TOUT EST DIT

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lundi 15 novembre 2010

Le sommet de l'Union pour la Méditerranée à nouveau repoussé

Malgré de nombreuses tentatives de conciliations diplomatiques, le deuxième sommet de l'Union pour la Méditerranée, prévu dimanche 21 novembre à Barcelone, a été une nouvelle fois reporté. La coprésidence franco-égyptienne de l'UPM, ainsi que l'Espagne, en ont pris la décision lundi, face à "l'évidence que le blocage actuel du processus de paix au Proche-Orient" rendrait impossible la tenue du rendez-vous dans des conditions satisfaisantes.
Français, Espagnols et Égyptiens ont pourtant concentré leurs efforts diplomatiques la semaine dernière pour éviter une nouvelle déconvenue, après un premier report du sommet dont la date initiale était fixée au 7 juin, toujours à Barcelone. L'épisode houleux de l'arraisonnement par l'armée israélienne de la flottille humanitaire à destination de Gaza avait, déjà, nécessité un temps de latence pour pouvoir réunir sans mal les quarante-trois pays de l'UPM (les vingt-sept de l'Union européenne, la Turquie, Israël et les pays arabes riverains de la Méditerranée), alors que certains pays arabes rechignaient à se retrouver autour d'une même table avec une délégation israélienne.
Mais la reprise, en octobre, des constructions israéliennes dans les territoires palestininens occupés, après la fin du moratoire sur le gel des colonies, a relancé ce blocage diplomatique, touchant directement l'institution lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy pour "construire la paix en Méditerranée". L'annonce, la semaine dernière par Israël, d'une nouvelle vague de 1 300 logements supplémentaires à Jérusalem-Est, déjà de nature à fortement compromettre le processus de paix au Proche-Orient, a particulièrement pesé dans la décision de certains pays de ne pas participer au sommet.
"LES POSITIONS ISRAÉLIENNES NE NOUS AIDENT PAS"
"Tant qu'il y a cette condition de grande crispation au Moyen-Orient, (...) tant qu'il y a ce conflit majeur israélo-arabe, c'est difficile de réunir ce sommet. (...) Il y a un blocage préventif du fait qu'on ne peut pas discuter politique", expliquait dimanche Nassif Hitti, ambassadeur de la Ligue des Etats arabes (participant à part entière à l'UPM), qui impute la responsabilité du report du sommet aux Israéliens.
L'Espagne, pays organisateur du sommet, avait pourtant envoyé mercredi un délégué spécial à Alger, pour tenter de calmer le jeu : l'amélioration de la situation au Proche-Orient était la condition centrale posée par l'Algérie avant toute participation au sommet de l'UPM. De leurs côtés, les ministères des affaires étrangères français et égyptiens s'étaient retrouvés le 11 novembre au Quai d'Orsay. Ils avaient évoqué les "obstacles sur la route du processus de paix israélo-palestinien" notamment dans "la perspective du sommet de Barcelone", après le voyage du ministre égyptien à Washington.
Mais comme l'avouait alors le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Pierre Lellouche, "les positions israéliennes ne nous aident pas. Elles n'incitent pas non plus les Arabes à venir à la table". Aucune évolution n'étant intervenue depuis ce constat (les discussions poursuivies ce week-end entre Israéliens et Américains, portant sur la question d'un nouveau gel de la colonisation, n'en étant qu'au stade des déclarations d'intention), l'annulation du sommet de Barcelone de vendredi, auparavant jugée "très probable" par de nombreux diplomates, était devenue inévitable.
PAS DE DATE POUR LE PROCHAIN SOMMET
Les experts s'accordent à dire que ce nouvel ajournement constitue un coup dur pour l'UPM : l'Egypte, la France et l'Espagne ont certes appelé lundi "à une reprise rapide des négociations entre Israéliens et Palestiniens", mais n'espèrent pas que le sommet puisse être organisé à Barcelone avant "les prochains mois". Même s'il permet de porter de l'avant des projets concrets (dépollution, transports, eau, environnement), ce partenariat ambitieux est allé depuis sa création de déconvenue en déconvenue, principalement liées à la crise israélo-palestinienne.
En outre, deux ans et demi après son lancement, l'UPM fait toujours l'objet de nombreuses "réticences" des différents partenaires, souligne l'Institut français des relations internationales. Les Etats du nord de l'Europe, plutôt portés sur les relations diplomatiques et commerciales avec l'Est et la Russie, restent sceptiques ou peu mobilisés pour ce projet. De leur côté, le Maroc, la Tunisie et la Jordanie sont plus intéressés par l'association que l'Europe leur propose, tandis que la Turquie soupçonne dans l'UPM "un substitut" à son adhésion à l'UE.

LA FRANCE RATE UN RENDEZ-VOUS AVEC LES PAYS DE LA MÉDITERRANÉE, IL EST PLUS IMPORTANT QUE L'EUROPE.
L'IDENTITÉ FRANÇAISE EST PLUS AU SUD QU'ON LE CROIT

Fillon, un "homme d'une grande rigueur"




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Baroin : "L'équipe qu'a souhaitée Sarkozy"





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BÉCASSINE EST SA COUSINE !!!




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Remaniement : un couple au gouvernement




Roselyne Bachelot rend hommage à Eric Woerth



Passation de pouvoir entre H. Morin et A. Juppé




Les Etats-Unis ont servi de "refuge" à des nazis




Borloo et Morin sonnent la révolte des centristes

Déçus par l'éviction de leurs principaux représentants, les centristes veulent s'émanciper et pensent déjà à 2012. Mais le rassemblement s'annonce difficile entre les radicaux et le Nouveau Centre.

L'UDF va-t-elle renaître de ses cendres ? L'hypothèse ne paraît plus farfelue après les appels au rassemblement du centre lancés dimanche à la suite du remaniement. Certes, la réorganisation du gouvernement, qui favorise les chiraquiens et soigne les sarkozystes, a plongé la famille centriste dans un profond malaise. Mais l'éviction de Jean-Louis Borloo et d'Hervé Morin du gouvernement pourrait servir d'électrochoc et relancer le processus de recomposition d'un centre émietté depuis 2007.
Chez les deux intéressés, la frustration a en tout cas rapidement laissé sa place à des ambitions à peine voilées. Dimanche, le président du parti radical et son homologue du Nouveau Centre ont tous deux profité de leur liberté de parole retrouvée. Avant même l'annonce du nouveau gouvernement, le ministre sortant de l'Ecologie a annoncé par communiqué avoir «choisi de ne pas appartenir» à la nouvelle équipe et vouloir se concentrer sur ses «valeurs, qui ne sont pas de circonstances» dans la nouvelle équipe gouvernementale. A demi-mots, Jean-Louis Borloo rompt ainsi avec le nouveau cap de l'exécutif et cherche à se placer au cœur du la conquête du centre. Quant à l'ancien ministre de la Défense, il ne mâche pas ses mots : «J'ai vu apparaître une équipe de campagne électorale, UMP, je pourrais même dire proche du RPR, je le regrette», lâche Morin. Et de rappeler sa volonté de «voir une voix centriste indépendante présente lors des prochaines échéances électorales»:
L'Elysée en ligne de mire

