TOUT EST DIT

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lundi 9 août 2010

Redressements de 800 millions d'euros pour les entreprises en 2009

Des redressements records de près de 800 millions d'euros ont été infligés en 2009 aux entreprises épinglées pour un défaut de cotisations sociales, selon un bilan provisoire de l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) révélé lundi 9 août par Les Echos.
Les contrôles réalisés par l'Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf) l'an dernier ont permis de restituer 781 millions d'euros à la Sécurité sociale, une hausse de 70 % par rapport à 2008, alors que le montant récupéré par les cotisants atteint 213 millions, soit une baisse de 15 %.

DEUX TIERS DES ENTREPRISES CONTRÔLÉES ONT FAIT L'OBJET D'UN REDRESSEMENT

Cette hausse des redressements s'explique par un meilleur ciblage des entreprises : l'Urssaf a contrôlé environ une entreprise sur cinq pour les sociétés de plus de deux cents salariés, contre une sur dix pour celles qui en emploient entre dix et deux cents.

Résultat, près des deux tiers (63 %) des entreprises contrôlées ont ainsi fait l'objet d'un redressement. La principale cause réside dans le recours abusif de l'employeur aux primes et avantages en nature, qui ne sont pas soumis à cotisation sociale. Volonté de fraude ou erreur, les entreprises dépassent souvent le plafond autorisé.

IRRÉGULARITÉS DANS LES DÉCLARATIONS DE FRAIS PROFESSIONNELS

L'Urssaf a détecté en outre des irrégularités dans le calcul des allégements de charge pour les bas salaires ainsi que les déclarations de frais professionnels.

Le bilan provisoire de l'Acoss montre aussi une montée en puissance de la lutte contre le travail au noir : neuf mille contrôles ont débouché sur des redressements de 130 millions d'euros en 2009, soit 20 % de plus que l'année précédente.

L'Urssaf a notamment opéré des contrôles aléatoires dans les petits commerces de détail (stations-service, bijouteries, boutiques de souvenirs, fleuristes…), relevant des infractions dans 12 % des cas.

ATTENTION, L'URSSAF POUSSE LE BOUCHON TROP LOIN, LES ENTREPRISES EN ONT RAS LE BOL DE CES CONTROLES, LA DÉLOCALISATION EST UNE SOLUTION, SINON, C'EST LE DÉPÔT DE BILAN ET TANT PIS POUR L'EMPLOI, APRÈS TOUT, UNE ENTREPRISE QUI NE GAGNE PAS D'ARGENT NE SERT À RIEN. ELLE NE TRAVAILLE PAS QUE POUR LE FISC !

Fragments, autoportrait d'une Marilyn Monroe à la recherche d'elle-même

Le mystère Marilyn encore entier ? Des centaines de livres sur l'actrice de Certains l'aiment chaud ont voulu apporter un nouvel éclairage à la personnalité complexe de l'actrice. En voilà un de plus, et il n'est pas sans importance, car l'auteur... n'est autre que la star elle-même. L'ouvrage inédit sortira en France le 12 octobre prochain aux éditions du Seuil. Un volume de 250 pages rassemblant des photos personnelles, des extraits de journaux, des lettres et des poèmes écrits par Marilyn elle-même, de l'âge de 17 ans à sa mort.

À travers ces documents, Marylin Monroe raconte l'histoire de sa propre vie. La vedette américaine dévoile en filigrane, notamment dans sa correspondance avec son psychanalyste, sa nature mélancolique qui lui collait à la peau. "Pour la première fois, on entre dans l'univers mental de Marilyn qui cherche à comprendre le monde qui l'entoure, ses relations aux autres, avec elle-même", déclare à l'AFP Bernard Comment, coéditeur de l'ouvrage, à qui Anna Strasberg, responsable du fonds Marilyn Monroe Estate, a directement confié ces textes. On redécouvre l'actrice sous un nouveau visage, déjà esquissé par Michel Schneider et son ouvrage Marilyn, dernières séances : une femme angoissée, piégée dans sa propre image, qui "cherche à fuir les clichés" hollywoodiens, explique l'éditeur.

