TOUT EST DIT

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jeudi 18 novembre 2010

Corruption et financement politique


L’affaire Bettencourt a fait sauter un ministre, Éric Woerth. L’affaire Karachi pourrait faire plus de dégâts encore dans la classe politique, car il y a mort d’hommes innocents. Le 8 mai 2002, une bombe tuait quatorze personnes, dont onze techniciens et ingénieurs français, venus assembler à Karachi des sous-marins vendus au Pakistan. Pendant des années, les enquêteurs ont suivi, sans succès, la piste d’Al-Qaïda. Elle était bien pratique, cette piste, mais elle n’a mené nulle part… Depuis que, sous la pression des familles des victimes, la justice s’intéresse à celle de la corruption, les éléments du dossier s’emboîtent beaucoup mieux !


Le schéma est tristement banal : pour obtenir le marché des sous-marins, en 1994, l’État français aurait généreusement « arrosé » les clients pakistanais. Tout le monde fait pareil, diront les spécialistes des contrats d’armement. Oui, mais la corruption ne se serait pas arrêtée là : une grande partie des pots-de-vin serait revenue en France pour financer, notamment, la campagne électorale d’Édouard Balladur… qui a finalement été battu, en 1995, par Jacques Chirac. Celui-ci, en rétorsion contre son « ami de trente ans », aurait mis fin au versement des bakchichs, provoquant la fureur des Pakistanais, et, sept ans plus tard, l’attentat de Karachi.


Élucubrations ? Nicolas Sarkozy, qui était, en 1994 et début 1995, ministre du Budget et porte-parole d’Édouard Balladur – et donc deux fois aux premières loges de ce dossier —, a parlé de « fable » à propos des soupçons de corruption. Il vient d’être contredit par Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, qui a confirmé, lundi, devant le juge Van Ruymbeke, l’existence de rétrocommissions. Ce témoignage ne peut être ignoré. Scandale d’État ou pas, et même si de très hauts responsables politiques sont impliqués, il faut vider l’abcès. Les Français ont le droit de savoir ce qui s’est réellement passé à Karachi et, aussi, pourquoi les comptes de la campagne électorale d’Édouard Balladur ont été validés par le Conseil constitutionnel, en 1995, malgré un avis défavorable des rapporteurs chargés de les éplucher. Il ne sert à rien d’édicter des lois encadrant le financement des partis politiques si elles ne sont pas appliquées.

Retour en bourse de General Motors



Sarkozy reçoit à l’Elysée les ex-ministres



Que les socialistes attendent Strauss-Kahn !

Hervé Gattegno, rédacteur en chef au Point, intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 7 h 50 pour sa chronique politique Le parti pris.
Depuis le remaniement, des voix s'élèvent au PS pour réclamer une accélération des primaires qui doivent désigner le candidat à l'élection présidentielle à l'automne 2011. Mais gare ! Le PS ne doit pas confondre vitesse et précipitation. Il est clair pour tout le monde aujourd'hui qu'il n'existe au PS qu'un seul excellent candidat : Dominique Strauss-Kahn. Tous les grands élus du PS le savent et beaucoup le disent. Même Sarkozy le sait, et depuis longtemps : DSK est son rival le plus dangereux. Aucun de ceux qui apparaissaient comme ses concurrents ne peut vraiment rivaliser avec lui : ni François Hollande, ni Ségolène Royal, ni les quadras, ni surtout Martine Aubry, qui a raté le coche sur l'affaire des retraites. Donc, si les socialistes veulent avoir une vraie chance de gagner en 2012, ils ont absolument intérêt à tout faire pour que DSK décide de revenir. Il serait alors assez absurde que leur système de désignation empêche leur meilleur candidat de se présenter ! Et ce sera le cas si le calendrier est avancé.
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L’Austerlitz de la blanquette

C’est l’avènement du bœuf gros sel, le triomphe des tripoux, l’Austerlitz de la blanquette. Le “repas gastronomique des Français” se trouve désormais inscrit au patrimoine de l’humanité. L’hommage ne vise ni les Restos du cœur, ni les “fast foods” halal qui prospèrent, mais la “popote” traditionnelle.


Notre manière de casser la croûte, apéro compris, épate l’univers. Le comité de l’Unesco y voit “une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes”.


Au bout de la fourchette, chez nous, se jouerait ainsi un rite humaniste et culturel. Davantage qu’au Portugal ou qu’en Chine ? Il paraît, oui. Et dire qu’on ripaillait, depuis des siècles, sans jamais s’en être aperçu. Se retrouver pour boire et (bien) manger ensemble relève donc du génie national. Henri IV, avec sa “poule au pot du dimanche”, avait lancé le coup. Au festin familial, le roi donna une impulsion en forme de vœu pieux. Les générations suivantes, entre deux famines, développèrent le concept. Aujourd’hui, le pays des droits de l’homme rayonne par sa cuisine. Pourvu qu’elle ne soit pas électorale.


Champions du monde des “arts de la table”, nous sommes. Apprenant la nouvelle, François Fillon n’a pas manqué de pousser un vibrant “cocorico”. Aux fidèles marmites, la patrie reconnaissante.


