TOUT EST DIT

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jeudi 2 décembre 2010

Quand des francs-maçons soutiennent l'Elysée

L'Express révèle des courriers entre le patron de la GLNF et Nicolas Sarkozy. Et les services politiques qu'il a rendus au président.
 Un échange de courriers jette une lumière crue sur les relations secrètes entre des francs-maçons et l'Elysée.  
Sous l'en-tête du grand maître de la Grande Loge nationale française (GLNF, 43 000 frères), la missive, datée du 19 janvier 2009 - que L'Express s'est procurée - fait part à Nicolas Sarkozy du "soutien actif à Christian Blanc, Brice Hortefeux, Roger Karoutchi, Hubert Falco et Christine Boutin". 
La lettre, signée François Stifani, ajoute: "Je leur apporterai toute l'aide dont ils ont besoin dans leurs projets, comme l'ensemble des maçons de mon obédience le fait avec vous. Vous êtes le premier président de la République avec lequel nous sommes totalement en accord."  
Une telle déclaration d'amour politique est sans précédent de la part d'une obédience maçonnique. 
Nicolas Sarkozy répond à François Stifani, grand maître de la GLNF: "La confiance que vous me témoignez et le soutien résolu dont vous m'assurez me confortent dans ma ferme volonté de poursuivre le mouvement de réformes engagé." 
Cet échange de mots doux est demeuré discrètement archivé, avant d'être exhumé il y a quelques jours. L'Elysée a authentifié la lettre envoyée par Nicolas Sarkozy, en réponse à celle signée François Stifani.  

Une lettre qui "participe d'une manipulation"?
Sollicité par L'Express, le grand maître de la GLNF fait dire par son avocat qu'il n'a pas émis ce courrier, qui "participe d'une manipulation". Sans préciser laquelle. Un collaborateur du leader franc-maçon a-t-il pu fabriquer la missive à son insu et l'envoyer au président ? Mais, dans cette hypothèse, François Stifani aurait dû être surpris que Nicolas Sarkozy le remercie de lui avoir adressé un message de soutien. 
La seule réponse du président de la République est embarrassante pour le leader franc-maçon. Car la GLNF a une obligation de parfaite neutralité vis-à-vis des pouvoirs publics, comme l'impose sa règle en 12 points.  
Elle interdit en effet à tous ses membres "en son sein toute discussion ou controverse politique ou religieuse". A l'extérieur de l'obédience, le grand maître se montre, lui, politiquement très actif. "Dès que François Stifani rencontre un conseiller de l'Elysée, il lui propose ses services", confie Alain Bauer, ex-grand maître du Grand Orient de France (GODF) et proche de Nicolas Sarkozy. 
Des collaborations doûteuses
Dans un entretien à L'Express en septembre 2010, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, confirmait qu'il avait rencontré plusieurs fois François Stifani, avant de révéler: "Il a, s'agissant d'une situation sociale délicate à gérer, apporté une contri-bution positive."  
Concrètement, selon nos informations, le grand maître de la GLNF a fait jouer ses réseaux maçonniques en Guadeloupe, afin d'aider le gouvernement à nouer les fils du dialogue avec le LKP d'Elie Domota, pendant la longue crise de janvier à mars 2009.  
A l'hiver suivant, François Stifani, "en tant que grand maître de l'une des principales obédiences françaises", remet à Nicolas Sarkozy un rapport sur l'organisation des musulmans de France. 
Après le tollé provoqué par cette révélation, l'intéressé minimise, en évoquant une "réflexion à titre personnel". Quant à l'échange de missives entre François Stifani et Nicolas Sarkozy, sa diffusion gêne le grand maître, car elle dévoile les relations tissées entre lui et certains ministres. Cette nouvelle affaire va-t-elle intensifier la crise interne qui secoue la GLNF depuis un an? 

Wikileaks : les télégrammes sur DSK et Royal



Paris et Berlin veulent harmoniser l'impôt sur les sociétés en Europe

L'Allemagne et la France veulent créer un "club" de pays européens adoptant la même assiette fiscale pour l'impôt sur les sociétés. Leur modèle ? Les accords de Schengen.
 Paris et Berlin travaillent à une initiative commune pour harmoniser l'impôt sur les sociétés en Europe. Après le débat ouvert sur le bas niveau d'imposition des bénéfices en Irlande (12,5 % contre 30 % en Allemagne) considéré comme une concurrence fiscale déloyale des deux côtés du Rhin, l'Allemagne et la France comptent faire ratifier par un groupe de pays de l'Union européenne (UE) un accord sur une même assiette fiscale pour taxer les sociétés dans ces pays.
Les deux Etats misent en fait sur le mécanisme de coopération renforcée prévu par les Traités européens. La libre circulation sans contrôle dans de nombreux pays de l'UE, les accords Schengen, a par exemple été mise en place d'une façon similaire. Des pays pouvant ensuite se joindre aux neuf pays pionniers. Dans ce cas, la France et l'Allemagne doivent trouver sept autres pays pour mettre en place donc dans neuf pays une assiette fiscale identique pour l'imposition des sociétés. Hormis la France et l'Allemagne, l'Espagne, les pays scandinaves (Danemark, Suède et Finlande) ainsi que certains pays d'Europe de l'Est devraient participer à cet accord.
Londres, Dublin et Bratislava hostiles
En revanche l'Irlande, la Grande-Bretagne et la Slovaquie seraient clairement hostiles à une telle harmonisation de l'assiette fiscale des entreprises. Cette assiette fiscale unique est considérée à Paris et Berlin comme un moyen pour atteindre un des objectifs de la "stratégie de Lisbonne", soit un marché unique fonctionnant bien. Pour un investisseur asiatique en Europe, par exemple, différentes assiettes fiscales dans l'UE représentent une complication et un coût supplémentaire, et influencent donc la compétitivité de l'Europe face à d'autres zones.
En mars prochain, la Commission européenne devrait faire des propositions sur cette assiette fiscale unique. Ce projet devrait être calqué sur l'initiative franco-allemande en cours. Les 27 pays membres devront ensuite en discuter. Bruxelles avait refusé d'introduire l'an dernier un taux minimum d'imposition sur les sociétés dans l'UE. A l'initiative du président Nicolas Sarkozy, Paris et Berlin ont mis en place un groupe de travail pour "explorer les possibilités de convergence de leurs systèmes fiscaux respectifs".
La semaine prochaine, le ministère allemand des Finances enverra à Bercy un mémo sur son système. En janvier prochain, les deux pays compareront leurs fiscalités. Cette "convergence" franco-allemande ne touchera pas cependant la fiscalité sur les successions, la fortune et la taxe foncière dans les deux pays. La France ayant à peine réformé la taxe professionnelle et l'Allemagne la taxe sur les héritages, ces deux dossiers à peine refermés ne seront pas rouverts dans leur discussion bilatérale.
Paris et Berlin espèrent parvenir à un accord bilatéral sur la fiscalité des entreprises à la fin du printemps ou au début de l'été. Côté français, la Cour des comptes, sous la direction de Didier Migaud, dirige le projet. Côté allemand, c'est directement le ministère fédéral des Finances qui gère cette nouvelle coopération.

Les oracles de Dominique Strauss-Kahn

Même à 6 000 kilomètres de Paris, le sort de Dominique Strauss-Kahn, "l'imam caché" ou "le fantôme de Washington", comme ils le surnomment, obsède les socialistes. Grand favori des sondages, le directeur du Fonds monétaire international (FMI) est en effet un candidat potentiel qui n'a pas le droit de s'exprimer jusqu'à la fin de son mandat, sinon par codes et allusions, qui fournissent matière à décryptage à la moindre de ses interventions.
En lançant sa propre candidature, Ségolène Royal s'est positionnée par rapport à celle du directeur du FMI. Selon elle, Dominique Strauss-Kahn "a déclaré très clairement (...) qu'il décidait de rester à la tête du Fonds monétaire international jusqu'en 2012". Une version reprise en boucle sur Internet par les partisans de la présidente de région, à la fureur de leurs "camarades strauss-kahniens".
"UN COUP DE BARRE D'UN CÔTÉ, UN COUP DE BARRE DE L'AUTRE"
La déclaration à laquelle Ségolène Royal se réfère provient d'une interview de "DSK", le 18 novembre, au magazine allemand Stern (à lire en anglais sur le site du FMI). Elle peut sembler sans ambiguïté : "Je vais mener mon mandat comme directeur du FMI à son terme. Et ce terme, c'est 2012." Cette courte réponse a suffi aux "ségolénistes", mais aussi à l'UMP, pour déclarer le directeur du FMI forfait pour 2012.
Les strauss-kahniens en font pourtant une lecture très différente : tout est question de balance, explique en somme François Patriat, sénateur strauss-kahnien de Côte-d'Or, interrogé mercredi par LeMonde.fr : "il donne un coup de barre d'un côté, un coup de barre de l'autre". En l'occurrence, une autre interview passée plus inaperçue en France, cette fois-ci à la télévision suisse, le 23 novembre. "J'ai une mission, je la remplis (...). Je suis très touché de voir que mes concitoyens m'apprécient, d'un autre côté s'ils m'apprécient c'est pour le travail que je fais et donc il faut que ce travail se poursuive. On verra ce que l'avenir réserve un peu plus tard."
Statutairement, le directeur du FMI ne peut absolument pas prendre partie dans la politique nationale, sous peine de sanction. Se sachant surveillé de très près, Dominique Strauss-Kahn joue donc le mystère, et multiplie les répliques sibyllines. Sur RTL, le 4 février, il expliquait ainsi qu'il comptait aller au bout de son mandat, tout en ajoutant que "dans certaines circonstances", il pourrait se "reposer cette question". Le 7 octobre, dans Le Monde, il explique : "Les Français ne m'oublient pas, je ne les oublie pas non plus, (...) je suis concentré sur mon mandat." Le 15 novembre, sur France Inter, il refuse une fois encore de répondre, ajoutant : "Il n'est pas dit que le jour où je donnerai la réponse à cette question, j'y réponde à travers un média." Mais son épouse, Anne Sinclair, est au "Grand journal" de Canal+ et y martèle que son mari est bel et bien "de gauche". 

