TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 4 novembre 2010

Hermès : Bernard Arnault ne revendra pas sa participation

Le PDG du groupe LVMH oppose une fin de non-recevoir à la demande d'Hermès de revendre sa participation dans la marque de luxe, dans un entretien publié jeudi par le supplément économie du Figaro. A la question de savoir s'il est prêt à revendre ses parts, comme le lui demande Hermès, Bernard Arnault répond clairement : "Non. En outre, je ne vois pas en quoi le gérant d'une société cotée en Bourse est qualifié pour demander à un actionnaire de vendre ses parts." "Il est au contraire censé défendre les intérêts de tous les actionnaires", poursuit le PDG de LVMH.

"Je pense que notre arrivée est probablement le meilleur moyen de préserver l'ancrage français et le caractère familial de cette entreprise", argumente-t-il. "Cette opération est tout à fait pacifique. Ce qui est hostile, c'est plutôt d'exiger de nous de vendre nos actions", assure-t-il encore au Figaro Economie.
"IL FAUT VOUS RETIRER"
Pour preuve du caractère amical de son entrée au capital, il indique que "dans les années 80, les actionnaires d'Hermès avaient vendu plus de 10 % du capital à [son] groupe", "pour assurer un peu de liquidités à la famille", présume-t-il. "Notre présence au capital n'avait posé aucun problème", souligne-t-il encore. Cette participation avait été "conservée pendant plusieurs années" puis revendue "pour faciliter l'introduction en Bourse" d'Hermès, explique encore Bernard Arnault.
Mercredi, les dirigeants d'Hermès avaient appelé le patron de LVMH à se retirer du capital de la maison, moins de deux semaines après son entrée fracassante. "La famille le dit clairement et à l'unanimité : si vous voulez être amical, Monsieur Arnault, il faut vous retirer", ont demandé dans Le Figaro le président du conseil de gérance, Bertrand Puech, descendant du fondateur à la cinquième génération, et le gérant d'Hermès, Patrick Thomas. Les deux dirigeants soulignaient dans cet article que la prise de participation de Bernard Arnault à hauteur de 17,1 % n'avait été "ni désirée ni sollicitée".

TROP TARD, LE LOUP EST ENTRÉ DANS LA BERGERIE. 
LE BERGER DOIT L'EMPÊCHER DE NUIRE. 

L'UMP, un parti de privilégiés ?

On sait qu'en Grande-Bretagne la longue traversée du désert du Parti conservateur avait pour cause principale son image de nasty party ("méchant parti"). En effet, le Parti conservateur apparaissait de plus en plus comme le parti des catégories privilégiées et s'était ainsi coupé des classes moyennes, qui avaient pourtant assuré le succès de Margaret Thatcher dans sa lutte avec les syndicats.

Plus profondément, ce que l'on reprochait au Parti conservateur, c'était son incapacité à être en phase avec les problèmes des gens et son idéologisme qui l'éloignait des réalités vécues par la majorité des citoyens britanniques. Le syndrome du nasty party a marginalisé le Parti conservateur pendant plus d'une décennie, et il a fallu toute l'habileté de communication de David Cameron pour amender cette image désastreuse.
N'en doutons pas, aujourd'hui, l'UMP souffre des mêmes maux et apparaît à la fois comme le parti des privilégiés, mais aussi comme un parti coupé des réalités. Lorsque l'on écoute ses principaux dirigeants, on est frappé par la tonalité généraliste des propos où l'on se réfugie volontiers derrière des termes commodes, comme la réforme, pour masquer, la plupart du temps, une incapacité à comprendre une réalité sociale difficile.
On se projette le plus souvent dans l'avenir, alors que pour des millions de Français les difficultés économiques sont quotidiennes et à très court terme. On comprend mieux, dès lors, pourquoi les salariés (du privé comme du public) ont pris leurs distances avec ce parti, ce que toutes les enquêtes confirment. Même le discours sur l'entreprise apparaît formaté et loin des préoccupations des millions de petits entrepreneurs. Il est souvent dit que le sarkozysme serait un avatar du bonapartisme. Peut-être, mais dans son versant affairiste et huppé, et l'on cherche en vain à l'UMP des personnes capables d'incarner le versant social et populaire du bonapartisme, l'équivalent de ce que représenta le binôme Pasqua-Séguin au RPR.
On touche ici une des faiblesses de ce parti. C'est un parti entièrement structuré autour de la personne du président de la République et où la diversité idéologique est très faible. La raison en est simple : toute analyse divergente est traitée comme une attaque contre le président, on est pour ou contre lui. De ce point de vue, nul doute que Dominique de Villepin, en personnalisant trop ses critiques, n'ait su éviter ce piège.
Le conformisme qui résulte de cet état de fait n'est pas sans expliquer un certain autisme des principaux dirigeants de l'UMP lorsqu'il s'agit d'appréhender la réalité. Les logiques courtisanes préparent rarement à affronter les crises. Ces logiques sont à l'oeuvre dans tous les partis mais, à l'UMP, elles sont poussées à leur paroxysme.
L'effet pervers d'une telle situation, c'est l'incapacité de l'UMP à cristalliser autour d'elle des électeurs qui se retrouveraient dans telle ou telle approche de ses dirigeants et de la sorte amortiraient la désaffection vis-à-vis du président, ou du moins envers la majorité présidentielle. On a beaucoup critiqué les courants du Parti socialiste (PS) devenus très vite plus des écuries présidentielles que des laboratoires d'idées.
On oublie pourtant qu'ils ont certainement permis au PS d'agréger des groupes d'électeurs et de militants aux motivations parfois divergentes, et ainsi de mieux résister aux multiples tempêtes électorales qu'a subies ce parti. Il n'est pas sûr que, confrontée à de telles tempêtes et possiblement privé du soutien de la présidence, l'UMP résisterait aussi bien.
S'il appartient aux partis de préparer l'avenir, il leur appartient aussi de comprendre le présent. Bien sûr qu'il existe de multiples blocages dans la société française, des corporatismes solidement ancrés, corporatismes qui se parent volontiers des oripeaux de l'intérêt général, qui le nie ? La passion pour l'égalité est, dans notre pays, très souvent contrebalancée par le désir d'échapper à la loi générale en multipliant les statuts dits spéciaux.
Mais il existe aussi des millions de salariés ou d'entrepreneurs qui luttent quotidiennement pour leur survie et pour qui l'ascenseur social ne fonctionne plus. La crise a accentué ces tendances lourdes de notre société ; il s'agit pour les politiques de répondre à ces attentes en sachant que les réponses seront modestes, mais continues dans le temps. On oublie trop souvent, comme l'avait magistralement démontré naguère le sociologue Michel Crozier, que l'on ne change pas la société par décrets.

Jean-Claude Pacitto, enseignant-chercheur à l'université Paris-Est

Le FMI déconseille la rigueur dans l'immédiat

Le Fonds monétaire international a conseillé, jeudi 4 novembre, à ses Etats membres qui le peuvent d'"éviter toute rigueur aujourd'hui" afin de préserver la croissance économique, "tout en s'engageant de manière crédible à la rigueur à l'avenir".
"Etant donné le rythme relativement lent de la reprise économique, appuyer sur les freins avec une ferveur excessive ne serait pas adéquat à moins qu'il y ait une forte pression des marchés", a affirmé l'institution dans son "Rapport de surveillance budgétaire multinational" semestriel. "La voie idéale serait d'éviter toute rigueur aujourd'hui, tout en s'engageant de manière crédible à la rigueur à l'avenir", ajoute le rapport.

