TOUT EST DIT

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dimanche 15 août 2010

L'embellie jalousée

Quel tonitruant cocorico vendredi parce que la France a atteint 0,6% de croissance au deuxième trimestre et se place ainsi en tête des pays du « Club Med », les Etats du sud de l'Europe ! Mais l'Allemagne affiche fièrement 2,2% en profitant pleinement de la timide reprise mondiale.
Pourquoi ? Parce que l'économie allemande, grâce à la chimie et aux machines-outils, est structurellement orientée vers l'exportation ? C'est vrai, elle a su exploiter à fond la baisse de l'euro, une baisse pourtant décriée et redoutée outre-Rhin, alors qu'en France, elle était attendue comme le messie pour galvaniser nos ventes. Ce qui, paradoxalement, n'a d'ailleurs pas empêché le gouvernement d'expliquer les mauvais chiffres de notre commerce extérieur par cette même baisse de l'euro. Apparemment, quand rien ne va, on ne sait plus quel bouc émissaire charger...
L'exportation seule n'explique pas la reprise allemande. La demande intérieure est repartie et jamais nos voisins n'ont autant importé, notamment de France. Le chômage se stabilise à 7,5% et le chômage partiel a pratiquement disparu. Ce système de « Kurzarbeit » (chômage partiel), généralisé dans les grandes entreprises avec des indemnités allant jusqu'au salaire plein, est certes à court terme plus coûteux que le recours immédiat à l'assurance-chômage. Mais il est payant à moyen terme et, pour les salariés, psychologiquement plus acceptable par une flexibilité entrée dans les mœurs. Quand les commandes arrivent, le personnel répond présent. Inutile de réembaucher, de refaire des formations perdues d'avance avec de nouveaux licenciements au premier coup de froid...
Évidemment, tout n'est pas rose, et de loin, outre-Rhin. L'embellie actuelle dépend pour une large part d'une reprise mondiale fragile. Et l'Allemagne connaît des disparités sociales grandissantes avec de plus en plus de laissés-pour-compte tributaires des aides « Hartz IV ». Quant au gouvernement, il ne profite guère de la situation davantage due au dynamisme de l'économie qu'à l'action politique.
Néanmoins, toute l'Europe devrait se réjouir de cette croissance, dans l'espoir de s'accrocher à la locomotive allemande. Avec toutefois un risque de crises de jalousie suivies d'étalages égocentriques aux prochains sommets européens. Car les « grands » de l'UE ne jouent plus dans la même cour. Traditionnel aiguillon de l'Europe, le « couple » franco-allemand avance en claudiquant. Avec la France traînant la jambe et au discours discrédité par les « affaires » politico-financières qui font les choux gras de la presse allemande...


Jean-Claude Kiefer

Stars du ballon rond, regardez les nageurs !

Si le sport contemporain est le miroir de l'esprit des nations, c'est à n'y plus rien comprendre. Au mois de juin, les professionnels aguerris de l'équipe de France de football rentraient de la Coupe du monde sud-africaine avec pour tout bilan un fiasco moral et sportif. Leur trop fameuse grève de l'entraînement, le 20 juin, symbolisait le premier. Leur piteuse élimination, deux jours plus tard, soldait le second.







Quelques semaines ont passé et voilà d'autres sportifs français qui collectionnent les prouesses. Les athlètes d'abord, qui rentrent des championnats d'Europe de Barcelone auréolés de dix-huit médailles (un record) et de huit titres continentaux, y compris dans la discipline reine du 100 mètres. Et paradent joyeusement sur les Champs-Elysées, à l'instar des champions du monde "Blacks, blancs, beurs" du - lointain ! - Mondial de football 1998.

Les nageurs ensuite, qui collectionnent ces jours-ci, eux aussi, titres et performances et éclaboussent de leur talent les bassins des championnats d'Europe de Budapest. Certains, presque trentenaires, trouvent là le couronnement de longues années d'abnégation, d'autres, encore juniors, font irruption dans le palmarès international, d'autres encore confirment leurs exploits des Jeux olympiques de Pékin de 2008.