SIGNES ET THÉORIES

Les partisans de "DSK" doivent se contenter de ces "signaux faibles". Mis à part peut-être son entourage le plus proche, personne à gauche ne connaît le choix du directeur du FMI. Ni ne sait s'il l'a fait. Députés, sénateurs, pontes du PS en sont réduits à la conjecture : "s'il avait choisi de ne pas revenir, il l'aurait fait savoir plus vite", expliquait François Patriat au Monde.fr. Ailleurs on parle de "sentiment", de "conviction"... mais aucune certitude. Apparemment, Dominique Strauss-Kahn n'a confié à personne au PS sa décision – s'il l'a prise. Plusieurs échos de presse lui ont d'ailleurs prêté l'intention de briguer la présidence de la Commission européenne ou de la Banque centrale européenne.
Ses partisans sont eux persuadés de son retour, et épluchent ses notes, ses interventions, à la recherche de signes en ce sens. Dernière théorie en date : Dominique Strauss-Kahn a mené une réforme du FMI, au terme de laquelle les pays en développement seront mieux représentés. Il plaide maintenant, il l'a répété jeudi 2 décembre, pour que l'institution soit dirigée à l'avenir par quelqu'un originaire d'un pays en développement. Il n'en fallait pas plus pour que ses fans imaginent un retrait progressif en 2011, date de la réforme, au profit d'un nouveau directeur issu d'un pays émergent.
A ce petit jeu, la presse n'est pas innocente. Editos, articles, dépêches... le cas Strauss-Kahn est très suivi. Trop ? La plupart des articles évoquant un retour de "DSK" sont tout sauf étayés. Dernier en date : Le Canard enchaîné relate, en tête de sa page 2, mercredi 2 décembre, un écho d'un "dîner en ville", où un ponte d'Euro RSCG non identifié aurait raconté comment "DSK" les faisait travailler sur son programme pour 2012. Car, candidat ou non, "DSK" se préoccupe de ses intérêts en France, qu'il a confiés en grande partie à Stéphane Fouks, président exécutif de cette influente agence de communication parisienne, dont le sigle revient souvent dans les articles consacrés à cette candidature. De là à imaginer que son équipe et lui aient pu inspirer quelques articles...
L'UMP ENTRE DANS LA DANSE
Dernier acteur, et non des moindres, de cette "DSK-mancie" : l'UMP. Une candidature Strauss-Kahn est vécue, pour certains dans le parti, comme la pire configuration pour Nicolas Sarkozy, et tout est fait pour lui mettre des bâtons dans les roues. Au début de l'année, les proches de l'Elysée faisaient volontiers courir le bruit que "DSK" ne se présenterait jamais.
Avec la réforme des retraites, le parti présidentiel se plaît à s'accaparer la figure de "DSK". Ainsi, l'UMP n'a pas manqué de relever un rapport émanant du FMI et plutôt en faveur de la loi, en résumant la chose comme "Strauss-Kahn soutient la réforme", alors même qu'il n'a pas le droit de prendre position.
Dernier "coup" en date : l'ostentation manifestée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il a reçu Dominique Strauss-Kahn à l'Elysée, suivie de la salve de compliments que lui a lancé le chef de l'Etat lors de son interview, le 16 novembre. "C'est un homme pour qui j'ai beaucoup de considération ; il fait parfaitement son travail", a expliqué le chef de l'Etat, rappelant au passage qu'il était "son" candidat pour le FMI. La manœuvre peut sembler grossière, elle donne du grain à moudre à la gauche de la gauche, pour qui "DSK" est avant tout l'homme des "banksters" et du capitalisme mondialisé.
Samuel Laurent

Crise de la zone euro : la BCE appelée à la rescousse

Les marchés attendent avec fébrilité le verdict de la BCE, la Banque centrale européenne, qui réunit son conseil ce jeudi. Avec l'espoir que Jean-Claude Trichet (qui s'exprime à 14h30) et ses pairs ne mettront pas fin à leur politique monétaire non conventionnelle. A découvrir ce jeudi dans La Tribune : cinq scénarios pour sortir de la crise de la zone euro.
 La Banque centrale européenne préparait ouvertement sa stratégie de sortie de crise et, lors de sa conférence de presse du début novembre, son président, Jean-Claude Trichet, avait donné rendez-vous à ses interlocuteurs le 2 décembre pour en détailler les modalités et le calendrier. Et, patatras, la brutale aggravation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro a remis en cause cette feuille de route. Trichet est à nouveau appelé à jouer à la fois le pompier et le Messie. Les marchés attendent de lui qu'il ouvre plus grandes encore les issues de secours, qu'il éteigne l'incendie et qu'il rende aux acteurs des marchés leur sérénité perdue.
D'ores et déjà, la BCE qui semblait avoir mis un terme à son programme de rachats de titres des dettes publiques des pays en détresse, mis en place en mai au plus fort de la crise grecque, a dû le réactiver pour parer aux turbulences qui secouent maintenant l'Irlande et menacent de dégénérer vers les autres pays du « club Med ». Après trois semaines d'interruption de ces rachats, l'institut d'émission de Francfort s'est porté acquéreur la semaine dernière de 1,348 milliard d'euros de titres de dette, le montant le plus élevé depuis deux mois, contre 713 millions la semaine précédente, ce qui porte à un total de 67 milliards d'euros ses rachats d'obligations publiques depuis mai. Rachats systématiquement stérilisés pour ne pas mettre en péril la mission de gardienne de la stabilité des prix.
Deux options
Ce jeudi, jour de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, deux options s'offrent à ses sages : renforcer l'arsenal de mesures conventionnelles ou dégainer « l'arme nucléaire ». La première option conduirait la BCE à proroger le dispositif d'allocations de liquidités aux banques en quantités illimitées et à taux fixe lors de ses opérations de refinancement, qui devait prendre fin à la mi- janvier. Quitte à continuer à tolérer l'addiction des banques à la monnaie de la banque centrale, devenue le prêteur en premier ressort et non, comme le veut sa mission, en dernier. La BCE a déjà mis fin à ses opérations exceptionnelles à six mois et un an, dont la dernière arrivera à échéance le 23 décembre, mais elle a, depuis, interrompu le processus de normalisation et sert toutes les demandes des banques lors de ses adjudications de routine à une semaine et à un et trois mois. Ce serait faire preuve de « flexibilité » que de prolonger ces mesures non conventionnelles durant le premier trimestre de 2011, tout en répétant qu'elles sont « par nature transitoires ».
Face aux dysfonctionnements obligataires et au regain de tension sur le marché monétaire, la seconde option est celle de l'arme nucléaire, ainsi baptisée par les marchés dès le mois de mai, car la BCE avait dû se faire violence pour utiliser un outil qu'elle avait jusque-là récusé. La BCE pourrait annoncer qu'elle renforcera, si besoin, son dispositif de rachats d'emprunts d'État - ce qu'elle a déjà commencé à faire. Mais il est tout à fait improbable qu'elle aille au-delà, notamment qu'elle s'engage sur des objectifs chiffrés qui risqueraient de « stresser » les marchés au lieu de les rassurer. Et d'avoir des répercussions politiques négatives, notamment dans les pays vertueux de la zone euro.
A découvrir ce jeudi dans La Tribune : cinq scénarios pour sortir de la crise de la zone euro.

Madrid assure ne pas avoir besoin de l'aide de l'UE

Les privatisations partielles annoncées mercredi par le chef du gouvernement espagnol permettront à l'Espagne de réduire d'un tiers ses besoins de financement pour 2011,  déclare, jeudi 2 décembre, la ministre de l'économie Elena Salgado au quotidien économique espagnol Expansion. "Cela nous permettra de réduire notre dette", estime-t-elle.

Alors que le pays avait évalué ses besoins de financement à environ 45 milliards d'euros pour 2011, ceux-ci seront finalement de 30 à 31 milliards, a-t-elle précisé. José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi un "paquet de mesures", dont la suppression des allocations exceptionnelles pour les chômeurs en fin de droits, une baisse des impôts pour les petites et moyennes entreprises (PME) et une série de privatisations partielles qui permettront à l'Etat d'engranger des recettes supplémentaires.
"Nous allons donner accès au capital privé pour la gestion des aéroports à hauteur de 49 %, et la gestion des aéroports de Madrid et de Barcelone deviendra privée à travers un régime de concession", a-t-il dit. Ces deux mesures de privatisation pourraient rapporter à l'Etat environ 14 milliards d'euros, selon des sources gouvernementales.
L'Espagne n'aura pas besoin de recourir à un quelconque fonds de l'Union européenne, déclare le premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dans une interview à CNBC, appelant à "une politique budgétaire bien plus intégrée" au sein de la zone euro. Le processus de consolidation du système bancaire espagnol ne faiblit pas, assure-t-il, soulignant que l'Espagne avait besoin d'injecter moins de capitaux dans son système bancaire que tout autre pays de la zone euro.