Ses ambitions pour 2012, Hervé Morin les a toujours affichées. Désormais débarrassé des obligations gouvernementales, il compte désormais mettre son plan a exécution : rassembler la famille centriste autour du Nouveau Centre, qui, à la différence du parti radical, n'est pas associé à l'UMP. Un «avantage» que le parti d'Hervé Morin pourrait ne pas conserver longtemps. «Il y a aujourd'hui de la part de ses dirigeants la nette volonté de voir le Parti radical s'émanciper de l'UMP tout en restant dans la majorité», a souligné dès dimanche Laurent Hénart, le numéro 2 des radicaux. Jean-Louis Borloo pourrait ainsi quitter son poste de vice-président du parti majoritaire pour mener à bien le rassemblement des centristes.
Valérie Létard, proche de Borloo, à ce sujet:

Un premier pas vers une candidature en 2012 ? Du côté des radicaux, on assure vouloir d'abord rassembler. «Il ne s'agit pas de mettre à mal la majorité présidentielle dont le candidat naturel est le président», relativise Yves Jégo. «Le rôle de Borloo sera de participer à la réunification des centristes pour mieux peser sur les choix politiques dans les 18 mois qui viennent», prédit, de son côté l'UMP Pierre Méhaignerie (ex-UDF). La prudence reste donc de mise, mais une candidature de Borloo, populaire dans l'opinion, serait vue d'un bon œil au centre, y compris par certains membres du Nouveau Centre qui doutent des capacités d'Hervé Morin à créer le consensus.

Si le mouvement d'émancipation des centristes est bel est bien lancé, la question du leadership est donc loin d'être réglée. En témoigne l'ordre dispersé des réunions prévues lundi : Hervé Morin va réunir ses troupes dans la journée et Jean-Louis Borloo a prévu de faire de même dans la soirée à l'Assemblée nationale. Il devrait y préciser les contours de son projet de «confédération des centres», à laquelle la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel, lui aussi évincé du gouvernement, a déjà accepté de participer. L'Alliance Centriste de Jean Arthuis, qui milite depuis longtemps pour le retour de l'UDF, pourrait également rejoindre le mouvement. Mais si cette nouvelle union centriste a des chances de voir le jour, elle devra régler l'épineuse question des relations avec François Bayrou et Dominique de Villepin, qui ne font guère de mystères sur leurs ambitions présidentielles. La guerre du centre aura bien lieu.

Un gouvernement RPR



Le gouvernement s'installe, les problèmes s'esquissent

Le nouveau gouvernement français, marqué par une stabilité aux postes importants, devait s'installer lundi alors que les problèmes politiques posés par un remaniement préparé pendant six mois s'esquissent.
Les premières cérémonies de passation de pouvoirs étaient prévues dans la journée. Le premier conseil des ministres est programmé pour mercredi matin.
Le Premier ministre François Fillon et les titulaires des portefeuilles de l'Economie (Christine Lagarde), du Budget (François Baroin) et de l'Intérieur (Brice Hortefeux) sont reconduits, tandis que sont chassées les personnalités issues de la gauche comme Bernard Kouchner (Affaires étrangères) et que font leur retour des poids lourds de la droite comme Alain Juppé (Défense).
Christine Lagarde a résumé la vision du pouvoir sur ce remaniement, en le qualifiant de "totalement révolutionnaire" avec une pointe d'ironie.
"Le principe de la Révolution c'est que vous faites un tour complet à 360°", a-t-elle dit sur France Info.
Elle a confirmé que la réforme fiscale déjà annoncée avant le remaniement compterait parmi ses principales tâches.
"Nous avons à retravailler toutes les questions fiscales, en particulier dans une perspective de convergence avec l'Allemagne", a-t-elle dit.
Priée de dire si elle était favorable à la suppression de l'ISF (Impôt de solidarité sur la fortune), elle n'a pas répondu directement, déclarant : "je suis favorable à un régime fiscal qui soit de nature à encourager la localisation sur le territoire français, l'investissement et qui ne pèse pas lourdement sur le travail".
Ce dossier a déjà été lancé avec notamment l'idée de supprimer éventuellement le "bouclier fiscal", dispositif très contesté qui profite aux plus favorisés, en même temps que l'ISF qui taxe les patrimoines importants.
BERTRAND PARLE DE "NOUVELLE ÉTAPE"
Sur RTL, le nouveau ministre du Travail, Xavier Bertrand, de retour au gouvernement après un passage à la tête de l'UMP, a salué "une nouvelle étape de la vie politique".
Il envisage de mener à bien la réforme de l'hôpital et a expliqué qu'il s'était entretenu dès dimanche soir au téléphone avec les syndicats.
La gauche estime que ce changement de gouvernement, envisagé depuis mars dernier, ne permettra aucun changement de politique. Il exprime plutôt à ses yeux la volonté de Nicolas Sarkozy de resserrer les rangs de la droite en vue de la présidentielle de 2012.
Outre Alain Juppé à la Défense, une ancienne proche de Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, est transférée de la Justice aux Affaires étrangères, tandis que François Baroin, protégé de l'ancien président et confirmé comme ministre du Budget, devient de plus porte-parole du gouvernement.
Les centristes, qui ont manqué Matignon avec Jean-Louis Borloo et voient le ministre de la Défense Hervé Morin chassé du gouvernement, ont également jugé être les sacrifiés de ce remaniement, même si l'un des leurs, Michel Mercier, devient ministre de la Justice.
Jean-Louis Borloo a déclaré dès dimanche dans un communiqué qu'il retrouvait sa "liberté de parole". Hervé Morin, qui a déjà annoncé son intention de se présenter en 2012, a également exprimé sa volonté de rassembler autour de son parti, le Nouveau centre, toujours officiellement allié de l'UMP.
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, rêve de prendre la tête des personnalités de droite qui se retrouvent en marge du pouvoir.
"Il faut s'élargir, il faut s'ouvrir, (il faut) en France une grande coalition de bonnes volontés. Les gaullistes sont là, disponibles. Il y a les radicaux, il y a les centristes. La politique doit traduire les envies des Français", a-t-il dit sur Canal+.
Les commentateurs retiennent notamment le fait que François Fillon, donné partant mi-octobre, ait obtenu son maintien. Ils jugent qu'il en sort renforcé et pourra être cette fois à l'origine des décisions.
"Fillon garde Sarkozy", titre ainsi Libération tandis que la Tribune opte pour "L'hyper-Premier ministre".

Fracture centriste au sein de la majorité



Fillon III : après l’ouverture, le rassemblement



La presse voit dans le remaniement une victoire de François Fillon

"Gouvernement de crise" pour les uns, "équipe de campagne" pour les autres, chacun y est allé de sa petite phrase dimanche soir pour qualifier le nouveau gouvernement. Lundi 15 novembre, les éditorialistes sont tous d'acord sur un point : le choix de Nicolas Sarkozy est celui de la continuité, assortie d'un retour en force de la droite traditionnelle.

