TOUT EST DIT

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jeudi 26 août 2010

Découvrez la carte des bons et des mauvais élèves de la zone euro

Au sein de la zone euro, les indices se suivent et ne se ressemblent pas. L'économie allemande plastronne avec sa croissance à 3 % alors que les dettes et déficits publics de l'Irlande, de l'Espagne et de la Grèce ne laissent pas d'inquiéter.
Quel est le point commun entre l'économie allemande, toute pimpante de sa forte croissance, et l'économie irlandaise, fraîchement déclassée par l'agence de notation Standard and Poor's ? L'euro. La zone monétaire européenne affiche en effet en son sein une forte disparité en dépit — ou à cause, diront certains — de ses taux d'intérêt uniques de la Baltique à l'Algarve fixés à Francfort par la Banque centrale européenne (BCE).

Les optimistes qui avaient espéré que les pays de l'euro convergeraient après la crise liée à la dette publique de plusieurs d'entre eux, en premier lieu la Grèce, en sont pour leurs frais. En abaissant d'un cran sa note sur la solidité financière de l'Irlande, Standard and Poor's vient de rappeler que la zone euro est loin d'être sortie d'affaire.Pour ajouter à la fébrilité sur les maillons faibles de la zone euro, les désormais fameux Pigs (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne), le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a décidé de diriger en personne, aujourd'hui jeudi, la réunion de ses principaux ministres chargés de l'économie et des comptes publics.

À l'inverse, la première économie de la zone euro, l'Allemagne, fait preuve d'un insolent optimisme, relayé avec une moindre amplitude par ses voisins néerlandais et autrichien. Le climat des affaires outre-Rhin atteint un pic : en août, l'indice Ifo, relevé auprès de quelque 7.000 firmes, est, contre toute attente, au plus haut niveau depuis trois ans. Les firmes allemandes peuvent se financer au très favorable taux d'intérêt bas commun valable pour les 16 pays de l'euro, presque au risque d'une prochaine surchauffe. La banque centrale allemande prédit du coup une croissance de 3 % cette année en Allemagne et, surtout, que le déficit public allemand va retomber dès 2012 au seuil de 3 % du produit intérieur brut (PIB), fixé par le Pacte de stabilité européen.

Le rêve de la France

Une performance dont rêve la France, même si sa croissance au deuxième trimestre (+ 0,6 % par rapport à l'hiver dernier) n'est pas des plus mauvaises. Avec l'Italie (+ 0,4 % de croissance au printemps), la France fait partie de ce groupe de pays de la zone euro dont le PIB progresse mais qui inquiètent, en particulier les marchés financiers, sur leur capacité à réduire nettement et fortement leurs déficits et dettes publics. Le directeur de la recherche chez Natixis, Patrick Artus, distingue, lui, les pays « qui profitent peu de la croissance du commerce mondial et de celle des pays émergents » et « où la profitabilité des entreprises est insuffisante » (France, Espagne, Italie, Portugal) et ceux qui, à l'instar de l'Allemagne, savent tirer profit des économies émergentes.

Le spectre d'une restructuration de la dette grecque hante à nouveau les salles de marché. "Nous n'imaginons pas un défaut d'un pays de la zone euro", rassure Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. Mais l'absence de cohésion dans la zone euro fait débat. "Un important conflit autour des orientations des politiques économiques s'annonce", anticipe Patrick Artus. La politique monétaire de la BCE est ainsi excessivement favorable à l'Allemagne et, peut-être, pas assez pour les "mauvais élèves".

Robert Jules et Frank Paul Weber

Le possible et l'idéal

L'incertitude rendait le retour des gouvernants à la table du Conseil des ministres un peu plus pesant que ne l'est habituellement ce marronnier de fin de vacances. Jusqu'à La Forestière, la veste bleue du Premier ministre à Brégançon que l'on avait chargée de tous les symboles du remaniement, attendu comme la solution aux embarras de Nicolas Sarkozy. Pourtant à y regarder de près, nous sommes dans une de ces crises cycliques que connaissent tous les présidents de la 5e République après deux ou trois ans de mandat. La seule vraie différence c'est que Pompidou, Giscard et Mitterrand avaient, sans états d'âmes, viré Chaban, Chirac, Mauroy et Rocard tandis que Nicolas Sarkozy est bien embarrassé pour trancher le cas de François Fillon.

