TOUT EST DIT

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mercredi 10 novembre 2010

"Guerre des changes" : le G20 fait confiance aux marchés

Selon un projet de communiqué obtenu et diffusé par l'agence Dow Jones Newswires, les pays du G20 vont "s'orienter vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par le marché", indique un projet de communiqué du sommet du G20 à Séoul, obtenu mercredi 10 novembre par l'agence Dow Jones Newswires.

"Nous allons nous orienter vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par le marché et renforcer la flexibilité des taux de change pour refléter les fondamentaux économiques", indique ce texte.
PAS DE DÉVALUATIONS COMPÉTITIVES
Les pays du G20, dont le sommet se déroule jeudi et vendredi, "vont s'abstenir de dévaluation compétitives", selon le projet de communiqué, qui contient aussi une autre formulation faisant référence à des "sous-évaluations compétitives". Les deux versions coexistent pour le moment dans ce projet de texte. Le communiqué final, qui sera publié vendredi à l'issue du sommet du G20 de Séoul, ne comportera toutefois aucun objectif chiffré, y compris pour les comptes courants, a déclaré mercredi un responsable du G20 participant aux négociations.
"Il n'y a aucun chiffre important dans le projet de communiqué, et il n'y en aura pas non plus dans le communiqué final", a ajouté le responsable du G20. S'agissant des changes, il a précisé que le communiqué appellera les Etats à une flexibilité des taux, sans faire pour autant référence à une monnaie en particulier comme le yuan chinois, objet de critiques au niveau international.
Des critiques balayées par le président chinois Hu Jintao, qui a appelé les autres pays à "prendre leurs responsabilités et à faire face à leurs propres problèmes", dans une interview publiée par l'agence Chine nouvelle. Une déclaration qui a suivi de peu l'annonce d'un excédent commercial en hausse de 22,9 % sur un an en octobre. Ce nouveau record devrait conforter tous ceux, Etats-Unis en tête, qui plaident auprès de Pékin, jusqu'ici sans grand succès, pour une hausse plus rapide de la monnaie chinoise, dont le cours est étroitement lié au dollar.
Intervenant sur ce dossier, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a surpris les marchés en affirmant que les grandes puissances envisageaient de faire de l'or une valeur étalon des taux de change. Il a dit ne pas souhaiter un retour à la prééminence de l'or mais attendre des grands pays qu'ils dépassent la question des changes pour se concentrer sur les fondamentaux économiques.
Robert Zoellick a également approuvé l'idée d'imposer une limite chiffrée aux déséquilibres des balances commerciales. Cette proposition a pourtant été abandonnée par son initiateur, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, en raison de la levée de boucliers qu'elle a entraînée.
ÉCARTER UN RETOUR DU PROTECTIONNISME
Les pays du G20, qui représentent ensemble 90 % de l'économie mondiale, se réunissent pour la cinquième fois depuis décembre 2008, avec pour objectif d'écarter un retour du protectionnisme, éviter une nouvelle récession mondiale après la crise financière de 2008, et réduire les déséquilibres économiques.
Mais la Chine et l'Allemagne rechignent à s'engager sur des chiffres. Et avec d'autres, ces deux puissances exportatrices critiquent vertement la politique de relance américaine, qui affaiblit le dollar et attire les flux de capitaux spéculatifs vers les pays émergents.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré mercredi qu'elle évoquerait le calendrier des stratégies de sortie de crise, surtout avec les Etats-Unis. "Personne n'a intérêt à ce que se forment de nouvelles bulles [spéculatives]", a-t-elle dit à la presse, interrogée sur le nouvel assouplissement quantitatif annoncé le 3 novembre par la Réserve fédérale américaine. Angela Merkel a également jugé que la Chine avait fortement intérêt à envoyer un "signal positif" au G20.
En visite à Djakarta, qu'il a quittée mercredi matin pour rallier Séoul, le président américain Barack Obama a pour sa part déclaré qu'il y avait "beaucoup à faire". "Une des étapes-clés sera la mise en place d'outils durables pour favoriser une croissance équilibrée et durable", a-t-il dit. Il a par la suite affirmé, dans une lettre adressée au G20 dont Reuters a obtenu copie, qu'une économie américaine en bonne santé était la plus importante contribution que Washington pouvait faire à la reprise mondiale.

Les enjeux de Baby Loup



BNP Paribas et Société Générale dans le viseur du G20

D'après le Financial Times, le Conseil de stabilité financière chargé par le G20 de superviser la réforme de la régulation aurait établi une liste complète de 20 banques dont la faillite pourrait déséquilibrer l'économie mondiale. Parmi elles, deux groupes français, BNP Paribas et Société Générale.
C'est l'un des grands enjeux du G20 de Séoul: comment réguler les banques dites systémiques (SIFI en anglais), c'est-à-dire celles dont la faillite pourrait déséquilibrer l'économie mondiale ? Depuis un an, le Conseil de stabilité financière (CSF), émanation du G20 chargée de superviser la réforme de la régulation, planche sur la question. En Corée du Sud, il présentera sa feuille de route. D'après le Financial Times, le CSF aurait déjà établi une liste exhaustive de 20 établissements systémiques. Parmi eux, deux banques françaises, BNP Paribas et Société Générale. BNP Paribas est récemment devenue la plus grande banque du monde par ses actifs (2237 milliards d'euros).
A leurs côtés, six banques nord-américaines (Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America, Citigroup et Royal Bank of Canada), quatre britanniques (HSBC, Barclays, Royal Bank of Scotland et Standard Chartered), quatre japonaises (Mizuho, Sumitomo Mitsui, Nomura et Mitsubishi UFJ), deux suisses (UBS et Credit Suisse), deux espagnoles (BBVA et Santander), deux italiennes (Unicredit et Intesa Sanpaolo) et la néerlandaise ING. S'agissant des autres grandes banques asiatiques, elles devraient être placées sur une liste regroupant les établissements opérant principalement au niveau local et non sur celle des grands groupes internationaux, continue le quotidien britannique. Et, par conséquent, seront exemptées des propositions du G20.
 Ce matin, l'agence Reuters affirmait qu'aucune liste des établissements systémiques n'avait encore été dressée. Quoi qu'il en soit, il est probable que la majorité des banques citées par le Financial Times seront soumises à de nouvelles règles, en plus de celles définies par le Comité de Bâle, dans le cadre de la réforme de Bâle 3. Une évolution qui fait grincer des dents en France, où les lobbys bancaires refusent toute labellisation "systémique". Leur argument : un telle appellation créerait une distorsion de concurrence car elle enverrait le signal aux marchés que les établissements SIFI seront sauvés coûte que coûte en cas de faillite, au contraire des plus petits.

Android passe devant Apple, Nokia confirme sa dégringolade

Les chiffres que l'institut américain Gartner vient de publier, mercredi 10 novembre au matin, offrent à nouveau une preuve éclatante de ces deux tendances à l'œuvre depuis un an et demi. Il s'agit des ventes de téléphones mobiles, en volume, au niveau mondial pour le troisième trimestre de l'année 2010.
Tous téléphones confondus, Nokia reste la première marque mondiale mais avec désormais seulement 28,2 % du marché, contre 36,7 % un an auparavant. Le numéro deux, le coréen Samsung, baisse un peu, à 17,2 % de parts de marché contre 19,6 % au troisième trimestre 2009, en partie victime de l'émergence de petits acteurs asiatiques très innovants, comme le taïwanais HTC. Apple, malgré ses ventes d'iPhone toujours au beau fixe, ne pèse encore que 3,2 % du marché mondial –contre 2,3 % au troisième trimestre 2009–.
Sur le créneau des "smartphones", que regardent les spécialistes avec beaucoup d'attention – c'est le plus rémunérateur pour les fabricants de téléphones, et celui qui se développe le plus vite (+96% d'augmentation des volumes de vente entre le troisième trimestre 2009 et le troisième trimestre 2010) – c'est Android, le système d'exploitation pour téléphones mobiles conçu par l'américain Google qui progresse le plus vite. Il est désormais à 25,5 % de parts de marché, contre… 3,5 % un au plus tôt ! Il reste toujours derrière le logiciel de Nokia, Symbian (36,6 % de parts de marché), mais est passé devant celui de l'iPhone d'Apple (iOS), qui pèse 16,7 % et celui des BlackBerry du Canadien RIM (14,8 %).
Microsoft, le premier éditeur mondial de logiciels, est tombé à 2,8 % de part de marché sur les smartphones, contre 7,9 % un an plus tôt. Il vient de lancer un nouveau système d'exploitation prometteur, Windows Phone mobile, mais les chiffres du Gartner n'ont pas encore pu en tenir compte.
Cécile Ducourtieux

La destruction n'est plus ce qu'elle était

L'Histoire ne retiendra pas leurs noms. Les deux jeunes Grecs « de la mouvance anarchiste » qui ont tenté, il y a quelques jours, d'expédier des pétards aux dirigeants européens ont déjà sombré dans l'oubli. Angela Merkel, Silvio Berlusconi, Nicolas Sarkozy - principaux destinataires de leurs colis -n'ont pas eu le moindre cheveu menacé une seule seconde. Cette offensive de comédie évoque plus des potaches stupides que ces grandes silhouettes de militants nihilistes dont les archives conservent les portraits sépia. Malgré tout, s'y arrêter n'est pas inutile. Car cet incident indique, à sa manière, la décrépitude des grands projets destructeurs d'antan et leur changement de style.