En faisant le choix de reconduire son premier ministre après des semaines de spéculation sur l'identité de son successeur, Nicolas Sarkozy a conforté François Fillon, qui hérite du nouveau titre d'"hyper-premier ministre", terme employé notamment par Libération et La Tribune. Le quotidien économique estime que la résurrection du chef du gouvernement est due à son caractère fait de "rigueur, constance, sérieux à la limite de l'ennuyeux" : "Le premier ministre a su jouer de sa popularité au sein de l'électorat de droite et surtout de l'estime que lui portent les parlementaires de l'UMP."
"SARKOZY N'A PAS PU DIRE NON"

Une analyse partagée par Le Figaro, pour qui François Fillon s'est imposé grâce à sa popularité et à l'appui du camp majoritaire. Le chef de l'Etat a ainsi dit non au "virage social", une idée "surtout séduisante sur le papier", qu'aurait incarnée le centriste Jean-Louis Borloo, un temps donné favori pour succéder Fillon.
Pour Les Echos, "Sarkozy n'a pas pu dire non" à un premier ministre devenu son indispensable complément. Se détachant des analyses soulignant le caractère vain de ce remaniement, le quotidien économique y voit un vrai signe de changement. "Que l'un comme l'autre en aient conclu qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner en reprenant chacun leur liberté, un an et demi avant la fin du quinquennat, crée une situation beaucoup plus nouvelle que pourrait le laisser penser le flot de commentaires déversés depuis hier sur l'air du 'tout ça pour ça'" – expression utilisée notamment par France-Soir. Finalement, Les Echos, saluent la "constance" avec laquelle le président de la République a mené "une politique de réformes de grande ampleur".
Pour Le Figaro, il est clair que "la page de l'ouverture à gauche est tournée". Libération souligne également "la fin officielle de toute ouverture", mais surtout "le resserrement sur une équipe d'affidés destinée à faire campagne plutôt qu'à gouverner". Toute la presse a en tête l'échéance de 2012, et le choix de Nicolas Sarkozy semble avant tout lié à la volonté de rassembler son camp.
LE RETOUR EN FORCE DE L'UMP
"La mascarade", va jusqu'à titrer, dans son édition papier, L'Humanité, qui estime que ce remaniement "piteux" est fait pour "serrer les boulons dans la perspective des dix-huit mois de mandat présidentiel restant". "Nicolas Sarkozy a choisi d'accélérer la mise en œuvre d'une société ultralibérale, avec une liquidation des acquis sociaux et un pressurage des familles modestes et des classes moyennes", affirme le journal. Après des mois de feuilleton médiatique, l'issue est tout aussi décevante pour Libération : "La montagne de communication accouche d'une souris politique et la continuité prévaut largement sur le changement. (...) Ce devait être un électrochoc. C'est une panne de courant", affirme Laurent Joffrin sous le titre "Renoncement".
"Sarkozy ouvre à droite et fâche le centre", confirme enfin Le Parisien-Aujourd'hui en France (lien payant). Le centre, et en premier lieu Jean-Louis Borloo, qui "ne va pas être un allié simple pour l'UMP", met en garde Le Figaro.

Comment François Fillon a gagné la bataille de Matignon

Le premier ministre est parvenu à s'imposer après avoir remporté son bras de fer avec Jean-Louis Borloo.

Samedi soir, à la nuit tombée. Une longue poignée de main sur le perron de l'Élysée. François Fillon vient de remettre sa démission au président, qui l'a acceptée. Prévenant et chaleureux, Nicolas Sarkozy retient la main de François Fillon dans la sienne. La seconde s'éternise. À quoi pense le premier ministre, en cet instant? À la victoire qu'il vient de remporter sur son rival Jean-Louis Borloo? Au fait que Nicolas Sarkozy, en le reconduisant, signifie qu'il ne peut pas se passer de lui? À ce sondage, paru dans l'hebdomadaire Marianne, qui le donne vainqueur contre Martine Aubry en 2012, alors que Nicolas Sarkozy est donné vaincu?
À quoi pense-t-il, alors que le président pose sa main sur son bras, pour faire durer la poignée de main, devant les photographes? Aux humiliations des premiers mois du quinquennat? À ce mot - «collaborateur» -, lâché par le président pour le qualifier, reçu comme une gifle? Au terrain gagné depuis, notamment dans le cœur des élus de l'UMP? Au «supplice chinois» de ces deux derniers mois: «partira? partira pas?»
Tout a commencé à la fin de l'été, avec cette «forestière»: une veste de coton bleu à col Mao, portée par le premier ministre quand il arrive au fort de Brégançon, le 20 août, pour une réunion sur la croissance avec le président. Cette décontraction affichée relance l'hypothèse d'un départ. «Quand j'ai vu la veste sur LCI, je me suis dit: “aïe… qu'est-ce qu'on ne va pas entendre…”!», se souvient un collaborateur de Fillon. Le compte à rebours pour la «nouvelle étape» annoncée par Sarkozy après les régionales a commencé. Et Fillon se sait en sursis. «On a fait beaucoup de choses depuis 2007, bon… Mais trois ans et demi, c'est long», lui a glissé le président à Brégançon. Fillon sait aussi que l'entourage du chef de l'État ne lui est pas favorable: les principaux conseillers élyséens plaident pour un changement à Matignon, afin d'incarner un «nouveau souffle». Ils font campagne pour Jean-Louis Borloo et son «profil social». Le puissant secrétaire général, Claude Guéant, entretient des relations tendues avec François Fillon. Quant au conseiller spécial Henri Guaino, il estime que la légitimité du premier ministre ne peut découler que du seul président. Pas de la majorité, encore moins de l'opinion. «Je ne vois pas comment on peut continuer comme cela!», tempête-t-il. À Matignon, on fait le dos rond: «Si Fillon s'en va, ce ne sera pas un désaveu, il n'a plus rien à prouver…»

Des conseillers divisés

Tout au long du mois de septembre, les interventions de Fillon résonnent comme des adieux. Il prend ses distances avec le discours de Grenoble: «Chacun a sa sensibilité.» Et rappelle que Sarkozy n'a jamais été son «mentor». Ses amis le sentent un peu las, en retrait. Devant un député UMP qui l'apostrophe dans les couloirs de l'Assemblée pour lui dire qu'il ne votera pas la déchéance de la nationalité pour certains étrangers délinquants, Fillon se lâche: «Et encore, si tu savais ce que j'ai entendu à la réunion d'arbitrage à l'Élysée!» Au cours d'une autre réunion, alors que Nicolas Sarkozy parle fiscalité, le premier ministre envoie des SMS moqueurs à Jean-François Copé et Alain Lambert, deux anciens ministres du Budget. «À ce moment-là, Fillon est sur le départ, analyse un proche. Il fait le service minimum. Dans son esprit, les carottes sont cuites.»
À Matignon, le temps est suspendu. Des interministérielles sont repoussées sine die. Et les conseillers envoient leur CV. Les proches de Fillon sont eux-mêmes divisés sur l'opportunité de rester. Partisan d'un maintien, le fidèle conseiller Jean de Boishue lui rédige une note: «Les Français ne comprendraient pas que tu t'en ailles. Tu n'auras rien à gagner à faire une traversée du désert.» D'autres, au contraire, plaident pour un départ: «Tu partirais avec une popularité exceptionnelle, tu as mené à bien les grandes réformes du quinquennat, tu es devenu l'homme fort de la majorité, pourquoi prendre le risque de rester? Prends du recul et fais fructifier ce capital, au cas où…»
François Fillon reçoit, écoute. Mais se livre peu. «Il a quelque chose d'un empereur chinois retiré dans son palais», s'amuse un conseiller. En réalité, il hésite vraiment. «Ça dépend des jours, décrypte un proche. Il a plutôt envie de rester mais pas à n'importe quelles conditions.» «Pas-à-n'impor-te-quelles-con-di-tions»: c'est ce que l'orgueilleux Fillon martèle tout au long de ce mois d'octobre. Le premier ministre veut peser. Il ne veut plus des conseillers du président, omniprésents. Et souhaite que Nicolas Sarkozy, qui sera absorbé par la présidence du G20, lui laisse le champ libre sur la scène intérieure. «Le premier ministre veut revenir à un fonctionnement normal des institutions, explique un ministre. Il pense que c'est la condition de la victoire en 2012!»