Si une seule fierté doit nous rester, ce sera la bouffe. Parce que la France, sinon, ne semble pas vraiment dans son assiette…

Droits de l'autre


L’Irak est leur pays, et pourtant ils ne savent pas s’ils désirent y retourner. Blessés dans l’attentat de la cathédrale syrienne-catholique de Bagdad, à la veille de la Toussaint, ils ont été accueillis en France pour y être soignés. Leurs histoires racontent le même quotidien marqué par la peur et la mort. Ils sont profondément déchirés : doivent-ils choisir l’exil pour enfin connaître la paix ; doivent-ils revenir sur leur terre qu’ils ne veulent pas déserter ? Choix terrible, quand il engage ceux qu’on aime.


Le dilemme se pose également aux pays d’accueil : recevoir ces personnes en danger, ne pas renvoyer chez eux des demandeurs d’asile irakiens (comme le demande la Cour européenne des droits de l’homme à plusieurs pays européens), est un devoir d’humanité ; mais n’est-ce pas entériner l’exil de fait des communautés chrétiennes d’Orient, n’est-ce pas conforter certains pays où l’islam est majoritaire dans l’idée qu’il n’y a pas de place chez eux pour des croyants d’autres religions, qu’ils n’ont qu’à s’installer en Occident ? Les responsables chrétiens du Proche-Orient redoutent cet exode et interpellent la communauté internationale pour qu’elle ne s’arrête pas aux solutions d’urgence ; tout doit être mis en œuvre pour assurer la sécurité dans cette région particulièrement inflammable. Car la présence de ces minorités, ancrées ici depuis les origines du christianisme, n’est pas une vétille au regard des problèmes du monde, elle ne relève pas d’une « tolérance » ; elle est un droit et une chance. Le statut fait aux minorités religieuses est en effet un bon indicateur du degré de liberté d’une société.


Vendredi 19 novembre, à l’occasion de la rencontre des cardinaux à Rome, sous le feu de cette dramatique actualité, le pape devrait rappeler, dans la continuité du concile Vatican II, l’importance de la liberté religieuse comme un droit essentiel des hommes et des femmes. Toutes les religions sont soucieuses de leurs droits ; elles demandent à être respectées. Le plus difficile – pour les États comme pour les religions elles-mêmes – étant de défendre la liberté de l’autre, autrement croyant.

L’invention qui pourrait changer la vie des femmes

Réservée aux grandes équipes, la découverte scientifique aujourd’hui ? À deux pas du Cern et ses 3000 chercheurs, dans sa résidence de Divonne-les-Bains en plein cœur du Pays de Gex, Norbert Beyrard prouve le contraire. À 85 ans, il s’apprête à soulager les femmes de la séance de “torture” de la mammographie. Il a en effet mis au point un scanner haute définition, à même de détecter les tumeurs à un stade précoce, tout en envoyant 80 fois moins de radiations. ”J’ai eu un cancer de la prostate traité tardivement car l’imagerie médicale existante n’avait pas permis de le mettre en évidence” explique-t-il, en guise de motivation. Ca paraît presque simple !
L’existant n’est pas assez efficace, et hop, voilà en 2003, ce grand résistant qui reprend ses travaux. Son objectif ? Un scanner haute-définition. Son secret ? Son âge ! Enfin, pas tout à fait, mais presque... Ami de Jan Timbergen, prix Nobel d’économie en 1969, Norbert Beyrard est aussi un mathématicien, qui a longtemps travaillé en économétrie. ”Avant l’ère de l’informatique, l’un des axes de recherche en mathématique était de calculer plus vite”. Le Divonnais a donc exhumé quelques-uns de ces algorithmes totalement oubliés des scientifiques d’aujourd’hui, ordinateurs obligent. “Pour passer d’une vision d’un millimètre comme avec les technologies actuelles, à une définition de 27 microns, comme le permet mon scanner, il faut une puissance de calcul 50 000 fois supérieure. Ce qu’autorisent mes algorithmes”.
Une telle découverte aurait déjà été pas mal en elle-même. Mais Norbert Beyrard est de ces scientifiques dignes de Jules Verne qui font tout eux-mêmes. C’est donc dans la cave de sa très belle résidence divonnaise qu’il se met à étudier un premier prototype. On imagine la tête des quelques émirs du Golfe qu’il a pour voisin s’ils avaient su à quoi le paisible retraité du troisième passait son temps libre... Reste que les premiers travaux sont probants.
Norbert Beyrard se décide alors à engager les quelque 1,7millions d’euros tirés de la vente de son chalet. “Vous savez à mon âge, on n’investit plus sur moi. Et de travailler en marge du système de recherche classique me permet d’aller plus vite. Il n’y a pas toute la paperasse” dit ce franc-tireur. En juin 2005, le voilà qui fonde la Sorim, à quelques kilomètres de chez lui, où il installe son labo. De développement en développement, de la création du tube à rayon X à la mise au point des logiciels informatiques, grâce à l’embauche d’un spécialiste, son scanner à haute définition est désormais proche du but. Concrètement, il s’agit d’une cabine, avec un plateau tournant, qui peut prendre une multitude de radios, et du système informatique pour les traiter.
La suite ? Après avoir déposé 13 brevets et fait certifier sa cabine par Véritas, “une première pré-série d’une dizaine d’appareils sera produite, de façon à faire les essais cliniques de juillet à septembre 2011 en France, Suisse, Allemagne et Grande-Bretagne”. Tout roule d’autant qu’il a le soutien des milieux médicaux, des HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève) à Lucien Israël, la référence mondiale en matière d’oncologie...

