TOUT EST DIT

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vendredi 1 octobre 2010

Des affiches assimilant Roumains et Italiens à des rats font scandale en Suisse

De mystérieuses affiches xénophobes, montrant trois rats roumain et italiens grignotant un fromage suisse, alimentent depuis lundi scandales et spéculations en Suisse, où les commanditaires de cette campagne restent inconnus.

Les trois rats à la mine patibulaire, présents sur la centaine d'affiches placardées dans le Tessin, un canton frontalier de l'Italie, figurent un voleur roumain, Bogdan, un carreleur italien, Fabrizio, ainsi qu'un certain Giulio, avocat qui représenterait le ministre des finances italien, Giulio Tremonti, selon le site Internet Bala i ratt ("Les rats dansent"), créé selon les médias suisses par une agence de publicité à l'origine de la campagne. Le site dénonce également dans des textes l'"invasion" de 45 000 travailleurs frontaliers dans le canton et "la criminalité importée".

Ces affiches ont provoqué un tollé dans la Confédération, où les opposants à l'Europe sont connus pour leurs campagnes particulièrement agressives.

L'UDC ET LA LEGA MONTRÉES DU DOIGT

Mais cette fois, les commanditaires restent inconnus. Parmi les politiques jugés suspects par la presse, le parti de droite populaire notoirement xénophobe, UDC, a démenti être impliqué. L'UDC a pourtant été à l'origine de campagnes de la même veine, mettant en scène des moutons blancs suisses expulsant du pied un mouton noir étranger, des corbeaux représentant des Roumains et des Bulgares grignotant le drapeau helvétique ou encore une femme voilée devant des minarets en forme d'ogives nucléaires.

L'affiche de l'Union démocratique du centre (UDC) dans la campagne pour le vote d'initiative populaire sur l'interdiction des minarets.

Un responsable tessinois du parti pointe du doigt, de son côté, la Lega. "Nous n'avons rien à voir avec cette campagne qui est allée un peu trop loin même si nous avons des problèmes avec les étrangers", a rétorqué Giuliano Bignasca, le chef de ce parti populiste du Tessin, créé en 1991 dans la lignée de la Ligue du Nord italienne. Selon le responsable, il s'agit ni plus ni moins d'une "campagne publicitaire pour les fromages suisses". L'affaire a toutefois créé un malaise au Tessin, où la Lega a appelé récemment à mettre les Roms "dehors ou dans des camps".

N'OUBLIONS PAS QUE LA SUISSE EST LA SEULE CONFÉDÉRATION DÉMOCRATIQUE D'EUROPE.
C'EST A RÉFLÉCHIR, NON ?

Auto : Nicolas Sarkozy dénonce toujours les délocalisations

Après avoir aidé les constructeurs français au plus fort de la crise, le chef de l'Etat s'indigne qu'ils n'aient pas commencé à rapatrier certaines productions dans l'Hexagone.

Un an et demi après avoir débloqué 3 milliards d'euros en faveur de Renault et autant pour PSA, Nicolas Sarkozy admet mal que les voitures présentées sur leurs stands respectifs ne soient pas toute estampillées « made in France ». « Créer des usines pour gagner des parts de marché, formidable. Mais fabriquer à l'étranger pour vendre en France, non (...) je ne suis pas enthousiaste qu'on construise en Turquie des véhicules qu'on vend ensuite en France », a t-il indiqué aux patrons des deux groupes, Carlos Ghosn et Philippe Varin, ce vendredi à l'issue d'une visite au Mondial de Paris.

Faute de répondre aux interrogations des PDG (Philippe Varin avait rappelé la veille que le coût du travail en France était devenu supérieur à celui de l'Allemagne, et que l'Espagne bénéficiait d'un différentiel de 30 % par rapport à l'Hexagone), le chef de l'Etat a enfourché le cheval de bataille des délocalisations. Car d'ores et déjà, le groupe Renault, avec Dacia et Samsung, ne fabrique plus en France que 25 % de ses voitures, tandis que PSA en réalise 39 %. Et le mouvement n'est pas près de s'enrayer, à en croire leurs projets en Espagne, au Maroc ou en Chine par exemple. Selon les cas, il s'agit de produire à l'étranger tantôt pour servir des marchés éloignés (Chine, Amérique latine...), tantôt pour compenser ce que les constructeurs appellent « la lente décroissance de compétitivité de l'industrie française en général ».

Adepte du donnant-donnant, le chef de l'Etat a transmis un message implicite : la France a investi dans la filière, l'a aidée au moment le plus critique et a réformé la taxe professionnelle... il faut en contre-partie laisser l'assemblage en France.

Au-delà de ces pressions, le discours était surtout teinté d'autosatisfaction, jugeait vendredi un participant à la table ronde, durant laquelle seuls des représentants de l'industrie française (le CCFA, Michelin, Venturi,...) étaient conviés à la tribune. Sans la prime à la casse, « un triomphe » copié dans la plupart des pays d'Europe, sans le bonus-malus, qui a fonctionné en résonance avec la première, l'industrie auto serait moins vaillante aujourd'hui, a ajouté Nicolas Sarkozy.

Seule petite avancée dans ce discours: les futures bornes de recharge pour les voitures électriques. Le Président a proposé que l'Etat paye la moitié des 75.000 points de recharge publics (voiries, parkings) prévus d'ici à 2015 par le gouvernement. L'énorme majorité (environ 900.000 prises) serait laissée au secteur privé (immeubles, entreprises...)

La crise a fait reculer l'immigration illégale en Europe

La crise financière et l'augmentation du chômage ont conduit à une baisse de l'immigration illégale dans l'Union européenne, particulièrement visible au premier semestre 2010, affirme, vendredi 1er octobre, l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures (Frontex).
"La crise financière et les changements dans le marché de l'emploi sont l'une des raisons essentielles de la baisse de l'immigration illégale en Europe", a déclaré Ilkka Laitinen, directeur général de Frontex, lors de l'inauguration à Athènes du premier centre régional de l'organisme, qui sera chargé de la surveillance des frontières extérieures de la Grèce, de l'Italie, de Malte et de Chypre.

Durant les six premiers mois de l'année, le nombre de personnes arrêtées pour entrée illégale dans l'UE était inférieur de 23,6 % à celui du premier semestre 2009, à 40 977 contre 53 674, selon le dernier rapport de Frontex, rendu public vendredi.

