TOUT EST DIT

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mardi 30 novembre 2010

C’est l’histoire d’une frite belge



Primaires PS - Jack Lang balance après l'annonce de la candidature de Royal

Le député PS du Pas-de-Calais Jack Lang a regretté mardi l'annonce de candidature de Ségolène Royal aux primaires socialistes, jugeant « consternant » que son parti soit « la proie d'ambitions purement personnelles qui le déchirent et l'humilient ».
« Pauvre Parti socialiste ! Le grand parti de Mitterrand, Blum et Jaurès est aujourd'hui la proie d'ambitions purement personnelles qui le déchirent et l'humilient. Les prétendants s'étripent sans véritable vision et sans réel projet collectif. Tout cela est consternant », écrit-il dans un communiqué.
La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a pris tous ses concurrents de court lundi soir en annonçant sa candidature aux primaires du parti, brisant le pacte de non-agression qui semblait établi avec Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry.
« Et une candidature de plus ! et au mépris du calendrier choisi par les militants », déplore encore Jack Lang.

ET ON VA ARRÊTER DE "PARLER" DE CETTE  IDIOTE.

Le chemin sinueux de Ségolène Royal vers la candidature socialiste

Après avoir maintenu l'incertitude pendant plusieurs mois, Ségolène Royal a tranché : elle sera candidate aux primaires. Mais le chemin qui l'amène à se porter candidate ne fut pas sans détours. Retour sur un an d'annonces et de repositionnements millimétrés.

- Janvier-mars 2010 : "S'il le faut, je reprendrai ma liberté"
Le début d'année est difficile pour Ségolène Royal. Alors que la stratégie de Martine Aubry lui vaut une envolée dans les sondages, l'ex-candidate PS reste marginalisée après son échec au congrès de Reims. Ses tentatives de s'imposer face à Vincent Peillon pour le contrôle du courant "L'Espoir à gauche", fin 2009, ont été mal perçues et lui valent une chute de popularité dans l'opinion. Au sein du parti, on tente même de l'oublier, comme Laurent Fabius sur France Inter début février. Elle choisit alors le retrait médiatique : "Je n'ai aucune frayeur à disparaître des médias", glisse-t-elle au Parisien début février, après un mois de silence quasi-total.
La priorité de Ségolène Royal reste de faire campagne dans sa région, quitte a bousculer les codes : en décembre 2009, elle a offert cinq places éligibles au MoDem contre son soutien. Mais la présidente de région n'a pas oublié les primaires, au contraire : son entourage, à l'instar de la députée PS Aurélie Filipetti, annonce qu'elle sera "vraisemblablement candidate". Et Ségolène Royal elle-même explique au Monde Magazine qu'il faudra compter sur elle en 2012, avec ou sans le PS : "Je ne me laisserai pas marcher dessus. Si les primaires ne sont pas correctes, s'il y a de la triche, je reprendrai ma liberté" (lire l'article en édition abonnés).
- Mars-mai 2010 : "Aujourd'hui, je ne suis pas candidate"
Tout change avec les régionales. Deuxième socialiste la mieux élue, avec 60,4 % des voix, Ségolène Royal respire : ce triomphe, qu'elle impute à ses réalisations au sein de la région, laboratoire de ses idées, la remet en selle. Et ennuie Martine Aubry et son entourage, qui se sont employés, entre les deux tours de l'élection, à minimiser le triomphe attendu de la présidente de région Poitou-Charentes.
Pourtant, Mme Royal a compris qu'elle ne peut plus jouer trop en marge du parti. Elle revient dans les médias, mais pour y tempérer ses ambitions. Sur le plateau de France 2, le 26 mars, elle assure qu'elle n'est "aujourd'hui pas candidate" aux primaires. "Je ne veux pas entrer dans la guerre des chefs, même si je sais que je pourrais avoir la légitimité d'être candidate", explique-t-elle.
Parallèlement, elle entreprend de normaliser ses relations avec Martine Aubry, qui ne résiste pas à s'afficher avec son ex-rivale au nom de l'unité retrouvée du parti. Elle change aussi de stratégie médiatique : finies les phrases choc et les provocations, place aux communiqués traitant du fond des dossiers de l'actualité, surtout si elle est régionale : tempête Xynthia, bataille pour sauvegarder Heulliez... Il faut mettre en avant le travail et le sérieux.

- Mai-juillet 2010 : "Le sacrifice de l'ambition personnelle"
Alors que l'entreprise de rabibochage avec Martine Aubry semble porter ses fruits, Ségolène Royal fait un pas de plus vers l'unité. Le 30 mai, sur France 5, elle explique : "Je préfère faire le sacrifice d'une ambition personnelle et voir gagner la gauche, que le contraire." L'ex-candidate PS à la présidentielle veut désormais se placer dans un "dispositif collectif" avec les autres candidats supposés aux primaires.
Elle assure qu'elle décidera de cette candidature "avec les autres leaders", car "c'est une décision collective, un dispositif collectif". D'ailleurs, poursuit-elle : "C'est pour ça que je me rapproche de Martine Aubry (...), que je suis en contact avec Dominique Strauss-Kahn, parce que je pense que, le moment venu, nous aurons à décider tous les trois ensemble comment nous nous engagerons dans cette campagne". En clair, Ségolène Royal s'invite dans le "pacte" supposé passé entre Martine Aubry et DSK, selon lequel ils décideront ensemble qui ira aux primaires.
Une position appréciée des militants, et qui la replace au cœur de l'orchestre socialiste, qui joue la partition de l'unité retrouvée. Au point que les nuances apportées par Mme Royal, comme sur i-Télé, le 8 juin, où elle explique qu'elle n'a "pas encore pris de décision" sur sa candidature et qu'elle "peut très bien gagner une primaire sans problème", passent presque inaperçues au milieu des déclarations inverses.
Ainsi, sur BFM, le 30 juin, Ségolène Royal répète : "Je ne serai candidate contre aucun autre des deux grands leaders du Parti socialiste, (...) je ne serai pas candidate contre Martine Aubry si elle décide de l'être. J'apporterai tout mon soutien", car "s'il y a un conflit, c'est ingagnable".
- Août-septembre 2010 : "Je respecte les échéances"
A la faveur de l'été, Ségolène Royal et Martine Aubry se sont rapprochées. Elles se téléphonent, échangent, rapporte Solférino à la presse. Pourtant, discrètement, Ségolène Royal triomphe : ses idées sur la sécurité, qualifiées – au mieux – d'iconoclastes en 2006, reviennent en force dans le projet du PS sur la sécurité, qui marque un véritable virage idéologique pour le parti. L'ex-candidate les évoque à nouveau : "ordre juste", "sécurité durable", et encadrement militaire des jeunes délinquants. Plus présente dans les médias, elle y incarne une opposition dure à l'UMP et à Nicolas Sarkozy.
Mais derrière cette façade unitaire, le discours change subtilement. "Je respecte les échéances. Le moment n'est pas venu de la candidature. Le moment est venu du travail collectif autour d'un projet", explique-t-elle ainsi sur France 2, le 25 août, appelant de ses vœux un PS capable de "se rassembler dans une démarche morale et dans une démarche transparente". Même réponse, ou presque, sur Europe 1, le 20 août : "Je ne règle pas ces questions en deux minutes. Je vous répondrai le moment venu."
Elle ne parle plus de "pacte", mais respecte l'unité : alors qu'un ouvrage, Petit meurtres entre camarades, de David Revault d'Allones, lui attribue une phrase prononcée en juin ("je pense que je gagne les primaires face à tous les autres candidats"), elle botte en touche, sur RTL, fustigeant la presse qui alimente "le feuilleton de la zizanie au PS", sans démentir les propos.
En vérité, comme elle le confie à quelques journalistes en marge de l'université d'été de La Rochelle, où son discours est applaudi même par ses ennemis, Ségolène Royal n'a jamais abandonné ses ambitions. L'un de ses fidèles, Jean-Louis Bianco, a pourtant annoncé sa probable candidature, entre autres pour incarner les idées des "royalistes". Et occuper le terrain ?

- Octobre-novembre 2010 : "Si je suis en situation"
Avec le conflit sur les retraites, le duo Aubry-Royal apparaît encore plus présent. Lorsque Malek Boutih critique le flou de la première secrétaire sur le projet du PS sur la question, Ségolène Royal joue les gardiennes du temple : ""Il faut que les socialistes apprennent à être un peu disciplinés. C'est bien la liberté de parole, mais c'est bien la protection de l'unité."
La fête de sa formation, Désirs d'avenir, à Arcueil, le 19 septembre, est un hymne à l'unité et la célébration de son retour dans la "famille" socialiste. Nombre de responsables ex-ennemis mortels, comme Claude Bartolone, ont répondu à l'invitation. Et Ségolène Royal martèle : "Unis nous sommes, unis nous demeurerons. Nous resterons ensemble quoi qu'il arrive, face aux obstacles, nous serons ensemble en dépit de toutes les tentatives pour nous opposer." Revenue dans le sérail, Ségolène Royal monte au front pour jouer les porte-parole de son parti sur les retraites, en plein accord avec la première secrétaire, qu'elle remplace même au pied levé sur France 2, le 9 septembre.
Quant à ses ambitions personnelles, elle continue d'entretenir le flou : Sur France 5, le 3 octobre, elle n'exclut pas une seconde candidature à la présidentielle, "si je suis en situation, s'il y a un rassemblement, si je suis soutenue, si je suis désignée par les primaires"... Mais nuance immédiatement : "Je ne ferai pas d'annonce intempestive avant de lui en avoir parlé [à Martine Aubry], sans que Dominique Strauss-Kahn soit associé à cette discussion s'il le souhaite, Laurent Fabius s'il le souhaite".
- 29 novembre 2010 : "Ma réponse est oui"

