TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 12 novembre 2010

TVA « sociale » ou « anti-délocalisation » : inefficace !

La TVA sociale est revenue sur le devant de la scène économique sous la dénomination TVA « anti-délocalisation ». On est prié de trouver -grâce à cet élégant habillage de princesse- cette mesure intéressante pour l'emploi, mais surtout sans y réfléchir. Réfléchissons-y, au contraire, et c'est ce à quoi je vous invite, en essayant de placer ce thème dans un ensemble plus vaste comprenant la politique fiscale et son équilibre, la compétition internationale, la compétitivité.

Le but réel de la TVA sociale.
Je ne partage pas l'enthousiasme sur la création de nouvelles taxes alors que la tendance actuelle est à la baisse des impôts sur le revenu  des personnes physiques comme des personnes morales, à la dénonciation sans action des paradis fiscaux si utiles pour échapper à l'impôt, au maintien de nombreuses niches fiscales, et à la diffusion  progressive d'une propagande présentant comme mesure de justice fiscale le troc "bouclier fiscal" contre "suppression de l'ISF". Le but réel de la hausse de TVA, de la taxe carbone ou de la taxe, dont on parlé un moment, sur les pique-niques, est uniquement de prélever plus de taxes pour compenser ce qu'on accepte de ne pas collecter ailleurs.
L'efficacité improbable de la TVA "anti délocalisation"
Nous avons déjà la CSG qui a été présentée, en son temps, comme une mesure permettant d'améliorer la compétitivité de nos entreprises. L'efficacité sur ce point n'est pas criante.
La TVA sociale permettant de baisser les cotisations, on délocaliserait moins ? Même à 0% de charges sociales, les salaires français resteront supérieurs à ceux de la Chine. Pour atteindre la parité, il faudrait aussi baisser les salaires en France et augmenter le temps de travail. Qui veut tenter l'expérience ?
Et avec l'euro fort -il a atteint les 1,60$ et est aujourd'hui à 1,39$- l'impact d'une baisse de coût du travail est balayé en quelques semaines.
Si on veut pénaliser l'importation, soyons clairs, ce qui est efficace, c'est le droit de douane. Et comme les délocalisateurs produisent pour le marché européen, en pénalisant l'importation on pénalise les délocalisateurs. Il est certain que le choix de la barrière douanière a des inconvénients car elle conduit évidemment à des représailles. Mais il ne faut pas se leurrer : si la TVA sociale avait aussi cette efficacité, elle aurait les mêmes conséquences. On ne le craint pas : c'est parce qu'elle n'a aucun impact sérieux sur les échanges internationaux. Nous avions une TVA à 17,6%, elle est passé à 18,6%, puis à 20,6% pour revenir à 19,6%. Existe-t-il une corrélation statistique entre le déséquilibre extérieur et ces taux ?
Le choix : une fiscalité d'ancien Régime ou une fiscalité moderne ?
La taxe frappe fortement les bas revenus ; elle égratigne à peine les hauts revenus. Voilà le fond du sujet. Souhaitons-nous, à la commission économie, promouvoir une fiscalité d'Ancien Régime ou promouvoir une fiscalité moderne, par laquelle l'état demande à chaque citoyen de contribuer en fonction de ses capacités et pour laquelle l'état met en œuvre tous les moyens nécessaires pour que nul ne puisse échapper sans risque à son devoir de contribuer ?
Certains journaux ont tendance à plaindre les pauvres contribuables aisés. Pourtant, quand les gros contribuables bénéficient de l'appui de la République c'est pour de gros enjeux ! Par exemple, si l'héritière Bettencourt obtient gain de cause devant les tribunaux dans son affaire de captation d'héritage, la justice de la République lui rendra un service proportionnel à la fortune et aux revenus qui servent de bases aux déclarations de la famille.
Alourdir la TVA, c'est compenser le bouclier fiscal et le reste des avantages fiscaux par une taxe qui frappera surtout ceux qui épargnent peu faute de revenus. C'est agir contre la justice fiscale. C'est à l'opposé d'un projet humaniste.
Le coût salarial n'est que l'une des composante de la compétitivité
Pour terminer, je crois que c'est à tort qu'on se focalise sur les charges salariales comme source de non compétitivité nationale. Ce qui compte, c'est la valeur de la production. A-t-on oublié que l'un des intérêts des investissements productifs est de permettre une augmentation du niveau de vie des salariés ? Peut-on ensuite leur reprocher sans être incohérent des salaires (immédiats et différés) trop hauts ? Il me semble aussi que de nombreuses sociétés fixent parmi leurs objectifs stratégiques celui d'un dividende minimal. Dans ces conditions-là, il faut considérer que les rémunérations des actionnaires sont, au même titre que les charges salariales, une composante directe du coût de revient de la production et qu'elles ont un impact sur la compétitivité de l'entreprise.
Conclusion
La TVA est une part des prélèvements fiscaux et sociaux et cet ensemble est le facteur initial de l'équilibre budgétaire et du maintien des prestations sociales. Tout cela a un impact sur la compétitivité, sur les échanges extérieurs, sur l'ensemble de l'économie et de la société.  Pour un économiste, étudier isolement le projet de la dilater la TVA ou, à l'inverse, celui de la dégonfler n'est pas plus sage que, pour un garagiste, vouloir modifier la largeur d'un pneu de voiture pour avoir plus d'adhérence, sans tenir compte ni de la jante, ni du passage de roue, ni de l'impact du changement sur la direction du véhicule.
Il n'y a pas qu'un pneu sur une voiture.
Il faut penser système, pas composante.