Car le terrorisme anarchisant a eu ses classiques, ses héros et son temps de gloire. Délirant et dangereux, certes, criminel, évidemment, mais pourvu d'une incontestable puissance de contestation radicale. Il fut un temps où la rage de détruire avait de l'allure et ses partisans, du style. « Couper la langue à Cicéron, crever les yeux à Copernic, lapider Shakespeare » : voilà comment Dostoïevski dans « Les Possédés » (1871) résume le programme du nihiliste Chigaliev. Ce personnage a pour modèle Serge Netchaïev (1847-1882), dont la dureté absolue effraya même Bakounine.

En lisant « Le Catéchisme du révolutionnaire », élaboré à Genève en 1869, on comprend pourquoi. Sa logique est imparable, comme celle d'un système mathématique, si toutefois l'on accepte son point de départ. Axiome premier : le monde actuel est invivable, aucun compromis n'est possible. Théorème de base : il faut tout anéantir, de fond en comble, et le plus rapidement possible. Cette destruction doit être, selon Netchaïev, l'unique raison d'agir du révolutionnaire. Corollaire : un noyau dur oeuvrera à l'intensification tactique du malheur général, « contribuera de toutes ses forces et de toutes ses ressources au développement et à l'extension des souffrances qui épuiseront la patience du peuple et le pousseront à un soulèvement général ». Ca ne s'invente pas…
Ainsi le révolutionnaire devient-il une machine à broyer le monde. Par idéal, au nom d'un bonheur et d'une libération à venir, il doit radicalement rompre avec toute loi, toute moralité, toute compassion. En son genre, cet ange de la destruction pure est une figure exemplaire de ce que Freud appelle « pulsion de mort ». Bien que ce cas limite demeure une exception, la volonté de saccage - intégrale et sans pitié -ne manque pas d'une postérité multiforme. On la trouve, à peine grimée différemment, sous plusieurs visages. Pour faire advenir un paradis supposé, le XX e siècle a vu s'activer aux massacres - avec des idées opposées, mais souvent des gestes semblables -les activistes de Hitler et ceux de Staline.

Aujourd'hui, la volonté de destruction s'est encore réfugiée sous d'autres cieux, en se métamorphosant. Elle n'est pas chez les expéditeurs grecs de farces et attrapes, mais bien chez les Yéménites d'Al-Qaida, qui envoient par avion de vraies bombes. Leur détermination à démanteler, par tous les moyens, un monde supposé corrompu n'est pas moindre que celle du vieux nihiliste russe. Leur haine semble aussi intense. Leurs moyens d'action sont comparables. La grande différence, à l'évidence, c'est que les islamistes sont aux antipodes du « ni dieu ni maître » des anarchistes. Les lendemains dont ils rêvent ne sont pas ceux de l'individualisme souverain !
Dans les programmes d'anéantissement du monde, aux moyens fréquemment semblables, il faudrait donc distinguer deux catégories. Les uns laissent l'avenir dans le flou : « sans Etat » pour les anarchistes, « sans classes » pour les marxistes, le futur reste à construire par ceux qui y parviendront. Les autres possèdent déjà une description détaillée du monde de demain : domination de la race aryenne pour les nazis, application planétaire de la charia sous un califat mondial pour les islamistes. On remarquera que tous ces programmes, jusqu'à présent, finissent par mourir. Le monde, lui, persiste. Ce n'est pas une mince consolation.

Retraites : les dix changements clefs

Validée mardi par le Conseil constitutionnel, la loi de réforme des retraites a été promulguée quelques heures plus tard. Les premiers effets se feront sentir dès le 1 er juillet 2011. Age de départ, durée de cotisation, surcote : les conséquences clefs d'une réforme historique qui concerne tous les assurés.

Qu'on l'applaudisse ou qu'on la fustige, c'est une des réformes les plus importantes du système de retraite français. Elle vient d'être validée par le Conseil constitutionnel (lire page 5) et promulguée dans la foulée par le président de la République. En décalant de deux ans l'âge du départ pour tous les assurés, dans le privé comme dans la fonction publique, Nicolas Sarkozy a remis en cause l'une des principales réformes du premier septennat de François Mitterrand, la retraite à 60 ans. Rappel, en dix points, des principales modifications apportées par la loi, qui produiront leurs effets dès le 1 er juillet prochain. C'est la mesure phare de la réforme, celle qui concerne le plus d'assurés. L'âge d'ouverture des droits à la retraite, fixé à 60 ans depuis 1982, va être relevé à 62 ans d'ici à 2018, au rythme de quatre mois par génération. Autrement dit, la règle générale stipule que personne ne pourra prendre sa retraite avant cet âge-là. Les premiers concernés par la réforme sont les assurés nés à partir du 1 er juillet 1951 (voir graphique). Les effets seront massifs, les deux tiers des assurés partant aujourd'hui à 60 ans ou avant.
Les dérogations resteront cependant nombreuses : chaque année, 160.000 assurés (sur 700.000 départs annuels) pourront continuer à prendre leur retraite à 60 ans ou plus tôt au titre de la pénibilité, des carrières longues, des catégories actives de la fonction publique ou des régimes spéciaux (lire plus loin). D'autres ne seront pas affectés par le relèvement des bornes d'âge, parce qu'ils auraient de toute façon été obligés de partir après 60 ans, même sans réforme, faute de disposer d'une durée de cotisation suffisante. Ainsi, un assuré qui a commencé à travailler dans les années 1960 à 21 ans devra cotiser 41,5 ans pour bénéficier d'une pension à taux plein, ce qui l'aurait amené au-delà de 62 ans même avec la réglementation actuelle. Sauf à partir au prix d'une décote.

2 L'âge d'annulation de la décote : 67 ans en 2023

L'âge du taux plein, ou d'annulation de la décote, va progressivement passer de 65 à 67 ans, au même rythme que l'âge d'ouverture des droits, entre 2016 et 2023. Il s'agit de l'âge auquel on peut toucher une pension à taux plein quelle que soit la durée cotisée, c'est-à-dire sans décote. Cela n'empêche pas le montant de cette pension d'être calculé au prorata du nombre de trimestres cotisés.

3 Durée de cotisation : 41,5 ans en 2020

La réforme de 2010 confirme le principe de celle de 2003. La durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d'une pension à taux plein continuera à progresser en fonction des gains d'espérance de vie à 60 ans : les deux tiers de ces gains vont à l'allongement de la durée d'assurance et le tiers restant à l'accroissement de la durée de la retraite. Actuellement fixée à 40,5 ans, la durée nécessaire passera à 41 ans en 2012, 41,25 en 2014 et devrait atteindre 41,5 ans en 2020. Rien n'est dit pour après.