Mais le contexte change rapidement : une vague de sondages montre, courant novembre, que DSK se place nettement au-dessus de tous les autres candidats. Surtout, Martine Aubry ne décolle pas dans les sondages. Et les candidatures aux primaires se multiplient. Après Manuel Valls, Arnaud Montebourg annonce la sienne le 19 novembre. François Hollande, pas encore officiellement candidat, est déjà en campagne. Et dans le camp d'en face, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy s'enfonce dans les profondeurs. Il est temps de réagir, estiment Mme Royal et ses proches.
Fin novembre, tout s'accélère : En marge d'une interview au magazine allemand Stern, le 23 novembre, Dominique Strauss-Kahn glisse qu'il compte "assurer [sa] fonction de directeur général du FMI jusqu'à la fin. Et la fin, c'est 2012". Les strauss-kahniens tentent de relativiser cette annonce, mais elle affole les socialistes. Sur France 2, Martine Aubry évoque ouvertement le "pacte" entre elle, DSK... et Ségolène Royal.
Sortie tactique ? La présidente PS de la région Poitou-Charentes doit abattre ses cartes. Quitte à changer de message. "Personne ne s'interdit d'être candidat aux primaires, y compris moi. Je n'irai pas dans un dispositif qui empêcherait les primaires pour une quelconque raison de confort personnel", lance-t-elle le 26 novembre. Elle était pourtant, jusqu'ici, la première à se féliciter de ce "pacte". Trois jours plus tard, prenant tout le monde de court, elle annonce sa candidature.

 CETTE FEMME SE REND COMPTE QU'ELLE EST DÉPASSÉE, JAMAIS SON HORIZON SERA PLUS FLOU QUE MAINTENANT, C'EST L'OUVERTURE VERS LA DÉCADENCE. 
CETTE FEMME NE SERA JAMAIS PRÉSIDENT (E) DE LA RÉPUBLIQUE; C'EST LA ZIZANIE QU'ELLE CHERCHE ET AFFECTIONNE.

Dominique Strauss Kahn vient débattre à Genève

Le directeur général du FMI est l’invité des Rendez-vous mondiaux de Genève le 8 décembre prochain
C’est l’événement de cette fin d’année à Genève qu’il ne faut pas rater. Dominique Strauss Kahn, directeur du Fonds monétaire international, et Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, sont les invités de la sixième édition des Rendez-vous mondiaux de Genève.
Invités par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et le Bureau de l’ONU à Genève, les deux intervenants doivent débattre en public de «l’impact de la crise financière sur la gouvernance mondiale». Dominique Strauss Khan et Pascal Lamy se connaissent très bien. Leur conférence est très attendue.
Le directeur de l’OMC vient de faire une déclaration très remarquée sur «le capitalisme de marché», qu’il juge «intrinsèquement injuste». Evidemment, ce sont les déclarations du directeur général du FMI qui vont le plus retenir l’attention le 8 décembre prochain.
Si Dominique Strauss Khan refuse toujours de dire s’il sera candidat à la prochaine élection présidentielle française, son entourage commence à s’activer. Nul doute que son intervention sera scrutée avec attention par les médias français qui risquent de porter une attention inhabituelle aux petites phrase qui seront prononcées le 8 décembre prochain à Genève.

Que le cirque commence !


Ségolène Royal candidate aux primaires socialistes pour 2012 : c’est loin d’être une surprise. Martine Aubry a eu tout faux en annonçant, mercredi dernier, que Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et elle-même proposeraient une candidature commune. Loin de maintenir le couvercle sur les ambitions individuelles, cette déclaration a provoqué l’ire de François Hollande, multiplié les spéculations sur une candidature DSK – ainsi que les appels du pied des partisans du patron du FMI – et levé les dernières barrières qui retenaient le troupeau d’éléphants et d’éléphanteaux hors de l’arène. En entrant en piste, hier, Ségolène Royal suscite des interrogations sur l’autorité, voire même sur la crédibilité de la première secrétaire. C’est une claque que Martine Aubry a bien cherchée ! Elle a elle-même remis en orbite son ennemie du congrès de Reims en cherchant à la museler.


Ségolène Royal n’est plus la femme providentielle d’il y a cinq ans. Si Dominique Strauss-Kahn se présente, elle sera outsider et non favorite. Elle est pourtant loin de partir battue. À Reims déjà, on la disait, voici deux ans, isolée et en perte de vitesse. Elle avait pourtant échoué d’un petit cheveu dans sa conquête du PS. Il avait fallu recompter les bulletins pendant plusieurs jours avant que Martine Aubry soit proclamée première secrétaire.


Ségolène Royal apparaissait alors à la droite du PS. Avec la réforme des retraites, son image a changé, et elle surfe plutôt, désormais, sur le jusqu’au-boutisme de la gauche du parti. Pour les primaires, qui intéresseront surtout les militants et les sympathisants les plus fervents, ce sera un atout face à Hollande qui se veut plus mesuré, face à Aubry qui a commencé par admettre l’allongement de la durée des carrières à 61 ou 62 ans, avant de faire marche arrière – l’ex-candidate ne manquera pas de le rappeler —, et, surtout, face à DSK qui aura du mal à se débarrasser de l’étiquette FMI, qui a valeur d’épouvantail à gauche.


Connaissant Ségolène Royal, on peut être assuré qu’elle ne fera aucun cadeau à ses adversaires. Elle a un compte à régler avec son ex-compagnon François Hollande, une querelle à vider avec DSK, qui l’avait affrontée lors de la primaire 2006, et un crêpage de chignons à ne pas rater avec Martine Aubry, qu’elle avait accusée d’avoir fait bourrer les urnes après le congrès de Reims.
La trêve est finie, que le cirque commence !

Incohérente politique de cohésion

Sur les 374 milliards d'euros des emblématiques fonds de soutien de l'UE à destination de ses régions sinistrées, seuls 10 % sont aujourd'hui alloués. La faute à des Etats qui, à court d'argent, ne trouvent pas de quoi alimenter les caisses de la politique de cohésion européenne. Le Financial Times lance une grande enquête sur le dédale de la politique régionale européenne. 

Solidarité : tel est depuis longtemps le mot d'ordre de l'Union européenne. La politique de cohésion européenne, qui distribue chaque année des milliards d'euros d'aides sur un territoire de quelque 500 millions d'habitants, est la réalisation la plus tangible de cette ambition. Ce programme colossal participe au financement de plus de 600 000 projets, de la construction de ponts sur le Danube à la formation d'équipiers dans les cuisines de McDonald's en Suède.
Soucieuses de favoriser le développement économique et de refermer les fractures héritées de la guerre froide, les autorités européennes entendent rapprocher les peuples de la région et élever le niveau de vie général, pas seulement dans les régions isolées et défavorisées, mais aussi dans le cœur le plus développé de l'Europe, en stimulant la demande globale de biens et de services. Des milliers de kilomètres de routes qu'ils parcourent aux musées qu'ils visitent, en passant par les cours de gym auxquels ils participent, des millions d'Européens bénéficient ainsi des largesses de l'Union. “Cela fait partie inhérente de l'idée européenne, et du projet européen”, insiste Johannes Hahn, le commissaire européen à la Politique régionale, qui supervise les fonds structurels.
Cependant, ce programme est pour ses détracteurs un exercice raté de redistribution des richesses, entaché de fraudes et de gaspillages. Dans un contexte de tensions économiques croissantes qui mettent le marché des obligations de la zone euro dans tous ses états, dressent les capitales européennes les unes contre les autres et mettent en cause l'avenir même du projet européen, ces détracteurs se demandent aussi si tout cet argent ne pourrait pas être mieux dépensé.
Alors que s'ouvrent les négociations entre les Etats membres en vue des prochaines perspectives financières [après 2013] et que la Commission européenne se prépare à réviser le cadre même de la politique de cohésion, le Financial Times et le Bureau of Investigative Journalism ont ouvert une enquête visant à répondre à deux questions simples : où va l'argent de la politique régionale européenne ? Et atteint-elle les objectifs qui lui ont été fixés ?

Plusieurs conclusions s'imposent :

– le programme de fonds structurels européens [qui regroupent l'ensemble des instruments financiers de la politique régionale de l'UE] est devenu un imbroglio administratif dans lequel il est extrêmement difficile pour le contribuable européen de suivre l'utilisation de ces aides ;
– le système de surveillance, décentralisé et inefficace, sanctionne rarement les fraudes et les abus, les dossiers restant ouverts des années sans jamais aboutir, allant et venant dans un sens puis dans l'autre entre les capitales des Etats membres et Bruxelles. Cela se traduit notamment par le siphonnage de millions d'euros par des organisations criminelles, et ce en dépit d'alertes lancées parfois il y a plusieurs décennies ;
– ce programme, salué pour avoir fait entrer dans une glorieuse modernité des pays jadis sous-développés comme l'Irlande et l'Espagne, consacre désormais des milliards d'euros chaque année à des projets qui ne semblent plus à la hauteur de sa mission d'origine, à savoir transformer les régions les plus pauvres de l'Union en espaces de prospérité durable grâce à des investissements dans les infrastructures, l'enseignement et le développement ;
– parmi les plus gros bénéficiaires, dans le secteur privé, de ce programme pourtant conçu pour soutenir les PME, figurent des multinationales comme IBM, Fiat ou la chaîne d'habillement H&M. On y trouve aussi British American Tobacco, qui s'est vu allouer 1,6 milliard d'euros de fonds européens et nationaux, en tout, pour la construction d'une usine de cigarettes, alors même que l'UE dépense des millions pour convaincre ses citoyens d'arrêter de fumer.
Considérés dans leur ensemble, presque tous ces projets dressent de ce programme un tableau bien éloigné de ses ambitions initiales, plus de 50 ans après sa mise en place.
La Commission, détentrice du pouvoir exécutif dans l'UE, se flatte que la précédente phase de financement de la politique de cohésion, qui s'est conclue en 2006, a contribué à la création estimée d'1,4 million d'emplois et au financement de plus de 77 % du réseau autoroutier dans les pays les plus pauvres de l'Union. Dans certains Etats membres, le programme représente jusqu'à 4 à 5 % du produit intérieur brut (PIB).
“Cette politique est liée à tant d'autres mesures intervenant sur les mêmes enjeux qu'elle est tout bonnement impossible à évaluer à une échelle globale,” tempère Fabrizio Barca, directeur général au ministère italien de l'Economie et des Finances, chargé par l'ancienne commissaire européenne Danuta Hübner de mener un rapport d'évaluation indépendant sur la politique de cohésion.