Avec ces nouveaux éléments, c'est une Marilyn d'une grande sensibilité et intelligence qui revient sous les feux de la rampe. Caroline Gutmann, une des collaboratrices de M. Comment : "Ce qui est bouleversant, c'est le regard qu'elle porte sur elle-même et sur le monde factice qui l'entoure, sur le travail d'actrice." Une sagacité qui est aussi littéraire : la star étonnera le public par son style fin et empreint de références à de grands écrivains : un de ses trois maris, Arthur Miller, mais aussi James Joyce, Samuel Beckett et le fondateur de la poésie américaine, Walt Whitman. Des choix pour le moins inattendus et éclectiques. L'écrivain et chroniqueur italien, Antonio Tabucchi, à qui on a confié l'écriture de la préface, écrit : "À l'intérieur de ce corps vivait l'âme d'une intellectuelle et poète dont personne n'avait le soupçon."

Lois d'exception

S'il entendait provoquer un débat enflammé, Nicolas Sarkozy ne s'y serait pas pris autrement. En avançant ses propositions de déchéance de nationalité, notamment à l'encontre de « toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique », il rencontre incontestablement la sensibilité d'une grande partie de la population. Hardiment assumée à la droite de la droite, soigneusement refoulée à gauche, cette corrélation implicite entre immigration et criminalité empoisonne la conscience publique. D'autant qu'en l'absence volontaire de statistiques ethniques, les références partisanes se substituent à la connaissance des faits.

De l'avis de juristes, ces dispositions pourraient entrer en collision avec l'article 1 er de la Constitution, qui assure « l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine… » Sans doute depuis une ordonnance de 1945, abrogée en 1998, une telle déchéance s'appliquait-elle aux criminels naturalisés depuis moins de dix ans et condamnés à cinq ans de prison ou plus. Et pendant ces cinquante-trois ans, on ne sache pas qu'elle ait été déclarée inconstitutionnelle. C'est probablement le précédent que compte exploiter le gouvernement le moment venu. De telles lois d'exception, d'ailleurs, n'ont pas manqué dans l'histoire de la République. De 1848 contre les trafiquants d'esclaves, à 1927 contre ceux qui portent atteinte à l'intégrité de l'Etat, ou à 1947 pour faits de collaboration. Dans la période moderne, elles sont généralement inspirées par l'état de guerre. Nul doute que le président y pensait quand il a évoqué sa « guerre » à la nouvelle criminalité… En faisant l'économie des déclarations belliqueuses ou des indignations vertueuses, il semble raisonnable de prendre cette initiative pour ce qu'elle est : un coup politique à risque constitutionnel calculé.

La Méditerranée est la chance du textile français

A l'heure où les préoccupations environnementales et sanitaires viennent renforcer la réglementation en vigueur dans l'industrie textile, les leaders chinois et indiens commencent à craindre pour leur avenir. De nouveaux acteurs issus de pays émergents font leur apparition sur le marché du prêt-à-porter, proposant des prix défiant toute concurrence et des créations prêtes à la vente, où le créateur n'a plus qu'à ajouter la touche finale en les personnalisant. Après le bas de gamme, ce mode de fonctionnement commence à conquérir le moyen comme le haut de gamme. Pour répondre à une demande grandissante du consommateur, le créateur est obligé de se remettre sans cesse en question, de rivaliser d'innovations avec ses concurrents, et bien évidemment d'adapter ses prix vers une baisse significative tout en restant compétitif.

Comment le secteur du textile français peut-il aujourd'hui concilier productivité, qualité, proximité et respect de l'environnement sans tomber dans l'excès généré par les leaders asiatiques ? Du fait de sa proximité géographique mais également culturelle, le bassin méditerranéen nous est apparu comme la solution. Contrepoids aux géants asiatiques, la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, l'Italie, l'Espagne et aussi la Turquie représentent une grande diversité de potentiels en matière de « sourcing » pour l'industrie du textile.