Même si nous donnons l'impression de le redécouvrir à chaque fois, nos présidents arrivent, tous, au pouvoir avec une ligne idéologique très ferme, construite dans l'euphorie mais sans jamais avoir rapproché le possible de l'idéal. Et à ne pas se préoccuper de la jonction des belles théories avec l'aspiration populaire, ils s'écartent de l'intérêt général. La réalité de notre société vient de se rappeler au bon souvenir de l'idéologie dans ces jours charnières où commence la deuxième partie du quinquennat.

La relance de la mécanique personnelle du président de la République passe par un renouvellement obligé de sa politique, par la rénovation de son image et, probablement, par un changement de Premier ministre. Car pour important que soit le chamboulement du gouvernement, il ne pourra donner le sentiment fort du changement en gardant le pourtant populaire François Fillon.

Nicolas Sarkozy peut alors opter pour un Premier ministre technicien et remanier l'équipe des conseillers de l'Élysée. Son autre choix serait d'organiser un repli stratégique, en choisissant la ligne chiraquienne qu'il a combattue et en se mettant à l'abri derrière un chef de gouvernement solide et maître de sa politique. En cas d'échec ou de relance trop molle, Nicolas Sarkozy dirait « Je n'y suis pour rien » et proposerait une politique alternative. Le profil idéal pour ce Matignon-là serait Alain Juppé dont on a bien du mal à croire qu'il n'aspire qu'aux Affaires Étrangères.

DANIEL RUIZ

L'ombre de DSK planera sur La Rochelle

Comme depuis 2006, Dominique Strauss-Kahn ne sera pas à La Rochelle pour le rassemblement de sa famille politique. Et pourtant, son nom sera dans toutes les bouches.

Qu'il se rende en France ou reste à Washington, qu'il prenne la parole ou garde le silence, Dominique Strauss-Kahn continue d'attirer tous les regards, spécialement à la veille de l'université d'été du PS. Et même s'il désire, pour le moment, attendre dans l'ombre, d'autres se chargent de le pousser dans la lumière.

Parmi les plus actifs, le président du Conseil régional de Bourgogne et sénateur, François Patriat. Après avoir publié une tribune sur LEXPRESS.fr intitulée "DSK, le recours", il en cosigne une nouvelle, sur le site internet du Monde cette fois-ci. Dans son sillage, une vingtaine de sénateurs socialistes.

C'est justement dans les salons de la chambre haute qu'est en train de se tisser un réseau national, déterminant dans la course élyséenne. Au cours de petits-déjeuners, des élus de toute la France se retrouvent pour affirmer leur soutien à une candidature de DSK.

Chaînon indispensable, les Bouches-du-Rhône. Aux dernières nouvelles, Jean-Noël Guérini, l'homme fort du département, n'a pas (encore) assisté à ces réunions, mais des sénateurs du coin y étaient. Marquer du sceau DSK cette fédération est déterminant en vue des primaires. Et pour assurer le coup, des clubs Génération DSK commencent à pousser un peu partout. Aucune trace pour l'instant d'une structure estampillée Bouches-du-Rhône. Ça viendra sans nul doute.

Silence et discrétion

La difficulté autour d'une éventuelle candidature du patron du FMI reste la même: il faut s'organiser pour ne pas se faire griller par la concurrence, comme en 2006 avec la victoire de Ségolène Royal. Mais dans le même temps, il faut rester discret. Les strauss-khaniens historiques l'ont compris depuis longtemps. Les néo commencent aussi à chuchoter lorsqu'ils évoquent le nom de DSK.

François Patriat, accompagné d'une vingtaine de sénateurs, avait ainsi prévu il y a quelques mois de prendre la parole lors du rassemblement de La Rochelle. Ce ne sera finalement pas le cas: "ça aurait fait cacophonie. On va plutôt se retrouver dès vendredi et juste en parler entre nous. Il n'y aura pas de mise en scène ou de plan com'".

Après tout, pourquoi organiser une manifestation pro-DSK quand sa seule absence suffit à faire parler de lui.

DSK FAIT BIEN DE SE POSER LA QUESTION; SA PLACE OU LE MARIGOT FRANÇAIS ? SI C'EST LE MARIGOT, IL SAIT PARFAITEMENT QU'IL N'Y A PAS D'AUTRE POLITIQUE POSSIBLE (à peu de chose près) QUE CELLE QUE MÈNE NICOLAS SARKOZY EN CE MOMENT. AURA-T-IL LE COURAGE POLITIQUE DE MENTIR AUX FRANÇAIS ?

Politique : quelle place pour les jeunes ?


