TOUT EST DIT

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vendredi 8 octobre 2010

Les Américains pourraient travailler jusqu'à 70 ans

Travailler jusqu'à 70 ans, au lieu de... 67 ans officiellement aujourd'hui, afin de toucher sa pension ? La recette n'est pas encore à l'ordre du jour aux États-Unis, mais cela pourrait venir. L'âge de départ en retraite, associé à celui sur la solvabilité des caisses publiques, fait en effet débat. Plusieurs candidats aux élections de novembre prochain, évoquent, les uns (Républicains ou émanant des mouvements des Tea Parties), cette possibilité, les autres, dans le camp démocrate, jurent de se battre jusqu'au bout pour sauver le système tel qu'il est.

Pour l'heure, un tiers des retraités américains perçoivent leur pension des seules caisses publiques. Un autre tiers, bien que percevant une retraite complémentaire privée, finance encore l'essentiel de leur pension par la manne publique. Ces caisses de l'assurance-vieillesse publique américaine affichent un confortable excédent, de 2.600 milliards de dollars (1.865 milliards d'euros). Mais à mesure que les baby boomers prennent leur retraite, sur fond de chômage élevé, qui plus est, le fragile édifice se déséquilibre.

Sonnette d'alarme

Dès cette année, les caisses distribueront plus en pensions qu'elles ne reçoivent en cotisations, et aux alentours de 2015, la situation sera inquiétante. Surtout, les dépenses du système - mis sur pied en 1935 pour protéger les victimes de la Grande Dépression - qui s'élèvent à quelque 708 milliards de dollars (508,2 milliards d'euros) pour cette année, représentent 20 % du total des dépenses publiques. De quoi alerter la Commission de réduction du déficit public, qui rendra ses recommandations en décembre, soit après les élections de mi-mandat.

Et, selon certains observateurs, les Démocrates ont déjà intrigué pour préserver le statu quo des caisses de retraite. Non seulement la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, a écarté tout élu ayant à voir, de près ou de loin, avec les Caisses de retraite ou de santé des personnes âgées, pour cette Commission de réduction du déficit installée par le président Obama, mais en plus, certains élus démocrates ont déposé une résolution exprimant l'opposition du Sénat à toute mise en cause du système.

Pour le moment, employés et employeurs cotisent, à égalité, 12,4 % de la part annuelle du salaire inférieure à 102.000 dollars (72.860 euros), pour la retraite. Selon un récent sondage, effectué par l'AARP, l'association des personnes âgées, les trois quarts des adultes actuels ont l'intention de s'appuyer, en partie ou en totalité, sur les caisses de retraite pour leur pension. L. J. B.

Re-conversion


La colline inspirée de Vézelay, le film sur les moines de Tibhirine à l'Élysée et, demain, la visite au pape pour boucler cette déroutante séquence de séduction. Téléphone fermé, sans Bigard et sans laïcité positive, cette fois. Nicolas Sarkozy qui tente une reconquête de son électorat catholique, traditionnel mais aujourd'hui boudeur, ne devrait guère s'écarter de la très protocolaire « prière pour la France » à la basilique Saint-Pierre. Après la phase écolo et la phase sécuritaire, voici la phase catho. Le président de la République se réessaye au même grand écart qu'en 2007 pour récupérer les voix, que l'on prétend perdues, des démocrates chrétiens qui n'ont pas aimé le traitement réservé aux Roms et les destructions de leurs camps.


On s'amuse beaucoup, au Vatican, de voir Nicolas Sarkozy dans ce lointain remake de Canossa. Et l'on se souvient qu'il avait commencé sa campagne au Mont Saint-Michel avec un très lyrique « long manteau des cathédrales » sur la France et en révélant son admiration pour Jean-Paul II. Le Saint Siège profite pourtant de cette visite rapidement organisée, pour nuancer l'impact très fort de l'adresse du pape sur « l'accueil des légitimes diversités humaines [?] » perçue comme une leçon de morale à la France. Ce qu'elle n'était pas forcément même si Benoît XVI ne laisse que peu de place à l'improvisation dans ses déclarations.


Après tout, c'est une partie de l'église de France qui, avec la gauche, a saisi cette occasion de dire son opposition à la stigmatisation des gens du voyage et qui, aujourd'hui, n'est guère charitable avec le projet de loi du ministre de l'immigration dont la dureté n'est pas soluble dans un acte de contrition.


Nicolas Sarkozy a beau venir au Vatican vendredi en quête d'une re-conversion et d'une photo, ce n'est pas sur des symboles anecdotiques que les catholiques le jugeront mais sur ses décisions. Les propos peu amènes de certains ministres pour Benoît XVI, le soutien à Frédéric Mitterrand, le travail du dimanche et la révision des lois de bioéthique pèseront aussi lourd que son moment de recueillement sur les reliques de sainte Pétronille. Une fois encore, le sentiment que tout cela n'est que faux semblants sera le plus fort.

Fillon: "un effort de 10 ans" pour parvenir "l'équilibre budgétaire

François Fillon a déclaré vendredi qu'il fallait "un effort de dix ans" pour remettre le pays "dans une situation d'équilibre budgétaire qu'il n'a pas connue depuis 1976", lors d'un discours à l'Ecole militaire.
Matignon a ensuite précisé que pour le Premier ministre, les "dix ans" évoqués commençaient en 2007, date de l'élection de Nicolas Sarkozy.
"Notre gouvernement a décidé d'engager un effort massif pour réduire ses déficits. Mais je veux dire devant vous que cet effort ne peut être l'effort d'une année ou même de trois années", a déclaré le chef du gouvernement.
"C'est un effort de dix ans pour remettre notre pays dans une situation d'équilibre budgétaire qu'il n'a pas connue depuis 1976", a-t-il poursuivi.
"L'effort de réduction des dépenses publiques auquel le Premier ministre fait référence est engagé depuis 2007, avec des mesures visant à réduire structurellement ces dépenses, comme la Révision générale des politiques publiques et le non-remplacement d'un fonctionnaire partant en retraite sur deux", a-t-on ajouté à Matignon.
"Le Premier ministre tient à réaffirmer sa détermination à réduire le déficit de la France selon une trajectoire qui permettra de parvenir à un déficit de 3% du PIB en 2013 et à l'équilibre en 2016", a-t-on insisté.
Le gouvernement a présenté la semaine dernière un budget 2011 d'austérité pour engager le pays dans un effort sans précédent de réduction de ses déficits record, au prix de coupes dans les dépenses publiques mais aussi de hausses d'impôts.
Le déficit public (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) est attendu au niveau record de 7,7% du produit intérieur brut (PIB) cette année. L'objectif est de le réduire à 6% en 2011, pour le ramener en 2013 à 3%, plafond fixé par les traités européens, puis 2% en 2014.
A ce jour, la France n'a pas fixé officiellement de date de retour à l'équilibre budgétaire.