Rares sont les cas de fraude à parvenir jusqu'à un tribunal

Aujourd'hui, de faibles niveaux d'implication, des taux d'erreur élevés et qui ne diminuent pas, et diverses affaires de fraude enflamment le débat et tendent les relations dans l'Union. Une succession de scandales ayant débouché sur la suspension des aides à la Bulgarie et à la Roumanie, ainsi que la révélation du siphonnage de fonds européens par la mafia italienne ont sérieusement entamé la confiance de l'opinion dans le système. Et tout cela soulève des questions politiques pour le moins délicates : fallait-il permettre à des pays où la transparence et la responsabilité budgétaire sont notoirement déficientes de devenir des Etats membres de l'UE ?
Rares sont les cas de fraude à parvenir jusqu’à un tribunal. L’Olaf, l’office européen de lutte antifraude, manque de personnel et est contraint de choisir minutieusement les affaires dont il se charge, ce qui nous amène au cœur du problème des fonds structurels. "Le message envoyé au crime organisé, c’est qu’il est possible de commettre des fraudes et qu’il n’y a pas de conséquence à payer, explique Ingeborg Grässle, eurodéputée allemande et membre de la commission du contrôle budgétaire. Pourquoi ne dit-on pas aux Etats membres : vous ne faites pas assez d’efforts alors nous suspendons vos financements".
Certains riches Etats européens – qui figurent comme contributeurs net des fonds structurels – ont également eu leur lot de problèmes. La Commission européenne a déjà suspendu à plusieurs reprises des fonds à destination de l’Allemagne et exprimé des réserves quant au dispositif de contrôle du Royaume-Uni et d’autres Etats membres.
En décembre 2009, l’UE a bloqué le transfert de près de 16 millions d’euros de fonds structurels au Land de Brandenbourg après la découverte d’erreurs généralisées au niveau du Landesagentur für Struktur und Arbeit, l’autorité locale chargée de gérer l’essentiel des fonds structurels.

"Ca ne les intéresse pas vraiment de savoir si le pont a été construit"

A Bruxelles, nombreux sont ceux qui pensent que cette insistance sur la fraude masque en réalité le véritable problème, celui du manque de contrôle. "Ca ne les intéresse pas tellement de savoir si le pont a été construit, tout ce qui les intéresse ce sont les dates et les délais", explique Marek Kalupa, dont le bureau s’occupe de la coordination de la mise en œuvre des fonds structurels européens en Pologne. Quant à ceux qui respectent les règles, ils craignent que les soupçons de fraude ne les laisse seuls face à un système de contrôle mal coordonné et exigeant de multiples audits.
En dépit de toutes ces questions, les personnes chargées à Bruxelles de superviser le programme des fonds structurels persistent à le présenter comme une pièce maîtresse de l’actuel dispositif européen et restent concentrés sur l’avenir. "Nous devons plus que jamais regarder les résultats", explique M. Hahn, le commissaire en charge de la politique régionale.
Et il n’en démord pas : avec le marché unique européen, il est parfaitement censé de dépenser des milliards d’euros pour renforcer les économies les plus fragiles.
"En Europe, deux tiers des exportations sont intra-européennes, fait-il observer. Le développement des régions les plus pauvres représente une opportunité en termes de débouchés et de création d’emplois pour les autres". Cela signifie que 50 ans après leur création, les fonds structurels européens restent un pari à long terme. "A terme, le jeu en vaut la chandelle", conclut Hahn.

Pagaille au PS




Pagaille au PS
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Les ambitions "déchirent" le PS, c'est "consternant", selon Jack Lang

Le député PS du Pas-de-Calais Jack Lang a regretté mardi l'annonce de candidature de Ségolène Royal aux primaires socialistes, jugeant "consternant" que son parti soit "la proie d'ambitions purement personnelles qui le déchirent et l'humilient".
"Pauvre Parti socialiste ! Le grand parti de Mitterrand, Blum et Jaurès est aujourd'hui la proie d'ambitions purement personnelles qui le déchirent et l'humilient. Les prétendants s'étripent sans véritable vision et sans réel projet collectif. Tout cela est consternant", écrit-il dans un communiqué.
La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a pris tous ses concurrents de court lundi soir en annonçant sa candidature aux primaires du parti, brisant le pacte de non-agression qui semblait établi avec Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry. "Et une candidature de plus ! et au mépris du calendrier choisi par les militants", déplore encore Jack Lang.

DOCUMENTS - Le trio BNP impose l'austérité au Monde

Arrivés à la tête d'un groupe en crise, Pigasse, Niel et Bergé entendent réduire les frais des salariés. 
Ça ne rigole plus au Monde ! Le trio BNP (Matthieu Pigasse, Xavier Niel, Pierre Bergé) a délégué Michaël Boukobza, un proche de Niel, pour réduire considérablement le train de vie de la rédaction et des cadres commerciaux. Sur les 46 voitures de fonction du groupe recensées (dont certaines avec chauffeur), une trentaine devraient être supprimées. Pour beaucoup d'entre elles, elles faisaient partie des signes extérieurs de pouvoir contractuellement établis... La DRH a donc été sollicitée pour retirer cet avantage avec le consentement, plutôt contraint, des intéressés. C'est en tout cas ce qu'il ressort des documents que Le Point s'est procurés.
Dans une lettre recommandée adressée à chacun avec accusé de réception, Frédéric Ranchet, DRH, et Frédéric Curtet, directeur "finances et développement", en appellent d'abord à l'esprit de sacrifice. "Il est demandé à l'ensemble des cadres de renoncer à leur véhicule de fonction. Vous devez vous prononcer d'ici le 30 novembre 2010 sur cette proposition, celle-ci ne prenant effet qu'au 15 décembre 2010", écrivent-ils. Chacun est alors prié de retourner un exemplaire avec la mention "lu et approuvé". Mais pour les récalcitrants, les deux hommes ont concocté un dernier paragraphe lourd de menaces : "En cas de refus ou de silence de votre part, votre employeur considérera avec regret que vous ne souhaitez pas adhérer à cette politique indispensable à la survie du groupe et de chacun de ses supports et en tirera alors les conséquences." Traduction : rendez la voiture ou vous prendrez la porte ! "Ça, devant les prud'hommes, ça vaut de l'or !" estime un bon connaisseur des rouages du droit du travail.
Voyage en low cost, 75 euros par nuit d'hôtel
Autre mesure : le 23 novembre, Frédéric Curtet signe une note aux salariés du groupe Le Monde visant à définir la nouvelle politique des notes de frais. Pas plus de 75 euros par nuit d'hôtel avec petit déjeuner et taxe. Mais la note ne précise pas si les frais de déplacement de la direction au Festival de Cannes (dont l'hôtellerie est autrement plus coûteuse) sont compris dans ce cadre. Frédéric Curtet se croit obligé de rappeler que le minibar et la location de films dans les chambres ne seront pas remboursés. Parce qu'avant c'était le cas ? L'aller-retour dans la journée devra être privilégié afin d'éviter les frais d'hébergement. "En fait, ces règles étaient en vigueur chez Télérama, l'un des titres du groupe. On les applique au Monde", indique une source interne.
Concernant les déplacements en avion, exit la première, business ou premium. Seule la seconde classe est désormais la règle, et encore sur vol low cost. Le directeur financier détaille également les éléments ne donnant pas droit à un remboursement. Les salariés ne doivent plus acheter eux-mêmes leur papeterie ou leur documentation, Le Monde s'en charge. De la même façon, l'utilisation des taxis est limitée entre 7 h 30 et 22 h 30, "sauf aller-retour Roissy-Orly". Le secrétaire général de la rédaction validera chaque déplacement au moment du remboursement. La parcimonie à laquelle sont appelés les salariés relance la polémique sur le salaire d'Éric Fottorino, patron du Monde, rémunéré 210.000 euros par an.

Ségolène Royal fait de Dominique Strauss-Kahn son "meilleur" Premier ministre

Ségolène Royal a affirmé mardi que Dominique Strauss-Kahn serait "le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir", indiquant qu'elle verrait avec lui "le meilleur dispositif gagnant" pour les primaires en juin, date de dépôt des candidatures. "Je ne vais pas aujourd'hui, alors que je m'engage dans cette candidature, vous dire que je vais la retirer. J'ai dit, et je m'en tiens à cela, que, le moment venu, je verrais avec Dominique quel est le meilleur dispositif gagnant", a déclaré Mme Royal sur France Inter, au lendemain de l'annonce de sa candidature aux primaires pour la présidentielle de 2012.


"Dominique est, c'est vrai, le mieux placé dans les enquêtes d'opinion" pour l'emporter en 2012, a-t-elle reconnu, soulignant toutefois que ce dernier avait pour l'instant "la volonté d'accomplir jusqu'au bout" son mandat à la tête du FMI, qui court jusqu'à l'automne 2012. Si, toutefois, "Dominique Strauss-Kahn revient - contrairement à ce qu'il a dit - (...) et dit écoutez, finalement, j'ai envie d'être candidat à la présidentielle, nous nous verrons et nous mettrons en place le meilleur dispositif gagnant, pour moi, c'est extrêmement clair", a insisté Ségolène Royal.