FRONTIÈRE GRÉCO-TURQUE

Tous les indicateurs vont dans le même sens : au cours du deuxième trimestre, les entrées illégales recensées étaient en recul de 15 % par rapport au même trimestre de 2009, le nombre de séjours illégaux de 23 % et de demandes d'asile de 21 %.

Durant cette période, les frontières grecques avec la Turquie sont restées le principal point d'entrée des clandestins en Europe, particulièrement pour les Afghans ou pour des migrants venus d'Asie ou du Maghreb et affirmant être afghans, a indiqué Frontex. L'agence, qui déploie désormais des patrouilles maritimes entre la côte turque et les îles grecques, a observé un "déplacement rapide et brutal" des lieux de passage des frontières maritimes vers la frontière terrestre gréco-turque, au nord du pays.

POUR UNE FOIS, LA CRISE A DU BON.

Quand Jean-Pierre Raffarin critique François Fillon

Les cotes de confiance de Nicolas Sarkozy et de François Fillon à la fin du mois de septembre sont au plus bas depuis juin 2007, avec respectivement quatre points en moins (à 26 %) pour le premier et trois points en moins pour le second (à 34 %), dans le baromètre mensuel du Figaro Magazine. C'est le moment choisi par Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, pour critiquer la droitisation, les effets d'affichage et se démarquer de François Fillon. Le sénateur UMP estime dans un entretien à Libération (édition abonnés) que François Fillon n'a pas fait "le même métier" que lui à Matignon.
"APAISER LA DÉMOCRATIE FRANÇAISE"

M. Raffarin relativise la "sévérité" de M. Fillon à l'égard de son bilan à Matignon sous la présidence Chirac, de 2002 à 2005 : "C'est la règle du jeu. Les prédécesseurs sont insuffisants et les successeurs ambitieux : un classique." Il expose ensuite sa vision du prochain gouvernement : "Je vois d'abord un président entouré de ministres plus forts qu'aujourd'hui, ils doivent eux aussi incarner une politique […] Quant au premier ministre […], sa priorité de chef de la majorité doit être d'apaiser la démocratie française, la violence du débat politique est inacceptable", ajoute le sénateur de la Vienne.

Annoncer un remaniement plusieurs mois à l'avance, n'était-ce pas une erreur ? "C'est la conséquence d'une lecture paradoxale de la Ve République par Nicolas Sarkozy. En fixant cette échéance il se place en maître du calendrier. Mais dès lors qu'il l'annonce, il se met sous la pression des autres. Pour qu'une décision reste personnelle, il ne faut pas qu'elle soit mise aux enchères", estime l'ancien chef du gouvernement. Il considère par ailleurs que le président élu en 2012 "devra choisir" entre "un retour à la pratique traditionnelle de la Ve République" ou une "VIe République avec un système de leadership à la française". "Une adaptation institutionnelle est maintenant nécessaire. Entre l'autorité et l'écoute, il faut trouver le bon équilibre", selon M. Raffarin.

Raphaëlle Bacqué : "Fillon cherche à s'émanciper de Sarkozy"



"Fillon cherche à s'émanciper de Sarkozy"
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Le commentaire politique de Christophe Barbier




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Electrique

On n'y croyait plus, à la voiture électrique. On se disait, comme dans la vieille pub de Renault : « Ca ne marchera jamais ! » Franchement, une auto qui fait le plein sur la prise de la cuisine… et pourquoi pas un aspirateur à réaction ? Et pourtant, elle roule, au Mondial de l'Automobile. Mieux, elle va se vendre, nous affirment les constructeurs : bientôt, une voiture sur dix sera électrique. Et déjà on entrevoit au Mondial l'étape suivante, une auto qui roulerait à l'énergie solaire. Allez savoir, dans quatre ou cinq dizaines d'années, nos petits-enfants moqueront peut-être nos engins à pétrole comme nous rions aujourd'hui des voitures à cheval de nos aïeux… Reste une question : ces voitures du futur seront-elles construites en France ? Nul ne le sait. Au moins sait-on que la France pourra produire leur énergie, électrique ou solaire - et ça change tout.

Charpak, un modèle républicain

Le Prix Nobel de physique brillait d’abord par son humilité. Jusqu’à qualifier de “bricolage” l’invention qui lui valut la plus haute distinction ! Sa “chambre multifils” de détection des particules, à l’entendre, ne méritait pas tant d’honneurs. À la tour d’ivoire où se réfugient souvent les esprits supérieurs, Georges Charpak préférait les salles de classe primaire. L’atypique savant se voulait aussi “passeur de sciences” et s’efforçait de transmettre sa passion aux enfants. D’une manière générale, se mettre au niveau de ses interlocuteurs (étudiants ou journalistes) lui paraissait naturel. Sa soif de “vulgarisation”, que nombre de ses pairs tiennent pour un gros mot, le distinguait entre tous.

L’humanité du personnage doit sans doute beaucoup à son histoire personnelle. Celle d’un petit juif Polonais débarquant à Paris vers l’âge de sept ans. Il y aura ensuite la Résistance, le camp de Dachau, puis sa naturalisation en 1946. Pur produit de l’école républicaine, ce fils d’immigrés n’était pas un ingrat. Il tenait la France pour “un pays merveilleux, permettant à tous un accès au savoir”.

À condition de vouloir apprendre. On dirait que le respect des maîtres, ces temps-ci, se perd un peu…

La noble figure de Georges Charpak croule aujourd’hui sous les hommages. Puisse-t-elle ne pas appartenir à un passé définitivement révolu.

Lula : le rêve brésilien


« Mais comment fait-il ? », se demandent, envieux, les autres présidents. Après huit ans de pouvoir, Luiz Inacio Lula non seulement n'est pas usé par la fonction, mais, au moment de quitter la scène, ce dimanche, il jouit du soutien de quatre Brésiliens sur cinq. « C'est le politicien le plus populaire de la Terre », dit de lui Obama. Lorsqu'un destin personnel rencontre une ère glorieuse dans la vie d'un pays, voilà le mythe en marche.