Sur les retraites, droite et gauche se disputent DSK

Le FMI a publié un rapport préconisant un report de deux ans de l'âge légal de départ à la retraite. Le ministre du Travail a félicité Dominique Strauss-Kahn, qui, en cas de candidature pour 2012, va devoir rappeler qu'il est de gauche.

 
"Merci Dominique Strauss-Kahn de ne pas être dans une posture idéologique et uniquement électoraliste mais d'être un homme d'Etat responsable." Un compliment venu d'un strauss-kahnien énamouré? Un cadre du PS? Un économiste classé à gauche? Rien de tout cela. Ce remerciement est celui d'Eric Woerth, ministre du Travail.  
Si une personnalité de l'UMP se permet cet éloge, c'est que le FMI, présidé par DSK, vient de publier un rapport dans lequel il préconise un report de deux ans de l'âge de départ à la retraite dans les pays riches, "une augmentation qui suffirait à stabiliser la part des pensions dans le PIB" entre 2010 et 2030.  
Evidemment, l'UMP a sauté sur l'occasion pour rappeler que sa réforme était fondée sur ce même report de l'âge légal de départ en retraite, et pour attaquer la position du PS, désireux de ne pas toucher aux 60 ans.  
En charge de la question des retraites au PS et proche de DSK, Marisol Touraine est montée au front dès jeudi soir: "Ne mélangeons pas tout. DSK est directeur général du FMI, il y a un rapport des services du FMI, concernant l'ensemble de la zone OCDE. Très bien. L'objectif est de relever l'âge effectif de départ à la retraite. Mais il y a d'autres manières d'y arriver. Nous, nous considérons que la plus juste est de ne pas toucher à l'âge légal et d'oeuvrer pour la remise en emploi des 55-60 ans et inciter ceux qui n'ont pas eu des métiers difficiles à travailler plus longtemps".  
A LEXPRESS.fr, Jean-Marie Le Guen, député strauss-kahnien de Paris, balaie aussi les remerciements venus de l'UMP: "Se réclamer de DSK, c'est un abus de langage. Avec ce rapport du FMI, il n'intervient pas dans le débat politique français. De toute façon, on retombe dans le débat âge légal/âge réel. Au PS, nous avons toujours milité pour la liberté de partir à 60 ans, même si l'âge réel ne peut pas se situer à ce niveau."  
L'élu parisien a également beau jeu d'évoquer d'autres travaux du Fonds monétaire international: "Que le gouvernement se réclame aussi du FMI pour la croissance et la dette." Les dernières prévisions venues de Washington mentionnent une croissance à 1,6% en 2011 pour la France, quand l'exécutif français continue de croire à un +2%.  
DSK va devoir travailler son ancrage à gauche
Sur un plan purement politique, ces compliments de la majorité pourraient leur jouer un mauvais tour en 2012. DSK ne manquera pas de rappeler que son expertise économique a été saluée par la gauche, comme par la droite. Pour Jean-Marie Le Guen, le gouvernement n'a réfléchi qu'à court terme, parce qu'il "essaie de se donner de l'oxygène pour faire passer sa réforme".  
Au fil des mois, la candidature du président du FMI prend corps. Un nouveau sondage, cette fois-ci Opinionway pour Le Figaro, le place très largement en tête des socialistes sur les questions internationales, la croissance économique et même la sécurité.  
Des sondages comme celui-ci, DSK les collectionne. Dans un entretien au Monde jeudi, il invite à les prendre avec prudence, mais se réjouit que les Français ne l'oublient pas, avant d'ajouter: "Je ne les oublie pas non plus."  
Ce que n'ont toujours pas oublié les sympathisants de la gauche de la gauche, c'est son passage dans l'émission de France2 "A vous de juger". C'était il y a près de six mois et il avait déclaré que le départ à la retraite à 60 ans "n'était pas un dogme".  
Si à droite, l'horizon de DSK se dégage, à gauche, le ciel s'assombrit. Et les remerciements adressés par Eric Woerth ne vont pas améliorer les choses.  

Les Emirats arabes unis ne suspendront pas les services du BlackBerry

Les autorités émiraties ont annoncé vendredi 8 octobre que les services du téléphone mobile BlackBerry ne seraient pas suspendus le 11 octobre, comme elles avaient menacé de le faire. Elles envisageaient, faute d'accord avec RIM, le constructeur canadien de l'appareil, sur la sécurité des données, d'interdire l'accès au chat, aux e-mails et à la recherche sur Internet, y compris pour les visiteurs étrangers. Mais, "les services du BlackBerry se poursuivront comme à l'accoutumée", a annoncé l'Autorité de contrôle des télécommunications (TRA) dans un communiqué.
 
 Plusieurs pays – Inde, Arabie saoudite, etc. –  ont demandé un assouplissement du cryptage des données. Les données transmises par les BlackBerry transitent en effet par les serveurs de RIM pour y être chiffrées ou déchiffrées. Il n'est alors plus possible de surveiller les données captées ou émises par ces téléphones. Or l'Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis censurent largement Internet. BlackBerry compte quelque 500 000 utilisateurs aux Emirats arabes unis, centre d'affaires du Golfe.

Réunion d'automne du FMI en pleine discorde mondiale sur les changes 

La "guerre des monnaies" s'envenime entre les principales économies de la planète, dont les ministres des Finances se retrouvent vendredi à Washington pour débattre du sujet au sein du G20 et du G7, sans grand espoir toutefois d'y remédier cette semaine.

Les ministres du G20 doivent participer à un "petit déjeuner de travail" à 12H00 GMT. Seront également autour de la table une dizaine d'autres pays représentés au Conseil monétaire et financier international (CMFI), l'instance chargée d'établir les grandes orientations du FMI au nom de ses Etats membres.

Aucun communiqué n'est prévu, ni de conférence de presse.