Bref, athlètes, nageurs et nageuses français réussissent là où les footballeurs ont totalement échoué : transmettre une conception du sport de haut niveau alliant travail et passion, intelligence et plaisir ; et incarner un esprit d'équipe et une solidarité collective d'autant plus méritoires qu'ils pratiquent, pour l'essentiel, des sports individuels.

Le contraste est trop saisissant pour ne pas s'interroger sur l'échec des uns et le succès des autres. Au-delà des individus - un entraîneur, Raymond Domenech, enfermé dans ses erreurs et ses entêtements, des stars du ballon rond aux ego surdimensionnés -, c'est bien l'industrie planétaire du football et l'ahurissante spirale commerciale et financière dans laquelle elle est prise depuis des années qui semblent en cause.

On nous opposera les footballeurs espagnols, logés à la même enseigne mais champions du monde, eux. On nous objectera, de même, que les publicitaires lorgnent depuis quelques années sur ces icônes populaires que sont devenus quelques champions de la piste et de la piscine.

Il n'empêche. L'argent roi a bouleversé les systèmes de formation des footballeurs, couvés dès 13 ans dans des usines à champions, montés en graine trop vite et coupés du monde, quand la plupart des athlètes et nageurs restent attachés à leur famille, leur région et leurs études. Et l'argent fou a détraqué les esprits. Comment pourrait-il en être autrement, quand un Thierry Henry gagne quelque 8 millions d'euros par an, alors qu'un double champion d'Europe de natation touchera environ 30 000 euros de primes de la fédération ?

Croissance - l’Europe mène la danse

Les chiffres du deuxième trimestre montrent une activité de la zone euro supérieure aux Etats-Unis. Avec 0,6 % de croissance, la France n’est pas en reste. Une heureuse surprise.

L’Europe, facilement taxée de « vieillissante », montre les crocs. Habituée aux queues de peloton quand on évoque la croissance ou le chômage, elle affiche pour la période avril-juin, contre toute attente, un dynamisme bienvenu. Avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1 %, elle fait même mieux que les Etats-Unis, qui revendiquent une progression de 0,6 %. Mieux encore, la bonne tenue de la zone euro n’est pas seulement due à un seul pays, mais bien à une majorité d’entre eux : derrière l’Allemagne et ses 2,2 % de croissance, les Pays-Bas (+ 0,9 %), l’Autriche (+ 0,9 %), la Belgique (+ 0,7 %) et la France (+ 0,6 %) affichent tous des performances équivalentes, voire supérieures à celles d’outre-Atlantique. Seuls restent à la traîne quelques pays dits de la « périphérie », essentiellement à cause de dettes publiques faramineuses : Espagne et Portugal ont un PIB quasi stable et la Grèce est même passée dans le rouge, à – 1,5 %.

La France retrouve des couleurs

Sur le territoire français, la croissance de 0,6 % est perçue comme une bonne nouvelle, à juste titre : au premier trimestre justement, la reprise est portée par deux principaux piliers. D’abord la consommation des ménages. Incertaine après un premier trimestre stable et la disparition progressive de la prime à la casse, elle réussit à s’améliorer entre avril et juin de 0,4 %. Le deuxième facteur d’importance est l’activité des entreprises. Profitant d’une consommation en hausse, ces dernières semblent avoir retrouvé confiance dans l’avenir. Cela se traduit par de nouvelles dépenses d’investissement et par des créations nettes d’emploi : 35.000 nouveaux postes sont ainsi apparus sur la période, après 23.900 au cours du premier trimestre. Face à ces bonnes perspectives, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, s’est dite « convaincue que la France tiendrait son objectif de 1,4 % de croissance en 2010 ».

Pour autant, les économistes incitent à la prudence. Ils redoutent un essoufflement de cette reprise et mettent en cause les plans d’austérité budgétaires en place un peu partout et le retrait progressif des mesures de soutien accordées pendant la crise. Mais le plus préoccupant est encore l’importance du commerce extérieur dans cette croissance : « La reprise reste dépendante des exportations des principales économies, qui ne devraient pas mettre longtemps à ralentir », justifie ainsi Jennifer McKeown, du cabinet Capital Economics. En clair, si l’Europe ne trouve pas de clients pour ses produits, la récession pourrait faire son retour avant la fin de l’année.