4 Surcote, décote : des conséquences importantes

Les règles ne changent pas pour la surcote et la décote, qui modulent le montant de la pension selon que l'on part plus ou moins tard à la retraite. Les deux mécanismes seront donc décalés de deux ans avec les bornes d'âge, ce qui aura des conséquences sur le niveau des pensions.
A partir de 62 ans (au lieu de 60 aujourd'hui), les assurés qui prolongent leur activité au-delà de la durée de cotisation nécessaire bénéficieront d'une surcote de 1,25 % par trimestre. Autrement dit, un salarié qui a la durée de cotisation requise et qui décide de travailler un an au-delà du nouvel âge légal de 62 ans, jusqu'à 63 ans, améliorera le montant de sa pension de 5 % (1,25 % multiplié par quatre trimestres). Avec les règles actuelles, il aurait bénéficié d'un « bonus » de 15 % en partant au même âge (douze trimestres de surcote entre 60 et 63 ans).
Même raisonnement pour la décote : un assuré qui prend sa retraite sans avoir cotisé suffisamment verra sa pension amputée d'un certain pourcentage selon le nombre de trimestres manquants. Le barème reste inchangé, mais il faudra désormais attendre 67 ans pour voir cette décote annulée quelle que soit la durée cotisée, au lieu de 65 ans aujourd'hui.

5 Des aménagements pour ceux qui ont commencé jeune...

La réforme prolonge le dispositif des « carrières longues », mis en place en 2003. Il permet aux assurés qui ont commencé à travailler jeune de partir avant l'âge légal, à condition d'avoir cotisé deux ans de plus que les autres. Le dispositif est élargi aux personnes qui ont démarré à 17 ans -il s'arrêtait à 16 ans auparavant -, mais les âges de départ sont progressivement décalés. Ce sera 58 ou 59 ans pour les assurés qui ont commencé leur activité professionnelle à 14 ou 15 ans, et 60 pour ceux qui ont commencé à 16 ou 17 ans.

6 ... pour les métiers pénibles…

Les salariés justifiant d'un taux d'incapacité de 20 % à la suite d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail pourront continuer à partir à la retraite à 60 ans. Ils toucheront une pension à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Concession parlementaire : les salariés (et les agriculteurs) ayant un taux d'incapacité compris entre 10 % et 20 % pourront aussi saisir une commission qui devra établir « le lien de cause à effet entre l'incapacité reconnue et l'exposition à un facteur de pénibilité ». Si cette double mesure crée un nouveau droit pour les salariés, les syndicats le jugent inadapté. Ils ont réclamé, sans succès, une prise en compte des effets différés de la pénibilité sur l'espérance de vie (travail de nuit, exposition aux produits toxiques…). A l'inverse, satisfait que le sujet soit circonscrit à un examen individuel du salarié et à une incapacité avérée, le patronat a accepté sans sourciller le financement (sur cotisation patronale) par la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécurité sociale.
La mise en oeuvre du dispositif reste floue. La composition et le fonctionnement de la commission interdisciplinaire restent à préciser et un décret indiquera le nombre d'années minimum pendant lesquelles le salarié devra avoir été exposé aux facteurs de risque professionnel. Au total, le dispositif devrait concerner de 20.000 à 30.000 personnes par an, estime le gouvernement.

7 ... et pour certaines mères de famille

Pour les mères de trois enfants nées avant 1956, l'âge d'annulation de la décote restera bloqué à 65 ans. Quelque 130.000 femmes sont concernées par cette mesure transitoire, qui satisfait, notamment, une partie de la majorité parlementaire.

8 Fonctionnaires : les cotisations salariales alignées sur le privé

Les fonctionnaires vont devoir mettre la main à la poche. Leur taux de cotisation salariale, aujourd'hui fixé à 7,85 %, va être aligné sur celui du privé (10,55 %) d'ici à 2020. La hausse sera linéaire, de 0,27 point par an, à compter de l'année prochaine. Cet alignement représentera pour les agents, en moyenne, une hausse de cotisation de 6 euros par mois chaque année (4 euros pour les agents de catégorie C, 5 euros pour les B et 7 euros pour les A).
Le texte aligne également sur le privé les conditions requises pour bénéficier du minimum garanti de retraite : les agents devront désormais avoir tous leurs trimestres ou atteindre l'âge du départ à taux plein. Le montant de ce minimum (1.067 euros), plus élevé que dans le privé, reste inchangé. La réforme acte aussi et surtout la fin des possibilités de départ anticipé après 15 ans de service pour les mères de trois enfants, un dispositif très prisé des infirmières et des enseignantes.
Enfin les 900.000 fonctionnaires en « catégorie active » qui bénéficient de départs à 50 ans (Police nationale, contrôleurs aériens…) ou 55 ans (pompiers, douaniers…) verront ces âges de départ décalés à 52 et 57 ans.

9 Les régimes spéciaux préservés jusqu'en 2017

Concernés, pas concernés ? La réponse est intermédiaire. Les salariés de la SNCF, de la RATP ou encore d'EDF ne verront pas leur âge légal de départ relevé à partir du 1 er juillet 2011, comme ce sera le cas pour tous les autres. D'autres modifications des règles prévues par la réforme de 2008 sont en effet en cours de mise en oeuvre jusqu'en 2016 (montée en charge des surcotes et décotes, durée de cotisation relevée à 41 ans, etc.). A terme, néanmoins, les différents âges d'ouverture des droits, qui varient de 50 ans pour les conducteurs de train ou de métro à 55 ou 60 ans pour les autres catégories de salariés, seront bien décalés de deux ans à partir de 2017, au même rythme que celui imposé aux salariés du privé et aux fonctionnaires (soit quatre mois par génération). Mais cela doit être confirmé par un décret, dont le contenu n'a pas été dévoilé, ce qui inquiète les syndicats.

10 égalité hommes- Femmes : négociation obligatoire

Pour corriger les inégalités de pension entre hommes et femmes, il faut corriger les inégalités de carrière, et non pas créer des exceptions à la réforme des retraites. Tel a été le cap qu'a tenu le gouvernement. Sous les feux de la critique, il a durci le dispositif de pénalisation financière censé s'attaquer au coeur du problème dans les entreprises. Au départ, ne devaient être soumis à l'amende que les employeurs qui n'auraient pas fait le rapport de situation comparée exigé chaque année par le Code du travail. Au final, il faudra avoir négocié un accord ou, à défaut, élaboré un plan d'action pour réduire les inégalités pour l'éviter. Faute de quoi, l'entreprise devra payer une amende de 1 % de sa masse salariale, a annoncé Eric Woerth, le ministre du Travail. En fait, ce pourcentage est un plafond. Est-ce un progrès ? Non, si l'on prend la lettre de la loi de 2006, qui imposait d'arriver à l'égalité salariale d'ici à la fin de 2010. Oui, dans la mesure où l'obligation était dépourvue de sanctions, rendant cette épée de Damoclès purement virtuelle.

L'arrogance nouvelle du Brésil


Le Brésil a le vent en poupe. Plus que jamais. La croissance, l'emploi, le pouvoir d'achat… Pour couronner le tout, une élection qui se déroule comme sur des roulettes. Cent trente-cinq millions d'électeurs, et le résultat proclamé deux heures après la fermeture des derniers bureaux de vote ! Sans coup férir. Sans aucune contestation. Le 1 er janvier prochain, une femme, Dilma Rousseff, assumera pour la première fois la présidence de ce qui est devenu la huitième économie mondiale. Une Dilma Rousseff, déjà classée par le magazine « Forbes » au rang de 16 e personnalité la plus influentes du monde, devant la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et un certain… Nicolas Sarkozy (19 e).

La presse américaine aurait-elle aussi succombé à l'euphorie en jaune et vert ? Avant de s'emballer, il importe de ramener les choses à leurs justes proportions. Le Brésil a certes effectué un parcours impressionnant au cours des vingt-cinq dernières années, depuis le retour de la démocratie. Son potentiel commence juste à se matérialiser et le pays a un bel avenir devant lui. Mais la future présidente ne pourra guère se reposer sur les lauriers de Lula.

Luiz Inacio Lula da Silva, au pouvoir depuis 2003, se retire en beauté. Il a également eu le mérite, contrairement à d'autres gouvernants latino-américains, de ne pas céder à la tentation de réécrire la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Il a préféré désigner sa dauphine, Dilma Rousseff, qui a bénéficié à la fois de sa popularité et de la bonne santé de l'économie. La capacité de rebond de l'économie brésilienne après la tourmente de la « grande récession » mondiale n'a fait que renforcer les convictions néokeynésiennes de l'équipe au pouvoir. Pour Lula et celle qui est appelée à lui succéder, comme il est doux de voir l'histoire leur donner raison contre « les banquiers aux yeux bleus » (expression utilisée par le chef de l'Etat brésilien pour stigmatiser la spéculation internationale) !