En plus petit comité, le G7 doit se retrouver à l'ambassade du Canada à Washington en soirée (23H45 GMT). Il n'a pas non plus prévu de communiquer.

Les dernières semaines ont donné lieu à une escalade verbale entre les dirigeants des pays riches et émergents du G20, qui s'accusent les uns les autres soit d'affaiblir délibérément leur monnaie pour favoriser leurs exportateurs, soit d'exercer des pressions indues pour que d'autres soutiennent leur monnaie.

Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a été le premier à employer le 27 septembre l'expression de "guerre des changes", qui a depuis fait le tour de la planète.

Même si les grands argentiers apparaissent désireux de s'attaquer au problème, la sensibilité des enjeux et la multitude des pays impliqués devraient permettre au mieux l'esquisse d'un de ces compromis non contraignants dont le G20 s'est fait la spécialité.

"Cette question ne va pas être réglée en cinq minutes. C'est un problème de long terme", a prévenu jeudi le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. "Il faut faire des progrès. Certainement on peut en faire plus qu'on en a fait jusque-là", a-t-il remarqué.

Plus alarmiste, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a appelé à "s'extraire des tensions". "Si on laisse glisser la situation vers un conflit ou des formes de protectionnisme, alors on court le risque de répéter les erreurs des années 1930" marquées par des dévaluations intempestives et le nationalisme, a-t-il prévenu.

Le G20 s'est engagé formellement en septembre 2009 à favoriser une "croissance équilibrée" de l'économie mondiale. Mais il est loin du compte, entre des Etats-Unis qui inondent leur système financier de liquidités, des Européens qui resserrent leur politique budgétaire, des Japonais qui interviennent pour faire baisser le yen, et des Chinois qui accumulent les réserves en devises étrangères pour que le yuan reste faible.

M. Strauss-Kahn a appelé une nouvelle fois jeudi les pays émergents à laisser se faire l'ajustement entre des pays développés à la croissance lente et des pays émergents dynamiques par le biais des taux de changes.

"Si tout le monde essaie d'exporter, nous allons avoir avoir un problème (...) Il faut que les pays à excédent apprennent à dépenser plus, et les pays à déficit à épargner plus", a lancé le président du CMFI, Youssef Boutros-Ghali.

Les changes ne seront pas la seule question à l'ordre du jour pour les Etats membres du FMI.

La plus urgente est de trouver une issue à la crise ouverte par les Etats-Unis au conseil d'administration, où la sur-représentation des Européens pose problème. Les Etats-membres ont jusqu'à la fin du mois pour répartir les sièges, faute de quoi leur nombre sera réduit de 24 à 20, au détriment de l'Asie du Sud, de l'Amérique du Sud et de l'Afrique.

A en croire les dernières déclarations publiques, il paraît peu probable que les positions des parties en présence, toujours éloignées, débouchent rapidement sur une nouvelle formule.

Comprendre la polémique sur l'expo Larry Clark

La Mairie de Paris a interdit aux moins de 18 ans l'exposition Kiss The Past Hello (du 8 octobre 2010 au 2 janvier 2011), de l'américain Larry Clark, photographe des dérives de l'adolescence. Rappel des faits et éclaircissements juridiques.

 
Pourquoi l'expo Larry Clark est-elle interdite aux mineurs?
Avant même son ouverture le 8 octobre, au Musée d'art moderne, la Mairie de Paris annonce mi-septembre qu'elle interdit aux mineurs la rétrospective Kiss The Past Hello, consacrée à l'oeuvre de Larry Clark. Raisons invoquées par Christophe Girard, adjoint à la Culture: "Un risque avéré de voir arriver des plaintes ou des réactions de catholiques intégristes, comme lors de l'exposition Présumés innocents à Bordeaux, en 2000, qui avait donné lieu à des années de procédures devant les tribunaux."  
Le photographe et réalisateur américain de 67 ans est réputé pour son travail cru sur les dérives de l'adolescence. Il montre des jeunes faisant l'amour, se droguant ou jouant avec des armes, rien n'est dissimulé, que ce soit dans ses films, Kids, Ken Park, Bully, ou dans ses oeuvres photographiques, telle la série Tulsa - exposée sans problèmes en 2007 à la Maison Européenne de la Photographie. Cette interdiction, préjudiciable pour la liberté de création en France, est un véritable "retour à l'ordre moral", argumentent notamment les élus Verts. Le débat est lancé.  
Une première en France ?
Pour la première fois en France, une exposition est intégralement interdite aux moins de 18 ans, alors que certaines oeuvres pourraient être vues sans problème particulier par un public plus jeune. Le musée municipal a préféré interdire l'ensemble de l'exposition aux mineurs plutôt que réglementer l'accès aux clichés les plus controversés. Argument de Christophe Girard: "A partir du moment où vous avez des images qui peuvent être contestées pour leur contenu, il faut trouver une solution qui ne touche pas à l'intégrité de l'oeuvre de l'artiste". Cette interdiction condamne non seulement l'oeuvre d'un auteur, celle de Larry Clark, mais aussi le public qui pourrait faire valoir l'un de ses droits fondamentaux: l'accès aux oeuvres et à la culture, tel que le définit l'article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.  
La Mairie de Paris a-t-elle raison d'invoquer la protection de l'enfance?
La réponse que Bertrand Delanoë, le maire de Paris, adresse aux Verts le 27 septembre est mitigée. Il confesse que les associations qui attaqueraient éventuellement les responsables de l'exposition auraient "tort sans aucun doute", et que le procès intenté aux commissaires de l'exposition Présumés Innocents était "injuste".