Le destin personnel, c'est celui d'un homme issu d'une famille pauvre de huit enfants. Ouvrier, syndicaliste, il va militer au temps de la dictature et devenir l'une des figures de proue des grands mouvements de grève des années 1970. C'est là que Lula perce sur la scène publique. C'est là que se forge son image d'homme du peuple gravissant les échelons, version brésilienne du rêve américain. Dans un pays pétri de contradictions culturelles et d'inégalités sociales, regorgeant autant de ressources naturelles que d'injustices.


Ces contradictions, le Brésil les conserve. On aurait tort d'ignorer les poches considérables de pauvreté qui demeurent derrière le miracle Lula. Mais son habileté aura été ¯ élu par une poussée populaire qui inquiétait les classes dirigeantes ¯ de faire monter tout le monde dans l'ascenseur social, qu'il incarne d'ailleurs si bien. Des favelas au conseil d'administration de Petrobras. En un mot, de jouer collectif. Et quand les Brésiliens jouent collectif, difficile de résister.


De fait, les résultats économiques et sociaux sont au rendez-vous du bilan. Patient dépendant du FMI, le Brésil, désormais dixième puissance économique mondiale, en est à présent l'un des mécènes, ce qui lui fait demander d'ailleurs un rôle accru à Washington. Tous les indices négatifs ont reculé. Le nombre de Brésiliens vivant sous le seuil de pauvreté a diminué de près de moitié.


Dans chaque domaine ¯ l'éducation, la santé... ¯ de vastes plans ont été lancés. Faim zéro, avec une distribution sans précédent d'allocations familiales. Lumière pour tous, avec l'installation de l'électricité pour des millions de foyers. Des crédits pour les petits paysans. Des bourses pour les enfants des bas revenus.700 000 étudiants ont bénéficié de ces programmes.


Chroniquement complexé par ses dimensions et son incapacité à en exploiter le potentiel, le Brésil a fini par croire en lui. Le doigté de Lula aura été de concilier ses idéaux de candidat issu de la gauche populaire avec la gestion d'une économie libérale en plein boom. Petrobras, le groupe pétrolier national, rivalise avec les plus grandes compagnies mondiales.


Il y a dix ans, les États-Unis absorbaient 28% des exportations brésiliennes. Aujourd'hui, à peine 10%. Derrière la Chine. C'est la carte Sud-Sud jouée par Lula. Économiquement, elle a réorienté les priorités vers les autres pays d'Amérique latine, plus généralement les émergents. Diplomatiquement, elle s'est traduite par un rôle accru sur la scène mondiale. Au besoin sans état d'âme, lorsqu'il s'est agi de parler avec Chavez, Castro ou Ahmadinejad.


« La plus grande erreur serait de sous-estimer les potentiels du Brésil », affirmait récemment le ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim. Le B de Bric, (Brésil, Russie, Inde, Chine) ne cache plus ses ambitions. Lula n'est plus, vive Lula! Mais la succession sera difficile.

Passeur de savoirs

Juste un tout petit entrefilet dans le carnet du Figaro. Intimité familiale, simplicité de toujours, marque de ceux qui ne trichent jamais avec eux-mêmes. Charpak est mort. Juste quelqu'un de bien. Physicien français, immigré, polonais, juif, résistant, interné, prix Nobel? Toute la richesse et la diversité de notre pays, toute la fertilité de la France terre d'accueil et du vivre ensemble. Juste notre histoire. Dans cette société de l'à-peu-près où le discours scientifique a du mal à subsister parce qu'il ne s'accommode pas du zapping, Georges Charpak est une statue. Prophète de l'infiniment petit et de l'imagerie médicale, perpétuel croisé contre la crétinerie et les fondamentalismes, il était un homme passionné, engagé dans son temps, pour le progrès et la liberté.

Formidable vulgarisateur, pédagogue convaincant, Charpak ne se lassait jamais d'expliquer que la science est le produit de la curiosité. Avant d'être vérité, la science est recherche et questionnement. En toute occasion, le prix Nobel se faisait le promoteur d'un retour à l'esprit scientifique dont notre époque réductrice oublie qu'il était celui des lumières et des encyclopédistes.

Pour cet élève de Joliot devenu un géant de l'instrumentation, cet enthousiaste cultivé, la recherche de la connaissance est le contraire du dogmatisme. Charpak devenu prix Nobel saisit toutes les occasions de combattre les affirmations ex cathedra et de pourfendre les éloges de l'ignorance. Pour lui l'image de la science est celle de la liberté. Même s'il lui arrive de regretter notre peu d'appétit pour l'exigence scientifique, sa volonté de promouvoir la science n'est jamais prise en défaut. Georges Charpak a le charme de ceux qui savent dire les choses compliquées avec des mots simples et le talent des grands passeurs de savoir.

Avec « La main à la pâte » Georges Charpak s'engage dans une démarche originale de pédagogie active des sciences pour les rendre accessibles et susciter des vocations dans l'enseignement supérieur. Son expérience place l'élève au centre du questionnement et de la recherche. Cet apprentissage intégré, dans la droite ligne des thèses émancipatrices, était sa grande fierté.

LA CITE DU MÂLE – Vrais machos ou faux procès ?

Malgré les polémiques l'entourant, le documentaire La cité du mâle a été diffusé sur Arte. Le reportage présente le visage bien triste d'une cité où les hommes sont machos et où les femmes sont soumises, ou dont "les rébellions" sont sévèrement réprimandées. Vision caricaturale ou malheureusement réelle ?
La cité du mâle a finalement été diffusé mercredi 29 septembre sur Arte. Le documentaire avait pourtant été déprogrammé 15 minutes avant sa première diffusion prévue le 31 août dernier. La journaliste Nabila Laïb qui avait travaillé comme "fixeuse" [personne chargée de trouver les intervenants, ndlr] pour la réalisatrice Cathy Sanchez, avait bloqué le documentaire le jugeant bidonné.