Les doutes de Sarkozy

C'est la crise de l'essence, pendant le conflit sur les retraites, qui joue le rôle de déclencheur. L'intervention du premier ministre sur TF1, le 17 octobre, est ratée: Fillon assure qu'il n'y aura pas de «pénurie» d'essence, alors que les automobilistes trouvent des stations fermées tout le week-end. Fillon ne décolère pas: «Borloo est un zozo, il m'a fait passer pour un con!» Le lundi soir, sa communicante Myriam Lévy, et le conseiller de Jean-Louis Borloo, Benoît Parayre, s'écharpent pendant une réunion de calage, à Matignon: «Vos infos n'étaient pas fiables…», tempête Lévy. C'est exaspéré que Fillon part le week-end qui suit dans la Sarthe. Il veut faire le point au calme, dans son manoir de Solesmes. «Il avait besoin de laisser décanter», raconte un proche. Quand il rentre à Paris, Fillon veut en découdre. «Il a été piqué au vif par la campagne de Borloo qui, en plus, lui donnait des leçons en matière sociale», explique le député UMP Jean-François Lamour. Dans les couloirs de l'Assemblée, un député UMP apostrophe Fillon, à l'issue d'une séance de questions: «Tu as changé de stratégie, non? Tu te vois rester?» Fillon sourit, mystérieux: «Nobody knows…»
À l'Élysée, Sarkozy commence à douter. Son conseiller politique, Olivier Biancarelli, répète que les parlementaires de la majorité - qui se succèdent à l'Élysée - ne veulent pas de Jean-Louis Borloo. Sa gestion de la crise de l'essence est critiquée. Et son côté «décalé» ne rassure ni les élus ni l'électorat de droite. Le chef de l'État doit aussi répondre à une question, lancinante: si Borloo arrive à Matignon, que faire de Fillon? «Sarkozy se dit: si je suis trop bas dans les sondages avant 2012, qui voudra me tuer le premier? analyse un député. Il ne peut pas se permettre de laisser Fillon à l'extérieur du système, en position de recours…» Devant ses visiteurs, Sarkozy cesse de chanter les louanges de ce «Borloo de Valenciennes» qui pourrait l'aider à rétablir du consensus social, à dix-huit mois de la présidentielle. «On dit que je ne m'entends pas avec Fillon, c'est faux», lance-t-il devant un visiteur du soir.
Le vent tourne. Lors de leur tête-à-tête hebdomadaire, le 26 octobre, Sarkozy est tout miel. «Tout d'un coup, c'était ami-ami», raconte Fillon le jour même à un député UMP, dans les couloirs de l'Assemblée. Le député, ravi: «Nicolas ne sait pas par qui te remplacer, c'est ça?» Fillon, dans un demi-sourire: «C'est ça, oui…» Le député décrypte: «Il était à la fois soulagé et inquiet. Il sent qu'il va devoir se plier aux conditions posées par Sarkozy. Et ça ne lui plaît pas.» De fait: le chef de l'État a exigé de son premier ministre qu'il fasse part de son «envie» de rester à Matignon. Conscient qu'il a moins le choix qu'il a voulu le laisser croire, Sarkozy veut garder la main. En poussant Fillon à sortir du bois, il inverse habilement le rapport de forces. «Sarkozy veut faire passer Fillon pour quelqu'un qui s'accroche, décrypte un député UMP. Ce faisant, il réduit la marge de manœuvre de Fillon, qui voulait assortir son maintien d'un certain nombre de conditions.»

Piège et stratégies

Fillon a senti le piège mais il n'a pas le choix. Il peaufine sa stratégie pendant le week-end de la Toussaint. Le dimanche soir, il voit Brice Hortefeux: «Tu devrais prendre le thème de la réforme», lui conseille l'ami du président. Une intervention devant les ingénieurs, à la veille d'un déplacement de Sarkozy avec Borloo et Baroin, est identifiée comme fenêtre de tir. Fillon travaille son discours avec ses plus proches conseillers: Jean-Paul Faugère et Igor Mitrofanoff. La phrase qu'il prononcera le soir même à Matignon est pesée au trébuchet: «Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce qu'on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action et parce que le redressement de la France réclame de la durée.» Myriam Lévy s'assure que les journalistes ne laissent pas échapper la phrase: «Allez page 7…!»
Le vent a tourné. «Le président souhaitait savoir, avant de faire son choix, quelles étaient les intentions du premier ministre, confie Claude Guéant au Figaro le lendemain du discours. Son intervention est un élément de clarification.» «À Matignon, ils défont les cartons!», s'amuse un ministre. Fillon qui n'était plus sorti sur le terrain depuis septembre s'offre le luxe d'un déplacement, le lundi suivant. Il se rend en banlieue, parler de politique de la ville. Une nouvelle pierre dans le jardin de son rival. Le premier ministre répète que le pays a besoin de «continuité». Mais il n'en rajoute pas. Il sait qu'il a gagné. «Fillon est bien trop habile pour triompher», décrypte un ministre.
Les jours qui suivent, le premier ministre consulte. Il teste des idées, réfléchit à son discours de politique générale, en lien avec l'Élysée. Mais il reste un sujet d'inquiétude: une nomination de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Fillon redoute de se voir cantonné à un rôle de gestionnaire à Matignon, avec un Copé suractif et fer de lance de la campagne de 2012. Samedi, lors de son tête-à-tête avec Sarkozy, le premier ministre tente de le dissuader de nommer le patron des députés UMP à la tête du parti: «Il nous faut des poids lourds au gouvernement, prends Copé à l'Intérieur!» En vain.
Le lendemain, sa nomination est officialisée par l'Élysée. François Fillon fait savoir dans un communiqué qu'il «s'engage avec détermination dans une nouvelle étape». Une nouvelle étape qui, sur RTL, fait rêver son père, Michel Fillon: «Il nous étonne sans arrêt cet enfant», «je suis persuadé qu'il ferait un très bon président de la République.»

Le commentaire politique de Christophe Barbier


Ruptures


On l'entend bien dans les commentaires qui fusent depuis hier, il a déçu, notre Président. Il nous avait habitués à ne jamais rien faire comme les autres, et le voici qui échoue à nous surprendre, après une si longue attente. Est-ce bien le même Nicolas Sarkozy qui a fêté sa victoire au Fouquet's, qui a séduit une mannequin-chanteuse, et qui nous sert aujourd'hui Fillon après Fillon ? Borloo, c'eût été plus rigolo, surtout selon ses adversaires, et Baroin, plus glamour. Mais attention, l'erreur serait de croire qu'avec François Fillon, ce sera plus calme et ennuyeux. Au contraire : le tandem Sarkozy-Fillon a fait ses preuves, il s'y connaît pour bousculer le pays, changer ses lois et ses habitudes, et remplir les rues de manifestants. Prolonger Fillon, c'est prolonger la rupture et engager de nouvelles réformes, sans pause ni inflexion.
Fillon reste ? Attachez vos ceintures !