L'Otan face à ses nouveaux défis


Née pour répondre à la menace soviétique, l'Alliance atlantique définira, vendredi et samedi à Lisbonne, une nouvelle stratégie. Anders Fogh Rasmussen, son secrétaire général, en est persuadé. Ce sommet va être « l'un des plus importants de son histoire ». Nouveau concept stratégique, bouclier antimissiles, partenariat avec Moscou (l'ennemi d'hier), tensions budgétaires : le menu est effectivement copieux. Sans oublier le plat le plus indigeste, l'Afghanistan.


Dans le jargon militaire, la vision d'ensemble de ces problèmes se doit d'être définie dans un concept stratégique. Le dernier remonte à 1999. Saddam Hussein était alors au pouvoir. Aucun soldat de l'Alliance ne circulait dans Kaboul. Le 11-Septembre était encore de la science-fiction. Onze ans plus tard, les vingt-huit pays membres de l'Otan doivent donc valider une nouvelle stratégie pour répondre aux nouvelles menaces.


Quelles sont-elles ? Prolifération des missiles balistiques, terrorisme international, attaques informatiques, ciblage des infrastructures civiles de nos sociétés intégrées. Tous ces périls sont plus insidieux que la bataille frontale de la Guerre froide, mais non moins dangereux. Une cyber-attaque peut-elle être considérée comme un acte de guerre ? Si oui, l'article 5 du traité, qui oblige tous les membres à la solidarité dans la défense d'un des leurs, doit-il être invoqué ? C'est à ce type de questions que les stratèges travaillent.


Plus concrètement, le sommet doit lancer la création d'un système de défense antimissiles, le fameux « bouclier » censé protéger tout le territoire de l'Alliance. Pour la France, un point n'est pas négociable. « Ce dispositif ne doit pas être un substitut, mais un complément de la dissuasion nucléaire », affirme un négociateur français. Sous le parapluie atlantique, les ogives demeurent. Autre point débattu, l'origine de la menace. Certains souhaiteraient désigner explicitement l'Iran, mais la Turquie s'y oppose.


Le projet de bouclier relance surtout tout le débat sur le partenariat de l'Otan avec la Russie. Deux ans après la crise géorgienne, la venue à Lisbonne de Dimitri Medvedev permet de renouer le dialogue au plus haut niveau. En coulisses, l'idée même d'une future intégration de la Russie n'est plus un tabou. Une révolution par rapport à 1949, puisque la formule « de l'Atlantique à l'Oural » prendrait corps. On n'en est pas là. Pour l'heure, Moscou veut négocier. C'est déjà un pas considérable.


Le sommet de Lisbonne devrait aussi, malheureusement, révéler une absence. Celle de l'Europe en tant que telle. L'Otan s'occupe de la défense en Europe, pas de défense européenne. Or, les budgets militaires sont partout en baisse, ce qui inquiète d'ailleurs les Américains qui aimeraient bien réduire, eux aussi, leur voilure. La rigueur pourrait être l'occasion d'une plus grande intégration des défenses européennes.


La récente initiative franco-britannique va un peu dans ce sens, mais pas totalement. Car elle repose essentiellement sur une base bilatérale, en décalage, en fait, par rapport à l'esprit du sommet de Saint-Malo (1998). Le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan a, sans doute, changé la perception de Paris par ses partenaires. Il n'a pas pour autant enclenché le cercle vertueux annoncé pour la défense européenne. Il serait temps, pourtant, que l'Union cesse de regarder sa défense à travers l'image reflétée dans les miroirs, par ailleurs déformants, de Washington et de Moscou.