Complètement bidon ?
"Dans le reportage, tous les personnages sont consentants, sauf un jeune homme qui est filmé à son insu et qui vient pour casser la caméra. C'est moi qui l'arrête, et il me dit 'OK, pas de souci'. Mais je ne suis pas au courant que la scène a été tournée, on ne me le dit pas. Ils le floutent à peine - son visage est reconnaissable par tous ses amis - et ils le mettent dans les 5 premières minutes du film!", explique-t-elle à Télérama. Si des modifications superficielles (plus de floutage, des propos retirés ou bipés…) ont été apportées à cette nouvelle mouture du documentaire, le producteur du projet, Daniel Leconte, et la réalisatrice persistent et signent devant les critiques d'une vision tronquée de la cité. "J'ai posé des questions ouvertes, pas orientées. Au montage, on a essayé d'être le plus soft possible pour ne pas tomber dans la caricature", assure Cathy Sanchez. Dans un débat à bâtons rompus sur France Inter, Daniel Leconte affirme que pour lui ces accusations ont "pour but de censurer l'information, de mettre un couvercle sur la détresse des jeunes femmes dans certaines cités."

Mais de quoi parle le documentaire ?
La cité du mâle qui s'inscrit dans la soirée thématique d'Arte "Femmes, pourquoi tant de haine ?", va faire un tour du côté de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) là même où il y a huit ans la jeune Sohane meurt brûlée vive par son ex-petit ami. "Je cherchais à dresser un état des lieux des relations filles-garçons huit ans après le meurtre", explique la réalisatrice qui a été très étonnée par le discours cru et dérangeant des jeunes interviewés. Ainsi, on peut y voir Rachid, 25 ans, qui préfèrerait "menotter" sa sœur plutôt que de la voir sortir le soir. "Moi, ma sœur, elle dépasse pas 10h à la baraque, elle est dans sa chambre, elle écoute de la musique". Sa sœur a pourtant 28 ans. Quant à Okito, 18 ans, son image de la femme se divise entre les filles "bien", celles qui sont vierges jusqu'au mariage, et les autres : "les chiennes, les putes". "Y'en a beaucoup maintenant", affirme-t-il. L'homme doit être "macho", explique un autre banlieusard. Même en couple, pas question de s'afficher ensemble ou "t'es un bouffon". La femme, elle, est soumise, ne dévoile pas ses formes et peut se faire frapper dans le cas contraire. "Un homme peut battre une femme. Pas la battre à mort mais si elle mérite une baffe, oui, c'est normal", déclare Yassine. Leurs mots ne sont d'ailleurs pas assez durs pour parler des mouvements féministes comme "Ni putes, ni soumises".

Caricatural ? Oui, mais …
La vision des jeunes garçons des cités dans ce documentaire polémique est certainement caricaturale, mais même la caricature a un fond de vérité. Si les intervenants ont certainement voulu jouer leur caïd devant la caméra et se montrer plus durs qu'ils ne le sont en réalité, les différents faits divers des dernières années prouvent que la violence ne se trouve pas que dans les mots. Rue89, qui avait montré le documentaire a des jeunes du Val-de-Marne, a ainsi constaté que les lycéens avaient trouvé un certain écho dans les témoignages de ces jeunes paumés qui gardent les murs de la cité, où les filles restent tapies dans la pénombre.


Vroum, vroum...


La Dino Ferrari de Danny Wilde a fait un dernier départ sur les chapeaux de roue et Tony Curtis a disparu du paysage. Reste derrière lui le vrombissement puissant et tranquille du V12, en gage d'éternité. Les belles Italiennes ont cet avantage sur les humains : elles, elles ne meurent jamais. Comme les Aston Martin de James Bond. Et comme toutes leurs rivales allemandes, anglaises, coréennes, japonaises, espagnoles ou françaises. Toutes partagent ce privilège de résister au temps et ce n'est pas le moindre des atouts de leur inaltérable séduction.




A la veille de l'ouverture du Mondial de Paris, l'automobile revient de loin. Elle a survécu au vingtième siècle qui l'a vue tour à tour triompher et être mise en accusation, perpétuelle conquérante ambivalente. Ne véhicule-t-elle pas à la fois le rêve et la mort, la légèreté et le danger, la griserie et la peur, les horizons et la pollution ?


Elle a réussi à dépasser plusieurs crises économiques, mais cette fois la raréfaction du pétrole et le réchauffement de la planète semblaient la condamner. On l'expulse des centres villes et on piège sa vitesse sur les autoroutes, pour les meilleures des causes, la sécurité, la santé, l'environnement. Et voilà que la planète entière la désigne comme la responsable de ses maux. Tout un secteur industriel a retenu son souffle dans l'attente d'un inéluctable déclin que les poussives commandes européennes semblaient avoir enclenché mais que l'accélération des marchés asiatiques sont en train de conjurer.


Si les justes appels à l'urgence écologique n'ont pas fait taire le ronronnement rassurant des moteurs, c'est qu'au-delà de la beauté des mécaniques et la ligne irrésistible des carrosseries, il matérialise la liberté. Cruelle contradiction...


Alors le message est simple, et trouve son chemin par une déviation. Le mal, ce ne serait pas l'auto, seulement son carburant. Dans ce vingt et unième siècle de toutes les mutations, la voiture sera propre ou ne sera pas. Renault joue banco sur l'électrique. PSA parie sur les hybrides. Des compromis à l'image d'une civilisation qui cherche à concilier l'héritage d'un monde ancien et les impératifs d'un monde nouveau, dans l'espoir fou de conjurer les périls et les espoirs de la fin d'une époque.
A la fois berceau vert, terre historique pour l'industrie automobile et région natale du sextuple champion du monde des rallyes, l'Alsace va vibrer de toutes ces passions à la fois. Au rythme de la pulsation des spéciales, la foule qui se massera le long des petites routes vosgiennes pour acclamer l'enfant du pays, Sébastien Loeb, oubliera, le temps d'un week-end, le compte à rebours obsédant de notre temps pour l'excitation des chronos immédiats et la fascination des dérapages contrôlés. Allez, affolons les compte-tours !

Retraites : les syndicats lancent le sprint final en pariant sur un effet samedi

Les organisations syndicales remobilisent samedi. Ils veulent élargir le mouvement à un nouveau public avant les débats au Sénat.
Pied au plancher jusqu'au bout. A l'approche de l'examen de la réforme des retraites au Sénat (mardi), dernière étape avant son adoption fin octobre, les syndicats appellent à une nouvelle journée d'action demain. La troisième en quatre semaines, la sixième depuis mars.