Ce conseil constitue un léger glissement par rapport au discours tenu jusque-là par le FMI. Le 1er octobre, son directeur général Dominique Strauss-Kahn invoquait auprès de ses Etats membres "la nécessité de mettre en place des plans à moyen terme pour contribuer à atteindre une position budgétaire viable". Et, ajoutait-il, "dans le cadre de ces plans, la consolidation budgétaire devrait débuter en 2011".
UN DISCOURS NUANCÉ

Le Fonds a cependant cherché à maintenir les pays développés en alerte face à leur problème de dette publique : "les risques" d'avoir des difficultés à refinancer la dette publique parvenant à maturité "restent à des niveaux élevés dans les économies développées", a-t-il prévenu.
Car si les 25 Etats examinés dans le rapport devraient avoir réduit leur déficit budgétaire en 2010 par rapport à 2009, "cela doit beaucoup à l'amélioration de la conjoncture économique", selon le FMI. Les pays développés devraient en fait emprunter l'année prochaine des montants encore supérieurs à cette année. "Le besoin de financement brut des économies développées, déjà élevé, devrait selon nos projections augmenter quelque peu en 2011", a calculé le FMI.
RÉFORME DES RETRAITES
Le FMI a par ailleurs affirmé qu'un relèvement de l'âge de la retraite de deux ans augmentait en moyenne le produit intérieur brut d'un pays "de près d'un point de pourcentage à court ou moyen terme et de 4,25 points de pourcentage à long terme".
Dans son rapport, le FMI compare trois moyens de renforcer la viabilité du financement des retraites : le relèvement de l'âge, la baisse du montant des pensions et la hausse des cotisations. "Une hausse de l'âge de la retraite est l'outil le plus efficace" si un gouvernement ne veut pas nuire à la croissance, conclut le rapport.

En France, le gouvernement s'est félicité de la position du FMI sur la question, qui a suscité en octobre un vaste débat dans la classe politique. L'institution a en effet pour directeur général Dominique Strauss-Kahn, l'un des candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2012 pour le Parti socialiste, alors que le PS s'est opposé à une telle mesure. M. Strauss-Kahn s'était dit, en mai, favorable à un ajustement de l'âge de la retraite en fonction de l'espérance de vie et de la pénibilité du travail, précisant qu'il n'avait pas de " dogme" de la retraite à 60 ans.

Le relèvement de l'âge de la retraite aide la croissance, selon le FMI

Le Fonds monétaire international a affirmé jeudi qu'un relèvement de l'âge de la retraite de deux ans augmentait en moyenne le produit intérieur brut d'un pays "de près d'un point de pourcentage à court ou moyen terme et de 4,25 points de pourcentage à long terme".
Le FMI a comparé dans son "Rapport de surveillance budgétaire multinational" trois moyens de renforcer la viabilité du des retraites: ce relèvement de l'âge, la baisse du montant des pensions et la hausse des cotisations.


"Une hausse de l'âge de la retraite est l'outil le plus efficace" si un ne veut pas nuire à la croissance, a-t-il conclu.
"En moyenne selon les régions, relever l'âge de la retraite de deux ans augmenterait le PIB de près d'un point de pourcentage à court ou moyen terme et de 4,25 points de pourcentage à long terme, tout en réduisant le ratio de la dette sur le PIB de 30 points de pourcentage sur la même période", a-t-il calculé.
Le FMI a fait l'éloge des pays qui ont fait ce choix.
Depuis le dernier rapport six mois auparavant, "les principaux développements dans ce domaine ont été l'adoption par la Grèce en juillet, et par la en octobre, d'une réforme importante des retraites, qui a considérablement amélioré les fondements budgétaires de long terme dans ces pays", a-t-il expliqué.
Ces deux pays ont relevé respectivement à 65 et à 62 ans une retraite qui était fixée à 60 ans.
En France, le gouvernement s'est félicité de la position du FMI sur la question, qui a suscité en octobre un vaste débat dans la classe politique. L'institution a en effet pour directeur général Dominique Strauss-Kahn, l'un des candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2012 pour le Parti socialiste, alors que le PS s'est opposé à une telle mesure.
M. Strauss-Kahn s'était dit en mai favorable à un ajustement de l'âge de la retraite en fonction de l'espérance de vie et de la pénibilité du travail, précisant qu'il n'avait pas "de dogme" de la retraite à 60 ans.

Top guys

Les temps sont durs pour ceux qui gouvernent de grands pays et l’échec spectaculaire d’Obama aux élections de mi-mandat en est la dernière illustration. Mais il est probable que si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui en France ou en Allemagne, Nicolas Sarkozy et Angela Meckel connaîtraient les mêmes déboires que le président américain, qui avait été lui-même précédé par le désastre de Gordon Brown en Angleterre.

Pourquoi cette série d’échecs pour les pouvoirs en place ? Parce que les présidents et Premiers ministres font face aux conséquences de la crise économique majeure de 2008 et que cette crise perdure avec une augmentation massive du chômage. Plus encore que le mouvement des Tea Party, c’est le chômage à 10 % qui a sanctionné Obama dans un pays habitué à moins de la moitié.

Par ailleurs, MM. Sarkozy et Obama s’efforcent de mener à bien des réformes nécessaires difficiles et forcément impopulaires, comme la réforme de la Sécurité sociale aux Etats-Unis et la réforme des retraites en France. Enfin, et surtout, dans les démocraties les dirigeants sont confrontés en permanence aux opinions publiques. Le mécontentement des uns, la déception des autres, la colère, parfois, se tournent forcément contre le pouvoir en place et l’homme qui l’incarne ; les sondages et les cotes de popularité en berne sont des signaux avant-coureurs.

Dans cet environnement, les top guys, les types qui sont au sommet, ne le restent pas longtemps, à moins de savoir trouver les moyens de rebondir, ce que s’efforceront de faire MM. Sarkozy et Obama dans les prochains mois. Un seul top guy est préservé dans cette tempête : celui qui, de son bureau de Washington, distribue les bons et les mauvais points aux pays en difficulté, aide à sauver la Grèce, réforme la gouvernance du FMI en faveur des pays émergents de la planète. Bref, pour l’hebdomadaire américain Newsweek, DSK, c’est le bon Dieu !

Mais ce maître du monde aura-t-il envie de revenir sur la terre de France pour se colleter avec son Parti socialiste, avec ses rivales, et surtout avec l’opinion publique de son pays ? Il fait, nous assure-t-on, un régime pour maigrir, sûr que c’est un signe !

Dépaysé

Il est un pays où le maquis est si épais que chacun peut s’y cacher à sa guise. Ce n’est pas la Corse, mais la justice. Un pays où l’on n’est jamais « dépaysé… » Ce joli mot, appliqué aux dernières péripéties de l’affaire Bettencourt-Woerth, en dit long sur les pratiques de l’administration judiciaire : pour éviter de se prendre les pieds dans le maquis, on fait traiter la chicane par une autre juridiction et on retarde d’autant la solution au problème.

Il y a d’ailleurs belle lurette que le commun des mortels ne sait plus ce qu’est le problème, tant ils se sont multipliés au fil de cette affaire protéiforme, mais peu importe, la justice suit son cours bien tortueux, à l’image des oueds qui s’assèchent avant d’être envahis par les crues. Dépaysons donc si le paysage est trop raviné, mais évitons les ornières. On a encore envie de croire en la droiture de la justice.

Le grand argentier


Il ne fait pas bon agacer le grand argentier de la planète avec le Tibet, sa monnaie sous- évaluée, la flamme olympique et autres sornettes droits-de-l'hommistes. Tout ce qui fâche est proscrit des entretiens. Surtout quand le président chinois vient voir son ami Nicolas Sarkozy pour, enfin, signer des contrats avec la France. Car jusque-là on avait beaucoup parlé de grosses commandes mais pas beaucoup d'engagements fermes. Les Chinois tiennent les cordons de la bourse de cette fin de crise et leur colossal plan de relance intérieure a été un efficace levier de la reprise des échanges. Leurs énormes réserves monétaires pèsent si fort sur l'économie internationale que Hu Jintao est le vrai maître du monde. Il ferait donc beau voir que pour de basses raisons de concurrence ou de dissidents on laisse s'obscurcir le ciel calme des relations entre les deux pays.


Après la visite d'État ratée du président de la République à Pékin, en 2007, les relations se sont normalisées. D'autant plus facilement que nous ne sommes pas en situation de nous passer de cet eldorado commercial et que, chaque fois qu'ils l'exigent, nous passons sous ses fourches caudines.