Il invoque cependant l'article 227-24 sur la protection de l'enfance, arguant qu'il n'avait d'autre choix que d'interdire l'exposition aux mineurs: "Lever l'interdiction aux moins de 18 ans fait courir, sans aucun doute, au conservateur du musée, aux commissaires et accessoirement à moi-même un risque pénal incontesté." Y a-t-il réellement un risque avéré de poursuites? Non. L'oeuvre de Larry Clark a été récemment exposée en France sans conséquence, en 2007 à la Maison Européenne de la Photographie (MEP). On y voyait déjà des jeunes se piquer, tenir des armes... Christophe Girard précise à LEXPRESS.fr: "Jean-Luc Monterosso, le directeur de la MEP, m'a indiqué hier mercredi qu'il avait pris soin de retirer les photos qui auraient pu faire l'objet d'un litige au regard de la loi lorsqu'il a organisé cette exposition. Il ne s'agit donc pas d'expositions comparables."  
Agnès Tricoire, avocate spécialisée en propriété intellectuelle et responsable de l'Observatoire de la liberté de création, rappelle, à propos de Présumés Innocents que "la plainte a abouti à un non-lieu selon la cour d'appel de Bordeaux et ce n'est pas parce qu'il y a eu une procédure pénale qu'on peut considérer que le dispositif pénal empêcherait l'exposition d'oeuvres dans les musées". L'article 227-24 du code pénal a été conçu pour lutter contre les images pornographiques qui seraient susceptibles d'être vues par des mineurs, et qui circulent, notamment sur Internet. "Si la loi est mal faite il faut la réformer plutôt que de l'appliquer bêtement", remarque Agnès Tricoire.  
Peut-on parler de pornographie ou de pédophilie concernant l'oeuvre de Larry Clark?
Agnès Tricoire s'insurge: "C'est scandaleux! Larry Clark n'est pas un pornographe. C'est quelqu'un qui, dans son oeuvre, évoque les relations sexuelles. Il faut arrêter de tout confondre. Quant à parler de pédophilie, c'est monstrueux. La pédophilie, c'est le fait pour un adulte d'avoir des pratiques sexuelles avec un mineur de moins de quinze ans. La représentation de la sexualité entre adolescents n'a strictement rien à voir avec la pédophilie. Ceux qui censurent ces oeuvres portent sur elles le regard des pervers. On ne peut pas considérer que le public est pervers." L'avocate évoque donc la question du regard: si l'on ne peut considérer le contenu comme pornographique ou pédophile, c'est que l'on juge d'avance le regard et les intentions des spectateurs.  
Qu'en pense Larry Clark?
Interrogé par Le Monde au sujet de cette interdiction, Larry Clark répond que "cette censure est une attaque des adultes contre les adolescents". Et ajoute: "C'est une façon de leur dire: retournez dans votre chambre; allez plutôt regarder toute cette merde sur Internet. Mais nous ne voulons pas que vous alliez dans un musée voir de l'art qui parle de vous, de ce qui vous arrive. Les enfants aiment mon travail, il leur parle. Je trouve qu'on devrait faire le contraire, interdire l'expo aux plus de 18 ans! Je fais ces images pour moi et pour les adolescents. Oui, il y a du sexe et de la nudité, mais ça fait partie de la vie."  



Présumés innocents

Les commissaires de l'exposition Présumés Innocents - L'art contemporain et l'enfance, Stéphanie Moisdon et Marie-Laure Bernadac ainsi que Henri-Claude Cousseau, ancien directeur des musées de Bordeaux, ont été poursuivis en justice par l'association de protection de l'enfance La Mouette qui les accusait d'avoir organisé en 2000 une exposition présentant des oeuvres à caractère pornographique susceptibles d'avoir été vues par des mineurs. Parmi ces oeuvres, des travaux de Nan Goldin, Cindy Sherman, Ugo Rondinone, Robert Mapplethorpe. Après dix ans de procédure, la cour d'appel de Bordeaux a prononcé un non-lieu en 2010. L'arrêté indique que ces oeuvres avaient "déjà fait l'objet d'exposition ou se trouvent dans des musées réputés tels que le musée d'Art Moderne de New York". La Mouette a depuis décidé de pourvoir en cassation. Comme le rappelait Stéphanie Moisdon dans une tribune au Monde, l'affaire n'est donc toujours pas "classée".




Une place singulière

Le débat sur la place des Roms dans nos sociétés post-modernes n'est pas près de finir parce qu'il s'est emparé d'un clivage majeur, la différence entre nomades et sédentaires.
Le drame de beaucoup de Roms est qu'ils sont perçus comme nomades, quand bien même ils ont depuis longtemps dételé la caravane. L'imaginaire a tendance à voir en tout "bohémien" un nomade, ce que perpétue l'appellation fourre-tout de "gens du voyage". Du nomade, on glisse avec plus ou moins de mauvaise foi à l'errant, quand ce n'est pas au vagabond, catégories qui ont le don d'affoler le sédentaire. A partir de là, les malentendus sont multiples.
Pourtant même les plus nomades des Tziganes ou des Manouches ne se déplacent pas de façon aléatoire. Leur itinérance est autant un mode de vie qu'un impératif économique, ce qu'on vérifie aisément chez les forains ou les familles du cirque, dont les tournées sont parfaitement prévisibles. Quand on aura compris cela, un grand pas aura été franchi.
Le mode de vie des Roms tel qu'il est conté dans les vieilles chroniques explique l'ambivalence des sentiments qu'il suscite, entre fascination romantique et anxiété face à des clans perçus comme étranges. Il renvoie à des rêves d'indianité, avec la fraternité du bivouac, la lueur rassurante du feu de bois et les désirs de nuits à la belle étoile. C'est ainsi que les Roms soulignent et concentrent toutes nos contradictions.
Voilà des groupes sociaux qui se montrent imperméables aux effets de la mondialisation. Ce qui, dans un autre contexte, ne manquerait pas de déclencher des concerts de louanges devient matière à reproches : cette imperméabilité est perçue comme trop parfaite, trop efficace car elle n'installe que des points de contacts superficiels avec le reste de la société (qui, à vrai dire, s'en trouve fort bien).
Tout prête à confusion, à commencer par la tradition de la mendicité : elle est dénoncée, stigmatisée et vilipendée par les sédentaires alors que, vue sous un angle technique, elle peut être regardée comme une façon de n'avoir avec les gadjé (non-Tsiganes) que les contacts les plus brefs possibles.
Le Tsigane est unique en son genre. C'est sa force en même temps que sa faiblesse. Il suscite des réactions catégoriques : il fascine ou il choque, il séduit ou il inquiète. Mais les siècles qui passent semblent avoir moins de prise sur lui que sur nous. Au nom de la biodiversité, qui devrait s'attacher aux peuples au moins autant qu'aux cactus ou aux papillons, on devrait saluer cette performance si solidement perpétuée.


La route pour le meilleur ou pour le pire ?




La route, la route a toujours fait rêver. Elle nous permet de découvrir le monde, d'aller allègrement vers ceux qu'on aime. Elle nous relie les uns aux autres. Elle démontre que l'homme va au-delà de lui-même, toujours en tension vers un but qu'il veut atteindre le plus vite possible.


