TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 1 décembre 2010

Retour royal


C’est reparti pour un deuxième round d’élection présidentielle pour Ségolène Royal. Celle qui annonçait au peuple de gauche, au soir de sa défaite de 2007, qu’elle le conduirait « vers d’autres victoires » a repris son bâton de pèlerin en annonçant sa candidature aux primaires socialistes de 2011. La seule véritable surprise tient à la date et à la manière de se présenter mais pas au fond car personne ne pouvait vraiment imaginer que Mme Royal s’abstiendrait de participer à la bataille présidentielle de 2012. Cependant cette candidature annoncée pèse d’un autre poids que celles, tout aussi respectables qu’elles soient, de Manuel Valls et d’Arnaud Montebourg. En entrant dans la danse, Ségolène Royal bouleverse le jeu et change la donne pour les autres postulants à la candidature socialiste.


La victime principale de l’opération est Martine Aubry : la première secrétaire du PS était en panne et elle avait voulu faire croire à un pacte de non-concurrence entre DSK, Ségolène Royal et elle-même. Ce pacte aurait été un piège pour Mme Royal qui en aurait été la dupe. En le faisant exploser, la présidente de la région Poitou-Charentes renvoie le rôle de dupe à Martine Aubry. On voit mal désormais comment la première secrétaire peut diriger un PS où tous les leviers commencent à lui échapper et où elle ne maîtrise plus rien dans la valse des candidatures, avec en plus celle de François Hollande désormais imminente.


Mme Royal candidate déclarée ne se sentira plus liée par aucune contrainte et par aucun programme autre que le sien. Comme rien ne l’arrête, elle se paye même le luxe de désigner son futur Premier ministre en la personne de Dominique Strauss-Kahn ! Celui-ci qui a amorcé le processus subliminal de sa propre candidature a tout à gagner à une compétition avec Ségolène Royal qui ne peut que le valoriser. C’est l’un des deux vainqueurs objectifs de cette opération, l’autre étant Nicolas Sarkozy qui, en mettant la droite en ordre de bataille, a donné le coup de pied dans la fourmilière socialiste.

Priorités

Une fois de plus, les journaux, les bulletins radio, les flashes télévisés vont se retrouver couverts d’un grand manteau blanc. On n’y parle que neige, dérapages, ramassage scolaire et tutti quanti. Normal. Chacun a besoin de savoir ce qui l’attend quand il mettra le nez dehors. Mais à force de ne balayer que devant cette porte-là, de se passionner pour les frimas de fin novembre et les chaleurs de fin juillet, on finit par oublier ce qui se passe dehors, sitôt le seuil franchi.
A commencer par la 26e campagne des Restos du cœur qui a commencé hier et qui va distribuer 100 millions de repas, peut-être même à l’un de nos voisins. Sans parler bien sûr des élections ivoiriennes ou haïtiennes ou de l’onde de choc née des révélations de Wikileaks, aux conséquences encore imprévisibles. Pas besoin de se fustiger pour autant. Juste rééchelonner les priorités de l’actualité.

En Vendée, la droite cherche à s'affranchir du villiérisme

L'échec, dimanche, d'une courte tête (141 voix d'avance), d'Antoine Chéreau, maire (MPF) de Montaigu, lors des cantonales partielles en Vendée, face à Michel Allemand (divers droite) est un coup de semonce. Après la démission de son poste de président du conseil général du fondateur du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers, le 30 septembre, elle semble sonner le glas du villiérisme.


Pour la droite vendéenne, la victoire de Michel Allemand est tout un symbole, car elle a eu lieu dans le fief où l'ancien candidat à la présidentielle a construit toute sa carrière politique. La victoire paraissait pourtant promise à Antoine Chéreau. Personne ne pensait que Michel Allemand, "connu" pour avoir créé le mondial minimes de Montaigu (où sont passés les champions du monde Deschamps, Desailly, Dugarry, etc.), commerçant à la retraite, était capable de s'imposer. Sans parti ni réel projet, il semblait destiné à faire de la figuration.
D'autant qu'Antoine Chéreau paraissait sûr de sa force. Trop peut-être. Son score du premier tour aurait pourtant dû l'alerter. Il était très loin des résultats de son mentor. Peut-être aussi a-t-il sous-estimé la volonté de changement des "petits" maires du canton.
Longtemps sous le joug villiériste, ils ont souhaité "tourner définitivement la page", commente Dominique Caillaud, député UMP, en retoquant ce candidat perçu comme très politicien. Ils ont même mené une discrète campagne souterraine. Les partisans de Bruno Retailleau ont regardé de loin. Ils n'ont pas oublié qu'Antoine Chéreau n'avait pas eu beaucoup d'états d'âme quand on lui avait demandé de conduire la liste aux élections  régionales, au mois de mars, en lieu et place de… Bruno Retailleau. Un mois plus tard, ce dernier avait rompu avec le MPF et Philippe de Villiers.
"C'ÉTAIT NOTRE 21 AVRIL"
Mais le croc-en-jambe politique de Chéreau n'aurait pas suffi sans le désir de vengeance de la gauche. Divisés au premier tour, PS et Europe Ecologie/Les Verts ont constitué un front uni pour faire barrage au MPF. Le report de voix a été un modèle du genre. "C'était notre 21 avril à nous", commentait, visiblement réjouie, Sylviane Bulteau, la première fédérale du Parti socialiste. Maigre consolation pour une gauche réduite au rôle d'arbitre.
Défaite électorale pour la gauche, le scrutin de dimanche constitue aussi un avertissement pour des villiéristes orphelins de leur chef. A moins de quatre mois des cantonales, l'effet "Allemand" les inquiète. Certains se demandent s'ils doivent prêter allégeance à Bruno Retailleau ou mettre un mouchoir sur leur villiérisme qui a fait leur fortune politique. Ils devront vite se décider. Car les ambitions se réveillent.
Dans l'entourage de Bruno Retailleau, on reconnaît que "certains candidats vont être difficiles à retenir". Marcel Albert, ennemi juré de Philippe de Villiers, rêve d'en découdre avec Véronique Besse, députée protégée de M. de Villiers. En mars, les duels fratricides à droite pourraient faire d'autres victimes. Les villiéristes n'ont peut-être pas fini de boire le calice. Mardi, Bruno Retailleau s'est installé dans le fauteuil de président du conseil général de Vendée occupé pendant 22 ans par Philippe de Villiers.

IL FAUT NIQUER DE VILLEPIN SUR TOUS LES TABLEAUX.

Pourquoi la candidature de Royal pose problème au PS

Surtout, ne rien laisser paraître. Depuis l'annonce-surprise de la candidature de Ségolène Royal aux primaires socialistes, la direction du parti comme les partisans de Dominique Strauss-Kahn jouent les indifférents. Martine Aubry n'a pas souhaité réagir, mardi 30 novembre, préférant coller à son agenda de maire de Lille.
 Harlem Désir, numéro 2 du PS, a expliqué dans une déclaration : "Il y a des candidatures, Ségolène Royal a la liberté de se déclarer candidate comme les autres, c'est le principe même des primaires." Chez les strauss-kahniens, on fait dans l'ironie : sur son blog, Jean-Christophe Cambadélis écrit ainsi qu'il "n'est pas anormal (...) que les candidats les moins bien placés dans les sondages et dans le Parti socialiste se lancent de loin".
Pourtant, en interne, la nouvelle n'est pas prise à la légère. En se lançant aussi tôt dans la bataille des primaires, Ségolène Royal a, une fois n'est pas coutume, bousculé le PS.

Aubry prisonnière de ses engagements
Au jeu de dupes qu'elle jouait avec Ségolène Royal, Martine Aubry a perdu une manche : en la ramenant au sein du PS et en la mettant en avant dans les médias, la première secrétaire pensait "normaliser" l'ex-candidate et la circonvenir. Même si la direction ne se faisait pas d'illusion sur une candidature de la présidente de la région Poitou-Charentes, personne ne s'attendait à ce que celle-ci fasse mouvement si vite. "Elle a vu les déclarations de candidature se multiplier et a craint de voir l'espace médiatique lui échapper", explique-t-on dans l'entourage de Martine Aubry.
Est-ce l'allusion de Martine Aubry, sur France 2 le 25 novembre, à l'existence d'un "accord" de non-agression entre elle, DSK et Royal, qui a précipité les choses ? C'est l'hypothèse de certains au PS. Pas du tout, répond-on dans l'entourage de la première secrétaire : elle s'est contentée de rappeler un engagement que Ségolène Royal a été la première à faire, celui d'éviter les querelles fratricides. On note d'ailleurs que la présidente de région s'y est à nouveau engagée une fois sa candidature déclarée. Une version à nuancer : si Mme Royal a évoqué à nouveau la possibilité de s'effacer si elle n'est pas la mieux placée, elle a marqué la différence, mercredi 30 novembre sur France 2, entre Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, ramenée au rang de candidate "comme les autres".
Si ses proches soulignent qu'elle "est dans son rôle de première secrétaire en se concentrant sur le projet et les propositions socialistes" plutôt que sur les querelles de personnes, force est de constater que Martine Aubry semble aujourd'hui prisonnière, prise en tenaille entre la pression de la gauche du parti (Hamon et Emmanuelli), qui la poussent à s'engager, et son engagement d'attendre une décision de Dominique Strauss-Kahn.
Cette promesse pèse sur tout le parti et condamne la première secrétaire à rester en retrait jusqu'au printemps, où elle pourrait être amenée à jouer les recours si DSK "n'y va" pas. Si toutefois elle le souhaite. Au sein du PS, et particulièrement à la gauche du parti, on s'inquiète de plus en plus, en effet, du peu d'enthousiasme que manifeste Martine Aubry à l'idée d'une candidature aux primaires. "Elle fera son devoir", répond-on dans son entourage, sans plus de précision.