C'est ainsi que les Chinois imposent pour toute signature de contrat sur des Airbus, des TGV, des centrales ou du matériel militaire que nous organisions les transferts de technologies. Quand on sait leur talent à copier les inventions, on imagine sans peine les risques de ses concessions d'expertise quand, dans dix ans, ils commenceront à exporter des avions ou des TGV comme déjà ils s'apprêtent à le faire en Californie. Il y a maintenant des années que la Chine s'est éveillée et suscite plus de craintes que d'espoirs. Pourtant, elle a besoin de la France et de l'Europe pour faire contrepoids aux États-Unis.


Le dernier géant « communiste » courrait le risque de l'implosion s'il s'isolait commercialement au moment où se fait jour la tentation du protectionnisme en Occident. Cet intérêt bien compris des Chinois pourrait aussi être mis dans la balance des accords et de la diplomatie pour nous épargner de nous asseoir sur nos valeurs démocratiques. Et demander à voix haute la libération du Liu Xiaobo, le Nobel de la Paix.

La violente charge de Copé contre les syndicats

La nomination de Jean-François Copé à l'UMP est devenue un secret de Polichinelle.

Essayez de demander à Jean-François Copé s'il sera le prochain secrétaire général de l'UMP. Il rétorquera d'abord, comme il l'a fait mercredi devant l'Association des journalistes parlementaires, qu'il ne répondra pas à la question. Puis il acceptera de livrer une phrase sur le sujet : «J'ai fait une offre de service en juillet au président de la République. Il ne m'a pas encore donné sa réponse, mais il ne m'a découragé à aucun moment.» Et finalement, il lâchera : «Je ne le fais que dans l'objectif de m'engager à fond pour la réélection de Nicolas Sarkozy.» Voilà qui est dit.
La nomination de Jean-François Copé à l'UMP est donc devenue un secret de Polichinelle. Même l'actuel secrétaire général, Xavier Bertrand, a estimé mercredi sur RTL que ce scénario était «possible», lui-même étant susceptible alors de revenir au gouvernement. «C'est amical de sa part» lui a, à distance, répondu Copé, «amical» n'étant pas le mot qui caractérise le mieux les relations entre les deux hommes, rivaux notoires.

Groupe de travail 

C'est donc en tant que président du groupe UMP à l'Assemblée que Jean-François Copé a lancé, mercredi, un certain nombre de propositions que, devenu secrétaire général du parti présidentiel, il n'aurait aucun mal à recycler. Il a ainsi tiré quelques enseignements du récent conflit sur la réforme des retraites, qui lui a inspiré une violente charge contre les syndicats. «Je déplore , dit-il, qu'aucun grand responsable syndical n'ait trouvé les mots pour regretter la présence des lycéens dans la rue, ou pour condamner le blocage des raffineries.» Puis, enfonçant le clou : «On ne peut plus mener des réformes avec un corps syndical qui utilise des méthodes d'un autre temps», car «bloquer les ports et les dépôts de carburant, c'est toucher aux fonctions vitales du pays, et ça n'est pas supportable. Il y a des choses qu'on ne peut pas laisser faire».
Jean-François Copé va mettre en place une «réflexion» au sein du groupe puis - sans doute au sein du parti - une équipe de travail qui rendra un rapport sur cette question, sans remettre en cause ni le droit de faire grève ni celui de manifester. Des décisions pourraient être prises avant 2012, sans autre précision. Les propositions du groupe de travail pourraient aussi être «mises en débat dans le projet présidentiel» et donc «arbitrées par les Français» sur ce que Copé a qualifié de «sujet de bon sens» . Vu du groupe UMP, ou vu du parti.
« Bloquerles portset les dépôtsde carburant, c'est toucher aux fonctions vitalesdu pays,et ça n'est pas supportable.Il y a des choses qu'on ne peut pas laisser faire  » Jean-françois copé, Président du groupe umpà l'assemblée.

Le Talk : Valérie Pécresse



La démocratie du futur

La colère gronde dans les rues d'Europe. Est-ce la fin de la démocratie ? Non, répond le futurologue allemand Matthias Horx, à condition que les élites politiques abandonnent leur attitude de mépris et fassent confiance aux citoyens. 

Comment cela va-t-il se terminer ? Les lycées et universités françaises en flammes, la révolte des Souabes contre les nouvelles gares à Stuttgart et la crise des ordures à Naples. Sans compter les manifestations en Allemagne contre l’acheminement des déchets nucléaires Castor qui n’a pas encore commencé. Il ne manquerait plus que les impassibles Britanniques élèvent des barricades contre le plan de rigueur de leur gouvernement et que les Grecs mettent le feu à leurs usines d'exportation de feta. Est-ce donc la fin de la démocratie, ainsi que le murmurent déjà tant de commentateurs ? Ne peut-on pas dire "basta !" aux nouveaux "grands projets de relance de la croissance" ? Plus précisément, ne pourrait-on pas s’inspirer un peu du modèle chinois pour reprendre ce que mon ami, le futurologue John Naisbitt, qualifie habilement de "démocratie verticale" dans son livre Megatrends Asia (Le temps de l’Asie) ?

La culture du consensus

Nous avons la mémoire courte. Dans ma jeunesse, les folles années 1970, la situation était bien différente en Europe. Dans les dictatures militaires de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne, les manifestants risquaient leur vie. En France, il y avait eu des morts pendant les manifestations des anti-nucléaires. A Berlin, à Francfort, pas une semaine ne passait sans quelques vitres cassées. A bien des égards, la société était beaucoup plus divisée qu’aujourd’hui. Dans ma ville natale de Francfort, on comptait déjà près de 8 000 sans-abris dans les rues. Quiconque a vécu "l’automne allemand" [marqué par une série d’assassinats en 1977] sait à quel point nous vivons aujourd’hui dans une culture de consensus.
La culture politique apprend par le conflit. Cette leçon, que ma génération rebelle avait apprise, est aujourd’hui réaffirmée. Les années 1980 ont accouché du citoyen écolo après la révolution écolo. Le mouvement féministe a changé la donne dans les relations entre hommes et femmes. Alors que le mur de Berlin tombait, beaucoup à l’Ouest craignaient que notre nouvelle société civile, étonnamment tolérante, ne tombe sous les coups d’un révisionnisme grossier. En réalité, les Allemands ont découvert une nouvelle légèreté, ainsi que bon nombre de nouveaux problèmes.

L'exemple suisse

L’histoire ne se répète pas mais elle rime, disait Mark Twain. Il ne faut pas s’étonner que la rupture d’un consensus social, comme celui sur la sortie du nucléaire, finisse par rouvrir de vieilles plaies. Les majorités politiques changent, signe que la démocratie fonctionne. La société allemande n’est pas noyautée par une foule de citoyens mornes, ainsi que l’affirment les disciples d’Oswald Spengler (Le déclin de l’Occident). A Stuttgart, on assiste simplement à un raté de la démocratie. Les élites du vieux modèle allemand ont renoué avec leur attitude de mépris des années 1960 et tous ceux qui ont osé formuler des objections se sont vus traiter de fainéants et de parasites.
Pour avoir un aperçu de la démocratie du futur, il faut regarder du côté de la Suisse. Là-bas, les processus de décisions sont plus lents. Il arrive que le peuple ait du mal à trancher dans une démocratie directe comme celle-ci. Mais rien n’est irrévocable. La Suisse construit actuellement le tunnel le plus long du monde, avec l’accord des citoyens et un objectif fixé au préalable. Cela fait douze ans que ce projet de tunnel existe. Il coûtera même exactement ce qui était prévu. C'est cela, une véritable démocratie citoyenne. Cela exige une confiance, une patience et une humilité qui ne s’apprennent manifestement que dans la douleur.

L’Europe fédérale ? Elle vient de naître

Plus que la révision des traités réclamée par Angela Merkel ou les exigences budgétaires de David Cameron, le véritable événement du récent sommet de Bruxelles est le pas décisif de l'Europe vers l'avènement d'un super-Etat. 