Un an déjà, et déjà vieux

A peine entré en vigueur le 1er décembre 2009, le nouveau fonctionnement de l’Union s’est trouvé aux prises avec la crise. Mais avec le temps, estime un éditorialiste espagnol, ses avantages devraient être plus visibles. 

Le 1er décembre, le traité de Lisbonne fête sa première année. Les événements si importants de ces 12 derniers mois ne pouvaient qu’assombrir cet anniversaire. L’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution européenne a coïncidé avec la survenue de la crise de la dette en Grèce, qui n’a pas tardé à virer au désastre financier pour la zone euro. Cette crise a révélé que le traité était caduc d’entrée de jeu. Après une décennie de succès apparents, nous découvrons avec effroi que l’Europe n’est pas armée pour défendre sa monnaie. Fort heureusement, le traité prévoit des mécanismes pour introduire les changements nécessaires, même si certains se scandalisent d’une modification aussi prématurée.
L’Europe a fini par prêter l’oreille à de nombreux europhiles, dont les avertissements étaient occultés depuis de longues années par l’euphorie des marchés. Nous avons ainsi, récemment, commencé à réentendre la voix de Jacques Delors. L’ancien président de la Commission européenne, grand bâtisseur de l’Union, déclarait récemment : “L’Union économique et monétaire a été victime du capitalisme financier et d’une défaillance provoquée par l’irresponsabilité de nos dirigeants.” Pour lui, “cette défaillance a été de vouloir faire l’union monétaire sans l’union économique”.
Delors a ironisé sur l’absurdité du monde dans lequel nous vivons. “Aujourd’hui, les marchés nous avertissent que si nous ne réduisons pas notre déficit, ils vont nous attaquer. Mais comme les politiques de réduction des déficits provoquent une baisse de la croissance, ils nous disent ensuite : ‘Nous allons vous attaquer parce que votre croissance n’est pas suffisante’.” Et d’ajouter : “[Nous allons assister] à un retour du populisme.” Une renaissance inquiétante car, à en croire Delors, le populisme ne se manifeste pas uniquement dans les élections nationales, mais aussi au Conseil européen.

"La situation actuelle ne peut plus durer"

Marco Incerti, chercheur au Centre for European Policy Studies (CEPS), nous explique : “L’un des problèmes du traité de Lisbonne, c’est que, lorsqu’on a élaboré la Constitution européenne (projet resté sans suite, mais repris à 90 % dans le nouveau traité), on n’a pas pris en compte les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, dont beaucoup n’étaient pas encore apparus.” “La situation actuelle ne peut plus durer, estime Incerti, car nous sommes dépourvus d’instruments pour régler certaines questions pressantes”, en particulier dans le domaine financier. “Il est aberrant de devoir attendre que seize personnes [les dirigeants de l’Eurogroupe] se réunissent pour prendre une décision”, conclut-il.
L’un des principaux objectifs du traité consistait à doter l’UE d’une voix unique pour sa représentation extérieure. D’où la création du titre de président permanent du Conseil européen et le renforcement des pouvoirs de la diplomatie européenne. Après un an, il est encore trop tôt pour évaluer le résultat. Mais le travail minutieux réalisé par Herman Van Rompuy a été décisif pour obtenir des accords aux moments les plus critiques, pendant lesquels l’Union était “au bord de la catastrophe”, comme il l’a dit lui-même. La décision de Van Rompuy de convoquer les dirigeants en février et la manière dont il a géré l’équipe d’experts en vue d’élaborer un gouvernement économique ont contribué à créer un climat constructif face à l’indécision des leaders.
Marco Incerti reconnaît avec d’autres analystes que “Van Rompuy s’en est bien mieux sorti qu’on ne l’aurait imaginé”. Quant au Haut représentant pour les Affaires étrangères, il serait injuste d’examiner son bilan dès maintenant : Catherine Ashton a consacré toute son énergie à la mise en place du service d’action extérieure européen, “un instrument au grand potentiel”, selon l’analyste du CEPS.

"Beaucoup de personnes parlent au nom de l'Europe"

Ce qui me préoccupe", souligne toutefois Iñigo Méndez de Vigo, eurodéputé du Parti populaire (droite) et l’un des juristes ayant participé le plus activement à l’élaboration de la Constitution, "c'est que baucoup de personnes parlent au nom de l’Europe : Van Rompuy, José Manuel Barroso [le président de la Commission européenne], les chefs d’Etat et de gouvernement [la présidence semestrielle tournante], et maintenant Jean-Claude Trichet [le président de la Banque centrale européenne] sont venus s’y ajouter. Il y a une grande cacophonie, c’est une source de confusion.
Enrique Barón Crespo, ancien président du Parlement européen, fait valoir que “le Conseil européen, précise-t-il, est en train de devenir peu à peu le futur gouvernement économique de l’UE et le Parlement européen se voit doter de nouveaux pouvoirs.” Une chose est sûre, depuis un an que le traité est entré en vigueur : les eurodéputés ont déjà fait entendre leur voix, pour fixer de nouvelles conditions à l’accord conclu précédemment entre les Etats membres et les Etats-Unis sur la transmission de données bancaires, ou encore pour exiger un plus grand rôle du Parlement dans les discussions sur le budget de l’UE.

Et si DSK ne se présentait pas...

Avec la crise, pas sûr que Dominique Strauss-Kahn puisse quitter son poste de directeur du Fond monétaire international. 

Quitter le Fonds monétaire international pour retourner vers la scène politique française est une décision délicate à prendre pour Dominique Strauss-Kahn. Il est vrai que la conjoncture ne joue pas en sa faveur. Les blessures de la crise économique ne sont pas totalement refermées et son institution est en première ligne dans la crise budgétaire de la zone euro.
Partira, partira pas? La question intéresse autant en France qu'à Washington, où DSK a pris ses fonctions il y a trois ans et a encore deux ans de mandat devant lui.
Après l'annonce de la participation de Ségolène Royal à la primaire socialiste en vue de la présidentielle d'avril 2012, l'économiste Nouriel Roubini a estimé, sur Twitter, qu'avec « Royal candidate, DSK doit bientôt partir du FMI s'il veut être président en France ».
 

L'Europe a besoin de lui

Au siège du FMI, le sujet gêne. Aussi bien les porte-parole de l'institution que les délégations éludent la question. « Il y a beaucoup de rumeurs », dit, sous couvert de l'anonymat, le représentant d'un des 27 membres de l'Union européenne, qui loue « le très bon travail » du directeur général de l'institution.
« Savoir s'il va partir, c'est un sujet politique. Je m'abstiens de faire des commentaires là-dessus. Encore une fois, il fait un très bon travail et nous espérons qu'il continuera à le faire », a-t-il poursuivi.
D'autant plus que la nationalité de l'ancien professeur d'économie est aujourd'hui un plus. Français, Européen il est le mieux placé pour gérer les turbulences que traversent actuellement le Vieux Continent. Il a prêté 12,3 milliards d'euros à la Hongrie en novembre 2008, 12,9 milliards à la Roumanie en mai 2009, 30 milliards à la Grèce en mai 2010 et s'apprête à apporter 22,5 milliards pour l'Irlande... Le Fonds est un pilier de l'édifice pour stabiliser les finances publiques des pays de l'UE.
 

Indécis

Sur l'élection présidentielle de 2012, il a tantôt dit qu'il ne serait pas candidat, comme au magazine allemand Stern - « je vais mener mon mandat comme directeur du FMI jusqu'à son terme » - le 17 novembre. Tantôt qu'il n'excluait pas de l'être, comme sur RTL - « dans certaines circonstances, je pourrais me reposer cette question » - le 4 février.
Il donne aussi l'impression de réfléchir aux circonstances de son éventuel départ. « Il n'est pas dit que le jour où je donnerai la réponse à cette question, j'y réponde à travers un média », confiait-il le 15 novembre sur France Inter.

Le cercueil de Lee Harvey Oswald aux enchères

Le cercueil de Lee Harvey Oswald, assassin présumé du président John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963 à Dallas, sera mis aux enchères le 16 décembre.
Le prix de départ a été fixé à 1.000 dollars mais la maison Nate D. Sanders, qui organise la vente, espère beaucoup plus en raison de l'intérêt des musées et des collectionneurs de tout ce qui a trait à cet événement historique.
Le cercueil en pin, très abîmé par l'humidité, a été exhumé en octobre 1981 sur demande de la veuve de Lee Harvey Oswald, Marina, et de son frère Robert. Ils voulaient s'assurer qu'un agent russe n'avait pas été enterré à la place d'Oswald, comme le voulait une théorie alors en vogue.
Des examens médicaux ont par la suite confirmé que le corps en état de décomposition avancée était bien celui de l'assassin présumé de JFK, tué par Jack Ruby deux jours après la mort du président américain.
La dépouille de Lee Harvey Oswald a été placée dans un nouveau cercueil et enterrée au Shannon Rose Hill Memorial Park de Fort Worth, au Texas.