Recyclage à tous les étages

Geste citoyen, pensiez-vous ? Bien plus que ça. Le recyclage, procédé qui consiste à réutiliser partiellement ou totalement les matériaux composant un produit en bout de course, est en passe de devenir un mode de vie, une religion. Et même une addiction.

Recyclage, donc, aux assises des Verts et associés à Lyon, hier, où la grande affaire du jour était d’appliquer à soi-même ce geste écolo de base tant prôné. Pas facile de fondre les idées des uns et des autres pour fusionner dans un parti renouvelé. Cette bâtisse en matériau composite doit maintenant résister aux vents contraires, jusqu’à la présidentielle.

Recyclage également pour le petit écran et l’industrie musicale qui dépoussièrent tubes, chanteurs et refrains dans une grande communion nostalgique des « années bonheur ». Eddy Mitchell fait son « come-back », Michel Sardou chante « les femmes des années 2010 », Daniel Guichard et son « Vieux » s’arrachent sur les plateaux télé, jusqu’à Salvatore Adamo et Guy Béart, 80 ans, dont les nouveaux albums font figure d’événements planétaires.

Recyclage, enfin, au programme du président de la République ce week-end. À peine revenu du G20, Nicolas Sarkozy, à la recherche du graal, ne peut plus repousser sa délicate alchimie : refondre François Fillon en un Premier ministre nouveau et opérer un tri sélectif entre les ministres que l’on garde et ceux dont on se sépare. Ce gouvernement recyclé emballera-t-il les Français ?

Tête-à-queue

C'est un tournant, mais pas celui que Nicolas Sarkozy avait dessiné sur la carte de son quinquennat. Hier, c'est même un tête-à-queue que le chef de l'État a fait sur son itinéraire.
Rien, décidément, ne s'est passé comme il l'avait imaginé. Après l'été sécuritaire, on devait passer au final social. A un premier ministre rigoureux devait succéder un finisseur généreux. Si le remaniement avait été annoncé avec une anticipation iconoclaste, c'est parce qu'il avait été inscrit, longtemps à l'avance, comme un point de bascule. Un point de rendez-vous du président avec l'histoire de son mandat.
C'est raté. Le président a dû renommer à Matignon celui qu'il s'était décidé à écarter. François Fillon revient vivant du cimetière des anciens Premiers ministres. Perdu pour perdu, il a pris tous les risques pour finalement gagner son bras de fer avec l'Élysée. Le pouvoir sourit aux audacieux. Le chef du gouvernement gagne sur tous les tableaux : non seulement, il reste, mais il conquiert une extension de son autonomie politique, et un rééquilibrage de l'exécutif à son profit. Un revers pour le concept de l'hyperprésidence infligé par celui qui avait conceptualisé la disparition de la fonction de Premier ministre : amusant, non ?
Le grand remaniement avorté, qui a semblé si insignifiant à première vue, comptera plus pour ses effets secondaires que pour les personnalités qu'il a mises en scène. Ce banal jeu de chaises musicales, avec quelques entrants et 16 sortants, n'est qu'une de ces opérations recyclage que la Ve République a collectionnées depuis un demi-siècle. Personne n'imagine que le parachutage d'Alain Juppé à la Défense ou l'accostage de Michèle Alliot-Marie au quai d'Orsay sont de nature à provoquer un électrochoc dans la société française post-crise. En revanche, le bye-bye de Jean-Louis Borloo et la très mauvaise humeur des centristes à l'égard de cette équipe qu'ils jugent « trop RPR » résonnent en écho aux craquements de l'union de la majorité. Les ressentiments et les reproches congelés commencent à être sortis de la chambre froide de l'UMP. Gare aux bactéries de division qui risquent bien de proliférer avant la prochaine présidentielle.
Quant à l'ouverture, RIP (Rest in peace) comme on dit sur Twitter. Qu'elle repose en paix, emportant avec elle la « diversité », Bernard Kouchner, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel ou Rama Yade dans le tourbillon des illusions évanouies. Le président s'est délesté de ces avatars progressistes de 2007. Mais le très ambigu ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale est passé lui aussi à la trappe. Une bonne nouvelle, comme celle de l'arrivée d'un Alsacien, Philippe Richert, à un poste nécessaire où il pourra déployer de vraies compétences. Enfin un peu de logique dans cet épisode fou.


Objectif 2012


La surprise, c'est qu'il n'y en a pas. Après quatre mois et demi de sursis démobilisateur et de rivalités usantes, Nicolas Sarkozy a tranché dans une relative précipitation. La promulgation ultrarapide de la réforme des retraites et son retour anticipé de Séoul ont montré qu'il était devenu urgent de décider. Sans réussir à imposer ses premiers choix.

Il confirme François Fillon, devenu son complément inséparable, par raison plus que par passion. Il provoque le départ du populaire Jean-Louis Borloo, affaibli par la crise des carburants, remplacé par sa rivale Nathalie Kosciusko-Morizet. Et il se résout à nommer l'ambitieux Jean-François Copé à la tête de l'UMP.

Un remaniement pour quoi faire ? Pas de nouveau cap dès lors que la politique annoncée est celle de la continuité. Le gouvernement communiquera beaucoup sur les solidarités, la dépendance et la sécurité. En réalité, l'état des comptes ne permet pas d'aller très loin.

Pas grand-chose de différent dès lors que l'on conserve le même Premier ministre, que le budget 2011 est quasiment voté et que la réduction des déficits reste la priorité.

Pas grand-chose d'imprévu dès lors qu'en période présidentielle il ne peut guère y avoir d'écart entre le Président et son Premier ministre. C'est ainsi que le Président préfère avoir ce Premier ministre émancipé avec lui que contre lui. On ne fait pas sans risque un martyr d'un homme plus populaire que vous.

Malgré le retour de deux poids lourds - Alain Juppé, Xavier Bertrand - on reste donc étonné par l'importance accordée à ce remaniement et par l'ampleur de l'onde de choc qu'il est supposé produire dans l'opinion.

L'enjeu du centre

Vue de l'Élysée, l'opération doit surtout servir à mobiliser l'électorat traditionnel de droite que l'hypothèse Borloo divisait. Nicolas Sarkozy accorde, en effet, une grande attention au score du premier tour de la présidentielle et à la capacité de nuisance de Marine Le Pen et de Dominique de Villepin.

D'un point de vue tactique, ce resserrement - moins de centristes, moins de femmes, moins d'ouverture, plus d'UMP - présente un petit avantage et un gros inconvénient.