C'est là que les choses se gâtent. Amie de tous les instants, la route peut devenir notre pire ennemie, car elle tue. Reconnaissons tout de même qu'elle ne commet pas toute seule cette mauvaise action. Nous l'y aidons par nos impatiences, synonymes de vitesse, par nos imprudences, par nos inattentions.


Rappelons-nous ce qui se passait, il y a peu, en France : en 1960, 8 358 tués sur la route ; en 1970, ils étaient plus de 18 000... Mille morts de plus chaque année ! On augmentait, il est vrai, sans cesse, le nombre des véhicules en circulation. Il passait de cinq millions en 1960 à douze millions en 1970.


Il fallait stopper l'hécatombe et, à partir de 1970, le nombre des tués a diminué pour atteindre cependant encore 4 273 en 2009. Dans le même temps, le nombre de véhicules avait augmenté considérablement et atteignait 37 millions. Autrement dit, nous devenons sages puisqu'avec plus de véhicules, nous provoquons beaucoup moins de morts.


Pourtant, le danger demeure et nous interdit de nous endormir ou de ralentir notre effort : plus de la moitié des victimes sont des automobilistes, mais plus du quart sont des usagers des deux-roues motorisés, alors qu'ils ne représentent eux-mêmes qu'une part infime du trafic (2 %). Ce sont souvent des jeunes et le nombre de ces accidents continue à croître...


N'oublions pas non plus les piétons qui paient, eux aussi, leur tribut à la route ou à la rue. Souvent, ils ont plus de 75 ans ou moins de 15 ans. Donc, s'il vous plaît, attention aux anciens et aux enfants !


Les vies épargnées valent bien quelques efforts supplémentaires


Le mal n'est pas seulement français. En 2008, 1,2 million de personnes furent tuées sur la route dans le monde. C'est presque l'équivalent des morts français pendant la guerre 1914-1918 ! Comment peut-on accepter de subir une telle hémorragie ? Probablement parce que ces morts sont dispersés dans le temps et dans l'espace. Si les 4 273 morts français étaient concentrés sur une semaine, un mois, on prendrait conscience de la catastrophe nationale qu'ils représentent. Un deuil national s'ensuivrait et, principe de précaution aidant, on prendrait des mesures drastiques. Mais un ou deux morts par-ci, par-là, de temps en temps, on s'y habitue ! Sauf quand cela vous atteint vous-même ou un membre de votre famille ou un ami. Alors, la catastrophe est ressentie à 100 %.


C'est bien parce qu'il s'agit d'un drame profond que nous avons lancé cette enquête qui commence aujourd'hui, « La route, parlons-en ». L'accident vient en partie de l'usager, en partie de la route. Il nous faut donc agir sur les deux tableaux si l'on veut sortir de la spirale infernale.


Par les réglementations, les pouvoirs publics ont réussi à ralentir le phénomène. Ils doivent cependant accélérer l'amélioration du réseau en éliminant rapidement les points noirs connus et répertoriés parfois depuis longtemps.


Et puis nous devons tous ensemble maîtriser cette contradiction : disposer de véhicules toujours plus rapides circulant sur des autoroutes toujours plus roulantes. La tentation de la vitesse est en quelque sorte instaurée... Sans doute, faudra-t-il, un jour, brider les moteurs et limiter la vitesse lors de la construction du véhicule ? Mais est-on prêt à prendre des mesures radicales ? Pourtant, les vies épargnées valent bien un tel effort.

Le commentaire politique de Christophe Barbier





Utile

Monsieur Strauss-Kahn a trop d'expérience pour l'ignorer, il faut toujours se méfier des compliments de ses adversaires. Pensez-vous ainsi qu'il devrait se réjouir d'être salué en homme d'Etat par Monsieur Woerth ? Sans doute pas : la louange du ministre est perfide, elle s'adresse à un rapport de son Fonds monétaire international qui préconise le report de deux ans de l'âge de la retraite... Oui, en pleine bataille, à rebours des syndicats et du Parti socialiste dont il est adhérent. Il devrait faire attention, Monsieur Strauss-Kahn. La majorité ne cesse de l'encenser, elle en fait même le meilleur candidat de la gauche, le plus brillant, le plus compétent, le plus raisonnable - et surtout, bonheur pour elle, le plus lointain et le plus hésitant. Au fond, s'il n'était d'une intelligence supérieure, on dirait de Monsieur Strauss-Kahn qu'il est l'idiot utile du sarkozysme.

Orthographe, le bal des faux-culs

Quoi de neuf à la rentrée des facs ? - La dictée.

De nombreuses universités proposent des cours “de remise à niveau” pour l’orthographe. Il paraît même que les écoles de journalisme songent à s’y mettre…

Voici donc une discipline, jadis acquise dès la communale, qui revient désormais à l’enseignement supérieur. Il faut croire que le mal, si longtemps nié par les bons apôtres de l’éducation moderne, avait pris une catastrophique ampleur.

C’est la fin d’une hypocrisie qui court depuis des décennies. Dans l’après mai 68, l’orthographe fut cataloguée “science des ânes” par des psychopédagogues qui la maîtrisaient d’ailleurs parfaitement. En imposer les règles aux nouvelles générations, néanmoins, leur semblait une visée inutile. Pire, “réactionnaire”. Mieux valait encourager la créativité et l’imagination de l’enfant, libérer sa parole des antiques contraintes.

Le juste accord d’un participe passé, la quête d’étymologie ou savoir différencier l’objet du sujet ne relèvent que d’un formalisme imbécile… Balayez-moi ces vieux trucs, les copies du XXI e siècle s’écriront en langage SMS !

Sauf que les recruteurs, dans les hautes filières et les grandes entreprises, ont gardé les anciens critères. Pour un courrier truffé de fautes, combien d’honnêtes candidats se trouvèrent ainsi recalés ? On continuait à sélectionner l’élite par l’orthographe, mais sans le dire. Maintenant, c’est dit.