"Pas de guerre des ego"

S'il ne revient pas, "de toute façon, il sera indispensable à notre équipe", a-t-elle précisé. "La responsabilité qui est la mienne, si je suis candidate aux primaires et si, ensuite, je suis élue présidente de la République, c'est de vous dire aujourd'hui que le meilleur Premier ministre, le meilleur chef de gouvernement (...),c'est Dominique", a-t-elle poursuivi. Ce serait "le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir". Se disant persuadée que cette perspective "est souhaitée et partagée par de nombreux Français, comme cela est reflété dans les enquêtes d'opinion", Ségolène Royal a précisé que l'ancien ministre de l'Économie, qu'elle a récemment rencontré, ne lui avait fait "aucune confidence sur ce sujet-là". "C'est moi qui prends cette responsabilité-là", a-t-elle dit.

Elle a garanti que, en tout état de cause, il n'y aurait "pas de compétition et de guerre des ego" entre Martine Aubry, DSK et elle-même. "Martine a déjà dit, elle, qu'elle ne serait pas candidate contre Dominique et moi. J'ai dit que j'étais là pour faire gagner mon camp", a-t-elle fait valoir. "Martine pense que le candidat" à la présidentielle "doit se déclarer le plus tard possible pour subir le moins d'attaques possible de la droite. Moi, je pense que l'on ne rentre pas dans une bataille à reculons", a lancé l'ex-candidate à l'Élysée, rappelant qu'elle avait l'expérience d'avoir pris "beaucoup de coups" lors de la campagne de 2007 contre Nicolas Sarkozy.

MYTHOMANE ? OUI, ELLE L'EST LA SÉGO, DSK PREMIER MINISTRE D'UNE FOLLE MÉGALOMANE ?
JE DEMANDE À VOIR.....LA RIDICULITUDE NE TUE PAS !

Comme un souci de com’

Cela ne date pas d'aujourd'hui : les insitutions européennes, Commission en tête, ont un sérieux problème de communication. Leurs tentatives de faire connaître leur activités, initiatives et accomplissements se soldent le plus souvent par des échecs – et par les railleries de la presse eurosceptique, à commencer par celle d'outre-Manche. Parfois injustes, souvent pertinentes et quelque fois grossières, ces critiques sont une des principales sources de mauvaise humeur aux derniers étages du Berlaymont.
Comme ses prédécesseurs, "soucieux de son image publique", le président de la Commission José Manuel Barroso "estime ne pas recevoir la publicité qu’il mérite", notait récemment la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans une enquête sur la communication de la Commission. "Cela ferait des années qu’il se plaindrait des articles écrits sur lui et sur l’Union européenne, trop critiques, trop négatifs". "Dès lors", affirme le quotidien allemand, "quoi de mieux que de prendre la direction de ces opérations ?"
"La commissaire suédoise Margot Wallström avait alors demandé la création d’une 'agence de presse indépendante' de l’UE et avait investi des millions d’euros dans des portails Internet, des films publicitaires et des visites de rédactions", écrit le correspondant à Bruxelles de la FAZ, Hendrik Kafsack. Mais "cela n’avait toutefois pas réussi à infléchir le ton des articles en faveur de Barroso. Le président de la Commission a donc sorti un de ses atouts maîtres : Viviane Reding".
La Luxembourgeoise chère à Nicolas Sarkozy prévoit donc de doter de prompteurs Barroso, les commissaires et les porte-paroles, raconte Kafsack. Elle dote le président de la Commission de quatre "plumes" pour écrire ses discours et d'"une quinzaine de spécialistes de l'Internet" censés "veiller à ce que la Commission puisse utiliser de manière professionnelle les plateformes comme Twitter ou Facebook". De plus, "une sorte de groupe d’intervention rapide sera chargé de réagir immédiatement aux 'horreurs' circulant à propos de l’Europe, notamment dans les blogs". Des pools de journalistes, cameramen et photographes suivant Barroso dans ces déplacements sont également prévus.
Cela fait déjà un moment que le service audiovisuel de la Commission "met à disposition des photos et des vidéos que les journaux, les magazines et les chaînes de télévision peuvent utiliser gratuitement", ajoute la FAZ, notant que "près de 200 rédactions y ont recours", mais en précisant toutefois que "c’est en vain que l’on y recherchait des commentaires ouvertement critiques sur la Commission". Dans le même souffle, et mélangeant ce qui relève de la communication institutionnelle et du financement public de médias indépendants, le journal cite à l'appui de sa démonstration la chaîne de télé Euronews, en partie financée par Bruxelles, et le réseau de radios Euranet, partenaire de Presseurop. Notre site,lui, est oublié par Hendrik Kafsack.
Quant au Parlement européen, qui est en train d'examiner le budget 2011 de l'UE, selon la Frankfurter Allgmeine Zeitung, il s'inquiète de ce que la Commission n'utilise le budget destiné à ses relations publiques pour mener la lutte de pouvoir qui oppose entre elles les institutions européennes, qui cherchent leurs marques après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Le journal rappelle que le Parlement "possède lui aussi une chaîne, Europarltv, que beaucoup considèrent comme un pur outil de propagande".

Les banques paieront… un peu

En plus du plan de sauvetage de l’Irlande, les dirigeants de la zone euro ont décidé de mettre le secteur privé à contribution pour aider les Etats qui en auraient besoin à partir de 2013. Un pas dans la bonne direction, estime la presse, mais la crise n’est pas terminée. 

La course folle entre les dirigeants de la zone euro et les marchés a marqué une nouvelle étape clé", constate La Tribune. Le 28 novembre, "les ministres des Finances des Vingt-Sept ont d’abord finalisé le plan de sauvetage de 85 milliards d’euros pour l’Irlande", explique le quotidien français. "Surtout, Paris et Berlin se sont mis d’accord pour pérenniser au-delà de 2013 la ligne de défense mise en place pour sortir la zone euro de la crise systémique à laquelle conduit l’explosion des dettes publiques. Riches de l’expérience grecque, les dirigeants ont compris qu’il leur fallait afficher au plus vite leur unité."
Ce Mécanisme de stabilité européen prévoit une participation des créanciers privés aux éventuels futurs plans d’aides à des pays en difficulté. Mais "contrairement à ce que souhaitait au départ l’Allemagne, cette participation du secteur privé se fera ‘ au cas par cas’, précise La Tribune, uniquement en cas d’insolvabilité et non pas en cas de simples problèmes de liquidité des Etats. Concrètement, des clauses d’action collective seront incluses dans les nouvelles émissions de dettes après la mi-2013, qui permettront d’aboutir à des restructurations négociées avec les créanciers privés".
"L’Allemagne a eu raison de défendre un mécanisme pour permettre aux pays de se mettre en cessation de paiement s’ils ne peuvent pas rembourser leurs dettes.  Les clauses d’action collectives pourraient être une manière d’y arriver", se félicite le Financial Times. Comme le remarque le quotidien de la City, "certains pays font déjà face à des coût d’emprunt astronomiques. Et il est clair que l’on ne peut pas revenir aux conditions d’avant la crise, quand tout pouvait être emprunter au taux allemand ou à des taux proches. Ce modèle bancal est aujourd’hui cassé. Les idées de Berlin ne sont peut-être pas la destination finale, mais au moins elles montrent la bonne direction."

Rien de plus qu'une aide d'urgence

Le cousin allemand du FT semble plus circonspect. "Le résultat semble positif – et apte à calmer les marchés", écrit le Financial Times Deutschland. Les gouvernements partagent la responsabilité d'une situation où le temps presse. Cela vaut avant tout pour le style politique d'Angela Merkel qui consiste à avancer des exigences énergiques comme la responsabilité des créanciers. Il se peut qu'en faisant cela, elle ait davantage pensé à l'impression qu'elle laisserait chez ses électeurs allemands et moins à celle donnée aux marchés mondiaux. Mais rester silencieux pendant des semaines et laisser fuiter seulement quelques détails sans les commenter, cela est une invitation aux spéculateurs.

"A partir de maintenant, les pays moins solvables auront des difficultés pour se financer, parce que les investisseurs préféreront acheter la dette des Etats économiquement plus forts, s’inquiète El Mundo. Avec l’épée de Damoclès du sauvetage au-dessus de sa tête, l’Espagne est l’un des pays que fuiront les investisseurs." En revanche, souligne le quotidien,  "le nouveau système peut avoir l’avantage d’obliger le gouvernement à être beaucoup plus exigeant dans le contrôle du déficit, et donc dans l’émission de la dette."
En attendant, comme le remarque la Süddeutsche Zeitung, les 85 milliards mis sur la table par l’UE et le FMI "ne sont rien de plus qu'un aide d’urgence. Pour véritablement stopper la crise de la dette, les ministres des Finances doivent prier les créanciers de passer à la caisse. Et cela tout de suite."

Choisir le Web que nous voulons : l'exploration ou la prison

Pourquoi le Web, pourtant si vaste, nous semble-t-il si facilement traversable à bord de nos navigateurs ? Est-ce grâce au seul mérite des "moteurs" de recherche ? Non. Si le Web nous est rendu appropriable, si le sentiment d'être "perdu dans l'hyperespace" s'efface souvent au profit d'une découverte hasardeuse, heureuse (sérendipité) et rassurante, c'est pour une raison simple. C'est parce que le Web est un graphe à invariance d'échelle, c'est-à-dire avec de la redondance, ni vraiment aléatoire ni vraiment hiérarchique et dont l'immensité n'oblitère pas la possibilité offerte à chacun d'entre nous d'en mesurer le diamètre ; mieux, de faire l'expérience de cette mesure, de faire le tour du Web.