Constat : ni le découragement ni la désunion syndicale sur lesquels misait l'exécutif à la fin de l'été ne se font sentir. Au contraire. La guerre des chiffres sur la mobilisation du 23 septembre a décuplé leur motivation. La « négation » par l'exécutif de l'importance des cortèges va « lui revenir comme un boomerang », assure Bernard Thibault (CGT), tandis que des défilés sont prévus dans au moins 229 villes. En agissant cette fois-ci un samedi, l'intersyndicale espère éviter un essoufflement du mouvement (la répétition des actions en semaine pèse sur les portefeuilles des grévistes) et drainer un nouveau public « plus familial et avec plus de salariés de PME et TPE ».
L'inquiétude de la majorité

Malgré un début de mobilisation le 23, les jeunes risquent toutefois de faire encore défaut. L'Unef mise davantage sur la manifestation suivante du mardi 12 octobre. Tout comme les syndicats des transports, qui ne seront pas en grève samedi (même si de nombreux agents seront dans la rue), ce qui est logique pour un samedi.

Motivés et unis donc, mais pour quel objectif ? En privé, les syndicats ne croient plus à une remise en cause totale d'une réforme dont Nicolas Sarkozy fait un marqueur politique. Mais ils constatent que les sénateurs sont troublés par le sentiment d'« injustice », profond, qu'engendre le texte. Et ils notent aussi, à raison, que le « non ferme et tranquille » lancé par François Fillon vendredi dernier cache mal l'inquiétude croissante de la majorité et de l'Elysée, qui reviennent désormais à un discours plus apaisant. Plus que jamais, les centrales espèrent donc arracher des modifications importantes au Sénat. L'exécutif, lui, scrutera attentivement l'ampleur des mobilisations et décidera en conséquence de l'importance des futurs gestes.
Contenir la base

« C'est maintenant ou jamais », comme le résume l'Unsa. Passé le vote du texte, les vacances de la Toussaint, qui débutent le 23 octobre, bouchent le calendrier. Et, surtout, la plupart des syndicats, CFDT et CGT en tête, ne jugent en réalité ni possible ni souhaitable de durcir ensuite le mouvement en lançant une grève reconductible. N'en déplaisent à FO, à Solidaires et à la FSU. Avec le risque, pour les syndicats comme pour l'exécutif, que la base ne finisse par durcir d'elle-même le mouvement, malgré les efforts de Bernard Thibault pour la contenir.

Ce phénomène reste limité mais commence à poindre. La CGT-ports et docks a appelé, jeudi, à une grève reconductible de week-end en week-end, à compter de vendredi. Soucieux de trouver une sortie de crise par le haut, François Chérèque (CFDT) a tendu une perche au gouvernement, en proposant, mercredi dans « Libération », de reporter à 2015 le vote des députés sur le passage de 65 à 67 ans. Sans succès, car pour le gouvernement cela reviendrait à abandonner un pan entier de la réforme. Le président du Sénat, Gérard Larcher, veut permettre aux mères ayant élevé trois enfants de continuer de partir à 65 ans (en finançant la mesure par le plafonnement de la bonification de 10 % de la retraite des parents de trois enfants). Solution qui, cette fois, est rejetée par les syndicats.


LES SYNDICATS S'INSCRIVENT DANS UN PATHOS QUI LES DÉPASSE : ONT-ILS COMPRIS L'URGENCE D'ABANDONNER LEUR  DOGMATISME  POUR EN VENIR AUX RÉALITÉS ?


Lula, un Mitterrand qui aurait réussi

Luiz Inácio Lula da Silva aura été exceptionnel jusqu'au bout. Le président du Brésil quittera bientôt le pouvoir avec une cote de popularité de 80 % - un niveau sans précédent en fin de mandat, au Brésil ou ailleurs. Son pays connaît cette année une croissance d'au moins 7 %, la plus forte depuis un quart de siècle, au moment où les pays développés patinent dans la semoule de l'après-crise. Et Lula semble réussir jusqu'à sa succession, une rareté en politique. « Sa » candidate, Dilma Rousseff, pourrait être élue dès dimanche et devenir ainsi la première présidente du Brésil.

Lula, c'est un François Mitterrand qui aurait réussi. Les deux hommes sont les seuls à avoir été élus présidents d'une grande démocratie sous l'étiquette socialiste. Tous deux avaient un programme très à gauche qui paniquait les marchés financiers. Ils l'ont vite délaissé, au risque de désorienter leurs électeurs. Ils ont même choyé la finance. François Mitterrand avait laissé Pierre Bérégovoy casser le cadre institutionnel vieillot de Paris pour créer une place moderne. Pendant sa présidence, l'indice CAC 40 a été multiplié par plus de six. La Bourse de São Paulo a fait presque aussi bien sous le règne de Lula. Mais si le président brésilien a laissé la finance s'épanouir, il l'a aussi sérieusement encadrée. Les banques, soumises à des règles de prudence plus strictes qu'en Europe ou aux Etats-Unis, ont échappé à la crise de 2008. Et, l'an dernier, son ministre des Finances n'a pas hésité à taxer les entrées de capitaux étrangers pour limiter leur afflux.

C'est à l'autre bout du spectre que la différence entre les deux présidences est la plus forte. Sur le social - marqueur de gauche s'il en fut. Mitterrand a échoué contre le chômage après avoir, selon lui, « tout essayé ». Le taux a doublé entre 1981 et 1995 pour approcher 9 % des actifs. Au Brésil au contraire, le taux a été divisé par deux en huit ans, passant de 14 % à moins de 7 %, dans un contexte de croissance soutenue sans être exceptionnelle (4 % par an pour le pays de 2002 à 2010 et 2,5 % par tête). L'écart est encore plus spectaculaire dans la lutte contre la pauvreté. En France, la proportion de pauvres a stagné du temps de Mitterrand. Au Brésil, elle a été réduite de moitié sous Lula. L'ascenseur social fonctionne : plus de la moitié de la population fait désormais partie de la classe « moyenne inférieure ». 50 millions de Brésiliens ont ouvert un compte en banque depuis huit ans. Les abonnements au mobile couvrent 90 % de la population, un niveau européen. Les inégalités ont diminué, même si les riches concentrent encore une part des revenus supérieure à ce qu'elle est dans beaucoup d'autres pays. En France, les inégalités ont augmenté sous Mitterrand… alors qu'elles avaient diminué du temps de Valéry Giscard d'Estaing.