Là où nous autres industriels souhaitons réaliser des économies, nos voisins méditerranéens nous le permettent. Les coûts de transport sont alors considérablement réduits au profit d'un gain de temps et d'un environnement plus préservé. D'une qualité de confection et d'assemblage égale aux leaders voire supérieure pour un coût quasi similaire, les pays du bassin méditerranéen commencent à inquiéter leurs concurrents dans le monde, plus axés sur le profit au détriment de la qualité. La Chine ne bénéficie pas actuellement d'une bonne publicité, notamment en termes de respect des travailleurs : le salaire horaire minimal en euro étant pour la Turquie de 1,76, de 0,88 pour le Maroc et de seulement de 0,25 pour la Chine. D'autant plus que l'activité textile dans le bassin méditerranéen est vecteur de progrès social et notamment un facteur d'émancipation pour les femmes, ce qui n'est pas le cas en Chine, compte tenu de conditions de travail extrêmement difficiles.

Viennent s'ajouter à cela des relations souvent tendues ou litigieuses avec les leaders asiatiques du fait de la barrière de la langue ou d'un manquement aux engagements qui n'ont pas lieu d'être en Euro-Méditerranée. Issus d'une même culture, nous partageons des valeurs et un patrimoine commun, d'où nous puisons notre savoir-faire.

Cette intégration européenne par le « sourcing » se poursuit par le bénéfice du paneuromed (cumul des franchises de douanes) soutenu par la Direction des douanes françaises, l'image d'une production euroméditerranéenne est ainsi valorisée. A Marseille, un pôle de compétitivité est en train de se constituer afin de favoriser les échanges et les synergies entre la France et les autres pays du bassin.

Avec le lancement de la résidence des designers en 2010 au sein de la Cité euroméditerranéenne de la mode sous l'impulsion de Maryline Bellieud-Vigouroux, les jeunes créateurs euroméditerranéens bénéficient d'un accompagnement professionnel, d'un réseau d'experts de la mode, leur permettant de développer leurs compétences. Sélectionnés par leurs fédérations respectives, ces jeunes talents évoluent dans le respect d'une culture méditerranéenne. La cité renforce donc les échanges et le dialogue d'une rive à l'autre de la Méditerranée par le biais de ces jeunes entreprises pour établir le berceau du « sourcing » textile de demain.




JEAN-BRICE GARELLA

BlackBerry et Realpolitik

Au creux du mois d'août, il arrive que l'actualité offre, de façon impromptue, un résumé de quelques tendances de fond, comme un concentré de mondialisation et de postmodernité. Tel est le « feuilleton » BlackBerry, la série de controverses opposant Research In Motion à des gouvernements du Moyen-Orient ou d'Asie désireux de mieux contrôler les flux de données échangés grâce aux « smartphones » de la firme canadienne. L'affaire confirme que, sous toutes les latitudes, l'Internet mobile bouleverse l'économie et les modes de vie. Car au-delà de la clientèle historique des businessmen, c'est bien le grand public qui est désormais l'enjeu pour RIM, surtout dans les pays émergents. Aux Emirats arabes unis, par exemple, la clientèle de la marque est composée à 80 % de particuliers. Un public pour qui, si l'on demande ce qu'apportent les nouveaux biens de consommation, le téléphone multimédia représente souvent, à l'échelle de l'investissement, le changement le plus important dans la vie quotidienne, surtout pour les femmes et les jeunes urbains… Précisément le problème pour certains gouvernements, qui entendent certes doper la consommation, mais sans trop relâcher leur contrôle étroit de la société, notamment des catégories les plus « mouvantes ». Les sismologues appellent cela les « zones de subduction » : ces points de l'écorce terrestre où les mouvements contrastés des plaques tectoniques font s'accumuler l'énergie génératrice des séismes. Elles sont nombreuses dans le tissu économique et social des puissances émergentes.