L'inconvénient : entre une majorité qui se droitise et une Martine Aubry tirée par la manche gauche, s'ouvre, au centre, une vaste zone d'incertitude. C'est là que l'hypothèse Borloo à Matignon prenait tout son sens : tôt ou tard, Nicolas Sarkozy aura besoin d'élargir son socle électoral. L'image sociale et écologique du ministre de l'Environnement semblait parfaite pour refroidir Bayrou, affaiblir Villepin, décourager Morin et enquiquiner la gauche.

C'est dire si Jean-Louis Borloo, amer et libre de parole, va compter. Comme fédérateur des centres fâchés d'être considérés comme la cinquième roue du carrosse majoritaire. Comme compétiteur possible en 2012, au risque d'aider Marine Le Pen à accéder au second tour.

Un avantage : avec ce gouvernement de campagne et un parti en ordre de marche pour 2012, l'UMP prend une longueur d'avance sur le PS, qui risque de rester cacophonique, tant qu'il ne connaîtra pas le vainqueur des primaires, dans un an. Face à un Nicolas Sarkozy même affaibli, le calendrier socialiste paraît de plus en plus intenable.

Les Vénitiens refusent que leur ville se transforme en "parc à thème"

Les habitants de Venise (nord de l'Italie) ont manifesté dimanche avec ironie contre la montée des prix et l'afflux des touristes dénonçant la transformation de leur ville historique en une sorte de parc à thème, un "Veniceland" sur le modèle de "Dysneyland".
"Venise s'est transformée en un parc de loisirs pour les vingt millions de touristes qui nous envahissent en toute innocence chaque année", affirme dans un communiqué Matteo Secchi, porte-parole du groupe à l'initiative de la manifestation.
"Tout ce que nous pouvons faire maintenant c'est organiser une fête pour inaugurer le nouveau parc à thème "Veniceland", ajoute-t-il.

La manifestation constitue une provocation pour les responsables de la gestion de la ville qui ne semblent pas en mesure d'inverser la tendance.
Les manifestants, qui ont revêtu des costumes caractéristiques des animateurs des parcs à thème ont emprunté une dizaine de gondoles et ont organisé une longue procession le long du Grand Canal sous les yeux des touristes interloqués. Ils se sont ensuite rendus à la gare ferroviaire où ils ont vendu des tickets d'entrée pour "Veniceland"...
Le maire de Venise, Giorgio Orsoni, a publié de son côté un communiqué dans lequel il s'engage à travailler avec "Venessia", le groupe qui a pris l'initiative de la manifestation, "afin de trouver les meilleures solutions en vue d'une action possible".
"J'espère que votre manifestation parviendra par... la joie, l'esprit ludique et la bonne humeur, à soulever les questions que notre administration doit traiter" a-t-il souligné.

Internet : surveiller les surveillants


C'est la face sombre de l'Internet, celle que l'on fait souvent semblant d'ignorer et qui se rappelle à nous avec insistance : l'essentiel de l'économie de la Toile repose sur l'espionnage. En termes policés on appelle cela du profilage marketing, histoire de rappeler que les études de profils de consommateurs et la segmentation sont vieilles comme le monde industriel. Mais il en va de l'Internet comme de la Chine moderne : l'échelle change tout.


Point de convergence absolu, la Toile absorbe la connaissance humaine à grande vitesse. Données personnelles, professionnelles, publiques et privées s'accumulent dans les salles climatisées d'immenses usines à ordinateurs perdues dans le « nuage » de l'Internet… mais toujours accessibles aux petits malins. Lors de la dernière campagne électorale américaine, des citoyens lambda ont eu la surprise de recevoir des invitations et propositions précises de candidats connaissant manifestement tout de leurs inclinations politiques et de leurs goûts personnels, voire de leur état de santé. Les sites marchands inondent nos ordinateurs de petits logiciels espions dont la plupart ne sont là que pour épier nos moindres faits et gestes. Ces milliards d'informations sont ensuite compilées dans tous les sens et revendues aux plus offrant sur un marché très actif. Des données tellement sophistiquées qu'elles permettent aux publicitaires de cibler non plus un site, mais l'individu lui-même, suivi tout au long de son parcours. C'est ce qui fait la fortune de Google ou de de Facebook.


Il n'y a que trois moyens de limiter ces abus. L'autorégulation des acteurs a toujours été privilégiée par les Américains, qui ne veulent pas brider l'innovation d'un secteur qu'ils dominent mondialement. Ses limites sont celles de la conscience humaine face à la tentation de la fortune. Deuxième solution, la technologie. Elle existe, se développe et est efficace. Les navigateurs Internet ont fait d'énormes progrès. Mais elle demande une longue appropriation et les moyens de la contourner progressent généralement à la même vitesse. Reste l'Etat qui intervient par la loi, ne serait-ce que pour défendre les plus faibles. C'est ce que fait l'Europe depuis les années 2000 et ce qu'envisage désormais l'administration Obama. La vie en société se réorganise autour du cyberespace. Comme toute société, il est vain d'imaginer qu'elle puisse se passer de lois et de gendarmes.

L'illusion de la convergence fiscale franco-allemande


ce soir-là, la présidente du Medef, Laurence Parisot, en est restée bouche bée. Invitée à dîner, mardi 12 octobre, à Berlin, par le patron de l'industrie allemande, Hans-Peter Keitel, en compagnie de deux de leurs homologues européens, la Britannique Helen Alexander (CBI) et l'Italienne Emma Marcegaglia (Cofindustria), la Française venait d'évoquer la place prise, dans le débat économique en France, par le projet de convergence fiscale franco-allemande. « Pas une semaine ne passe sans que le sujet ne soit évoqué », venait d'expliquer une Laurence Parisot pleine d'espoir, ne s'attendant pas à moins d'enthousiasme côté allemand. Au lieu de cela, Hans-Peter Keitel écarquilla de grands yeux, comme s'il découvrait le sujet. L'anecdote en dit long sur le différentiel d'intérêt des deux pays. Or, pour converger comme pour se marier, il est préférable d'être deux…

C'est le premier obstacle au projet, et pas le moindre. En dépit de l'accord de principe donné à Paris, mercredi 21 juillet, par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, il serait bien audacieux, outre-Rhin, de parler d'adhésion politique à cette idée française. Cette circonspection s'explique aisément tant il est difficile de voir ce que l'économie allemande pourrait avoir intérêt à emprunter à la fiscalité française. A vrai dire, la seule de nos réformes fiscales qui y ait suscité récemment une curiosité bienveillante est le triplement du crédit d'impôt recherche (CIR), lequel permet aux entreprises d'être remboursées par l'Etat d'une bonne partie (environ 30 %) de leurs dépenses de R&D.

Quoique les PME allemandes soient déjà des championnes de l'innovation, l'organisation patronale milite depuis quelque temps pour que l'Allemagne adopte un dispositif fiscal similaire au CIR. Pendant la campagne législative de 2009, la plupart des partis, exception faite de la gauche radicale (Die Linke), s'étaient ralliés à l'idée. Et, début octobre encore, la ministre de l'Education et de la Recherche, Annette Schavan, plaidait en faveur de l'introduction d'une forme de crédit d'impôt recherche. Toutefois, celle-ci reste peu probable dans un pays qui préfère traditionnellement aux réductions d'impôt non seulement des aides plus directes aux projets de recherche des entreprises, mais surtout un cadre accommodant pour l'innovation privée (qualification de la main-d'oeuvre, simplifications administratives…).