La seule usine française qui produit des boues rouges les rejette… dans la Méditerrannée

La seule usine française de production d’alumine et de “boues rouges”, se trouve à Gardanne (Bouches-du-Rhône) tout près d’Aix-en-Provence et à moins de 30 kilomètres du parc naturel du Luberon ! Suicidaire ? Pas vraiment.
Mais, sur le site de Rio Tinto Alcan, gigantesque groupe minier anglo-australien, le procédé utilisé pour traiter les boues rouges est largement différent.
Rappelons que ces boues sont les effluents liquides résultant du traitement de la bauxite (le minerai) par de la soude caustique pour en extraire de l’alumine, laquelle sert à produire l’aluminium.
Ce qui est (très) toxique dans l’affaire, c’est la soude. Ici, on la récupère assez largement. C’est bon pour l’environnement mais c’est d’abord pour le portefeuille… pas besoin d’en racheter des quantités pharamineuses.
Pour une bonne moitié (environ 60 %) les boues rouges sont plusieurs fois lavées et diluées. Nettement moins dangereuses, elles finissent encore, hélas, dans la mer, au large de Cassis. Une mauvaise habitude prise dans les années 60 qui doit s’arrêter en 2015, assure-t-on chez Rio Tinto.
Mais surtout, depuis les années 90, 40 % de ces boues sont séchées, après extraction de la quasi-totalité de la soude, et transformées en un résidu inerte, la Bauxaline (marque déposée). Cette terre rouge, poussiéreuse, est alors réutilisée et revendue, pour différents usages environnementaux. Combler de vieilles carrières ou recouvrir d’anciennes décharges. Non toxique, la Bauxaline autorise la revégétalisation. Le maire de Gardanne lui-même, Roger Meï (PCF), n’est pas le dernier à l’utiliser : “Nous avons recouvert une partie de notre ancienne décharge avec ça”, confie-t-il en assurant que si “l’affaire du Danube fait beaucoup parler, elle n’inquiète personne ici”.
Quoi qu’on en pense la rentabilité industrielle et l’environnement, ne font pas toujours mauvais ménage. Déjà utilisée dans le bâtiment, en horticulture et pour les récifs artificiels, le bureau de recherche de Rio Tinto espère aujourd’hui trouver un nouveau débouché très écologique pour sa Bauxaline : la dépollution de sites !
Elle aurait le pouvoir de fixer métaux lourds et phosphates sans jamais les relâcher dans la nature.

La hausse accélérée de l'euro laisse la BCE de marbre

Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a pointé hier les dangers de la volatilité excessive des changes, tandis que ses propos ont fait franchir un nouveau cap à l'euro face au dollar. Sans doute le prix de l'immobilisme

L'euro l'a fait : hier, la monnaie unique a franchi brièvement la barre de 1,40 dollar sur le marché des changes (voir pages 30 et 31), en réaction à des propos pourtant vagues et modérés du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, sur le sujet chaud du moment : la menace d'une guerre monétaire. «  Plus que ja mais, les cours des devises devraient refléter les fondamentaux économiques », a-t-il déclaré à la suite de la réunion du Conseil des gouverneurs, qui a décidé de laisser inchangé son principal taux directeur, à 1 %. Il a ajouté que «  la volatilité excessive et les mouvements désordonnés dans les cours des changes ont des effets négatifs pour l'économie et la stabilité financière ».
La BCE «  ne bouge pas, l'euro peut continuer à monter  », résume Jörg Krämer, chef économiste à la Commerzbank. Les commentaires de Jean-Claude Trichet sonnent comme «  la plus modérée des oppositions », juge de son côté Ken Wattret, économiste chez BNP Paribas, cité par Bloomberg. «  Nous continuons à voir le contraste entre le débat interne au sein de la BCE à propos des mesures à prendre,et celui résolu au sein de la Fed et d'autres banques centrales comme un feu vert pour l'euro à demeurer plus fort, et cela plus longtemps que les fondamentaux [économiques] ne le laissent suggérer », ajoute-t-il. De fait, le président de l'institution basée à Francfort a confirmé l'impression que, à la différence de la Réserve fédérale américaine, la BCE n'allait pas accentuer dans les mois qui viennent sa politique monétaire déjà très accommodante à l'égard des banques, ni soutenir davantage la croissance. A l'immobilisme de la BCE vient s'opposer l'action de la Banque du Japon, qui a ramené son taux directeur à «  virtuellement zéro  », et la Fed, qui a indiqué qu'elle pourrait en faire davantage pour stimuler la croissance, par le biais d'injections de liquidités dans l'économie. «  La faiblesse du dollar pilotée par la Fed va continuer à se refléter dans la force de l'euro  », estime dans ce contexte Jörg Krämer.
Jean-Claude Trichet a en revanche une nouvelle fois soutenu l'idée d'un dollar fort : «  Je partage l'opinion des autorités américaines lorsqu'elles réaffirment qu'elles croient qu'un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis d'Amérique» La faiblesse du dollar et la Chine, absente du G7 mais dont la monnaie est sous-évaluée, vont placer le débat sur les changes au premier plan lors de la rencontre du FMI, de la Banque mondiale et du G7 dans les jours qui viennent à Washington. «  Nous aurons l'occasion d'échanger nos points de vue sur le sujet avec, en particulier, les autorités, les gouverneurs de banque centrale et les ministres des Finances des grandes monnaies flottantes à Washington  », a précisé Jean-Claude Trichet.
Pékin a encore durci cette semaine son opposition à laisser le yuan s'apprécier face à d'autres monnaies après une rencontre avec les autorités européennes et la BCE à Bruxelles. Jean-Claude Trichet n'a pu que relever hier l'importance qu'il attachait à ce que les réformes sur les taux de change annoncées par la Chine le 19 juin dernier soient appliquées. Il y a vu un nouvel instrument devant «  permettre une appréciation graduelle du yuan à un terme effectif  ».

La vraie guerre : euro contre dollar

La Chine sera pointée du doigt ce week-end. Sur une planète des devises qui ne tourne plus rond, où le ministre brésilien des Finances et le patron du FMI parlent de « guerre des monnaies », sa politique de change va être mise en question lors des réunions du Fonds monétaire international et du G7 à Washington. A moins d'un mois d'une élection cruciale, les Américains visent là une cible facile et les Européens leur emboîtent le pas. Le vrai problème n'est pourtant pas là. D'abord parce que le yuan n'est pas complètement sous-évalué. Selon certaines mesures, la minoration ne serait que de 10 % ou 20 % par rapport au billet vert, compte tenu du fait que la Chine est encore un pays émergent. Ensuite parce qu'un yuan plus cher ne changerait pas fondamentalement la donne. De 2005 à 2008, il a monté de 20 % sans changer les rapports de force en matière de compétitivité. L'Amérique et l'Europe ont seulement payé plus cher les produits que leurs entreprises font assembler là-bas à partir de composants venus du monde entier.

