TOUT EST DIT

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mardi 26 octobre 2010

Ambiance houleuse à Paris-I Tolbiac lors du débat sur le blocage de leur fac

Chaude ambiance ce mardi matin à Tolbiac. Après un blocage mouvementé de ce site emblématique de l'université Paris-I en début de matinée se tenait dans l'amphi N une assemblée générale (AG) très attendue tant par les étudiants grévistes que par leurs homologues antigrévistes. Vendredi 22 octobre, plus de 1 000 étudiants avaient voté le blocage partiel, pour les jours de manifestation, dans une ambiance houleuse marquée pas la présence du Mouvement des étudiants (Mét), un syndicat étudiant de droite "antiblocage".

Ce mardi, 1 200 étudiants se sont serrés dans un amphithéâtre de 800 places pour débattre. Mais encore fallait-il se mettre d'accord sur l'objet du débat. Car si pour une majorité d'intervenants, dont certains syndiqués de l'UNEF et SUD-Etudiant, l'objet du débat était la réforme des retraites, voire la contestation de l'"ensemble des réformes libérales du gouvernement", d'autres étaient très impatients de voter contre le blocage.
LES ÉCONOMISTES ANTIGRÉVISTES
La présidence ayant incité, selon un doctorant, professeurs et étudiants de la filière économie-gestion à être présents, ces derniers se sont fait entendre. "On est en concurrence avec Dauphine, si on bloque on va disparaître", s'est alarmé l'un d'entre eux. "Il faut arrêter les grèves, sinon les investisseurs vont s'en aller", a-t-il poursuivi, ajoutant "c'est le capital qui crée la richesse", ce qui lui a valu d'être légèrement chahuté par des étudiants hilares. "Si les étudiants en économie sont aussi nuls, on comprend maintenant pourquoi ils ont besoin d'aller étudier", a ironisé une intervenante. "Pourquoi tous les étudiants ne sont pas dans la rue ? Parce qu'il y a une gangrène individualiste", s'est indignée pour sa part Maëlle, du Parti de gauche. "Nous, nous pensons collectif, nous pensons à plus tard", a-t-elle ajouté.
Après plus de trois heures de débat, les étudiants ont finalement voté la grève, la solidarité avec une partie des personnels en grève de Paris-I Tolbiac et l'appel à une journée d'action le mardi 2 novembre. Une fois voté le principe des piquets de grève, au grand dam des antigrévistes, restait à déterminer si le blocage serait total ou uniquement les jours de manifestations. "Pas le blocage total, pas le blocage total", se lamentait une étudiante en économie, la tête entre les mains.
C'est l'option du blocage partiel qui l'a finalement emporté, avec le renfort des voix des antigrévistes, qui après avoir voté contre le principe du blocage, ont stratégiquement voté pour le blocage partiel. Un moindre mal pour ces étudiants visiblement heureux de leur "victoire". L'université Paris-I Tolbiac devrait donc être de nouveau bloquée jeudi.

L'âge de départ à la retraite en France et ailleurs


Retraites : "une bataille juridique"






Retraites : "une bataille juridique"
envoyé par Europe1fr. - L'actualité du moment en vidéo.


CE SINISTRE CRÉTIN DEVRAIT, LUI, ÊTRE À LA RETRAITE.
LES SÉNATEURS NE DOIVENT PAS ÊTRE AU DESSUS DES LOIS.
A 82 ANS C'EST TOUT DE MÊME LARGEMENT L'ÂGE DE LA RETRAITE.
IL COMMENCE A FAISANDER, MÊME.

Près de 75 % des Etats perçus comme très corrompus

Près de trois quarts des Etats, à commencer par ceux en guerre, comme l'Irak ou l'Afghanistan, sont perçus comme gravement corrompus, selon le rapport annuel de l'organisation non gouvernementale Transparency International présenté mardi à Berlin, siège de l'ONG.


Dans son "Index 2010 de la perception de la corruption", l'ONG lance également une mise en garde aux gouvernements, estimant que la corruption pèse sur leurs efforts pour renflouer les marchés financiers et lutter contre le réchauffement planétaire ou contre la pauvreté.
"SITUATION TRÈS INQUIÉTANTE"
Sur les 178 pays étudiés par l'ONG, près des trois quarts affichent un indice de perception de corruption inférieur à la moyenne. Transparency International affirme par ailleurs que sur les 36 pays industrialisés ayant signé la convention anticorruption de l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui interdit notamment le versement de pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers, une vingtaine d'entre eux montrent "peu ou pas" d'empressement à faire respecter la législation.
"Accepter que la corruption perdure est inacceptable ; trop de personnes pauvres et vulnérables dans le monde continuent à souffrir de ces conséquences. Nous avons besoin de voir une mise en œuvre plus importante des règles et lois existantes", a souligné la présidente de l'ONG, Huguette Labelle.
La responsable de Transparency International pour l'Allemagne, Edda Müller, a estimé que la situation internationale était "très inquiétante". Elle a également souligné la nécessité pour la communauté internationale de mettre en place des structures gouvernementales crédibles dans des pays où l'Etat a failli. "Ceci est au moins aussi important que la mise à disposition de milliards en aide au développement", a-t-elle ajouté.
LA FRANCE 25e, LA SOMALIE LANTERNE ROUGE
L'indice, élaboré grâce à des sondages réalisés auprès d'hommes d'affaires et de spécialistes, va de 10 pour un pays considéré comme "propre" à zéro pour un pays perçu comme gangrené par la corruption. Selon le classement établi par Transparency International, le Danemark, la Nouvelle-Zélande et Singapour arrivent en tête des pays perçus comme les moins corrompus, avec un indice de 9,3. L'Afghanistan et la Birmanie sont ex-aequo avant-derniers sur la liste avec un indice de 1,4, tandis que la lanterne rouge revient à la Somalie avec un score de 1,1.
Parmi les autres pays, le Canada arrive à la 6e place avec un bon indice de 8,9 ; la Suisse en 8e position (8,7) ; la Grande-Bretagne en 20e position (7,6) ; les Etats-Unis et la Belgique se retrouvent tous deux à la 22e place (7,1) ; tandis que la France arrive en 25e position (6,8).
L'ONG, qui publie sa liste annuelle depuis 1995, souligne que certains pays – dont le Bhoutan, le Chili, l'Equateur, la Macédoine, la Gambie, Haïti, la Jamaïque, le Koweït et le Qatar – ont amélioré leur score depuis 2009. En revanche, des pays tels que la République tchèque, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, Madagascar, le Niger et les Etats-Unis sont perçus comme plus corrompus que l'an dernier.
En savoir plus :
Les instruments de lutte et d'expertise anticorruption.

Frais abusifs: les banques de nouveau épinglées

L'organisation de défense des consommateurs UFC-Que Choisir s'alarme de la difficulté à changer de banque, malgré les engagements pris par le secteur, ce qui rend les Français dépendants des tarifs pratiqués par les établissements, selon un rapport publié mardi.
Si la loi permet de fermer son compte courant gratuitement, UFC-Que Choisir rappelle que les banques se rémunèrent sur le transfert de la majorité des comptes d'épargne. Or, les banques ne respectent aucun des engagements pris le 1er novembre 2009 pour faciliter le changement d'établissement, révèle le rapport.
Selon l'enquête réalisée dans 1.746 agences bancaires entre le 15 juin et le 11 septembre 2010, seules 14% d'entre elles mettent à disposition des clients l'information nécessaire à la mobilité et elles ne sont que 39% à prendre en charge l'intégralité des démarches. Enfin, le délai de 5 jours pour obtenir la fermeture de l'ancien compte et l'ouverture du nouveau n'est respecté que dans 13% des cas.
UFC-Que Choisir se prononce pour une responsabilisation accrue des banques, qui passerait notamment par la prise en charge intégrale des démarches pour changer de banque.
Le constat de l'organisation est également sévère sur les tarifs bancaires, signe d'une concurrence peu efficace dans le secteur. Les banques sont 42% à ne pas respecter la réglementation qui impose le libre accès des brochures tarifaires pour le client. Concernant les tarifs, l'enquête montre des écarts faramineux parmi les 110 établissements étudiés en France et sur les huit services retenus. Par exemple, la banque Pouyanne est 82% plus chère que le Crédit Agricole Centre France.
L'augmentation des tarifs touche particulièrement le prix de la carte bancaire, une pratique qui pénalise les populations les plus fragiles.
Fort de ce constat, UFC-Que Choisir plaide pour plus de transparence dans les tarifs pratiqués et pour une limitation des frais, notamment pour les découverts. L'organisation souhaite enfin la création d'un observatoire des tarifs et des marges.



Comment terminer une grève?



Les banques épinglées pour des frais élevés et une mobilité a minima

Les banques françaises imposent des frais élevés à leurs clients et rechignent à les laisser changer d'établissement s'ils sont mécontents, conclut une étude de l'UFC-Que choisir publiée mardi 26 octobre. L'organisation de défense des consommateurs, se basant sur une enquête réalisée par ses adhérents dans 1 746 agences bancaires, annonce qu'elle a saisi les parlementaires pour qu'ils "adoptent dans les plus brefs délais une vraie réforme de la tarification et de la mobilité".
 
L'étude montre que 42 % des banques ne respectent pas l'obligation d'information sur les tarifs décrétée en 2005 et qu'il existe une très forte disparité dans les prix. La banque Pouyanne est ainsi 82 % plus chère que le Crédit agricole Centre. Ces prix ont augmenté vite, dit l'UFC, relevant ainsi 10 % de hausse entre 2004 et 2010 pour la carte de crédit à débit immédiat (19 % à la Société générale), 62 % pour le coût d'un retrait déplacé, 14 % pour le prix de l'assurance sur les moyens de paiement et 18 % pour les commissions d'interventions. Les disparités de prix sont constatées parfois entre banques du même réseau (56 % entre certaines caisses du Crédit agricole).