Imminent, le remaniement sème déjà le trouble au centre

Nicolas Sarkozy devrait annoncer le remaniement gouvernemental lundi ou mardi et fixer la feuille de route de sa « seconde étape » jeudi à la télévision.
 Commémoration du 11 Novembre hier, départ pour Séoul et le G20 dans la foulée, ultimes consultations dimanche : l'agenda du président de la République est très chargé avant le lancement de la « seconde étape » de son mandat. Après le remaniement gouvernemental, qui interviendrait lundi ou mardi, Nicolas Sarkozy devrait prendre la parole à la télévision jeudi soir afin de fixer la feuille de route de ses équipes pour les dix-huit derniers mois avant l'élection présidentielle de 2012. Sans attendre, ces changements ont commencé à jeter le trouble dans la majorité, notamment au centre. En cause : la période de « test » médiatique qu'a souhaité le chef de l'Etat pour Jean-Louis Borloo, sans manifestement en sortir convaincu. Les proches du ministre de l'Ecologie reprochent à l'Elysée de l'avoir «  humilié » en le poussant à s'exposer ainsi et aux anciens RPR d'avoir voulu barrer la route à un centriste. Il semble, de fait, que dans le contexte actuel de crise économique et de fragilité politique du président de la République, Nicolas Sarkozy envisage de maintenir François Fillon en poste, quitte à changer largement le reste du gouvernement et la direction de l'UMP.
Persuadé qu'il est «  toujours dans la course pour Matignon », Jean-Louis Borloo a sous-entendu mercredi qu'un refus du chef de l'Etat pourrait le conduire à faire entendre sa voix à l'extérieur. «  Les centristes auront, dans tous les cas de figure, le besoin de mieux se coordonner, de mieux s'organiser », a indiqué le ministre de l'Ecologie, qui réunit périodiquement les différents courants du centre (Nouveau Centre, centristes de l'UMP, Parti radical). L'initiative pourrait aboutir à la création d'une « confé dération » du centre, favoriser l'émergence d'un groupe autonome à l'Assemblée, voire d'une candidature portée par Jean-Louis Borloo en 2012. Le ministre a prévu de réunir ses soutiens lundi soir, dans la foulée du remaniement, pour arrêter sa stratégie.

Malmené par les sondages

Malmené par les sondages, Nicolas Sarkozy se voit reprocher la façon dont il a mené la période de préremaniement, et notamment le fait d'avoir annoncé sa «  seconde étape » si longtemps à l'avance (il a commencé à l'évoquer mi-mars). L'attente a suscité rumeurs, tensions humaines, attentisme. Elle a vu se multiplier le nombre de premier ministrables et rendu impensable le maintien de François Fillon… jusqu'à ce que la «  vraie surprise apparaisse être son maintien », se console un conseiller de Nicolas Sarkozy.

Paris ouvre ses états généraux de la nuit

La Ville lumière est-elle devenue une belle endormie ? Oui, selon un grand nombre de noctambules qui assurent que Paris est devenue la capitale du sommeil, loin de Londres, de Barcelone ou de Berlin, devenus le cœur européen de la fête et de la vie nocturne. Interpellée l'an dernier par le collectif Quand la nuit meurt en silence, la Mairie de Paris inaugure, vendredi et samedi, les premiers états généraux de la nuit. L'occasion d'engager le débat sur le fonctionnement en bonne intelligence d'une ville, la nuit.
Pendant ces deux jours, en lien avec la préfecture de police et la région Ile-de-France, des tables rondes et ateliers seront organisés dans les salons de l'Hôtel de Ville. "Longtemps, la nuit a été simplement le temps du repos social. Aujourd'hui, nous sommes dans la société du temps continu. Les conflits entre la ville qui dort, celle qui s'amuse et celle qui travaille, risquent de se multiplier si aucune véritable réflexion n'est menée pour penser la ville dans sa globalité", expose le géographe Luc Gwiazdzinski.
ORGANISER LE "VIVRE-ENSEMBLE"
"Il y a des gens qui ont besoin de la nuit pour dormir, d'autres qui veulent utiliser la nuit pour faire la fête, tandis que des gens travaillent tout simplement la nuit. Il ne s'agit pas d'opposer les légitimités les unes aux autres. Il s'agit d'organiser le 'vivre-ensemble' de ces différentes nuits", explique Mao Peninou, adjoint au maire de Paris, chargé du bureau des temps, et maître d'œuvre de ces premiers états généraux des nuits parisiennes.
A Paris, plus de 45 % des Parisiens travaillent encore après 20 heures. 25 % d'entre eux travaillent toute la nuit, sans compter la clientèle des entreprises de nuit (théâtres, cinémas, bars, restaurants, discothèques...). La capitale compte environ 200 night-clubs et 850 établissements ouverts après 2 heures du matin. "Sur les cinquante dernières années, c'est une augmentation assez forte", reconnaît Mao Peninou, qui met aussi en avant les transformations liées aux mesures contre la voiture (trottoirs élargis, rues rendues aux piétons, aménagements de places, de berges, etc.). "Ça a des conséquences positives sur la vie de quartier mais négatives en termes de nuisances", note-t-il.
De Bastille à Oberkampf, des Champs-Elysées à Saint-Germain-des-Prés, de Pigalle à la Butte-aux-Cailles, la crispation se fait sentir dès la nuit tombée. Bars, clubs et restaurants vivent au rythme des plaintes déposées par les riverains excédés par le bruit de clients jetés sur le trottoir par l'interdiction de fumer dans les lieux publics, effective depuis janvier 2008. La préfecture note toutefois une baisse des infractions pour tapage nocturne dans les débits de boisson, dont le nombre est passé de 122 sur les huit premiers mois de 2008 à 115 sur la même période en 2009 et 95 en 2010.
DAVANTAGE D'ISOLATION PHONIQUE
Le réseau Vivre Paris, qui entend veiller au respect de la tranquillité des Parisiens, participera au débat. Selon ce regroupement d'associations, la qualité de vie des habitants de Paris ne doit être pas "sacrifiée au profit d'intérêts qui ne sont pas forcément d'utilité publique". L'opposition municipale s'est déclarée favorable à un accompagnement financier de la Ville de Paris en faveur des propriétaires d'établissement dans la mise en œuvre des travaux d'isolation phonique de leurs locaux. Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris, suggère également que "la Ville de Paris se dote d'espaces dévolus aux activités culturelles et festives nocturnes au sein de zones inhabitées". Il reste évidemment à trouver des zones inhabitées au sein de la capitale.
La mairie suggère pour sa part l'ouverture tardive d'un certain nombre de lieux publics : parcs, jardins, lieux d'expositions culturelles pourraient, sur le modèle de la Nuit blanche organisée chaque année, animer régulièrement les nuits parisiennes. "Certains lieux éphémères, lorsqu'ils sont en période d'inactivité, pourraient être provisoirement investis, imagine Mao Peninou. Ensuite, hors de la capitale, dans le cadre de Paris-métropole, nous encouragerons l'implantation de nouveaux lieux de fête." L'activité nocture crée "du lien social", rappelle l'adjoint au maire : "Un bar de nuit qui s'ouvre dans un quartier périphérique, c'est de la vie et de la sécurité pour les riverains."
L'exécutif parisien planche également sur la création de commissions de conciliation par arrondissement "de manière à avoir une sorte d'expertise permettant de rendre les choses plus objectives en cas de plainte", poursuit Mao Peninou. Comme cela se fait déjà à Barcelone, en Espagne, des mimes pourraient faire leur apparition à la place des policiers pour inciter les fêtards à baisser le ton. "Une manière de faire de la médiation sans doute plus adaptée à des gens qui sont en train de faire la fête", conclut-il.
 