Christine Lagarde tacle Cantona

Il y en a qui jouent magnifiquement au football, je ne m'y risquerai pas. Je pense qu'il faut intervenir chacun dans ses compétences», a-t-elle balayé en réponse à des journalistes lors d'une conférence de presse à Paris.
Selon la ministre, l'ancienne star du ballon rond «n'est pas à une provocation près». «C'est un immense footballeur, pas sûr qu'il faille le suivre dans toutes ses suggestions non plus», a-t-elle conclu.
Dans une vidéo qui fait du buzz sur internet, l'ancien joueur vedette de affirme que «s'il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule». «La révolution se fait par les banques (...) Au lieu d'aller dans les rues faire des kilomètres (pour manifester), tu vas à la banque de ton village et tu retires ton argent», propose l'ancien footballeur reconverti dans le cinéma et le théâtre.
Cet appel a donné des idées à des internautes qui ont créé une page sur Facebook sur laquelle plus de 27 000 personnes affirment vouloir participer à l'événement spécialement créé : «Révolution! Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques».

Présidentielle 2007 : Royal, «une hallucination collective» pour DSK

Et si les révélations de WikiLeaks avaient aussi des répercussions sur la politique française ? Parmi les 250 000 télégrammes diplomatiques révélés par le site spécialisé dans le renseignement et épluchés depuis dimanche par cinq journaux internationaux dont «le Monde», on apprend que l'ambassadeur américain en poste en France depuis 2005 et jusqu'en janvier 2009 avait rencontré Dominique Strauss-Kahn en 2006. 

Dans la discussion, DSK livre un jugement sans appel sur . Le 16 mai 2006, Craig Stapleton s'entretient avec celui qui est alors candidat à l'investiture socialiste. L'entrevue intervient un an avant le scrutin présidentiel à l'ambassade. A l'issue de ce rendez-vous, le représentant américain écrit un mémo dans lequel il couche ses impressions sur le futur directeur du Fonds monétaire international (FMI). «L'impression donnée est que, tout en étant peut être le plus capable et le plus qualifié des candidats socialistes, il manque du feu sacré qui pourrait le propulser vers la victoire», juge l'ambassadeur. «Il est l'un de ceux qui gouvernerait bien plus volontiers que de faire campagne, et qui, par conséquent, pourrait ne jamais avoir la chance de gouverner», ajoute M. Stapleton dans le télégramme dont des extraits sont publiés par «le Monde».
DSK prédit que Royal s'effondrera
Lors de la rencontre, DSK est amené à livrer ses appréciations sur sa rivale à l'investiture Ségolène Royal. La forte popularité de cette dernière dans les sondages est le résultat d'une «hallucination collective», juge-t-il.
«DSK a prédit que Royal s'effondrerait au bout du compte et que, si elle était désignée par le PS, elle ne survivrait pas contre Sarkozy», rapporte M. Stapleton, francophile et qui se révèle dans ses mémos un fin connaisseur de la vie politique française. Royal remportera la primaire socialiste six mois plus tard, et sera battue en mai 2007 à la présidentielle par .
Royal est «déterminée, subtile et charismatique»
L'ambassade américaine qualifie la candidate de «politicienne déterminée, subtile et charismatique». Et explique, au lendemain du premier tour de la primaire socialiste, le 17 novembre 2006, la victoire de Royal par sa «capacité à affronter les problèmes non idéologiquement, mais au travers du prisme de leur impact sur les gens ordinaires».
DSK et Royal apparaissent quatre ans plus tard comme deux des ténors socialistes susceptibles de représenter les socialistes au premier de l'élection présidentielle. La présidente de Poitou-Charentes vient de se déclarer candidate aux primaires du PS. Quant à DSK, grand favori des sondages, il reste directeur du FMI et n'a toujours pas fait connaître ses intentions pour 2012.

Bourdin Direct : Baroin face à la dette publique



Les candidats déclarés, possibles ou putatifs

À dix-sept mois de la présidentielle de 2012 et sept mois avant le dépôt officiel des candidatures aux primaires socialistes qui doivent avoir lieu, ensuite, à l’automne 2011, voici les candidats en lice, déclarés ou possibles :
Candidats possibles, mais qui se taisent • Martine Aubry, 60 ans. Maire de Lille et patronne du PS depuis novembre 2008, elle refuse de s’avancer, estimant que priment « d’abord le projet et le rassemblement de la gauche ». Ses succès — unité retrouvée du PS qui s’est remis au travail — lui confèrent une légitimité.
• Dominique Strauss-Kahn, 61 ans, directeur général du FMI, caracole dans les sondages. Son mandat à la tête de l’institution financière court jusqu’en novembre 2012. Pour cause de devoir de réserve absolue lié à sa fonction, l’ancien ministre ne dévoile rien de ses intentions.
Candidats déclarés • Ségolène Royal, 57 ans, présidente de la région Poitou-Charentes, candidate à la présidentielle de 2007. Prétendante pour prendre la tête du PS au congrès de Reims en 2008, elle a été battue par Martine Aubry, après une lutte acharnée.
• Manuel Valls, 48 ans, député-maire d’Evry (Essonne), ex-proche de Ségolène Royal, le premier à avoir déclaré sa candidature le 14 juin 2009. Il se veut le candidat d’ « une nouvelle génération, cette gauche populaire et moderne qui tient un discours clair sur la République, l’ordre, la laïcité et la justice sociale ».
• Arnaud Montebourg, 48 ans, député et président du conseil général de Saône-et-Loire. Architecte des primaires socialistes, il a déclaré sa candidature dans son fief de Frangy-en-Bresse, le 20 novembre, et publié un livre Des idées et des rêves. Il appelle à construire « une République nouvelle ».
• Christian Pierret, 64 ans, ancien ministre de l’Industrie (1997-2002) et actuel maire de Saint-Dié (Vosges), s’est déclaré le 25 septembre.
• Daniel Le Scornet, 63 ans, ancien président des Mutuelles de France, membre de la section PS de l’Ardèche, a déclaré sa candidature le 5 octobre.
Candidats putatifs • François Hollande, 56 ans, ancien premier secrétaire du PS, député de Corrèze, a affirmé le 24 novembre qu’il se préparait « pour être, le moment venu, candidat » aux primaires.
• Pierre Moscovici, 53 ans, député du Doubs, secrétaire national du PS, ira si DSK, « le mieux placé d’entre nous », n’y va pas.
• Jean-Louis Bianco, 67 ans, député des Alpes-de-Haute-Provence, a affirmé en août qu’il n’excluait pas de se présenter aux primaires. A publié un livre « Si j’étais président… »

L’Europe sous la neige


Aéroports fermés, trafic Eurostar perturbé, poids lourds bloqués : de la Grande-Bretagne jusqu’à l’Italie, une partie de l’Europe était paralysée hier par le froid et la neige.


De fortes chutes de neige ont rendu la situation très compliquée, hier dans le centre de la France. La circulation des poids lourds a dû être interdite dans les régions Auvergne et Rhône-Alpes — elle n’a de nouveau été autorisée dans la vallée du Rhône qu’en milieu de journée — et les transports scolaires ont été suspendus. Conséquence : une dizaine de milliers de poids lourds ont été immobilisés dans la nuit de mardi à mercredi dans le centre-est et le sud-est de l’Hexagone.


Pour ce jeudi, la Direction de l’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler respectivement 25 % et 10 % de leurs vols au départ des aéroports parisiens de Roissy et d’Orly.


Au Royaume-Uni, la neige, tombée encore en abondance hier, a semé la pagaille dans les transports, à commencer par les trains Eurostar, qui ont accusé parfois jusqu’à 90 minutes de retard, quand ils n’ont pas été tout simplement annulés (environ 50% devraient l’être aujourd’hui). Au total, un tiers du réseau ferré britannique a connu des perturbations.


L’aéroport de Gatwick, au sud de Londres, et celui d’Edimbourg, en Écosse, ont été fermés jusqu’à ce matin. Le London City Airport a dû annuler des vols, tandis que d’autres subissaient des retards. Quelque 1500 écoles britanniques sont restées closes.


En Suisse, l’aéroport international de Genève a dû également interrompre son fonctionnement. La situation était qualifiée d’ « extrêmement difficile » sur les routes.


En Allemagne, 60 vols ont été annulés dans la matinée à l’aéroport international de Francfort, une piste ayant été fermée à cause du vent.


Tout le nord-ouest de l’Italie a été recouvert d’un épais manteau neigeux hier matin, ce qui a ralenti la circulation en ville, comme à Milan, et sur les autoroutes des régions de Lombardie, du Piémont et d’Emilie-Romagne.


Le centre de Venise était sous les eaux, après une importante marée, qui les a fait monter jusqu’à 111 cm. À Rome, le Tibre était aussi en crue, à la suite des fortes pluies qui tombent sur la capitale et sa région.


Huit morts en Pologne


En Albanie, le gouvernement a décrété l’état de catastrophe naturelle dans le nord, en proie depuis dimanche à des inondations : des centaines de maisons, des milliers d’hectares de terres agricoles, des routes et des voies ferrées ont été envahis par les eaux.