Pendant que la presse britannique se concentrait sur des enjeux nationaux, de véritables évènements historiques se produisaient en Europe. Le Royaume-Uni est peut-être dirigé par son premier gouvernement de coalition depuis 70 ans, mais l’Europe fait encore mieux. L’Union européenne vient d'accomplir un pas décisif sur la voie de l’Etat unique en transférant les politiques budgétaires et fiscales du niveau national au niveau fédéral.

Une décision prise en catimini

Le fait qu’une des décisions les plus controversées de l’histoire européenne moderne ait été prise dans une telle discrétion et presque sans débat n’est que la marque du style hiérarchique adopté par les élites politiques européennes. En dépit de tous ses défauts, la version européenne et élitiste de la démocratie représentative pourrait rester dans l’histoire comme une méthode bien plus efficace que les modèles américain et britannique, plus populistes, lorsqu’il s’agit de gérer les délicats compromis exigés par la nouvelle donne géopolitique mondiale.
L’histoire commence – comme la plupart des évènements récents – par la crise financière. Après la faillite de Lehman Brothers en 2008, il était presque inévitable que l’Europe soit gagnée par la panique et voit sa monnaie unique fortement menacée.

La théorie des dominos

 La crise a frappé l’Europe à l’automne 2009 et a atteint son apogée durant le week-end du 8-9 mai 2010, lorsque le gouvernement grec s’est trouvé dans l’impossibilité de rembourser des crédits arrivant à échéance le lendemain.  Les dirigeants européens ont compris que la faillite de l’Etat grec entraînerait dans sa chute toutes les banques du pays mais également celles d’Irlande, du Portugal, d’Espagne et d’Europe centrale. En l’espace de quelques jours, si ce n’est de quelques heures, les euros des banques grecques, espagnoles et italiennes ne vaudraient plus qu’une fraction de ceux des banques allemandes et néerlandaises. L’euro aurait de fait cessé d’exister.
Dans la nuit du 9 mai, l’Europe était au bord de l’abîme. Ses dirigeants ont toutefois mis au point un mécanisme financier d’un montant de 750 milliards d’euros afin d’aider les pays ne pouvant plus se refinancer auprès d’investisseurs privés. Plus important encore, Angela Merkel a fini par s’asseoir sur ses principes pour accepter la suspension de la "clause de non-renflouement", ajoutée in extremis dans le traité de Lisbonne afin de garantir aux Allemands qu’ils ne seraient pas financièrement responsables des largesses des gouvernements du "Club Med". Tout aussi incroyable, le Trésor britannique a accepté de participer au programme de crédit européen afin de contrôler les projets budgétaires depuis Bruxelles, créant de fait un budget fédéral européen. "Ça a vraiment été une nuit de miracles", reconnaît Emma Bonino, ancienne commissaire européenne italienne

Un renforcement du contrôle central

Le plan de sauvetage de l’euro n’avait aucune chance de survivre si les gouvernements ne s’étaient pas engagés un minimum à pérenniser les garanties collectives sur la dette des pays de la zone euro. Ces garanties n’auraient jamais pu fonctionner sans mécanisme de transfert budgétaire dans la zone euro, et ces transferts n’auraient jamais été acceptés par l’Allemagne et les autres Etats créanciers sans un renforcement du contrôle central sur les budgets nationaux, ce que personne n’avait encore suggéré.
Le principe de ces mécanismes a été approuvé la semaine dernière à Bruxelles. La plupart des journaux ont titré sur des questions secondaires comme la défense du rabais britannique par David Cameron ou l’insistance d’Angela Merkel à réviser les traités européens. Pourtant, la vérité est que l’Allemagne a cédé, une fois encore. Les gouvernements européens ont tous accepté l’idée qu’aucun pays ne pouvait être contraint de sortir de la zone euro pour défaut de paiement.

Tôt ou tard, l'union politique

Même si personne, pas même les dirigeants européens, ne peut préciser les termes de cet accord, il en résulte que l’UE devrait créer des mécanismes de soutien financier mutuels et permanents pour toute la zone euro et qu’ils figureront dans les prochains traités européens. Loin de protéger les contribuables allemands des déboires financiers de leurs partenaires, les demandes répétées d’Angela Merkel pour une révision des traités renforce l’engagement des pays européens sur de futurs renflouements. En modifiant explicitement la clause de non-renflouement, les révisions demandées par Angela Merkel permettront de doter le budget fédéral européen d’un statut légal irrévocable.
Pourquoi les Allemands accepteraient-ils de nouvelles obligations si coûteuses ? Il y a deux raisons. La première est que les milieux industriels et financiers allemands dépendent fondamentalement de la stabilité et de la prospérité de la zone euro. La seconde est que l’union politique est un objectif que les élites politiques et économiques allemandes se croient destinées à accomplir depuis longtemps.
Les Allemands ne sont pas stupides. Ils n’accepteront pas de jouer les garants permanents des pays les plus imprudents sans un net renforcement du contrôle des finances. La création d’un budget fédéral nécessite un certain de degré de centralisation politique qui paraît peut-être encore difficile à imaginer mais semble de plus en plus inévitable.
Comment concevoir, par exemple, que des pays puissent présenter une telle disparité sur l’âge de leur retraite, leur niveau de pensions et leur système de sécurité sociale si les coûts de ces différentes politiques sont garantis conjointement ? D’un point de vue strictement économique, la convergence de l’âge de la retraite à 67 ans en Europe est donc l’une des conséquences les plus bienvenues de la crise financière.
L’intégration européenne a toujours progressé par à-coup et une grande avancée vers le fédéralisme politique et budgétaire est devenue irréversible après cette année de crise. C’est exactement ce que les artisans de l’euro avaient en tête.

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Nestlé lorgne Yoplait

Le numéro 1 mondial des produits alimentaires, le suisse Nestlé, est intéressé par une prise de participation dans le groupe français Yoplait, dont la moitié du capital est à vendre, affirme le journal Le Figaro, jeudi. Nestlé "prépare plusieurs options en vue de faire, le cas échéant, une offre de rachat de la moitié du capital", indique le journal.
 Yoplait est détenu pour moitié par une coopérative agricole, la Sodiaal. Les 50 % restants appartiennent au fonds d'investissements PAI, qui veut vendre sa participation.
Sur ce dossier Yoplait, Nestlé est en concurrence avec l'américain General Mills, qui produit notamment les glaces Häagen-Dazs, a indiqué en septembre le journal britannique The Sunday Times.
Yoplait, présent dans 50 pays, compte 1 500 salariés, dont 1 300 en France. La marque à la petite fleur réalise un chiffre d'affaires d'environ 3,5 milliards d'euros dans le monde, en direct et via des franchisés. Il s'agit de la deuxième marque mondiale de produits laitiers frais, derrière Danone. Le marché américain représente 48 % des volumes de la marque Yoplait.

Discovery ouvre l'ère des robots spatiaux humanoïdes

La navette américaine Discovery devrait lancer jeudi soir le premier de ces automates vers la Station spatiale internationale. Des ingénieurs de la Nasa se disent prêts à en faire marcher un autre sur la Lune.
Un petit parfum de Guerre des étoiles flottera jeudi soir sur le pas de tir du Kennedy Space Center, près du cap Canaveral (Floride). Confortablement installé dans la soute de la navette Discovery, qui doit décoller à 20 h 29 (heure française) pour son 39e et dernier vol avant sa retraite définitive, Robonaut 2, dont le sigle R2 rappelle le célèbre R2-D2 de la saga cinématographique de George Lucas, sera le premier robot humanoïde à rejoindre l'espace. Direction la Station spatiale internationale (ISS) où ce passager très spécial, fruit d'un partenariat entre la Nasa et le constructeur automobile General Motors, est destiné à assister les astronautes dans les multiples tâches qu'ils doivent accomplir en orbite.
«Un petit pas pour lui», mais «un bond de géant» pour la robotique s'enthousiasme Rob Ambrose, l'un des responsables du programme robotique à la Nasa, en reprenant la célèbre formule de Neil Armstrong au moment de fouler le sol lunaire.
Pour l'instant, Robonaut 2, dont la physionomie se rapproche plus de celle de C-3PO, le fidèle compagnon de R2-D2, est cul-de-jatte : ses jambes, en cours de fabrication, ne seront terminées que fin 2011. Mais il n'en pèse pas moins 150 kg et ses bras articulés, en aluminium et en fibres de carbone, munis de mains «humaines», sont déjà capables de soulever des haltères de 9 kg. Faute de place, l'ordinateur central qui lui sert de cerveau, a été placé dans son buste. Le volume de sa tête, recouverte d'une très seyante visière dorée, est entièrement occupé par les cinq caméras qui lui servent d'«organes» de vision. Il est également muni de plus de 350 capteurs assez sensibles pour lui permettre de percevoir, du bout des doigts, un objet aussi léger qu'une plume.