L'Express fait le remaniement

La fin du suspense insoutenable approche: le remaniement devrait avoir lieu en début de semaine. En attendant, l'express vous livre ses pronostics.
 
Christophe Barbier, directeur de la rédaction 
Le Premier ministre
Sarkozy a tellement raté cette phase ahurissante du remaniement qu'il ne peut que l'achever par la reconduction de François Fillon, afin de boucler la boucle de l'inutile. 
La surprise
si Mam sort du gouvernement, il faudra une femme à un poste régalien. Valérie Pécresse a montré au ministère de l'Enseignement supérieur qu'elle savait négocier, or le président tient à la réforme de la Justice 
Le sortant
Frédéric Mitterrand, la vedette du dernier remaniement a été brisée par "l'affaire" et n'apporte plus de force politique ni d'impact dans l'opinion. De plus, c'est un poste idéal pour assurer la parité du gouvernement ou l'équilibre politique de la nouvelle équipe.  
Eric Mandonnet, service France 
Le Premier ministre et la surprise
Nicolas Sarkozy en avait "marre" de lui et l'avait dit. François Fillon voyait bien les intérêts qu'il avait à partir, et il était d'ailleurs convaincu que le président cherchait un autre Premier ministre. La logique de tout cela... : François Fillon qui resterait à Matignon! A moins qu'on nous le montre aujourd'hui du doigt pour mieux faire surgir un autre deus ex machina
Le sortant
Grandeurs et misères du sarkozysme. Avant l'été, Michèle Alliot-Marie paraissait en pôle position pour Matignon. Au final, elle pourrait être évincée du gouvernement, après huit ans sans interruption de bons et loyaux services (et même douze ans d'exercice gouvernemental depuis 1986). Tout aurait-il une fin? 
Thomas Bronnec, service éco de LEXPRESS.fr
Le Premier ministre
Nicolas Sarkozy semble aujourd'hui vouloir maintenir François Fillon à Matignon. On a vu mieux pour passer à une nouvelle étape un tel choix comporte un risque d'image. Pourquoi pas lui préférer François Baroin, puisque Jean-Louis Borloo est carbonisé? Jeune, il permettrait d'incarner une nouvelle vague. Chiraquien, de sceller définitivement la réconciliation des droites - le problème Villepin mis à part. Et, last but not least, il est trop tendre pour prétendre incarner une alternative pour 2012.  
La surprise
On annonce Alain Juppé à la Défense. Son retour au gouvernement serait déjà en soi une surprise, trois ans et demi après sa courte parenthèse à l'Ecologie. Mais Nicolas Sarkozy aurait plutôt intérêt à le nommer à la tête d'un Bercy réunifié, qui aurait la mainmise sur l'Economie et le Budget, les dépenses et les recettes. "Il y aura deux grands débats dans les mois à venir, explique l'économiste Jean-Hervé Lorenzi, la réforme fiscale et l'emploi, celui des jeunes comme celui des seniors. La rigueur et la compétence d'Alain Juppé seraient un atout pour réussir ces deux défis".  
Le sortant
Econduit pour Matignon, on voit mal Jean-Louis Borloo rester au gouvernement - surtout si c'est pour être dirigé par François Fillon, avec qui il est en guerre ouverte permanente depuis un mois. Ce départ serait une mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy car on prête déjà au ministre de l'Ecologie l'intention de former un groupe centriste à l'Assemblée et de préparer sa candidature pour 2012. Afin de rappeler à Nicolas Sarkozy son vrai poids politique et de négocier Matignon - enfin - pour le début d'un éventuel deuxième quinquennat du président de la République. 
Matthieu Deprieck, service politique de LEXPRESS.fr
Le Premier ministre
En juin, Nicolas Sarkozy promettait un large remaniement. Or, comment réaliser cet objectif sans changer de Premier ministre? Sous couvert d'anonymat, les ministres ou conseillers du président expliquent qu'il peut encore y avoir des surprises. C'est dans cette optique que se place Bruno Le Maire. En misant sur lui, Nicolas Sarkozy pourrait concilier rigueur de la méthode (Le Maire a presque toujours évolué au sommet de l'Etat depuis dix ans) et signal aux amis de Dominique de Villepin, dont Le Maire fut le directeur de cabinet. Enfin, Nicolas Sarkozy disposera d'un Premier ministre entièrement à son service. Le jeune Bruno Le Maire n'a aucune ambition pour 2012.  
La surprise
Des bruits de plus en plus insistants envoient Valérie Pécresse à la Justice, un des ministères les plus prestigieux. Une sacrée promotion pour une jeune élue (premier mandat en 2002), une jeune ministre (premier maroquin en 2007) et une (ex-)chiraquienne. Sa lourde défaite aux régionales face à Jean-Paul Huchon ne l'a pas condamnée. Bien au contraire. 
Le sortant
Patrick Devedjian est sur la pente descendante. Ministre chargé du plan de relance, il devrait quitter le gouvernement, sa mission étant achevée. Nicolas Sarkozy a prévenu: "Même mes amis de trente ans doivent savoir qu'ils ne sont pas vissés à leur poste." Même dans son fief des Hauts-de-Seine, dont il préside le conseil général, il est menacé par Jean Sarkozy
Thierry Dupont, rédacteur en chef adjoint de LEXPRESS.fr
Le Premier ministre
Sauf surprise de dernière minute, le bail de François Fillon à Matignon sera prolongé. Belle revanche pour celui que Nicolas Sarkozy avait un jour qualifié de "collaborateur". Mais Fillon est-il réellement le Premier ministre de combat dont Sarkozy aura besoin pour sa réélection en 2012? Dans ce rôle, on aurait davantage vu Jean-François Copé... 
La surprise
La vraie surprise de ce remaniement serait la poursuite de la stratégie d'ouverture. Vouée aux gémonies par les parlementaires UMP, elle semble appartenir au passé. Pourtant, le nom de Marc Simoncini, patron de Meetic, a circulé pour remplacer Nathalie Kosciusko-Morizet à l'économie numérique. Claude Allègre, qui dit beaucoup de bien du président dans le Point de cette semaine, y croit encore... 
Le sortant
Comme Fadela Amara, elle aussi ex-symbole de l'ouverture, Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères connaîtra bientôt la fin de son calvaire et de son régime à base de couleuvres... Au G20, Christine Lagarde représentait la France avant l'arrivée du chef de l'Etat. Un avant-goût de ses prochaines fonctions au Quai d'Orsay? 