Au Portugal, plusieurs dizaines de routes secondaires restaient coupées dans le centre et le nord du pays, pour la troisième journée consécutive. En Espagne, le froid et la neige continuaient à poser des problèmes, en particulier pour le transport scolaire, dans le nord et le centre. En Pologne, la vague de froid a fait huit morts — la plupart de ces personnes étaient sous l’emprise de l’alcool, selon la police — en vingt-quatre heures, quinze au total en novembre. À Bialystok, dans l’est, les températures sont descendues jusqu’à -33°C.


En République tchèque, au moins trois personnes sont mortes de froid en 24 heures. D’importantes chutes de neige perturbaient toujours le trafic routier, entre autres sur la principale autoroute du pays (D1), théâtre de plusieurs graves accidents hier.


En Norvège, ce mois de novembre devrait rester dans les annales comme le plus froid depuis 1919, avec un écart de 3,57°C par rapport aux normales saisonnières.

Congère


On se croirait dans un dessin animé. Vous savez, quand le personnage court toujours plus vite vers un mur, qu’on sent monter l’hilarité à l’approche du choc, et qu’on éclate de rire quand il se fracasse avec force étoiles, fumée et bruitages... Sauf qu’ici, on n’a vraiment pas envie de rire. Car c’est toute la région, et nous avec, qui avons couru vers le mur et qui venons de le percuter. Tout le monde savait, pourtant, que le mur était là, devant nous - ou plutôt une grosse congère de neige. Congère, un mot qui commence mal, et qui se termine comme une accusation: rien, nous n’avons rien su gérer, alors que tout était prévisible et prévu. La faute à qui ? On fera les comptes aujourd’hui. En attendant, bon courage à tous ceux qui reprennent le boulot ce matin après une nuit de con...gère.

Froid républicain

Enfin un sujet rassembleur ! Depuis 24 heures, les intempéries écrasent le reste de l'actualité. Devant cette offensive, même les tourments des socialistes et les pas de deux du président de la République sur sa - très certaine - candidature à la présidentielle, sont au congélateur pour quelque temps. Il a fallu les grands froids pour que la surchauffe politique baisse de quelques degrés. Les médias se ruent évidemment vers cette récréation aussi inattendue que distrayante. Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver, décidément, surtout quand il dissipe les lourdeurs étouffantes d'un climat politique devenu, sous l'effet du quinquennat, caniculaire toute l'année.
La neige, qui n'épargne aucun territoire, a cette vertu d'être parfaitement républicaine. Ni droite, ni gauche, elle vote toujours blanc, bien sûr. Cela ne l'empêche pas pour autant de susciter quelques polémiques pour faire grimper le thermomètre. Voilà, en effet, qu'on commence à ergoter - au choix - sur l'état d'impréparation du pays face à l'arrivée soudaine de la vague glaciale, sur la « pagaille » sur les routes, sur les trains en retard, les rendez-vous ratés, etc. Sans oublier les larmes de crocodile sur les sans-abri, éternelles victimes des impérities publiques que dénonçait déjà l'Abbé Pierre en 1954. La liste des repentances est connue, souvent inopérante, et révélatrice d'une vulnérabilité toujours surprenante devant le dérèglement des éléments.
Dans un de ces moments d'amnésie qui font son charme, la France semble redécouvrir qu'elle vit sous un régime tempéré qui autorise à son ciel un certain nombre d'écarts sans préavis. C'est encore trop pour une société qui réclame sans cesse des surprises mais déteste l'imprévu et se méfie comme de la peste de l'imprévisible, cet absent des logiciels du millénaire. Ces jours vraiment différents où, partout, la vie se ralentit, sont vécus comme autant d'incidents, très rarement, trop rarement, comme une opportunité de vivre autrement l'espace d'un bouleversement momentané de nos habitudes quotidiennes.
On ne dira pas si, pour l'occasion, la nouvelle ministre de l'Écologie et du Développement durable, a abandonné les talons aiguilles - qu'elle avait étrennés avec virtuosité le jour de la passation de pouvoir avec Jean-Louis Borloo - pour de confortables moonboots. Nathalie Kosciusko-Morizet s'inquiète-t-elle pour la conscience des Français devant l'inéluctable réchauffement de la planète ? Sûrement. Les températures polaires ont tout pour distraire nos esprits et nos perceptions de cette réalité dont la conférence de Cancun va rappeler les incontestables symptômes : fonte de la banquise arctique, des calottes glaciaires, des glaciers... Tiens, le gel n'est plus si détestable tout à coup.

Un calendrier électoral piégé

Comme prévu, le changement gouvernemental aura donné le top départ de la présidentielle.

En dépit des cafouillages du remaniement et de l'impossibilité pour Nicolas Sarkozy de dire ses intentions, la droite se remet en ordre de marche. La gauche, motivée par la victoire, mais prisonnière du calendrier des primaires et de Dominique Strauss-Kahn, démarre dans la confusion. On ne s'élance pas sans risque dans un marathon politique - dix-huit mois, c'est long - au rythme d'un sprinteur. Dans un domaine où la maîtrise du temps compte tant, cette précipitation n'est pas anodine.

D'abord, parce que cette fébrilité sur la ligne de départ, une fois de plus, donne de la politique une image indécente. L'absence de programme validé par chaque formation laisse penser que les concurrents de 2012 se préoccupent de leur avenir personnel avant de se soucier de celui des Français.

Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et les écologistes vont se délecter de ce bal des ego. Ils ne pouvaient espérer meilleure illustration que ce culot de Ségolène Royal, dont on ne sait s'il faut le saluer ou s'en indigner, quand elle va jusqu'à imaginer faire de Dominique Strauss-Kahn son Premier ministre. La présidente de Poitou-Charentes, revenue dans le giron du parti, rompt le pacte de non-agression entre les ténors du parti. Mais pour quoi faire ?

Seconde observation, l'opération remise en ordre de la droite permet à Nicolas Sarkozy de rester maître du calendrier, de l'actualité, de ses rivaux et de troupes qui ne discutent pas sa suprématie. Les changements au gouvernement, à la tête de l'UMP et au groupe parlementaire ont donné le signal. Son recentrage sur l'UMP historique et l'adresse lancée à Jean-Louis Borloo pour les prochaines échéances prouvent que le chef de guerre mûrit sa stratégie. En campagne sans avoir besoin de le dire, le Président fixe le rythme.

C'est un atout considérable pour la droite qui dispose ainsi d'un candidat incontesté, d'une machine électorale et de bases programmatiques. Ce serait commettre une énorme erreur que d'« enterrer » Nicolas Sarkozy sur la base de sondages qui ne sont qu'une photographie du moment, pas celle de mai 2012. Ce contrôle du temps politique lui donne des mois d'avance sur les socialistes qui, sauf revirement de Martine Aubry, n'ont prévu de choisir leur candidat qu'en octobre 2011.

Car, troisième réflexion qu'inspire ce démarrage brouillon, les socialistes disposent, si on ose dire, d'un an pour se diviser ! On aurait pu penser que la perspective, cette fois bien réelle, de battre un exécutif affaibli, que l'envie de gagner des militants et que le travail de reconstruction du parti, les uniraient.

Au contraire, c'est parce que cette présidentielle est gagnable que chacun tente sa chance sur des bases idéologiques dont on aimerait connaître le socle commun. Et on ne le connaîtra pas, tant que les socialistes n'auront pas arbitré entre - ne citons que les principaux prétendants - Strauss-Kahn, Aubry, Royal et Hollande.

À cause de la lourdeur matérielle des primaires, qui ne peuvent pas être l'habillage d'un pacte conclu en catimini, la cacophonie ne fera que durer. Après un début de parcours assez réussi, Martine Aubry subira le calendrier et la machine à perdre repartira, tant que Dominique Strauss-Kahn n'aura pas parlé.

En rajouter une couche, toujours

L’âpre hiver fondait en avalanches/Après la plaine blanche, une autre plaine blanche.” Les chroniqueurs de l’autoroute, hier, empruntaient des accents hugoliens. Soudain, le trajet Lyon-Grenoble prend des airs de Bérézina. Et regagner Clermont-Ferrand semble une retraite de Russie.

À qui la faute ? Le père Hugo, lui, savait bien : “On était vaincu par sa conquête/Pour la première fois, l’aigle baissait la tête”. Là, c’est plutôt Bison futé qui pique du nez. Comme Napoléon, il cède face aux éléments hostiles. Le voici emporté, bientôt, dans un blizzard de reproches… Parce que l’émerveillement devant la carte postale ne dure guère. Passé l’instant de féerie, la neige énerve énormément.

Les grognards du régiment des camions haussent le ton. Ils se retrouvent 7 000, bloqués en Rhône-Alpes, à pester contre un injuste sort : “Aucune information, et rien à manger.” On supporte mieux l’intempérie que l’impéritie des pouvoirs publics.

Pas de sel sur la chaussée, ni dans la soupe, la colère gronde. Le routier s’indigne qu’un événement “prévu” puisse occasionner tant de désordres. Une “spécialité française”, prétend-il, que ce grand bazar au moindre épisode neigeux. Ailleurs, sous la poudreuse, l’herbe est plus verte. Chez nous, l’administration annonce le chaos puis s’en lave les mains. Qu’on vire au moins un préfet, quelque part, pour marquer le coup !

Ainsi, par tous les temps, le verbe “râler” conjugue l’identité nationale.
En rajouter une couche, toujours…

Garçon, l’addition !


