système dont les règles du jeu changent sans arrêt et où la répartition des rôles entre constructeurs et exploitants est totalement floue. Résultat, un dérapage des coûts phénoménal qui ruinera l'entreprise et la conduira à la procédure de sauvegarde en 2006. Bilan des courses : une perte de 3 milliards pour les particuliers actionnaires et de 5 milliards pour les banques.

C'est à ce prix qu'Eurotunnel est désormais une entreprise assainie, dotée de bonnes perspectives de croissance et protégée par une concession qui l'emmènera vers la fin du siècle. Ironie de l'histoire, le premier actionnaire de ce symbole européen est maintenant la banque américaine Goldman Sachs.

Seule consolation, ce symbole n'a rien coûté au contribuable. Mais il démontre que, depuis Zola et même avant, la folie des grands chantiers n'est pas l'apanage de l'Etat.

L'insoluble problème de la taille des banques

Remède privilégié lors de la crise financière, l'extension du périmètre des établissements bancaires inquiète.

Aux États-unis comme en Europe, les gouvernements et les autorités bancaires sont confrontés à un paradoxe inextricable. D'un côté, tous veulent en finir avec le « too big to fail », adage devenu célèbre avec la crise de l'automne 2008 : un nombre considérable de groupes financiers « trop gros pour faire faillite » ont dû être sauvés à coups d'injections massives d'argent public. Mais d'un autre côté, force est de constater qu'à l'occasion de cette crise les banques ont encore grossi !

« Bien que le problème du « too big to fail » soit largement reconnu, beaucoup de nos plus grandes banques mondiales se sont en fait développées pendant la crise », a souligné mardi le patron de la Réserve fédérale de Boston, Eric Rosengren. Ce responsable qui fait autorité a calculé que le total des actifs des trois plus grandes banques américaines, qui était d'un peu plus de 30 % du produit intérieur brut des États-Unis en 2005, avait dépassé les 40 % en 2008. Selon ses estimations, le rapport est encore très supérieur en Europe : 250 % en France, 400 % au Royaume-Uni. Une situation qui s'explique cependant par la plus grande concentration du marché des dépôts de ce côté-ci de l'Atlantique, et par des méthodes différentes de calcul du total de bilan.

Quels que soient les chiffres, le gonflement, lui, ne fait pas de doute. Il y a une explication technique à ce phénomène : la disparition des outils (comme certaines titrisations) qui permettaient aux banques de sortir des risques de leurs bilans. Mais il résulte aussi d'un mouvement de consolidation. En particulier, il faut se souvenir que la méthode privilégiée il y a un an par les autorités pour sauver les institutions en déroute a été de les adosser : JP Morgana avalé Bear Stearns, Bank of America a repris Countrywide et Merrill Lynch, les britanniques Lloyds et HBoS ont fusionné, Fortis a été repris par BNP Paribas…

Un virage à 180°

L'urgence ayant disparu, les gouvernements sont aujourd'hui tentés par un virage à 180° au nom de la sécurité du système. Et les plus grandes institutions financières du monde s'inquiètent. Les projets de refonte de la régulation aux États-Unis (qu'il s'agisse du projet du Trésor ou de celui de Chris Dodd), en Europe ou au niveau du G20 prévoient d'imposer aux groupes dits « systémiques » des contraintes spécifiques et supplémentaires aux nouvelles exigences qui s'appliqueront à l'ensemble du secteur. Certaines de ces mesures ne seront pas dirimantes. Par exemple, les institutions systémiques devront élaborer des « testaments », en fait des états des lieux précis de leurs engagements, qui permettront aux autorités d'y voir clair si elles devaient procéder à une mise en faillite et à une fermeture. Mais les groupes concernés risquent aussi de faire face à des exigences renforcées de fonds propres. Si le curseur est poussé trop loin, il pourrait nuire à la rentabilité de ces groupes, en détourner les investisseurs et, in fine, les condamner à revoir leur modèle. Certains trouvent l'objectif louable, oubliant au passage que la mondialisation de l'économie « réelle » suppose l'existence de groupes financiers à même d'accompagner le mouvement…

En Europe, le mouvement prend un tour plus concret avec les décisions de la Commission européenne à l'encontre des groupes qui ont reçu des aides d'État l'an dernier. ING, le géant néerlandais, est ainsi contraint au démantèlement. Au Royaume-Uni, l'heure est aussi à la fragmentation. Mais il pourrait ne s'agir que d'un temps de respiration avant une nouvelle phase de consolidation du secteur. Et ce sont les acteurs les plus puissants, bien qu'ils soient déjà « too big to fail », qui sont en priorité attendus pour racheter les actifs mis sur le marché.