Trois quarts des jeunes, 72 % des 18 à 25 ans, disent « penser politiquement » comme leurs parents. Seul un quart déclare ne pas s'inscrire dans leur filiation, qu'elle soit de droite ou de gauche. Ils ne sont en revanche que 5 % d'une génération à s'opposer aux choix idéologiques de leur père et/ou de leur mère.

Ce constat fait par Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS, est intéressant à un double titre.

D'abord, comment se construisent les choix des jeunes ? La famille continue d'être le creuset de leur identité politique, même s'ils négocient avec cet héritage, y compris pour le rejeter. L'école transmet des savoirs qui participent à la formation d'une culture politique, mais elle compte beaucoup moins que la famille. Viennent ensuite les rencontres avec les événements qui marquent une époque. On se souvient, par exemple, de la mobilisation, en 2006, contre le CPE (contrat première embauche). Enfin, les échanges avec les amis, les proches, les relations de travail ont une influence sur les trajectoires politiques.

Le jeune est de plus en plus en négociation avec son environnement immédiat, et il est de moins en moins porté par des collectifs et des organisations constituées. Il veut conserver un libre arbitre, une marge de manoeuvre, il est moins prêt qu'auparavant à épouser une seule et même ligne. L'interactivité des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) lui va mieux que l'écoute d'un discours unique.

En dix ans, les filiations de gauche et de droite ont diminué de 7 points (passant de 49 %, en 1997, à 42 % en 2007), tandis que le positionnement « apolitique » a progressé de 6 points, passant de 22 à 28 %. Cette évolution pose la question : comment la conscience politique des nouvelles générations va-t-elle se forger ?

Le monde des adultes peut-il se passer de la lecture critique des jeunes alors que, toutes catégories sociales confondues, leur soif de justice, de tolérance, de respect de l'environnement ou de liberté semble constituer une « culture commune » (Ipsos-mars 2009) ? Les responsables politiques doivent, face à cette génération, relever un défi : ils doivent s'adresser à de futurs citoyens qui se font de moins en moins d'illusions sur leur représentation démocratique, mais dont les aspirations, humanistes ou écologistes, constituent un terreau fertile pour de vrais débats.

L'engagement de la nouvelle génération est « à la fois plus réflexif et plus flexible », résume Anne Muxel. Aux adultes de prendre le temps de les éclairer, et surtout de leur donner une vraie place dans le débat politique.


Jean-Michel Djian

L'inquiétude et la loi

Ce n'est pas une surprise. Le président de la République n'avait pas d'autre choix. Malgré le pape. Malgré les réserves de plus en plus nombreuses au sein de sa propre majorité. Malgré les commentaires sévères du Times ou des quotidiens américains... Que pouvait-il faire d'autre que de soutenir bruyamment les mesures sécuritaires de Brice Hortefeux et les expulsions de Roms ? S'il ne le faisait pas, s'il avait choisi la discrétion, s'il avait seulement montré l'ombre d'un doute, il était laminé : cela équivalait à l'aveu d'un excès. D'un abus. Impossible.
La stratégie qu'a choisie le chef de l'État l'oblige à aller toujours plus loin, toujours plus en avant, pour justifier le démantèlement musclé des camps et le ciblage d'une communauté parmi d'autres. Voilà maintenant que l'Élysée met sur la table des statistiques spectaculaires sur l'augmentation phénoménale des délinquants roumains. Et tant pis si la divulgation de ce genre de comptage par nationalité est inédit ! Elle apportera un élément de preuve irréfutable.
Car il en va, en effet, de la « loi », qui doit être respectée. Personne n'a prétendu qu'elle ne devait pas l'être mais on fera comme si. Nicolas Sarkozy fait semblant de ne pas voir que c'est l'esprit des reconduites à la frontière, et les méthodes employées, plus encore que les mesures elles-mêmes, qui choquent et provoquent une large réprobation. Cette - comment dire - « instrumentalisation » de faits bien réels pour flatter les réflexes xénophobes d'une partie de l'opinion, qui provoque « une certaine inquiétude » de la commission européenne, saisie, pourtant, par le Premier ministre lui-même.
A Bruxelles comme ailleurs, personne, pourtant, ne doute de la réalité du dossier Rom. Si l'Europe ne peut pas non plus se contenter de déclarations d'intention, elle rappelle sagement que rien ne pourra être réglé par des coups à l'emporte-pièce avec des dispositifs estivaux aussi imprégnés de manifestes arrière-pensées électorales qu'inopérants.
Le niqab au printemps, les Roms à l'automne. Les urgences élyséennes sont tout de même très sélectives - un segment étroit, diraient les gens du marketing - dans une période où la France doit faire face à des défis autrement plus décisifs pour son avenir. Le président préfère entretenir sciemment cette polémique interminable. S'il savait comme on préférerait parler d'autre chose.