Les sex toys sont-ils encore tabous?

Gadgets, salons, sites Internet, cours particuliers, etc., l'érotisme décomplexé s'invite dans l'intimité conjugale. Jusqu'où?

Au diable les bluettes et les romances édulcorées! "Les trois quarts de nos quelque 200 000 visiteurs annuels viennent en couple", assène l'organisateur des plus grands salons de l'érotisme en France, Eropolis. Mieux: près de la moitié sont des femmes. Il y a quelques années encore, l'attraction licencieuse était pourtant quasi réservée aux hommes célibataires... Les derniers barrages ont cédé.

Sous les lumières électriques des showrooms de lingerie comme devant les spectacles de strip-tease les plus hot, maris et femmes déambulent désormais main dans la main. La plupart observent les nouveautés, "par curiosité", explique le responsable d'Eropolis. D'autres brisent "leurs derniers tabous". De Lille à Besançon en passant par Arras, les habitants des villes grandes et moyennes sont chaque année plus nombreux à venir admirer les dernières nouveautés -toujours plus osées- exposées par les professionnels d'un marché florissant. Lingerie fine, "jouets" dernier cri, atelier point G et autres cours de strip-tease intégral en direct peuvent attirer, sur un week-end, plusieurs dizaines de milliers de badauds sans complexes. "Personne ne se cache plus pour venir", confie le directeur, souriant.

Depuis que la très chic styliste Nathalie Rykiel les a affiché en vitrine, les canards vibrants ne se rangent plus au fin fond des tiroirs! Acheté en grande surface, par correspondance ou dans un "lovestore" de luxe, l'accessoire coquin est devenu le must de tout couple balbutiant, mûr ou sur le déclin. C'est d'ailleurs la dernière nouveauté: le "sexe à piles" n'est plus seulement destiné aux femmes en mal de plaisir, mais se pratique désormais le plus souvent à deux. Le soir de la Saint-Valentin, les ventes battent même tous les records...

"Même en déplacement, le conjoint peut continuer à faire plaisir à sa femme"

Le romantisme a vécu, place au concret! Les soirées Tuppergode, copiées sur les réunions Tupperware, font elles aussi école. Autour d'un thé entre copines ou d'une tisane entre voisines, on compare, on tripote, on papote tout en admirant les objets de plaisir dernier cri. Ici, les célibataires sont rares. Et les hommes ne sont jamais loin: "Beaucoup encouragent leur femme à se rendre à ces réunions, quand ils ne s'y invitent pas avec leur moitié", raconte Sophie Giral, gérante d'Amour et Bagatelle, qui organise un peu partout en France ces séances de ventes à domicile.

Car, devant le succès de ces coteries, les fabricants se sont diversifiés: canards vibrants, boules de geisha colorées et autres vibromasseurs multifonctions - tel le fameux rabbit, rendu célèbre par la série Sex and the City et qui est encore cette année en tête des ventes. Mais le produit phare actuel est réservé aux couples: l'oeuf vibrant déclenchable par Internet. Il en existait déjà une version télécommandée: désormais, l'objet peut se manipuler par écran interposé, à l'aide d'un simple code. "Même en déplacement, le conjoint peut continuer à faire plaisir à sa femme", s'enthousiasme Sophie Giral. Entre deux mails sur Blackberry?

Pour ceux qui préfèrent toutefois conserver le contact charnel, une autre philosophie du plaisir se développe à son tour, le tantrisme. La psychologue Christine Lorand, professeure de tantra, propose des journées, des soirées et des stages entiers d'initiation aux plaisirs ancestraux de cette forme de yoga en duo. Et ici, dit-elle, les couples ne viennent pas toujours pallier une libido en berne. "C'est la recherche d'autre chose qui intrigue, souligne la thérapeute. Une façon d'être en relation avec l'autre plus totale et plus profonde." Loin des diktats de la performance sexuelle. Enfin!