Côté français, la volonté de converger est indéniablement plus forte mais elle se heurte à de cruelles réalités. La première tient à la place de l'Etat de part et d'autre du Rhin. A première vue, l'écart des niveaux de prélèvements obligatoires n'est pas si considérable : 4 points de PIB environ, au détriment de la France (42 %). Mais, compte tenu de notre niveau d'endettement, qui n'est rien d'autre qu'un prélèvement déguisé, une distance deux fois plus grande sépare en réalité nos modèles fiscaux.

Celle-ci s'apprécie en comparant nos niveaux de dépenses publiques, puisque, comme le souligne Mathilde Lemoine, chef économiste de HSBC, « le premier rôle de la fiscalité est de les financer » : 8 points de PIB séparent en 2010 la dépense publique de la France (56 %) et de celle de l'Allemagne. Même si le niveau des prélèvements allemands devrait être majoré des cotisations aux régimes privés d'assurance-maladie, c'est dire combien il serait incongru de vouloir rapprocher notre pression fiscale de celle de notre voisin sans avoir au préalable réduit considérablement la place de l'Etat. Ainsi, avant de songer à aligner notre politique fiscale sur celle de l'Allemagne, la priorité serait de faire converger notre politique budgétaire avec celle du Royaume-Uni de David Cameron…

La deuxième cruelle réalité à laquelle se heurte cette curieuse ambition française tient à la différence radicale de nos modèles économiques. Certes, il serait caricatural de penser que, dans un cas - le leur -, la fiscalité encourage outrageusement le profit des entreprises dans une économie de l'offre, dédiée à la conquête de parts de marché, tandis que, dans l'autre - le nôtre -, elle favoriserait ouvertement le pouvoir d'achat des ménages dans une économie de la demande, soutenue par les incitations à consommer. Parce qu'elle n'est pas seulement quantitative, l'évaluation des avantages comparatifs s'équilibre parfois : l'Allemagne baisse l'impôt sur les bénéfices réinvestis, mais la France offre aux holdings un régime fiscal dit « mère-fille » sans équivalent.

En 2009 - avant la suppression de la taxe professionnelle -, la Commission européenne estimait le taux de taxation globale des entreprises à 34,6 % de ce côté du Rhin et à 28 % de l'autre bord (y compris la part régionale d'imposition des sociétés). Moins grand que ne le voit le Medef, l'écart reste significatif. La politique fiscale allemande est, comme sa politique budgétaire, taillée sur mesure pour un modèle de compétitivité à outrance, au demeurant non coopératif, qui n'est pas le nôtre. L'instauration d'une « TVA sociale » en 2007 est la suite par d'autres moyens de la compression des coûts salariaux dans les années 2000 et la délocalisation de centres de production industrielle peu qualifiée dans les années 1990.

Le fantasme d'une fiscalité à l'allemande participe, au fond, de notre vieux complexe à l'égard de notre puissant voisin. Nous en voudrions bien les avantages (des entreprises profitables), sans les inconvénients (une faible croissance des revenus). En attendant le rapport que remettra dans quelques mois la Cour des comptes, le plus probable est que ce projet contre nature se résume à l'allégement de l'impôt français sur la fortune et à la création de taxes sur les activités numériques. Ce ne serait déjà pas si mal, mais fallait-il l'habiller d'une si pompeuse ambition ?

L'ombre chinoise et le besoin d'Amérique

Pouvez-vous s'il vous plaît redevenir une superpuissance musclée ? » Alors que l'ombre gigantesque du président chinois obscurcit l'horizon, les dirigeants coréen, japonais, indien et indonésien implorent un Barack Obama doux et passif. Cette caricature publiée la semaine dernière dans un grand journal anglo-saxon vaut tous les commentaires. Alors que les Américains viennent d'exprimer un vote de défiance à l'égard de leur président, le continent asiatique se tourne vers l'Amérique comme vers un contrepoids faceà la Chine. Les Japonais ou les Coréens du Sud ne sont plus les seuls à être préoccupés par la montée en puissance de leur voisin. Même les Singapouriens, qui ont servi de modèle à Pékin, s'inquiètent désormais des ambitions de leur élève.


Grâce à l'ombre portée de la Chine, le périple asiatique du président américain s'est transformé en un référendum positif sur le rôle international de son pays. L'Inde elle-même, pourtant presque nostalgique de l'ère Bush, a trouvé en Barack Obama un partenaire privilégié qui soutient avec force la légitimité de sa candidature à un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. L'Indonésie n'a pas seulement accueilli le président qui, petit garçon, a été élevé dans ses écoles, mais l'homme qui reconnaît son nouveau statut de puissance émergente, symbolisant au même titre que la Turquie la réconciliation possible entre islam et modernité, tolérance religieuse et progrès économique.


La Chine serait-elle en train de devenir pour le continent asiatique ce que l'URSS a été hier pour le continent ouest-européen, le ciment de son unité derrière l'Amérique ? La comparaison est sans doute excessive et pour le moins prématurée. Mais la Chine, en abandonnant le profil bas qui était jusqu'alors le sien, est en train de consolider le statut de l'Amérique comme puissance asiatique, de même que Moscou avait fait hier des Etats-Unis une puissance européenne.


La Chine, comme l'Allemagne au lendemain de son unification, a-t-elle besoin de l'influence modératrice d'un Bismarck, d'un homme d'Etat qui sache imposer des limites à l'hubris d'une nation qui, humiliée depuis près de deux siècles, cède à la tentation du nationalisme et accélère le rythme de ses ambitions ? « La Chine malheureuse », le titre d'un pamphlet ultranationaliste paru en 2009, engageait les Chinois à sortir de leur réserve et à adopter un comportement « héroïque », à ne pas reculer devant le risque d'une confrontation avec l'Occident. Les tenants de ce nationalisme « revanchard » seraient-ils représentatifs d'une réalité chinoise en pleine évolution ? La mer de Chine est-elle en train de devenir, comme le Tibet et Taiwan, une question non négociable pour Pékin ? La guerre des monnaies entre le dollar et le renminbi n'aura sans doute pas lieu. Mais la nécessité d'équilibrer la Chine est en train de se transformer pour l'Asie, sinon pourle monde, en un objectif stratégique prioritaire, avec pour conséquence première la reconsolidation du rôle international de l'Amérique.


Hier, l'Amérique s'était embarquée dans le projet fou d'exporter la démocratie au Moyen et au Proche-Orient ; une impasse stratégique qui accéléra l'irrésistible montée en puissance de la Chine. Aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit : la Chine ramène l'Amérique sur le devant de la scène mondiale.


Au moment où Pékin fait la démonstration éclatante que le capitalisme peut prospérer sans la démocratie, le caractère toujours plus musclé de son comportement diplomatique met en évidence l'autoritarisme du régime et souligne les dangers pour un pays de l'absence de contrepoids démocratiques.


Face à cette Chine qui n'obéit plus aux conseils de prudence de Deng Xiaoping, une attitude de fermeté sans provocation s'impose. Tous les ambassadeurs de l'Union européenne sans exception devraient être présents à Oslo début décembre pour la remise du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, une présence qui traduit simplement le respect dans lequel nous tenons nos valeurs.