Or des dirigeants comme ceux des Emirats, ou auparavant de la Russie - qui, dès la fin de 2007 avaient obtenu de RIM l'installation sur leur territoire d'un serveur permettant de contrôler les communications -, ont désormais assez de poids économique, ne serait-ce que par le potentiel de leur marché, et de volonté politique, souvent ancrée dans l'histoire, pour ne se laisser dicter par l'Occident ni le rythme ni les termes de leur gestion des libertés civiques. En outre, certains arguments sécuritaires ont une valeur objective : en Inde, par exemple, le fait que les terroristes à l'origine des attentats de Mumbai communiquaient par BlackBerry, avant leur attaque, pèse lourd sur les esprits et les négociations.

Ce genre de tension, dont les mésaventures de Google en Chine étaient aussi l'illustration, a toutes les chances de se reproduire ; managers et dirigeants occidentaux n'ont pas fini de composer avec cette autre facette de la multipolarisation. Loin d'être un renoncement, les concessions faites par RIM à l'Arabie saoudite et celles qui pourraient suivre ailleurs, relèvent du bon sens, et pas uniquement sur le plan économique. Il suffit pour s'en convaincre d'échanger avec des utilisateurs de BlackBerry dans le Golfe. Entre le maintien de leur service, même sous contrôle, et un retour au statu quo ante, leur choix est vite fait. La liberté de communication est une aspiration universelle, mais sa conquête a toujours réclamé de composer avec les spécificités nationales.

Un « smartphone » permet de se passer de beaucoup de choses, mais pas de la Realpolitik.



ARNAUD LE GAL

Priorité à gauche

Le 13 août, ce sera priorité à gauche. Qu’on se rassure, le code de la route n’est pas remis en cause. Pas plus que l’équilibre politique des institutions. Non, le 13 août sera la journée internationale des gauchers. Une façon pour les gauchers pas plus gauches que les autres de reprendre la main sur les droitiers. Car à l’évidence, la société est droitière. L’école laïque et républicaine a poussé à la conversion des générations d’enfants gauchers. Et l’Église n’y allait pas de main morte non plus, elle qui voyait le bras (gauche !) de Satan animer ses ouailles gauchères... Pour lutter contre autant de préjugés, combien de gauchers ont dû en venir aux mains... Les statisticiens, pas manchots pour deux sous, ont fait les comptes : les gauchers représentent 8 % de la population mondiale. Entre 13 et 16 % en France. Afin de ne plus passer pour des petites mains, les gauchers ont donc leur journée. Depuis 1976, une fois l’an, ils prennent leur courage à deux mains pour revendiquer leur différence. Quelques célébrités leur prêtent main-forte : Obama, Bill Gates. Jadis Jules César levait le pouce... gauche. Et Charlot, autre gaucher célèbre, ne réservait pas ses effets un peu gauches aux seuls droitiers. Le cœur sur la main, les droitiers applaudissent cette initiative des deux mains bien sûr. Il faut dire que, cette année, les gauchers ont eu la main heureuse : le 13 août tombe un vendredi !

L'État, l'impôt et les Français

Les Français et leurs dirigeants parlent beaucoup d'impôts, mais le débat procède souvent par stéréotypes et slogans. Au « Trop d'impôt tue l'impôt » de la droite s'oppose « Les riches paieront » de la gauche.

Les États ont perdu une partie de leur souveraineté fiscale, soit en raison d'engagements internationaux (comme les Traités européens en matière de droits de douane ou de TVA), soit en raison de la concurrence fiscale entre États dans un système globalisé et ouvert. Au-delà de cette contrainte, une imposition idéale devrait satisfaire trois critères majeurs : être équitable, claire et prévisible.

- L'équité. Un impôt équitable est progressif ce qui n'est pas vraiment le cas pour la TVA, quand les produits nécessaires à la vie quotidienne des Français, quelle que soit leur fortune, sont taxés à un niveau élevé. L'équité souffre aussi lorsque des dispositifs légaux permettent d'échapper au fisc.