DSK poussé à faire un signe
Les strauss-kahniens ont beau assurer que la candidature de Mme Royal ne change rien, la vérité est plutôt inverse. Le patron du FMI ne peut, de par sa fonction, manifester aucun signe officiel d'un retour anticipé en France. En a-t-il l'intention ? "J'en suis convaincu", répond le sénateur PS de Côte-d'Or François Patriat, l'un de ses plus chauds partisans. Interrogé par LeMonde.fr, il évoque des "signes positifs" donnés par DSK au cours de sa visite en France, fin novembre. Et puis, ajoute-t-il, "s'il avait choisi de ne pas revenir, il l'aurait fait savoir plus vite".
Ségolène Royal a eu beau jeu, mardi 30 novembre, sur France 2, de rappeler qu'il a, dans un entretien au magazine allemand Stern, promis d'assurer sa fonction "jusqu'à la fin. Et la fin c'est 2012". La présidente de région estime que cette réponse signifie qu'il a renoncé. Faux, répond M. Patriat : "Vous l'imaginez répondre autre chose ? S'il répondait qu'il ne veut pas aller au bout de son mandat, il serait immédiatement très affaibli au sein du FMI."
Reste à décider quand DSK sera en mesure d'annoncer ses intentions. "On a attendu cinq mois, on peut bien tenir cinq mois de plus", estime François Patriat, qui n'envisage, comme la direction du PS, aucun changement dans le calendrier. La limite serait donc celle de l'inscription aux primaires, fixée à juin 2011, pour une élection à l'automne. Certes porté par les sondages, Dominique Strauss-Kahn peut-il pour autant se permettre de laisser plus de six mois d'avance à ses concurrents ? Même pour le grand favori des sondages, ce serait dangereux.

Hollande, Valls, Montebourg et la question du calendrier
Avec la déclaration précoce de Ségolène Royal, la question du calendrier des primaires se fait aiguë. Et les voix sont de plus en plus nombreuses, au sein du PS, à évoquer une accélération de celui-ci, surtout parmi les "petits" candidats. Jusqu'ici, les strauss-kahniens refusent mordicus de disqualifier leur leader, et sont suivis par la direction du PS. Mais d'autres insistent sur la nécessité de ne pas laisser la France trop longtemps sans une figure pour incarner l'opposition à Nicolas Sarkozy. C'est le cas des proches de Ségolène Royal, qui sont partis du constat de la nécessité pour la gauche d'avancer et de pousser son avantage face à un président affaibli, pour justifier la déclaration de leur candidate.
Une manœuvre, là encore, habile : cet avis est partagé par beaucoup au PS, à commencer par François Hollande (qui n'est toujours pas officiellement en campagne) et ses partisans. "Les Français voudront savoir début 2011 qui se propose de leur montrer un chemin", estime le député de la Seine-Saint-Denis Bruno Le Roux, soutien de François Hollande, interrogé par LeMonde.fr. Lui propose "un processus après les cantonales, sur trois mois, avril, mai, juin, peut-être juillet, pour un débat ramassé" entre les candidats.
Bruno Le Roux estime que ce calendrier ne dérangerait pas les strauss-kahniens. "Dans son interview à Stern, DSK peut vouloir dire deux choses : soit qu'il n'est pas candidat, mais je ne le crois pas, soit que de toute façon, son mandat court jusqu'après la présidentielle et qu'il n'y a pas à 'rendre possible' sa candidature." En clair, démissionner en avril ou en juin ne changera pas fondamentalement les choses. Ce calendrier permettrait, selon lui, d'avoir plus de temps pour que le candidat fasse campagne. "Penser qu'on arrivera à une osmose avec le pays en trois mois, c'est une profonde erreur du PS", juge le député. Quant à savoir si l'affichage public permanent des désaccords et des calculs tactiques des uns et des autres permettra plus facilement cette "osmose"...

Samuel Laurent

L'Italie, troisième économie de la zone euro et prochaine cible des marchés ?

L'Italie sera-t-elle la prochaine cible de marchés financiers paniqués par les doutes pesant sur la solvabilité des économies européennes ? Il y a quelques semaines à peine, l'idée d'une mise en faillite de la Péninsule aurait fait sourire. Mais deux jours après l'adoption d'un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros pour sauver l'Irlande, ancienne économie modèle de la zone euro, les économistes sont nombreux à se prêter au jeu du "à qui le tour ?" Alors que l'éventualité d'un plan de sauvetage pour le Portugal se concrétise, tous les regards se tournent désormais vers l'Italie.
Depuis lundi 29 novembre, la Botte se retrouve prise dans la tourmente. Une mauvaise adjudication du Trésor italien, d'un montant total de 5,5 milliards d'euros, semble avoir déclenché un brutal retournement des marchés lundi en fin de matinée, annulant tous les gains engrangés à la suite de l'adoption par l'Irlande du plan de sauvetage européen. Les titres italiens ont en effet peiné à trouver preneur, malgré des perspectives de rendement élevées.
CROISSANCE ATONE
De fait, l'écart entre les taux des emprunts italiens à 10 ans et les taux allemands, qui servent de référence dans la zone euro, a atteint des records. A ce prix-là, il devient de plus en plus onéreux pour les acteurs économiques italiens de se refinancer sur les marchés. Or, si l'on en croit le montant de sa dette, représentant près de 120 % de son PIB (ce qui en fait l'une des plus lourdes du monde), l'Italie a bien besoin de trouver des sources de financement, ses recettes fiscales ne suffisant plus à couvrir ses dépenses.
"Le niveau de la dette n'est pas inquiétant à court terme, rassure toutefois Francesco Saraceno, économiste à l'OFCE. Car l'essentiel est détenu par des investisseurs italiens, de surcroît le gouvernement a pris des mesures très tôt pour contenir les déficits." Même si les écarts de taux sont importants entre l'Italie et l'Allemagne, "ces derniers restent très bas (4,5 - 5 %), et ne devraient pas remonter dans l'immédiat". De plus, le système bancaire italien, conservateur et peu spéculatif, a été moins touché que d'autres par la crise financière.
"L'ITALIE N'EST PAS ENTRÉE DANS LA MONDIALISATION"
Ce sont plutôt la situation politique et les faiblesses structurelles qui sont dans le collimateur des marchés. Sans être confrontée aux mêmes problèmes immobiliers et bancaires que la Grèce et l'Irlande, l'Italie pâtit toutefois d'une croissance atone. Selon les prévisions de l'OCDE, "l'Italie a entamé une reprise modérée, qui se renforcera quelque peu ces deux prochaines années". Les principales craintes de l'organisation portent sur le niveau élevé du chômage – 8,6 % en octobre, son plus haut depuis 2004 (qui reste toutefois inférieur au taux moyen de la zone euro) – et des déficits publics ; elle préconise pour accélérer la croissance de "mettre en place des mesures budgétaires structurelles" et de procéder à "des réformes au niveau de l'offre pour améliorer le potentiel à long terme de l'économie italienne".
"L'Italie n'est pas entrée dans la mondialisation, confirme Francesco Saraceno, le taux d'investissement public est ridicule et l'industrie est très fortement concurrencée par les pays émergents." Avant son entrée dans l'euro, l'Italie avait pour principe de protéger son industrie par des dévaluations compétitives, un mécanisme qui a disparu en même temps que la lire. En outre, l'instabilité politique, la corruption et le poids de la bureaucratie contribuent à accentuer la pression sur les marchés, poussant les taux italiens à la hausse.
L'Italie doit en effet composer avec une crise politique majeure, cristallisée autour de l'affrontement entre Silvio Berlusconi et le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, qui pourrait entraîner la chute du président du conseil à la suite d'un vote de confiance au Parlement le 14 décembre. L'incapacité du gouvernement à régler la crise des ordures à Naples ainsi que l'explosion de colère des étudiants italiens, descendus dans la rue mardi à Rome pour protester contre des coupes dans le budget de l'enseignement supérieur, témoignent de l'incurie d'une classe politique dépassée par les événements.

Deux nouveaux murs s'écroulent à Pompéi

Deux nouveaux murs se sont écroulés, mercredi 1er décembre, sur le célèbre site archéologique de Pompéi, près de Naples, au lendemain de la chute d'un autre mur liée aux fortes pluies dans cette région. Les deux murs, de près de trois mètres de longueur au total, ne comportaient pas de fresques, selon le service de presse des biens architecturaux de Pompéi, un des lieux les plus visités d'Italie.
 Mardi, un mur d'une douzaine de mètres protégeant "la Maison du moraliste" s'était écroulé. Cette maison s'appelle ainsi car son propriétaire avait fait inscrire des maximes sur les murs de son jardin. Cette construction n'a jamais été ouverte au public.
Il y a trois semaines déjà, un autre édifice de Pompéi, la Maison du gladiateur, s'était complètement écroulé, suscitant en Italie une vague d'indignation et d'inquiétudes sur la préservation de ce patrimoine. Dans les trois cas, l'écroulement semble pouvoir être attribué aux fortes pluies qui ont déstabilisé le terrain.
"ÉVITER TOUT ALARMISME"
Pompéi, ensevelie sous les cendres par l'éruption du Vésuve le 24 août 79 de notre ère, a fait l'objet de fouilles systématiques depuis 1860 et constitue l'ensemble le mieux conservé d'une ville, de l'art et de la culture de l'époque romaine. Elle est classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.