La CFDT prête à indemniser les grévistes



Accord minimum au sommet du G20 de Séoul



À 11 contre 9, c’est jouable


Au collège de Craon (Mayenne), on a voulu intégrer un “Etablissement de réinsertion scolaire”. ERS, ça claque bien, en langage administratif.


Il s’agit d’accueillir, au sein d’une structure traditionnelle, des pré-adolescents “dont le comportement nécessite un éloignement.” Tels ces cinq garçons de Seine-Saint-Denis, qui effectuaient leur rentrée lundi. La douceur des pays de Loire allait modifier leur caractère. Eh bien, non ! Dès le lendemain, le proviseur a dû les exclure. Sans aucune raison apparente, ils ont roué de coups des camarades du bahut. Un hasard malencontreux fit se croiser banlieusards et provinciaux sur le chemin de la cantine…


L’affaire tourne au vinaigre. Les enseignants, évoquant leur “droit de retrait”, refusent de reprendre le travail tant que le statu quo demeure. N’avaient-ils pas, avant l’incident, dénoncé “un dossier bâclé, mal préparé” ? À l’unisson, les parents refusent d’envoyer les enfants à l’école, devenue “lieu d’insécurité”.


Luc Chatel, hier, a réagi par un flamboyant sophisme : “Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Ce qui s’est passé prouve justement l’utilité des ERS !”


Afin de poursuivre l’expérience, l’inspection d’Académie augmente les moyens humains. Onze adultes vont désormais encadrer les neuf pensionnaires du 93 qui restent à Craon. Sage précaution. À la guerre, en effet, la supériorité numérique s’avère souvent décisive.

Des Champs-Élysées à Séoul

En histoire, les coïncidences de calendrier, accidentelles, forcément accidentelles, sont rarement neutres, même quand elles le voudraient. Bien obligés de composer avec elles, les acteurs de l'actualité leur donnent souvent un sens inattendu. Ainsi, dans la même journée d'hier, la France a commémoré l'Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale et pris la présidence d'un G 20 qui doit tenter de conjurer les risques d'un conflit monétaire planétaire. Un grand écart dans le temps et dans l'espace qui invite notre pays à porter un regard original sur son époque, et celle, future, qu'il doit préparer.
Une puissance moyenne comme la notre a-t-elle encore les moyens de peser par son style sinon par son influence géopolitique sur les grands équilibres du présent ? Le président de la République rêverait - on peut le comprendre - d'être l'homme qui, par sa seule énergie, parviendrait à faire émerger un consensus multipolaire sur des règles du jeu aussi nobles que communes. Il est à craindre, hélas, qu'une vision aussi romantique, voire romanesque, ne soit que mirage, immédiatement dissipée par l'âpre réalité d'une rivalité économique, désormais frontale, entre les États-Unis et la Chine. Tout dépendra, on le sent bien, de l'évolution du rapport de forces entre ces deux puissances dominantes qui peuvent réduire le G 20 à quoi Jacques Attali prédit qu'il sera réduit : un G « vain ».
D'une certaine façon, le général de Gaulle est arrivé lui aussi - encore une coïncidence - dans le nouvel A 330 présidentiel du chef de l'État. Son esprit en tout cas. La France reste persuadée, en effet - et elle a raison - qu'elle a à endosser une vocation universaliste, à porter une certaine idée de l'humanité au delà de ses frontières, et à donner aux grands des leçons durables, comme elle le fit avec le discours de Phnom-Penh en 1966, après avoir reconnu la Chine populaire deux ans plus tôt.
Vue de Paris, une telle certitude est toujours émouvante, et fédératrice. Le problème, c'est qu'elle ne résiste plus guère aux fuseaux horaires. Sûre d'elle-même et fière de son modèle, notre nation compte parmi les moins ouvertes, intellectuellement du moins, à une mondialisation perçue comme une menace. Notre narcissicisme nous encombre, et nous tire en arrière, vers le passé au moment où il faudrait nous projeter vers le monde tel qu'il est. Ce serait pourtant la stratégie la plus dynamique pour défendre dans une ère nouvelle, à la fois nos valeurs et notre mode de vie.