N'AVEZ-VOUS PAS REMARQUÉ ? DÈS QU'UN COMMERCE FERME, C'EST UNE BANQUE QUI LE REMPLACE...POURQUOI ?

Etats-Unis : pourquoi les banquiers se font casser partout

Il y a un sport qui fait fureur aux Etats-Unis : le « banker-bashing » (littéralement, le « cassage de banquier ou de financier »). La discipline est pratiquée un peu partout sur la planète, essentiellement par des commentateurs feignants et des politiciens démagogues, mais elle connaît depuis peu un renouveau dans un pays plutôt réputé pro-business.
Le « banker-bashing » fait des émules jusque dans les médias, qui passaient pourtant leur temps à chercher des « success storys » et semblent avoir pris du recul. Journalistes et commentateurs s'interrogent de plus en plus sur les raisons de la crise économique et désignent, parfois de façon caricaturale, les coupables sous les vocables de « banquiers », « financiers »…
L'opinion publique elle aussi se révolte, dans une Amérique où le banquier a toujours eu une bonne image, ce banquier qui octroie aux familles l'hypothèque et le crédit, étapes indispensables sur le chemin de l'American Dream.

Les profits des banques contre la réalité de l'économie

C'est bien l'économie réelle qui a fait tomber le rêve américain : face à la reprise boursière et aux profits historiques de Wall Street, la réalité économique du pays paraît d'autant plus dramatique qu'elle touche toute la population.
Le taux de défaut des hypothèques (structure du patrimoine des ménages par excellence) reste élevé, le chômage frôle les 10%, et le moral est en berne car chacun sait que la situation va encore être difficile et pour un bon moment.
Si cette situation suffisait amplement à tourner l'opinion contre les banquiers, il y a ici des facteurs aggravants qui ne jouent pas en leur faveur. Wall Street bénéficie ainsi de Tarp, le fonds de soutien au secteur financier ; ces milliards cédés quasi gratuitement et qui servent de coussin permettant d'absorber de gros risques.
C'est là l'origine des profits annoncés par les grandes banques d'investissement de Wall Street : des milliards gagnés au risque des contribuables et ensuite redistribués avec fracas sous la forme de bonus.

Wall Street ne croit pas à la reprise

Parallèlement, les banques de dépôt comme Bank of America, celles qui contribuent directement à l'économie réelle, sont toujours en crise et peinent à se relever ; elles souffrent du ralentissement de la consommation, de la volonté de désendettement des ménages et surtout de nombreux défauts qui plombent les bilans.
Il suffit juste de voir les difficultés liées à la énième levée de fonds de BoA, ou bien l'annonce de la 100e faillite de banque déclarée à la FDIC cette année, pour comprendre que Wall Street ne croit pas du tout à la reprise.
Devant cette situation, que les médias, l'opinion publique ou les politiciens condamnent « les banquiers » est compréhensible. Pire, des gourous du marché se mettent à les critiquer. Georges Soros a ainsi récemment dénoncé « les cadeaux injustifiés » que sont les profits de Wall Street.
Alors que l'administration Obama cherche à mettre son empreinte sur le système bancaire en musclant sa réforme, les banquiers sont en train de lui fournir un beau bâton pour qu'il puisse lui aussi se mettre à ce nouveau sport, le Banking Bashing, qui finira peut-être par inspirer la création d'un MBA spécialisé…

Pascal de Lima est économiste en chef chez Altran Financial Services et maître de conférences à Sciences-Po. François Ladsous est responsable du marketing chez Altran Financial Services.


LA SEULE CHOSE À FAIRE EST DE CASSER LE SYSTÈME BANCAIRE, RETIRONS NOS LIQUIDITÉS DES BANQUES, ELLES NE SE FOUTRONT PLUS DE NOUS !!!