Batterie de tests 

Une fois installé sur un piédestal, dans le module Destiny de l'ISS, R2 va subir une batterie de tests destinés à observer son comportement en apesanteur. La Nasa espère qu'il sera capable, à terme, non pas de remplacer les astronautes, mais de les aider à accomplir des tâches d'entretien ou de nettoyage, de les assister lors des sorties dans l'espace sans craindre le froid glacial et l'impact des radiations, ou d'intervenir dans des situations d'urgence (incendie, fuite de substance toxique…). Le tout en mode automatique ou en étant actionné à distance par les occupants de l'ISS.
L'astronaute et médecin Michael Barratt, qui fait partie des six membres de l'équipage de Discovery, estime cependant, qu'«il faudra beaucoup de temps», d'améliorations et de mises au point avant que R2 puisse travailler aussi bien qu'un humain.
Au-delà de l'ISS, dont il sera un occupant permanent, R2 aidera la Nasa à concevoir les futurs robots qui partiront peut-être un jour en éclaireur sur Mars ou à la rencontre des astéroïdes qui frôlent la Terre d'un peu trop près. Il y a un an, des ingénieurs de la Nasa, au Johnson Space Center de Houston (Texas), se sont déclarés prêts à mettre au point en 1 000 jours un robot humanoïde capable d'atterrir sur la Lune. Avec la fusée pour l'amener à bon port.

«Projet M» 

Alors qu'il en aurait coûté 150 milliards de dollars pour ramener des hommes en chair et en os sur la Lune avant 2020, comme le prévoyait le programme «constellation» abandonné par Barack Obama, ce défi, baptisé «projet M» (pour mille), reviendrait en tout et pour tout à 450 millions de dollars.
À l'heure où la Nasa se cherche un avenir dans l'exploration spatiale, «un robot humanoïde foulant le sol lunaire inspirera nos étudiants et démontrera notre capacité technologique», déclare Matt Ondler, le responsable du projet M. Mais la Lune fait-elle encore rêver les Américains ?


Obama ou le dur retour aux réalités

Yes we can ! » Barack Obama avait été élu triomphalement il y a deux ans à la Maison-Blanche, suscitant un espoir démesuré dans le monde. Aujourd'hui, les démocrates essuient une sévère défaite aux élections de mi-mandat. Cet échec est aussi le sien. Même si le vote sanction n'a pas conduit à la débâcle pour les démocrates que certains redoutaient, les républicains se sont emparés facilement de la Chambre des représentants et ont marqué des points au Sénat, sans néanmoins y acquérir la majorité. La vague républicaine s'est arrêtée aux frontières de la Californie. Faible consolation ! Les causes de la défaite sont connues : un chômage obstinément élevé, un sentiment que les classes moyennes sont menacées et une réforme de la santé du président Obama qui a déçu ses partisans pour ses insuffisances mais révulsé ses adversaires. Le risque pour une Amérique divisée politiquement, c'est la paralysie entre une Chambre à majorité républicaine et un président démocrate. Certes la cohabitation est une quasi-tradition aux Etats-Unis et n'est pas forcément un frein à toute réforme. Le républicain Ronald Reagan en son temps l'a prouvé. Bill Clinton aussi. Mais la grande différence est que l'Amérique d'aujourd'hui sort à peine de la pire crise qu'elle ait connue depuis les années 1930. Si elle maintient dans le monde son rang de première puissance, elle est de plus en plus concurrencée par la Chine et d'autres puissances émergentes. Or toute paralysie pourrait empêcher le président Obama de parvenir à des réformes nécessaires, comme celle de la régulation financière, ou encore l'obliger à accepter le maintien des réductions d'impôt adoptées sous George Bush. La question est de savoir si les républicains sont prêts au compromis et Barack Obama à revenir aux réalités de la politique américaine. Si l'art du discours et des promesses est important, il ne saurait remplacer les difficiles tractations pour s'assurer des majorités au Congrès. Mais Barack Obama a une carte pour construire des « consensus » : les républicains seront désormais en partie responsables de ses échecs. Ils risquent en outre d'être gênés par les ultraconservateurs des Tea Parties, qui estiment avoir contribué à leur victoire. Il y a une certitude, comme l'a dit le futur speaker de la Chambre, le républicain John Boehner : Barack Obama va devoir changer de direction. Mais jusqu'où ?

Un sérieux avertissement

Défaite cuisante à la Chambre des représentants. Perte de dix postes de gouverneur. Résistance, sur le fil, au Sénat. Pour les démocrates, le scrutin de mardi est sans ambiguïté. Ce n'est pas une déroute, mais l'avertissement est sérieux. Une majorité d'Américains attendent de leur Président un changement de cap.

Les raisons de cette défaite ont été amplement évoquées avant même le verdict des urnes. Manque de résultats économiques, notamment sur le front du chômage ; vigueur de la contestation populiste du mouvement du Tea Party ; activisme forcené des très puissants lobbies hostiles à la réforme de la santé et à celle de Wall Street ; désaffection des minorités et des jeunes, très mobilisés en 2008. Tout cela est confirmé par le vote.

Ces derniers mois, les responsables démocrates avaient tendance à considérer que leur principale limite n'était pas tant l'action du gouvernement, historique pour certains, que le manque de pédagogie sur le travail accompli par l'administration Obama. Ils vont devoir réviser leur copie. Les sondages à la sortie des urnes montrent clairement la volonté de sanction exprimée par les électeurs.

Aux États-Unis, on n'aime pas tant refaire l'histoire que la faire. Le bilan désastreux dont Obama a hérité il y a deux ans était, de l'avis général, l'un des plus lourds des dernières décennies. Mais ce n'est plus le problème. Sortir de la mauvaise passe de l'automne 2008 était nécessaire ; c'est insuffisant si la relance n'est pas au rendez-vous. Un représentant démocrate, conscient du signal d'alarme, l'affirmait d'ailleurs très clairement, dès hier, dans le New York Times. La seule question qui vaille désormais dans toute action gouvernementale est celle-ci : « Est-ce que cela renforce la croissance économique ? »

L'avertissement est donc limpide, la priorité bien définie. Néanmoins, l'échiquier politique américain n'en ressort pas pour autant simplifié. Loin de là. Sur le plan institutionnel, le pendule électoral ramène la démocratie américaine sur un terrain de cohabitation qu'elle pratique souvent. Avec une Chambre républicaine et un Sénat démocrate, le compromis est, d'ordinaire, incontournable pour gouverner. Mais cette fois, compte tenu de la radicalisation du débat politique, le risque de blocage est bien réel.

Car si les républicains peuvent être très satisfaits de sortir du trou noir dans lequel les avait laissés Bush, la percée du Tea Party flaire plus l'obstruction que le dialogue. Le mouvement populiste n'a pas provoqué un raz-de-marée. Il a même connu quelques revers inattendus. Mais il entre au Sénat et à la Chambre, galvanisé notamment par des succès remarqués, comme celui de Marco Rubio en Floride. En vue de la présidentielle de 2012, cela va peser lourdement sur les orientations du Parti républicain.