Choc


Elle a évidemment raison, la France, d'offrir l'asile à des chrétiens d'Irak qui fuient les persécutions dans leur pays. D'autant que cela permet à Monsieur Besson de se refaire une virginité dans le registre de l'ouverture généreuse. Et il a raison, Benoît XVI, de dénoncer la violence faite à ces chrétiens irakiens… Mais attention aux simplifications hâtives : l'Irak n'est pas la proie d'une guerre de religions entre musulmans et chrétiens, ni d'un choc des civilisations entre Occident et Islam. Le pays, riche en pétrole, au centre stratégique du Moyen Orient, n'a pas attendu la montée du fanatisme islamique pour souffrir de la violence. Et aujourd'hui, la réalité de la guerre en Irak, c'est des musulmans tuant d'autres musulmans, des islamistes faisant sauter des mosquées. Au nom de Dieu, bien sûr. Prenons garde à ne pas les conforter en leur répondant sur le même registre religieux.

Le social en panne

Nous avons un problème avec le social « ordinaire ». Nous le préférons volcanique, avec un penchant pour les moments convulsifs où les citoyens se dressent contre les pouvoirs, répétant la scène de 1789 ou 1848. Et de ces épisodes flamboyants, on pourrait conclure que notre vie sociale est tonique.

Ce serait oublier que les accès de fièvre sont rarement signes de bonne santé, surtout lorsqu'ils deviennent chroniques.

La vérité est que le social ne va pas très bien. Et cela, parce qu'il ne parvient pas à relever trois défis majeurs.

Le premier est celui de l'unité syndicale. Elle a, certes, fait de notables progrès dans le conflit des retraites, mais sans remise en cause de l'éparpillement d'organisations dont la faiblesse nous place au dernier rang des pays de l'OCDE. Il ne se passera rien de sérieux dans le domaine de la gestion des grands dossiers de l'heure, tant que l'unité organique du monde du travail ne sera pas réalisée autour de deux pôles fédérateurs. N'oublions pas que si l'État s'est saisi du dossier des retraites, c'est par suite de l'impuissance des partenaires sociaux à boucler une négociation qui était, de plein droit, de leur compétence.

D'où vient cette impuissance, sinon des rivalités entre organisations dont aucune n'ose se risquer aux compromis pourtant nécessaires ? Le premier qui cède est mort ou mis à mal. La CFDT en a fait l'amère expérience en 2003. Et lorsque l'État prend le relais, le même scénario se reproduit, la question n'étant pas de travailler à la solution la moins mauvaise, mais de se montrer prudent par crainte de l'accusation de trahison. Les pouvoirs publics savent jouer à merveille de cette concurrence. Le poids des appareils retarde cette indispensable unité. Jusqu'à quand ? Faudra-t-il, comme l'envisageait Pierre Rosanvallon, atteindre les 2 % de salariés syndiqués pour que le sursaut se produise enfin ?

Le second défi est lié. C'est celui de la durée. À quoi bon mettre le social en ébullition durant trois semaines, si c'est ensuite pour le voir se refroidir et entrer en hibernation prolongée ? Ce scénario n'est pas certain. Il est plausible. Or la question est bien : comment mobiliser les énergies et la créativité intellectuelle dans la durée, pour affronter au mieux, dans un esprit constructif, les épreuves de l'avenir proche ?

Enfin, défi des défis : comment retisser le social dans une société de plus en plus émiettée entre des individus guère disposés à sacrifier leur autonomie à l'action de masse ? La question est urgente, estiment Touraine et Gauchet dans leurs dernières analyses (1). Un vieux problème qui a dominé le XIXe siècle et qui a fini par trouver sa réponse au XXe, dans la démocratie sociale fondée sur l'organisation collective. Mais, aujourd'hui, cette démocratie sociale tend à se réduire à la défense des droits individuels. C'est l'effacement du « Un pour tous », devise d'une citoyenneté sociale à réinventer selon des modèles nouveaux, déjà expérimentés dans l'économie sociale et solidaire (2).

Face au retour en force de la « question sociale » qui déborde l'avenir des retraites et s'élargit au thème du travail et de son partage, quelle sera la réponse du social ? L'interrogation demeure.



(1) Après crise, Seuil ; et L'avènement de la démocratie, tome III, Gallimard.


(2) Lire Jean-Louis Laville, Politiques de l'association, Seuil.

Le G18 contre le G2


Angela Merkel a raison : « Le plus grand danger qui nous menace est le protectionnisme. » Le spectre d'une fermeture des frontières comme cela s'était passé en 1930, conduisant au résultat que l'on sait, a été repoussé depuis le début de la crise, il y a deux ans. Mais il réapparaît.


Le site Global Trade Alert (GTA), édité par le think tank britannique CEPR (Center for Economic Policy Research) relève que les mesures protectionnistes ont été écartées pour l'essentiel, mais note « une accélération » depuis l'été. Environ 120 décisions de défenses commerciales sont prises chaque trimestre dans le monde, note le 8 e rapport du site publié avant Séoul, dont 111 l'ont été par les membres du G20 depuis le dernier sommet de Toronto, en juin. Les dernières (des aides pour promouvoir des composants) sont le fait de… l'hôte coréen. Dans la liste de ceux qui ont mis en place des mesures protectionnistes depuis deux ans, le rapport du GTA désigne le Vietnam (926 mesures), le Kazakhstan (723), la Chine (160), la Russie (85 mesures), le Brésil (32) mais aussi… l'Allemagne (35 mesures). La chancelière ferait bien de faire son propre ménage.