Olivier Picard

Leçon des profondeurs

Forcément, la légende (et Hollywood) s’emparera de l’histoire si extraordinaire des 33 mineurs rescapés d’un accident de leur mine de cuivre et d’or au Chili, le 5 août dernier, et repérés, tous vivants, dimanche dernier. Forcément, après l’euphorie de les savoir sains et saufs, commence une longue attente, bien rude encore. Et quand ils seront enfin sortis, restera le souvenir – peut-être le traumatisme – de cet angoissant enfermement forcé à 700 mètres sous terre.

Mais pour l’heure, grâce aux journalistes de l’Agence France-Presse et aux médias locaux, nous parviennent des informations sur la force d’âme de ces hommes. Ils ont entre 19 et 63 ans ; certains sont mariés, d’autres célibataires. Sans doute la dureté de ce métier et ses traditions de fraternité les ont-elles préparés à affronter l’épreuve avec courage. Ils ont résisté et espéré ensemble ; ils se sont partagé les maigres réserves de nourriture, se sont organisés en tours de garde, mettant à profit les savoir-faire et les spécialités de chacun… On imagine les plus forts soutenant ceux qui flanchent. On sait aussi leur joie immense quand ils ont appris qu’aucun de leurs copains n’était mort dans la catastrophe. On raconte qu’ils ont chanté l’hymne national à pleine voix, un hymne qui parle du ciel bleu et pur du Chili ! L’un, parmi ces mineurs, s’est imposé comme leur chef et c’est lui qui a pu envoyer le message inespéré : « Nous allons bien, les 33 dans le refuge. » Les secours désormais veillent sur leur alimentation, leur santé, leur moral. Pour cela, les familles sont mises à contribution, qui doivent les encourager à coups de petits messages d’amour et d’humour. Une tendresse qui, dans les jours ordinaires, ne s’exprime pas toujours : « Je n’ai jamais reçu un mot de lui comme cela, il n’a jamais été aussi romantique », raconte une épouse.

Tout un peuple, fier de ce dont ils ont été capables, promet de ne pas les laisser tomber. Dans les noirceurs de l’actualité, il est des histoires à lire comme une allégorie pour le temps présent : où il est question, face à l’adversité, de courage, d’une autorité acceptée et partagée, de solidarité et d’espérance.


Dominique Quinio

LA MORT PROGRAMMÉE DU CAMESCOPE

Caméras de poche, appareils photo compacts ou reflex, « smartphones »… Il est désormais possible de prendre des films à partir de multiples terminaux, avec une qualité d'image en net progrès. De quoi menacer l'avenir des Caméscopes.
Il ne manquait que lui ou presque. Le fabricant d'électronique Panasonic vient d'annoncer son entrée sur le marché des caméras de poche ou « pocketcams », avec la commercialisation, dès le mois de septembre, du HM TA1. « Vu le succès actuel de ces produits, nous ne pouvions pas être absents », juge Laurent Roussel, directeur général de Panasonic France. De fait, en quelques mois, les « pocketcams » sont devenues un véritable phénomène de mode. Ces minicaméras ultralégères et qui tiennent dans la poche, permettent de poster en quelques secondes des vidéos sur Internet grâce à des logiciels intégrés. Tout cela pour un coût abordable, puisqu'elles affichent un prix moyen de seulement 116 euros en France.

Entre janvier et juin de cette année, 117.000 caméras de poche se sont vendues en France, selon GfK. Sur l'ensemble de l'année, GfK s'attend à ce que les ventes de « pocketcams » atteignent les 380.000 unités. « En un an, on a assisté à la naissance d'un marché à part entière » souligne Noëlie Joire, analyste chez GfK. Si Cisco a été pionnier en la matière avec le lancement de la caméra Flip à l'automne 2009, la plupart des constructeurs (JVC, Kodak, Sony, Toshiba, Samsung…) sont à leur tour entrés sur le marché. Il ne reste que Canon qui, à l'heure actuelle, reste muet sur ses intentions.
Démocratisation