"Ce sont des choses qui peuvent arriver sur un vaste site archéologique qui a deux mille ans, surtout dans des conditions climatiques comme celles de ces derniers jours", a tenu à rassurer mercredi la responsable archéologique du site, Jeannette Papadopoulos. "Il faut examiner avec prudence ce qui s'est produit et éviter tout alarmisme inutile. La situation à Pompéi est constamment contrôlée par les techniciens et l'écroulement n'a concerné aucun élément important ayant une valeur historique, artistique ou archéologique", avait jugé mardi le ministre de la culture italien, Sandro Bondi.

OSCE : M. Fillon remplace M. Sarkozy, au grand dam des Kazakhs

Un centre ville bloqué par le KNB (ex-KGB), deux jours ouvrables transformés en jours fériés, un ballet d'avions diplomatiques, à défaut de vols réguliers, cloués au sol pour raison de sécurité… La capitale du Kazakhstan, Astana, s'est mise sur son trente-et-un, mercredi 1er et jeudi 2 décembre, pour accueillir les représentants des 56 états de l'Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe (OSCE).

Les Etats-Unis ont dépêché pour l'occasion la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, les Allemands, la chancelière Angela Merckel, les Russes, le président Dimitri Medvedev, les Italiens, le président du conseil Silvio Berlusconi et la France, le premier ministre François Fillon.
Au nom du nouveau "partage des taches" et en raison d'un "agenda très chargé" pour Nicolas Sarkozy sur le plan international, c'est en effet son chef de gouvernement qui a fait le déplacement à bord du nouvel Airbus A330 de la République française, souvent surnommé "Air Sarko one".
Les Kazakhs n'ont guère goûté ce changement d'interlocuteur de dernière minute et l'ont fait savoir, des sources diplomatiques relayant cette irritation. La "real-politik" a cependant repris le dessus. Le président Noursoultan Nazarbaev a finalement accepté un tête-à-tête avec M. Fillon, même si ce rendez-vous n'a été confirmé que la veille.
"ÇA SE PASSE TRÈS BIEN AVEC NAZARBAEV"
Le 27 octobre, M. Nazarbaev avait été choyé lors de son passage à Paris. Deux milliards d'euros de contrats, concernant Alstom et Eurocopter-EADS avaient alors été négociés. Mais certains restent "à sécuriser", note-t-on à Matignon. Des discussions ont toujours cours sur les rames du futur métro d'Astana. "Ça se passe très bien avec Nazarbaev", estime-t-on à Matignon, où l'on affirme ne pas avoir été informé d'un quelconque mécontentement kazakh.
L'OSCE regroupe tous les pays d'Europe et de l'ex-URSS, ainsi que le Canada et les Etats-Unis. Ses compétences vont théoriquement du politico-militaire (négociations sur la limitation des armements) à l'économique, en passant par la "dimension humaine" (observation électorale, démocratisation). L'organisation n'avait plus tenu de sommet depuis 1999, à Istanbul. Elle est largement paralysée par la règle du consensus, qui prévaut pour toute décision, et les réserves de la Russie.
Mais le Kazakhstan, qui en a pris la présidence en 2010, s'est attelé à organiser ce sommet, pour asseoir sa stature sur la scène internationale, avec l'appui de la France, qui avait appelé à un tel événement lors de la crise géorgienne de 2008. Gros producteur de pétrole (ses réserves prouvées atteignent 10 milliards de tonnes), premier producteur mondial d'uranium – et principal fournisseur du Français Areva –, le Kazakhstan veut afficher sa prospérité.
Les débats, mercredi et jeudi, ont eu lieu dans une pyramide futuriste signée de l'architecte anglais vedette Norman Foster, à l'image d'une ville aux faux airs de Las Vegas des steppes d'Asie centrale, les casinos en moins. Nulle avancée diplomatique importante n'était attendue, si ce n'est le rappel des grands principes des missions de l'OSCE, fondées sur la Charte d'Helsinki. Mais pour le Kazakhstan, l'essentiel était avant tout de faire la démonstration de son importance.
Pierre Jaxel-Truer

Sarkozy: Napoléon et Grincheux selon un journal suisse

Le journal suisse Sonntags Zeitung utilise des poupées russes pour mettre en scène Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy dans une campagne de publicité osée. 

Le journal dominical suisse Sonntags Zeitung a lancé, fin 2008, une campagne intitulée The Insight Story.  

Créée par l'agence internationale Young & Rubicam, la campagne met en scène des personnalités politiques ou culturelles en traçant des parallèles osés sur le mode des poupées russes. Entre 2008 et 2009, nombreuses ont été les personnalités dont l'image a été détournée comme Barack Obama, Georges W.Bush (associé à Condoleeza Rice, Dick Cheney et à son père) ou Vladimir Poutine (avec Rambo).  
Fin 2010, Sonntags Zeitung remet le couvert avec un nouveau visuel représentant Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy, ainsi que leurs supposés personnages intérieurs: Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais, le nain Grincheux et Blanche Neige... 
Nos voisins n'épargnent décidément pas le chef de l'Etat français, après la couverture récente du magazine britannique The Economist. Voilà qui devrait pas contribuer à réchauffer les relations avec la Suisse. 

Quand Washington jugeait Royal "fragile" et DSK "manquant du feu sacré"

Dominique Strauss-Kahn est "peut-être le plus capable" des socialistes français mais il "manque du feu sacré", jugeait en 2006 la diplomatie américaine, selon des documents diffusés par le site internet WikiLeaks. 

C'était il y a plus de quatre ans, cela pourrait être aujourd'hui. "L'impression donnée est que, tout en étant peut-être le plus capable et le plus qualifié des candidats socialistes, Dominique Strauss-Kahn manque du feu sacré pour le propulser vers la victoire", écrivait en mai 2006 l'ambassadeur des Etats-Unis, relatant la visite de DSK dans ses locaux parisiens, cinq mois avant la primaire présidentielle du PS qui vit la victoire de Ségolène Royal. 

Selon ce télégramme américain révélé par Wikileaks et dont le Monde publie des extraits, l'ancien ministre de l'Economie considérait alors que la popularité de sa rivale dans les sondages relevait de "l'hallucination collective". 
L'ambassadeur des Etats-Unis, écrit Le Monde, a apprécié la discussion avec le futur directeur général du Fonds monétaire international (FMI) mais le diplomate souligne qu'il "est l'un de ceux qui gouvernerait bien plus volontiers que de faire campagne". 
Selon les extraits publiés par Le Monde, "DSK a prédit que Royal s'effondrerait au bout du compte et que, si elle était désignée par le PS, elle ne survivrait pas contre Sarkozy". 
A l'époque, Dominique Strauss-Kahn estime que "80% du parti n'est pas derrière elle" et décrit la candidate finalement choisie par les militants comme "fragile" sur le fond. 
Selon Le Monde, qui publie au compte-gouttes des informations issues des documents classés révélés par WikiLeaks, l'ambassade américaine range Ségolène Royal dans la catégorie des "socialistes de type blairiste" en 2006. 
Elle a rencontré l'ambassadeur des Etats-Unis en février 2006 et "s'est montrée à la hauteur de son image peu banale de politicienne déterminée, subtile et charismatique". 
Ségolène Royal, qui s'est rendue aux Etats-Unis plusieurs fois depuis l'élection de Barack Obama, aurait alors "clairement fait comprendre qu'elle ne rejetait pas la culture populaire américaine, en indiquant qu'elle regardait 'Desperate Housewives'", selon un télégramme. 