« De quoi se plaignent-ils ? Ils n’ont jamais été aussi bien ! » C’est par cette phrase décrivant le sort du peuple anglais, artificiellement épargné par la crise jusqu’à présent par les déficits publics et les taux à 1 %, que Lord Young, 80 ans, ancien ministre de Madame Thatcher, s’est vu remercié de ses fonctions de conseiller économique du Premier ministre. Par ce geste symbolique, David Cameron semble avoir voulu rejoindre le reste de la classe politique européenne cherchant toujours à masquer aux populations les nécessaires conséquences de la crise que nous traversons.


Force est en effet de constater que grâce aux largesses publiques et à la politique de l’argent gratuit, le revenu disponible des ménages européens a en fait augmenté de manière contra-intuitive depuis 2007, laissant croire à une sortie de crise après trois ans... Précisément au moment même où 2011 pourrait bien être la première année où les marchés financiers nous forcent à commencer à régler l’addition.


Sous-estimant la portée de la crise depuis trois ans, les dirigeants européens continuent de voir leur salut dans la culture du mensonge à leur électorat : mensonge de la BCE à travers un stress test bancaire bidon qui donna quitus aux banques irlandaises cet été pour les voir en faillite des l’hiver ; mensonge du refus de restructuration des dettes publiques des PIGS, tout en reconnaissant implicitement ce week-end leur défaut prévisible dès 2013 ; mensonge des réformes structurelles gouvernementales, où l’Espagne, arguant d’un “too big to fail” qui n’est pas sans rappeler Lehman, continue de refuser de manière suicidaire à la fois réformes du travail, des caisses d’épargne et des retraites ; enfin, mensonge institutionnel avec la mise en place d’une prétendue ligne Maginot salvatrice de l’Europe de 750 milliards d’euros dont il est maintenant clairement établi que son nécessaire statut AAA la rend morte-née en cas d’attaque du souverain espagnol.


Les mensonges sont agréables jusqu’à ce qu’ils soient découverts et il est fort à parier que 2011 verra le début d’une “opération vérité” obligeant à commencer à rembourser vingt années de dettes accumulées. Avec sans doute deux scénarios possibles, dont chacun jugera à sa guise de l’attractivité respective :




- soit la reconnaissance du défaut de certains Etats, avec la vaste recapitalisation du secteur bancaire européen qu’elle implique et qui aurait dû déjà avoir lieu cet été si la BCE n’avait pas préféré définitivement perdre le peu de crédibilité qui lui restait en acceptant de couvrir les libéralités comptables des banques ; l’ardoise était alors estimée à une fourchette de 50 à 100 milliards d’euros, qui maintenant, à en juger par les 35 milliards d’euros potentiellement engloutis dans les seules banques irlandaises ce week-end, devrait entraîner une recapitalisation beaucoup généralisée du secteur bancaire européen, sauf à ce que les auditeurs ressortent pour les comptes 2010 leur vieux manuels du temps d’Arthur Andersen et de Worldcom !




- soit la technique dite du “Bernanke”, très en vogue aux Etats-Unis : Picasso avait, dit-on, pour habitude de régler ses repas à la Colombe d’Or en illustrant les additions. De même, le Gouverneur Trichet peut-il s’essayer à la sérigraphie à tirage illimité d’euros pour racheter les dettes des PIGS, à charge pour lui de convaincre les collectionneurs allemands de leur esthétique à la prochaine foire d’art contemporain berlinoise… Il lui faudra sans conteste déployer tout le charme de Judith Benhamou-Huet !


Les marchés s’accélérant, les semaines à venir nous diront si la première approche du “plombier” est encore repoussée par le recours à la seconde, celle du “pompier”, dont l’Histoire nous enseigne qu’elle finit dans le meilleur des cas par une remontée soudaine des taux d’intérêt et d’explosion sociale.


Entre temps, sans doute ne serait-il pas étonnant de continuer à voir de plus en plus de dirigeants voter avec leur portefeuille, tel le Président de Daimler ou un administrateur de Pernod Ricard la semaine dernière, se délestant respectivement de 12 et 8 millions d’euros d’actions.


Comme si même nos derniers espoirs d’exportation de luxe allemand et de remontants français allaient se heurter en 2011 à la dure réalité du « Garçon, l’addition ! ».

Comment restructurer les dettes européennes

Transformons les dettes privées excessives en fonds propres et restructurons intelligemment les dettes publiques excessives, afin de sortir vite et bien de la crise qui mine la zone euro, plombe notre croissance et menace nos Démocraties.

L’Europe sort de la plus grande bulle de crédit de l’Histoire. Trop de dette partout. Vouloir tout rembourser nous condamne à la déflation par la dette, à la stagnation et aux risques d’extrémisme politique. Dans les pays périphériques (Espagne, Grèce, Irlande, Portugal), ce désendettement massif devrait se réaliser alors même que les coûts et salaires doivent baisser de 15 à 30% pour restaurer la compétitivité : économiquement impossible et démocratiquement suicidaire ! Ensuite, la zone euro n’allègera pas ses dettes excessives par l’inflation : le Traité de Maastricht l’interdit et les Allemands n’en voudront jamais (ils ont raison, car la taxe d’inflation est à très injuste et très inefficace).
La seule solution est la restructuration des dettes excessives. Le fardeau doit être porté par ceux qui ont pris les risques, tout en permettant à ces pays de renouer vite avec la croissance. C’est la logique des procédures de faillite aux États-Unis (Chapter 11) : transformer les anciennes créances en fonds propres (debt equity swap), en écrasant les actionnaires historiques (qui ont pris les mauvaises décisions), puis donner une séniorité forte aux nouveaux créanciers. Appliquons cela aux banques des pays périphériques : à leur passif, les fonds propres actuels seraient écrasés jusqu’à absorber les pertes des actifs toxiques. Si c’est insuffisant, les pertes devraient être absorbées par la dette subordonnée, voire (cf. Irlande) par une partie de la dette senior des banques, l’État ne garantissant que les dépôts à vue. En pratique, on ne mesure pas aujourd’hui l’ampleur des pertes des banques. La solution : le régulateur doit imposer de couper les banques en difficulté en deux.

1) La mauvaise banque, avec les actifs les plus pourris et, au passif, les fonds propres (actions), la dette subordonnée et une partie de la dette senior de l’ancienne banque.
2) La bonne banque, avec les actifs les moins risqués et, au passif, les dépôts à vue et le reste de la dette senior de l’ancienne banque, dont une partie serait transformée en fonds propres et dette subordonnée de la nouvelle banque. Au besoin, l’État injecterait des fonds dans la bonne banque. L’État éviterait ainsi la crise systémique bancaire, créerait de bonnes banques finançant l’économie, sans assumer les pertes des banques. C’est le seul moyen efficace et démocratiquement acceptable de régler la crise bancaire. Pour éviter les réactions en chaîne dans le reste de l’Europe, utilisons des airbags en chaîne : les banques créancières trop affaiblies par ces debt equity swaps devraient se voir imposer elles-mêmes des debt equity swaps. Pour les autres, les régulateurs bancaires devraient imposer l’émission de fonds propres supplémentaires.

Pour la dette souveraine des États périphériques, la restructuration va venir vite. D’abord, ces dettes sont insoutenables (et les marchés le savent), sauf à ce que l’Allemagne paye (ce qu’elle refuse -à raison). Ensuite, les pays européens ont annoncé au G20 de Séoul une participation des créanciers à la restructuration des dettes souveraines émises à partir de mi-2013. Mais les investisseurs, sachant que les pays périphériques ne pourront plus accéder aux marchés de dette après 2013 (trop grand risque de restructuration alors), ne vont évidemment pas aujourd’hui prêter à ces mêmes États sur des maturités postérieures à mi-2013. L’annonce de Séoul rend donc impossible dès aujourd’hui l’accès des États périphériques au marché de dette. Certes, ces États pourront, en 2011-13, recourir au FMI et au Fonds Européen, mais ceci ne règlera pas la question de leur stock de dette.
2011 sera donc l’année de la restructuration des dettes souveraines périphériques en Europe. Pour cela, je crois toujours aux dettes Bleues et Rouges. Chaque État diviserait sa dette en une dette senior (Bleue) jusqu’à 60% du PIB et une dette junior (Rouge) au-delà. Les dettes Bleues seraient fusionnées avec une garantie conjointe et solidaire de tous et des conditions drastiques sur les finances publiques, créant une dette super-sûre. Pour les États périphériques, la dette excessive actuelle serait transformée en dette Rouge, avec un taux proche de zéro, remboursable dans 10 ou 20 ans, une fois que les réformes structurelles auront porté leurs fruits.

Certains croient encore que les restructurations de dettes bancaires et publiques doivent être évitées à tout prix. C’est oublier la séquence des années 1930, dernière bulle de crédit comparable : la déflation par la dette engendra la Dépression, puis un chômage vertigineux, suivis des crises des Démocraties, du fascisme et enfin de la Guerre.

C’est oublier aussi qu’après 1945, nombre de pays Européens (à commencer par l’Allemagne et la France) ont de facto fait défaut sur leur dette souveraine en la réduisant par l’inflation. L’argument que les grands pays européens n’ont jamais fait défaut depuis la Guerre est économiquement faux. À partir du moment où nous avons (avec raison) renoncé à l’inflation au sein de la zone euro, le seul mode crédible de régulation des dettes excessives est la restructuration ordonnée, surtout au sortir de la plus grande crise de dette de l’Histoire de l’humanité.