DES ENGAGEMENTS NON TENUS
L'étude estime surtout que les engagements pris en 2009 pour favoriser la mobilité des clients ne sont pas tenus. Environ 86 % des banques ne communiquent pas sur ce service, 39 % des conseillers acceptent d'effectuer un changement de domiciliation et 60 % d'entre eux refusent alors de récupérer dans l'ancienne banque les listes de prélèvements automatiques. "En continuant à faire obstacle à la mobilité, les banques refusent de jouer le jeu de la concurrence", dit l'UFC-Que choisir.
Selon un rapport publié en juillet dernier, un consommateur français moyen payait 14,5 % de frais bancaires de plus chaque année que la moyenne des principaux autres pays.

Violation de brevets : Apple et Google font cause commune

Apple et Google parviennent à s'entendre, quand ils sont tous deux accusés de violation de brevets par un ancien haut responsable de Microsoft. Les deux groupes américains viennent de contre-attaquer et de demander l'annulation des poursuites à leur encontre.
A la fin du mois d'août, Paul Allen, cofondateur de Microsoft, avait porté plainte auprès d'un tribunal de Seattle (Etat de Washington), via son entreprise Interval Licensing, contre onze stars du Web. Selon Interval, AOL, Apple, eBay, Facebook, Google, Netflix, Office Depot, OfficeMax, Staples, Yahoo!, et YouTube ont enfreint quatre brevets portant sur des technologies de l'Internet développées par Interval Research dans les années 1990.

Deux d'entre eux portent sur des encadrés qui s'affichent en marge d'un écran pour attirer l'attention, un type de dispositif souvent utilisé pour indiquer l'arrivée d'un nouveau message sur certains gestionnaires de courrier électronique ou l'arrivée d'un nouveau commentaire sur les sites de socialisation. D'après le document de la plainte, Apple, comme AOL, Google et Yahoo, auraient violé la totalité des quatre brevets.
APPLE ET GOOGLE CONTRE-ATTAQUENT
La firme de Cupertino a déposé un recours en annulation, jeudi 21 octobre, selon le site spécialisé Computerworld.
Quelques jours plus tôt, Google avait aussi attaqué (document en PDF) la procédure, jugeant notamment que "la plainte d'Interval est si dénuée de fondement pour soutenir les accusations de violation de brevets qu'il est impossible pour Google d'organiser sa défense".

Retraites : Lagarde annonce un « tournant » dans le conflit

 La ministre de l'Economie a salué la proposition de la CFDT, acceptée par le Medef, d'ouvrir des discussions sur l'emploi des jeunes et des seniors.

A défaut de dénouement, Christine Lagarde parle d'un « tournant » dans le conflit sur les retraites. Interrogée sur « Radio Classique » pour savoir si le mouvement avait basculé « dans une phase de fin de conflit », la ministre de l'Economie « pense que l'expression est en train de changer et salue à la fois le retour de la raison et du dialogue». «Se mettre à la table des discussions, parler de l'emploi des jeunes, parler de l'emploi des seniors et examiner les problèmes de fond qui créent une vraie angoisse chez les jeunes et les seniors, ça c'est vraiment un tournant et je trouve que c'est une très bonne chose», a-t-elle ajouté.
La ministre faisait référence à une «négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors» proposée par le leader de la CFDT, François Chérèque, et acceptée par la présidente du Medef, Laurence Parisot, lors de l'émission Mots croisés, lundi soir, sur France 2. «Il n'y a pas de gagnant pas de perdant dans cette affaire. Ce qui est très important c'est la prise de responsabilité. C'est se rendre compte que l'économie a besoin de tourner», a-t-elle encore ajouté.

Prévision de croissance 2010 pas affectée

Concernant les conséquences sur l'économie, Christine Lagarde a affirmé que la prévision de croissance 2010 allait être maintenue, estimant que « l'effet économique » des grèves -qu'elle a chiffré lundi « entre 200 et 400 millions d'euros par jour » -n'était pas « de nature » à modifier les objectifs. «Ce que je salue c'est le retour graduel à la normale pour que les entreprises se remettent à fonctionner et j'espère que l'effet sera mineur», a-t-elle déclaré. «Je ne conteste pas qu'on a eu plusieurs jours avec un effet économique certain. Je ne pense pas que ce soit de nature à modifier sur l'ensemble de l'année notre prévision de croissance», a-t-elle estimé.
Interrogée sur un rééchelonnement du paiement des charges demandé par les petites et moyennes entreprises en difficulté, elle a répondu qu'il y aurait «un traitement particulier au cas par cas pour chacune des entreprises». «Il est évident que la situation a été difficile, pour certaines d'entre elles très difficile», a-t-elle reconnu, excluant toutefois «une mesure générale».
Le conflit des retraites qui secoue la France depuis plusieurs mois, semble connaître une détente sur le front de la pénurie de carburants. Le gouvernement table sur quatre stations-service sur cinq «en état de fonctionnement», alors qu'environ 25% des stations étaient à court de carburant lundi. Cet objectif a toutefois été jugé «difficilement atteignable» par les distributeurs.
Photo : AFP/Lionel Bonaventure

Christine Lagarde salue le "retour au dialogue"

La ministre de l'économie, Christine Lagarde, a estimé mardi 26 octobre, sur Radio classique que le conflit sur les retraites était à un "tournant", ajoutant que le "retour au dialogue" était "une très bonne chose". "Je pense que l'expression est en train de changer et je salue à la fois le retour de la raison et du dialogue", a affirmé Mme Lagarde, alors qu'on lui demandait si le mouvement avait basculé "dans une phase de fin de conflit".


"OUVRIR UNE NÉGOCIATION SUR L'EMPLOI"
"Se mettre à la table des discussions, parler de l'emploi des jeunes et des seniors et examiner les problèmes de fond qui créent une vraie angoisse chez eux, c'est vraiment un tournant et je trouve que c'est une très bonne chose", a-t-elle ajouté. La ministre faisait référence à une "négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors" proposée par le leader de la CFDT, François Chérèque, et acceptée par la présidente du Medef, Laurence Parisot, lors de l'émission "Mots croisés" lundi soir sur France 2.
"La meilleure chose qu'on ait à faire, puisque c'est central, c'est d'ouvrir une négociation entre le patronat et les organisations syndicales", a déclaré M. Chérèque. "On ne peut plus y couper, la responsabilité des entreprises est engagée. Le patronat a voulu cette réforme, sa responsabilité est engagée. Il faut absolument maintenant entrer dans les négociations sur l'emploi des jeunes et des seniors, c'est une urgence", a insisté le dirigeant syndical. "Je voudrais dire à François Chérèque que je suis d'accord", a répondu Mme Parisot, qualifiant cette proposition de "scoop".
LA PRÉVISION DE CROISSANCE MAINTENUE MALGRÉ LES GRÈVES
Christine Lagarde a maintenu la prévision de croissance pour 2010, mais "l'effet économique" des grèves, qu'elle avait chiffré la veille "entre 200 et 400 millions d'euros par jour", ne devrait pas modifier les objectifs.
"Il n'y a pas de gagnant, pas de perdant dans cette affaire. Ce qui est très important, c'est la prise de responsabilités. C'est se rendre compte que l'économie a besoin de tourner", a encore ajouté la ministre de l'économie mardi. Concernant les conséquences sur l'économie, elle a indiqué maintenir les prévisions de croissance. "Ce que je salue, c'est le retour graduel à la normale pour que les entreprises se remettent à fonctionner et j'espère que l'effet sera mineur", a-t-elle déclaré. "Je ne conteste pas qu'on a eu plusieurs jours avec un effet économique certain. Je ne pense pas que ce soit de nature à modifier sur l'ensemble de l'année notre prévision de croissance", a-t-elle estimé.
Interrogée sur un rééchelonnement du paiement des charges demandé par les petites et moyennes entreprises en difficulté, elle a répondu qu'il y aurait "un traitement particulier au cas par cas pour chacune des entreprises". "Il est évident que la situation a été difficile ; pour certaines d'entre elles, très difficile", a-t-elle reconnu, excluant toutefois "une mesure générale".