Depuis hier, la campagne pour les primaires républicaines est en route. Certes, les tea partiers, pour devenir crédibles, vont devoir sortir de leur posture contestatrice. Mais les sondages montrent que quatre électeurs sur dix du vieux parti sont sensibles à leurs thèses. Leurs représentants clament volontiers qu'ils n'entendent pas se faire récupérer ou phagocyter par les barons républicains. Ces dissensions prévisibles peuvent naturellement servir Obama, mais il aurait tort de trop en attendre. Il a plus à perdre à la paralysie du système que les radicaux.

En décalage

Il a assumé, avec le cran qui caractérise le personnage. Mais cette fois on a bien senti que le panache et le verbe seraient insuffisants pour prendre la défaite de haut. Le style particulier, la voix, et cette gestuelle inimitable qui avaient tant servi le candidat Obama sont devenus des accessoires, mais ne sont plus une force. Ce solide arsenal, en tout cas, ne pourra pas faire oublier le cinglant message des urnes et ignorer le rouleau compresseur républicain.
Ce n'est pas un simple avertissement que les électeurs américains ont adressé au président des États-Unis. C'est un message de désamour. L'expression d'une déception mêlée d'incompréhension. Invoquées par le chef de la Maison Blanche, la crise et la lenteur de la reprise ne constituent qu'un des ressorts du résultat, même s'il est le plus mécanique. Barack Obama porte une part personnelle importante dans l'échec.
Ce n'est pas parce qu'il aurait été « trop à gauche » qu'il a affaibli son camp, mais plutôt parce qu'il a manqué d'audace pour marquer sa présidence. La promesse de rupture qui enveloppait l'Obama de 2008 n'a pas été tenue. Bien élu il y a deux ans, le président apparemment le plus iconoclaste de l'histoire récente des États-Unis a péché par conformisme. Là où Franklin Roosevelt avait instantanément imprimé sa marque (dès 1934), Barack Obama a temporisé, ménagé, calculé, y compris sur la réforme de l'assurance maladie, qui peut apparaître aujourd'hui comme une cote mal taillée. L'empreinte qu'il laisse derrière lui à mi-mandat est hésitante. Elle est beaucoup plus petite et incertaine que ne le laissait imaginer la stature mondiale et universelle du personnage.
Aux yeux de nombre d'Américains, pas seulement conservateurs, ce président est resté celui d'une caste de politiciens dont il a épousé les codes et les réflexes. Celui que ses adversaires présentent comme un dangereux « marxiste » a été finalement proche de Wall Street, par ses stratégies de relance... mais aussi par les choix de ses hommes. Pendant que des milliers d'Américains basculaient dans la faillite, le chômage ou la précarité, lui remettait le système à flot...
Cette distance-là a beaucoup pesé finalement. Même si le résultat des candidats du Tea Party est finalement mi-chèvre, mi-chou, l'idéologie de leur mouvement - le bon sens des honnêtes gens - et la contestation de « Washington » ont gagné du terrain. Le parti républicain, sous la pression, ne va pas avoir d'autre choix que de tenir compte de cette poussée ultra-conservatrice, ce qui augure fort mal de l'avenir de la main tendue du président. La cohabitation des deux chambres du Congrès va inévitablement produire un effet législatif paralysant sur lequel le volontarisme du président sera inopérant. Mauvaise nouvelle...


L'allié chinois

Faut-il pactiser avec le diable ? Faut-il accepter des transferts de technologie en échange de débouchés ou de contrats gigantesques annoncés lors des visites officielles ? Telle est la question que se posent les industriels tentés par le marché chinois. La réponse est bien évidemment oui. Même s'il ne faut pas s'y prendre n'importe comment et si l'on pourrait attendre de l'Europe qu'elle soit parfois plus ferme et plus unie face à une Chine elle-même très protectionniste, il est urgent de tout faire pour prendre pied dans l'ex-empire du Milieu.

Rester à l'écart de ce qui est devenu le premier marché du monde est tout simplement suicidaire. Pour les constructeurs automobiles, les géants de l'énergie ou du luxe, le milliard de consommateurs chinois représente un gigantesque potentiel permettant de compenser l'atonie de la demande dans bien des zones matures. Mais ne voir en la Chine qu'un marché de volume serait réducteur. La classe moyenne chinoise grandissante a désormais des exigences équivalentes à celles des Occidentaux. La Chine n'est pas un paradis low cost mais un marché tiré par l'innovation et le haut de gamme. Marché de volumes comme de valeur, la Chine permet de générer les indispensables économies d'échelle et de rester dans la course en matière de R & D. S'en exclure, c'est se mettre hors course à l'échelle du globe.

S'il faut aller en Chine parce qu'on n'a guère le choix, il faut aussi relativiser l'ampleur du « péril jaune ». Certes, ceux qui ont copié logos ou briquets tentent maintenant de concurrencer les industriels de pointe dans l'aéronautique ou l'énergie. Mais non seulement cette montée en gamme ne sera que progressive, mais il faut également admettre que, pour la majorité des industriels chinois, la priorité n'est pas de partir à la conquête du monde mais de répondre à la demande domestique.

Pour les industriels français, les principaux concurrents ne sont en fait pas chinois. Ils sont encore allemands, américains ou japonais. Paradoxalement, dans ce pays à la taille d'un continent, la diversité du tissu industriel peut même servir les intérêts des champions tricolores. Plus que céder au « China bashing », il faut aborder ce marché en prenant le soin de choisir sur place le meilleur partenaire possible. Car il y a bien souvent plus d'un Chinois qui a besoin d'un allié occidental pour rivaliser avec un autre concurrent chinois.

Chômage artificiel

L'exception est devenue une habitude. Lorsque tombe le chiffre mensuel du chômage, celui-ci est, désormais, communément accompagné du nombre des autres demandeurs d'emploi indemnisés : ceux qui exercent une activité réduite, mais sont inscrits à Pôle emploi. Soit qu'ils veuillent travailler plus, soit qu'ils cherchent un autre poste. Les chômeurs au sens strict, ceux qui n'ont aucun travail, sont classés par Pôle emploi en catégorie dite A, laquelle donne le nombre officiel de chômeurs (2,7 millions en septembre). Les seconds sont répartis en deux catégories : B s'ils ont travaillé jusqu'à 78 heures dans le mois, C s'ils ont un emploi d'au moins 79 heures.


Ces travailleurs inscrits à Pôle emploi, qui perçoivent généralement des allocations chômage en complément de leur salaire, étaient 1,3 million en septembre. Présentés, la plupart du temps, comme des chômeurs, ils viennent gonfler la statistique du chômage, accréditant l'idée que celui-ci frappe, en réalité, 4 millions de personnes en métropole. Et, lorsque baisse le nombre des demandeurs d'emploi de catégorie A, l'égale publicité faite au chiffre des B et C entretient l'impression d'un « halo » persistant du chômage. La réalité est plus complexe et il est artificiel de considérer comme « chômeurs » ces demandeurs d'emploi qui travaillent. Ils sont souvent plus proches de l'emploi que du chômage.


Pour « Les Echos », la direction des études de Pôle emploi a réparti les demandeurs d'emploi à activité réduite d'août 2010 selon la durée d'activité (1). Deux enseignements s'en dégagent. Le premier est que la moitié des personnes inscrites en catégories B + C travaillent plus de 90 heures par mois, soit bien plus qu'un mi-temps. Ce n'est certes pas considérable, mais cela les éloigne de la définition rigoureuse du chômeur. Au sens du Bureau international du travail (BIT), notamment, il faut n'avoir eu aucune activité dans le mois.


Le deuxième enseignement est qu'il faut justement cesser d'assimiler les inscrits de la catégorie C à ceux de la catégorie B, dont le rapport au travail n'est pas du tout le même : 40 % des premiers (C) travaillent au moins 120 heures mensuelles, tandis que la moitié des seconds (B) sont occupés moins de 40 heures dans le mois. « Leur situation n'est pas du tout la même », analyse Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi.