Candidature Royal : réactions des militants PS



Lagerfeld a photographié le calendrier Pirelli



Mélenchon s’étonne des nouvelles candidatures



Des "ajustements " devraient encore avoir lieu au gouvernement

Astana (Kazakhstan), envoyé spécial - Le feuilleton du remaniement n'est pas définitivement clos. "Il peut y avoir quelques ajustements. Mais parler d'un nouveau remaniement serait impropre", confirme-t-on dans l'entourage de François Fillon, en marge du sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à Astana, au Kazakhstan.
 Cette hypothèse avait déjà été évoquée, notamment, par son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin. Ces ajustements ne devraient pas être corrélés avec les résultats des futurs élections cantonales, en mars 2011.
L'idée est de nommer quelques nouveaux ministres ou secrétaire d'Etat, pour renforcer l'équipe actuelle. "Il y a deux ou trois petites zones où il manque quelqu'un", assure-t-on dans l'entourage du premier ministre. Ces "ajustements" doivent aussi permettre d'ouvrir la porte aux centristes, qui s'estimaient lésés après le dernier remaniement, qui a vu la sortie de Jean-Louis Borloo et de Hervé Morin, deux têtes d'affiches qui veulent fédérer les centristes pour leur donner une audience.
"Il y a tellement de famille centristes que c'est compliqué de toutes les représenter", ironise cette source proche de M. Fillon, qui précise qu'il n'est pas question d'abandonner le dogme sarkozyste qui veut qu'il n'y ait qu'un seul candidat de la droite en 2012. "C'est la seule solution, car on est dans un pays où si vous jouez trop finement, vous avez un vrai risque de ne pas être au second tour".
Par ailleurs, l'entourage du premier ministre confirme que la réforme annoncée sur la dépendance doit bien avoir lieu avant la fin du quinquennat, comme l'a annoncé Nicolas Sarkozy, qui a "fermé la porte" à la possibilité d'un débat long. "Si on ouvre un débat pendant six mois sans le conclure, ce ne sera pas porté à notre crédit." Cette réforme pourrait être inscrite dans le projet de loi de finances 2012, voté à la fin de l'année 2011.
Pierre Jaxel-Truer

Rachida Dati attaque la politique sécuritaire d'Hortefeux

L'ex-ministre de la justice, Rachida Dati, a la dent dure : elle s'en prend au bilan de Brice Hortefeux en matière de sécurité. "Les résultats ne sont pas au rendez-vous sur la sécurité", dit-elle dans un entretien aux Echos, mercredi 1er décembre. "La répression ne suffit pas à faire une politique publique. Une politique de sécurité doit être équilibrée. Il faut de la fermeté, de l'humanité et du dialogue", ajoute l'élue parisienne.

"La sécurité sera un sujet majeur de la présidentielle" et "les chiffres sont sans appel", notamment "les atteintes aux personnes" qui "ne cessent d'augmenter, et en particulier les violences contre les représentants de l'Etat", poursuit Mme Dati, qui "constate" par ailleurs une "escalade dans la violence de la délinquance des mineurs". "Ce n'est pas seulement en déployant en urgence des policiers au bas d'un immeuble que l'on éradiquera la délinquance, pour ne pas dire la criminalité organisée", estime-t-elle.

"Les 'opérations coup de poing', comme celles annoncées à Marseille, sont souvent plus spectaculaires qu'efficaces et dérangent tout le monde sauf les voyous, qui n'attendent que le départ des renforts pour reprendre leurs trafics", fait valoir l'eurodéputée. Au lendemain d'un règlement de comptes au cours duquel un adolescent avait été tué et un autre grièvement blessé par balles à Marseille le 21 novembre, M. Hortefeux s'était rendu dans la cité phocéenne, où il avait annoncé "des opérations coup de poing dans les plus brefs délais".

"Le ministre de l'intérieur ne devrait se déplacer qu'en cas de drames ou de crises, mais aller sur le terrain rencontrer les habitants de ces quartiers populaires que l'on abandonne de plus en plus aux voyous", conseille la maire du 7e arrondissement de Paris.
Selon Mme Dati, "il faut également agir sur l'éducation, maillon essentiel de la prévention". Elle ajoute, en s'appuyant sur un rapport de la Cour des comptes, que la réforme de la carte scolaire, qui visait à "sortir les jeunes de leurs ghettos, a creusé les inégalités". "Il faut que les policiers aient les moyens d'agir dans la durée", et "s'appuyer sur les habitants, majoritairement honnêtes", et "pour cela, il faut les respecter, reconnaître leurs difficultés et leurs souffrances car ce sont les premières victimes de cette criminalité", souligne Mme Dati.
Y'A DES COUPS ELLE FERAIT BIEN DE LA FERMER.

Le PMI manufacturier au plus haut depuis 10 ans

La croissance du secteur manufacturier français a atteint en novembre son rythme le plus élevé depuis 10 ans grâce à une forte hausse du volume des nouvelles commandes et au retour à l'expansion de l'emploi, montrent mercredi les résultats définitifs de l'enquête Markit auprès des directeurs d'achats.

L'indice PMI manufacturier ressort à 57,9 (estimation flash: 57,5; octobre: 55,2).
La composante mesurant la croissance des nouvelles commandes affiche, à 61,3, son plus haut niveau depuis août 2000 grâce notamment aux secteurs des biens d'équipement et des biens intermédiaires.
Celle de l'emploi (52,8) dépasse la barre de 50 séparant contraction et expansion pour la première fois depuis plus de deux ans et demi, les entreprises adaptant leurs effectifs à l'augmentation de leur production.
"L'essor actuel du secteur manufacturier permet d'espérer que la croissance du PIB du quatrième trimestre dépassera celle du troisième trimestre (0,4% en première estimation-NDLR), comme l'anticipe le gouvernement français", commente Jack Kennedy, économiste de Markit.
Marc Angrand, édité par Marc Joanny

Chômage : la galère des contractuels dans la fonction publique

Tracasseries administratives, lourdeur et lenteur des procédures, délais absurdes… Les contractuels de la fonction publique en situation de chômage racontent sur Le Monde.fr leur difficulté à faire valoir leur droit aux allocations.

"La situation n'est pas encore réglée" par Richard
J'ai été licencié en juillet 2009 par le CNRS avec qui je travaillais depuis deux ans dans le cadre d'un contrat de recherche, un CDD de trois ans. Lorsque je me suis rendu à Pôle emploi, on m'a fait comprendre que je ne pourrais recevoir mes indemnités qu'en décembre 2010, date de la fin officielle de mon CDD. Mes recherches d'emploi ayant été infructueuses, je me suis retrouvé sans ressource et j'ai passé dix-huit mois à vivre la pire galère de mon existence.
Le Pôle emploi a refusé de revoir mon cas. Selon eux, le blocage venait du CNRS, qui n'avait pas versé l'argent pour mon indemnisation. La situation n'est pas encore réglée, j'attends de voir si je recevrai enfin mes indemnités au mois de décembre, comme cela est prévu.
"Je suis en procès depuis deux ans pour obtenir mes indemnités" par Stéphane L.
J'ai été recruté sur deux contrats en septembre 2005 pour l'enseignement de deux matières. Suite à une "erreur administrative", le rectorat de Versailles a annulé unilatéralement un des contrats en octobre. Je me suis opposé à cette décision en saisissant le tribunal administratif. En attendant que celui-ci statue (deux ans après), j'ai dû dans un premier temps faire valoir mes droits au chômage sur le premier contrat, puis à la fin de l'année sur le deuxième.
Ma feuille d'états de service, indispensable pour l'inscription au chômage, a été difficile à obtenir, puisqu'il a fallu que je me déplace au rectorat. Le paiement des allocations s'est ensuite fait régulièrement mais avec un décalage de trois mois. En revanche, le rectorat a estimé que j'avais bénéficié d'un trop-perçu et m'a prélevé 100 euros chaque mois. L'annulation de mon autre contrat a été requalifiée par le tribunal en licenciement. Mais même si le rectorat n'a pas fait appel du jugement, un deuxième procès est en cours depuis deux ans pour obtenir les indemnités.
"Un véritable parcours du combattant" par Isabelle S.
Je suis vacataire depuis douze ans à l'inspection académique de la Côte-d'Or (secrétaire dans un centre médico-scolaire) et je travaille tous les ans du 1er septembre au 30 juin. Tous les étés je m'inscris au chômage et c'est un véritable parcours du combattant, avec de plus en plus de contraintes au fil des années.
Cette année, j'ai demandé un rendez-vous à Pôle emploi le 1er juillet et j'ai été convoquée le 16 juillet. Il faut donc se rendre dans un premier temps à cet entretien, tout en sachant que ce sera le rectorat qui paiera les indemnités, et que cette inscription à Pôle Emploi, avec tout un dossier à remplir, ne sert qu'à obtenir une notification de rejet. Muni de cette notification, il faut ensuite refaire un dossier d'inscription pour le rectorat, ce qui nous amène fin juillet.
Comme les services du rectorat sont fermés à partir du 25 juillet environ, mon dossier n'est pris en compte que fin août. Après toutes ces démarches, le premier versement d'argent a lieu fin septembre (80 % de ce qui nous est dû, les 20 % restants sont versés fin octobre).
"Un contractuel fait le même travail qu'un fonctionnaire, mais pour moins cher" par Anonyme
J'ai été contractuel pendant trois ans et en CAE (contrat d'accès à l'emploi) récemment, et à chaque fois il m'a fallu patienter deux mois pour percevoir mes indemnités. Ce qui n'est jamais le cas dans le privé, ou même en intérim. Et pendant cette période, la banque en revanche ne vous oublie pas…
Sans compter les erreurs et les oublis des agents du Pôle emploi, qui omettent de réexpédier à l'administration d'origine les documents indiquant que vous n'êtes plus employé : du coup, pas de paiement, et vous devez faire vous-même le nécessaire pour faire valoir le droit à recevoir des allocations. Au final, un contractuel fait le même travail qu'un fonctionnaire, mais pour moins cher, et avec moins d'avantages en termes de retraite, de primes, d'assurance-maladie…
"J'ai dû emprunter de l'argent à mes parents pour survivre" par Héloïse F.
Contractuelle pour l'éducation nationale, je suis actuellement en grosse difficulté financière. Et pour cause, depuis la fin de mon CDD en août, je suis dans l'attente d'un éventuel réemploi, qui peut arriver du jour au lendemain. En attendant, j'effectue les démarches — ubuesques — auprès de Pôle emploi et du service chômage dont je dépends. Il ne faut pas moins de deux mois pour que mon dossier soit simplement "validé". Et il ne faut pas moins de deux mois supplémentaires pour le paiement de mes indemnités. Résultat, le service chômage me prévoit un versement vers la mi-décembre et encore, je ne toucherai que 60 % environ de mon ancien salaire. Entre-temps, c'est-à-dire quatre mois (un tiers de l'année !) : le néant.
Depuis le 31 août 2010, je suis donc absolument sans ressource. Quid de mon loyer ? Comment faire pour vivre sans ressource ? Comme tout le monde, je dois payer mes impôts, je dois accessoirement manger, payer mon électricité, mettre de l'essence dans la voiture… J'ai dû emprunter de l'argent à mes parents pour pouvoir subvenir au quotidien. Je redoute les mois à venir et la précarité qui va s'installer durablement. J'aime mon métier et je ne veux pas en changer, mais je me demande pourquoi les membres du service public sont si mal traités, si méprisés.
"Trois mois de chômage et je n'ai toujours rien reçu" par Séverine O.
Mon CDD de professeur contractuel en arts appliqués au sein du rectorat de Créteil n'a pas été renouvelé au 1er septembre 2010, comme il l'était chaque année. J'ai d'abord rencontré des difficultés pour obtenir mon attestation employeur de la part de l'administration, ce qui a retardé la constitution de mon dossier à Pôle emploi. Ayant travaillé plus de vingt-neuf mois pour le rectorat de Créteil, je ne dépendais donc pas des Assedic mais de la cellule chômage du rectorat. Mon ouverture de droits ne s'est faite que fin octobre. Le rectorat est censé m'indemniser depuis le 7 septembre, or à ce jour je n'ai toujours rien reçu. Cela va faire trois mois que je suis au chômage. Et j'entends autour de moi que les prochaines indemnisations des contractuels au chômage n'auront pas lieu avant le 18 décembre…