Protectionnisme rampant mais encore limité ? Les ministres des Finances du G20, qui s'étaient préréunis il y a quinze jours à Séoul, avaient promis de ne pas engager de « guerre des monnaies ». Mais la Chine s'est moquée du monde en annonçant une micro-réévaluation du renminbi cette semaine, afin de faire glisser les critiques à ce sujet, et les Etats-Unis ont grossièrement manqué à leur parole en optant pour une politique monétaire qui fera franchement baisser le dollar.


L'engagement du G20 en faveur de la coopération et du refus de mettre en place des politiques qui affectent les autres est à suivre avec beaucoup de crainte puisque plus la crise dure, plus ses dégâts sont favorables aux thèses protectionnistes. Les percées des droites extrêmes en Europe ou le récent succès du Tea Party américain témoignent de la difficulté croissante des gouvernements à éviter d'engager ces « protections » que réclament les partis populistes. Dans les pays en développement, la politique américaine apparaît pour ce qu'elle est, égoïste. La tentation est dès lors forte de « faire pareil » et de bloquer tel ou tel investissement, tel ou tel produit. En Europe et en Amérique, les classes moyennes sont de plus en plus atteintes dans leur niveau de vie. La cause protectionniste se répand. En France, une hausse de la TVA est promue désormais par une majorité au sein des partis de droite ou de gauche comme une façon légitime de défendre notre modèle social. L'idée d'établir des normes environnementales aux frontières européennes proposées, par exemple par Nicolas Sarkozy, va dans le même sens.


Il devient objectivement de plus en plus difficile de résister à ces pressions. On pourrait se rassurer en se disant qu'il faut tenir bon pendant l'hiver de la crise mais que, vite, les causes profondes vont s'effacer. Mais il n'en est rien. Le grand déséquilibre, l'origine de tout, entre les Etats-Unis et la Chine recommence à se creuser. Le déficit américain a été réduit de moitié en 2009 mais il remontera à près de 500 milliards de dollars (3,2 % du PIB) en 2010. L'excédent chinois repart de plus belle, + 35 % sur un an, à près de 300 milliards de dollars (4,7 % du PIB). Les efforts de Barack Obama et les plans de Hu Jintao pour « changer de modèle économique », consommer moins et épargner plus pour l'un, faire l'inverse pour l'autre, n'ont pas d'effet. Le monde va dans le mauvais sens, trop de déséquilibre, trop de liquidités. Si rien n'est fait, les protectionnistes emporteront la partie par une guerre des monnaies, par des relèvements des droits de douane ou par d'autres voies. A commencer par les républicains américains…


C'est à l'Europe de parler fort et d'expliquer que les faux-semblants ne sont plus de mise. La mondialisation n'est pas en péril mais partout, de plus en plus, certains spéculent avec succès sur ses méfaits. L'Amérique devrait vite agir pour éteindre les incendies que provoque sa politique monétaire et rassurer. La Chine devrait entendre que le populisme est aux portes en Occident. Pékin devra choisir : ou réévaluer sérieusement le renminbi, ou voir ses clients relever certains droits de douane. Ou désarmer son nationalisme industriel qui barre de plus en plus brutalement la route aux groupes étrangers, ou voir s'appliquer des « mesures réciproques ». A l'Europe de sonner l'alarme et de prendre la tête du G18 contre le G2.

L'inquiétante montée en puissance de l'armée chinoise

Au printemps dernier l'amiral Robert Willard, commandant en chef des forces américaines du Pacifique après avoir commandé l'US Navy dans la région, s'inquiétait, devant une commission du Congrès américain, de la montée en puissance, militaire et navale, de la Chine. Ce qui préoccupe le haut commandement, c'est la modernisation de l'armée chinoise, « apparemment destinée à limiter la liberté de manoeuvre des Etats-Unis, voire à exercer une politique agressive ou coercitive avec ses voisins ».

Certes, le président Barack Obama l'a dit et redit : les Etats-Unis et la Chine ne doivent pas être « nécessairement des adversaires », en dépit de relations parfois tendues à propos de Taiwan, du Japon, de la Corée du Sud, voire sur la question du Tibet. Mais la menace évoquée par l'amiral Willard semble néanmoins bien réelle aux yeux de nombreux experts américains.

C'est que les sujets d'inquiétude de l'Amérique et de ses alliés ne manquent pas. Le premier est l'absence de transparence dans laquelle s'effectue la très rapide modernisation de l'armée et, surtout, de la marine chinoises. Avec le risque que cette opacité ne conduise à « des malentendus ou des mauvais calculs », comme le soulignait récemment le rapport annuel de 2010 du département américain de la Défense au Congrès sur les questions militaires et de sécurité de la Chine.

Le dernier incident en mer de Chine orientale avec le Japon au large des côtes des îles Senkaku, revendiquées par les deux pays, participe de cette menace d'incompréhension réciproque. Certes depuis septembre et la libération des marins d'un chalutier chinois arraisonné alors qu'il fonçait dans des navires japonais garde-côtes, les tensions diplomatiques entre Pékin et Tokyo se sont quelque peu apaisées. Mais le sommet de l'Asean, l'association des nations du Sud-Est asiatique, qui s'est tenu à Hanoi à la fin octobre, avant celui du G20 à Séoul depuis hier, n'a pas permis totalement de les faire disparaître. La présence de gisements de gaz en mer de Chine orientale, même relativement petits, ne facilite pas non plus le règlement des tensions. Et ce ne sont pas les seules dans la région. La mer de Chine méridionale joue également un rôle important puisque c'est par elle que transitent plus de 80 % du pétrole brut vers le Japon, la Corée du Sud, et Taiwan.

Du côté indien, les sources potentielles de conflits sont tout aussi présentes. Dans la revue « Foreign Affairs » du printemps 2009, Robert Kaplan, du think tank américain Center for a New American Security, estimait que l'océan Indien pourrait devenir, comme le furent au siècle dernier les océans Atlantique et Pacifique, l'épicentre des tensions mondiales du XXI e siècle comme tend à le montrer la rivalité de plus en plus vive entre la Chine et l'Inde.