Cependant, l'idée d'une « grande couronne » du chômage constituée de 4 millions de personnes est alimentée par l'hypothèse, au demeurant intuitivement sensée, d'allers-retours fréquents, entre catégories A, B et C, de travailleurs en situation de sous-emploi chronique, ni vrai chômeurs ni vrais travailleurs. Cette hypothèse est en bonne partie invalidée par les études de Pôle emploi. Pour la première fois, l'organisme de recherche d'emploi et d'indemnisation a quantifié les mouvements entre catégories de demandeurs d'emploi. D'une remarquable stabilité dans le temps (ceux d'août 2010 sont pratiquement identiques à ceux d'août 2009), les résultats mettent en évidence des mobilités d'ampleur plutôt limitée.


Certes, qu'ils soient répertoriés en A, B ou C, une très faible proportion des demandeurs d'emploi (de 6 % à 7 %) quittent chaque mois les fichiers de l'assurance-chômage, et pas forcément parce qu'ils ont retrouvé un poste. Mais le phénomène marquant est, surtout, l'inertie dans la répartition des inscrits à Pôle emploi : 85 % de ceux qui n'ont aucun travail, 47 % de ceux qui travaillent jusqu'à 78 heures et 62 % de ceux qui ont un emploi de plus de 79 heures se retrouvent le mois suivant dans la même catégorie. Seuls un demandeur de catégorie B sur quatre et 13 % des inscrits de la catégorie C figurent en catégorie A le mois suivant. Sans grande surprise, les salariés travaillant moins d'un mi-temps sont les plus susceptibles de se retrouver au chômage.


L'identification de mouvements réels, quoique limités, entre catégories de demandeurs d'emploi peut être analysée moins comme le signe d'une pérennité dans la précarité que comme la manifestation de trajectoires, aussi chaotiques soient-elles, vers des emplois plus stables. Au demeurant, selon ces statistiques de Pôle emploi, les jeunes sont surreprésentés parmi ces demandeurs d'emploi « mobiles » : un sur trois est âgé de moins de 30 ans. Parce qu'ils sont moins qualifiés, mais aussi parce qu'ils sont plus « employables ». En septembre 2009, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) n'évaluait pas à plus de 5 % la proportion des personnes âgées de 30 à 49 ans « confinées entre l'emploi stable et le non-emploi » (2). Publiée en avril 2008, une enquête de l'Unedic (3) effectuée auprès des demandeurs d'emploi travaillant peu montre que, pour une très forte majorité d'entre eux (81 %), cette activité réduite est perçue comme un tremplin vers un emploi durable, pas vers le chômage.


Loin de ne refléter qu'une hausse du chômage global ou de la précarité, une augmentation du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégories B et C indique, au moins autant, une mobilité professionnelle synonyme de retour progressif vers des emplois plus stables. L'exercice d'une activité, fût-elle très réduite, introduit une différence de statut et de nature entre chômeur et demandeur d'emploi.


Dans un article publié en juillet 2009 par l'Insee (4), les chercheurs Pauline Givord et Lionel Wilner confirment l'impact des contrats temporaires (lesquels concentrent l'essentiel des activités réduites). Selon eux, des salariés en intérim ou en contrat à durée déterminée (CDD) ont, respectivement, 2,1 et 3,2 fois plus de chances qu'un chômeur d'accéder à un contrat à durée indéterminée (CDI) au cours du trimestre suivant. Ainsi constituent-ils bien « de petits marchepieds vers l'emploi en CDI ». C'est donc à tort que nombre d'entre eux sont assimilés à des chômeurs.

Premier ministre introuvable

Le moment approche enfin où le mystère de la formation du nouveau gouvernement sera levé. Il faut bien avouer que l'on n'a toujours pas compris pourquoi le président, contrairement à tous ses prédécesseurs, avait cru bon d'annoncer ce changement six mois à l'avance. Etait-ce pour faire monter le suspense, comme en amour les préliminaires font monter le désir ? On serait alors en droit de voir arriver à Matignon un… superman ! Mais, à entendre les indiscrétions et confidences des milieux soi-disant bien informés, on est pris d'un terrible doute : superman existe-t-il ? Pas un seul prétendant n'échappe à la critique assassine de ses petits camarades. Qu'on en juge : Copé trop incontrôlable, Juppé trop fort, Alliot-Marie trop classique, Lemaire-Baroin-Chatel trop jeunes, Bertrand trop UMP, Hortefeux trop flic, Guéant trop préfet, Lagarde trop financière, Woerth trop cuit. Mais alors il ne reste que Borloo ? Surtout pas ! Borloo, il est trop tout. Vous vous rendez compte, pendant la grève, il répétait matin et soir qu'il n'y avait aucun problème d'approvisionnement en essence, alors que, au même moment, des millions d'automobilistes constataient le contraire. Non, vraiment, il est trop. C'est normal puisqu'il est le favori.

Si donc on attend encore l'annonce du nouveau gouvernement, c'est que le président cherche désespérément un Premier ministre. Peut-être se demande-t-il d'ailleurs lui-même pourquoi il est si difficile de dénicher l'homme ou la femme idoine. Il y a tout de même 65 millions de Français et parmi eux on a bien trouvé de remarquables patrons de grandes entreprises dont les responsabilités n'ont pas grand-chose à envier à celles de chef du gouvernement. Serait-ce que la fabrique française d'hommes politiques de qualité connaîtrait des ratés ? Serait-ce que, en qualifiant son Premier ministre de « collaborateur », le président aurait tari les vocations ? A moins que, comme disait Rocard, le job soit une telle galère que plus personne n'en a envie. Ils préféreraient tous être président. Sauf Fillon, bien sûr.

Zone euro : la crise n'aura pas été inutile

L'intégration européenne avance par crises successives. L'euro n'est-il pas l'enfant de la crise du mécanisme de change européen, au début des années 1990 ? La crise de 2009-2010 ne fera pas exception : la zone euro pourrait bien en sortir avec des politiques macroéconomiques mieux intégrées et un mécanisme permanent de résolution des crises, scellant une forme de solidarité entre Etats membres.

Le Conseil européen des 28-29 octobre a endossé les recommandations du groupe de travail Van Rompuy sur la gouvernance économique dans la zone euro, lesquelles tiennent en cinq points : le renforcement des sanctions en cas d'indiscipline budgétaire ; l'élargissement de la surveillance à toutes les politiques économiques ; une meilleure coordination des politiques budgétaires au cours d'un « semestre européen » précédant le vote des budgets par les Parlements nationaux ; un mécanisme permanent de résolution des crises et un renforcement des institutions et dispositifs en charge de dresser les comptes, réaliser les prévisions et décider des politiques économiques.

Ainsi, c'est vers plus d'intégration, et non vers l'éclatement pronostiqué par certains, que se dirigent les partenaires européens, avec à la clef un certain abandon de souveraineté, puisque les politiques économiques seront coordonnées au niveau communautaire en amont de leur vote au niveau national, puisque la Commission pourra réaliser des missions d'audit in situ dans tel Etat membre indiscipliné, et parce que toute aide financière sera soumise à des conditions strictes en termes de politique d'ajustement, comme c'est le cas aujourd'hui en Grèce.

Le Conseil, tiré par le couple franco-allemand, a décidé d'aller beaucoup plus loin que les suggestions de la Commission européenne, avec deux propositions particulièrement notables qui, parce qu'elles touchent à la règle de « non-renflouement » mutuel des Etats membres nécessitent un changement du traité : la pérennisation du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), et une procédure de restructuration de dette impliquant le secteur privé. La pérennisation du Fonds est une alternative à l'émission d'obligations européennes : c'est créer une institution pouvant émettre de la dette, avec la garantie de tous les pays y participant. La « qualité » ou notation de cette dette dépendra de la qualité des Etats participants et, de facto, ce sera une dette « zone euro », assise sur la qualité collective des politiques budgétaires des Etats de la zone. Le Fonds concrétise aussi la possibilité que se donnent les Etats de la zone euro de s'ingérer dans les finances de leurs partenaires. Un pays recourant au FESF devrait se soumettre à un programme de stabilisation décidé en accord avec ses partenaires de la zone euro.