L’euro peau de chagrin

Je laisserai le soin aux 65 millions de sélectionneurs de l’Equipe de France de foot de commenter le “bank run” organisé par Eric Cantona pour me concentrer sur la relation entre le risque bancaire européen et l’avenir de l’euro.

Je relisais l’autre un jour un papier daté de 2000, opportunément intitulé « How long did it take the United States to become an optimal currency area » ? (1) Combien de temps a-t-il fallu pour que les Etats-Unis deviennent une union monétaire viable ? La réponse est effrayante à première vue puisque, selon l’auteur, pas moins de 150 années, émaillées de crises bancaires régionales, ont été nécessaires pour établir une véritable union monétaire.

En dépit de l’instauration du « yellowback » (jaune comme l’or…) sur la côte pacifique entre 1861 et 1879, la volonté politique et symbolique l’a emporté sur les tentatives de sécessions monétaires - en dépit du coût économique et humain des ajustements régionaux face aux crises financières ou agricoles. Le ciment de cette intégration monétaire réussie est bien connu : l’instauration, au début du vingtième siècle, du fédéralisme budgétaire (transferts interrégionaux), de l’assurance des dépôts et d’un prêteur en dernier ressort – la FED.

L’inadéquation des institutions européennes face aux chocs régionaux et l’absence de fédéralisme budgétaire est une raison de la défiance des Américains vis-à-vis de l’euro. Aussi, comme l’a parfaitement rappelé Max Dethomas, bien qu’intrinsèquement liée aux déficits budgétaires, des balances des paiements aux bulles immobilières, etc… la crise européenne est accentuée par la problématique bancaire. Plus précisément, les engagements bancaires entre les pays « core » et les pays « non-core » s’élèvent à plus de 700 milliards d’euros, selon les statistiques de la Banque des Règlements internationaux.

Pressé, pour des raisons très probablement liées à la santé de l’économie allemande, d’en finir avec sa politique monétaire non-conventionnelle, l’Institut monétaire européen continue de garantir l’accès à la liquidité des banques grecques, espagnoles, portugaises et irlandaises.
Le graphique ci-contre illustre la situation très désagréable dans laquelle se trouve la BCE, forcée de livrer, sans limite de montant, de la liquidité à 1 % à des banques qu’elle juge en partie non viables. La normalisation du marché interbancaire depuis mi-2009 n’est effective que pour les banques des pays « core ». Pour les autres, il existe une « subvention » implicite et subite de la banque centrale. Ceci explique pourquoi la BCE a insisté pour que le plan de sauvetage de l’Irlande incorpore un volet de recapitalisation / restructuration bancaire (10 milliards d’euros).

Le Fond Européen de Stabilisation Financière (EFSF), qui financera à hauteur de 22,5 milliards d’euros le package de 85 milliards alloué à l’Irlande, a été instauré en mai 2010 comme soutien de la stabilité de l’euro et garantie qu’il n’y aurait pas de défaut souverain. L’EFSF émet de la dette pour récolter des fonds qu’il octroie par la suite sous forme de prêts aux pays en difficultés. Sa capacité à lever des fonds à faible coût est fondée sur les garanties apportées par les Etats membres. Les plus grosses garanties (la clef de répartition est fondée sur la participation des pays membres de l’UEM au capital de la BCE) sont assurées par l’Allemagne (119,4 milliards d’euros), la France (89,7), l’Italie (78,8) et l’Espagne (52,4).

Le problème, c’est que plus la crise s’étend à d’autres pays (Portugal, Espagne…), plus la capacité d’action de l’EFSF se réduit comme peau de chagrin… Dans les textes, rien n’interdit un Etat en difficultés financières d’allouer tout ou partie de l’argent reçu à son système bancaire. Malheureusement, les textes autorisent aussi – ce qui paraît normal - un pays à ne plus être membre des garants de l’EFSF lorsqu’il connaît des difficultés financières sévères. Non seulement :

1. Ceci réduit le montant de prêts susceptibles d’être octroyés. Si, après l’Irlande, le Portugal et l’Espagne faisaient appel au FESF, le montant total de prêts maximal serait de 250 milliards d’euros (et non 360 si tous les états membres restaient garants). La somme cumulée des besoins de financement de ces trois pays pour les trois prochaines années s’établit à 63+251+46=360 milliards d’euros. Problème ? Pas vraiment puisque tout prêt de l’EFSF est doublé d’une participation du même montant du FMI. Les besoins seraient donc couverts (d’autant plus qu’il existe un autre mécanisme européen – EFSM, vive les acronymes ! - susceptible d’apporter un financement de 60 milliards d’euros…).
2. Mais cela transférerait le risque résiduel vers les pays « core », dont la dette est davantage soumise à la versatilité des investisseurs non-résidents… En d’autre terme, après avoir servi de valeur refuge, le Bund allemand pourrait aussi subir une pression haussière. Le graphique ci-dessous montre que c’est bien le cas, avec une rupture de la corrélation entre le CDS sur les dettes souveraines européennes (ligne violette) et le taux à 10 ans du Bund (ligne bleue – attention échelle inversée).


La grande question pour les jours et semaines à venir est celle de la contagion de la crise. Aux Etats bien évidemment. Au système bancaire également avec la question de l’implication d’une restructuration bancaire sur les actionnaires et créanciers. L’élargissement du spread entre la dette senior et junior des banques européennes est un signe supplémentaire d’incertitude sur le risque de restructuration bancaire et du qui « paiera ».

La prochaine étape sera probablement celle du défaut, avec des modalités qui devront être spécifiées et détaillées par les pays membres de l’UEM. Pourquoi un défaut ? Un peu de math peut être utile.

Pour que la dynamique de la dette publique d’un pays se stabilise, il est nécessaire que la croissance nominale (g) soit au moins égale à la somme du déficit primaire (d) et de la charge de la dette i*b ou b est le total de la dette publique en pourcentage du PIB. g = d + ib

Avec un déficit irlandais attendu vers 11 % en 2011, une dette publique proche de 100 % et des taux d’intérêt proches de 6 % (pour des raisons « institutionnelles » interdisant les sauvetages au niveau européen, l’EFSF charge un taux d’intérêt « de marché ») et non 9,4 % comme on l’observe actuellement, l’Irlande devrait malgré tout dégager un excédent primaire de 4 % du PIB pour stabiliser son endettement (si la croissance est de 1 %, la cible d’excédent requis serait de 4,8 %, un seuil socialement et économiquement instable pour un pays incapable d’utiliser le levier du change pour booster sa croissance). Le même calcul appliqué à de nombreux pays européens suggère que la crise européenne est non seulement une crise de liquidité (cf. BCE plus haut) mais aussi de solvabilité…

Bref, il semblerait que l’on s’achemine vers un mécanisme de défaut - assez fréquent pour les pays émergents – fondé sur les class actions (une proposition de mécanisme européen de résolution des crises souveraines est disponible sur le site bruegel.org). On devrait s’attendre, dans les jours qui viennent, à une multiplication de calculs sur le taux d’intérêt requis pour couvrir une perte / un haircut de 25/30 % sur les dettes bancaires susceptibles exposées. Si l’accord franco-allemand tient jusque là, cette problématique s’appliquera aux dettes publiques, pour les seules nouvelles émissions, à partir de 2013…

(1) Hugh Rockoff - NBER Historical Paper 124, avril 2000.

« L'égalité réelle » ou la synthèse manquée du PS


C'est un produit politique hybride sur lequel les militants socialistes sont appelés à se prononcer ce soir. Elaborée par Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du Parti socialiste, adoptée mardi 9 novembre par le Conseil national, la contribution thématique au projet consacrée à l'« égalité réelle » est moins réaliste que ne le soutiennent les traditionalistes du parti et moins archaïque que ne le prétendent les modernistes du PS. La critique interne n'est pas marginale. Strauss-kahniens pour l'essentiel, une douzaine d'entre eux se sont abstenus lors du vote au Conseil national et, depuis, la contestation s'étend autour d'un projet qui semble ramener le PS à ses vieilles errances, celles d'innombrables promesses ni hiérarchisées, ni « priorisées », ni financées - autrement que par l'affectation de recettes fiscales nées de la croissance. Espoir bien illusoire au vu du niveau d'endettement et de contrainte qui s'imposera à la majorité élue en 2012.


Parmi ces promesses figurent la scolarité obligatoire dès trois ans et jusqu'à dix-huit ans, le triplement du nombre d'enfants accueillis en crèche, un revenu aux jeunes sans formation, l'augmentation des salaires, une aide au départ en vacances pour les jeunes défavorisés… « Etre de gauche, ce n'est pas promettre tant et plus », a réagi François Hollande, ex-premier secrétaire et député de la Corrèze. « Etre de gauche, ce n'est pas être irréaliste », commente à son tour le strauss-kahnien Pierre Moscovici, député du Doubs. Avec cette contribution, c'est, en effet, la ligne idéologique du PS pour 2012 qui commence à se jouer. Or le texte de Benoît Hamon ne dissipe pas l'idée que deux gauches se confrontent toujours, autour de ce projet de l'égalité, central depuis près de cent cinquante ans pour les socialistes français. La ligne de démarcation n'est pas qu'entre réalistes et utopistes. Le rôle dévolu à l'Etat dans la transformation sociale et la place laissée à la société civile, la prééminence des garanties collectives face aux destins individuels, le bon niveau d'intervention entre prévention et réparation des inégalités : voilà quelques autres lignes de fracture visibles.