LE COMMENTAIRE DE CHRISTOPHE BARBIER


Supprimer l'ISF, tout simplement

Par une étrange ironie de l'histoire-géographie, c'est à un Sarthois, François Fillon, qu'échoit la mission d'effacer de notre paysage fiscal ce baroque impôt sur la fortune qui y fut introduit, voici un siècle, par un autre Sarthois, Joseph Caillaux, alors ministre des Finances du cabinet Doumergue. Presque parvenu à son terme, le projet du radical Caillaux fut l'une des premières victimes de la Grande Guerre, mais c'est bien la même idée qui devait ressurgir une première fois, sans succès, dans les années 1970, puis, avec la réussite qu'on lui connaît, dans le programme de François Mitterrand en 1981. En annonçant, mardi soir, son intention de supprimer dès 2011 l'ISF sous sa forme actuelle, Nicolas Sarkozy ne met pas seulement fin à une mésaventure fiscale trentenaire, interrompue deux ans seulement, de 1986 à 1988, par une audace chiraquienne. Il rompt avec cette vieille tradition politique qui consiste à condamner la possession d'un patrimoine comme une offense à la passion française de l'égalité. Le président, auquel on ne prête pas toujours cette vertu, manoeuvre en l'occurrence avec habileté. D'abord en sacrifiant son « bouclier fiscal ». C'était sa fierté, sa manière de ne rien céder à la gauche, il a su en faire le cheval de Troie destiné à faire tomber la forteresse de l'ISF. Un petit mal pour un grand bien. L'autre habileté est de proposer une réforme qui, si elle ne flatte pas l'égalitarisme, est conforme à l'équité. Imposer le revenu du patrimoine est, en effet, un principe plus consensuel que celui consistant à taxer le stock de capital. Car, pour un contribuable, être propriétaire d'une résidence principale n'accroît en rien sa capacité contributive. Après que tant d'autres y ont renoncé, la France était d'ailleurs le dernier pays européen à taxer, au niveau national, le patrimoine du seul fait de sa détention. Politiquement, transformer un impôt sur le capital en impôt sur le revenu était sans doute la seule voie possible. Economiquement, le risque est de ne pas faire mieux que déplacer le problème -le symbole de l'ISF en moins. Dans un marché de l'épargne aussi ouvert, la question reste, en effet, celle de l'attractivité de la taxation globale du capital. Or, la France affiche déjà des taux faciaux de prélèvement sur les produits du capital parmi les plus élevés et les plus dynamiques d'Europe. Aussi, le gouvernement serait-il bien inspiré de se contenter d'abroger quelques niches, dont la plus visible est l'exonération des plus-values sur la résidence principale, ou de revoir son approche de la transmission des patrimoines. Et, pour le reste, de financer le solde de l'abolition de l'ISF par des économies dans la dépense publique.
L'ISF n'est pas remplaçable sans dommage ? Voilà une bonne raison de ne pas le remplacer, mais de le supprimer.

Qu'attendre de la présidence française du G20 ?

Dans un contexte de guerre des monnaies et de comportements peu coopératifs, le G20 de Séoul aura quand même réussi à concrétiser des réformes engagées lors des sommets précédents. Je pense aux nouvelles règles prudentielles pour les banques (Bâle III) ou au nouvel équilibre dans la gouvernance du FMI. Le G20 s'installe ainsi comme le forum économique mondial privilégié. Il y est en effet question de croissance, de commerce, de taux de change, de développement, d'environnement… Le risque est la dispersion. Mais il existe aussi une opportunité de faire la synthèse de questions trop séparées (exemple des taux de change et du commerce international) et de négociations internationales éclatées entre de multiples enceintes.

Pour le reste, la plupart des chantiers restent ouverts. Les pays se sont engagés à s'abstenir de dévaluations compétitives. Par-delà les mots, c'est à l'aune des politiques menées que l'on jugera de la valeur de l'engagement. Tout va dépendre des politiques monétaires. Or nous sommes loin d'une démarche coopérative entre les grandes banques centrales. Les Etats-Unis vont probablement continuer à jouer le recul du dollar, même s'ils vont répétant l'inverse ; la Chine n'a pas pris d'engagement précis sur la réévaluation du yuan.

Surveiller les soldes courants plutôt que se crisper sur les taux de change est à la fois fondé et astucieux. Encore faut-il se mettre d'accord sur les chiffres. Ce sera donc sous l'égide du FMI, érigé en juge de paix et chargé d'élaborer des indicateurs des déséquilibres commerciaux. Un monde où chaque pays serait à l'équilibre de sa balance courante serait sous-optimal. Déficits et excédents extérieurs sont inévitables, reflétant des compétitivités différentes, mais aussi des configurations variées dans chaque pays entre la consommation, l'épargne, l'investissement… Mais pour la stabilité mondiale, il faut corriger les soldes non soutenables à terme. S'accorder sur les indicateurs et sur les seuils de soutenabilité, arriver à un diagnostic partagé, tout cela fera partie des tâches de la présidence française du G20. C'est un point important s'il permet de sortir du dialogue de sourds à propos des excédents chinois, allemands… et des déficits américains.

Un volet ambitieux concerne la réforme du système monétaire international. Ici, l'échelle de temps est beaucoup plus étirée, tant les transitions d'un régime monétaire à l'autre sont longues. La présidence française peut amorcer le passage vers un monde multipolaire, ce qui prendra des années, avec d'autres monnaies de réserve à côté du dollar. Par exemple, l'horizon de la pleine convertibilité du yuan se situe probablement entre cinq et dix ans à partir de maintenant. Aujourd'hui, le dollar est contesté (par les Chinois, etc.) sans être vraiment remplacé, et cela malgré la percée indiscutable de l'euro (27 % des réserves de change des banques centrales dans le monde, part de 15 % à 20 % dans la facturation du commerce mondial). A court terme, une contestation excessive accélérerait le recul du billet vert, faisant perdre beaucoup d'argent à la Chine sur ses réserves de change et pénalisant l'Europe par une montée excessive de l'euro (par-delà l'effet à court terme de la crise grecque, irlandaise…). Attention décidément aux transitions !