Mais le principal sujet d'inquiétude reste évidemment la question de Taiwan, considéré par Pékin comme une province de la République populaire de Chine, la « ligne rouge » absolue à ne pas franchir. En dépit de signes récents de détente, il ne faut pas s'y tromper : la Chine continentale continue son renforcement militaire en face de l'île. Avec comme objectif d'empêcher toute velléité d'indépendance de Taiwan, voire de contrecarrer tout projet d'un soutien militaire des Etats-Unis en cas de conflit ouvert. Au cours des dernières années, la supériorité militaire de Pékin s'est en outre très nettement renforcée alors que Taiwan a réduit ses capacités militaires.

Il est vrai que le changement géopolitique pour ce qui est devenu la deuxième puissance économique mondiale du monde contemporain est immense. L'armée populaire de libération est aujourd'hui capable de projeter des forces bien au-delà de la région immédiate de la République populaire. Washington se félicitait d'ailleurs récemment du fait que Pékin s'est associé à des missions de maintien de la paix ou de lutte contre la piraterie. Ainsi, depuis 2008 la marine chinoise patrouille dans le golfe d'Aden avec trois frégates et un navire ravitailleur. Cette présence au large de la Somalie permet désormais à la Chine de montrer non seulement ses capacités à se déployer mais aussi à cosurveiller les routes maritimes, essentielles pour les hydrocarbures.

Ce qui a surpris nombre d'analystes, c'est la rapidité du développement de cette force navale, au-delà même de l'armée de terre traditionnelle et de ses 1,2 million de soldats, dont environ 400.000 déployés dans les trois régions militaires sur le continent situées en face de l'île de Taiwan ou encore du renforcement des capacités nucléaires.

D'après les estimations du Pentagone, les forces navales chinoises seraient composées aujourd'hui de quelque 75 bâtiments « principaux » de combat, de plus de 60 sous-marins, de 55 embarcations de débarquement et d'environ 85 patrouilleurs. La Chine souhaite développer en outre rapidement des porte-avions dans ses chantiers.

Certes, aux yeux des militaires américains, elle a encore une capacité relativement limitée par rapport à l'Amérique. Mais Pékin a annoncé au printemps dernier une augmentation de 7,5 % de son budget de défense pour le porter à 78,6 milliards de dollars. Ce qui est encore loin des plus de 540 milliards de dollars du budget américain. Mais le taux d'augmentation, d'après le Pentagone, a été en moyenne de 11,8 % par an entre 2000 et 2009, soit au-dessus de la croissance économique chinoise (9,6 %) sur cette période.

Ce qui est vraisemblablement la preuve même de la volonté de la Chine de s'affirmer comme une grande puissance. Cet objectif, qui rompt avec des décennies de défense du territoire, suscite de très nombreuses interrogations. Même si Pékin ne souhaite vraisemblablement pas remettre en question, aujourd'hui, la « pax americana », cette stabilité relative dans la région qui lui a permis aussi de se développer, ses dirigeants ont bel et bien entrepris de limiter la puissance navale américaine…

L’infobésité : un enjeu pour la création collective de la connaissance

Alors que les nouvelles technologies ont été implémentées dans l’entreprise, la formation des managers n’a pas pris la mesure des changements induits. Le management français assoit généralement son pouvoir sur la rétention d’informations et un fonctionnement en petit cercles de pouvoir. Cette volonté de tout contrôler est souvent contre-productive face au déferlement d’informations. Elle n’est pas en mesure de canaliser les flux car elle possède une vision trop restrictive du travail en réseau. Trop importants pour le manager, ce dernier déverse généralement les flux d’information sur son subordonné pour les analyser. Lui-même le vit comme un surcroît de pression. Résultat : l’information sera traitée de façon aléatoire sans forcément en extraire les signaux de risques ou d’opportunités.

Cela signifie t-il qu’il existe une réelle inadéquation du management à la française aux NTIC qui bloque la transformation de l’information en connaissance... ?
Probablement car, notre société a une logique pyramidale, nuisible à la communication et à la création de connaissances. Elle vise à accumuler du savoir pour du pouvoir, et non pour le faire fructifier. Cette logique provient de la sélection et de la formation des élites en France. Si l’on devait reprendre la typologie de Patrick Fauconnier (La fabrique des "meilleurs" : enquête sur une culture d’exclusion, Seuil, 2005), il existe deux systèmes :
· le système pépinière (anglo-saxon, pays du nord de l’Europe) où chacun va développer ses compétences et ses qualités et ainsi contribuer à fabriquer de la connaissance ;
· le système raffinerie (France notamment) où l’objectif est de sélectionner les meilleurs. D’où la société des élus et des déchus !

Or, la connaissance naît d’un partage collectif : c’est de ces informations enrichies par une expérience commune que découlent des décisions opérationnelles et non des solutions copiées chez le voisin.

L'exception française

Haut la main. Ces derniers jours, les banques françaises ont passé sans problème le test des résultats trimestriels. Leurs performances sont bien supérieures à celles de la plupart de leurs concurrentes européennes. BNP Paribas est en piste pour ravir à l'espagnol Santander le titre d'établissement le plus profitable de la zone euro en 2010, Natixis confirme son redressement, tandis que Crédit Agricole et Société Générale semblent avoir retrouvé le chemin d'une croissance rentable. Une situation qui contraste avec le reste du paysage bancaire européen.