Les deux mandats présidentiels de Lula ont ainsi oscillé entre un pragmatisme en matière de politique économique et une volonté de mettre les points sur les « i », de passer un savon à tous ceux qui ont longtemps dénigré la capacité de la gauche à gouverner le pays. Mais, à ce petit jeu, un danger guette le Brésil : celui de l'autosatisfaction.

Le premier des périls consiste à vanter les mérites d'une croissance hors pair et de minimiser les déséquilibres qui commencent à surgir. Inflation, déficit budgétaire, déficit courant… rien d'alarmant en soi, mais, si l'on n'y prête pas garde dès maintenant, la dégradation continue des indicateurs pourrait finir par gâcher la fête. Les risques de complaisance, dénoncés tant par Ricardo Haussmann, de Harvard, que par Mario Marconini, un spécialiste brésilien des relations internationales, commencent à peser lourd. « Rien ne remplace un bon dosage de la politique économique », observe Nicolas Eyzaguirre, directeur du Fonds monétaire international pour l'hémisphère occidental. Or, dans le cas du Brésil, la politique économique demeure déséquilibrée. La politique monétaire (restrictive) continue à elle seule à supporter le fardeau, alors que la politique budgétaire demeure expansionniste. Au pire moment de la crise internationale, le gouvernement se targuait de mettre en oeuvre une « politique anticyclique ». Une politique qui a effectivement porté ses fruits, mais qui n'a pas, depuis, été infléchie. Le gouvernement ne le dit pas ouvertement, mais, dans la pratique, elle est bel et bien devenue « procyclique ». Le thermomètre de l'ajustement a longtemps été l'excédent budgétaire primaire, un critère comptable adopté par le FMI et repris à son compte par le gouvernement. Le problème est que, au cours des derniers mois, Brasilia a commencé à procéder à des opérations comptables « créatives » (pour ne pas parler de manipulations pures et simples) qui masquent la réalité et risquent d'entâcher à terme la crédibilité de la performance budgétaire officielle.

Pour l'instant, cette lente érosion ne compromet pas la performance de l'ensemble de l'économie, encore tirée par une forte demande pour les matières premières brésiliennes (en provenance des pays asiatiques, notamment). Mais l'économie brésilienne n'est pas à l'abri d'un retour de bâton. La croissance chinoise, prévoit l'Economist Intelligence Unit, va être divisée par deux à l'horizon 2020. L'Inde devrait également décliner légèrement. D'où la nécessité, pour le Brésil, de diminuer la dépendance à l'égard des matières premières.

Avec la confortable majorité qu'elle détiendra au Congrès, Dilma Rousseff pourrait très bien entreprendre une série de réformes structurelles susceptibles d'améliorer la compétitivité du pays. Les premières indications ne vont toutefois guère dans ce sens. Au lieu de relancer le projet de réforme fiscale, elle envisage d'emblée de ressusciter une taxe pour financer le secteur de la santé. Parmi ses priorités, elle cite également la sécurité. L'éducation ? « Les choses vont déjà dans le bon sens », dit-elle… Pourtant une étude du PNUD vient de confirmer que la scolarité moyenne des Brésiliens n'était que de 7,2 années, soit le même niveau que… le Zimbabwe ! Déjà, le manque de main-d'oeuvre qualifiée se fait cruellement sentir dans plusieurs secteurs.

Dans la foulée de son élection, Dilma Rousseff sera également jetée d'emblée dans le grand bain de la gouvernance mondiale, puisqu'elle sera demain aux côtés de Luiz Inacio Lula da Silva au sommet du G20 à Séoul. Le duo promet un tir groupé contre « la guerre des taux de change », expression popularisée par le ministre brésilien des Finances Guido Mantega. « S'ils [les autres gouvernants du G20] avaient déjà des difficultés pour affronter Lula, maintenant ils vont devoir affronter Lula et Dilma ! » s'emporte le chef de l'Etat brésilien, en parlant de lui à la troisième personne.

Même si le Brésil est aux premières loges, car sa monnaie ne cesse de s'apprécier, les discours enflammés, voire donneurs de leçons, risquent d'avoir une efficacité limitée. Mais, plus que jamais, pour le Brésil de Lula et de Dilma, le plus important est de pouvoir marcher la tête haute, en particulier au sein des grandes instances de la gouvernance mondiale. Sans complexe d'infériorité.

Des députés UMP veulent couper les fonds européens pour la Turquie

Une cinquantaine de députés UMP ont déposé, jeudi 14 octobre, un amendement au projet de loi de finances 2011 visant à couper la part française des fonds européens destinés à préparer la Turquie à son adhésion à l'UE, adhésion à laquelle Nicolas Sarkozy est opposé.


Ces crédits de "pré-adhésion", qu'ils chiffrent à 900 millions d'euros sur sept ans (2007-2013) au niveau de l'UE, sont financés à hauteur de 127 millions d'euros par la France. "Compte tenu de la situation financière dans laquelle se trouve notre pays, il est important de mettre fin à ce paradoxe politico-budgétaire", déclarent les députés dans un communiqué. Ils affirment que l'adhésion de la Turquie à l'UE n'"est un objectif souhaité ni par les Français ni par les Turcs".
"PARTENARIAT PRIVILÉGIÉ"
Les Français "ne comprennent pas que l'on encourage financièrement ce pays à faire des réformes en vue d'une adhésion à l'UE, non pas par ostracisme, mais tout simplement parce que la Turquie n'est pas en Europe, c'est une évidence tant sur le plan géographique qu'historique", ajoutent-ils.
Les négociations pour l'adhésion de la Turquie ont débuté en 2005, mais, dès son arrivée au pouvoir en 2007, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il refusait de la voir entrer dans l'Union, proposant en lieu et place un "partenariat privilégié". La France bloque en conséquence l'ouverture de plusieurs chapitres des négociations qui préjugent de l'adhésion, notamment celui sur la politique agricole commune.

Route du Rhum : Joyon prend la deuxième place



Jean-Louis Borloo ne sera pas Premier ministre



Le PS adopte son texte sur "l'égalité réelle"

Le parlement du PS a voté mardi 9 novembre, à une large majorité, ses propositions sur l'"égalité réelle", un des textes phare du parti dans la perspective de 2012, malgré des résistances de certains comme François Hollande, Manuel Valls ou Pierre Moscovici. C'est par 59 votes pour et 12 abstentions que le document, élaboré sous la houlette de Benoît Hamon, leader de la gauche du parti, a été adopté en début de soirée.

Ce texte de 45 pages présente un éventail de propositions contre les inégalités dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l'éducation. "Ce travail est un travail collectif qui a reçu l'engagement, l'implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon : ces gens se sont engagés", a fait valoir Benoît Hamon après les résultats du vote.
Mais le document avait également ravivé quelques tensions au sein du principal parti d'opposition. "On rentre dans les primaires", commentait-on, pour expliquer les différences de vue, que Martine Aubry a tenu à dissiper lors de son arrivée au conseil national, de même que les critiques qui avaient émané de plusieurs responsables socialistes. "Certains semblent un peu pressés, je préférerais qu'ils soient plus pressés à nous faire des propositions", a dit la patronne du PS, dénonçant les "postures" de candidats aux primaires.
A l'adresse de ceux critiquant notamment l'absence de chiffrage, elle a également lancé : "Bien évidemment, nous travaillons sur les marges de manœuvre, et c'est en mars, avril prochain, que nous formerons nos priorités (…). Ce qui m'intéresse, c'est que 99 % du PS a compris que les Français voulaient qu'on soit tourné vers eux, qu'on apporte des réponses nouvelles" et "innovantes". Devant le conseil national, elle a martelé que "l'égalité réelle, c'est la véritable crédiblité des socialistes aujourd'hui", en réponse aux critiques sur les propositions irréalistes. "Notre voie : forcément à gauche car c'est cela qui portera notre crédibilité". Après le conseil national, les militants voteront le 2 décembre, afin que le texte définitif sur "l'égalité réelle" soit entériné le 11 décembre en convention nationale.