Sur d'autres points, la présidence française peut espérer des résultats plus rapides. La France met à l'ordre du jour du G20 la volatilité des prix des matières premières, en particulier des produits agricoles. Des mesures visant à renforcer la transparence et à limiter la spéculation sur ces marchés pourraient être adoptées assez vite, tant le diagnostic paraît partagé. Doter le G20 d'un secrétariat permanent pour suivre engagements et recommandations fait d'autant plus sens qu'il va de façon irréversible estomper le G7-G8. Enfin, la présidence française doit contribuer à mieux articuler les différents étages de la fusée : d'une part, une meilleure cohérence entre l'ébauche de gouvernance mondiale et les progrès requis de la gouvernance européenne ; d'autre part, une meilleure interface entre le G20 et les différents organismes internationaux (y compris bien sûr le système onusien). Il y va, avec ce dernier point, de la crédibilité de la gouvernance mondiale en gestation. Il est par ailleurs essentiel que les pays non membres du G20 puissent être mieux consultés, par-delà leur représentation indirecte via des organismes régionaux ou internationaux. Ici, l'efficacité de la coordination et les exigences démocratiques sont susceptibles de se rejoindre…

Impossibles leçons de 1929

Nous avons beaucoup appris de la grande dépression des années 1930. Keynes, Friedman et bien d'autres ont décortiqué les rouages de cette crise terrible (1). Et, comme nous avons appris, nous évitons le pire depuis la grande récession de 2009. Voilà une bien belle histoire que l'on entend souvent… et qui est hélas fausse. Tout simplement parce qu'il ne suffit pas d'éviter les erreurs de 1929 pour sortir d'une crise de la dette. La preuve par quatre -quatre préceptes considérés comme des leçons majeures tirées des années 1930.
1 Il faut une politique monétaire active

Les grosses bulles spéculatives sont toujours gonflées par le crédit, qu'elles portent sur les bulbes de tulipe au XVII e siècle, l'essor de l'Amérique au XVIII e, les compagnies ferroviaires au XIX e, Internet au XX e ou l'immobilier au XXI e. Quand la bulle éclate, ceux qui ont emprunté manquent d'argent. Les banquiers imprudents qui leur ont prêté sont aussi asphyxiés et l'économie tout entière finit par manquer d'air. C'est ce qui s'est passé en 1930, quand la Réserve fédérale des Etats-Unis a fermé le robinet monétaire. Cette fois-ci, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale ont fait l'inverse : baisse des taux d'intérêt, aujourd'hui encore voisins de 0 % aux Etats-Unis et d'à peine 1 % en Europe, prêts massifs aux institutions financières, puis achats d'actifs financiers en grande quantité - le bilan de la BCE s'élève à 2.000 milliards d'euros et celui de la Fed à plus de 2.300 milliards de dollars. Mais… il ne suffit pas d'injecter de l'argent dans le système financier pour tout régler. Même si les banques centrales font tout ce qu'il faut faire, les particuliers et les entreprises qui ont trop emprunté restent toujours trop endettés. Et ils préfèrent rembourser avant de consommer ou d'investir.
2 Il faut une politique budgétaire active

Après l'éclatement de la bulle, les consommateurs et les entrepreneurs dépensent beaucoup moins. Souvent parce qu'ils manquent d'argent, parfois parce qu'ils craignent d'en manquer. La demande s'effondre. Pour éviter le pire, l'Etat doit prendre le relais. Au début des années 1930, les pouvoirs publics font pourtant l'inverse. Partout, ils veulent réduire les dépenses pour rééquilibrer les comptes publics. Franklin Roosevelt lui-même est élu sur la promesse de réduire la dépense publique de 25 % ! Mais, ensuite, Keynes théorise l'intervention de l'Etat. Et les pays sont vraiment sortis de la crise avec l'effort de guerre, financé par un déficit budgétaire massif. Cette leçon-là a été bien apprise. Dès octobre 2008, les Etats touchés par la crise ont engagé des plans de relance. En 2009, ils ont versé plus de 3.000 milliards de dollars pour ranimer leurs économies. Mais… ils n'avaient pas l'argent en caisse. Ils ont donc dû emprunter, au point de mettre en péril leurs finances. Les investisseurs ont refusé de prêter à l'Islande puis à la Grèce. Maintenant, ils se méfient de l'Irlande et du Portugal. Demain sûrement de l'Espagne. Et après-demain, du Royaume-Uni, de la France et même des Etats-Unis. N'en déplaise à ses partisans inconditionnels, la politique budgétaire a trouvé sa limite.
3 Il faut éviter la guerre monétaire

Pour relancer l'activité quand une crise de la dette frappe un pays, il reste une solution efficace quand les leviers internes ne fonctionnent plus : affaiblir sa monnaie pour exporter plus facilement et freiner les importations. Le Royaume-Uni dévalue dès 1931, les Etats-Unis en 1933. Les pays du bloc or, dont font notamment partie la France et l'Italie, dévaluent plus tard - et leur activité repartira elle aussi plus tard. Mais la dévaluation est un jeu à somme nulle. Ce que les uns y gagnent, les autres le perdent. C'est intenable. En 1944, à Bretton Woods, les délégués de 44 pays créent donc un nouveau système monétaire international, aux parités « fixes mais ajustables ». Mais… au fil des décennies, le système s'est assoupli. Et, aujourd'hui, la monnaie redevient une arme pour protéger sa croissance au détriment des autres pays. C'est évidemment le cas en Chine, au Japon et dans les autres pays qui accumulent des montagnes de réserves de change. La tentation est forte aussi aux Etats-Unis. La pression des électeurs en souffrance est trop grande pour que leurs gouvernants puissent y résister longtemps. La « guerre des monnaies » ne fait sans doute que commencer.
4 Il faut éviter le protectionnisme