L'écart vient bien sûr des politiques menées. Pour lutter contre la pauvreté, François Mitterrand n'a pas fait grand-chose. L'un de ses Premiers ministres, Michel Rocard, a tout de même fini par créer le revenu minimum d'insertion (RMI) en 1989, mais l'insertion n'a jamais vraiment fonctionné. Lula, lui, a créé dès 2003 un mécanisme à la fois simple et efficace : la Bolsa familia. Quinze millions de familles pauvres reçoivent de l'argent chaque mois pour leurs enfants moyennant deux conditions vérifiées de près : les enfants doivent aller à l'école chaque jour - et être à jour de leurs vaccinations. Education et santé… Au total, près de 50 millions de personnes concernées, ce qui en fait l'un des plus vastes mécanismes de redistribution jamais créés. Les écoles n'ont jamais été aussi pleines. Et des dizaines d'universités ont été créées.

Mais si Lula a connu une telle réussite, qui fait de lui l'un des plus grands chefs d'Etat de ces dernières décennies, c'est aussi qu'il a eu… de la chance. Il était sans doute plus simple de faire décoller un éternel pays d'avenir que de régénérer une nation vieillissante - la comparaison entre les deux hommes touche ici sa limite. Au-delà, le président brésilien a bénéficié de deux atouts majeurs.

D'abord, comme Tony Blair au Royaume-Uni, Lula a reçu un bel héritage politique. Son prédécesseur, le sociologue Fernande Henrique Cardoso, lui a transmis une économie remise sur les rails. C'est lui qui a ouvert les frontières d'un pays longtemps sensible aux charmes du protectionnisme. C'est lui qui avait lancé la Bolsa escola devenue familia, une initiative importée du Mexique. C'est lui encore qui a jeté les bases d'une finance solide après les crises des années 1990 et tué l'hyperinflation qui a gangrené le pays. C'est lui enfin qui a ouvert le capital des trois perles industrielles du pays : Vale, devenu numéro deux mondial des mines ; Embraer, troisième constructeur d'avions ; le pétrolier Petrobras, enfin, qui vient de lever sans coup férir… 70 milliards de dollars, réalisant ainsi la plus importante augmentation de capital jamais réalisée dans le monde.

Ensuite, Lula a profité du boom mondial des années 2000. Si l'Allemagne a fourni les machines pour équiper les usines des pays émergents, le Brésil, « ferme du monde », a produit de quoi nourrir leurs classes moyennes en plein essor. Les cours de ses abondantes matières premières ont été boostés par la demande chinoise. L'ancien syndicaliste s'est aussi imposé naturellement à la table du G20, alors qu'il n'était pas à celle du G8. Sous sa houlette, le pays a gagné l'organisation du Mondial de foot en 2014 et des jeux Olympiques en 2016. Avec lui, les 200 millions de Brésiliens sont devenus fiers d'être brésiliens. Pourtant, comme toujours dans ce pays, les défis restent immenses : agriculture soutenable, capacité d'innovation, équilibre social, sécurité intérieure… Si Lula a fait mieux que François Mitterrand, Dilma Rousseff risque d'avoir du mal à faire mieux que Lula. Ou même aussi bien.

LA MARIÉE ÉTAIT BELLE POUR LULA, ELLE L'EST BEAUCOUP MOINS POUR ROUSSEFF.

Les manifs qui comptent

Un ou trois millions de manifestants contre la réforme des retraites ? Combien pour celles de demain et du 12 octobre ? Dans notre théâtre national, le nombre compte, politiquement. Il reflète le climat délétère et, par effet retour, ne l'arrange pas. Economiquement, les manifs ne comptent guère. Allonger la durée du travail est inéluctable. Et « l'autre réforme » vantée par le Parti socialiste ne changerait en réalité que la présentation. Les manifestations qui comptent vraiment pour déterminer notre futur niveau de vie, à nous Français, ont lieu au Bengladesh, où les ouvriers de certaines firmes textiles ont obtenu une hausse de 80 % de leurs salairesen août dernier, après protestations contre des hausses des prix des denrées, du fioul, de la santé.

Presque tous les autres pays d'Asie connaissent des revendications similaires. Le Vietnam a connu 200 manifestations l'an passé à cause d'une inflation supérieure à 20 %. En Indonésie, les défilés se sont multipliés, réunissant par exemple à Bandung jusqu'à 40.000 personnes contre les prix de l'électricité. Les ouvriers ont obtenu des relèvements des salaires minimaux régionaux, un gain de 10 %, à 100 dollars par mois, à Jakarta la capitale. En Inde aussi, des mouvements contre les hausses de prix ont touché les usines de Nokia, Bosch, Hyundai, Volvo. La Chine est concernée. Les informations sur des manifs, des pénuries de main-d'oeuvre, des hausses de salaire ont abondé tout l'été. Des nouvelles lois du travail ont été mises en place, les minima ont été relevés de 30 % dans certaines villes.

Ces conflits conduisent à de meilleurs salaires et de plus hauts niveaux de vie dans les pays émergents. Ils sont essentiels pour les ouvriers bengalis et indiens, en premier chef. Mais pour ceux de Paris aussi, qui devraient encourager leurs camarades émergents. Leurs intérêts sont les mêmes. Plus le rattrapage de l'Asie sera rapide, plus vite les salaires s'égaliseront, plus vite cessera la concurrence par les coûts et plus vite le rapport de forces salaire-profit pourra s'équilibrer de nouveau, cette fois à l'échelle de la planète entière. La pression sur les coûts salariaux en Occident ne cessera que lorsque l'Asie « en rattrapage » aura cessé de l'exercer.

Quand cela arrivera-t-il ? Réponse difficile. Il aura fallu quarante ans au Japon. Le niveau de vie des Japonais, moitié moindre de celui des Américains au sortir de la guerre, l'a « rattrapé » vers 1990, avant que les Etats-Unis ne reprennent de la distance. La Corée du Sud est partie de plus loin : 10 % du niveau de vie américain après-guerre, 65 % aujourd'hui. Cela suffit pour que l'on ne classe plus la Corée parmi les pays « à bas coûts de main-d'oeuvre ». La Chine a entamé son rattrapage en 1978, à la suite des réformes de Deng Xiaoping. L'empire partait de très bas : moins de 5 % du niveau américain. Trente ans plus tard, il est encore à moins de 25 %. Combien de temps faudra-t-il encore ?