Le diamètre du Web, c'est la plus longue distance entre deux liens hypertextes. En 1999, Laszlo Barabasi l'a mesuré : il était de 19 liens.

D'où ce sentiment de proximité, de confort de navigation, de communauté, de "village global" devant ce qui devrait pourtant nous apparaître comme une immensité par définition non-traversable puisque impossible à cartographier parce qu'en perpétuel mouvement. D'autant que le Web est de nature fractale : plus on s'en approche pour le mesurer, et plus ses dimensions augmentent (donc sa naviguabilité, sa possible exploration). D'autre part, la probabilité pour un utilisateur d'atteindre une information entre le point de départ et le 19e lien demeure quasi-nulle à cause du nombre de liens possible à chaque itération.

Et puis sont apparus des graphes dans le graphe qui ont, avec notre participation active et enthousiaste, sensiblement changé la nature du Web. Ils ont pour nom Flickr, YouTube, LiveJournal (plate-forme de blogs), Facebook et tant d'autres. Des études montrent que leur diamètre est déjà sensiblement plus faible que celui du Web : Flickr : 5,67, YouTube : 5,10, LiveJournal : 5,88.

L'enjeu pour ces sites est d'abaisser significativement leur propre diamètre ainsi que celui du Web en général jusqu'au moment ou faire un tour sur nous-même équivaudra à faire le tour du monde, à force d'être en permanence à proximité de tous les autres.

Leur projet "politique" est de bâtir des environnements en apparence semblables à des graphes invariants d'échelle mais dont la dimension, c'est-à-dire le spectre de ce qui est observable et/ou naviguable se réduit au fur et à mesure ou l'observateur se rapproche. Soit une forme paradoxale de panoptique et l'antithèse exacte d'un Web fractal.

Facebook, YouTube et tant d'autres sont, chacun à leur manière des projets de nature carcérale, c'est-à-dire qui valorisent et exploitent la complétude de l'entre-soi. Un projet de nature idéologique pour Facebook (faire en sorte que nous soyons tous "amis"), de nature culturelle pour YouTube (faire en sorte que nous aimions tous les mêmes vidéos "rigolotes"). Tous ont en commun de tendre vers l'abolition du fractal, c'est-à-dire d'une certaine forme d'inépuisable, de diversité.

Plus que le Web lui-même, plus que l'infrastructure qui le porte, c'est une certaine idée du Web comme ressource qui est en danger. Danger d'une concentration, d'une contraction des liens qui le structurent et le forment ; danger d'une surexploitation de cette ressource naturelle (le Web) d'un écosystème informationnel (Internet) qui pourrait conduire à son épuisement, à son tarissement au seul profit d'immenses et finalement pauvrement réticulés supermarchés relationnels dont Facebook ou YouTube sont aujourd'hui les emblèmes par l'homogénéité des ressources qu'ils proposent, et les parcours extrêmement balisés et pré-déterminés qu'ils propagent et auto-alimentent.

INTÉRÊTS MARCHANDS

Attention danger. En-deçà d'un certain diamètre, au-dedans de certains sites, ce sur quoi nous passons chaque jour l'essentiel de nos navigations n'a pas davantage à voir avec le Web des origines que le couteau de cuisine n'a à voir avec l'écriture. L'approche fermée, propriétaire, compartimentée, concurrentielle, épuisable de l'économie du lien hypertexte ne peut mener qu'à des systèmes de nature concentrationnaire. Des systèmes de l'enfermement consenti, en parfaite contradiction avec la vision des pères fondateurs du Web pour qui le parcours, le "chemin" importe au moins autant que le lien.

Choisir : le lien ou le chemin (de ronde). Lorsque l'on télécharge ses données personnelles sur Facebook, on ne récupère qu'une longue liste d'amis et de "statuts" publiés sur notre mur. La totalité des liens qui dessinent mon "vrai" profil social, mon véritable cheminement, ceux-là restent la propriété – et à la discrétion – du seul Facebook. Dans l'usage quotidien de Facebook, de YouTube et de tant d'autres, nous n'effectuons aucun autre cheminement que celui qui place nos pas dans ceux qui sont déjà les plus visibles ou prévisibles. Ce chemin-là, tant il est en permanence scruté et surveillé par d'autres "au-dessus" de moi, ressemble davantage à une promenade carcérale qu'à une navigation affranchie.

A ce Web carcéral fait écho le discours politique d'une criminalisation des pratiques, alibi commode pour porter atteinte à la neutralité du Net au seul profit d'intérêts marchands et sans égards pour ce qui fut un jour une terra incognita pleine de promesses. Qui l'est encore aujourd'hui. Mais pour combien de temps ?

 Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l'information, Université de Nantes, IUT de La Roche sur Yon

Le commentaire politique de Christophe Barbier


WikiLeaks : décoder la Corée du Nord à l'aune de la transition dynastique

Comment soulever le voile ? Percer l'épais mystère qui entoure Pyongyang à l'heure d'un délicat processus de succession à sa tête ? Les diplomates américains consultent beaucoup pour tenter de décrypter les évolutions du régime de la Corée du Nord, dynastie stalino-nationaliste dont les foucades nucléaires inquiètent l'ensemble de l'Extrême-Orient, et au-delà. Les avis des Sud-Coréens, des Chinois et des Russes sont particulièrement sollicités. La plupart des analyses rassemblées par les Américains convergent : le durcissement du comportement extérieur de Pyongyang (tirs de missile et essai nucléaire du printemps 2009, torpillage en mars 2010 de la corvette sud-coréenne Cheonan imputé à la Corée du Nord par une commission d'enquête internationale) est directement lié aux aléas de la transition dynastique en cours au sommet du régime.

Ce processus de succession, précipité par l'accident cérébral dont le "grand dirigeant" Kim Jong-il a été la victime l'été 2008, domine de manière écrasante l'agenda nord-coréen. En avril 2009, l'ambassade américaine de Moscou reçoit un diplomate russe travaillant sur le dossier nord-coréen. L'intransigeance de Pyongyang sur la question nucléaire et son agressivité à l'égard du Sud, analyse ce dernier, visent "à masquer une lutte interne pour la succession" selon un document obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde. A la même époque, l'ambassade américaine de Séoul débat du même sujet avec un officier supérieur sud-coréen dont la mission est de décoder les arcanes de Pyongyang.
La conversation porte sur la mise en scène de diverses initiatives de la hiérarchie militaire par la propagande du régime. Les généraux du Nord, analyse le Sud-Coréen, sont conviés à s'afficher pour envoyer un "message d'ordre" au pays à l'heure où des manifestations de mécontentement ont été signalées. "Pour damer toute dissidence interne, il faut créer de la tension extérieure", affirme l'officier sud-coréen. Faut-il prendre au sérieux ces rumeurs de malaise intérieur ? Le même interlocuteur sud-coréen se fait l'écho d'une "insatisfaction au sein de certains groupes de l'élite, qui sont au courant des réformes économiques en Chine et au Vietnam et se demandent pourquoi la situation de la Corée du Nord, elle, se détériore".
UN SCÉNARIO POUR CONSACRER LES DÉBUTS DE L'HÉRITIER
En janvier 2010, un autre haut-responsable sud-coréen va même jusqu'à rapporter à la mission américaine de Séoul qu'"un nombre non spécifié d'officiels nord-coréens de rang élevé en poste à l'étranger ont récemment fait défection au profit de la Corée du Sud".

Au même moment, un civil chinois familier de la Corée du Nord rencontré par le consulat américain d'une ville de Chine se fait l'écho d'informations similaires. Il raconte que, suite à une défection, tous les étudiants et scientifiques nord-coréens séjournant en Chine ont été rappelés au pays, signe de la "paranoïa" de Kim Jong-il. Mais le durcissement externe ne viserait pas qu'à désamorcer les oppositions internes. Il constituerait aussi un préalable à une future discussion avec les Etats-Unis, dont Pyongyang escompte des "garanties de sécurité" vitales pour sa survie.
"Il faut d'abord faire monter la pression pour créer un besoin de dialogue", note l'officier sud-coréen rencontré par la mission américaine de Séoul en avril 2009. Les Chinois partagent cet avis. A Pékin, un officiel chinois explique aux diplomates américains en juin 2009 que Kim Jong-il a décidé de provoquer une "escalade de la tension avec les Etats-Unis" afin de permettre à son successeur présumé – son fils cadet Kim Jong-un [à l'époque non encore officiellement adoubé] – de "sauter dans le train pour soulager la pression".
UN "ÉTAT TAMPON" ENTRE LA CHINE ET LA CORÉE DU SUD
Bref, un scénario minutieusement réglé pour consacrer les débuts de l'héritier. Mais au-delà de ces manœuvres tactiques, quid de l'avenir du régime ? Le scénario le plus catastrophiste offert aux diplomates américains émane d'un vice-ministre sud-coréen. En février 2010 à Séoul, ce dernier confie à ses interlocuteurs : "La Corée du Nord s'est déjà effondrée économiquement. Elle s'effondrera politiquement deux ou trois ans après la mort de Kim Jong-il."
Seul soutien extérieur du régime, Pékin "ne pourra l'empêcher", souligne le même vice-ministre. Les Chinois font évidemment passer le message inverse. "Les experts américains ne devraient pas présumer que la Corée du Nord s'effondrera après la mort de Kim Jong-il" met en garde l'officiel chinois rencontré à Pékin en juin 2009.
Mais la position chinoise n'est pas aussi monolithique qu'elle en a l'air. Officiellement, l'orthodoxie de Pékin sur l'avenir de la péninsule coréenne est la défense du statu quo qui, à travers l'existence de la Corée du Nord, permet d'installer un "Etat tampon" entre la Chine et la Corée du Sud pro-américaine. Selon le vice-ministre sud-coréen rencontré par la mission américaine de Séoul en février 2010, certains officiels chinois sont toutefois plus ouverts – bien sûr en privé – sur une perspective finale de réunification. Ces responsables chinois, note-t-il, "sont prêts à admettre la nouvelle réalité que la Corée du Nord n'a plus qu'une valeur limitée d''Etat tampon' pour Pékin" et que les deux Etats devraient donc être "réunifiés" sous les couleurs du Sud.
La Chine s'y résoudrait, poursuit le vice-ministre sud-coréen citant ses sources chinoises, mais elle ne saurait accepter la présence de troupes américaines au nord de l'actuelle frontière. En outre, la nouvelle Corée réunifiée ne devra manifester en aucune manière d' "hostilité " à l'égard de la Chine. La révélation de cette école de pensée au sein de la diplomatie chinoise montre que Pékin dispose déjà d'un plan B au cas où son fidèle allié du Nord viendrait à disparaître.