L'Amérique n'est certes plus ce qu'elle était, mais la Chine est en train, par son comportement, de lui rendre, en Asie au moins, son statut de « puissance indispensable » et incontournable.

Complémentarité

Pour pouvoir donner naissance à la psychanalyse, Freud aurait procédé, selon certains de ses éminents exégètes, à une interminable autoanalyse. Avant que se dessine le vrai visage du sarkozysme, sans doute fallait-il en passer par le long intermède du remaniement qui a permis au duo de l'exécutif, Nicolas Sarkozy et François Fillon, de mener, au vu et au su de tous les Français, une autoanalyse politique de leur relation. Que l'un comme l'autre en aient conclu qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner en reprenant chacun leur liberté, un an et demi avant la fin du quinquennat, crée une situation beaucoup plus nouvelle que pourrait le laisser penser le flot de commentaires déversés depuis hier sur l'air du « tout ça pour ça ».

De cette manière, inédite sous la V e République, le président a confirmé que son « nouveau cap » s'attacherait surtout à fixer et à clarifier le cap pris durant les trois années et demie précédentes. Le style présidentiel, parfois déconcertant, la crise financière mondiale, qui a donné primauté à l'urgence sur la lisibilité dans la stratégie économique, les aléas de l'ouverture, finalement plus déstabilisante avec le temps pour la majorité que pour l'opposition, contrairement au but recherché, tous ces facteurs, et quelques « affaires » en prime, ont trop souvent masqué l'essentiel : une politique de réformes de grande ampleur, menée tambour battant, pour rattraper le retard de compétitivité pris par une France engluée dans les fausses certitudes de son « exceptionnalité ».

C'est la constance avec laquelle cette nécessité a été réaffirmée qui caractérise certainement le mieux le « sarkozysme ». Il lui a longtemps manqué, pour prendre toute sa cohérence et gagner toute sa crédibilité, une pièce essentielle qui a dû attendre la réforme des retraites, et le vote d'un budget marqué -du moins au niveau des intentions -du signe de l'austérité, pour s'imposer dans le discours du pouvoir : celle de la priorité donnée au rééquilibrage des finances publiques. Changer maintenant le Premier ministre qui avait choisi d'incarner dès le début cette « ligne » - « je suis à la tête d'un Etat en situation de faillite », sa formule choc date de septembre 2007, quatre mois après sa première nomination à Matignon -, c'était semer à nouveau le doute sur l'engagement de l'Elysée derrière le choix de la rigueur. Encore plus si ce changement avait été orchestré au nom d'un hypothétique « tournant social », l'Arlésiennne de la vie politique française postmitterrandienne.

La complémentarité entre les réformes et la rigueur, c'est celle qui lie politiquement Nicolas Sarkozy et François Fillon. Elle est difficile, comme leurs rapports ont pu l'être. Elle est devenue plus que jamais indispensable à la réussite de ce quinquennat.

Euthanasie : quelle question ?


Un sondage de l'Ifop récemment publié par le quotidien régional « Sud Ouest » fait débat. La question posée était la suivante : « Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie des personnes atteintes de maladies insupportables et incurables, si elles le demandent ? » La réponse à cette question a été : oui, 94 % ; non, 6 %. Les partisans d'une légalisation de l'euthanasie se sont naturellement emparés de ce résultat pour demander au Parlement d'intervenir en ce sens.


A vrai dire, il eût été surprenant que, ainsi formulée, une question sur ce sujet donne un résultat différent : lequel d'entre nous, atteint d'une maladie « insupportable et incurable », demanderait que l'on ne fasse… rien ? L'ennui est que des termes essentiels de cette formulation font problème, au moins sur deux points. Premièrement, qu'est-ce qu'une maladie insupportable ? Veut-on dire une souffrance insupportable ? Si c'est le cas, la question est sans objet, car la loi française actuelle fait déjà obligation au médecin de soulager la douleur et donne le droit au patient d'exiger des soins palliatifs qui le conduiront, sauf exceptions rares, vers une fin de vie sans douleur. Et si ce n'est pas la souffrance qui est visée, il faudrait que, sur un sujet si grave, ceux qui posent les questions précisent leur pensée. Deuxièmement, les sondés ont-ils bien remarqué qu'on les questionne sur les malades qui demandent une fin de vie ? Or la véritable difficulté en cette matière concerne les personnes qui ne sont pas en état de demander quoi que ce soit. En effet, la loi actuelle ne prévoit dans ce cas la possibilité d'arrêter les traitements et d'accompagner la personne inconsciente vers la mort que si la maladie est en phase terminale, ce qui peut paraître trop restrictif.


Il est décidément bien difficile en France de poser clairement la question de l'euthanasie. Peut-être pourrait-on s'inspirer de la Grande-Bretagne : chez nos voisins, les soins palliatifs sont si bien organisés que quasiment personne ne parle d'euthanasie.

Bertrand Delanoë


Le maire socialiste de la capitale a compromis ses chances de diriger un jour le pays, mais ce descendant de Malouins tient toujours d'une main ferme le gouvernail de la ville. Le Conseil de Paris qu'il préside aujourd'hui compte à son ordre du jour des dossiers importants sur les Halles et le logement, et il vient de faire acte d'autorité en réduisant les salaires des 60 cadres municipaux les mieux payés. Cet admirateur de Dalida, dont le film culte est « L'incompris » de Luigi Comencini, est un affectif auquel quatre décennies de carrière politique ont forgé un blindage presque aussi dur que les bitumes qu'il vendit au début de sa carrière. L'accord conclu avec Jacques Chirac pour mettre fin au procès sur les emplois fictifs de la ville témoigne d'un pragmatisme qui n'a néanmoins pas suffi au natif de Tunis, qui se proclame « libéral et socialiste », pour prendre le contrôle du PS au congrès de Reims il y a deux ans. « Bébert », comme le surnommaient ses camarades de la section du 18 e arrondissement, conserve la sympathie des bobos depuis la mise en place du tramway et des Vélib', mais il s'est fait remarquer cette année par son absence inhabituelle à la Gay Pride. Si le bon orateur repéré jadis par François Mitterrand n'est plus en piste pour l'Elysée, il se satisferait sans nul doute d'un ministère en 2012. Mais on n'en est pas encore là pour celui qui a remporté le prix Humour et Politique en déclarant : « Le vrai changement au PS, ce serait de gagner. »

Composition du gouvernement Fillon III



BFMTV dévoile la composition du gouvernement



Départ de Kouchner du gouvernement



Philippe Richert ministre en charge des collectivités territoriales, Jean-Marie Bockel quitte le gouvernement


 Le secrétaire général de l'Elysée vient d'annoncer que Philippe Richert fait son entrée au gouvernement, il est en charge des collectivités territoriales auprès du ministre de l'Intérieur.
 Sénateur, ancien président du conseil général du Bas-Rhin, élu président du conseil régional en mars 2010, l'entrée au gouvernement de Philippe Richert avait déjà été évoquée au printemps dernier.
Originaire de Wimmenau, Philippe Richert occupe une des plus hautes fonctions au sénat, celle de questeur. Son entrée au gouvernement signifie son départ de la Haute Assemblée. Il sera remplacé au sénat par André Reichardt, premier vice-président du conseil régional et maire de Souffleweyersheim.