LES GENS DU PS ONT  PRIS L'HABITUDE TRÈS SÉGOLENISTE DE NOMMER DES TEXTES DE FAÇON EXOTIQUE.

"L'ÉGALITÉ RÉLLE" , C'EST QUOI ? EN MATH DEUX ET DEUX FONT QUATRE, C'EST L'ADDITION DE DEUX ÉGALITÉS. QUELLE EST "L'ÉGALITÉ RÉELLE" DE DEUX, ALORS, SINON DEUX ? 
J'AIMERAI BIEN QU'ON ME L'EXPLIQUE: RÉELLEMENT.

Noir tableau

Les chiffres de la pauvreté ! Le seul énoncé de ce rituel statistique devrait nous glacer le coeur. Le rapport du Secours catholique égrène la froide litanie des seuils, des impayés, des aides et de leurs sigles trop connus. Ajoutez-lui ceux du Secours populaire, de la Banque alimentaire, des Restos, de la Croix rouge, d'ATD, du CCFD, des CCAS et vous aurez une idée du gouffre vertigineux dans lequel la crise plonge les plus fragiles d'entre nous. Et ne détournons pas nos regards de tous les non-répertoriés de la misère, des longues files en attente d'un gobelet de soupe devant les tréteaux des bénévoles, ni de ces femmes honteuses d'avoir faim qui fouillent les containers des supérettes au coin de notre rue, en espérant trouver une maigre pitance dans nos déchets trop gras.

RSA, fonds jeunesse, livret vert, logements, l'arsenal de Martin Hirsch devait réduire d'un tiers le nombre de pauvres. Au lieu de cela les indicateurs n'ont fait que continuer leur escalade dans le rouge de la précarité. Ils pénalisent de plus en plus de jeunes actifs et de couples contraints d'avoir recours aux aides pour subvenir aux besoins les plus urgents de leurs enfants, sans cesser leur recherche d'emploi. Et les décomptes ne voient pas toutes les vies de rien, les manque de tout et ceux qui travaillent plus pour exister moins.

Le tableau est très noir. On recense plus de huit millions de pauvres en France. Contrairement aux affirmations de ceux qui cherchent à faire prospérer le vote extrémiste sur le terreau malsain de la misère, ce ne sont pas que des étrangers irréguliers, des zonards et des fainéants qui perçoivent des aides. Les 18-25 ans sont de plus en plus touchés malgré le millefeuille de dispositifs qui tous devaient raser gratis.

La difficulté avec la pauvreté c'est que, malgré toutes ses codifications, elle n'est pas homogène. Elle ne peut pas recevoir de traitement uniforme. Seuls l'emploi et les justes rémunérations peuvent la faire reculer efficacement tout en conservant l'indispensable solidarité nationale pour lutter contre les exclusions et aider à la réinsertion. La redistribution des profits et le partage de la valeur ajoutée finiront par revenir en force dans le débat social.

Le G20 en quête d'un nouveau souffle


C'est entendu, les quatre sommets du G20 réunis depuis deux ans ont pu éviter le pire et, parfois même, orchestrer le meilleur. Ils ont permis de relancer la croissance à coup de perfusions financières massives. D'éviter, contrairement aux grandes crises précédentes, le poison fatal du protectionnisme. De reconsolider l'épine dorsale bancaire de l'économie. De redonner aussi au Fonds monétaire international (FMI) un pouvoir et une représentation plus en phase avec son libellé.


Et pourtant, il y a, aujourd'hui, un gros malaise. Le nouveau G20, qui s'ouvre demain à Séoul, ne semble pas devoir accoucher de décisions collectives majeures ni même porter un volontarisme consensuel très crédible. Pour tout dire, il paraît s'inscrire sur la trajectoire déclinante des G20 issus de la première crise économique mondiale du siècle.


À Washington, en novembre 2008, les dirigeants du monde jouaient sur les grandes orgues de l'antifatalisme : plus jamais ça ! À Londres, en avril 2009, c'était la mise en musique, partielle mais réelle, de ces grandes résolutions : haro sur les paradis fiscaux, les hedge funds, le laxisme des banques ! Et puis à Pittsburg, en septembre 2009, pas grand chose. Et finalement, à Toronto, en juin 2010, patatras, quasiment rien.


Résumons : sous la violence du choc de la crise, on était prêt à tout pour sauver collectivement sa peau et même à « refonder le capitalisme », disait Sarkozy. Mais, deux ans plus tard, que reste-t-il ? D'abord, des chantiers inaboutis. La régulation financière avance cahin-caha. Les hedge funds, extraordinaires accélérateurs de crise, échappent toujours aux contrôles des gendarmes du marché; les agences de notation continuent à exercer un pouvoir exorbitant de service public sans en avoir la légitimité; les paradis fiscaux ont plus que de beaux restes.


Ensuite, c'est le grand retour du chacun-pour-soi. Favorisé, sinon exacerbé, par les difficultés domestiques des grands de ce monde ¯ Obama, Merkel, Sarkozy ¯ il vient d'être illustré avec éclat par le président américain. Ce dernier ne s'est embarrassé d'aucun scrupule pour injecter, sans sommation, 600 milliards de dollars dans les tuyaux de l'économie. En prenant le risque de fragiliser les pays émergents, de dévaluer le dollar, de renforcer l'euro, de brider une croissance européenne déjà bien flagada.


Ce retour aux égoïsmes nationaux rime très souvent avec loi du plus fort, en l'occurrence des deux plus forts. Car le G20 a une forte tendance à dériver, aujourd'hui, vers un G2 conflictuel, Chine-États-Unis. Ce n'est une bonne nouvelle pour personne. D'autant que les duettistes ont choisi le même terrain d'hostilité : la guerre des changes et des monnaies. Dont on sait que la première victime toute désignée s'appelle l'euro. Victime de l'impuissance des autorités européennes ¯ politiques et monétaires ¯ autant que des agressions extérieures.


Sans doute faut-il faire la part de la dramaturgie préalable à tout G20. Pour autant, la forte intensité polémique du moment, l'individualisme grandissant des pays et les incompatibilités du duo sino-américain augurent mal des « actions concertées et coordonnées » que la France appelle de ses voeux. Elles indiqueraient plutôt que la présidence française du G20, qui s'ouvre après Séoul, s'annonce très difficile. D'autant que Nicolas Sarkozy a placé la barre très haut en s'attaquant à la réforme du système monétaire international. La montagne parait inaccessible.

L’âge d’or du foot français

Au ras des pâquerettes, ils continuent de s’emmêler les pieds. Nos piteux représentants à la dernière coupe du monde de football ne désarment pas. Le 22 juin, à l’issue d’une ultime défaite en Afrique du Sud, l’affaire semblait pourtant entendue. “Pas question de toucher un centime, nous renonçons à toutes nos primes” lançait alors fièrement le capitaine Patrice Evra.

Qu’aucune poignée d’or, au moins, ne couronne l’infecte bouffonnerie. L’honneur n’a pas de prix, les Bleus retrouvaient la voie de la décence.

Et voilà qu’au moment de confirmer ce sacrifice financier, la machine se grippe à nouveau. Ça finasse à tout va. Les pénitents, après réflexion, réclament une partie des recettes de sponsoring. À savoir le magot lié à la phase de qualification, prélude au désastre final.

Les Mondialistes taclent la “fédé” et lui réclament 2 millions d’euros. Avec “l’idée de faire un geste”, ensuite, pour des œuvres caritatives… Si l’on veut bien croire la version floue et tardive d’Alou Diarra, hier après-midi, face à la polémique grandissante.

Reste que la tactique des joueurs, au regard du public, paraît solidement établie. Côté pognon, c’est “ne rien lâcher” plutôt que “tout donner”. Domenech, l’entraîneur licencié, exige pour sa part 2,9 millions d’euros d’indemnités. Et allez donc !

Sur le terrain de la morale, on dirait, la belle équipe se cherche encore.

Qui est pauvre ?


« Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques », disait Mark Twain. Une fois de plus, les tristes réalités constatées par le Secours catholique, et que peuvent confirmer toutes les ONG, donnent raison au grand écrivain américain. Car selon l'INSEE ne sont « pauvres » « que » 13% des Français, un taux en constant recul depuis 1970 où il concernait 17% de la population...
Ces affirmations sont d'une froide logique mathématique basée sur le « revenu médian » qui comptabilise toutes les rentrées, les diverses allocations comprises. Et est déclaré « pauvre » celle ou celui disposant de ressources inférieures à 60% de ce « revenu médian » national (selon la norme européenne Eurostat), soit 811 € dans la France de 2008 (et moins de 159 € par mois pour un Roumain...).
Évidemment, ces chiffres - au mode de calcul d'ailleurs variable - ne peuvent refléter la réalité telle qu'elle est vécue au quotidien. Il faut se loger, se chauffer, se nourrir, s'habiller... Et ces budgets sont incompressibles. A cette pauvreté « officielle » s'ajoutent les corrélations reflétant toutes les affres de la misère. Un seul exemple qui en dit long : dans notre pays développé où certains problèmes sanitaires ne devraient pas se poser, plus de 40 000 jeunes enfants souffrent de saturnisme car vivant avec leurs parents dans des logements insalubres (au nombre de 500 000) où subsistent encore des peintures au plomb...
Dresser un catalogue de la pauvreté comporterait une liste interminable. Les « seuils » statistiques basés sur le « revenu médian » sont irréalistes. Seul compte ce que l'on a et ce que l'on dépense, souvent plus que les avoirs. Surtout quand frappent les aléas de la vie : la maladie, le chômage, la séparation, l'endettement qui devient vite surendettement...
Reste à lutter contre ce fléau qui n'a pas seulement la conjoncture économique pour origine. Ainsi, malgré plusieurs années de « vaches grasses » entre 1970 et 2009, le taux officiel du « seuil de pauvreté » n'a que très peu baissé en France. Et si l'Allemagne connaît depuis quelques mois un rebond économique avec baisse du chômage, elle voit aussi augmenter les cas de surendettement et de faillite personnelle (plus 21% entre juillet et août, soit une hausse de 10% les huit premiers mois de l'année). Paradoxalement, les faillites d'entreprises régressent...
Nos sociétés ont toujours été inégalitaires. Elles le deviennent de plus en plus. Que penser quand un dirigeant d'une grande industrie du luxe, plutôt pingre dans ses salaires ouvriers, empoche grâce à ses stock-options en une seule opération de bourse 18 millions d'euros, soit environ 14 000 SMIC mensuels bruts ?


Villepin : "L'humiliation n'est pas un moyen de gouverner"



Le commentaire politique de Christophe Barbier


Poker


L'actualité a parfois de ces facilités... Le même jour, elle nous apprend que notre pays abrite toujours plus de pauvres, surtout des pauvres qui touchent salaire mais vivent misère. Elle nous apprend aussi que les Bleus, après avoir exigé paiement de leurs primes sud-africaines, envisagent de les reverser à des associations caritatives. Elle nous apprend enfin que Raymond Domenech réclame trois millions d'euros pour préjudice moral, et met en scène son retour dans une publicité pour un site de poker sur internet. Quelle morale bâtir avec tout cela ? Aucune, bien sûr: la charité forcée des Bleus n'est pas moins choquante que le tranquille cynisme de leur ex-entraîneur. Imaginons alors que, au terme d'une très longue et très disputée nuit de poker sur internet, des travailleurs pauvres plument Domenech le chômeur riche. Cela n'aurait rien de moral, mais au moins, ce serait drôle.

Le boomerang

les parlementaires socialistes avaient eu raison d'hésiter à déposer un recours en inconstitutionnalité sur la réforme des retraites. Ils auraient été mieux inspirés encore de s'abstenir. Car la décision rendue hier par le Conseil constitutionnel leur revient comme un boomerang. Hormis la dissociation des articles concernant la médecine du travail - sujet mineur -, les conclusions des juges de la Rue Montpensier résonnent comme un double désaveu pour l'opposition. Sur la forme, elles donnent raison au président de l'Assemblée nationale, lorsque celui-ci avait mis fin à l'obstruction parlementaire en abrégeant les explications de vote. La légitimation de ce procédé destiné à améliorer l'examen des lois et revaloriser l'image du Parlement devrait inspirer le Sénat, toujours prisonnier d'un règlement obsolète. Elle a, en tout cas, pour effet immédiat d'invalider la thèse du « passage en force ».

Sur le fond, la décision du Conseil constitutionnel balaie l'idée que le recul de l'âge légal de la retraite serait contraire au principe d'égalité. Et il est difficile pour le PS, cette fois, de se consoler en invoquant une quelconque proximité du Conseil avec le pouvoir. Le calcul inavoué était, justement, d'espérer un coup de pouce de son président, Jean-Louis Debré. La désillusion est d'autant plus marquée pour l'opposition que les juges constitutionnels n'ont de cesse de montrer qu'ils apprécient maintenant la question de l'égalité devant l'impôt en opportunité, autrement dit par rapport à l'objet de la réforme. Ils l'avaient fait, déjà, en rejetant, en 2000, la ristourne de CSG sur les bas salaires voulue par Lionel Jospin, de même que sa réforme de la taxe générale sur les activités polluantes.

Ils l'ont confirmé avec éclat, voici moins d'un an, en censurant la taxe carbone. Paradoxalement, si cette décision de la fin 2009 avait nui au gouvernement, elle lui rend service aujourd'hui en donnant du crédit à sa validation de la réforme des retraites. Au-delà de la leçon, explicite, sur la cohérence de cette réforme avec les principes républicains, il en est une autre, implicite : la retraite à 60 ans ne fait pas partie intégrante du bloc de constitutionnalité. Difficile, dès lors, de continuer à défendre l'idée qu'elle serait un pilier essentiel de notre « constitution sociale ».

Gare au gorille !

L’IE prépare la décision. Elle est faite pour donner de la matière « intelligente » à des gens généralement intelligents. Quand on désigne quelqu’un qui prend de bonnes décisions, on dit en effet qu’il est intelligent, doué, astucieux, habile ou brillant.
Alors, pourquoi certains peuvent-ils prendre des décisions idiotes ?

Le logiciel mental hérité de nos ancêtres serait-il inadapté à la complexité du monde dans lequel nous vivons ? A cela, le professeur Alain Berthoz a répondu en promouvant le concept de « simplexité ». Mais il y a aussi ce que les anglo-saxons appellent « inside view », cette sorte de conviction personnelle dont la fiabilité peut se révéler totalement illusoire. Nos illusions sont en effet nombreuses et elles participent largement à nos prises de décision inadaptées.

Deux neuro-spécialistes américains Christopher Chabris et Daniel Simons, professeurs à Harvard ont donné une preuve de l’illusion à travers une expérience rendue célèbre, celle du gorille invisible. Cette expérience met en lumière l’illusion de l’attention. On croit être attentif et on ne voit pas le gorille qui pourtant est présent dans l’assistance. Mais il y a aussi l’illusion de la mémoire, du savoir (nous en savons moins que nous ne pensons), du contrôle et des causes, de la confiance (en soi), de nos capacités, etc. Toutes ces illusions font que les prévisions, les jugements, les décisions qui sont les nôtres se construisent sur la base d’un ensemble de données que restreignent ces illusions.

Un des grands ennemis de l’intelligence économique est le trop plein de confiance en soi (over confidence/self assurance) laquelle nourrit trois illusions : supériorité, optimisme, contrôle. L’illusion de la supériorité est très répandue, il suffit pour s’en convaincre de répondre par oui ou non aux trois questions suivantes :

- je suis un conducteur supérieur à la moyenne,

- plus que les autres je sais apprécier l’humour,

- mes capacités professionnelles me placent dans la moyenne supérieure de ma société.
Si vous répondez oui à ces trois questions, vous faites partie de la majorité. Ainsi 80% des sondés pensent être meilleurs conducteurs que la moyenne.
Le trop d’optimisme cache notre capacité à être trompé sans s’en rendre compte et cela se transforme en naïveté.

L’illusion d’avoir eu le contrôle sur des évènements dus à la chance. Ainsi dans une loterie ou la moitié des joueurs peut choisir son ticket et pas l’autre, ceux du premier groupe qui gagnent sont souvent persuadés que leur choix y est pour quelque chose, alors que c’est la pure chance qui en est la cause ! Les illusions ont, on le voit, un brillant futur. Cela dit, elles font partie de la vie et il n’est pas sûr que leur disparition rende celle-ci plus agréable.