De même, la restructuration éventuelle de la dette souveraine d'un Etat membre implique à la fois une solidarité nouvelle (puisque le FESF, donc les partenaires européens, ne recouvreraient pas l'intégralité de leurs créances) et une perte temporaire de souveraineté - seul un pays sous « programme » FESF pouvant de facto y avoir recours, pour des raisons compréhensibles de crédibilité, notamment afin de maintenir son accès aux financements privés.

L'enjeu est maintenant de savoir si les modifications nécessaires du traité seront suffisamment limitées pour une procédure de ratification rapide, c'est-à-dire avant l'expiration de l'actuel Fonds de stabilisation, mi-2013. Les autres changements envisagés dans la gouvernance européenne ne nécessitent pas de modification du traité et pourront donc voir le jour plus rapidement : début 2011 pour le semestre européen et vraisemblablement l'année suivante pour les autres dispositions, après un vote du Parlement européen à l'été 2011.

Parmi ces dispositions, la mise en place de comités budgétaires indépendants au niveau des Etats membres, que nous avions appelée de nos voeux dans ces colonnes, sera encouragée mais sans doute pas rendue obligatoire. Les Etats membres seraient pourtant bien inspirés de réfléchir à des dispositifs favorisant les débats au niveau national afin que Bruxelles ne devienne pas une fois de plus le bouc émissaire des plans d'ajustement à venir.


Agnès Bénassy-Quéré est directrice du Cepii ; Laurence Boone est chef économiste France de Barclays Capital.

Obama et les leçons d'une «raclée» électorale

Tout en se déclarant ouvert à des compromis ou des ajustements avec les Républicains sur la santé ou la relance de l'emploi, Barack Obama a esquissé son autocritique sur ses relations avec le monde du «business».


«Shellacking». Il est rare que Barack Obama use d'un vocabulaire familier, mais circonstances obligent, il a reconnu hier avoir reçu une bonne «raclée». Au lendemain de la victoire des Républicains à la Chambre des Représentants, la plus importante depuis 1948, c'est un Barack Obama sur la défensive qui a tenu hier sa première conférence de presse «post-déculottée» à la Maison Blanche. Peu souriant, les yeux ensommeillés par une longue nuit blanche, il a tiré le bilan d'un cuisant revers électoral en tendant prudemment la main aux républicains.
«Certaines nuits électorales sont plus plaisantes que d'autres. Certaines sont exaltantes, d'autres plus modestes… », a reconnu hier le Président américain. «Si on avait un chômage à 5% au lieu de 9,6%, les «folks» (ndlr : les gens) auraient eu sans doute davantage confiance», s'est même pris à rêver Barack Obama en imputant l'essentiel des frustrations de l'opinion à la situation de l'emploi.
Côté autocritique, il a aussi reconnu n'avoir pas réussi à satisfaire pleinement les attentes de ses électeurs quant au mode de fonctionnement traditionnel de Washington. En réponse à une question de Bloomberg sur sa volonté d'améliorer le dialogue avec le monde l'entreprise, il a esquissé une forme de «mea culpa» sur la nécessité de trouver le «ton juste» avec les milieux du «business». «Le libre marché doit être couvé et cultivé», a-t-il même insisté en laissant entendre qu'il veillerait à créer un climat propice à l'épanouissement des entreprises.

La main tendue

Sur le terrain du dialogue avec la nouvelle majorité républicaine à la Chambre, Barack Obama se dit prêt à réactiver la politique de la main tendue qu'il avait vainement tenté de décliner en début de mandat. «Si les Républicains ont de bonnes idées pour réduire le chômage, nous sommes prêts à les prendre en considération». Sur la réforme de la santé, il s'est même déclaré prêt à opérer des «ajustements» pour réduire la paperasserie infligée aux PME par la réforme, sans chercher à polémiquer sur la demande d'abrogation de la réforme avancée par certains républicains.
Il s'est déclaré prêt à travailler avec les républicains sur la réduction du déficit fédéral, au vu des conclusions de la commission parlementaire bipartisane sur le déficit qui doit rendre son rapport d'ici la fin de l'année. Mais il a aussi souligné qu'il n'avait pas à rougir de son bilan en rappelant que son administration a réussi à stabiliser l'économie, alors qu'elle était «en chute libre» il y a deux ans.
En revanche, il a réitéré sa préférence pour une limitation de l'extension des réductions fiscales de George Bush à la classe moyenne (moins de 250.000 dollars de revenus annuels) sur laquelle doit se prononcer le Congrès avant la fin de l'année. Premier test en vue pour la politique de la main tendue…

François Fillon défend son bilan et vante la "continuité"

François Fillon a longuement défendu, mercredi 3 novembre, son bilan social à Matignon, au moment où Jean-Louis Borloo peaufine son profil social dans l'espoir de lui succéder lors du prochain remaniement. "Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que l'on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action et parce que le redressement de la France réclame de la durée", a lancé le premier ministre devant un parterre d'ingénieurs réunis dans les salons de Matignon.

Se présentant comme le défenseur du "dialogue social", le premier ministre a assuré que rien n'était "plus injuste" que de "dire que les liens avec les partenaires sociaux ont été négligés" depuis 2007.
"La loi sur la modernisation du marché du travail de juin 2008, la loi sur la démocratie sociale d'août 2008, la loi sur la formation professionnelle de novembre 2009, sont toutes issues d'accords entre partenaires sociaux", a-t-il égrainé dans un discours au ton offensif.
"Cette politique est équilibrée, et ce n'est pas en la faisant basculer à gauche ou à droite que l'on obtiendra des résultats. Cela n'est pas non plus en reniant ce que l'on a fait ou en nous excusant d'avoir réformé que nous convaincrons nos concitoyens. Les Français nous jugeront sur notre cohérence, notre droiture et notre franchise", a-t-il poursuivi.
"Nous avons des défis à relever qui ne se prêtent nullement à des virages tacticiens", a encore dit François Fillon. "Le président de la République a commencé à moderniser la France. Cette politique doit être poursuivie. Notre pays ne doit pas repartir en arrière", a conclu François Fillon.
Selon un sondage BVA (PDF) publié fin octobre, 51 % des Français souhaitent que François Fillon reste à Matignon. La proportion monte à 80 % chez les sympathisants de droite. Jean-Louis Borloo passe en tête des premiers ministrables préférés des Français si François Fillon devait quitter ses fonctions.
Qualifié par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, d'"orfèvre en matière sociale", Jean-Louis Borloo, en campagne pour succéder à François Fillon, a récemment vanté la méthode du Grenelle – négociation à cinq entre Etat, associations, collectivités, syndicats, entreprises – pour s'attaquer aux différents chantiers encore à venir.

Le FMI exhorte les Etats à se préparer à une faillite du type de celle de Lehman Brothers

Le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté, mercredi 3 novembre, les grandes économies mondiales à se préparer à gérer les implications d'éventuelles nouvelles faillites de grandes institutions financières, à l'image de celle de la banque Lehman Brothers en 2008, considérée comme le début de la crise qui a frappé l'économie mondiale.

Dans un document appelé "Conséquences des réformes de la régulation sur les institutions financières grandes et complexes", le FMI a appelé à une "coordination mondiale pour établir des mécanismes efficaces de démantèlement et de partage des tâches pour gérer les institutions multinationales en faillite".
Ces mécanismes n'existent pas plus aujourd'hui qu'il y a deux ans, quand la gestion de la crise connue par la banque d'affaires américaine avait été compliquée par le manque de communication entre les régulateurs de la multitude de centres financiers dans lesquels elle était active. Or "les faillites futures sont inévitables", a souligné l'institution. "Un accord sur les régimes transnationaux de démantèlement doit être une priorité élevée", et "avancer sur ces questions exigera un engagement politique aux plus hauts niveaux", a-t-il considéré.
"C'est une priorité essentielle, à notre avis au FMI, que les grands centres financiers se mettent d'accord sur un cadre et sur les principes de coordination, les procédures, qui seraient en place pour gérer les risques de faillite comme  celle de Lehman", a expliqué à la presse l'auteure principale de cette note, Ceyla Pazarbasioglu.