Selon Jean-Claude Trichet, l'Irlande et la Grèce sont en situation de solvabilité

Les pays de la zone euro qui bénéficient actuellement d'une aide internationale, soit l'Irlande et la Grèce, sont "en situation de solvabilité", a déclaré mardi 30 novembre le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.
 "Les deux pays aidés sont des pays qui sont en situation de solvabilité et qui ont un problème pour mener à bien leur ajustement", a déclaré M. Trichet lors de son audition devant le comité économique et monétaire du Parlement européen à Bruxelles. "Il ne faut pas négliger le sérieux de ces ajustements nécessaires", a convenu M. Trichet, tout en demandant "aux observateurs de prendre la mesure de ce qui est fait actuellement en Europe".
Il leur demande notamment de considérer "le fait que tous les pays poursuivent des programmes de stabilisation budgétaire, alors même que leur point de départ sont meilleurs que celui des autres grands pays avancés, à tout le moins en ce qui concerne la zone euro consolidée". "Par exemple en 2010, le déficit de la zone euro consolidée c'est 6,3 % du PIB, celui des Etats-Unis c'est 11,3 % et le Japon 9,6 %. En 2011 en zone euro on sera à 4,5 % en consolidé, aux Etats-Unis à 8,9 % et au Japon à 8,9 %", a-t-il ajouté. "L'économie européenne a constamment surpris en étant nettement plus dynamique que prévu depuis le retour de la croissance, ceci est un fait", a-t-il encore dit.
PAS D'AJUSTEMENT AU CAS PAR CAS
Le président de BCE s'est ainsi voulu rassurant sur la stabilité financière de la zone euro. "Je ne crois pas que la stabilité financière de la zone euro puisse être mise en cause de manière grave même si elle est actuellement un problème", a-t-il dit, avant de se montrer satisfait de la clarification apportée dimanche par l'Union européenne sur l'implication du secteur privé dans le futur Fonds de secours permanent des pays de la zone euro en grave difficulté budgétaire. Cette initiative avait été vivement critiquée par la BCE dans la forme dans laquelle elle avait été annoncée fin octobre, jugeant qu'elle contribuait à la nervosité du marché obligataire. "La situation a été clarifiée au cours du dernier week-end. Les Européens n'ont ni plus ni moins que ce qui se fait au niveau international", a jugé M. Trichet.
Dimanche, les ministres de la zone euro, afin de juguler la crise de confiance des marchés à l'égard des pays fragiles, ont décidé d'accélérer les préparatifs du futur Fonds de soutien permanent aux pays en crise, appelé à voir le jour mi-2013, en remplacement du mécanisme actuel, temporaire. Contrairement à ce que voulaient au départ les Allemands, les investisseurs privés, c'est-à-dire des banques et fonds d'investissement qui détiennent des titres de dette des Etats, ne devront pas mettre la main au portefeuille de manière automatique.
Cela se fera au cas par cas, en cas de crise de solvabilité d'un Etat. M. Trichet a par ailleurs souligné que son institution ne pouvait pas "ajuster" sa politique en fonction de la situation d'un Etat de la zone euro. "Nous sommes là pour garantir la stabilité d'une économie qui comprend plus de 330 millions personnes", a-t-il dit, alors que les spéculations vont bon train sur la poursuite ou non des mesures anticrise de la BCE. Ce qui semble acquis pour les économistes, c'est que l'institution de Francfort va annoncer jeudi garder son principal taux directeur inchangé à 1 %, son plus bas niveau historique. En revanche, ils redoutent que l'instution poursuive le retrait de son soutien aux banques de la zone euro, qui consiste essentiellement à leur prêter de l'argent en quantité illimitée et à des conditions très avantageuses.

Pour Standard & Poor's, la France mérite encore sa note AAA

Le président de Standard & Poor's, Deven Sharma, estime que "la France mérite son rating AAA", la meilleure note possible dans l'échelle de l'agence de notation, dans une interview publiée, mercredi 1er décembre, dans le journal Les Echos. "Nos analystes (...) considèrent qu'à l'heure actuelle, la France mérite son rating AAA, comme l'indique la perspective 'stable' sur cette note", a indiqué M. Sharma, n'excluant pas, toutefois, la possibilité que le pays perde un jour cette note qui porte sur la solidité financière.

"Toute note est susceptible d'être réajustée si les conditions se modifient", a prévenu celui qui est président de l'agence de notation depuis 2007, en rappelant la dégradation des notes du Japon en 2001 et de l'Espagne en janvier 2009. "Notre rôle n'est pas d'être des conseillers, mais nos analyses sont souvent regardées avec attention", explique-t-il.

Interrogé sur le rôle joué par les agences de notation, qui évaluent la solvabilité des emprunteurs, dans la crise des dettes souveraines, il estime que les agences s'appuient "sur des fondamentaux qui engagent le long terme, alors que les marchés reflètent une vision plus court-termiste". "La notation est plus stable, c'est essentiel pour les investisseurs", poursuit-il, ajoutant que les vues des agences et des marchés sont "complémentaires". Enfin, il estime que l'obligation de prévenir trois jours à l'avance les pays dont la notation va être modifiée, une mesure que Bruxelles souhaite imposer aux agences, "créerait une inégalité de traitement entre les différents types d'émetteurs européens" et comprend "des risques non négligeables en termes de diffusion de rumeurs et de délits d'initiés".

LE COMMENTAIRE DE CHRISTOPHE BARBIER


Il y a vingt ans, un tunnel sortait de la Manche

Ça doit donner une bonne idée de l'ivresse des profondeurs, de boire du champagne sous la Manche. Mais il était écrit que ce 1er décembre 1990, tous les bouchons sauteraient. Y compris celui de quelques centimètres de craie bleue qui empêchait encore le matin même, au tunnel de service (Brigitte pour les intimes), de tirer un trait sous-marin entre la France et la Grande-Bretagne.
À midi et douze minutes, les dernières pierres sautent sous les coups des marteaux-piqueurs. Philippe Cozette serre la main de son homologue britannique.
Les caméras de TF1 n'en perdent pas une miette. Histoire sur pellicule. « On avait l'impression de vivre un moment historique, confirme Robert Houbion, secrétaire de l'amicale des bâtisseurs du tunnel. On était sur un nuage à 100 mètres sous la Manche. »

« Je ne dormais plus »