Le succès des « pocketcams » est révélateur de la mutation actuelle du marché de la vidéo. « La vidéo se démocatrise et devient une fonctionnalité presque banale pour les produits électroniques. Cela devient un critère d'achat », note Laurent Roussel, directeur général de Panasonic France. Longtemps seul terminal permettant de filmer dans de bonnes conditions, le Caméscope est du coup concurrencé par une série d'autres terminaux. C'est le cas des appareils photo numériques compacts, dont près de 100 % des modèles proposent une fonction vidéo. « L'avantage de ce format, c'est qu'on peut l'emmener facilement avec soi et prendre des vidéos en instantané. Surtout, on a fait des progrès importants en termes de qualité, avec le développement de la haute définition, qui équipe 40 % des compacts présents sur le marché », juge Marc Héraud, secrétaire général du Sipec, qui regroupe les professionnels de l'image et de la photographie. La tendance est la même sur les « smartphones », qui proposent de plus en plus cette fonction. La Full HD fait même son apparition pour certains modèles haut de gamme.

Cette année, c'est au tour des reflex d'être touchés par la mode vidéo. Selon GfK, 50 % des reflex vendus au cours du premier semestre incorporaient une fonction vidéo, contre 30 % l'an dernier. « Le mode vidéo reflex ouvre de nouveaux champs. Il apporte une meilleure qualité - on peut changer d'optique -que le Caméscope et permet de filmer avec un grand angle », souligne Laurent Roussel.

Dernière avancée technique en date, l'arrivée de l'autofocus en mode vidéo, ce qui permet à l'utilisateur de régler son sujet comme pour une prise photo, et qui sera proposé à la rentrée par le D3100 de Nikon. De quoi toucher un public d'amateurs éclairés, voire de professionnels. Autant d'évolutions qui annoncent une redistribution des cartes sur le marché. Le Caméscope en fait déjà les frais. Au premier semestre, 245.800 unités se sont vendues en France, un chiffre en baisse de 14,3 %, selon GfK. Le bon vieux film à la papa a du souci à se faire.


Maxime Amiot

Face à la dématérialisation, le marché du développement photo mise sur les services personnalisés

Si les Français prennent de plus en plus de photos, ils privilégient, pour les développer, les albums ou impressions à domicile plutôt que les tirages en laboratoire.
Le chiffre laisse rêveur. Selon un sondage TNS Sofres publié le 9 août dernier, 25 % des Français - sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes -ne comptent développer aucune photo de leurs vacances d'été. Leurs clichés de plages au sable fin ou de retrouvailles familiales resteront stockés sur leur ordinateur, DVD, voire disque dur externe. C'est là un paradoxe : avec le numérique, les Français prennent de plus en plus de photos, mais ils développent de moins en moins. Ainsi, en 2009, les possesseurs de reflex ont pris en moyenne 1.942 clichés, tandis que les possesseurs de compacts ont pris 936 photos. « A l'époque de l'argentique, on était sur une moyenne de 100 films par an et par appareil », souligne le Sipec. Las, la facilité de prendre des clichés en numérique, le développement des réseaux sociaux et la diversification des modes de stockage ont rendu la gâchette des photographes plus facile.
Le tirage professionnel recule

Difficile de développer une telle masse de documents. Selon Futuresource Consulting, le marché du tirage photo en France s'est effrité pour la première fois en 2009, de 3 % en volume et de 9 % en valeur, à 376 millions d'euros. Reste que cette dématérialisation ne touche pas toutes les formes de développement. Elle touche principalement le tirage numérique professionnel qui recule de 9,2 %.

Qu'il s'agisse des bornes de tirage photos disponibles dans les grandes surfaces ou dans les gares, ou de laboratoires photos classiques (FNAC, photographes…), ce tirage fait moins recette que par le passé. Il est même moins prisé que les développements à domicile - sur imprimantes personnelles -qui représentent 30 % des tirages environ. Selon le baromètre Ipsos-API, 57 % des Français ont imprimé chez eux au cours de l'année 2009, loin devant le recours à des services professionnels (46 %).

Pour les professionnels, le salut se trouve finalement du côté des services personnalisés, comme la constitution d'albums photo, de calendriers, de « pêle-mêle », et autres cartes multiformats… Ces ventes sont en hausse constante, avec notamment un boom des ventes d'albums personnalisables, dont les ventes ont bondi de 50 % en 2009 pour représenter un marché de 54 millions d'euros. Photobox, Photoweb, Photoways… Autant d'acteurs qui surfent sur ce succès et affichent des taux de croissance élevés.