Dans la forme, pourtant, ce texte sur l'« égalité réelle » se veut aussi synthétique que possible. Son intitulé même ne fait-il pas référence à celui d'une épaisse note remise en juillet 2004 à la Fondation Jean-Jaurès - un think tank très proche du PS -par Dominique Strauss-Kahn ? Dans ce document sous-titré « Eléments pour un réformisme radical », l'ancien ministre de l'Economie et des Finances ne se contente pas d'opposer l'égalité « réelle », celle des conditions sociales, à l'égalité « formelle », celle des droits sociaux. Il en tire les conséquences sur l'évolution de la pensée socialiste : « Passer de la compensation en aval des inégalités - la logique de l'Etat-providence -à une logique de correction en amont, concentrer les moyens sur ceux qui en ont le plus besoin, donner plus de capital public à ceux qui ont moins de capital social ».


« Agir à la racine des inégalités », « agir pour l'égalité des conditions » : ces têtes de chapitre (ou de sous-chapitre : « faire de l'orientation un temps d'émancipation ») du texte de Benoît Hamon, qui définissent quelques-uns des principes d'action du PS, font directement écho à l'approche strauss-kahnienne du combat pour l'égalité. Mais cette ouverture vers l'aile modérée du parti s'arrête aux têtes de chapitre. « Il y a une petite musique strauss-kahnienne, mais les paroles ne le sont pas », résume assez justement Pierre Moscovici. De fait, en complément de la critique première, écrasante, sur l'angélisme de cette boîte à outils, tous plus onéreux les uns que les autres sinon irréalistes (retour aux IUFM, suppression des zones franches urbaines…), le reproche formulé à l'encontre de ce projet thématique socialiste est d'en rester, derrière un modernisme de façade, à des moyens très « vieille gauche » de lutte contre les inégalités.


Ainsi, même s'il est envisagé de créer des « accompagnateurs » d'élèves, les propositions en matière d'éducation privilégient la réalisation de réformes collectives, par niveau de formation (concentration de moyens sur le primaire, allocation d'études pour les bacheliers…), ou par territoire (vingt élèves maximum par classe dans les établissements en zone d'éducation prioritaire). Une approche strauss-kahnienne, elle, ferait une part plus grande à la promotion des parcours individuels. « Un enfant en difficulté doit recevoir plus de la collectivité, quelles que soient ses origines sociales, quel que soit le territoire où il habite. Bien sûr, (ils) viendront surtout des familles défavorisées […] mais l'enfant en difficulté issu d'un environnement privilégié mérite tout autant l'attention publique », écrivait l'actuel directeur général du FMI dans sa note à la Fondation Jean-Jaurès.


L'originalité du paradigme strauss-kahnien est de concilier une égalité de destins avec un égalitarisme de la redistribution. Elle laisse une place de choix à la capacité de chacun à s'émanciper de sa condition. Ce n'est pas exactement la vision reflétée par le texte de Benoît Hamon. Partisan d'une marche forcée vers l'égalité, le porte-parole du parti défend noir sur blanc « l'égalité des places » plutôt que « l'égalité des chances ». Aussi n'est-il guère surprenant de le voir faire de l'Etat sous toutes ses formes (-providence, -stratège, -employeur…) l'agent quasi exclusif de la réduction des inégalités. Symptomatique est, à cet égard, la proposition de financer par un investissement « national massif » le triplement en dix ans du nombre de places en crèches, politique qui relève pourtant des collectivités locales. Les territoires, les corps intermédiaires, les associations sont au mieux ravalés par le PS au rang de « partenaires » d'un « Etat prévoyant et stratège », presque jamais considérés comme moteur de l'égalité réelle. Pour n'être plus totalement archaïque, la pensée socialiste officielle est encore bien loin du réalisme.

Une France en lévitation

L e phénomène se confirme : la France se précipite vers la désindustrialisation. Selon des projections sectorielles récentes, aux horizons 2010-2015, le pays affichera un montant de créations nettes d'emplois de 650.000 - ce qui n'est pas en soi très alarmant -mais avec encore moins d'industrie. Ce solde net positif résulte en effet de mouvements contraires de créations (968.000) et de destructions (318.000). En augmentation, la rubrique composite des « services aux entreprises », les conseils et assistance, les services personnels et domestiques, la construction, l'hôtellerie ou la restauration… Tous ces secteurs sont, à divers titres, à l'abri de la concurrence internationale et peu générateurs d'exportations.

Ceux qui sont branchés sur l'économie internationale sont, en revanche, en régression. La liste en est signifiante : industries de biens d'équipement, métallurgie, industries chimiques, électriques et électroniques, textiles, automobiles… Tout se passe donc comme si les agents économiques et le pays tout entier se mettaient ensemble en lévitation, au-dessus ou plutôt à côté de la grande confrontation mondiale où se joue l'avenir. Certes, la France semble avoir tiré un moment avantage de cette étanchéité en ayant moins perdu d'emplois que ne le faisait craindre la crise. Mais, pour la même raison, sa croissance s'annonce durablement faible et peu créatrice d'emplois à moyen terme. Ces deux derniers traits confirment que l'espace français se déconnecte progressivement des opportunités extérieures. Il y trouve une forme de confort, mais dans la médiocrité. Il s'en rassure, mais dans la démission. Contrastes frappants : la consommation se maintient (à coups d'importations) et nos magazines sont constellés de publicités pour des autos ou des montres de luxe, également venues d'ailleurs et dont on se demande qui pourra les acheter… C'était notre rubrique : « Attention, nous ne sommes pas seuls au monde »…

 La France AAA "à l’heure actuelle"

 Sur les marchés financiers, les tensions restent fortes depuis l’annonce, dimanche, du plan de sauvetage de l’Irlande. Et une rumeur a couru mardi selon laquelle une des principales agences de notation, Standard & Poor’s, pourrait dégrader la note de la dette française, qui bénéficie aujourd’hui d’un triple A (c’est très bien).

Cette rumeur n’a pas été directement commentée par l’agence, mais son patron mondial a donné ce mercredi matin une interview aux "Echos" pour indiquer, "qu’à l’heure actuelle, la France mérite son triple A". Cette rumeur a néanmoins suffi pour que l’écart entre les taux d’intérêt français et allemand augmente légèrement – avant de redescendre.

La question est simple : joue-t-on à se faire peur en imaginant la tornade toucher la France ? La réponse est selon toute vraisemblance oui ! Naturellement, il faut le prouver parce que certains vont se dire : un journaliste qui dit cela, c’est qu’il a reçu par mail les éléments de langage de l’Elysée et de Bercy. Outre le fait que cela ne se passe pas comme cela ( !), quelques éléments montrent que la France n’est pas vraiment menacée.

Pourquoi alors cette rumeur a-t-elle trouvée des oreilles attentives ? Il se passe qu’il y a une panique générale et que tous les pays sont touchés par cette tension sur les taux d’intérêt, la France comme les autres. Depuis 48 heures, les investisseurs reconnaissent que ce qui a été fait pour l’Irlande est bien ; mais ils voudraient que le Portugal (ce qui est probable) et l’Espagne soient mis aussi sous le parapluie européen – au cas où ils auraient des problèmes bancaires et budgétaires – parce qu’ils n’y voient pas très clair. La façon dont le secteur privé sera impliqué ne leur paraît pas limpide non plus.

Bref, ces investisseurs trouvent que l’Europe, c’est compliqué : qui décide ? Quelles sont les règles ? Et s’ils ne quittent pas l’Europe, ils ne viennent plus. C’est pour contre-attaquer que l’on a vu Christine Lagarde mardi sur la BBC ou CNN.

Les dirigeants européens ont au fond un dilemme à résoudre : si on aide le Portugal, qui après ? L’Espagne, l’Italie, la Belgique ? Ils croisent donc les doigts pour que soit entendu le message essentiel de dimanche, qui est que l’Allemagne choisit définitivement de soutenir l’euro. La Une de mardi du "Wall Street Journal", la bible des financiers, qui titrait sur ce point, a été remarquée dans beaucoup de capitales.

Pourquoi la France serait-elle épargnée alors que sa situation financière est pour le moins tendue ? Elle offre certes deux défauts pour les marchés. Ses comptes sont mauvais et elle n’a jamais respecté ses engagements par le passé. Mais, en face de cela, il y d’autres éléments qui pèsent lourds. Elle emprunte à des taux bas (rien à voir avec ceux de la Grèce ou de l’Irlande) ; elle a presque fini d’emprunter les 188 milliards d’euros dont elle avait besoin cette année pour payer ses dépenses ; elle sait faire rentrer ses impôts ; et, enfin, elle vient de faire une réforme des retraites difficile. Il est donc farfelu "à l’heure actuelle" de penser que la France va souffrir particulièrement. Ce n’est pas elle qui inquiète, c’est l’avenir de la zone euro et de l’euro.


CETTE CLASSIFICATION ME FAIT PENSER À CELLE DE L'ANDOUILLETTE.
PAS VOUS ?