La même logique est ici à l'oeuvre : chaque pays cherche à limiter les importations pour préserver sa croissance et ses usines. Dès 1930, le Congrès américain vote une forte hausse des tarifs douaniers sur des milliers de produits. Tous les autres pays ripostent en fermant à leur tour les frontières. Le commerce international s'effondre. Plus jamais ça ! Après la guerre, à La Havane, les délégués de 23 pays signent l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, qui se muera un demi-siècle plus tard en Organisation mondiale du commerce. Et au premier sommet du G20, fin 2008, les dirigeants prennent l'engagement solennel de maintenir le libre-échange. Mais… face à une crise qui dure, les coups de canif se multiplient dans tous les pays pour préserver d'une manière ou d'une autre une industrie, une région, une entreprise. L'organisme Global Trade Alert en recense 1.339 depuis deux ans ! Comme pour la monnaie, la pression de l'opinion publique monte -et il sera difficile d'y résister.

L'on pourrait citer bien d'autres exemples -le sauvetage des banques, le rôle de la réglementation financière, la panique des gestionnaires d'actifs. La leçon de ces leçons impossibles est simple. Le problème essentiel, ce n'est pas tant la crise que ce qui l'a provoquée : une formidable accumulation de dettes. Un obèse réchappé d'un infarctus doit maigrir s'il veut survivre. Il en va de même en économie. Après l'infarctus Lehman, nous devons maigrir de toutes les dettes en excès. Il y en a pour des années.

(1) Voir une revue bien faite quoique un peu anglo-centrée : « Lessons from the 1930's Great Depression », par Nicolas Crafts et Peter Fearon, publiée en septembre 2010 par l'université de Warwick.Jean-Marc Vittori est éditorialiste aux « Echos »

L'axe Mélenchon-Villepin

Mélenchon et Villepin ont décidé de hausser le ton, à gauche et à droite. Dans des styles et des thèmes évidemment opposés, mais avec une démarche analogue. Chacun à sa manière a pris le parti de faire dégénérer en dispute le débat électoral, d'utiliser plus l'imprécation que la démonstration, d'user au besoin de l'injure pour forcer l'attention. L'un anime son combat en traitant de « salauds » certains journalistes ou en titrant son dernier livre d'un ordre de proscription (« Qu'ils s'en aillent tous ! »). L'autre, après s'en être pris à ces « connards » de parlementaires ou à ces « perroquets » de ministres, fait de Sarkozy « l'un des problèmes de la France », et de son mandat une « parenthèse politique ». L'un comme l'autre ont sans doute été réduits à ce stade exaspéré pour n'avoir pas été assez reconnus, à leurs yeux, dans leurs propres camps. Mélenchon parce que le PS a trahi le « vrai socialisme », que naturellement il représente ; Villepin parce que la droite n'a consacré ni les éminentes qualités dont il se pare, ni la légitimité dont il se réclame bien qu'il n'ait jamais été élu par personne.

Dans leurs rôles respectifs de déstabilisateur de la gauche ou de diviseur de la droite, chacun met de soi-même ce qui les rend toutefois si différents : pour Mélenchon de la truculence et une sorte de rondeur violente qui font merveille dans les sections ou les bistrots ; pour Villepin une méchanceté pincée qui fait se pâmer les salons ou les patronages. L'un tonne, l'autre siffle. Le premier déploie un courroux vilipendant les nantis, le second distille une haine personnelle contre un seul homme. Parmi les « places » que l'un veut redonner au peuple, le second se concentre sur celle qu'il exige pour lui. Un humoriste d'époque se régalerait de ce couple « Mélenchon et Galouzeau » aux sonorités louis-philippardes. A la vérité, la politique manquerait de pittoresque s'ils n'étaient pas là.

Le FN entre deux sincérités

Le Front national, désormais orphelin de son grand géniteur, est entré en campagne interne pour en désigner le successeur à son congrès de janvier prochain. Ceux qui en sont distants, et même parfois ceux qui n'y sont pas insensibles, distinguent mal ce qui peut faire débat au sein d'une telle formation (qui n'a rien du PS…). Il est vrai que les thèmes dénonciateurs de l'immigration, de l'insécurité, du « fiscalisme », des politiciens, de l'Europe ou du mondialisme constituent ensemble un corpus prégnant. Il s'y est ajouté le parti d'évoquer ouvertement quelques vrais problèmes ou authentiques démangeaisons, relégués ailleurs dans l'inconscient par diverses formes de honte ou de conformisme. En quoi Le Pen a pu faire son trou en appelant un chat un chat (pauvres chats…). C'est cette version de la sincérité qui a fait le succès de son entreprise.

Mais, aujourd'hui, la confrontation des candidats dégage deux choix différents dans la carte des sincérités. Marine Le Pen, dite plus moderne et entourée de quelques experts, lutte contre l'« islamisme » en dédouanant l'exaspération contre les immigrés. Mais elle emprunte aussi à d'autres thèmes plus classiques comme l'emploi, la vigilance protectrice de l'Etat ou la sensibilité « nationale populaire ». Les commentateurs la disent du coup plus « fréquentable », le reste étant hébergé dans les non-dits. En face, Bruno Gollnisch n'en admet aucun. Gardien du noyau dur de la doctrine, entouré de burgraves intégristes, antisémites, négationnistes, anciens d'Indochine, d'Algérie ou nostalgiques de Pétain, il assume. Sa sincérité ne s'autorise aucune concession. Desservant de la flamme, il en est au point qu'il serait prêt à quelque indulgence pour les Arabes, comme jadis le grand mufti de Jérusalem, Husseini, en avait pour les nazis. Si l'on était à l'UMP, on souhaiterait qu'il l'emporte. C'est peu probable. Il reste à rêver d'une scission.