Par contre il est plus que nécessaire pour les décideurs de s’en protéger en s’en tenant aux règles de l’intelligence économique et pas simplement à leur intuition ou à leur conviction personnelle car encouragés par ces illusions, ils peuvent à tord penser prendre de bonnes décisions en étant persuadés que les conséquences de celles-ci seront bénéfiques. Gare au gorille invisible !

Séoul, le risque d'un nouveau G vain

Inutile de se le cacher : le risque est grand que le G 20 de Séoul où se retrouveront ce jeudi et vendredi les chefs d'Etat des principales puissances économiques de la planète soit, au-delà d'un communiqué forcément consensuel, un fiasco. Les sujets de contentieux sont tels qu'un accord de fond sur les trois points prioritaires du moment -la correction des déséquilibres commerciaux, l'amélioration de la coordination entre pays et la stabilité des changes -, paraît d'ores et déjà hors d'atteinte. A moins d'un sursaut, la seule question posée désormais, à la veille de cette rencontre, est de savoir si les dirigeants laisseront ou non éclater au grand jour leurs divergences. Creuse ou consistante, la déclaration finale apportera une partie de la réponse.

Que s'est-il passé ? Les deux premiers G 20 avaient apporté leur pierre à la construction d'un nouvel ordre économique international. En novembre 2008 à Washington, avec le soutien au secteur financier et le refus du protectionnisme en pleine crise ; au printemps 2009, à Londres, avec l'amorce de nouvelles régulations qui entrent pas à pas en oeuvre. Les deux suivants ont été en revanche plus décevants et ont été le théâtre de vrais tiraillements. Un peu, à Pittsburgh en septembre de la même année ; beaucoup à Toronto, en juin dernier. Entre ces deux périodes, l'économie est repartie cahin-caha et la peur a cessé d'être bonne conseillère. Et du coup, l'individualisme a repris le dessus.

Depuis quelques jours, le conflit sur les devises a une apparence : les récriminations d'une bonne partie de la planète (de Pékin à Moscou et de Berlin à Brasilia) contre la décision effectivement risquée des autorités monétaires américaines d'injecter pour 600 milliards de dollars supplémentaires de liquidités dans l'économie, avec pour conséquence une dépréciation du dollar vis-à-vis des autres devises pour booster les exportations. C'est la première fois depuis longtemps qu'une initiative de Washington suscite un tir de barrage aussi large. Mais cette réaction a surtout une réalité. Mettre Barack Obama dans l'embarras, c'est pour nombre de pays jeter un voile pudique sur leurs propres turpitudes. Au premier rang desquels la Chine et la sous-évaluation avérée du yuan.

Le 12 novembre au soir, Nicolas Sarkozy prendra pour un an la présidence d'un G20 certainement plus difficile à piloter qu'il ne l'espérait. Autant dire qu'il faudra être prêt à les saluer s'il obtient des résultats significatifs.

Les deux turlupins




Le général de Gaulle, dont on évoquait la mémoire hier, quarante ans après sa mort, le 9 novembre 1970, aimait inventer des mots ou en ressusciter d’autres : « le quarteron » de généraux félons, « la bamboche », « le volapük ».


Un jour il ressortit « le turlupin », issu du théâtre du XVIIe siècle, celui qui turlupine, c’est celui qui vous tourmente et vous tracasse.
Eh bien les deux grands candidats potentiels de la prochaine élection présidentielle, Nicolas Sarkozy à droite et Dominique Strauss-Kahn à gauche, vont devoir se préparer à affronter chacun un turlupin dans leur camp !


Face au président de la République sortant, Dominique de Villepin a franchi dimanche dernier le pas décisif vers sa candidature. En affirmant que « Nicolas Sarkozy est un des problèmes de la France et qu’il est temps de refermer la parenthèse ouverte en 2007 », l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a réussi ce prodige d’être encore plus excessif et outrancier que sa caricature radiophonique chez Nicolas Canteloup. Même son ami et ancien directeur de cabinet Bruno Lemerre se déclare désolé par des « propos outrageants pour le Président et le gouvernement ».


Il est clair que monsieur de Villepin se prend désormais pour le sauveur de la France, mais la haine ne sied pas aux hommes providentiels et de Gaulle
en fut l’exemple absolu qui sauva de la peine de mort le maréchal Pétain et le général Salan.


A gauche, le turlupin tonitruant qui s’avance vers la candidature s’appelle Jean-Louis Mélenchon. Ce fils spirituel de Georges Marchais n’est pas mû
par une haine passionnelle comme son symétrique droitier.


Mais l’ancien trotskiste et toujours marxiste Mélenchon a pour Dominique Strauss-Kahn une haine de classe. Il souhaite ardemment que « DSK reste au FMI pour embêter tout le monde », mais, s’il revient et s’il est candidat du PS, il lui fera la guerre sans merci. Avec chacun un potentiel de 5 à 10 % des voix, nos deux turlupins peuvent se transformer en machines à perdre pour leur cible et pour leur camp.

On n'arrose plus

On a déjà beaucoup glosé sur la défaite de Barack Obama et de ses amis démocrates aux élections de mi-mandat. Dans ce pays où règne le café américain – qu’on appelle gentiment café allongé chez nous –, c’est le thé qui fut à l’honneur, comme outre-Manche. L’heure était aux tea-parties, avec des candidats qui disparaîtront bientôt du paysage aussi vite qu’ils sont apparus : c’est contre « Washington » qu’ils ont été élus mais c’est à Washington qu’ils vont se trouver pour voter les lois de la Chambre des représentants ou du Sénat.
Le thé peut vite devenir amer. Un nuage de lait ne suffira pas. Pas davantage que les millions de dollars dont certains candidats ont abusé pour arroser leurs électeurs. Ainsi Meg Whitman, l’ancienne PDG d’eBay, la compagnie de vente aux enchères en ligne, qui, pour essayer de succéder à l’emblématique Arnold Schwarzenegger au poste de gouverneur de Californie, a dépensé 141 millions de dollars (un peu plus de 100 millions d’euros !). Mais l’argent ne fait pas toujours le bonheur : c’est son adversaire démocrate, le vieux cheval de retour Jerry Brown, qui lui a soufflé la place. Belle économie : il n’a dépensé « que » 25 millions de dollars…

Deux bulles géantes au coeur de notre galaxie intriguent les astrophysiciens

La découverte de deux bulles géantes mystérieuses liées l'une à l'autre et émettant de puissants rayonnements gamma au coeur de notre galaxie, la Voie Lactée, intrigue les astrophysiciens, qui supposent qu'elles seraient des résidus de l'éruption d'un énorme trou noir.

Cette structure s'étend sur 50.000 années-lumières (une année lumière équivaut à 9.460 milliards de km) et daterait de plusieurs millions d'années.


"Ce que nous voyons, ce sont deux bulles émettant des rayons gamma s'étendant sur 25.000 années-lumière respectivement au sud et au nord du centre de la Voie Lactée et nous ne comprenons pas totalement leur nature ou leur origine", explique Doug Finkbeiner, un astronome du centre d'astrophysique de l'Université Harvard à Cambridge (Massachusetts).

Il a été le premier à détecter cette structure, qui s'étend sur plus de la moitié du ciel visible, de la constellation de la Vierge à celle de la Grue.

Outre Doug Finkbeiner, Meng Su et Tracy Slatyer de l'Université Harvard ont également contribué à cette découverte réalisée en analysant des données accessibles au public provenant du télescope Fermi à champ large (LAT) lancé en juin 2008 par la Nasa, l'agence spatiale américaine.

Ce télescope spatial, fruit d'une collaboration internationale, est le plus sensible aux émissions de rayons gamma grâce à un détecteur à très haute définition et balaie le ciel entièrement toutes les trois heures.

Les rayons gamma sont les rayonnements lumineux ou électromagnétiques dotés de la plus haute énergie.

D'autres astrophysiciens qui étudient ces rayonnements n'avaient pas détecté ces bulles, en partie à cause de l'abondance de ces émissions qui se produisent partout dans le ciel et créent une sorte de brume interstellaire.