Les aides de l'UE mal utilisées

Des milliards d'euros affectés par l'Union européenne pour le développement de zones économiquement sinistrées ne sont pas utilisés parce que les Etats membres ne fournissent pas les fonds requis, rapporte mardi le Financial Times.
L'Union européenne n'a dépensé que 10 % des 347 milliards d'euros alloués jusqu'en 2013 pour promouvoir le développement de régions pauvres, selon le quotidien, qui cite des documents officiels. L'enquête du journal critique également la bureaucratie et le manque de contrôle des fonds structurel et de cohésion, les deux outils financiers de la Commision européenne pour la gestion de ces fonds d'aide.
Les directives pour l'allocation des fonds avaient été définies en 2006, avait que la crise financière n'oblige les gouvernements à des restrictions budgétaires. Selon ces directives, l'UE ne peut débloquer ces aides que si les autorités nationales ou locales concernées contribuent de leur côté à hauteur de la moitié du financement des projets retenus.
COCA-COLA, IBM ET NOKIA SIEMENS BÉNÉFICIAIRES
Une étude interne de la Commision européenne le mois dernier, à laquelle le journal a eu accès, avait déjà soulevé le problème. Les fonds destinés à aider les petites et moyennes entreprises ont également été absorbés par des multinationales comme Coca-Cola, IBM et Nokia Siemens, bien que ces mesures ne soient pas illégales, souligne le FT.
Le commissaire aux affaires sociales européen, Laszlo Andor, a mis en garde contre une exploitation de ces chiffres : "Ce n'est pas une banque qui doit à tout moment donné produire un équilibre."

Evaluer la gouvernance des entreprises

Durant les années 90, les investisseurs pouvaient faire mieux que le marché en se basant sur les dispositifs protégeant les entreprises de prise de contrôle. Aujourd’hui, ils ont appris à évaluer ces dispositions, mais il est possible d’utiliser d’autres critères de gouvernance pour investir.
CAMBRIDGE – Les marchés savent-ils évaluer correctement la gouvernance des entreprises ? Dans le cadre d'une nouvelle étude empirique, Alma Cohen, Charles C.Y. Wang et moi avons montré comment les marchés ont appris à évaluer les dispositions destinées à éviter une prise de contrôle hostile. Ce savoir a des conséquences importantes pour les entreprises cotées en Bourse et leurs investisseurs.
En 2001, trois économistes financiers (Paul Gompers, Joy Ishii et Andrew Metrick) ont identifié une stratégie d'investissement basée sur des mesures de gouvernance qui auraient rapporté des bénéfices boursiers très élevés durant les années 1990. Elle comportait l'obligation de réunir une large majorité au sein du conseil d'administration pour certaines décisions, le renouvellement de ce conseil sur plusieurs années et des mesures anti-OPA qui isolent les gestionnaires de la discipline des marchés en ce qui concerne le contrôle des entreprises.
Le lien entre gouvernance et bénéfices a disparu
Durant les années 1990, avoir des actions d'entreprises qui peuvent prendre toutes leurs décisions (ou la plupart d'entre elles) à la majorité simple ou adopter des positions de vente de titres d'entreprises qui ne peuvent prendre certaines décisions qu'à une majorité importante aurait permis de faire mieux que le marché. Quand elles ont été rendues publiques, ces conclusions ont intrigué les entreprises, les investisseurs et les experts en gouvernance d'entreprise et ont suscité le développement de produits financiers basés sur la gouvernance d'entreprise.
Même si les dispositifs anti-OPA des entreprises limitent leurs résultats, les investisseurs risquent de ne pouvoir faire de bénéfices si les prix reflètent les effets de ces dispositions connues du public. Cohen, Wang et moi avons montré que le lien entre gouvernance et bénéfices qui existait dans les années 1990 a disparu par la suite et n'a pas réapparu. Après avoir mieux fait que le marché durant les années 1990, les entreprises qui  ont eu une stratégie basée sur la gouvernance se sont retrouvées par la suite au même niveau que le marché.
Comment comprendre le lien entre gouvernance et bénéfices durant les années 1990 et sa rupture ultérieure ? Nous avons trouvé que cette évolution est due au fait que les marchés ont appris au cours du temps à évaluer la différence de bénéfices attendus entre les firmes qui ont une bonne gouvernance et les autres, en terme de niveau de protection contre une prise de contrôle hostile.
Les marchés ont appris à identifier les firmes bénéficiant d'une bonne gouvernance
En liaison avec cet apprentissage, au début des années 2000, les médias, les investisseurs institutionnels et les chercheurs ont soudain porté beaucoup plus d'attention à la gouvernance d'entreprise - une attention qui se maintient depuis. Ainsi le nombre d'articles qui évoquent des questions de gouvernance dans les journaux américains a triplé entre 2000 et 2002. Et le nombre de résolutions en rapport avec la gouvernance soumis à un vote par les investisseurs institutionnels a plus que doublé (beaucoup de ces résolutions portaient sur des dispositifs anti-OPA). Le nombre de ces articles et de ces résolutions reste élevé depuis cette époque.
L'intérêt accru porté à la gouvernance paraît avoir affecté les prix sur les marchés. Nous avons ainsi découvert qu'en 2001 les marchés avaient appris à identifier les firmes bénéficiant d'une bonne gouvernance en terme de prévision de rentabilité.
Nous avons cherché à mesurer la surprise des marchés à l'annonce des bénéfices des entreprises (en observant l'évolution du prix de leurs actions au moment de ces annonces) et celle des analystes boursiers (à partir de la différence entre bénéfices annoncés et prévisions). Nous avons découvert que durant la période 1990-2000, mais pas après, les annonces de bénéfices des firmes ayant une bonne gouvernance surprenaient plus fréquemment les marchés et les analystes que celles des firmes ayant une mauvaise gouvernance.
Soulignons que si après 2000 les dispositifs anti-OPA n'ont plus permis de faire mieux que les marchés, ils ont conservé toute leur importance pour évaluer une entreprise. Durant les années 2000, les firmes dont la réglementation prévoit que nombre de décisions doivent être prises à une très large majorité ont eu une capitalisation boursière inférieure aux autres (relativement à leur valeur comptable). Il est devenu impossible de tirer partie de la rentabilité d'une entreprise en utilisant le niveau de majorité nécessaire à son conseil pour prendre certaines décisions. Cela tient à la prise en compte de ce facteur par les marchés.
Dans l'ensemble, nos conclusions sont en faveur de l'idée que si les marchés ne sont peut être pas capable sur le champ d’évaluer correctement de nouvelles dispositions ou de nouvelles pratiques de gouvernance, ils sont capables d'apprendre à le faire - même s'il y faut parfois un temps considérable.
Les gestionnaires et les investisseurs devraient prendre en considération le savoir acquis des marchés et l'augmentation potentielle de la capitalisation boursière qui pourraient résulter de la suppression des dispositifs anti-OPA par les entreprises. Beaucoup d'entre elles les ont supprimés récemment en revenant sur le renouvellement échelonné des mandats des administrateurs et sur l'exigence d'une large majorité pour autoriser une fusion. Baisser le niveau de cette majorité permet encore aux actionnaires de réaliser de substantiels bénéfices.
Par ailleurs, si les marchés savent maintenant évaluer les dispositifs anti-OPA hostile, nos conclusions montrent que pour l'instant ils n'évaluent sans doute pas les autres caractéristiques de la gouvernance d'entreprise dont l'émergence est plus récente. L'introduction de nouvelles mesures de gouvernance et leur intégration dans l'évaluation d'une entreprise est un processus lent.
Les investisseurs ne peuvent peut-être plus réaliser des bénéfices en basant leurs décisions sur les dispositifs anti-OPA habituels. Néanmoins nos conclusions n'excluent pas qu'une stratégie d'investissement basée sur d'autres caractéristiques de la gouvernance d'entreprise soit efficace. Aussi les gestionnaires ne devraient-ils pas se désintéresser de réformes de gouvernance potentiellement utiles, même si elles ne soulèvent pas encore l'intérêt des investisseurs et si les marchés ne les évaluent pas encore.
Les investisseurs finissent par apprendre. Ils sanctionnent ou récompensent alors de manière appropriée les entreprises en fonction de leurs choix de gouvernance.

Egypte : les Frères musulmans annoncent leur lourde défaite aux législatives

Les résultats du premier tour des élections législatives égyptiennes n'avaient pas encore été publiés, lundi 29 novembre, que l'issue du scrutin qui s'est tenu dimanche dans un climat de fraude et de violence ne faisait guère de doute : les Frères musulmans se voyaient pratiquement éliminés du Parlement égyptien.