Philippe Cozette a lui aussi conscience de l'importance du moment. Ça fait quelques semaines que sa direction l'a prévenu que c'est lui qui ferait sauter les derniers gravats. « Je ne dormais plus. On m'avait dit que ça me changerait la vie. Je ne pensais pas que ce serait à ce point-là. Vingt ans après, tous les jours, il y a au moins une personne qui me rappelle que c'est moi qui ai fait la jonction. » Comme s'il pouvait l'oublier.
Derrière Philippe Cozette, ils sont des milliers à avoir entrepris l'aventure en 1986-1987. « Au summum du chantier, reprend Robert Houbion, on n'était pas loin de 4 600 personnes, dont 85 % originaires de la région. » Un chantier pharaonique quand on y pense avec ces trois tunnels de 50 km de long et ces 12 milliards d'euros investis.
Alors forcément, la première fois qu'on met un pied au coeur d'un tel déploiement, ça marque. Robert Houbion s'en souvient comme si c'était hier : « Marcher sous la mer, c'était quand même un moment d'émotion. Surtout qu'on voyait de l'eau (douce) qui ruisselait. Et puis, on voyait les ouvriers qui étaient décontractés. C'est comme dans un avion, on regarde les stewards et les hôtesses pour se rassurer. » Il y a eu tous ces politiques aussi : Mitterrand, Barre, Giscard, Balladur, Mauroy, Chevènement ou Méhaignerie pour qui il a fallu courir acheter des bottes pointure 47. Des souvenirs en pagaille. À tel point que Robert Houbion, né en Belgique, habite désormais dans le Calaisis. « J'avais besoin de vivre près de cette histoire. »

les batisseurs

Sarkozy ironise sur son avenir politique et énumère ses successeurs

Le président de la République a reçu mardi 30 novembre dans le salon vert de l'Elysée une trentaine de députés et sénateurs UMP, membres du club La Droite sociale du ministre délégué aux affaires européennes, Laurent Wauquiez, lui aussi présent.
Se confiant aux parlementaires sur le ton de la plaisanterie, Nicolas Sarkozy a déclaré : "Moi, vous savez, je suis là pour deux mandats, pas plus. Après ce sera la dolce vita", a-t-il dit, selon plusieurs participants, en rappelant que son épouse Carla Bruni était "italienne" et qu'il fallait "penser à faire autre chose après" l'Elysée. Suite à ces fuites, l'Elysée a précisé que le président confirmait ainsi qu'il ne pouvait se présenter "qu'à deux mandats, pas plus".
"IL Y A UNE AUTRE VIE APRÈS L'ÉLYSÉE"
Depuis la révision constitutionnelle de 2008 le nombre de mandats présidentiels consécutifs est limité à deux. "Il y a une autre vie après l'Elysée, a tenu à souligner M. Sarkozy. Dans notre famille politique, il y a plein de talents qu'il faut faire vivre. Je ne veux surtout pas qu'on m'accuse de vouloir brimer qui que ce soit".
"Je ne suis pas là pour couper les têtes, a poursuivi le chef de l'Etat, je suis très content qu'il y ait des talents. Et le moment venu [lors de la présidentielle de 2017, NDLR], que le meilleur gagne !", a-t-il poursuivi, avant de citer pêle-mêle le nouveau secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire, le porte-parole du gouvernement François Baroin, le ministre chargé des affaires européennes Laurent Wauquiez ou encore le ministre du travail Xavier Bertrand.
En privé, le président français, élu en 2007 pour un mandat de cinq ans, cache de moins en moins son intention d'être candidat à sa succession en 2012. Officiellement, il affirme qu'il prendra sa décision à l'automne 2011, comme il l'a répété à la mi-novembre. "Si certains n'avaient pas encore compris, c'est plus que clair désormais. Il est bel et bien candidat en 2012", s'est réjouie une participante.

Pour Royal, DSK a décidé ne pas se présenter à la présidentielle

Ségolène Royal, qui vient d'annoncer sa candidature aux primaires socialistes, a estimé, mardi 30 novembre, que Dominique Strauss-Kahn avait décidé de ne pas se présenter à l'élection présidentielle, s'appuyant sur de récentes déclarations du patron du FMI à la presse allemande.

"Ce qui avait été convenu, c'est que Dominique nous dise avant la fin du mois de décembre ce qu'il comptait faire, a-t-elle affirmé sur France 2. Il a déclaré très clairement — sa parole doit être respectée il faut le laisser libre de sa décision — qu'il décidait de rester à la tête du Fonds monétaire international jusqu'en 2012", a-t-elle rappelé, en allusion à un récente interview du patron du FMI à l'hebdomadaire allemand Stern.
Interrogé sur son éventuelle candidature à la présidentielle française, M. Strauss-Kahn avait répondu : "Je vais vous répondre ce que je dis à tout le monde : je vais aller jusqu'au terme de mon mandat de directeur général du FMI. Et celui-ci dure jusqu'en 2012."
ROYAL ASSURE QU'ELLE POURRAIT S'EFFACER
"C'est important car nous attendions tous de savoir ce que Dominique souhaitait faire", a souligné Mme Royal, assurant que "bien sûr", cela l'avait poussée à accélérer le calendrier. "De deux choses l'une, soit il change d'avis et décide de revenir au mois de juin et je lui ai dit très clairement 'Si tu décides de revenir au mois de juin, nous en parlerons ensemble et mettrons en place le dispositif gagnant'".
Interrogée sur un éventuel retrait de sa part à ce moment-là, Mme Royal a répondu : "Pourquoi pas." Si Martine Aubry décide d'y aller, aura-t-elle la même attitude ? "Je ne vais pas passer en revue non plus tous les candidats. Martine ne s'est pas encore déclarée", a-t-elle rappelé. Pour Mme Royal, "les socialistes doivent cesser de se regarder eux-mêmes et doivent se tourner vers les Français [qui] ne croient plus au discours politique, ne croient plus aux promesses".

Il y a le feu à la zone euro


Grèce, Irlande, Portugal, Espagne… Et maintenant, l’Italie. Il y a le feu à la zone euro. L’annonce, dimanche, d’une aide de 85 milliards à l’Irlande a eu pour seul effet de reporter la hausse des taux d’intérêts sur les pays qui ne « bénéficient » pas encore d’un plan de sauvetage. L’appétit des spéculateurs est sans limite. Et pourquoi se priveraient-ils ? Il s’agit, pour l’essentiel, de banques et de fonds de pension qui sont choyés par leurs gouvernements. Ceux-ci puisent chez les contribuables de quoi permettre à la machine de tourner… en rond : les États empruntent auprès des banques pour rembourser les emprunts… des États non solvables. Le système financier gagne à tous les coups. Les populations, elles, sont priées de passer à la caisse.


Avec Rome, la crise a franchi un palier. L’Italie – comme l’Espagne d’ailleurs — est trop grosse pour faire faillite. Le fonds européen de soutien ne serait qu’une aimable plaisanterie s’il devait subvenir aux besoins d’un pays de 60 millions d’habitants. Et ce ne serait pas fini. Si l’Italie, qui est durement attaquée depuis deux jours, succombait, la France serait propulsée en première ligne et serait à son tour dans le collimateur des usuriers. L’endettement de Paris est moindre, mais son déficit budgétaire est encore plus élevé que celui de Rome. Entendre François Baroin assurer que nous ne courons « aucun risque » pourrait prêter à sourire si ce n’était pas plus angoissant que rassurant. Le seul fait que le ministre du Budget se sente obligé d’apaiser les inquiétudes montre que celles-ci sont réelles. Ses propos lénifiants rappellent les dénégations frénétiques de nombre de ses prédécesseurs… à la veille des dévaluations de la IV e République et du gouvernement Mitterrand-Mauroy…


Après onze ans de monnaie unique, la crise a fini de fracturer une zone euro qui n’a jamais été homogène. Le Sud tente vainement de rester dans la foulée sportive des pays du Nord, et s’époumone à maintenir une cadence qu’il ne peut supporter. Les propos alarmistes d’Angela Merkel, depuis la semaine dernière, montrent que la patience de l’Allemagne ne sera pas infinie. Ou bien Berlin arrivera à imposer son rythme et sa discipline aux traînards, ou bien l’euro volera, à moyen terme, en éclats.


Dans les deux cas, nous ne sommes qu’au début d’une cure d’austérité qui s’annonce chaque jour plus sévère.

Le dossier Areva au congélateur

Il n’y a pas que dans la rue que la température baisse. Le dossier de l’augmentation de capital d’Areva connaît lui aussi un sérieux coup de froid. Ce dossier approche même dangereusement du point de congélation. Cela fait pourtant des années que le leader français de la construction de centrales nucléaires Areva demande à augmenter son capital pour pouvoir suivre ses besoins en investissements. L’affaire devait être bouclé avant la fin de l’année avait promis l’Elysée qui exerce la tutelle de cette entreprise hautement stratégique. Mais ce week-end, la Présidence de la République aurait refusé à la fois l’entrée au capital du japonais Mitsubishi Heavy Industries et la demande de l’autre investisseur pressenti, l’émirat du Quatar, de mettre la main sur les mines d’Areva. Autrement dit, les deux principaux apporteurs de fonds ont de grandes chances de rester à la porte alors que l’opération devait ramener entre 1,5 et 3 milliards d’euros à Areva.

Ce dossier est constamment empoisonné par les querelles de pouvoir entre les différents acteurs français de la filière, qui se détestent cordialement. Ni EDF, ni Alstom ne veulent voir Mitsubishi entrer chez Areva. Tout simplement parce que c’est un fournisseur d’EDF, qui craint donc une réduction de la concurrence et c’est un concurrent direct d’Alstom. Dans le cas du Quatar, il apparaît maintenant que l’émirat n’est en fait intéressé que par les activités de mines d’uranium du français, jugées hautement stratégique par l’Etat.