Non, le vrai problème monétaire se pose entre les deux premières devises mondiales : le dollar et l'euro. Depuis la naissance de la monnaie unique en 1999, leur change a été laissé au libre jeu du marché - sauf en 2000, quand l'euro était au plus bas. Mais, dans une crise économique contre laquelle « on a tout essayé » sauf la dévaluation, cette situation pourrait bien changer. Aux Etats-Unis, l'action en la matière est relativement simple (même s'il est naïf de croire que l'Amérique manipule en permanence son taux de change, variable considérée le plus souvent comme secondaire dans un pays moins ouvert que l'Europe). D'abord, le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, y a déjà réfléchi, depuis longtemps. Ensuite, la Fed est moins indépendante que son homologue, la Banque centrale européenne. C'est vrai en droit, car il suffit d'une loi et non d'un traité ratifié par 27 pays pour supprimer son autonomie. C'est vrai aussi dans les faits, puisqu'elle a acheté sans sourciller des obligations du Trésor américain par centaines de milliards alors que la BCE ne s'est résolue à acquérir quelques obligations grecques qu'à la dernière extrémité. Or, quand la machine à billets tourne, elle affaiblit toujours la valeur des billets qu'elle imprime. Enfin, le dollar a un Trésor pour la piloter tandis que l'euro n'a toujours pas de numéro de téléphone. Les investisseurs sentent bien le potentiel américain et la faiblesse européenne. C'est l'une des raisons pour laquelle l'euro a valu hier plus de 1,40 dollar, pour la première fois depuis huit mois.

Le FMI à l'heure du grand marchandage


L'assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI) qui se tient aujourd'hui à Washington s'annonce des plus tendues. Les 184 représentants des pays membres vont en effet y débattre de la réforme de la gouvernance de l'institution multilatérale, dans le but de l'adapter aux défis du XXI e siècle. Les grands pays émergents réclament, à juste titre, une plus grande influence dans la conduite de la politique du Fonds. La volonté des pays d'Asie et d'Amérique est d'autant plus légitime qu'ils ne veulent plus être les victimes d'une institution dominée par les pays industrialisés, qui leur ont si longtemps imposé leur diktat. Il en va de la crédibilité internationale du FMI. La réforme revêt deux aspects. Le premier tient aux droits de vote de chacun des membres. Le second est lié à la composition du conseil d'administration.


Au sujet des droits de vote, les négociations en cours visent à transférer 5 % des voix des pays riches vers les pays émergents. Un premier transfert portant sur environ 3 % des droits est intervenu en 2008 au profit de la Chine, du Mexique, de la Corée et de la Turquie. En l'état actuel de la situation, le pourcentage de droits de vote d'un pays dépend d'une formule mathématique compliquée, prenant en compte la valeur de son PIB mais aussi son degré d'ouverture économique, l'importance de ses réserves… Cette formule ne satisfait personne et sa simplification est à l'étude. Là encore, les négociations sont ardues. Les Etats-Unis plaident pour que le PIB ait une importance prépondérante. Les pays émergents, eux, plaident plutôt pour un PIB en parité de pouvoir d'achat, et non en valeur nominale. Ce qui aboutirait à renforcer fortement leur poids. Selon les dernières propositions faites en juillet, la nouvelle formule proposée n'aboutirait qu'à un transfert de moins de 3 % des droits de vote vers les pays émergents. On est loin du compte. De plus, comble de l'horreur, que l'on prenne en compte l'ancienne formule ou la nouvelle, certains pays émergents ont des droits de vote trop importants par rapport à leur poids économique. C'est le cas de l'Arabie saoudite, de l'Argentine, de l'Afrique du Sud et de l'Inde. Inversement, des pays riches comme l'Espagne, le Luxembourg et l'Irlande sont sous-représentés. Dès lors, l'équation se complique et chacun des pays membres devra faire des concessions afin d'aboutir à un transfert de 5 % des droits de vote des pays surreprésentés vers des pays sous-représentés. Dans ce jeu digne des marchandages du Grand Bazar d'Istanbul, une seconde composante s'est invitée. La composition du conseil d'administration, l'organe de direction du FMI.


Il comprend, à ce jour, 24 chaises, bien que les statuts du Fonds n'en prévoient que 20. Dans les faits, le maintien des 24 sièges nécessite donc, tous les deux ans, d'être reconduit par un vote. En juillet dernier, les Etats-Unis, à la surprise générale, ont jeté un pavé dans la mare en ne votant pas cette reconduction. Leur but : réduire, par un coup force, la présence des Européens au conseil, où ils occupent 9 sièges sur 24. Comme le remarque ironiquement un diplomate, « les Etats-Unis se sont tirés une balle dans le pied. Le retour à 20 sièges aboutirait à la disparition des plus faibles, c'est-à-dire le Brésil, l'Inde, l'Argentine et un des sièges des pays africains ». On aboutirait à l'effet inverse de celui qui est recherché. Impensable politiquement.


Devant la pression croissante de Washington, les Européens, accusés d'avoir une présence trop ostensible dans le conseil, se sont déclarés prêts à des concessions en offrant l'abandon de deux sièges. En contrepartie, ces mêmes Européens souhaiteraient que les Etats-Unis ne disposent plus de leur fameux droit de veto. Sa disparition requiert un changement des statuts du FMI, qui veulent que les décisions soient approuvées avec 85 % des voix. Les Etats-Unis disposant de 17,5 % des droits de vote, ils peuvent donc bloquer toute décision qui ne leur sied pas. La probabilité que Washington abandonne ce privilège est proche de zéro. D'autant que les quatre grands pays émergents rassemblés au sein des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) n'y sont pas favorables sous prétexte qu'à eux quatre, lorsque la redistribution des voix sera effective, ils auront le même pouvoir d'obstruction en disposant de plus de 15 % des droits de vote. Quant à l'idée défendue par le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, de créer une chaise représentant tous les pays de la zone euro afin de libérer de la place à d'autres pays, elle a peu de chance de voir le jour. En effet, les pays de la zone euro disposeraient dans ce cas d'un peu plus de 28 % des droits de vote, ce qui en ferait les premiers actionnaires du Fonds. Statutairement, son siège devrait alors être transféré en Europe ! Difficile d'imaginer que les Etats-Unis renoncent à l'implantation sur leur sol de l'institution.