La confrérie, théoriquement interdite par le pouvoir mais tolérée dans les faits, détenait jusqu'à présent un cinquième des sièges dans l'ancienne chambre basse du Parlement et, sous l'étiquette "indépendants", constituait la première force d'opposition au gouvernement du président Hosni Moubarak, avec quatre-vingt-huit élus. Si les résultats officiels du premier tour du scrutin ne sont pas attendus avant mardi, Saad al-Katatni, chef de file des élus islamistes de l'assemblée sortante, a indiqué lundi qu'aucun des cent trente candidats présentés par les Frères musulmans n'avait décroché l'un des cinq cent huit sièges de député en jeu à l'issue du premier tour. Et seule une poignée d'entre eux pourra briguer les suffrages des électeurs lors du second tour prévu le 5 décembre.
"Il y a eu des trucages et nous avons déposé un recours contre les procédures de vote", a indiqué M. Katatni, qui n'a pas conservé son siège de député à Minah, au sud du Caire, un mandat qu'il avait remporté en 2005 avec trente cinq mille voix, contre douze mille pour son principal rival.
"UN GOÛT DE SANG, UNE ODEUR DE POUDRE"
La presse et des observateurs indépendants ont en effet rendu compte de très nombreux cas de fraude et de violences lors du premier tour. Le quotidien indépendant Chourouq citait par exemple le témoignage d'un juge de la région de Guizeh, près du Caire, affirmant avoir vu des officiers de police bourrer des urnes. Selon les sources, deux à quatre égyptiens auraient trouvé la mort dans des affrontements entre militants ou provoqués par des hommes de main recrutés par des candidats, une pratique fréquente en Egypte.
"Ces élections ont un goût de sang et une odeur de poudre. Les citoyens ont été sacrifiés pour que le PND [le Parti national démocratique d'Hosni Moubarak] reste au pouvoir", a affirmé la Coalition indépendante pour l'observation des élections. Cette fédération d'observateurs non gouvernementaux égyptiens a diffusé un dossier décrivant en détail quatre-vingt-trois cas d'irrégularités ou de violences, dans treize des trente gouvernorats d'Egypte. Le PND est mis en cause dans un grand nombre de cas, mais des candidats indépendants ou d'autres partis sont aussi cités. "L'exclusion répétée de représentants de l'opposition et d'observateurs des bureaux de vote, de même que les informations faisant état de violence et de fraude, suggèrent que les citoyens n'ont pas pu prendre part à des élections libres", écrit de son côté un responsable de Human Right Watch, Joe Stork, dans un communiqué.
Le ministre de l'information, Anas al-Feki, s'est en revanche félicité dans un communiqué du "haut degré de transparence" du scrutin. Il a assuré que les incidents, "limités", n'avaient "pas affecté la conduite générale et l'intégrité de l'élection".
Des analystes avaient prédit que le pouvoir ferait tout pour marginaliser les islamistes sur la scène politique avant l'élection présidentielle de 2011 à propos de laquelle le chef de l'Etat, âgé de 82 ans et de santé fragile, reste muet. "C'est un niveau de fraude entièrement différent, indiquait ainsi Chadi Hamid, du Brookings Doha Center. "Cela laisse penser que le régime s'inquiète de la transition qui arrive et ne compte prendre aucun risque."


En Egypte, le poids des Frères musulmans reste une inconnue
  Le score que remportera la puissante institution des Frères musulmans aux élections législatives d'Egypte, dimanche 28 novembre, reste le principal point d'interrogation de ce scrutin en grande partie joué d'avance. Face à l'énorme machine électorale du Parti national démocratique (PND, au pouvoir), auquel tout le monde prédit une large victoire, la Confrérie islamique dispose d'un important réseau de mosquées, d'écoles, de crèches et de centre de soins médicaux – autant de secteurs où l'action de l'Etat est jugée insuffisante par de nombreux Egyptiens – et de la capacité avérée de mobiliser les foules.

Ces dernières années, les Frères musulmans ont également bénéficié du phénomène de réislamisation de la société égyptienne qui a accompagné l'appauvrissement d'une partie de la population et la grogne croissante envers un régime indéboulonnable depuis 30 ans.
TIMIDES OUVERTURES DÉMOCRATIQUES
Fort du soutien populaire, les Frères musulmans avaient opéré une percée remarquable lors du précédent scrutin de 2005, remportant 88 sièges (contre 11 en 2000), soit un cinquième du Parlement. Elus sous l'étiquette "indépendants" pour contourner l'interdiction officielle qui pèse sur ses membres, la Confrérie aurait sans doute pu faire mieux, si le scrutin n'avait pas été entaché d'irrégularités. Pour limiter ce succès qu'à l'évidence il n'avait pas anticipé, le régime avait réagi en barrant l'accès de nombreux bureaux de vote, dès le deuxième jour des élections qui se déroulaient, à l'époque, en quatre journées réparties sur un mois.
Depuis, le gouvernement a mené une campagne de harcèlement à l'encontre de la Confrérie, en multipliant les arrestations de ses membres. Plus de 5 000 d'entre eux ont été arrêtés en 2009. A la veille du scrutin de 2010, ils sont encore plus de 1 000 dans les prisons, dont plusieurs candidats. Plus pénalisant encore, le pouvoir a procédé au gel d'une partie non négligeable des avoirs financiers de la Confrérie.
CONFLITS INTERNES
Fin 2009, les Frères musulmans ont par ailleurs connu des dissensions internes, largement couvertes par les médias, suscitant de nombreux débat sur l'affaiblissement que ces disputes étalées au grand jour pourraient provoquer. Tandis que traditionnellement, seule la mort mettait un terme aux fonctions de guide suprême des Frères musulmans, le guide Mohammed Mahdi Akef avait alors déclaré qu'il ne poursuivrait pas son mandat. Son départ a été suivi de mises à l'écart de personnalités importantes au sein de la Confrérie.
"La bureaucratie minait nos affaires internes", explique au Monde Mohammed Habib, numéro deux de l'époque, aujourd'hui écarté. "En outre, l'interdiction que le régime fait peser sur les Frères a engendré des auto-restrictions, un repli sur soi de la Confrérie, une propension au secret et, finalement, une situation dans laquelle les décisions ne sont plus prises que par une minorité d'entre nous, aux dépends de notre tradition de consultation. Selon moi, la Confrérie a commencé à souffrir des mêmes maux que le régime égyptien : le manque de démocratie que, justement, nous combattons." M. Habib insiste cependant sur le fait qu'après son départ, la décision de participer aux élections législatives, alors qu'une partie de l'opposition égyptienne appelait au boycot, a été le résultat d'un important débat interne.
Porte-parole de la Confrérie, Essam El-Erian, interrogé par Le Monde juge, au final, "impossible de rééditer le score de 2005", notamment en raison de "l'atmosphère politique étouffante" et du "manque de transparence du scrutin" (la supervision des juges à été supprimée dans les bureaux de vote suite à un amendement constitutionnel de 2007).
REPRISE EN MAIN DE LA VIE POLITIQUE
D'autres Frères ont évoqué également l'absence de pressions étrangères sur le régime égyptien. En 2005, dans un changement de ton significatif à l'égard de son principal allié au Moyen-Orient, l'administration américaine de George Bush s'était dit en effet "préoccupée par l'avenir des réformes égyptiennes lorsque des militants pacifiques de la démocratie ne sont pas préservés de la violence." Dans un discours, prononcé à Charm al-Cheikh en juin 2005, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice avait même déclaré : "Pendant 60 ans, les Etats-Unis ont recherché la stabilité aux dépens de la démocratie au Proche-Orient, et nous n'avons accompli ni l'un ni l'autre."
Ce constat peu encourageant reste valable aujourd'hui. Les timides ouvertures démocratiques concédées à cette époque par le président Hosni Moubarak ont en outre cédé à une reprise en main très stricte de la vie politique en Egypte.
Selon les spécialistes, les Frères musulmans sont toujours aussi puissants en nombre de militants, voire davantage. Mais les conditions de vote, le contexte international et égyptien – notamment les inconnues et les inquiétudes entourant la succession du président Hosni Moubarak –, estiment-ils, ne leur permettront pas de conserver leur position de principale force d'opposition au sein du Parlement.
Cécile Hennion

L'hypermarché et l'équation du commerce moderne

C'est « la » question du moment pour les acteurs de la grande distribution (avec, il est vrai, celle du commerce électronique) : l'hypermarché classique, « à la française », inventé par Carrefour en 1963 à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans la banlieue parisienne, est-il un modèle d'avenir ? Le magasin de grande surface qui offre « tout sous le même toit » installé dans une zone périphérique et obéissant à l'adage « no parking, no business » de Bernardo Trujillo, le théoricien américain du commerce moderne, auprès duquel les pionniers français du secteur ont tout appris, correspond-il encore aux besoins du consommateur ? Ce dernier, écocitoyen soucieux de réduire son empreinte carbone, donc ses déplacements, toqué de produits de proximité et méfiant à l'égard des marques multinationales, s'étourdit moins dans la société de consommation, que symbolise l'hyper. La multiplication des foyers monoparentaux, par ailleurs, ne rend-elle pas désuet le traditionnel « plein » de courses mensuel ?

Les chiffres de la dernière enquête du cabinet Kantar sont éloquents : les enseignes emblématiques des grands hypermarchés, Carrefour, Géant Casino, Auchan, perdent des parts de marché ou stagnent. Et les données publiées par les deux premiers groupes, cotés, pointent une baisse de la fréquentation. Un comble alors que l'on pensait qu'en période de crise les acheteurs se rueraient dans les points de vente qui offrent traditionnellement les prix les plus bas (avec les « hard discounters », qui perdent eux aussi des parts de marché…) !