Ce phénomène se produit quand les particules, se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière, inter-agissent avec la lumière et les gaz interstellaires dans la Voie Lactée.

L'équipe de chercheurs auteurs de la découverte a fini par détecter les deux bulles en affinant constamment leurs modèles, un processus qui a permis d'éliminer les autres émissions diffuses de rayonnements gamma.

Les astrophysiciens continuent à analyser ce phénomène pour tenter de mieux comprendre comment cette structure jamais vue auparavant s'est formée.

Les bulles émettent des rayonnements gamma beaucoup plus puissants que ceux détectés ailleurs dans la Voie Lactée, précisent les chercheurs.

Ils notent aussi que ces deux bulles ont des bords bien définis.

Parmi les hypothèses avancées, les astrophysiciens citent des jets de particules provenant du trou noir très massif au coeur de la galaxie.

Dans un grand nombre d'autres galaxies, de tels jets sont formés par de la matière tombant vers le centre du trou noir, objet massif dont le champ gravitationnel est si intense que rien, même pas la lumière, ne peut s'en échapper.

Bien que rien n'indique que le trou noir au centre de la Voie Lactée soit la source de tels jets de particules, ils auraient pu exister il y a plusieurs millions d'années.

Ces bulles pourraient aussi s'être formées avec des gaz provenant d'explosions ayant résulté de la naissance d'étoiles, ou de groupes stellaires au centre de notre galaxie, avance l'astrophysicien David Spergel de l'Université Princeton (New Jersey, est).

"Dans d'autres galaxies, nous observons que la formation d'étoiles peut créer d'énormes flux de gaz", note-t-il.

Mais "quelle que soit la source d'énergie derrière ces gigantesque bulles, ce phénomène est lié à un grand nombre de questions fondamentales en astrophysique", selon lui.

Rhumatismes européens

Le récent sommet de Bruxelles a montré à la fois la solidité de l'Union et ses handicaps institutionnels. Sur le traitement à réserver aux pays en déroute financière, trois options étaient envisageables. D'abord, le strict respect du traité de Lisbonne, qui interdit de se porter au secours d'un Etat en faillite - ce qui signifierait, si cet Etat appartient à la zone euro, l'exclusion à brève échéance. Ensuite, le sauvetage assorti d'une privation temporaire des droits de vote au Conseil européen - la mise sous tutelle de l'enfant prodigue -, mesure défendue par Angela Merkel. Enfin, le sauvetage accompagné de strictes conditions sur la remise en ordre des comptes publics. Les dirigeants européens se sont sagement rangés à cette dernière option, celle de la solidarité. Ils ont décidé de pérenniser le Fonds de stabilisation, créé pour renflouer les finances grecques. Et ils ont écarté la proposition allemande : on imagine l'impact politique qu'aurait une telle « injonction au silence » sur des peuples qui imputent déjà aux règles européennes la responsabilité des plans de rigueur qui leur sont imposés.

Mais il reste à mettre en oeuvre ces résolutions consensuelles : l'Union européenne offre l'exemple, peut-être unique au monde, d'un pouvoir qui doit lutter, pour mener son action, non pas contre des adversaires politiques, mais contre sa propre complexité juridique. Peut-on officialiser la solidarité financière sans réviser le traité de Lisbonne ? Non, car, en Allemagne, la Cour constitutionnelle invaliderait toute disposition qui contreviendrait à ce traité. Peut-on adopter dans tous les pays, pour cette révision, une procédure simplifiée ? Non, car, en Irlande, la Constitution exige un référendum. Peut-on limiter la révision à la seule question des crises financières ? Non, car quelques pays en profiteront inévitablement pour y introduire d'autres sujets… Pour l'Union, la simplification juridique devrait devenir un chantier prioritaire, dans un monde où les marchés agissent et réagissent infiniment plus vite que les gouvernements et les assemblées.

Notre avenir est à l’Est

Les Européens de l’Ouest en général, et les Danois en particulier, ont bien du mal à se débarrasser des clichés négatifs sur les Européens de l’Est. En 2011, pourtant, c’est la Hongrie puis la Pologne qui présideront l’UE. Et les deux pays ont davantage de projets pour l'Europe que le Danemark qui leur succèdera à la tête de l'UE en 2012, constate un éditorialiste danois. 

Nos rapports avec l’Europe centrale sont curieux. Comme si nous refusions de voir les progrès considérables accomplis depuis la chute du communisme en 1989. Et comme si nous nous raccrochions aux clichés du passé, bien plus que les populations d’Europe centrale, dans notre refus de voir que l’Europe s’étend aussi à l’est de l’Elbe ou de l’Oder.
Certains se plaignent de ce que les habitants de ces pays là ne nous veulent pas du bien. Qu’ils veulent nous prendre nos emplois, nos allocations familiales. Qu’est-ce que Schengen nous a donc apporté, si c’est pour voir notre petit Danemark dévasté par ces gangsters qui nous envahissent comme des mauvaises herbes depuis que les frontières ont depuis longtemps disparu ? Voilà ce qu’on a pu maugréer au Danemark ces derniers temps. Au risque de violer la loi sur la discrimination raciale.
Notre manque de perspective historique est tragique, au même titre que notre préoccupation constante pour les avantages immédiats. N’est-il donc pas possible de raisonner à plus grande échelle ? Moi, je le peux. Je me réjouis tous les jours de vivre dans une Europe quasiment unie. Et d’avoir, au milieu, l’Europe centrale, sans laquelle je vivrai dans une Europe artificielle, partagée entre les Etats-Unis et la Russie.
2011, l'année de l'Europe centrale
De retour à Varsovie, une des capitales les plus dynamiques de la nouvelle Europe, pleine de confiance et d’initiative, à défaut d’être la plus belle, je me dis que, si j’étais plus jeune, je pourrai m’y installer. Elle est grouillante de vie. Le fait qu’il n’y ait, à ma connaissance, aucun journaliste danois en Pologne en dit long sur la provincialisation de la profession et sur la mort annoncée de la presse écrite qui va en découler.
2011 sera l’année de l’Europe centrale. La Hongrie prendra en effet la présidence de l’UE le 1er janvier et six mois plus tard, son successeur sera la Pologne, l’un des nouveaux pays de l’UE les plus prospères, avec près de 40 millions d’habitants, un gouvernement libéral apparemment compétent, aucun petit fasciste dans les sphères du pouvoir, des traditions et  une culture anciennes, une modernisation en plein développement, une économie à croissance rapide et une situation stratégique entre l’Allemagne et la Russie.
Quant à la Hongrie, si ses ressources pécuniaires ne sont pas abondantes, elle entend travailler à consolider le bassin du Danube, une région à très fort potentiel qui va de la Bavière à la mer Noire. Ce projet paraît juste et clair.
La Pologne est plus riche, mais ses idées ne sont pas encore bien définies. Elle veut s’occuper du prochain élargissement vers l’Est, des nouvelles républiques baltes, de la désolante Biélorussie, de l’Ukraine actuellement peu prometteuse et de la Moldavie, où le problème de la Transnistrie doit être résolu afin que les Polonais puissent véritablement tenter d’améliorer les rapports entre l’UE et la Russie.
Car si les relations russo-polonaises sont satisfaisantes, elles sont loin d’être bonnes. A Varsovie, on se souvient encore de l’intervention russe contre la Géorgie en 2008 et on suit avec méfiance les manœuvres de Moscou à Berlin et Paris, visant à reléguer la Pologne sur une voie de garage.
Une présidence danoise au rabais
Le Danemark aura un rôle à jouer à cet égard, puisqu’il accède le 1er juillet prochain à la fameuse troïka, avant de prendre la présidence de l’UE début 2012. Mais lorsqu’on essaie de connaître ses idées et ses projets pour ces mandats, on apprend que l’argent et les ambitions font défaut. “La présidence danoise de l’UE sera une présidence au rabais,” à en croire un analyste.
Ce serait honteux. A côté de la gestion des dossiers concrets, la présidence danoise devrait initier un projet phare, par exemple créer un lien véritable entre les pays baltes, l’Europe centrale et cette Europe occidentale qui, faisant preuve d’une arrogance excessive, se considère depuis trop longtemps comme la véritable Europe. Le profit des plus nantis ne saurait être l’objectif de l’Union européenne.