La bosse des maths

Malgré ce que répètent les atrabilaires, le génie français se porte bien. A preuve, les deux médailles Fields - considérées comme les prix Nobel de mathématiques -que viennent de remporter deux jeunes chercheurs français. Ces brillantes distinctions consolent du médiocre rang des universités françaises au fameux classement de Shanghai ou des performances moyennes de notre pays à la course aux Nobel. Et elles sont d'autant plus convaincantes que, sur les cinquante-deux médailles décernées depuis la création du concours, onze sont allées à la France, classée ainsi au deuxième rang juste après les Etats-Unis (13). Mieux même : au cours des trois dernières sessions (quadriennales), les Français ont remporté quatre médailles. Nul doute qu'ils ont la bosse des maths.

Cette relative distorsion entre les classements internationaux tient peut-être en partie à ce que cette discipline souffre moins de la tyrannie de l'anglais, qui se faufile ailleurs dans les innombrables publications fondant les autres classements. Comme la musique, la mathématique se joue de ces frontières… Cette remarque anecdotique n'ôte rien au fait que l'école française est l'une des meilleures, sinon la meilleure du monde. Les lauréats eux-mêmes imputent cette excellence à celle de nos classes préparatoires aux grandes écoles et à leurs résultats. La leçon est à l'adresse de ceux qui les dénoncent pour « élitisme » (ce qui est bien l'objectif), en s'appuyant sur des calculs qui ne sont pas théoriques, mais électoraux.

Elle tient donc aussi à la préférence nationale traditionnelle pour l'intelligence pure, la théorisation, la performance humaine face aux énigmes vertigineuses. L'époque veut qu'à celles-ci un nombre malheureusement croissant de zélateurs prétendent répondre par l'obscurantisme ou des caricatures de religions. Il est réconfortant que des Français occupent un tel rang dans le camp d'en face, celui des Lumières.

L'embellie de l'emploi et son ombre

Cette fois-ci, le gouvernement a raison de se réjouir de la baisse du chômage en France. Le nombre de demandeurs d'emploi a diminué en juillet pour le deuxième mois d'affilée. L'ascension semble enfin enrayée, après un bond de 700.000 en deux ans. Ce renversement s'inscrit logiquement dans un paysage de l'emploi redevenu plus favorable : création de plus de 60.000 postes en six mois, recul des plans sociaux, dynamisme de l'intérim, signaux encourageants du côté des cadres, reprise de l'embauche des jeunes, et même difficultés à recruter dans une entreprise industrielle sur cinq. Il est certes trop tôt pour crier victoire. Le halo du chômage s'étend encore sur 4 millions d'hommes et de femmes dont 2,7 millions de sans-emploi. L'activité n'est pas assez assurée dans les prochains mois pour garantir la poursuite du reflux mois après mois. Et la grande majorité des Français continue à s'inquiéter de la situation du marché du travail, redevenue leur premier souci. Mais il y a clairement une embellie. Et le gouvernement est légitime à en revendiquer une part, ne serait-ce que sur l'emploi des jeunes soutenu par la création de dizaines de milliers de contrats aidés.

Le regain de l'emploi est d'autant plus encourageant que l'activité reste molle. Au-delà des aléas trimestriels, la production est sur une pente de progression de 1,5 %, et c'est sans doute le maximum atteignable pour au moins deux ou trois ans. Or cette pente était considérée jusqu'à présent comme le seuil de déclenchement de l'embauche. Il semble aujourd'hui que la France soit capable de créer du travail en deçà.

Cette bonne nouvelle toutefois a son revers. Car les postes créés sont souvent fragiles, proposés en intérim ou en contrat à durée déterminée. Avec la crise, la distance s'est creusée entre le noyau dur de l'emploi - des postes plutôt sûrs, avec des salaires corrects -et la périphérie. Comme l'expliquent les économistes Pierre Cahuc, Tito Boeri et Samuel Bentolila sur le site Voxeu.org, les réformes adoptées ces dernières années pour assouplir le marché du travail, en France comme ailleurs en Europe, ont exercé leurs effets uniquement sur cette périphérie. La situation est tendue chez ceux qui n'ont pas encore franchi les couches successives de l'emploi stable - un jeune actif sur quatre est au chômage. Elle l'est aussi chez ceux qui en ont été exclus - le chômage continue de progresser chez les plus de 50 ans, ce qui ne facilite pas le recul souhaitable de l'âge de la retraite. Pour revenir à plus d'équité, il faut compléter les réformes en refermant l'éventail des statuts du travail, qui vont aujourd'hui de la sécurité absolue à la précarité totale. Une embellie de l'emploi devrait profiter à tous.



Jean-Marc Vittori