En d'autres temps, de telles performances auraient suffi à doper leurs cours de Bourse. Cette fois-ci, il y a fort à parier qu'il n'en sera rien. Pour une raison simple, les investisseurs ont la tête ailleurs. À Bâle, précisément. Du coup, ils se préoccupent moins de la rentabilité des banques que de leur solvabilité, de leur capacité à encaisser des chocs futurs. En clair, ils font aujourd'hui le tri entre celles qu'ils estiment en mesure de se conformer par leurs propres moyens aux nouvelles exigences de fonds propres imposées à l'horizon 2013 et celles, beaucoup moins attractives, qui devront faire appel au marché pour y parvenir. Or, en dépit des garanties, plus ou moins détaillées, données par les établissements français sur le sujet, le doute subsiste chez les investisseurs. La faute à certains traits de leur « business model » (poids de la banque de financement et d'investissement, de l'assurance…), qui alourdissent leur bilan et augmentent l'épaisseur du matelas de capital nécessaire. La faute surtout au fait que l'objectif de fonds propres visé par BNP Paribas et consorts est a minima, quand celui des banques britanniques ou suisses est largement supérieur au niveau plancher. Un manque d'ambition qui fait tache. D'autant que les régulateurs étudient toujours la possibilité de renforcer leurs exigences prudentielles pour les banques systémiques, celles dont la faillite pourrait mettre en danger l'économie mondiale. Une catégorie à laquelle appartiennent certains de nos établissements.

Résultat, les banques françaises pâtissent d'une sorte de suspicion légitime alimentée par le précédent de l'automne 2008. Quand elles assuraient ne pas avoir besoin de fonds propres supplémentaires pour traverser la crise avant de se bousculer, sous la pression des marchés, au guichet de l'Etat.

Tous contre les grizzlis

Les candidats du Tea Party ont électrisé la campagne des élections de mi-mandat comme personne n'avait osé le faire depuis longtemps. Vu de France, où, mis à part les dérapages récurrents de Jean-Marie Le Pen, les débats politiques sont assez conventionnels, les slogans des ultras républicains sont apparus extravagants. Les plus outranciers sont venus de ces « mama grizzlies », selon l'expression colorée de Sarah Palin, qui, bébés dans les bras, cherchaient à montrer qu'elles défendent les braves gens comme une femelle grizzly protège ses petits. Le bilan de leur action est mitigé.

A leur actif, il est incontestable que leur violence oratoire non dépourvue de sous-entendus racistes, traitant Obama de communiste ou de musulman, le soupçonnant de ne pas être américain, a globalement mobilisé le camp républicain. Réveillé par cette agressivité, ce camp est davantage allé voter que le camp démocrate. Mais, à leur passif, elles ont, par leurs excès, effrayé une partie de l'électorat républicain modéré. D'où la défaite de leurs deux candidates les plus symboliques dans le Nevada et le Delaware, à quoi il faut ajouter l'échec en Alaska du protégé de Sarah Palin, battu non par un démocrate mais par une républicaine modérée dissidente.

Chacun regarde désormais vers la présidentielle de 2012, sachant que, selon la tradition, elle se jouera au centre, bien davantage que des élections de « midterm », où l'on se défoule quelque peu. Au vu des résultats de mardi, Obama pourra brandir comme un épouvantail les excès des candidats du Tea Party. Mais on peut parier que la direction du Parti républicain fera de même, car rien ne serait plus dangereux pour lui qu'une influence trop forte des « mama grizzlies ». Dès la proclamation des résultats, le nouveau leader de la majorité républicaine, John Boenher, ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Il a prononcé un discours du plus grand classicisme conservateur, soulignant la victoire du bon sens populaire sur les politiciens de Washington. La bataille qui s'annonce contre le président Obama se déroulera d'abord à l'intérieur du camp républicain.

La concurrence débranchée


Aquelques jours du vote d'une loi censée développer la concurrence sur le marché de l'électricité, Poweo casse l'ambiance. Le Petit Poucet du kilowatt annonce être sur le point de rendre les armes face à EDF et d'abandonner le marché résidentiel. Quand on perd de l'argent sur chaque client, rien ne sert de chercher à se rattraper sur la quantité ! Un peu plus de trois ans après la libéralisation du marché et à la veille d'une nouvelle étape, la conclusion est cruellement claire : la concurrence électrique est un échec.


Que la libéralisation ait fonctionné dans les télécoms et pas dans le courant n'est pourtant guère surprenant. L'émergence de nouvelles technologies comme le mobile ou l'IP ont ouvert des brèches dans lesquelles de nouveaux acteurs du téléphone ont pu s'engouffrer. Difficile dans l'énergie, où l'innovation est limitée, de faire mieux qu'un acteur historique. Surtout si, comme EDF, il a su investir tôt et massivement dans le nucléaire, que ses prix de revient sont bas et qu'il a, en plus, rendu aux ménages et aux entreprises l'essentiel de cette « rente nucléaire » sous forme de prix bien plus bas que dans le reste de l'Europe. Dans la téléphonie, les rivaux de France Télécom faisaient souvent mieux et moins cher. Face à EDF, la mission est quasi impossible. La loi ne pourra pas y changer grand-chose : on ne va pas fragiliser un champion national pour faire plaisir à ses rivaux, ni augmenter brutalement les prix pour permettre à des concurrents moins efficaces de dégager des marges.


Mal partie, la concurrence reste pourtant souhaitable. Dans l'intérêt des consommateurs comme de l'indépendance énergétique de l'Hexagone, il faut qu'EDF soit soumis à une pression concurrentielle et que de nouveaux acteurs susceptibles d'investir dans le développement de nouvelles capacités de production misent sur la France. Aider de nouveaux acteurs au démarrage et favoriser ceux qui s'engagent à investir et à innover (comme GDF Suez dans le nucléaire ou d'autres dans les barrages) est utile. Ce qui le serait moins serait de faire naître demain une concurrence artificielle et administrée. La concurrence, ce doit aussi être moins d'Etat, moins de régulation et plus de marché. Pas plus de prix administrés ou plus de bureaucratie. Car, à long terme, les solutions artificielles agissent souvent comme des drogues dont il devient impossible de décrocher.