Le commentaire politique de Christophe Barbier


Quand le créateur du bouclier fiscal, Thierry Breton, critique sa version actuelle

Sommes-nous entrés dans une guerre des monnaies ?
 Il faut toujours être très attentif au poids des mots. L'économie, ce n'est pas la guerre. En revanche, il est clair que nous entrons dans une période de crispation. La mise en œuvre des plans de relance a pesé massivement sur la quasi-totalité des budgets des Etats. L'heure est venue de résorber ces déficits de crise. Trois types d'approches possibles : diminuer les dépenses des Etats - c'est nécessaire dans quasiment tous les pays, à commencer par le nôtre ; augmenter les impôts ; jouer sur la valeur des monnaies. A ce stade, recourir à des dévaluations compétitives serait très risqué pour l'économie mondiale. Je pense par ailleurs que l'inflation va devenir à son tour un sujet de débat. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et évidemment pour d'autres raisons dans les pays émergents, on en parle de plus en plus.
Quel pays est selon vous à l'origine de ces crispations monétaires, la Chine ou les Etats-Unis ?
A partir du moment où la Chine est sciemment devenue l'un des tout premiers créanciers des Etats-Unis avec l'accord tacite de Washington, comment s'étonner que les antagonismes s'exacerbent aujourd'hui ? La vraie nouveauté, c'est que nous avons, nous Européens, pris conscience du caractère inachevé de l'euro. L'harmonisation des politiques budgétaires et fiscales et les critères de Maastricht ont volé en éclats avec la crise. Il nous faut revenir à marche forcée vers cette politique de convergence si nous voulons disposer d'un levier sur les monnaies. Et s'accorder très vite sur un calendrier de retour à l'équilibre des finances publiques, pour ouvrir une nouvelle étape de la construction européenne.
L'euro va donc rester la variable d'ajustement ?
L'Europe dispose d'un atout considérable : son stock de capital et son extraordinaire patrimoine immatériel, de savoir et de connaissance accumulés au cours des siècles. Voilà pourquoi nous restons attractifs aux yeux de nombre d'investisseurs de la planète ! A condition de ne pas les dévaloriser, en tombant dans les pièges de la dévaluation compétitive et, a fortiori, de l'inflation.
De ce point de vue, les intérêts de l'Europe et des Etats-Unis divergent...
C'est probable. Dans la période actuelle, certains sont tentés de recourir à l'arme monétaire. Rien ne serait pire que de rentrer dans une logique à courte vue de dévaluation compétitive nous conduisant tout droit au protectionnisme. N'oublions pas les leçons de l'histoire : c'est le protectionnisme et le repli sur soi qui ont nourri dans la durée la crise de 1929.
Le niveau de la parité euro/dollar vous inquiète-t-il ?
Chacun en est bien conscient, notre devise est nettement surévaluée par rapport au dollar. La parité actuelle pèse sur la compétitivité et donc sur la croissance. Mais le plus pénalisant au fond, ce sont les fluctuations rapides. D'où l'importance cruciale de la coordination.
Un alignement fiscal de la France sur l'Allemagne serait-il un pas dans la bonne direction ?
L'Europe ne se construira pas sans une coordination d'envergure entre la France et l'Allemagne. Mais avant même de parler fiscalité, il faut se pencher sur les budgets et le déficit budgétaire. Paris doit urgemment adopter une démarche parallèle à celle de Berlin pour imposer dans notre constitution un point d'atterrissage de retour à l'équilibre au-delà des échéances électorales. L'Allemagne l'a fait de façon unilatérale en inscrivant cet objectif pour 2016 dans sa loi fondamentale. Par son initiative, elle est devenue sur ce point le marqueur de l'Europe pour la décennie qui vient.
La France, pour sa part, va devenir le premier pays émetteur de dettes en euro. Potentiellement, la charge des intérêts de la dette va représenter dans les années qui viennent plus du quart du budget de l'Etat ! Ce qui signifie aussi que la spéculation aura les yeux rivés sur la capacité des Etats emprunteurs à tenir leurs engagements.
La France est-elle en mesure de s'aligner sur l'Allemagne ?
Il n'est ni pertinent ni raisonnable de faire comme s'il n'existait pas de différences de nature économique et sociale entre nos deux pays. Nous devons pour ce qui nous concerne nous donner du temps, faute de quoi le remède serait pire que le mal. Viser un alignement à l'horizon 2020 me semble raisonnable pour la France et je note que c'est aussi ce qu'en dit le rapport Attali. Ceci étant, toute stratégie d'alignement nécessite une vision de long terme. Elle engage nécessairement les trois prochains présidents de la République. Si nous devions lui tourner le dos, ce sont les marchés qui nous l'imposeraient.
De quels leviers disposons-nous ?
Le volet dépenses me semble naturellement prioritaire, ce qui n'est pas synonyme, dans mon esprit, de régression sociale. On peut, on doit continuer à offrir les mêmes prestations en réduisant leurs coûts. Nous savons tous que c'est possible. Quant à la fiscalité, c'est un chantier qui ne peut s'inscrire qu'en complément d'un programme fondamental de la maîtrise de la dépense publique sur toute la décennie qui vient. Le rendez vous de l'élection présidentielle doit aussi permettre de porter ce débat.
Que pensez-vous de l'instauration d'une TVA sociale ?
Sur ce sujet fiscal en particulier, je trouve que l'on parle trop tôt et trop vite des impôts qu'il faudrait augmenter. Commençons par identifier les économies sur les dépenses publiques et le calendrier contraignant que nous nous assignons pour les réaliser.
Réformer avant les élections présidentielles l'ISF et le bouclier fiscal, dont vous êtes l'un des pères, n'est pas une bonne idée ?

Avec Dominique de Villepin et Jean-François Copé, nous sommes en effet à l'origine du bouclier. L'ISF est un mauvais impôt qui taxe le patrimoine et pas uniquement des plus fortunés. Nous avons donc imaginé un mécanisme permettant d'éviter qu'il ne devienne confiscatoire, dissuasif et contre-productif pour notre pays. La formule que nous avions mise au point - 60%, hors CSG et CRDS -, revenait à ne jamais imposer un contribuable à plus de 71% de ses revenus. Equilibré et acceptable. Réaménagé dans le cadre de la loi TEPA ce taux est tombé à 39%. La crise, depuis lors, nous impose un effort collectif. Et le bouclier, à ce niveau, soulève une question de justice sociale. Faut-il le supprimer, le compenser, l'aborder conjointement avec une réforme de l'ISF ? Il est opportun que l'on se penche sur le sujet.
On devrait aussi se poser la question du paiement de l'impôt à la source, qui donnerait un fantastique signal de modernité pour notre système fiscal. Je m'y étais intéressé de très près lorsque j'étais à Bercy. Nous sommes l'un des rares pays à ne pas l'avoir encore instauré. On y opposera à nouveau que la retenue à la source donnerait aux entreprises des informations sur l'ensemble des revenus de leurs salariés. La commission Bébéar que j'avais installé à cet effet avait conclut à la parfaite faisabilité du mécanisme dans le respect de la confidentialité comme c'est le cas de la totalité des pays qui l'ont mis en œuvre.
Le crédit d'impôt recherche est régulièrement dénoncé comme une niche fiscale coûteuse. Qu'en pensez-vous ?
Le crédit d'impôt recherche permet d'accueillir et/ou de retenir en France de nombreux centres de recherche et développement. C'est donc un outil très efficace au service de l'attractivité et de l'emploi. C'est une excellente mesure.
Quel est l'impact des réductions budgétaires des gouvernements sur l'activité d'Atos ?
La réduction des dépenses informatiques du gouvernement britannique est à l'origine de la moitié de la baisse de notre chiffre d'affaires global au troisième trimestre. Mais dans tous les pays où nous opérons une évidence s'impose : face au défi de la réduction des dépenses publiques l'informatique représente bien d'avantage une solution qu'une variable d'ajustement.
Le 16 novembre, vous fêterez vos deux ans à la tête d'Atos. Quel bilan faites-vous ?
Atos en est à la deuxième année de son plan de redressement qui court sur trois. Nous tenons nos objectifs, de sorte que nous sommes tout à fait confiants dans la capacité du groupe à générer une marge opérationnelle de l'ordre de 7 % à 8% fin 2011. Cette rentabilité ramènera Atos au niveau de ses meilleurs concurrents.
Où en est votre tentative de rachat de SIA SSB ?
Nous sommes toujours intéressés par ce spécialiste italien des services de paiements si un processus devait redémarrer. Nous entrevoyons par ailleurs d'autres opportunités de consolidation tant dans le domaine des services transactionnels de haute technologie que dans celui de l'informatique traditionnelle. Nous disposons d'une équipe dédiée aux fusions et acquisitions qui examine un flux croissant de dossiers. Il y en a beaucoup actuellement en Europe pour tous nos métiers mais nous sommes aussi attentifs aux pays émergents.

Procéderez-vous à une augmentation générale des salaires en 2011, comme le revendiquent les salariés?
Nous avons traversé la crise économique de ces deux dernières années en nous donnant les moyens de préserver au maximum l'emploi des 50.000 collaborateurs du Groupe. L'élaboration du budget d'Atos pour 2011 vient juste de démarrer et il prématuré de répondre précisément à une question de ce type à l'échelle du Groupe. Ceci étant sur ces questions il est clair que notre budget tiendra compte du changement de conjoncture économique et des perspectives de croissance pays par pays. Notre priorité demeure le maintien de l'emploi. Nous aurons d'ailleurs recruté 5.000 collaborateurs en 2010, dont la moitié de jeunes diplômés.
Reprendrez-vous le paiement de dividendes au titre de 2010 ?
A terme, il est normal de verser un dividende dans une entreprise comme la nôtre. C'est même de bonne politique. Mais je ne suis évidemment pas seul à fixer les règles et l'échéance !
Atos est en première ligne pour affronter les nouveaux acteurs du secteur des SSII. Avez-vous été approché par des groupes indiens, pour un éventuel rachat ?
Non.

Retraites : une nouvelle réforme en 2013 ?

Les sénateurs ont adopté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement au projet de loi réformant les retraites qui prévoit en 2013 une "réflexion nationale" sur la mise en place éventuelle d'un système de retraite par points.

Le parti socialiste a demandé officiellement et solennellement le retrait du texte réformant le système de retraites, mais le gouvernement a catégoriquement refusé. Le Sénat poursuit donc sa discussion sur le projet.
Les sénateurs ont ainsi adopté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement qui prévoit l'organisation "à compter du premier semestre 2013", d'une réflexion nationale sur une réforme "systémique" des régimes de retraite français.
Parmi les thèmes de réflexion prévus par l'amendement figure la mise en place d'un "régime de retraite universel par points ou en comptes notionnels, dans le respect du principe de répartition".
Un tel système, inspiré de ceux déjà en vigueur dans plusieurs pays européens comme la Suède, serait proche des propositions de plusieurs centrales syndicales, dont la CFDT.
"Le gouvernement est obligé de reconnaître que sa réforme est une réforme de colmatage et ne répond pas à l'exigence de mettre les Français à égalité devant la retraite", a estimé le sénateur UMP Dominique Leclerc, qui a déposé l'amendement.
Opposition de FO et de la CGT
Bernard Thibault, le leader de la CGT, interrogé jeudi matin sur cet amendement, a estimé que "le gouvernement [marchait] un peu sur la tête". "On nous annoncerait donc au travers d'un amendement, que la loi organiserait un débat pour changer le système de retraite et promouvoir un système par points. La CGT n'y est pas favorable", a-t-il dit.
La nouvelle n'a pas non plus réjoui le leader de FO, Jean-Claude Mailly : "C'est une piste sur laquelle nous sommes contre", a-t-il dit. "C'est un système qui casserait la solidarité" et qui prendrait entre 15 et 20 ans à mettre en place, a-t-il souligné.
Les sénateurs pourraient voter le projet actuel de réforme d'ici à la fin de la semaine et la loi pourrait être définitivement adoptée la semaine du 25 octobre, après être passée en commission mixte paritaire (rassemblant députés et sénateurs, qui produiront une version commune du projet), selon les prévisions du gouvernement.

L'hyper rigueur budgetaire



Pompés !

La galère n'est pas finie. Dans plusieurs départements, la pénurie de carburant va être de plus en plus dure à supporter pour les vacanciers, mais aussi pour les agriculteurs, artisans et autres professionnels dépendants de leurs voitures. Si les dépôts hors raffineries sont débloqués et si le blocus des raffineries commence à se lézarder, il n'en reste pas moins qu'un tiers des stations-service sont à sec. Le retour à la normale n'est donc pas pour demain, malgré l'amélioration annoncée par Jean-Louis Borloo, puisque toutes les conditions ne sont pas encore réunies.

Quand elles le seront, il faudra compter une bonne semaine pour espérer pomper à nouveau partout dans la bonne humeur ! Vu les hausses brutales de prix, dont on ose espérer qu'ils redescendront aussi vite le jour venu, l'hymne à la joie n'est pas pour tout de suite. Mauvaise pioche pour ceux qui ont trop carburé à l'optimisme pour nous dorer la pompe : le Premier ministre et Jean-Louis Borloo. La discrétion initiale du ministre des Transports aurait fait baisser ses actions à la pompe de Matignon, pour la plus secrète joie de ses petits camarades du gouvernement.

Les shadoks n'avaient donc pas raison quand ils conseillaient de taper toujours sur les mêmes pour qu'il y ait le moins de mécontents ! Car à faire le compte de toutes les hausses récentes et de celles à venir, de l'électricité au tour de vis annoncé, sur fond de réforme des retraites, l'impression prévaut que les mêmes se font pomper, et que cela fait beaucoup de monde. D'où le soutien majoritaire au mouvement social. Mais le vote de la réforme va poser un nouveau problème de légitimité à la poursuite de la lutte syndicale.

Le président mise là-dessus pour passer ce cap qui lui vaut un logique record d'impopularité. C'est à qui plante en ce moment sa petite aiguille dans la poupée de l'antisarkozysme. Il pense que le ressentiment des Français passera. Un nouveau gouvernement et des mesures fiscales et sociales plus justes, espère-t-il, feront découvrir un nouveau président d'écoute et d'équité. Un pari pour 2012 qui suppose que les Français n'auront pas la mémoire de la mule du pape !

Deux questions avant les élections aux USA
 
Lors des élections du 2 novembre aux États-Unis, les démocrates savent qu'ils laisseront des plumes. Moins au Sénat, où ils devraient garder la majorité, qu'à la Chambre des représentants. Et les républicains tablent sur l'enthousiasme de leurs supporters (mouvement tea party compris), qui contraste avec la déception des démocrates et indépendants, au vu des résultats du président Obama.

Il faut d'abord souligner que ces élections se jouent dans des circonscriptions fortement contrastées, ce qui empêche toute généralisation. Deux questions se posent, à la veille du scrutin.

Indiscutable est la montée du tea party, cette mouvance radicale et populiste, apparue pendant l'été 2009, qui a vaincu plusieurs des candidats préférés des modérés républicains lors des primaires. Il y a débat pour expliquer ce phénomène.

Les uns insistent sur le fait qu'il ne concerne que l'électorat républicain ; d'autres soulignent la droitisation du parti, qui annonce une scission éventuelle, tout en favorisant des candidats démocrates. Les uns constatent le surplus d'enthousiasme apporté par le tea party ; d'autres font remarquer que les représentants de cette mouvance qui ont gagné des primaires mettent de l'eau tiède dans leur thé, à l'approche du 2 novembre.

Second débat : pourquoi la chute surprenante de la popularité du président Obama ? Celui qui galopait dans les sondages, il y encore un an, celui qui a fait voter des réformes dont ses prédécesseurs ne pouvaient que rêver, subit une défaveur croissante.

Osons une interprétation qui rende compte des deux mystères de ce cycle électoral 2010. Les Américains sont des optimistes congénitaux ; et cet optimisme se fonde sur une vision antipolitique du monde.

Ainsi, lors de l'élection de Barack Obama, l'on imaginait que les obstacles imposés par le réel seraient vaincus par la volonté populaire, représentée par cet homme qui incarnait une Amérique qui avait retrouvé les vertus des pères fondateurs. De la poésie de la campagne, Obama est passé à la prose du gouvernement. Il s'est rabattu sur les anciens de l'équipe Clinton pour faire face à la crise économique, ce qui a conforté la critique de l'aile gauche de son parti, déçue par les compromis nécessaires pour faire voter la réforme des assurances santé. De fil en aiguille, l'optimisme s'est transformé en pessimisme, la chute du taux de popularité présidentielle a suivi. Actuellement, Barack Obama cherche davantage à diaboliser l'opposition plutôt qu'à défendre son acquis.

Au pessimisme démocrate s'oppose l'optimisme parfois béat du tea party, dont la popularité repose aussi sur une vision antipolitique. S'il prône un retour à la Constitution, telle qu'elle existait avant les réformes du New Deal et celles des droits civiques, il va parfois jusqu'à s'opposer à la sécurité sociale ou aux droits civiques des minorités, mesures entrées depuis longtemps dans les moeurs politiques. Le tea party dénonce l'opposition comme une force maléfique, en dernier lieu « socialiste ».

Quels que soient les résultats du vote, la vie politique américaine entre dans une nouvelle phase. Saura-t-elle affronter ses problèmes économiques (et budgétaires) ? On peut craindre que son optimisme congénital en minimise la gravité, ce qui empêcherait de choisir une politique qui ne soit pas LA meilleure, mais simplement la meilleure possible.

(*) Professeur émérite à Stony Brook University, New York, auteur d'Aux origines de la pensée politique américaine (Pluriel).

Le diable n’y était pour rien

L’Apocalypse à La Verrière. Douze personnes sautent par la fenêtre, à quatre heures du matin, sans raison apparente. En criant, selon des témoins : “Remercions Dieu pour cette journée !”

Au bout de la chute, deux étages plus bas, un bébé a trouvé la mort. Le drame s’est joué dans un appartement des Yvelines, samedi, au sein d’une famille évangéliste.

Comment expliquer pareil délire collectif ? Francisco Constantin, un des protagonistes, tricote un angoissant scénario. Ses colocataires l’auraient pris “pour le diable”, d’où leur peur panique. Funeste méprise, alors qu’il s’apprêtait simplement “à donner le biberon au petit”. On croit voir le Malin, et tout déraille…

Voici pourquoi, au début de l’enquête, le parquet a pu avancer la “piste sataniste”.

L’opinion s’émeut, l’imagination gambade. Dites “666”. Ah, les mystères de l’au-delà ! Pour un peu, des exorcistes assermentés remplaçaient les officiers de police judiciaire.

Hier, pourtant, l’affaire a débouché sur trois banales “mises en examen”. Dont celle de Francisco. On évoque désormais une violente dispute familiale, avec échanges de coups de couteau. Lucifer ne sera pas poursuivi. “Pas de lien avec la religion”, insiste le procureur.

Les tenants de l’occulte cachent mal leur déception. Le diable, sur le coup, n’a joué aucun rôle. Ou alors, peut-être, dans sa version sartrienne : “L’enfer, c’est les autres.”

Combattants de l'inutile ?

Fallait-il y aller ? Faut-il y rester ?

Malgré les professions de foi enflammées, cette interrogation hante tous les alliés des États-Unis qui ont choisi d'apporter leur soutien militaire à l'armée américaine en Afghanistan. Après les attentats du World Trade Center, tout semblait pourtant évident : pas question de faire défaut aux combattants des valeurs de l'Occident au moment où ils se dressaient pour faire rempart contre l'obscurantisme islamiste.
Les années passant, la France a pris à ce point de la distance dans cette perspective allégorique de l'histoire que le candidat Sarkozy jura qu'avec lui on n'enverrait pas de troupes supplémentaires à Kaboul. La fragilité de la situation sur place puis l'appel de l'administration Obama pour que les grandes démocraties concentrent leurs efforts sur un conflit jugé vital pour elle, ramena Paris à plus de conviction et d'engagement. Sans grande récompense sur le terrain... Chaque mois, ou presque, le conflit afghan tue ou mutile des soldats français sans que leur sacrifice n'ait véritablement de poids, ni même de sens, dans les progrès des opérations sur place. 600 militaires étrangers y ont déjà perdu la vie depuis le début de l'année. Triste record...
Le conflit s'embourbe. Moins spectaculaire et moins meurtrier que celui du Vietnam - la référence de cauchemar - il est peut être pire encore : la défaite, rampante, ne serait pas seulement celle d'une superpuissance, mais d'un monde et de ses repères. L'interminable liste des attentats, jusqu'au cœur même de la capitale afghane, justifie toutes les craintes d'une aventure chimérique sur un territoire qui n'a jamais pu être durablement contrôlé par des troupes étrangères.
Corrompu jusqu'à l'os, le régime d'Hamid Karzaï ridiculise les diplomaties qui n'ont d'autre choix que de le soutenir... en se bouchant le nez. La guerre technologique propre et rapide qu'on nous promettait voilà bientôt dix ans s'est transformée en une guerre sale sans but clairement identifié, et sans échéance. Quant à la vertu dont se drapait l'armée américaine elle achève d'être mise en pièces par les révélation de Wikileaks sur ses agissements en Irak.
Au mieux supplétifs, les soldats français semblent être le jouet de stratégies, et même d'une réalité, qui échappent totalement à leur état-major. Et quand ils reviennent d'Afghanistan estropiés, ils mettent parfois en cause le manque d'attention dont ils seraient victimes de la part de leur hiérarchie... Sombre bilan. Mis hors-jeu, le Parlement lui même n'a pas vraiment de regard sur leur sort, ni d'éléments pour juger de la clairvoyance de la politique afghane du gouvernement français. Et redoute aujourd'hui que ces courageux combattants d'une cause sacrée ne soient, finalement, ceux de l'inutile.


Soleil


Le slogan est archiconnu, et inusable : en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées. Et plein d'imagination, au gouvernement, pour ponctionner les Français... Il s'agit cette fois de remplir les caisses vides EDF, qui n'a fait que 3,9 milliards d'euros de bénéfices l'année dernière. On va donc augmenter les tarifs d'électricité d'environ 3% - mais pour les particuliers seulement ou presque, car il ne faudrait tout de même pas mettre les entreprises sur la paille. Et puis on va glisser cette hausse des tarifs dans une taxe censée financer l'énergie solaire. Autrement dit, c'est pour notre bien, la propreté de la planète et la santé de nos enfants. Mais souvenez-vous, on nous a déjà fait le coup de l'impôt écolo: après la taxe carbone, voici donc la taxe soleil. En attendant la taxe vent, pour faire tourner les éoliennes ?

"CHOMAGE" C'EST LA SEULE MONNAIE QUI PAIERA LE BLOCAGE DU PAYS


Pour l'Europe de la défense, c'est maintenant ou jamais

Lors du prochain sommet Sarkozy-Cameron, début novembre, on devrait normalement en savoir plus sur la volonté du Royaume-Uni de renforcer de manière significative sa coopération militaire avec la France. A l'heure de la rigueur, Londres espère ainsi faire des économies substantielles, en partageant le maximum de dépenses avec son allié. De passage en septembre à Paris, où il a rencontré son homologue Hervé Morin, Liam Fox, le secrétaire d'Etat britannique à la Défense, a fait montre d'une ouverture étonnante : « Tout est sur la table », a-t-il déclaré en substance.
La perfide Albion ferait donc les yeux doux au coq gaulois ? Les sceptiques soulignent à raison que, si ses finances publiques n'étaient pas à ce point dégradées, le Royaume-Uni continuerait de snober son partenaire continental. D'autant que les limites de l'exercice sont parfaitement posées. James Arbuthnot, le président de la commission de la Défense de la Chambre des communes, les a rappelées : les deux pays sont des partenaires « idéaux », mais l'Otan - comprendre les Etats-Unis -restera « au coeur de notre stratégie » de sécurité nationale.
Qu'importe. Prenant la balle au bond, le ministère français de la Défense, qui lui aussi doit se serrer le ceinturon, a ressorti de ses tiroirs tous les dossiers de coopération bilatérale en souffrance : lutte anti sous-marine, patrouilles navales mixtes, drones, avions ravitailleurs, maintenance de l'A400M, satellites de télécommunications… Même le porte-avions commun pourrait être à l'agenda du sommet. En tout, une cinquantaine de dossiers sont à l'étude selon l'amiral Guillaud, chef d'état-major des armées. Après tout, rapprocher les deux premières armées européennes, très semblables dans leurs moyens et leurs doctrines, fait sens du point de vue opérationnel autant que budgétaire.
Conscient des limites des coopérations industrielles avec les Américains - l'expérience douloureuse de l'avion de combat JSF sans doute -, le Royaume-Uni irait même jusqu'à accepter des dépendances mutuelles avec la France sur certaines technologies, dans les missiles par exemple. En clair : il s'agirait de rationaliser les bureaux d'études des deux côtés de la Manche pour éviter les doublons. Pragmatiques, les responsables anglais ont fini pas se rendre compte que la politique du moindre coût à outrance desservait l'industrie et la souveraineté nationales.
Les promesses, on le voit, sont nombreuses et les vents porteurs. Attention, toutefois, à ne pas provoquer une déception inversement proportionnelle à l'ambition politique affichée. Car, à l'heure où tous les budgets militaires du Vieux Continent sont en baisse, ce qui sortira des cogitations bilatérales en cours aura plus que valeur de symbole pour l'Europe de la Défense.
Il y a douze ans, Jacques Chirac et Tony Blair en ont jeté les bases lors du sommet franco-britannique de Saint-Malo. Mais, depuis, malgré quelques opérations extérieures - comme celle menées au large de la Somalie -, « l'Europe puissance » reste une expression tabou. Si les annonces de novembre devaient, à terme, accoucher une deuxième fois d'une souris, alors ce serait un coup dur porté aux efforts des Vingt-Sept pour peser - même un peu -militairement sur la scène internationale. Et, sur le plan industriel, les nécessaires coopérations transnationales devraient se contenter encore longtemps d'expédients.
Jean-Marie Poimboeuf, le président du Gican, le groupement des industries de construction et activités navales françaises, l'a encore rappelé récemment. Pour qu'il y ait coopération, il faut de quoi coopérer. Et les programmes d'armement susceptibles d'être menés à plusieurs pays sont rares puisque les grandes marines européennes ont chacune développé leurs frégates. Le constat vaut également pour les blindés (l'Europe compte une dizaine de fabricants) et les avions de combat au travers de la concurrence Eurofighter-Rafale. Pour remédier aux surcapacités industrielles, il reste bien la piste des alliances à l'export. Mais, là encore, on n'en prend pas vraiment le chemin. Il suffit pour s'en convaincre de regarder ce qui se passe au Brésil.
Le gouvernement Lula a choisi la carte française plutôt qu'allemande pour les sous-marins. Tant mieux pour DCNS, tant pis pour TKMS. Mais ce dernier reste bien placé sur d'autres compétitions. Et pourtant chacun s'accorde à dire que l'étroitesse de ce marché dans le monde rend la concurrence entre les deux chantiers navals suicidaire. Pour ce qui est de la modernisation des navires de surface, la situation est encore plus risible. Rio de Janeiro a lancé une consultation internationale à laquelle la France et l'Italie vont sans doute répondre séparément. Comment ? En proposant chacun leur frégate multimission, pourtant issue d'une coopération… franco-italienne !
Dans ces conditions, il serait peut-être temps pour certains industriels français encore trop ancrés sur leur passé d'arsenal de changer de pied. Puisque les projets de rapprochement européens ne donnent rien, notamment parce qu'ils réveillent les patriotismes économiques comme le souligne le patron de Dassault, pourquoi ne pas aller faire ses emplettes dans les pays émergents ? Eux au moins ont encore des budgets militaires en croissance. Ces trois dernières années, l'Etat français a été plutôt généreux et certains groupes d'armement comme DCNS ou Nexter ont les poches pleines. La stratégie d'implantations par acquisition menée en son temps par l'ex-Thomson-CSF a fait de Thales un groupe aux racines toujours françaises, mais parfaitement global. Pourquoi ne pas s'inspirer de cet exemple ?


Patrick Thomas

Le patron d'Hermès, homme carré mais discret, doit peu goûter le battage médiatique suscité par l'entrée de LVMH au capital de la société presque bicentenaire dont il tient les rênes. Ce fils de propriétaires viticoles de Nuits Saint-Georges, diplômé de Sup de co Paris, possède une expérience ancienne du capitalisme familial puisqu'il a d'abord fait carrière chez Pernod, le repreneur de l'entreprise Pampryl fondée par son grand-père. Il s'est ensuite mis en selle une première fois chez Hermès en travaillant huit ans aux côtés de Jean-Louis Dumas, avant de partir prouver, à la présidence des cosmétiques Lancaster puis des whiskys William Grant, qu'il avait l'étoffe d'un numéro un. Revenu dans la vieille maison protestante de la rue du Faubourg Saint-Honoré, ce catholique âgé aujourd'hui de soixante-trois ans y a pris les commandes, devenant du même coup le premier gérant à ne pas être un descendant du fondateur Thierry Hermès. La courtoisie et le sens de la diplomatie du lecteur de Sénèque lui ont permis de se faire accepter des membres de la dynastie, mais, s'il a respecté les savoirs séculaires des artisans qui font le renom de la marque, il ne s'est pas privé de donner droit de cité au marketing et à la gestion. Passionné de nature et de mer, il a lancé avec le chantier italien Wally un accord pour la construction d'un yacht de grand luxe qui a fait plouf. Une des rares fois où sous son nom le mot luxe ne fut pas synonyme de réussite.

La nouvelle vie de Sony

Le Walkman fut aux années 1980 ce que l'iPod est au nouveau siècle : mieux qu'un produit, une icône, le symbole d'une génération aspirant à la mobilité individuelle. Le fruit, aussi, d'une géniale intuition, celle d'Akio Morita, mythique patron de Sony, qui sut imposer à ses troupes incrédules cette rupture majeure de l'électronique grand public. A l'ère du numérique, l'arrêt de sa commercialisation au Japon, annoncée hier, ne mériterait que quelques larmes d'incorrigibles nostalgiques si elle n'était riche en leçons. La première, c'est le formidable raccourcissement du temps de l'innovation. Il a fallu trente ans à Sony pour écouler 220 millions de Walkman, là où neuf petites années seulement ont été nécessaires à Apple pour vendre 250 millions d'iPod. Deuxième leçon : contrairement à ce qu'on peut entendre ici où là, il y a une vie après l'innovation triomphante. Le vrai succès du Walkman n'a duré que vingt ans, détrôné par l'iPod au tournant de l'an 2000. Depuis, Sony, l'« Apple » d'autrefois, n'a plus jamais fait la course en tête, quel que soit le segment de marché sur lequel il opère. Pourtant, dix ans plus tard, au prix, il est vrai, de lourdes restructurations, le groupe japonais est toujours là malgré les noirs oracles de ses détracteurs. A défaut de surprendre encore ses clients, il a au moins eu le mérite de les conserver par la richesse de son offre et la qualité de ses produits, ce qui n'est déjà pas si mal. Troisième leçon, la force de la marque. Aujourd'hui, le meilleur capital de Sony est précisément son label, dans lequel il investit au moins autant que dans ses produits. Cette différenciation repose sur une attitude de bon sens : dans l'univers ultra-concurrentiel qui est celui de la high-tech, le maintien du leadership à tout prix à coups d'innovations permanentes est une bataille perdue d'avance. Un jour viendra où Apple, talonné par des concurrents plus agiles que lui, sera confronté au même défi de la longévité. Insensiblement, le groupe a déjà anticipé cette évolution. S'il continue encore à surprendre par ses produits, il a surtout fini par imposer un univers esthétique qui n'appartient qu'à lui. C'est, à coup sûr, son meilleur viatique pour l'avenir.


François Bayrou, dans la peau de Nick Clegg

Matignon ? François Bayrou laisse le rêve à d'autres. « Si j'ai des ambitions pour 2012, elles ne sont pas de ce côté de la Seine », a-t-il dit hier sur Canal+. Le troisième homme de 2007 se voit au second tour de la prochaine compétition pour l'Elysée. Mais pas dans le rôle qu'il prétend. Entre Nicolas Sarkozy et le candidat ou la candidate d'un PS sevré depuis 1988 de victoire présidentielle, la qualification sera difficile. Comme il y a trois ans, le président du Modem se pose en porte-voix de ceux qui veulent sortir du « dialogue de deux surdités », l'UMP et le PS. Mais il a déjà expérimenté que créer la surprise ne suffisait pas. Le panache permet d'exister, mais seule l'alliance permet de gouverner. Jusqu'aux régionales, c'était le PS qui s'interrogeait, et se divisait, sur le bien-fondé d'un accord avec le centre. Depuis les régionales, c'est Nicolas Sarkozy qui est attentif envers un rival qu'il a encore reçu mercredi à l'Elysée. Alors que, au PS, son nom n'est plus cité. Hier, vitupérant contre un président accusé d' « abus de pouvoir », François Bayrou se montre plus mesuré, même s'il se défend d'être « achetable ou manipulable ».

En 2012, Bayrou fait le pari que ni Nicolas Sarkozy ni Martine Aubry, si c'est elle au PS, ne seront en mesure de fédérer une majorité franche derrière eux. Comme Nick Clegg en Angleterre a été l'arbitre du duel entre David Cameron et Gordon Brown, François Bayrou se verrait bien dans la peau du faiseur de roi et décrochant, comme Clegg, le statut de numéro deux de l'alliance. L'exemple anglais n'est pas innocent. Sur le plan idéologique, les libéraux sont plus proches des travaillistes que des conservateurs. Mais Clegg a choisi Cameron parce qu'il était arrivé en tête. « Un signe de respect de la démocratie », explique-t-on auprès de Bayrou. Par respect de l'arithmétique électorale, le candidat centriste se tournerait donc en premier vers le candidat arrivé en tête, à charge pour lui d'accepter une négociation publique.

Sur le papier, le scénario a sa cohérence. Mais, avant de négocier au second tour, François Bayrou doit atteindre un seuil minimal au premier tour. Ce que ses déroutes européennes et régionales ne lui garantissent pas et que les sondages actuels ne lui promettent pas. Sans parler de la concurrence de Dominique de Villepin sur le même créneau de l'offre alternative. Un Villepin qui « ne voit pas » ce qui pourrait le retenir d'y aller. Et l'opération Bayrou n'a-t-elle pas aussi un air de déjà-vu ? 



ENCORE UNE FOIS LE BÉARNIAIS PART SUR DE MAUVAISES BASES.

A mort les 3 %, vive les 3 % !


Il faut parfois se pincer pour y croire, tant le débat public peut donner lieu à des retournements complets de posture. Souvenons-nous des fameux critères de Maastricht. Au début des années 1990, François Mitterrand et Helmut Kohl forment le beau projet d'unir l'Europe par une monnaie commune. Mais celle-ci n'est possible que si les économies se dirigent vers quelques solides points de convergence. Et parmi eux s'affirme l'idée que les déficits publics ne doivent pas franchir le seuil de 3 % du PIB. Que n'a-t-on dit là ! Les souverainistes de tous poils se déchaînent contre un tel abandon de l'autonomie de décision politique. Les noms d'oiseaux pleuvent contre les esprits européistes qui se soumettent au diktat des marchés, du monétarisme, des normes comptables et de la « panzer » discipline allemande. Vive la liberté de décision politique, à mort les 3 % !


Quelques temps plus tard et la crise financière de 2008 étant passée par là, nous voici à 8 % de déficit. Il n'est pas besoin d'être agrégé de mathématiques pour comprendre que la charge d'une telle dette est insupportable à brève échéance. Toutes les études prospectives, y compris la dernière en date qui émane de la commission Attali, placent le retour à un déficit maximal de 3 % en tête de leurs priorités. A mort la dette, vive les 3 % ! Mais où sont passées les voix qui tonitruaient contre les critères de Maastricht ? Chevènement se terre, Guaino se terre, Emmanuelli se terre. Quant à la famille Le Pen et au Saint-Just de l'Essonne, Jean-Luc Mélanchon, c'est le seul sujet sur lequel on n'entend plus exploser leur vindicte furieuse.


Comme quoi ces 3 % n'étaient peut-être pas aussi stupides qu'ils en avaient l'air. Peut-être est-ce aussi une leçon de modestie pour les doctes économistes qui développent depuis trente ans des modèles de mathématiques appliquées à la finance auxquels plus personne, notamment les patrons des institutions bancaires, ne comprend rien. Car, au même moment, un brave petit taux de 3 % suffit, à lui tout seul, à tracer la frontière entre la raison et la déraison.

Cinéma : la nouvelle donne du numérique

Grâce au numérique, l'amateur de cinéma est au coeur d'une petite révolution. La télévision numérique terrestre (TNT) a fait exploser l'offre de films sur son petit écran. Avec l'arrivée de la télévision connectée et le développement de décodeurs donnant accès à Internet, une nouvelle étape va être franchie. Tous les services de films en vidéo à la demande (VOD) sur la Toile seront en effet accessibles en deux ou trois clics sur la télé. Le spectateur-internaute pourra ainsi acheter un film à la séance ou s'abonner à des « packages » de cinéma. Les fournisseurs d'accès à Internet, les chaînes de télé, les marchands de produits culturels sur le Web se sont tous engouffrés sur ce marché, y voyant la promesse de revenus substantiels. De fait, cette innovation technologique, promise à un beau développement avec la multiplication des supports (« smartphones », tablettes, etc.), devrait modifier la manière de consommer les films. Ces évolutions ne risquent-elles pas, à terme, de déstabiliser le mode de financement du cinéma français ? Le sujet a en tout cas nourri de nombreux débats ce week-end aux Rencontres cinématographiques de Dijon.


Aujourd'hui, la pratique de la VOD n'est pas encore massive. Mais le marché est appelé à prospérer avec l'augmentation des débits et l'amélioration de la qualité de l'image. En 2009, 12 millions de films ont déjà été téléchargés en VOD. Vingt millions pourraient l'être cette année. A condition de ne pas coûter trop cher, les offres de cinéma en ligne - attractives par le choix qu'elles proposent et la souplesse de programmation -vont entrer en concurrence avec les supports traditionnels sur lesquels les films sont visionnés. La première condamnée par cette évolution va être la vidéo locative physique. Aux Etats-Unis, où le téléchargement légal de films est devenu un phénomène de masse, des loueurs de vidéos comme Blockbuster ont déjà fait faillite. La VOD devrait également se substituer à une partie du marché du DVD. A l'achat d'une galette, se substituera la location -moins onéreuse surtout pour les nouveautés -d'un film.


La télévision va, elle aussi, être bousculée. Des chaînes thématiques comme Ciné Cinéma pourraient voir leur modèle économique écorné par la concurrence des services de VOD par abonnement. Enfin, déjà fortement déstabilisée par la concurrence de la TNT, les audiences - donc les recettes -des grandes chaînes généralistes vont être exposées aux infidélités croissantes du spectateur-internaute. Avec une conséquence prévisible pour la filière du cinéma : l'accélération de la perte d'attractivité des films, déjà de moins en moins considérés comme un produit d'appel par des grandes chaînes privées comme TF1 ou M6.


Reste la grande inconnue Canal+, premier financier des films français avec près de 19 % des investissements en 2009. Le modèle de la chaîne cryptée repose sur le cinéma et le foot, mais tend à se diversifier en misant sur la création originale de fiction. La question est de savoir jusqu'à quel point l'apparition d'offres concurrentes -que ce soit la VOD ou des services comme Apple TV ou Google TV -affectera son portefeuille d'abonnés. En VOD à l'acte, les films seront accessibles quatre mois après leur sortie dans les salles obscures, contre dix mois sur Canal+. Face à l'émergence d'un marché pouvant empiéter sur ses plates-bandes, la chaîne a placé ses pions, en créant son propre site de VOD, CanalPlay.


Toutes ces évolutions font planer une menace sur l'argent reçu par le cinéma, puisque les financements attachés à tous ces supports risquent d'être fragilisés. D'abord, la location d'un film en VOD génère trois fois moins de recettes qu'un DVD (en moyenne 4 euros contre 12 euros en 2009). Pour les titres les plus regardés en DVD, cela pourrait signifier un réel manque à gagner. Ensuite, le développement de la VOD et de la TNT va peser sur la valeur d'usage du cinéma pour les chaînes gratuites, et peut-être payantes. De là à imaginer qu‘elles cherchent à renégocier leurs obligations d'investissement dans le cinéma, il n'y a qu'un pas. Or, en 2009, elles ont financé à hauteur de plus de 30 % les films d'initiative française, via une contribution proportionnelle à leur chiffre d'affaires.


Face à l'arrivée de la VOD, il était donc indispensable pour les producteurs d'intégrer les éditeurs de plates-formes dans la chaîne de financement du cinéma, de façon à trouver des ressources nouvelles. L'Europe leur a donné le coup de pouce nécessaire : anticipant le mouvement, elle a décidé d'ouvrir la voie à une taxation des « services médias audiovisuels à la demande » -soit la VOD et la télévision de rattrapage. Un projet qui vise à mettre la vidéo à la demande sur un pied d'égalité avec les télés vis-à-vis du septième art. Grâce à lui, en cas d'explosion de la VOD, les éditeurs de plates-formes participeront significativement au financement de la production nationale. A court terme, la mesure aura toutefois une valeur pédagogique, les revenus des sites de VOD -sur lesquels seront calées les obligations -étant encore modestes.


Le dispositif envisagé présente toutefois deux limites pour le cinéma français : la première est la possibilité de contournements des règles par les acteurs étrangers installés hors des frontières hexagonales. Vouloir faire financer la création par des Apple, Google ou Amazon qui espèrent récupérer une part du gâteau prometteur de la VOD apparaît illusoire.


Seconde limite, il n'est pas prévu -au moins pour l'instant -que la VOD entre dans la logique de préfinancement qui garantit la vitalité de la production française, les plates-formes n'offrant pas d'exclusivités. Contrairement aux autres acteurs du financement, elle ne permettra donc pas au producteur de boucler son budget avant le tournage. Face à ces deux contraintes, le cinéma français n'a qu'une peur : c'est de ne pas s'y retrouver sur le plan financier. Seul réconfort, les salles obscures -qui elles aussi financent le cinéma -se portent bien, avec une fréquentation en hausse en 2009 et 2010.

L'obsession française de la retraite à 60 ans


Mais pourquoi donc les Français sont-ils si acharnés à défendre la retraite à 60 ans ? Car il ne faut pas s'y tromper. Si les dirigeants des syndicats, des partis de gauche et de la presse d'opposition réclament une réforme plus juste, évoquant tour à tour le sort des femmes, la pénibilité ou la taxation du capital, la grande majorité des Français s'en moque. Quand on se glisse dans les cortèges, quand on lit les banderoles, quand on écoute les slogans, quand on se plonge dans la masse des reportages sur le terrain, les manifestants ont une idée en tête, des gamins aux papys : « Objectif retraite à 60 ans » ! C'est d'ailleurs pour cette raison que Ségolène Royal fut la première des éléphants socialistes à dire que l'âge légal de la retraite serait ramené à cette barre fatidique, en cas de victoire de la gauche en 2012, elle qui est la championne des courts-circuits avec l'opinion publique.


Pour comprendre les racines de cette étrange obsession française, il suffit d'écouter. Même si les Français savent bien, au fond, que le prochain épisode s'appellera « On a marché sur la retraite à 60 ans », ils résistent, avec parfois l'énergie du désespoir, pour une raison simple : ils sont persuadés que le travail, c'est l'enfer. Et c'est vrai que le travail est devenu plus dur au fil des décennies. La dernière enquête sur les conditions de travail remonte à 2005, mais elle montre la tendance. En vingt ans, les salariés restant « longtemps dans une posture pénible » sont passés de 16 à 34 % du total. Plus de la moitié ont « un rythme de travail imposé par une demande extérieure à satisfaire immédiatement », une proportion qui a, là aussi, doublé. Le fait de « devoir porter ou déplacer des charges lourdes » concerne désormais 39 % des salariés au lieu de 21 %. Ces tendances sont confirmées par les observations médicales, avec par exemple la montée des TMS - troubles musculo-squelettiques.


Le mouvement est plus marqué en France qu'ailleurs, car le travail y a été concentré, comme du jus d'orange. Et le dialogue social y est médiocre, étouffant les initiatives qui permettraient une amélioration bénéfique pour l'employeur et l'employé. Depuis trente ans, tout se passe comme s'il y avait un accord implicite entre les salariés, les entreprises et l'Etat : on travaille moins mais plus dur. Le temps passé en entreprise a été réduit comme peau de chagrin - études plus longues, semaine écourtée, départ à la retraite plus tôt. Mais, en échange, le travail est désormais un jus hautement concentré, au point d'en être devenu corrosif. Voilà pourquoi il semble inimaginable à beaucoup de Français de continuer « plus longtemps que prévu ».


Pour aller au-delà de 60 ans, il faudra changer le travail. Réorganisation d'un chantier pour qu'un maçon senior puisse travailler sans porter des sacs de 50 kilos, formation des salariés même après 45 ans, transmission des savoirs, gestion des carrières, aménagement des grilles de salaire pour casser les augmentations automatiques à l'ancienneté qui poussent les entreprises à éjecter leurs chers seniors… Les dirigeants d'entreprise en panne d'idées ont largement de quoi s'inspirer dans les pays où l'âge effectif de la retraite approche, voire dépasse les 65 ans.


Les entreprises ont également un levier formidable à actionner. Car les Français sont schizophrènes sur la question, comme sur bien d'autres. Ils sont convaincus que le travail est un enfer, mais ils savent aussi qu'il peut constituer pour beaucoup d'entre eux, n'ayons pas peur de le dire, un petit bout de paradis. Dans les relations avec les collègues, mais aussi par l'implication dans un projet collectif ou tout simplement dans l'accomplissement personnel. Il suffit (et il faut) qu'un collège brûle au Mans pour entendre soudain des professeurs parler du bonheur qu'ils avaient à y enseigner. Oui, du bonheur ! Une idée neuve en entreprise…


Si les employeurs ne travaillent pas sur le travail, leurs employés continueront de se battre, d'une manière ou d'une autre, pour y rester le moins longtemps possible. L'autre voie est connue. Pour combler un trou qui approcherait les 50 milliards d'euros en 2020, selon les calculs du Conseil d'orientation des retraites établis sur des hypothèses qui peuvent paraître aujourd'hui optimistes (7 % de chômage en 2020, 1,5 % de progrès annuel de productivité d'ici là), il faudrait relever les cotisations de 0,7 % par an, soit la moitié de la progression espérée du pouvoir d'achat. Il n'est pas sûr que les Français préfèrent cette solution.

Christine Lagarde : «La première pierre d'un nouveau système monétaire international est posée»

Les «diktats, les exigences, les arrogances ne sont plus de mise» au sein du G20, estime la ministre de l'Economie. Durant sa présidence, la France suivra le principe «de la concertation et du dialogue».

A l'issue de la réunion des ministres des Finances du G20, le risque de guerre des changes vous paraît-il écarté ?

La détermination collective était effectivement d'éviter une guerre des changes. Les ministres ont expressément débattu de ce sujet. Nous nous sommes engagés à ne pas recourir à des politiques de dévaluations compétitives. Mais nous avons également convenu de nous fixer des objectifs plus larges au niveau de nos balances des transactions courantes, sans stigmatiser un pays particulier. Tous, pays excédentaires comme pays déficitaires sur le plan commercial, doivent d'être vigilants quant à l'évolution de leurs échanges. Certes, nous n'avons pas instauré d'objectifs chiffrés souhaités par l'administration américaine. Car la situation des pays membres du G20 est différente. En particulier, les pays fortement exportateurs de matières premières ont fait valoir que leur balance commerciale était de nature différente. Au final, nous avons convenu d'un « chemin de paix », mais nous n'avons pas encore les instruments à notre disposition. Cela présage des travaux de la présidence française du G20, l'an prochain. Ces travaux correspondent à l'un des objectifs du président Nicolas Sarkozy, qui est de travailler à l'élaboration d'un nouveau système monétaire international.

Justement, diriez-vous que le G20 a posé la première pierre d'un nouveau système monétaire international ?

Oui parce qu'en tournant le dos à la «guerre des monnaies», c'est déjà établir un diagnostic qui ouvre le chemin vers un nouveau système monétaire international fondé à la fois sur des politiques de change mais également sur des politiques monétaires et des politiques macroéconomiques.

Tim Geithner était en faveur d'une sorte de « pacte de stabilité commercial » visant à limiter les déficits et les excédents courants à 4% du PIB. Pourquoi cette idée n'a-t-elle pas été retenue ?

Je suis favorable à la résorption des déséquilibres commerciaux mondiaux, qui ne sont pas propices à nos exportateurs. Aujourd'hui, la zone euro subit le contrepoids d'un dollar plutôt affaibli, de l'absence, en Chine, d'une monnaie flottant librement et de la politique des pays émergents en surchauffe comme la Corée et le Brésil. Tout ce qui visera à rétablir les équilibres commerciaux est important. L'objectif de 4% mis en avant par nos partenaires américains était, certes, une démarche audacieuse, mais trop uniforme pour être adoptée en l'état. Cela dit, le fait que nous nous engageons à mettre en place des référentiels pour ajuster nos balances des paiements courants est un véritable progrès.

Jugez-vous intact le degré de coopération et de concertation du G20 ? Qu'attendez-vous du sommet des chefs d'Etat de Séoul le mois prochain ?

Ce qui m'a frappée lors de cette réunion, c'est la nécessité impérieuse de la concertation et du dialogue. La présidence française du G20 suivra ce principe. Les diktats, les exigences, les arrogances ne sont plus de mise au sein du G20. Le positionnement respectif des pays émergents, le rôle majeur joué par l'économie chinoise sont des nouvelles réalités dont nous devons tenir compte. Je mettrais également en avant la solidarité européenne. En particulier dans le cadre de la réforme du Fonds monétaire international. Le fait que l'Europe ait arrêté une position commune, que les Européens se soient soutenus par rapport aux propositions émanant des uns et des autres a été déterminant pour parvenir à une réforme du Fonds conforme aux objectifs fixés par les chefs d'Etat lors du sommet de Pittsburgh, en septembre 2009.

Vous êtes donc entièrement satisfaite de l'accord réformant la gouvernance du FMI ?

Tout le monde a contribué à ce qu'il soit satisfaisant. L'objectif du sommet de Pittsburgh était de transférer au moins 5% des droits de vote vers les pays émergents dynamiques sous-représentés. Avec plus de 6%, nous sommes allés au-delà de l'engagement des chefs d'Etat. Les Américains et les Européens ont cédé une partie de leurs droits. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France conservent leur siège d'administrateur. L'influence de la France au sein de l'institution est maintenue.

La prochaine réunion des ministres des Finances aura lieu sous présidence française à Bercy en février. Quelles seront les priorités de ce rendez-vous ?

Bercy accueillera effectivement cette rencontre. Les sujets ne manquent pas. Nous devrons nous assurer du suivi de la régulation financière mis en oeuvre au cours des mois précédents. Nous poursuivrons le débat sur la réforme du système monétaire international, bon nombre de groupes de travail s'étant déjà saisis de cette question. Avec la participation de la Banque mondiale, du Conseil de stabilité financière et du Forum international de l'énergie, nous nous attellerons à la réforme des marchés de matières premières et leurs dérivés. Enfin, les questions relatives à la gouvernance mondiale, le développement et les financements innovants seront aussi sur la table.

Obama à mi-parcours

En septembre 2008, l’économie et le système financier internationaux ont été frappés par un tremblement de terre dont l’épicentre était aux Etats-Unis. C’était la fin de l’administration Bush. On était à deux mois de l’élection présidentielle. Le moment, en terme de gestion de crise, n’aurait pu être pire

NEW YORK – Le niveau d’incertitude sur la valeur des titres, sur la solvabilité et sur la connexité des états financiers qui prévalait à l’époque était incroyablement élevé. L’incertitude nourrissant les craintes, les banques et les particuliers ont ressorti leurs bas de laine. La consommation a chuté, entraînant dans son sillage les ventes au détail, puis, peu de temps après, les emplois et l’investissement. Des choix rationnels individuels ont entraîné des résultats collectivement irrationnels.

Tous les éléments d’un scénario de récession étaient réunis : le rationnement du crédit mettant à mal toutes les entreprises sans distinction, il fallait une action rapide, agressive et non conventionnelle du gouvernement américain et de la Réserve Fédérale. La réponse mise au point par l’administration Bush, et reprise par celle d’Obama, reprit tous les éléments cités précédemment. Une combinaison constituée d’une recapitalisation du secteur financier et d’une expansion conséquente de la feuille de bilan de la Fed a permis d’éviter un blocage intégral du crédit.

Les mesures adoptées n’ont pas toujours atteint leur cible et ont du être rectifiées. Le programme Troubled Asset Relief Program (TARP), par exemple, avait à l’origine pour objectif le rachat de titres sécurisés complexes dont la valeur avait chuté et qui n’étaient plus négociés ; mais il a fallu en modifier en partie le principe pour réinjecter des capitaux dans les banques.

Le soutien financier apporté aux méchants de Wall Street en a enragé plus d’un, mais personne n’a proposé de meilleure alternative à l’époque – ni depuis. Les administrations Bush et Obama ont toutes deux compris que la prudence politique en temps de crise oblige de choisir la moins mauvaise des options, d’accepter les réactions de colère et les critiques, inévitables, et de mettre en place la décision retenue sans délai. La première des priorités n’était-elle pas de stabiliser une situation à haut risque ?

Puis l’administration Obama a endossé la responsabilité de coordonner les efforts du gouvernement pour stimuler la reprise, dont la pièce maitresse était un important plan de relance pour consolider l’économie réelle. Suite aux injections de capitaux et aux programmes de la Fed visant à soutenir le système financier, le plan de relance fut une étape importante, en dépit des controverses quant à son envergure, son efficacité et son ciblage. Sa mise en oeuvre à la fin de février 2009 a permis de freiner la tendance baissière et les prix se sont stabilisés le mois suivant.

L’administration Obama n’est pas responsable des maigres performances de l’économie américaine dans les mois qui ont immédiatement suivi la crise ; c’était inévitable. Mais elle est responsable d’avoir laissé persister les attentes trompeuses d’un retour rapide aux niveaux de production et de consommation d’avant la crise. Ce qui a ouvert la porte aux accusations selon lesquelles une mauvaise politique était la cause de la faiblesse des performances économiques.

L’administration devait se rendre compte – et dire – que l’économie d’avant crise nourrie par la dette était insoutenable, et que le défi aujourd’hui, dans la mesure où la récession avait été évitée, était d’opérer une difficile transition vers une nouvelle voie. Mais elle a considéré la Grande Récession de la même manière que les autres crises récentes, quoique plus profonde.

Peut-être que ce résultat était joué d’avance. Peu de temps après son arrivée aux responsabilités, l’administration Obama a du faire un choix stratégique crucial quant à l’envergure et à l’étendue de son ordre du jour. L’une des options était de différer d’importantes initiatives (dans les domaines de la santé, de l’énergie et de l’environnement, y compris le changement climatique) et de concentrer le capital politique et les ressources fiscales pour remettre sur pied la croissance et l’emploi. L’autre option était de poursuivre l’intégralité de l’agenda politique en accord avec les priorités et les engagements annoncés lors sa campagne électorale par Obama.

L’ordre du jour plus restreint – réforme financière, stabiliser le marché de l’immobilier, rééquilibrer des bilans, solutionner les défaillances structurelles et relancer la croissance et l’emploi – n’aurait pas vraiment fait rêver l’opinion publique et aurait certainement déçu l’enthousiasme des partisans d’Obama. Mais, s’il avait été adopté, il aurait eu l’avantage d’apporter clarté et attention sur un domaine d’importance capitale pour tous. Et, s’il avait été couronné de succès dans le temps, le reste de l’ordre du jour d’Obama aurait semblé moins pesant et plus abordable.

Obama a choisi la seconde option plus expansive, ce qui entraina une dynamique plus ou moins inverse : les bénéfices devinrent des risques. L’ensemble des mesures aurait été plus facile à mettre en ouvre si les hypothèses sur la nature de la récession et sur la meilleure option pour stimuler la reprise avaient été correctes. Mais elles ne l’étaient pas. Et aujourd’hui, alors que l’administration se refocalise sur la croissance et l’emploi, elle risque l’enlisement à un moment où les performances économiques décevantes se traduisent par une évaporation du soutien politique.

L’administration n’est pas la seule responsable, bien sûr. Elle a dû faire face à une perte de confiance généralisée et compréhensible des élites – chercheurs, analystes politiques, Wall Street, grands patrons, régulateurs et hommes politiques – ce qui complique l’application d’une politique pragmatique et centriste. Bien que ce phénomène date d’avant la crise, cette dernière en a exacerbé la nature. Mais il faut bien dire que les élites n’ont pas été capables de pressentir la crise et n’ont pas non plus su prendre les mesures nécessaires pour l’éviter ; et certains d’entre eux semblent être les seuls en s’en sortir : les profits sont en hausse, mais pas l’emploi.

En outre, l’inégalité croissante des revenus attise grandement l’anxiété de nombreux Américains. Les implications économiques et politiques de cette tendance à long terme ont fait l’objet de moult débats, mais sont restés largement sans réponse, trahissant le manque généralisé d’intérêt pour les questions de redistribution qui font de l’ombre aux élites et à leur foi excessive dans les marchés quant à leurs capacités à fournir des résultats bénéficiaires.

A l’évidence, les moyens et les résultats de la politique américaine manquent de clarté. Les marchés, les cadres règlementaires, et les investissements dans le secteur public sont des moyens pour parvenir à des objectifs partagés. L’administration, les élites politiques et décisionnaires, et les leaders du secteur privé doivent énoncer clairement que le principal objectif de la politique et de la stratégie économique intérieure est de rétablir un modèle de croissance et d’emploi inclusif.

Les choix à faire ne sont ni simples, ni évidents, ni clairs. Persévérance, pragmatisme et une certaine volonté à expérimenter seraient utiles. Mais Obama doit prendre l’initiative de canaliser un environnement politique fortement polarisé engagé dans un débat sur le rôle et la taille appropriés du gouvernement vers un ordre du jour plus pragmatique, à même de produire des résultats.