Un premier examen du marché de l'emploi chinois ne porte pas à l'euphorie. Le salaire moyen d'un paysan qui migre de la campagne pour les villes en émergence est encore de 1.500 dollars par an, dix fois moins que dans l'Hexagone, selon Fan Gang de l'université de Pékin (1). Or l'agriculture, où les salaires sont moitié moindres, représente encore 30 % de la main-d'oeuvre. En clair, « l'armée de réserve » est encore vaste : au moins 150 millions de personnes ! Il faudra créer 8 millions d'emplois par an pendant vingt ans pour les absorber. C'est beaucoup et quoi qu'il arrive, durant ce temps, la Chine va subir une pression interne sur ses salaires. Depuis quinze ans, leur hausse a d'ailleurs été limitée à 4-6 % par an, deux fois moins rapide que le PIB. Du coup, la part des salaires dans la richesse nationale a décliné et la consommation aussi. La Chine ne croît que grâce à ses investissements dans des usines faites pour l'export. On peut en conclure que la guerre mondiale des coûts ne va pas se finir demain.

Pourtant, on peut espérer que le rythme du rattrapage s'accélère. Du fait des manifs, d'abord. Ensuite, parce que la Chine a compris que les débouchés américains et européens s'assèchent. La consommation intérieure doit prendre le relais. Cela impose une revalorisation des feuilles de paie. Les manifs de cet été ont été soutenues par le pouvoir central en quête d'un nouveau modèle de croissance. Dès lors, le rattrapage pourrait s'achever dans, disons, vingt ans. C'est long ? Oui et non. Les enfants qui naissent aujourd'hui ne connaîtront pas la concurrence chinoise par les coûts. Les manifestations, là-bas, auront payé.

Hors cote

Lucien Barrière et Liberty Mutual ont raté la dernière marche. Les deux plus grosses introductions de l'année à ce jour à Wall Street et à Paris ont toutes deux avorté mercredi à la veille de leur conclusion. Une coïncidence ? Sûrement pas.

Bien sûr, on peut n'y voir que le résultat d'opérations mal calibrées ou desservies par un calendrier défavorable. Tant il est vrai que dans un marché boursier devenu très volatil, réussir une cotation tient davantage de l'alchimie que de l'art d'exécution. Prisonnière des soubresauts de l'actualité macroéconomique, la Bourse ces temps-ci ressemble plus à un torrent de montagne au cours imprévisible qu'à un long fleuve tranquille. Cela explique que le report des projets d'introduction soit devenu monnaie courante. Aux Etats-Unis, on en compte 45 depuis le début de l'année. Et cette tendance devrait aller en se renforçant.

Mais ce double échec dit aussi quelque chose de plus fondamental sur les marchés boursiers d'après-crise. Le message est clair. La Bourse n'est plus une voie de sortie pour actionnaires en quête de liquidité. En tout cas, pas sans une franche décote. Accor et la maison mère de l'assureur Liberty Mutual viennent de l'apprendre à leurs dépens.

Cela fait plusieurs mois que les investisseurs affichent leur tropisme pour les entreprises en croissance. On sait maintenant que cette sélectivité s'applique non seulement aux valeurs déjà cotées, mais aussi aux candidats à une introduction. Pour réussir une cotation, il vaut donc mieux avoir un projet à vendre. Chercher les moyens de financer les projets de développement d'une société plutôt que de vouloir exclusivement optimiser le bilan de ses actionnaires. Un message à méditer pour les groupes désireux de se défaire d'activités périphériques et pour les fonds d'investissement soucieux de faire tourner leur portefeuille.

Cette évolution sans doute durable, alors que le placement action pâtit de l'aversion au risque des investisseurs, ne condamne toutefois pas les Bourses comme source de financement. Mais elle favorise en revanche les places des économies les plus dynamiques. Pas étonnant dès lors que les deux tiers des capitaux levés dans le monde à l'occasion d'une introduction au cours des neuf derniers mois l'aient été sur les marchés boursiers des pays émergents.

Frank Zappa - Any Downers, il avait déjà prévu les dérives du 21 ème siècle.


Lénine fait la moue

La publicité, les relations publiques, les groupes de pression sont les valeurs montantes de la Russie, obsédée par son image et par son désir de puissance. Deux obsessions taraudent l'élite : améliorer la perception du pays à l'étranger, s'attacher les bonnes grâces d'interlocuteurs "amis" capables d'influencer une prise de décision.
Une révolution copernicienne s'est produite dans ce pays depuis la lecture imposée du Capital de Karl Marx à l'époque de l'URSS. Lénine doit se retourner dans son sarcophage vitré du mausolée sur la place Rouge, mais qu'importe ! L'idéologie n'est plus, vive l'argent ! Cela tombe bien, les caisses de l'Etat regorgent de centaines de milliards de dollars.

Le Kremlin et Gazprom, son bras gazier, ont donné le ton dès 2006 en signant des contrats mirifiques avec les agences de communication Ketchum et GPlus Europe, filiales du groupe américain Omnicom. Il fallait faire peau neuve après quelques affaires peu glorieuses comme l'assassinat, en octobre 2006, de la journaliste Anna Politkovskaïa, l'empoisonnement, un mois plus tard, de l'opposant Alexandre Litvinenko, tué à Londres par une substance radioactive rare, ou encore la "guerre du gaz" entre l'Ukraine et la Russie.

Pour parfaire sa "com", la Russie mise aussi sur le lobbying. On se souvient de Gerhard Schroeder, passé directement, en novembre 2005, de la chancellerie allemande au comité des actionnaires du consortium Nord Stream AG, dominé par l'entreprise publique Gazprom.

L'ancien chancelier, grand ami de Vladimir Poutine, avait décroché son contrat quelques jours après que son gouvernement s'était porté garant d'un crédit de 1 milliard d'euros consenti au géant gazier par les banques allemandes Deutsche Bank et KfW. Le consortium est un peu comme un club d'affidés, puisque son PDG n'est autre que Matthias Warnig, un ancien de la Stasi (les services secrets de l'ancienne Allemagne de l'Est), jadis représentant de la Dresdner Bank en Russie, lui aussi très lié à Vladimir Poutine.