Regardez le JT de votre jour de naissance

L'INA et Dailymotion ont passé un accord pour proposer un service permettant de regarder le JT du jour de sa naissance.
 Connaissez-vous les actualités du jour de votre naissance, ce qui « buzzait » le jour où vous avez ouvert les yeux sur ce monde ? Si tel n'est pas le cas, Dailymotion, en partenariat depuis mi-octobre avec l'Institut National de l'Audiovisuel, propose aux internautes de consulter le Journal Télévisé du jour de sa naissance.

Une offre enrichie continuellement

Pour proposer ce service, quelques 50.000 vidéos d'archives ont été mises en ligne. Sont ainsi accessibles les JT de « 1971, 1973 et 1974 (années incomplètes), puis du 13 février 1976 au 31 décembre 2008 », explique l'INA sur son site internet. Et l'Institut de préciser : « cependant, dans ces périodes, certains journaux peuvent manquer, en raison de problèmes techniques au moment de leur enregistrement, ou pour cause de grève. » Pour les JT manquants, il faudra faire preuve d'un peu de patience, l'offre étant enrichie continuellement selon l'avancée des numérisations.
Pour les natifs des années antérieures à celles proposées, l'INA ne les laisse pas sur le carreau et propose également les journaux radio de 1961 à 1974. L'occasion de revoir ou de réécouter les visages et voix célèbres qui ont fait l'information en France, de Bruno Masure à PPDA. L'occasion également de se replonger dans le passé, d'entendre parler d'URSS, de crise pétrolière ou de Valéry Giscard d'Estaing président... Des images qui ne nous rajeunissent pas.

Sarkozy et Strauss-Kahn jouent de leur face-à-face sur le G20

Les deux rivaux potentiels de 2012 se sont rencontrés mercredi à l'Elysée pour préparer le G20. Chacun a des intérêts politiques à afficher, pour l'instant, une entente cordiale.

Une entrevue mercredi en fin après-midi à l'Elysée, avec une poignée de main sous l'oeil des photographes ; des compliments appuyés la veille à la télévision - « C'est un homme pour qui j'ai beaucoup de considération ; il fait parfaitement son travail » : Nicolas Sarkozy semble décidé à profiter de la présidence française du G20 pour afficher sa complémentarité, voire sa complicité, avec Dominique Strauss-Kahn, rival potentiel des plus dangereux pour la présidentielle de 2012. Le directeur général du FMI ne se défile pas. « Le programme qui se dessine est un programme ambitieux », s'est-il félicité mercredi après la réunion. C'est que tous deux ont, à leur façon, besoin de l'autre pour préparer 2012.
Nicolas Sarkozy fait tout pour gommer ses différences avec le chouchou des sondages et rappelle à l'envi qu'il lui doit sa candidature au FMI. « Je vous rappelle qu'il était mon candidat au FMI », a-t-il affirmé mardi, en l'embrigadant un peu plus tard sur la réforme des retraites. « Strauss-Kahn estime que le meilleur moyen pour doper la croissance, c'est d'augmenter la durée de vie au travail. »
DSK est plus prudent. Lui et Sarkozy travaillent « chacun à sa place », affirme-t-il, tout en prenant soin de s'afficher « de gauche » quand le chef de l'Etat veut le droitiser, et de souligner que Nicolas Sarkozy a juste été « beau joueur » en le soutenant pour le FMI. Il n'empêche, lui aussi se prépare avec gourmandise à ce face-à-face imposé par la présidence française du G20.

Poste d'observation

En étant l'interlocuteur de Nicolas Sarkozy pendant quelques mois, il espère récupérer en stature internationale ce que Martine Aubry glane au jour le jour de légitimité politique auprès des sympathisants socialistes. Ses proches se délectent aussi d'avance du poste d'observation dont va bénéficier leur champion pour décortiquer - et critiquer en temps voulu -le fonctionnement de Nicolas Sarkozy à l'international.
Le chef de l'Etat tente de le banaliser, de démythifier l'histoire que DSK est en train d'écrire loin des Français, celle d'un FMI de gauche, par exemple. DSK s'affiche à l'inverse avec lui pour lancer à ses électeurs potentiels les signaux subliminaux que les statuts du FMI lui interdisent de faire au grand jour. Ce que les enfants appellent le jeu de la barbichette.

Trois périls pour Copé



La solution, c’est la faillite

L’Irlande risque l’effondrement financier pendant que la Grèce continue de creuser ses déficits. Mais est-ce aux contribuables de payer ? Pour Der Standard, les investisseurs, tout comme les Etats, doivent assumer les risques qu’ils ont pris. 