Avec le redémarrage du nucléaire, l’enjeu international devient fort et oppose les trois acteurs français. Le client EDF, revendique sa vocation naturelle à conduire la filière à la fois en France et à l’étranger. De son coté, Alstom, qui aimerait bien devenir un constructeur de centrales nucléaires clés en main, comme ses concurrents General Electric ou Siemens rêve de racheter Areva. Et puis enfin Areva, qui est une entreprise jeune qui s’est constitué par la fusion de l’entité publique qui gérait le combustible nucléaire et les déchets, la Cogema, avec le constructeur français de chaudières nucléaires Framatome. Aux yeux des deux autres, il a commis le péché en s’alliant avec Siemens pour partir à la conquête des marchés internationaux et surtout s’affranchir de la tutelle d’EDF. Siemens est maintenant parti et les deux autres ne rêvent que de démanteler Areva. Au milieu, l’Etat, supposé arbitrer, ne sait pas sur quel pied danser et fait traîner les choses. Ce qui est tout de même dommage alors que la France possède des champions à tous les maillons de la filière (de la production à la distribution) et que la puissance publique a les leviers pour agir...

Le tempo de Ségo


Dans un ménage à trois mieux vaut ne pas être le troisième. Cette adaptation d'une formule de Bismarck a sûrement titillé l'instinct de survie de Ségolène Royal. Après un week end de pagaille, l'annonce du pacte Aubry, censé calmer les militants inquiets de voir se rouvrir le bal des ego, a fait l'effet contraire. La candidate de 2007 a explosé le carcan dans lequel on cherchait à l'enfermer et reprit sa liberté pour briguer l'investiture socialiste. Et comme Ségolène Royal ne recule devant aucune audace, elle assure, qu'élue, elle proposerait le poste de Premier ministre à DSK, histoire de préserver un improbable ticket. Isolée depuis la présidentielle, elle se remet sur l'avant-scène et lance la course des primaires, faisant une fois encore passer au second plan le contenu du projet d'alternance socialiste.


Mais le scénario de 2007 et de l'attaque frontale du PS n'est plus jouable. « Démonétisée » par la défaite, Ségolène Royal n'incarne plus la nouveauté. Même si par stratégie elle s'est réintégrée dans le jeu depuis la Rochelle, elle aussi est assimilée aux joutes internes du PS. Pour sortir de la nasse, elle entre dans l'arène en espérant exister avant l'arrivée de DSK.


Pour ne pas être la tortue, elle prend, dans un précoce tempo, le rôle du lièvre sur lequel vont se concentrer tous les tirs. Elle s'oblige aussi à quitter le « moi-je » pour devenir une force de proposition, exercice dans lequel elle n'a pas l'aisance de François Hollande. Mais pour préserver son identité et éviter la perte de popularité, Ségolène Royal ne pouvait pas rester dans le lit du fleuve. Sa candidature n'aggrave pas forcément les querelles du PS. Par contre elle pose la question des primaires qui n'avaient de sens que si elles servaient à désigner le candidat au terme d'un grand vote populaire. Si elles ne sont que le ralliement des militants et des cadres du parti à une personnalité, elles n'ouvriront pas la voie à la modernisation espérée de la gauche.


L'erreur de la droite serait de se frotter les mains des troubles qui agitent la gauche. Les affres du PS pour choisir la tête de son affiche amusent la galerie et laissent croire à la majorité qu'elle peut encore gagner. Exacerbant ainsi les rivalités autrement plus violentes qui la traversent actuellement.

Bons baisers du Poitou !

Avec le flamboyant culot qui reste sa marque de fabrique, Ségolène Royal distribue les maroquins pour 2012. À Dominique Strauss-Kahn, qui n’a rien demandé, elle octroie le poste de Premier ministre. Le patron du FMI rêve peut-être de l’Élysée, mais la place est déjà prise. La future présidente de la République lui offre Matignon. Inutile de la remercier, ça lui fait plaisir !

En revanche, la rue de Solferino enrage. L’entente cordiale affichée ces temps-ci, au prix de quelques acrobaties, vole en éclats. Le fameux “pacte” scellé au sommet se déchire d’un coup. Il aura vécu ce que vivent les roses.

Pourtant, six jours plus tôt, Martine Aubry souriait encore. À l’entendre, elle tenait ses troupes. Le parti, tirant les leçons du passé, n’allait pas s’enliser dans une interminable “guerre des ego”. Surtout que les sondages, de manière écrasante, plébiscitent le camarade DSK. Celui-ci ne peut pas se “libérer” avant l’été ? On attendra donc la fin juin pour lancer les primaires.

La stratégie, bien que contestée, ne manque pas d’arguments. Reculer l’échéance retarde aussi les attaques. En lâchant son champion au dernier moment, le PS espère désarçonner la droite.

Un boulevard s’ouvrait ainsi pour “l’oncle d’Amérique”, mais la cousine du Poitou coupe à travers champs. Sentant le piège se refermer, Ségolène rompt l’immobilisme et proclame sa candidature. L’esprit collectif lui fait défaut, pas le sens politique…

Têtes à claques et machine à perdre

Il y a bien une promesse que les dirigeants socialistes sont toujours capables de tenir : celle du ridicule. On dirait qu'ils ne s'en lassent jamais. Comme si les échecs ne leur servaient pas de leçon, les voilà qui se livrent au jeu meurtrier des rivalités annoncées. Autant de cadeaux à leurs futurs adversaires pour 2012. Un concours ?
Comment imaginer que leurs primaires puissent être un outil civilisé de rassemblement ? Ce rendez-vous est plutôt le révélateur assassin de toutes les contradictions d'un parti qui peine à faire son aggiornamento intellectuel. Le tube à essai socialiste bouillonne plus du mélange explosif d'ambitions contraires que d'idées de rechange aussi fades d'aspect qu'une fraise tagada version pink décolorée.
Bloqué par ses conformismes de pensée et par la peur de heurter un électorat fuyant, le PS n'a pas su s'engouffrer dans le boulevard que lui ouvrait le conflit social des retraites. Piégé par les vieux réflexes des périodes pré-électorales, il n'a pas eu le cran de chiffrer ses propositions pour l'égalité réelle. Jusque-là, la droite n'a eu aucun mal à dérouler derrière ses discours l'argumentaire très visible du manque de crédibilité et de responsabilité. Presque trop facile.
Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy a toutes les chances de profiter des dégâts de la machine à perdre du camp adverse, si bien lancée qu'elle parvient même à ruiner l'ébauche d'un programme de gouvernement élaboré avec une méthode copiée sur celle de l'UMP entre 2005 et 2007.
A seize mois de l'échéance, le principal parti d'opposition n'a rien de meilleur à proposer qu'une compétition entre une diva des sondages qui, entre deux allers-retours Paris-Washington, se contente de quelques généralités de circonstance, une première secrétaire qui joue la montre, des « jeunes lions » qui piaffent d'impatience et une ancienne candidate dont tout le monde a compris qu'elle ne renoncerait jamais à récidiver.
Ségolène Royal se paie la tête de ses petits camarades et de « Martine » avec le culot qu'on lui connaît. Quand elle affirme que Dominique Strauss-Kahn sera « le meilleur Premier ministre que la France pourrait avoir », c'est un magnifique bras d'honneur condescendant que la présidente de Poitou-Charentes - gentiment peste -, adresse au directeur du Fonds monétaire international. Et quand elle parle d'unité, la profession de foi ne vaut évidemment que si elle en est la bénéficiaire.
La France, elle, compte les points de ce spectacle politique à la qualité digne d'un Raymond Domenech. S'il est parfois amusant de deviner les répliques et les mauvaises passes, il arrive un moment où les prestations suscitent surtout l'envie de siffler. Pour se détendre un peu.


La fièvre de l'euro


L'euro a la fièvre. Coup de chaud. Coup de froid, la monnaie unique subit les conséquences de la crise mondiale depuis deux ans. Plusieurs pays membres de la zone euro semblent même menacés de faillite : la Grèce hier, l'Irlande aujourd'hui, qui demain ? Le plan de sauvetage en faveur de l'Irlande, annoncé dimanche, n'a pas calmé les inquiétudes sur le Portugal, l'Espagne et l'on entend même cités les noms de l'Italie et de la... France ! Le débat a quitté le cercle étroit des spécialistes, il embrase les opinions publiques. L'euro peut-il disparaître, dix ans après être né ? Essayons d'y voir un peu plus clair.


D'abord quelques rappels. L'euro est une création unique dans l'histoire de l'humanité. Jamais, dans le passé, une quinzaine de pays, dont plusieurs dotés d'une monnaie constitutive de leur longue histoire, n'avaient décidé de renoncer à cette monnaie nationale, pour créer une monnaie unique à caractère fédéral. Originalité supplémentaire, la création de cette monnaie fédérale ne s'est pas accompagnée de la mise en place d'un État fédéral. Voilà donc, pour la première fois, une monnaie sans État.


Deuxième caractéristique, nous ne sommes pas sortis de la crise la plus grave que l'économie mondiale a connu depuis les années 1930. Certes, le souvenir des erreurs commises lors de cette dernière (fermeture des frontières, assèchement des liquidités, dévaluations en chaîne...) nous a évité d'aggraver la crise en prétendant la soigner. Pour autant, nous n'en sommes pas encore sortis et il nous faudra cinq à dix ans pour retrouver un nouvel équilibre mondial.


La clé du problème


Rien d'étonnant, dans ces conditions, si les grandes monnaies souffrent d'instabilité et si les pays qui leur sont attachés peinent à retrouver leur équilibre. Objectivement, depuis le début de la crise, l'euro nous a davantage protégés qu'affaiblis. Mais il ne pouvait, à lui seul, nous épargner toutes les souffrances de la remise en ordre.