Pour inverser cette tendance, Lars Olofsson, directeur général de Carrefour, a lancé le nouveau concept Carrefour Planet. Le but : réenchanter l'hypermarché, faire qu'il redevienne un « destination store ». Les moyens : plus de services, l'abandon de certains rayons non alimentaires non concurrentiels, l'amélioration globale de l'« expérience client ». Vainqueur, avec Système U, du jeu récent de la concurrence, Leclerc, prétend à l'inverse que le format hyper n'est pas condamné et que tout cela n'est que la conséquence d'un mauvais positionnement prix. Pour Michel-Edouard Leclerc, c'est simple : son enseigne étant la moins chère, ses hypers se portent bien. Qui dit vrai ? Pour comprendre, il faut rappeler l'évolution du paysage. Les spécialistes, comme Leroy Merlin pour le bricolage ou Darty pour l'électrodomestique, se sont fortement développés. Certains ont même lancé des versions discount, comme Castorama avec Brico Dépôt, ou Boulanger avec Electro Dépôt. Sur toute une gamme de produits, l'hypermarché ne peut donc plus rivaliser que difficilement, tant en termes d'offre qu'en termes de prix avec les « category killers ». A l'exception de quelques produits à prix d'appel sacrifiés. « Longtemps, Carrefour perdait 100 euros sur la vente de chaque télévision grand écran », caricature un consultant. L'expansion du e-commerce a mis, par ailleurs, plus de 70.000 magasins virtuels à un clic de chaque consommateur internaute. Enfin, les groupes de distribution, à commencer par Carrefour, ont tous entrepris de rénover leurs réseaux de proximité. Plus modernes, plus compétitives aussi, en termes de prix, afin de survivre face aux « hard discounters », ces moyennes et petites surfaces ont créé une nouvelle concurrence pour les hypers. Pourquoi faire 10 kilomètres pour se rendre dans un hyper Carrefour, quand on a au pied de son immeuble un Carrefour Market qui propose pour l'essentiel les mêmes marques nationales et les mêmes marques de distributeur ?

Pour résoudre la nouvelle équation du commerce moderne, Auchan a choisi non pas la révision du concept, mais l'affirmation plus forte encore des standards du « tout sous le même toit ». A Vélizy, à l'ouest de Paris, le premier magasin de France - 300 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel -étale sans vergogne ses 200.000 références, juxtaposant les produits de luxe et de niche, jambon Bellota-Bellota et autres macarons faits maison, avec les palettes d'articles de première nécessité disposées dans ce qui constitue un véritable magasin de « hard discount » implanté au coeur de l'hypermarché. Chez Leclerc, les hypers sont plus petits en moyenne, car souvent implantés dans des zones semi-rurales. Mais les adhérents n'hésitent pas à surdimensionner leurs rayons non alimentaires, afin de fixer leur clientèle et d'éviter qu'ils n'effectuent quelques kilomètres pour se rendre chez le spécialiste de la grande ville voisine. Ils continuent donc d'offrir un large choix, tout en ayant la capacité, en tant qu'indépendants gérant leur affaire de façon patrimoniale, de sacrifier 2 points de marge à la guerre des prix.

Au final, quelle solution choisir pour sauver ses hypermarchés ? Les experts et consultants de tout poil ont fait tourner la machine à idées. Pour arriver à la conclusion que le consommateur veut tout : une offre large, du discount, du « hard discount », des services et du confort d'achat. Et toutes les enseignes ont cette ambition. Toutes savent, au surplus, que le prix demeure le principe a priori de la raison commerciale et qu'un magasin devra toujours s'adapter à sa zone de chalandise. En réalité, plus que la stratégie, c'est sa mise en oeuvre qui fera la différence. Chez Leclerc, l'indépendant gérera sa boutique au plus près. Chez Auchan, le directeur de magasin et les chefs de rayon conserveront une motivation et une réactivité proportionnelles à leur degré d'autonomie. Et chez Carrefour, tout ou presque sera centralisé au siège de Massy, le personnel administratif des hypers étant envoyé sur le front de vente. C'est la gestion des ressources humaines la plus efficace qui l'emportera. Le commerce est une affaire d'hommes autant que de concepts. Qui aurait dit que les grands magasins afficheraient aujourd'hui des progressions à deux chiffres, sinon leurs exploitants qui ont cru en leur avenir ?

Sauver les meubles de Cancún

Bonne nouvelle : on n'attend rien de la conférence sur le climat qui vient de s'ouvir à Cancún au Mexique. Au moins, les risques d'une déception sont réduits au maximum. Peut-être laissera-t-on alors les experts travailler dans leur coin sur des sujets moins exposés comme la déforestation ou l'aide au développement, et avancer plus sereinement vers des solutions acceptables par tous.

Voilà une bonne façon de temporiser, voire de faire mûrir les esprits avant le grand rendez-vous de Durban, en Afrique du Sud, fin 2011 où il faudra bien remettre sur le tapis les sujets qui fâchent. C'est-à-dire l'engagement à réduire les émissions de CO2.

Il n'est pas certain qu'à cette échéance, les esprits aient suffisamment mûri. Car les pays sont comme nous tous. Face au long terme, ils procrastinent. Quand on voit les difficultés des Européens à se mettre d'accord sur un sujet aussi urgent que le sauvetage de l'un des leurs, ou celles des vingt puissances mondiales à s'entendre autour d'une régulation minimale de la finance internationale, les atermoiements climatiques ne surprennent pas. Si la gouvernance mondiale peine à tracer le chemin des deux années à venir, comment pourraient-elle s'engager sur les cinquante prochaines ?

Le climat, c'est un peu comme les retraites. Le problème est connu depuis vingt ans, les remèdes aussi, mais la difficulté réside dans le passage à l'acte. Et plus la situation économique est mauvaise, plus le remède paraît douloureux. Résultat, ce sont les hypothèses les plus pessimistes en matière de réchauffement climatique qui deviennent les plus probables.

Faut-il baisser les bras pour autant ? En tout cas, il vaut mieux compter sur le poids des opinions. Si elles influencent moins les gouvernements, elles poussent les initiatives locales. Nombre de villes américaines ou européennes devancent les décisions nationales en matière de réduction des consommations de CO2 ou de protection des espaces. La mobilisation massive des habitants de Stuttgart contre le projet de gare géante qui menaçait leurs espaces verts montre leur pouvoir.

Comme en politique, le renouveau ne viendra pas de sommets internationaux de plus en plus sclérosés par les enjeux de pouvoir, mais de la base. Il faut en tout cas l'espérer, car le modèle des Nations unies, sur lequel sont bâties ces négociations, arrive manifestement en bout de course.

Des fuites pas très diplomatiques

Les réceptions chez l’ambassadeur ne se résument donc pas à des friandises sucrées. En diffusant 250 000 télégrammes confidentiels “volés” à la diplomatie américaine, le site WikiLeaks crée une zizanie cosmique. La presse italienne parle même “d’un nouveau 11-septembre”, les morts en moins. Enfin, pour l’instant…

L’affaire dévoile l’hypocrisie qui, derrière les courbettes, préside aux échanges internationaux. On connaît désormais l’estime réelle que porte Washington à ses partenaires et alliés. Vladimir Poutine se trouve ainsi dépeint en “mâle dominant“. Angela Merkel est une grande frileuse, privée d’imagination. Silvio Berlusconi trône en “fêtard irresponsable”. Et Nicolas Sarkozy ? “Susceptible, autoritaire…”

Désagréables pour leurs cibles, ces vacheries ne vont pas bouleverser le monde. D’autant que chacun peut facilement les renverser. Il suffit d’appliquer le vieux précepte de Guitry : “Si les gens qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage.”

Les blessures d’amour-propre passeront.

En revanche, d’autres révélations inquiètent. Telle la duplicité du roi d’Arabie Saoudite vis-à-vis des Perses. On apprend qu’il insiste, auprès des États-Unis, pour une attaque militaire de l’Iran.

Dans le Golfe, l’information risque de produire l’effet d’une bombe. Pourvu qu’elle ne soit pas nucléaire ! De son coup de pub, alors, WikiLeaks aura fait un désastre.

Faut-il craindre WikiLeaks ?

Une fois de plus WikiLeaks a frappé. À raison ou à tort ? Éléments de réponse.

Ce que le site révèle

Après des documents confidentiels sur la guerre en Irak ou sur l’Afghanistan, cette fois WikiLeaks met en ligne quelque 250 000 “câbles”. C’est-à-dire des notes confidentielles écrites par des diplomates américains. Destiné à être lu en interne, le contenu de ces notes varie évidemment des versions officielles affichées par Washington.

Peut-on se fier aux données ?

Les documents publiés, récupérés illégalement, sont vrais, il n’y a guère de doutes. Des journaux comme le New York Times ont d’ailleurs vérifié ce qui pouvait l’être. En revanche, si WikiLeaks met des milliers de documents à disposition, il choisit à qui “s’attaquer” (les USA) et publie une liste établie selon son bon vouloir. Son tri est ainsi sélectif. Daniel Korski, du Conseil européen des relations étrangères, estime aussi que le site confond fiabilité et transparence : “Or la transparence n’est qu’un élément de la fiabilité”, et “l’essence du travail diplomatique reste confidentiel”.

Des documents gênants pour la diplomatie

Le contenu des documents dévoilés révèle surtout l’opinion que les Américains ont de certains dirigeants. Et c’est bien ce qui embarrassait hier les diplomaties. Dire en “off” que Vladimir Poutine dirige dans l’ombre de Dmitri Medvedev la Russie est un avis largement répandu chez les politologues. Le voir écrit noir sur blanc est en revanche embarrassant pour Washington, à l’heure où les deux pays discutent du bouclier antimissile...

Dangereux ou salutaire ?

Pour Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques), “c’est embarrassant pour les USA” sans être “un revers diplomatique majeur”. Certaines révélations pourraient toutefois franchement tendre les relations internationales. Exemple : la détestation de monarques du Golfe à l’égard de l’Iran est exprimée crûment. “C’est toute la différence et cela peut avoir des conséquences au Moyen-Orient”, estime François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique.