TOUT EST DIT

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lundi 11 octobre 2010

Musiciens en semi-liberté sous Lénine et Staline

La Cité de la musique, à Paris, s'est toujours distinguée par des expositions temporaires remarquablement variées, mais chaque fois ciblées avec goût et expertise : "Lénine, Staline et la musique", qui ouvre le 12 octobre, laissera la place à "Brassens ou la liberté" (du 15 mars au 21 août 2011). Cette nouvelle thématique, exposée à travers esquisses, dessins, tableaux, maquettes, costumes de théâtre, films et partitions, est une "chronique de la vie musicale des trente premières années de la Russie soviétique, de la révolution d'octobre 1917 à la mort de Staline en 1953", selon le libellé même des organisateurs.
Les mélomanes pourraient s'interroger sur l'intérêt de s'arrêter à une période qui vit les plus grands compositeurs russes fuir la révolution et leur pays natal : Serge Rachmaninov (1873-1943) et Serge Prokofiev (1891-1953) s'en vont, alors qu'Igor Stravinsky (1882-1971) était déjà en France avant le début de la première guerre mondiale.

Mais c'est oublier Dimitri Chostakovitch (1906-1975), dont les liens apparemment ambigus avec le pouvoir soviétique seraient en eux-mêmes un sujet de réflexion monographique ; c'est aussi oublier que Prokofiev, après avoir connu une gloire éclatante en Occident, se réinstalle en URSS au milieu des années 1930 (pour y mourir le même jour que... Staline !) ; c'est, enfin, négliger une myriade d'artistes qui ont profité de l'extraordinaire période de semi-liberté esthétique au lendemain d'octobre 1917, mais dont les recherches avaient commencé dès 1913.

Ainsi Arthur Lourié (1892-1966), portraituré en 1915 par Lev Bruni en "bourgeois" nonchalant (costume trois-pièces, noeud papillon, comme Marc Chagall lui-même dans un singulier autoportrait de 1914), écrit-il cette même année Formes en l'air, dédiées à Picasso, une partition moderniste dont les silences, laissés à la courtoisie de l'interprète, sont figurés par des "blancs acoustiques". Autre exemple, un projet de décor pour l'opéra, du peintre suprématiste Kazimir Malevitch (1879-1935), montre, en 1913, une préfiguration de son fameux Carré noir sur fond blanc, exposé en 1915...

Jusqu'à la fin de la décennie, sous l'égide d'Anatoli Lounatcharski (1875-1933), commissaire en chef du Narkompros (Commissariat du peuple à l'instruction publique), les arts vivront une salutaire ère d'ébullition créative dont les derniers feux correspondent, en 1929, à la démission de ce dernier et, symboliquement, à l'expulsion de Léon Trotski, à la mort de Serge de Diaghilev et au krach boursier de Wall Street.

Mais cette période de perestroïka esthétique n'est pas exempte de tensions : les premiers exemples de musiques prolétariennes (et leur simplification souvent consternante) s'opposent au langage atonal d'un Nicolas Roslavets (1881-1944). Il se verra, comme Chostakovitch plus tard, contraint de fabriquer des excuses publiques au pouvoir afin de sauver sa peau.

L'exposition, placée sous le commissariat du musicologue Pascal Huynh, montre parfaitement cette cassure au tournant des décennies 1920 et 1930 : on passe brutalement de tableaux, maquettes et costumes futuristes et abstraits à un art figuratif et monumental. Mais, cette exposition le montre bien, certaines tendances modernistes étaient calquées sur des modèles d'Europe occidentale tandis que des oeuvres de style pompier ne manquaient pas de grandeur, en musique comme en peinture.

Pascal Huynh a fait plusieurs voyages en Russie afin d'obtenir ces documents dont certains sont exceptionnels : "J'ai dû convaincre à plusieurs reprises du sens de cette exposition, mais n'ai ressenti aucune censure envers ce sujet", a-t-il confié au Monde. Il aura toutefois souffert de la désorganisation et du laisser-aller de certaines institutions et de leur personnel. "Il m'a fallu aussi contourner certains ayants droit pour obtenir le prêt d'originaux, comme les partitions de Chostakovitch, avoue le commissaire... Mais je suis très fier d'avoir fait sortir pour la première fois du pays des documents rares, comme les brevets originaux du prix Staline."

Cette manifestation, à la fois lisible et foisonnante, ravira aussi bien le profane que le spécialiste, l'amateur d'arts plastiques que de musique : entre les tableaux de cette exposition, il est possible d'écouter à l'aide d'un casque sans fil des exemples musicaux et de les lire sur les partitions mêmes.



Lénine, Staline et la musique.
Musée de la musique, Cité de la musique, 221, avenue Jean-Jaurès Paris 19e. Tel. : 01-44-84-44-84.MoPorte de Pantin. Cite-musique.fr. Jusqu'au 16 janvier 2011. De 4€ à 10€.




Peut-on critiquer les médias?




Retraites : les perturbations à prévoir mardi

Les syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations mardi 12 octobre contre le projet de réforme des retraites.  Tour d'horizon des difficultés à prévoir, notamment à la SNCF avec un trafic TGV très réduit.

 A la SNCF

A la SNCF, où des préavis reconductibles ont été déposés, les perturbations seront importantes, et ce dès lundi 20 heures, tous les trains de nuit étant annulés à l'exception d'un Paris-Rome. Le trafic ferroviaire sera inférieur à celui des dernières journées de grève sur les retraites.
La SNCF prévoit en moyenne 1 TGV Paris-province sur 3 (mais 1 TGV sur 2 sur l'axe Nord), 1 TGV province-province sur 5, près de 4 Transiliens sur 10 aux heures de pointe, 4 services TER sur 10, et 1 Corail de jour sur 3. Le trafic Téoz sera assuré à raison d'1 train sur 3 en moyenne.
En banlieue parisienne, sur la ligne A du RER pour la partie gérée par la SNCF (branche Cergy et Poissy), plus de 1 train sur 2 roulera avec l'interconnexion maintenue avec la RATP. Par contre sur les lignes B et D, l'interconnexion sera supprimée à Paris-Nord.
Vers l'étranger, le trafic sera normal pour les Eurostar vers Londres, et 8 Thalys sur 10 rouleront vers la Belgique et les Pays-Bas. 2 trains sur 3 sont prévus vers l'Allemagne, et 8 trains sur 10 vers la Suisse. Le trafic international de nuit sera interrompu à partir de lundi, à l'exception d'un Paris-Rome. Le trafic des autres trains internationaux ne sera pas assuré. Les perturbations commenceront dès lundi soir avec la suppression des trains de nuit Lunea en France.
Pour toute information la SNCF conseille de consulter les sites www.sncf.com et www.infolignes.com pour tous les trafics, sur ww.abcdtrains.com pour les prévisions Transilien par gare, d'utiliser les numéros verts 0 805 903 635 pour Grandes Lignes, TER, Téoz et Intercités, 0 805 700 805 pour Transilien, d'écouter SNCF La Radio avec un point trafic toutes les 15 mn depuis l'application SNCF Direct sur smartphone et tous les sites internet SNCF, France Bleu Ile-de-France: 107.1 et depuis un téléphone portable d'utiliser sncf.mobi pour accéder en temps réel aux informations.
« Tout billet de grandes lignes sera valable pendant la période à bord de tout train circulant ce jour-là sur la relation considérée », précise la SNCF, qui ajoute : « Les clients préférant annuler un voyage comportant une réservation pour un train de la période concernée pourront le faire sans frais au guichet, quel que soit le tarif ».

A la RATP
Dans l'entreprise de transports d'Ile-de-France, la CGT, 1er syndicat, ainsi que FO, Sud et CFDT ont déposé des préavis illimités à partir de mardi, tandis que la CFTC appelle à 24 heures de grève. L'Unsa, 2e syndicat, n'appelle en revanche pas à la grève les conducteurs. Seule la branche GATC du syndicat Unsa (commercial, services généraux...) a déposé un préavis pour 24 heures

La RATP prévoit pour mardi un trafic à hauteur de 1 RER B sur 5, 1 RER A sur 2, des perturbations variables dans le métro, 3 bus sur 4 en moyenne et une circulation quasi normale des tramways, a indiqué dimanche la régie.
Le trafic sur les lignes 1, 11 et 14 du métro sera normal. 3 trains sur 4 rouleront sur la ligne 6. Sur les lignes 3, 4, 8 et 13, 2 trains sur 3 sont prévus, sur les lignes 2, 5, 7, 9, 10 et 12, 1 train sur 2. Pour le RER B en zone RATP (de Paris-Nord à Robinson et Saint-Rémy-les-Chevreuse au sud), seul 1 train sur 5 circulera. Tous les trains seront au départ et terminus de la gare de Denfert-Rochereau. Pour le RER A (de Saint-Germain-en-Laye à Marne-la-Vallée/Chessy TGV et Boissy-Saint-Léger), 1 train sur 2 sera assuré et l' interconnexion maintenue à Nanterre Préfecture. Les horaires seront affichés dans les gares dès le 11 octobre.
Pour toute information, la RATP met à la disposition de ses voyageurs son site www.ratp.fr un numéro vert 0 800 15 11 11.
Dans les transports urbains en province
Des préavis ont été déposés dans 85 réseaux de transports urbains, dont 29 reconductibles.
Dans les aéroports
Quelque 30% des vols seront annulés mardi aux aéroports de Roissy et Beauvais et 50% à Orly, mardi, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), qui invite les passagers à s'informer auprès de leur compagnie aérienne.
Air France prévoit pour mardi de maintenir la totalité de ses vols long-courriers mais d'annuler quelques vols sur le réseau national et européen (court et moyen-courriers).
Dans la fonction publique
Un taux de 27,17% des enseignants du primaire (écoles maternelles et élémentaires) ont déclaré leur intention de faire grève mardi, selon un communiqué du ministère de l'Education nationale. Selon une estimation réalisée vendredi à partir de 59 départements, le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, prévoit lui 47,9% de grévistes.
Depuis l'instauration en 2008 d'un service minimum d'accueil (SMA) en primaire et afin d'organiser l'accueil des élèves, les enseignants des écoles qui envisagent de faire grève sont tenus de se déclarer au moins 48 heures à l'avance, ce qui n'est pas le cas de ceux des collèges et lycées.
COMME D'HABITUDE, CES GRÉVISTES SONT DES FONCTIONNAIRES PRIVILÈGIÉS, ILS VONT, ENCORE UNE FOIS EMMERDER LES VRAIS TRAVAILLEURS QUI, EUX, ONT BESOIN DE TRAVAILLER  CAR ILS N'ONT PAS LES AVANTAGES OUTRANCIERS DE CES NANTIS COMMUNISTES AUX RÉGIMES TRÈS SPÉCIAUX.


Retraites : la CGT multiplie les appels à la grève

Une soixantaine de représentants de la CGT Métallurgie du Nord–Pas-de-Calais ont voté lundi 11 octobre à l'unanimité en faveur d'un appel à la grève reconductible dans toutes les entreprises du secteur contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.

Réunis en assemblée générale exceptionnelle dans les locaux de l'union locale CGT de Douai, les responsables CGT ont approuvé à main levée cet appel à la mobilisation lancé par leur responsable régional, Jean-Pierre Delannoy, l'un des principaux opposants au secrétaire général du syndicat, Bernard Thibault. Cette proposition sera soumise le 12 octobre aux salariés de la métallurgie dans la région, qui décideront de la suite à lui donner lors d'assemblées générales.

COMME UNE VIEILLE CATIN DES DOCKS, LA CGT RACOLE LES METALIERS POUR GROSSIR SON CORTÈGE DE REVANCHARDS 

Larry Clark, phare ou démon ?

Le débat sur l'interdiction aux mineurs de l'exposition consacrée à Larry Clark a fait réagir les internautes sur des questions de fond : doit-on considérer toute oeuvre comme de l'art ? L'art se doit-il d'être agréable ? Le jeune public dispose-t-il d'un recul nécessaire pour appréhender une oeuvre choquante ?

"L'art n'est pas toujours tout public" (Justinien 10)

Pour Zorritita, "l'art n'est pas obligé de choquer". Le rôle de l'artiste serait plutôt, d'après cette internaute artiste-peintre, d'offrir au spectateur, en l'occurrence adolescent, "une [image] plus agréable et plus valorisante" de sa condition. Or, ici, "il n'y a pas que du sexe, il y a aussi de la violence, des armes, de la drogue" (sundiego), et on redoute que l'expo ne joue "le rôle d'un miroir pour un ado" : "Il en sort avec : adolescence = moi = seringue, corde au cou, baise sans amour, picole, noir et blanc, solitude, désespoir, branlette... Waouh !" Selon Micha, croire que l'exposition peut "faire réfléchir nos ados" (JC), c'est une "construction purement intellectuelle", symptomatique de "la dérive de notre société" et de "l'absence de repères".

"Il me semble qu'il y a là une dérive de l'art" (cassandre)

Cet "affaissement de la culture" (Tyran) serait lié, d'après Avana, à une erreur de jugement du public : "Puisque Manet, Renoir, Baudelaire ont été l'objet de censure au XIXe siècle, n'importe quel petit provocateur peut prendre la posture du grand artiste." Snopy renchérit : "L'art a bon dos pour exhiber des images pornographiques, sexe et drogue" : il ne faut donc "pas montrer n'importe quoi au nom de l'art" (Zorritita). Le rôle de l'artiste devrait être vertueux : Cassandre s'oppose à cette expo qu'elle qualifie de "dégueu" : "La poésie, la beauté et le rêve" sont "ce que l'on cherche lorsqu'on va voir une expo". Il faudrait exposer des oeuvres "très artistiques", c'est-à-dire "que tout le monde peut voir sans être mal à l'aise" (Zorritita), ou alors, au moins, si on expose des images de "la crasse, la décadence, la dégradation" (Sylla), "compenser ensuite par d'autres jolies choses" (Margarita). Pour certains internautes, le sujet des photographies justifie ainsi, à lui seul, une interdiction de l'exposition aux adolescents.

"Le mal n'est guère que là où on le voit" (Dom Tower)

D'autres internautes opposent que le sujet ne fait pas l'artiste. Larry Clark est artiste "parce que cet homme a une oeuvre qui porte en elle des problématiques dont personne ne parle. Lui, il image tout ça. Oui son oeuvre est trash, oui elle dérange. Mais, à la différence de la pornographie, ça parle de la vie, la vraie, de certaines zones underground que l'on refuse de regarder. Et là, Larry Clark envoie ça à la face du monde" (Blueberry). Tout le sens est dans la manière de représenter les choses, et alors le spectateur doit "savoir observer". À kangou qui n'a, "en vérité, vu que des jeunes nus qui étaient en train de coucher ensemble à plusieurs ou de se droguer et brandir des armes à feu", celestine oppose : "Ça prend au ventre, ça prend au coeur, ça prend aux tripes. Et sans voyeurisme gratuit. L'artiste est dans son rôle. Il éclaire et décale. Et nous décale. Pour une fois, de l'art contemporain, oui, et sans ambiguïté ! Et sans putasserie ou arnaque."

"La photographie qui dérange les consciences" (David Weber)

Ainsi, la capacité de l'artiste à "imager" des "problématiques dont personne ne parle" est essentielle. Beaucoup plus que sa "reconnaissance dans une structure incontournable de l'art" (blueberry). Le confort du spectateur face à l'oeuvre n'a alors rien à voir avec l'art. Il est même dangereux, "on en oublie de réfléchir à la longue" (SOSO). "L'intérêt de cette expo est qu'elle reflète une réalité que les adultes font tout pour cacher", ajoute loupiote. Il ne faut surtout pas, "avec une baguette magique, faire disparaître tout ce qui dérange, tous ceux qui dérangent dans notre monde si parfait" (Célestine).

"Au diapason de la société suspicieuse" (David Weber)

L'art tire sa force morale de la contestation, car il met à distance les dérives d'une société : c'est "sans complaisance pour personne" que Clark "met le nez dans la m... aux puritains qui ne veulent pas voir ce qui se déroule dans leur dos" (Irenée). Le "puritanisme" - le mot revient souvent dans les commentaires - serait une adhésion naïve aux réalités sociales, et on estime parfois que "l'obsession puritaine a envahi notre monde" (David Weber). "Depuis les années 1970, on ressent un mouvement, comme aux USA, vers un retour excessif à la pudibonderie" (Yvon7). Cette exposition aurait dû être ouverte aux adolescents, ils auraient pu voir "tout ce qu'ils voient déjà sur Internet", mais "en trois dimensions, et surtout avec une dimension humaine et morale" (Pavlov), la seule qui permette de réfléchir sur un monde flouté dans lequel "les mots mêmes ont perdu leur sens" (rebelle33).

QUE VAUT CE "PHOTOGRAPHE" AUPRÈS DE GÉANTS COMME EUGÈNE SMITH, ANSEL ADAMS, HELMUT NEWTON, DEPARDON, BRASAÏ...ET J'EN PASSE.
UNE EXPO. POUR CE MÉDIOCRE, C'EST DIGNE D'UNE TARLOUZE COMME DELANOE.
QUI N'A DU SENS DE L'ART QUE CELUI QUE J'AI POUR MON TROU DU CUL.
JE SAIS C'EST GROSSIER, MAIS ÇA LE MÉRITE !

Le Talk : Alain Minc




Le commentaire politique de Christophe Barbier 
 

L'extrême droite autrichienne progresse lors d'élections à Vienne

L'extrême droite autrichienne devrait remporter plus du quart des voix aux élections provinciales de dimanche à Vienne, d'après une projection basée sur les premiers résultats. Les élections à Vienne, fief traditionnel des sociaux-démocrates, reflètent une tendance constatée dans d'autres régions d'Europe où les électeurs, préoccupés par la crise économique, les questions de sécurité et l'immigration, se tournent vers des partis d'extrême droite.

Les sociaux-démocrates viennois, avec pour chef de file Michael Hupl, maire depuis 1994, devraient rester en tête avec entre 44,5 % des voix, mais ils risquent de perdre leur majorité absolue. Comme au niveau national, ils se tourneront vraisemblablement vers les conservateurs, crédités d'une troisième place, s'ils ont besoin d'un partenaire de coalition. "Ce serait une option logique", a déclaré le politologue Peter Filzmaier à la radio-télévision publique RF.
Heinz-Christian Strache, du Parti de la liberté (extrême droite), est crédité de 27,2 % des suffrages, selon une première projection de la RF, basée sur un cinquième des bulletins. Tous les autres partis enregistrent un recul. Le Parti de la liberté avait obtenu 15 % en 2005 dans la province de Vienne. Cette projection donne à penser que le Parti de la liberté renoue avec ses scores de la fin des années 1990.

Le Radical et la radicalisation


C'est un effet secondaire et inattendu du remaniement avec préavis. A l'orée d'une semaine sociale à hauts risques, les membres du gouvernement mobilisent leur énergie dans cette interrogation capitale : François Fillon sera-t-il mis à la retraite de Matignon et si oui, sur quel successeur miser ?
Dans cette histoire, il y a désormais un Premier ministre en sursis, mais dont l'exécution n'est pas encore vraiment décidée, et un prétendant bien placé, mais dont la nomination n'est pas encore acquise. Le premier vend chèrement sa peau pendant que son possible successeur, lui, vend déjà sa propre image.
Une autopromotion facile. Jean-Louis Borloo, puisqu'il s'agit de lui, est à la fois un excellent vendeur et un produit politique séduisant. Eh oui, on n'a envie de dire que du bien de ce ministre singulier dont la coiffure ébouriffée (mais aujourd'hui « brushée » pour la cause) semblait à l'image de la générosité de son action, de son dynamisme pyrotechnique et de son engagement sur le terrain, où comme à Valenciennes, ses milles idées à la minute ont fait des miracles. Le Grenelle de l'environnement, qu'il a patiemment orchestré, restera un acte fondateur d'une écologie érigée, un temps, au rang de priorité gouvernementale.
Mais si on en croit le sondage du Journal du Dimanche publié hier, sa crédibilité en progrès pour le poste de chef de gouvernement n'en reste pas moins largement minoritaire dans l'opinion. Il en faudrait bien davantage pour décourager une détermination dissimulée sous un faux dilettantisme.
Surtout, ne pas se fier à l'apparence d'aventurier détaché de l'ancien avocat qui, en 1992, avait juré à l'auteur de cet éditorial qu'il arrêterait la politique « dans dix ans au plus tard » pour ne pas se laisser corrompre « par l'habitude du pouvoir politique ». Une très sincère profession de foi de cet ancien scout, dont la témérité n'a pas résisté à l'entrée dans les ordres gouvernementaux et - comment lui en vouloir ? - au désir de construire.
Pour ce professionnel, plus d'improvisation gratuite, désormais, et finalement peu de vraie spontanéité. Tout est calculé au millimètre dans une patiente stratégie de conquête. La loyauté proclamée ne vaut-elle pas les convictions d'une vie ? Le président peut bien s'essuyer les pieds sur l'impératif écologique, dévaloriser les banlieues, stigmatiser les Roms, radicaliser ses positions, il ne protestera pas. Au contraire : à chaque fois, il justifiera. A aucun moment décisif, ce démocrate-chrétien qui a réussi le tour de force de prendre la présidence... du parti radical n'a fait entendre sa différence dans la musique sécuritaire. Capable de décolorer les colères de sa propre famille avant de la livrer en caution, il est absolument sans danger pour l'Élysée. En vérité, il lui offre beaucoup de garanties.


Une partie très serrée




En 2007, Nicolas Sarkozy voulait conserver l'âge de la retraite à 60 ans et les socialistes maintenir la durée de cotisation. Trois ans et une crise plus tard, tout le monde admet ¯ nos voisins bien avant nous ¯ qu'il faut réformer d'urgence si l'on veut sauver le système et la crédibilité internationale de la France.


Cette nécessité semblant très partagée dans son principe, le gouvernement a considéré que la réforme l'était aussi dans son contenu. Il n'a pas prévu qu'elle serait un révélateur d'inégalités salariales que, par ailleurs, elle n'est pas là pour corriger. Les syndicats se sont davantage sentis les greffiers d'un acte social que les partenaires d'une négociation.


Devant la menace d'un conflit majeur et d'un échec ruineux pour le pays, l'Élysée et le Sénat ont lancé une opération déminage à travers quelques concessions, à forte charge symbolique, en direction des femmes et des handicapés. Ils tentent, par ailleurs, de prendre la rue de vitesse en bétonnant au plus vite les piliers de la réforme.


Mais il y a autant de probabilités que ces manoeuvres, révélatrices d'une fébrilité au sommet, stimulent la contestation, avec tous les dangers d'une radicalisation, qu'elles ne la désamorcent.


La gauche sénatoriale le sait bien : elle tente de gagner du temps dans l'espoir d'une montée de la contestation avant la fin des débats. Les centristes eux-mêmes, ravis de leur nouveau statut d'arbitre, continuent d'exiger des améliorations. Ils souhaitent aller plus loin sur la pénibilité et obtenir une transition plus douce dans le passage de 65 à 67 ans. Surtout, ils voudraient arracher le principe d'une retraite par points.


À vouloir ¯ à devoir ¯ aller vite, le gouvernement a, en effet, raté l'occasion de mener la vraie réforme, celle qui unifierait les vingt et un régimes de base. Qui faciliterait la convergence public-privé. Qui offrirait à chacun une visibilité permanente sur son compteur individuel. Qui intégrerait la pénibilité durant la carrière et non, en fin de course, par un taux couperet d'invalidité. Qui permettrait des parcours de vie plus souples...


Ce système par répartition et par points, universel et personnalisé, défendu principalement par les centristes, reste, pour l'instant, au fond du tiroir.


En attendant, le Sénat joue une partie très serrée, pour l'avenir de la réforme et pour celui de la majorité. Contrairement au président de l'Assemblée, celui du palais du Luxembourg prend le temps nécessaire pour déjouer tout procès en censure. Sans contrarier la résorption des déficits, il se réserve quelques amendements pour tenir compte de la mobilisation, surtout si les jeunes s'y mettent. Dans une assemblée où l'UMP n'est pas majoritaire à elle seule, il évite d'être mis en minorité sur telle disposition et de lâcher ainsi un signal inespéré pour l'opposition.


Le projet, in fine, sera voté. Le CPE de Dominique de Villepin aussi l'avait été, avant d'être abandonné sous la pression de la rue. Il y a probablement quelque gloire à franchir sous la mitraille le pont qui surplombe le tumulte social. Mais il y a aussi beaucoup de risques. Il y aurait autant de dangers pour les syndicats à se laisser déborder par le flot revendicatif. En deux mots, ça passe ou ça casse.

Acquis 


Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Et ceux qui vous serrent la ceinture ne détestent pas faire bombance… Voyez les conseillers du ministère du Budget : ces gardiens de la rigueur, ces ayatollahs de la dépense, ces Torquemada de la dette, se trouvent être les conseillers les mieux payés du gouvernement. Plus de 15 000 euros par mois, plus que leurs collègues de Matignon, et même davantage que leur ministre François Baroin. L'heure est grave, faites des efforts, sacrifiez vos retraites, nous disent ces Messieurs du Budget, avant de se servir généreusement sur nos impôts. Bien sûr, ils plaideront leur charge de travail, et les sommes qu'ils toucheraient dans le privé… Tout de même, Monsieur Baroin, vous que l'on dit si brillant, expliquez-nous comment vous faites la différence entre des avantages acquis, à supprimer, et des privilèges acquis, à maintenir ?

Semaine à risques

La France a donc une fois de plus rendez-vous avec sa propre histoire, celle des grèves. La journée noire de demain, et celles qui suivront peut-être, illustre un durcissement du bras de fer très prévisible. Non pas que ceux qui relèvent le défi en payant de leur poche se jettent par plaisir dans l'aventure. Ils y sont poussés par les échecs répétés de ce fameux dialogue social à la française qui fait passer la recherche du consensus après d'autres visées, souvent politiques. Point de passage obligé de tout conflit, les grèves font ainsi partie de notre identité.


Aucun président de la Ve République n'a été privé de ces Journées du patrimoine social. Le général de Gaulle, en 1963, a eu droit à 38 jours de grève des mineurs. Après Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, Jacques Chirac a lui aussi dû reculer, soit comme premier ministre tétanisé en 1986 par la mort de l'étudiant Malik Oussekine, soit comme président contraint de souffrir avec ses premiers ministres carbonisés sur des dossiers toujours d'actualité : la rigueur et les retraites pour Juppé en 95 ; l'éducation pour Raffarin et Fillon en 2003, puis Villepin en 2006.


Nicolas Sarkozy connaît bien cette histoire. Il n'a pas été pour rien dans la mise à mort du CPE en 2006, sous? Villepin. Président, il a lui-même évité de prendre de front les lycéens pour faire passer en priorité la réforme des universités, selon l'adage chiraquien qui n'a pourtant pas toujours réussi à son auteur : « une haie à la fois ». Le voici donc devant celle des retraites qu'il a décidé de sauter en force.


Le déclenchement de grèves reconductibles fait entrer le pays dans une zone d'incertitudes. Le président mise sur sa volonté, sur sa capacité manoeuvrière et sur l'état des forces du front syndical. Les dirigeants des grandes centrales sont eux aussi déterminés mais ils savent que leurs marges de manoeuvre a des limites. Dès lors que la réforme a pour l'essentiel été votée, les grévistes peuvent douter du résultat de grèves à répétition, douloureuses pour leur portefeuille et moins appréciées de l'opinion. On entre dans une semaine à risques en sachant que les comptes se solderont plus tard.

Les mineurs chiliens en pleine lumière...


Enfin le bout du tunnel pour les 33 mineurs chiliens. Deux mois qu’ils sont plongés dans les ténèbres, hors d’atteinte et hors du temps... À la surface, des spécialistes préparent leur retour en ce bas monde. Apprivoiser le soleil, respirer à pleins poumons, aller et venir, les prisonniers des entrailles de la Terre doivent tout réapprendre.
L’épreuve la plus redoutable, ce sera de surnager face à la vague médiatique. Mille journalistes trépignent déjà sur le carreau de la mine, de quoi les priver d’air une bonne fois pour toutes...
Face à ce péril, un psy leur dispense depuis la surface un “media-training” sur mesure. Un entraînement digne d’un candidat à l’élection présidentielle. Coachés comme des bêtes de télé, les mineurs chiliens...
Ses conseils pour affronter la presse sont lumineux. Exemples choisis : “comment garder son calme pendant une interview”. Traduire, préparez-vous aux questions idiotes. “Demandez à faire répéter une question que l’on ne comprend pas” : en clair, les journalistes ont parfois l’esprit tordu. Ou encore “comment éconduire poliment un journaliste”. Le poliment se révélera vite facultatif...
Ce coach est si convaincant que les mineurs parlent déjà des droits d’auteur. Preuve qu’ils ont gardé les pieds...sur terre.
D’ailleurs ce huis-clos souterrain hante éditeurs et metteurs en scène depuis le premier jour. Ce n’est que justice, tant cette épopée surhumaine vaut largement toutes les aventures de pacotille jaillies des bas-fonds de la téléralité...

Chine : que va changer le Nobel ?

Avec Liu Xiaobo, pour la première fois, le prix Nobel de la paix a été décerné à un citoyen chinois. Quel impact aura cette distinction à l'intérieur du pays, dans les milieux de la dissidence et au-delà ? Va-t-elle conforter ceux qui, au sein même du PC chinois, oeuvreraient pour une « démocratisation » du régime ?

 
Le 21 août dernier, le Premier ministre chinois prononce un discours à Shenzhen, la ville où ont été menées, dès les années 1980, les premières réformes économiques : « Sans la garantie d'une réforme politique, explique Wen Jiabao, les fruits de la réforme économique risquent d'être perdus et l'objectif de modernisation pourrait ne pas être atteint. » Deux semaines plus tard, le président Hu Jintao se rend à son tour à Shenzhen et annonce dans un autre discours la nécessité de « persister sur la voie du développement politique aux caractéristiques chinoises ». Autant dire, ne rien changer au système actuel.  
Le torchon brûlerait-il entre Wen et Hu ? L'hypothèse semble d'autant plus crédible que Wen a rendu en avril dernier un hommage appuyé à Hu Yaobang, dirigeant réformiste évincé du pouvoir dont le décès, en 1989, lança le mouvement de Tian'anmen. Au sommet du pouvoir, existerait-il une fracture entre « conservateurs » et « progressistes », si tant est que ces mots ont un sens en Chine ?  
Pour le dissident Yu Jie, cette interprétation est une mystification qu'avalent un peu vite les Occidentaux : « Depuis qu'il est en poste, explique-t-il, la fonction [de Wen] est de contrebalancer la sévérité affichée du président Hu Jintao » (1). Selon lui, le rôle du Premier ministre serait de pure façade : il doit donner au régime un visage plus ouvert et humain.  
L'illusion occidentale repose sur l'idée en vogue après l'effondrement du bloc soviétique que l'insertion de la Chine dans la mondialisation provoquerait à terme son évolution démocratique. Pourtant, si l'on met en perspective le régime communiste chinois à travers les décennies, il est possible de dégager des constantes. Parmi celles-ci, la volonté obsessionnelle, commune à Mao Zedong et à ses successeurs, de faire de la Chine une grande puissance. Et la préservation du monopole sur le pouvoir du PC chinois.  
Depuis le début des réformes initiées par Deng Xiaoping, en 1978, le seul moment où le PC a craint sérieusement de voir le pouvoir lui échapper est l'année 1989, lors du mouvement de Tian'anmen. Ce dernier arrive à la fin d'une période qui a vu une divergence idéologique traverser le PC entre réformateurs et partisans d'une ligne dure - une fracture refermée avec l'écrasement sanglant du mouvement et l'éviction du pouvoir des réformateurs. Depuis, la direction du Parti considère l'unité au sommet comme vitale pour la pérennité du régime.  
1989 marque aussi un virage dans la politique des réformes. Dans les années 1980, le décollectivatisation avait permis le décollage économique des régions rurales dans un contexte encore relativement fermé. Après 1989, Pékin accentue l'ouverture (accueil des investissements étrangers, montée en puissance des exportations, adhésion à l'OMC) tout en reprenant son contrôle sur l'économie (recentralisation du système bancaire, réforme des entreprises d'État...).  
Dans les années 1990 puis jusqu'au milieu des années 2000, le PC prend en compte la dépendance économique croissante de la Chine vis-à-vis des pays industrialisés. C'est durant cette période qu'au terme de longues tractations diplomatiques menées par les Occidentaux, des dissidents comme Wei Jingsheng ou Rebiya Kadeer sont libérés de prison. Aujourd'hui, les dirigeants chinois estiment avoir dépassé cette période. Et ils risquent fort de rester imperméables au jugement du comité Nobel, comme en témoigne la vague d'arrestations qui succède à l'annonce de la remise du prix à Liu Xiaobo.  
*« Il ne faut compter sur personne pour lancer des réformes politiques en Chine », entretien avec Yu Jie, Le Monde, 20 août 2010.  

Cure de jouvence

On peut avoir moins de quarante ans et se sentir déjà vieux. Après avoir dominé depuis les années 1980 le monde de la high-tech, Microsoft souffre aujourd'hui d'un coup de fatigue. Les nouvelles stars du numérique ont désormais pour nom Apple, Google ou Facebook. Windows, le système d'exploitation mis au point par Bill Gates, fait peut-être tourner plus de 1 milliard d'ordinateurs, mais face à l'iPhone, sur le marché de la publicité sur Internet ou dans l'univers des réseaux sociaux, la firme de Redmond n'est plus qu'un acteur parmi d'autres. Un acteur de second rang dont la capitalisation boursière se trouve prise en sandwich entre celle d'un Apple tout-puissant et celle d'un Google encore en train de monter en puissance.

En levant aujourd'hui le voile sur Windows Phone 7, un logiciel qui doit permettre de transformer les vulgaires téléphones mobiles en terminaux sans fil intelligents, Microsoft joue du coup une bonne partie de son avenir. Sur le terrain technologique, le passage de l'ère du PC à l'âge du Web et des « smartphones » ébranle la toute-puissance du groupe dirigé par Steve Ballmer. Incontournable dans le monde de la micro-informatique, le créateur de Windows et d'Office n'a pas su reconstituer de barrières à l'entrée insurmontables pour ses concurrents sur Internet et dans la téléphonie mobile. S'il veut, demain, compter dans un univers high-tech dont le principal moteur sera le Web mobile accessible via des « smartphones » de plus en plus intelligents et performants, le groupe n'a pas le choix : il doit être capable de rivaliser avec les iPhone, Google-Android Phone et autres BlackBerry. Il ne sera sans doute pas en mesure de reconstituer comme dans l'univers du PC un quasi-monopole mais il se doit au moins d'être un acteur de premier plan. Son objectif est donc de conserver 90 % d'un marché du PC relativement stagnant tout en captant de 20 à 30 % d'un marché des « smartphones » en forte croissance.

Car, au-delà du défi technologique, l'enjeu est également commercial. En 2010, le groupe fondé par Bill Gates devrait à peine croître de 10 %. Soit nettement moins que les 20 % de Google ou les 40 % d'Apple ! En s'accrochant au train lancé à grande vitesse des « smartphones », Microsoft pourrait espérer redevenir une valeur de croissance. Pour ce groupe dont la valeur boursière n'a pas progressé depuis plus de dix ans, la nouvelle frontière du mobile prendrait alors des allures de cure de jouvence.

Nucléaire : les espoirs déçus de GDF Suez


Un travail de cinq ans réduit en poussière. L'affectation de plusieurs centaines d'ingénieurs et de techniciens remise en cause. Et l'abandon de toute velléité de construire un réacteur EPR à l'étranger. Le récent retrait de GDF Suez du projet de réacteur de Penly (Seine-Maritime) n'est pas une mince affaire pour le géant de l'énergie. Après avoir rêvé de construire et d'exploiter un EPR en France, le groupe de Gérard Mestrallet a longtemps cru qu'il serait au moins associé à la gestion du futur réacteur de Penly. Engagé dans le déménagement de 4.000 de ses salariés sur le site de la Défense, le groupe avait réservé une partie du 24 e étage de sa nouvelle tour T1 au projet EPR France.
Dans un courrier confidentiel daté du 13 septembre au Premier ministre François Fillon, Gérard Mestrallet ne cache pas son amertume. «  Je regrette qu'ainsi les cinq années de travail de notre groupe autour de notre projet EPR France (équipe dédiée, recrutement de 700 ingénieurs et techniciens nucléaires dans cette perspective notamment, forte mobilisation interne, communication appuyée longtemps sur le soutien public) aient été réduites à néant par ce changement d'attitude des pouvoirs publics français à notre égard depuis six mois », écrit le PDG. Une prise de position plutôt rare de la part d'un dirigeant connu pour la modération de ses propos.
Pour GDF Suez, ce retrait est le résultat d'une double déconvenue. En avril, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, informe le groupe que l'exploitation du réacteur sera confiée à EDF seul, et non à une société de projet, comme l'Elysée l'avait annoncé début 2009. Pour GDF Suez, le coup est violent. Le groupe se voit limité à un rôle de partenaire financier, alors qu'il cherche depuis toujours à acquérir des compétences dans le développement de centrales. Surtout, EDF emporte la gestion de Penly sans même que l'on évoque la construction d'un troisième réacteur, EPR ou Atmea, sous la direction de GDF Suez.
Fin juillet, deuxième douche froide. Le rapport Roussely ignore totalement les ambitions de GDF Suez dans le nucléaire et l'exclut de fait de la filière française. Pire, il repousse la construction de Penly aux calendes grecques et préconise d'attendre le retour d'expérience des chantiers EPR de Flamanville (Seine-Maritime) et d'Olkiluoto (Finlande). Dans ce contexte, GDF Suez décide de quitter le projet.
Quelles sont les conséquences de ce départ ? Le retrait de Penly constitue certainement un mauvais coup en termes d'image, compte tenu des ambitions affichées par le groupe dans le nucléaire. Mais il s'agit probablement d'une bonne décision économique. Penly aurait nécessité un investissement d'au moins 1,5 milliard d'euros sans garantie de retour d'expérience sur le plan industriel. EDF a beau former une soixantaine d'ingénieurs d'Enel sur le chantier de Flamanville (Seine-Maritime), GDF Suez avait peu de chance d'être aussi bien traité compte tenu de ses relations tendues avec l'électricien public.
La décision du groupe a également des conséquences sur le plan technologique. En quittant le projet, GDF Suez abandonne toute idée d'exporter l'EPR à l'étranger. «  Dans ces circonstances, nous ne prendrons pas le risque, écrit Gérard Mestrallet, sinon d'exploiter, dans tous les cas de développer, dans un schéma industriel qui ne nous conviendrait pas, un EPR à l'étranger, alors que les pouvoirs publics français nous ont refusé la possibilité d'acquérir une expérience de maître d'ouvrage dans notre pays, la France, et alors que nous voyons les difficultés qu'EDF lui-même, associé depuis vingt ans à la conception de l'EPR, rencontre sur son site de Flamanville, où il exploite déjà deux réacteurs. Nous ne prétendons pas pouvoir faire mieux à l'étranger qu'EDF en France. C'est donc un risque que nous ne prendrons pas. »
A l'avenir, GDF Suez devra donc s'allier avec des acteurs comme Westinghouse pour construire des centrales de grande puissance à l'étranger. Un partenariat avec les Russes ou les Chinois sera sans doute plus difficile à mettre en place, compte tenu de leurs alliances avec EDF.
Envisagé dès le mois d'avril, le retrait de Penly a enfin accéléré le déroulement des négociations avec International Power. Dans les cartons depuis plusieurs années, le projet a gagné en importance, au fur et à mesure que le groupe voyait ses espoirs s'amenuiser dans le nucléaire en France. Couplée au retrait de Penly, cette acquisition a néanmoins imposé une révision de l'objectif de mix énergétique. GDF Suez entend désormais maintenir la part du nucléaire dans sa production électrique au niveau actuel, c'est-à-dire environ 15 % à l'horizon 2020-2030. Voilà un an, le groupe évoquait plutôt une proportion de 20 % sur le long terme.
Pour atteindre cet objectif, le groupe dispose d'une alliance avec Iberdrola et SSE en Angleterre (objectif : 3.600 MW) et participe à un projet de centrale en Roumanie. GDF Suez jouit aussi d'une belle position d'interlocuteur auprès du gouvernement brésilien. Mais le groupe n'est pas présent en Chine et reste sous la pression d'une sortie du nucléaire en Belgique à l'horizon 2025.
En France, GDF Suez conserve sa proposition de développer un réacteur de moyenne puissance Atmea dans la vallée du Rhône. Mais ses chances d'obtenir gain de cause sont faibles. Fin juillet, le Comité de politique nucléaire a associé EDF à la certification du réacteur. Ce qui est loin de rassurer le groupe. «  Je tiens à préciser qu'une telle certification ne fera de sens pour nous que si elle s'inscrit dans le cadre d'un projet industriel en France que nous mènerions nous-mêmes  », écrit Gérard Mestrallet. Sans l'expérience d'un prototype en France, le groupe n'envisage pas de construire un réacteur Atmea à l'étranger.