Josef Pröll est bon comédien. Le 16 novembre, le ministre des Finances autrichien a récité son monologue de l’inflexible créancier faisant la leçon à son débiteur. La Grèce ne respecte pas le programme de réduction des dépenses établit par l’UE et le Fonds monétaire international (FMI). Athènes fait plus de dettes qu’elle ne devrait.
Josef Pröll a menacé de ne pas verser la prochaine tranche d’aide destinée à la Grèce [elle sera finalement versée en janvier]. C’est que font généralement tous les créanciers, qu’il s’agisse d’Etats ou de banques. Ils menacent et montrent les dents mais au bout du compte finissent presque toujours par accorder un délai supplémentaire à leur débiteur : mieux vaut un débiteur mal en point qu’un débiteur mort.

Un endettement à 150% du PIB

Sauf qu’à présent, la crise de la dette dans la zone euro n’est plus un cas normal et Josef Pröll le sait parfaitement. D’après les dernières estimations corrigées de son déficit, la Grèce affiche une dette représentant près de 130 % de son PIB. D’ici à 2015, Athènes doit rembourser sa dette à 140 milliards d’euros, s'y ajoutent 90 milliards d’intérêts. Tout cela sur fond d’économie en déroute. Nul besoin d’être grand clerc pour affirmer que cela risque de mal finir.
Ce n’est pas le seul cas de faillite dans la zone euro. L’Irlande aussi se trouve au bord du gouffre. A cause du renflouement des banques, le taux d’endettement du pays devrait friser les 150 % du PIB jusqu’en 2016. Les marchés évaluent les emprunts irlandais au même niveau que ceux du Pakistan et du Venezuela. Les économistes irlandais se préparent à une faillite, avec ou sans sauvetage.

Les créanciers doivent payer leur part

Dans de telles conditions, les politiques ne peuvent guère faire plus que gagner du temps. Vue sous cet angle, la pantomime de Pröll ne paraît pas absurde. Mais simultanément, la zone euro devrait s’armer contre la prochaine vague de faillites. Il faudrait obliger les créanciers à prendre part aux coûts des faillites en question.
Cela a l’air facile, mais ce n’en serait pas moins une rupture avec les pratiques en vigueur jusqu’à présent. Ce sont d’abord les banques qui ont été menacées d’effondrement. Les contribuables les ont renflouées. Ensuite, ce sont les Etats qui ont basculé. Encore une fois, les contribuables — d’autres pays — ont dû se ruer à la rescousse.
Il faut que cela cesse. Dans le cadre du G20, on s’efforce déjà de développer le modèle d’une restructuration des banques au niveau international. La même chose est nécessaire pour les Etats. Dans l’économie de marché, il existe un système de banqueroute qui permet d’effacer une partie de la dette. Qui investit son argent à tort finit par le perdre.

Nous ne reverrons pas notre argent

Il est remarquable de constater que c’est d'Irlande que provient la critique la plus virulente quand les Allemands ont voulu installer une procédure ordonner pour une faillite étatique. L’Irlande serait vraisemblablement celle qui profiterait le plus d’un tel modèle. Pourtant, la seule évocation de cette idée a entraîné une hausse des taux d’intérêts irlandais et fait un peu plus trébucher le pays.
Mais quels que soient nos sentiments d’empathie, quand ouvrir le débat, sinon maintenant ? La crise de la dette va perdurer. Qui dit que, d’ici deux ans, le marché ne réagira pas avec la même panique ? Il est regrettable que Berlin ait fait marche arrière et reporte désormais à un avenir lointain la possibilité d’une participation des créanciers [privés] aux frais induits par l’insolvabilité d’un Etat.
C’est trop peu. La pantomime ne peut pas durer éternellement. De plus, à un moment donné, les politiques vont devoir commencer à expliquer que nous aussi, en tant que créanciers de la Grèce, nous ne reverrons pas toute la couleur de notre argent. Il n’y a certes pas de quoi se réjouir, mais ce n’est rien comparé à ce qui attend encore les Irlandais et les Grecs.





Vu d’Athènes
Le “4e Reich” ruine l’Europe !
Le 16 novembre, l’Allemagne a prévenu la Grèce que si elle ne faisait pas plus d’efforts de rigueur, elle risquait de ne pas recevoir la troisième tranche de l’aide financière européenne et du FMI décidée au printemps. Le 17, il a d’ailleurs été annoncé que ce versement de 6,5 milliards d’euros n’aurait lieu qu’en janvier, au lieu de décembre. "La confrontation est imminente, réagit To Ethnos. "Les dirigeants allemands veulent isoler tous les pays de la zone euro et d'Europe et les transformer en colonies du 4e Reich".
La vive guerre médiatique qui avait opposé les deux pays au printemps, lorsque les Allemands rechignaient à aider la Grèce, semble ravivée. "La politique économique sera donc dictée par Berlin, avec en ‘marionnettes’ les institutions européennes, et l’Allemagne va réussir a détruire le seul espoir des pays les plus fragiles : emprûnter à bas taux."
"Cette politique va renforcer la place de l'Allemagne en Europe, ajoute le quotidien. Elle est d'ailleurs déjà prépondérante, comme on le voit avec ce qui se passe en Irlande. Ce pays refuse d'appliquer le plan de rigueur et l'Allemagne fait monter la pression pour le lui imposer ! Cette tension ne détruira pas l'Europe ; à condition de mener une vraie résistance au 4e Reich."