Aujourd'hui, la plupart des compagnies russes ont une ou plusieurs personnalités étrangères dans leurs conseils d'administration. Ces "directeurs indépendants", éloignés de la prise de décision, sont souvent recrutés "pour l'image" à la veille d'une mise sur le marché des actions de la société.

Ainsi d'Elsie Leung, ancienne secrétaire à la justice de Hongkong, recrutée par Rusal, le géant russe de l'aluminium, à la veille de sa mise en Bourse à Hongkong. Rusal, introduit depuis janvier 2010 à la Bourse de Paris, compte d'ailleurs le Français Thierry de Montbrial, le fondateur de l'Institut français des relations internationales (IFRI), parmi les membres de son conseil consultatif international.

Les banques russes ne sont pas en reste, sinon qu'elles recrutent uniquement en local. Ainsi la Masterbank - classée 60e banque russe en termes d'actifs et de capitaux sur 1 097 établissements - vient tout juste d'engager au poste de directeur exécutif adjoint Igor Poutine, le cousin germain du premier ministre russe.

Et pourtant, Igor Poutine, 57 ans, n'a rien d'un expert de la finance. Ce fils de militaire, diplômé de l'institut automobile de Riazan (à 196 kilomètres au sud de la capitale russe), a fait l'essentiel de sa carrière dans l'armée. Sur le tard, à l'âge de 50 ans, il a suivi des cours à l'institut d'économie et du droit de Moscou, pour devenir juriste et ingénieur... spécialisé dans les tracteurs.

Personne ne l'a jamais vu aux côtés de son premier ministre de cousin. On ne sait même pas si les deux hommes se fréquentent. Aucune importance. Pour la banque, le seul nom de Poutine, qui est aussi, soit dit en passant, une espèce de tomate ainsi qu'une marque de vodka et de conserves, est un gage de succès.

La preuve, Avtovazbank (l'établissement bancaire de l'usine automobile de la Volga, détenue à 25 % par Renault), qui a inclus depuis 2007 le cousin Igor dans son conseil d'administration, se frotte les mains. Depuis son recrutement, les dépôts des personnes juridiques ont augmenté de 12 %, ceux des particuliers de 40 %.

A chacun son talisman. Au Moyen- Orient, les banques attirent la clientèle en invitant des oulémas (théologiens) de renom à entrer dans leurs conseils religieux de supervision. En Russie, elles courtisent les hommes politiques et leur parentèle. Ainsi Dmitri Patrouchev, 33 ans, fils de Nikolaï Patrouchev, le secrétaire du conseil de sécurité, est à la tête de la Rosselkhozbank. Piotr Fradkov, 32 ans, fils de l'ancien premier ministre Mikhaïl Fradkov, est directeur adjoint de la Vnechekonombank. Alexandre Ivanov, 33 ans, fils aîné de l'ex-vice premier ministre Sergueï Ivanov, est chef d'un département dans la même banque, tandis que son jeune frère, Sergueï junior, 30 ans, est vice-président du comité directeur de Gazprombank. Un autre Sergueï, le fils de la gouverneure de Saint-Pétersbourg, Valentina Matvienko, dirige à 30 ans une filiale de la Vnechtorgbank (VTB).

Mais, ces jours-ci, tous les regards sont tournés vers la Banque de Moscou, qui administre le budget de la ville et veille sur les économies du maire, Iouri Loujkov. Evidemment, la banque est dirigée par un ami du maire, ou plutôt de l'ex-maire, car Iouri Loujkov vient tout juste d'être limogé par le Kremlin. De son successeur, on ne sait pas grand-chose, sinon, affirment les mauvaises langues, qu'il a sa propre banque.

Une lecture mondiale de Don Quichotte sur YouTube

Donner à Don Quichotte l'espace idéal pour son expression", voilà l'ambition de la Real Academia, l'Académie de la langue espagnole, qui s'est lancée, jeudi 30 septembre, dans un projet épique, digne, selon elle, de l'œuvre la plus connue de la littérature espagnole : faire réaliser une lecture mondiale du célèbre roman de Miguel de Cervantes, en ligne, par des internautes du monde entier.
Lors de la présentation du projet, le secrétaire de l'Académie, Dario Villanueva, a estimé que l'œuvre majeure de Cervantes avait été créée "par et pour les sens, et ceux qui prédominent sont la vue et l'ouïe, la vision et la diction". Le roman s'adapte donc "bien au nouvel espace audiovisuel et multimédia que représente Internet", a-t-il ajouté.

L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche a été divisé en 2 149 morceaux qui seront proposés aux internautes du monde entier. Ceux qui souhaitent lire un de ces passages peuvent s'inscrire sur le site www.youtube.com/elquijote, où un morceau leur sera attribué. L'internaute aura alors six heures pour mettre sa vidéo en ligne sur YouTube, après quoi le morceau qui lui a été attribué sera donné à quelqu'un d'autre.

LANGUE DES SIGNES, CHANSON, ILLUSTRATION, BANDE-SON

Seule condition pour participer : "faire sa lecture en espagnol". "Dans le domaine d'Internet, la langue espagnole ne dispose pas encore de l'espace qu'elle mérite", a déploré M. Villanueva. Par cette initiative, "nous voulons dénoncer cela et faire quelque chose pour corriger cet état indésirable", a-t-il conclu.


Le quotidien El Pais, qui revient en détail sur le projet, précise qu'un comité du centre d'étude cervantin de Alcala de Henares, ville de naissance de Cervantes, près de Madrid, est chargé de vérifier que le texte lu dans les vidéos mises en ligne correspond bien au texte du passage attribué et que la diction du lecteur n'altère pas la signification du texte. Rien de plus. Il n'y aura pas de sélection en fonction de l'accent ou de l'origine du lecteur. "La lecture pourra s'étendre à toute forme d'expression : langue des signes, chanson, illustration, bande-son...", écrit le quotidien espagnol. Il faudra seulement dans ce cas que la lecture inclue des sous-titres en espagnol par le biais de l'outil mis à la disposition par YouTube.

Les premières vidéos commencaient à être mises en ligne jeudi soir.