La Grèce avait triché sur ses vrais chiffres, lors de son entrée dans la zone euro, où elle n'aurait dû venir que plus tard. L'Irlande avait laissé ses banques distribuer des crédits à des emprunteurs incapables de les rembourser, comme l'avaient fait les États-Unis à l'origine de la crise. L'Espagne a laissé se gonfler une « bulle » immobilière qui a fait des dégâts en explosant. L'Italie accumule, depuis longtemps, une dette publique excessive. La France elle-même n'est pas sans reproche, faute d'avoir réduit sa dette lorsqu'elle en a eu les moyens, au début du présent siècle. Ce que les Allemands avaient entrepris avant la crise (sous un gouvernement socialiste...).


Tout cela confirme qu'une monnaie unifiée ne peut suffire à définir une politique économique. Une monnaie sans État n'est sans doute pas viable dans la durée, même si l'on peut comprendre qu'on ne passe pas, du jour au lendemain, d'une monnaie fédérale à un État fédéral. La crise nous contraint à accélérer cette prise de conscience. Nos dirigeants l'ont-ils compris ? Ont-ils la capacité d'en convaincre l'opinion publique ? Français et Allemands, sans l'accord desquels rien n'est possible en ce domaine, sont-ils sur la même longueur d'onde ? De la réponse à ces trois questions, dans les prochains mois, dépend l'avenir de l'euro.

Lagerfeld a choisi la mythologie grecque pour le calendrier Pirelli

Le couturier allemand Karl Lagerfeld a dévoilé mardi à Moscou ses photographies sur le thème de la mythologie grecque en présentant le calendrier Pirelli, réputé pour son côté glamour.

"C'est le calendrier entre guillemets, c'est le top du top du calendrier", a lancé le créateur aux lunettes noires, lors d'une cérémonie dans un grand hôtel de la capitale russe.

Lagerfeld a choisi des mannequins internationaux ainsi que l'actrice américaine Julianne Moore pour incarner des dieux et héros de l'Antiquité sur les 36 clichés du calendrier concocté sur le thème de la mythologie grecque, qu'il dit bien connaître.

"Vous savez, quand j'ai commencé à apprendre à lire, les deux premières choses que j'ai lues, c'est l'Iliade et Nibelungen", a-t-il dit en référence à la mythologie germanique.

"Mes parents avaient des livres illustrés et je ne savais pas ce qui allait avec. Ma mère me disait c'est pas pour les enfants, si tu veux savoir ce que c'est, il faut que tu apprennes à lire, même si j'allais pas encore à l'école", a-t-il ajouté.

Au cours de la cérémonie, Lagerfeld s'est défini comme une "version visuelle de Homère", poète grec épique dont l'existence fut entourée de légendes.

Le calendrier, publié chaque année depuis 1964 par la marque italienne de pneus Pirelli, est devenu célèbre pour ses clichés érotiques pris par les plus grands noms de la photo.

Parmi les célébrités de l'édition 2011 aux clichés réalisés par Lage

lire l'article plus complet sur mon blog grec

Sarkozy-DSK : l'arme du temps


Comme pour les grandes batailles, les affrontements présidentiels se préparent longtemps à l'avance. Les stratèges comptent leurs troupes, anticipent et repèrent leurs terrains d'affrontement. Dix-sept mois avant la présidentielle de 2012, les acteurs du combat n'ont rien dit de leurs intentions réelles mais commencent à définir leurs positions et le champ du combat. Les deux candidats aujourd'hui imposés par les sondages, Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn - et par ricochet Martine Aubry qui, elle, contrairement à Ségolène Royal, s'inscrit toujours dans son calendrier -, viennent chacun de dégainer leur première arme : celle du temps. Avec plus ou moins de bonheur.


Après avoir envisagé une « pause » dans son action, le chef de l'Etat a finalement décidé d'accélérer le tempo et de continuer à « réformer jusqu'au bout ». DSK fourbit la même arme, mais à front renversé : il choisit au contraire de suspendre le temps, de n'entrer que très tard dans la course nationale, en se consacrant d'ici là exclusivement à sa mission à la tête du FMI.


Dans les deux cas, ce choix stratégique est la résultante de contingences particulières. Très mal en point dans les sondages, Nicolas Sarkozy a vu l'effet désastreux que produirait dans son électorat un frein dans les réformes, « sa véritable marque de fabrique », selon un proche. Agir lui a permis d'être élu en 2007 ; agir lui permettra d'opposer un bilan conséquent en 2012, espère-t-il désormais, même si cela suppose que la conjoncture économique se soit redressée d'ici là. Dominique Strauss-Kahn entend, lui, maintenir le plus longtemps possible cette alchimie personnelle qui en fait le chouchou des sondages : à l'inverse du « loin des yeux loin du coeur » amoureux, il sait que l'opinion plébiscite les personnalités lointaines et qu'il a tout intérêt à cultiver sa stature internationale au moment où ses adversaires socialistes s'abîment dans les chicaneries internes. Le tout répond qui plus est à une « fatigue » des Français vis-à-vis de « l'hystérisation excessive du pouvoir » à l'oeuvre depuis 2007, théorise l'intellectuel Gilles Finchelstein, l'un des plus proches conseillers de DSK. Il s'apprête d'ailleurs à publier un essai contre « la dictature de l'urgence », qu'il faudra bien sûr lire comme une défense de la posture sans précédent retenue par le directeur général du FMI.


Car le choix de ces deux candidats possibles à la présidentielle apparaît comme totalement contraire aux « lois » non écrites de la politique. Le candidat sortant fait peu de mystères de sa volonté de solliciter un nouveau mandat - ne vient-il pas de mettre en place un « gouvernement de combat », selon les termes de ses proches ? En se fixant pour ambition d'ouvrir des chantiers majeurs dans la dernière année de son mandat, il a toutes les chances d'apparaître comme un président en campagne permanente, au moment où tous ses prédécesseurs se retiraient sur l'Aventin pour ne ressortir que dans les quelques semaines précédant le scrutin. DSK fait, lui, le choix d'une campagne courte - et pour cela entretient l'ambiguïté sur ses intentions -quand les candidats d'opposition prenaient le temps, dans le passé, de labourer le terrain et d'inscrire leur candidature dans les esprits. « Il est à la fois dans l'opposition et en responsabilité, ce qui lui donne la chance extraordinaire de pouvoir faire l'impasse sur une campagne longue », relève Jean-Pierre Raffarin.


Le tout n'est pas sans avantages pour l'un comme pour l'autre. En refusant de se « mettre en retrait », selon l'expression consacrée, Nicolas Sarkozy renvoie à DSK son absence de l'Hexagone, que ce dernier pourrait payer cher au moment où il promettra aux Français de résoudre leurs problèmes. DSK, au contraire, risque d'apparaître pour longtemps encore une cible mouvante contre laquelle le chef de l'Etat aura du mal à se défendre. « Lorsqu'on connaitra le candidat socialiste, ce sera plus facile pour nous : nous serons enfin comparés à quelqu'un », reconnaît Franck Louvrier, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.


Mais pour tous deux, ce positionnement est très risqué. Il l'est dans l'immédiat pour Dominique Strauss-Kahn, qui risque de faire penser qu'il n'a pas « envie », et dont le choix, surtout, place le Parti socialiste dans une position intenable. Ségolène Royal l'a bien senti, comme toujours lorsqu'il s'agit d'exploiter une faille. Elle a décidé de rompre le pacte tacite qui la liait à DSK et Martine Aubry en annonçant lundi soir sa candidature aux primaires. Quel projet construire si le candidat du PS n'est pas connu ? Comment tirer parti des difficultés de Nicolas Sarkozy ? Comment construire une alternative en interne si DSK décidait de ne pas se présenter, comment organiser les primaires, comment motiver les militants ? Depuis la rentrée déjà, le PS ne parvenait plus à répondre à cet afflux de questions : les sondages de ces derniers jours donnant Dominique Strauss-Kahn l'emportant largement au second tour de la présidentielle (et même désormais devançant Nicolas Sarkozy au premier tour) ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Avec, désormais, une question majeure pour le patron du FMI (et partant pour Martine Aubry) : comment éviter que cette arme du temps, puissante contre Nicolas Sarkozy, finisse par se révéler mortelle pour le Parti socialiste lui-même ?


Le président de la République vient par contrecoup de marquer un point dans sa bataille à distance avec son dangereux compétiteur socialiste. Mais son choix tactique ne l'exempte pas de pièges à venir. Ses deux réformes programmées, la fiscalité et la dépendance, s'annoncent d'autant plus explosives qu'elles devront se faire à somme nulle. Et qu'elles touchent à des tabous - l'ISF pour la première, l'assurance privée pour la seconde -dont la gauche, déjà électrisée par la réforme des retraites, ne manquera pas de se saisir. Si, faute de marge de manoeuvre, Nicolas Sarkozy choisissait in fine de repousser l'un ou l'autre de ces chantiers à l'après-présidentielle, au nom de la nécessité d' « approfondir le débat », le tribut politique risquerait d'être très lourd lui aussi. Serait alors réveillée cette suspicion, sous-jacente dans l'électorat de droite, d'un président qui dit davantage qu'il ne fait.