La réforme de la gouvernance du FMI avance donc difficilement, et sans doute trop lentement. Une chose est sûre cependant, le renforcement du rôle des pays émergents en son sein va compliquer la tâche de l'institution. Le remplacement du G8 par le G20 n'a pas simplifié les choses. Il en sera de même pour le FMI. Malheureusement.

1940

Dimanche dernier, dans l'émission « L'Esprit public » de France Culture, Jean-Louis Bourlanges relevait que la publication concomitante de nombreux livres sur la débâcle de juin 1940 illustrait l'état d'esprit de la période actuelle : le pays est dans une drôle d'attente, dans le mauvais pressentiment d'un proche et véritable effondrement. Il me semble que cette intuition de l'ancien député européen est mille fois juste. Les grèves contre la réforme des retraites ne sont que la crispation égoïste, corporatiste, du malaise général juste avant la débâcle.
La France a du mal avec la mondialisation. Elle en souffre dans ses gènes, dans son histoire, dans sa prépondérance pour la politique quand l'économie prend le dessus, elle voit l'Asie monter, le Brésil, elle sent venir un déclin inéluctable. Et elle sait que ses mécanismes de défense, ses « protections sociales », datent de la guerre d'avant. Elle le sait intimement mais feint encore de l'ignorer, d'où le malaise. Différence avec juin 1940 où tout fut perdu en cinq semaines, ici voilà vingt ans que la France endure, qu'elle tente de « résister » à la déferlante, mais elle voit ses bataillons défaits les uns après les autres. L'emploi devient précaire, les remboursements de la Sécu sont de plus en plus chiches, les retraites seront méchamment en baisse. Chaque Français est schizophrène : il sait que c'est la fin d'une époque, qu'il faut changer mais, sans y croire vraiment, il s'empresse de se rassurer auprès des « sauveurs » opportunistes qui lui vantent qu'il y a « une autre solution », qui lui désignent des boucs émissaires, les immigrés, les Roms ou les riches, c'est selon.
Face à la guerre économique d'aujourd'hui - appelons-la « guerre chinoise » -, notre armée, qui porte le nom de système social ou d'Etat providence, est enfoncée. L'armée nouvelle, les chars d'aujourd'hui, on sait pertinemment ce qu'ils sont. Il faut tout faire pour créer des emplois de haute qualification, faire un effort gigantesque de recherche-développement, donner toute souplesse aux entreprises, encourager les innovateurs et les créateurs, mettre en place un plan national de formation permanente, rebâtir complètement, le système éducatif pour l'inverser, le problème n'étant plus de former des élites qui se débrouillent toutes seules mais de donner un bagage aux laissés-pour-compte. En parallèle, il faut mener une politique macroéconomique de « fine tuning » pour la sortie de crise mais fondamentalement rigoureuse et surtout qui permette de rattraper la perte de compétitivité terrifiante accumulée avec l'Allemagne. Tout cela est connu, il y a eu mille rapports là-dessus depuis celui de Michel Camdessus (« Le sursaut », 2004). Pour reprendre la comparaison avec les chars du colonel de Gaulle, il faut cesser de croire que la défense statique est la bonne et mettre le pays en mouvement, le faire courir vite en avant, très vite, pour que les Chinois ne le rattrapent pas. Encore une fois, tout cela est connu, on sait ce qu'il faut faire.
Mais non. Le pouvoir politique tergiverse, il attend, il fait des réformettes, avance pour reculer, comme Nicolas Sarkozy sur les retraites. Pourquoi ? Pourquoi la France est-elle « irréformable » ? A cause du mensonge, du déni de réalité. A gauche comme à droite, la guerre chinoise est niée. Le président actuel est toujours incapable de reconnaître publiquement que sa politique est de l'austérité. Que ses promesses de pouvoir d'achat n'ont plus cours. Il se ment à lui-même, il ment aux Français. A gauche, c'est pareil ou pire : on vante « une autre politique » que l'on sait pertinemment vide. Seule l'extrême gauche croit encore aux futilités de la « résistance » sur la ligne Maginot, mais tous les autres partis sont sous son influence, sous pression des manifs, et tous entretiennent l'illusion.
Dans « La Société de défiance », Pierre Cahuc et Yann Algan font une révélation passionnante : les Français sont caractérisés parmi les autres peuples, par leur défiance la plus grande vis-à-vis des institutions, des pouvoirs mais aussi les uns vis-à-vis des autres (1). Et cette défiance est datée dans l'histoire du pays, elle remonte à… juin 1940. La débâcle. Sarkozy, Aubry et les autres : est-ce mensonge, calcul électoral ou ignorance du monde ? On ne sait. Mais pour rester sur 1940, quelle différence avec l'Angleterre ! Outre-Manche, l'âpreté du combat est expliquée, assumée. Et les Britanniques ont confiance, dans les mesures churchiliennes que le gouvernement leur impose et en eux-mêmes.

Adobe bondit en Bourse sur des rumeurs de rachat par Microsoft

L'action d'Adobe Systems évoluait en forte hausse jeudi juste avant la clôture, un article du New Times alimentant les rumeurs présentant l'éditeur de logiciels comme une cible d'acquisition pour Microsoft.
Le titre a pris jusqu'à 17% pour atteindre un plus haut de séance à 30 dollars avant d'effacer une partie de ses gains. Il gagnait 9,0% à 28,05 dollars un quart d'heure avant la clôture des transactions.
Le New York Times rapporte que le directeur général de Microsoft Steve Ballmer a rencontré récemment en secret le patron d'Adobe, Shantanu Narayen, dans les bureaux d'Adobe à San Francisco.
Les deux hommes ont discuté de la domination d'Apple sur les téléphones mobiles et des moyens de riposter, y compris par le biais d'un rachat d'Adobe par Microsoft, écrit le journal qui cite des salariés et des consultants impliqués dans les discussions.
Adobe n'a pas souhaité faire de commentaires. Microsoft n'a pas fait de déclarations dans l'immédiat.

APPLE A ENCORE DE BEAUX JOURS DEVANT LUI.