Mais, ces allégements sont nécessaires car on a trop chargé la barque : 80 % de l'impôt sur le revenu sont payés par moins de 20 % des Français. Seuls 19 millions de ménages, sur un total de 35 millions, payent l'impôt sur le revenu, pour cause d'abattements divers ou de revenus insuffisants, ce qui en dit long sur la faiblesse des revenus nets après les prélèvements sociaux. Mais l'iniquité la plus grave vient des différences d'imposition selon l'origine des revenus (salaires, dividendes, patrimoine immobilier...).

- Cette iniquité est aggravée par l'absence de transparence du système. La fiscalité sur les revenus, par exemple, doit aussi prendre en compte la CSG. On doit également inclure la fiscalité locale, à la fois la plus obscure et la plus inéquitable. Sans lien avec la qualité de la gestion des élus, les taxes locales peuvent varier de 20, 30 ou 50 % à quelques kilomètres de distance ! Il vaut mieux être un contribuable parisien qu'un contribuable de banlieue ou de province.

Cette absence de clarté résulte en partie de la superposition de multiples échelons locaux, mais surtout de l'émiettement communal qui a suscité l'intercommunalité. Or il n'y a jamais eu effet de substitution, mais addition d'une nouvelle couche de taxes, dont la plupart des Français ignorent l'origine et la destination.

- La troisième qualité d'un bon impôt est qu'il peut être annoncé clairement. L'adage « les bons impôts sont les vieux impôts » signifie qu'avec le temps, on peut constamment les améliorer. Et surtout, l'on donne aux acteurs économiques et sociaux un point fixe par rapport auquel ils peuvent organiser leurs stratégies d'épargne, de consommation ou d'investissement. De ce point de vue, la faillite du système français est totale. Il est atteint d'une bougeotte permanente qui, d'une année fiscale à l'autre, modifie la donne.

On navigue à vue. Telle année, les intérêts d'emprunt pour l'achat de la résidence principale sont déductibles, ce qui n'est plus vrai l'année suivante, mais le redeviendra peut-être sous peu... Le système est à la fois illisible, inéquitable et imprédictible.

Il serait temps de substituer une stratégie globale à cette politique de court terme. Un préalable s'impose : réduire la dépense publique, seul moyen d'éviter de nouvelles charges fiscales sur des bases aussi médiocres et contestables. Le candidat Sarkozy avait annoncé, en 2007, une « remise à plat » du système fiscal. Encore une promesse électorale pour 2012 ?


(*) Président émérite de l'Institut universitaire européen de Florence.

Liberté

Il est des succès qui retentissent comme des échecs. La victoire annoncée de Paul Kagame à l’élection présidentielle qui se déroule lundi 9 août au Rwanda symbolise l’absence de démocratisation de son pays. Aucune opposition crédible n’a en effet pu s’exprimer durant la campagne électorale. L’appareil d’État était aux ordres du parti au pouvoir et de nombreux dissidents ont été neutralisés.

Le bilan de Paul Kagame, l’homme fort du pays depuis seize ans, peut certes lui valoir un plébiscite dans les urnes. Il est l’un des artisans de la reconstruction du Rwanda, qui avait été vidé par le génocide de 1994 et la fuite consécutive de centaines de milliers d’habitants craignant des représailles. Malgré le terrible traumatisme subi, le pays connaît un développement économique certain. La paix s’est installée, la guerre ayant été exportée sur le territoire voisin de la République démocratique du Congo. Le régime est souvent cité en exemple pour sa lutte contre la corruption, la promotion des femmes ou l’attention à l’environnement. Et pourtant. Le système autoritaire qui sévit aujourd’hui traduit la préservation d’intérêts de plus en plus concentrés au faîte du pouvoir et alimentés par des activités douteuses en RD-Congo.

Pour les pays occidentaux, la qualité des relations à entretenir avec le régime se pose. Paul Kagame bénéficie d’un soutien actif des pays anglo-saxons et compte toujours parmi ses amis l’ancien président américain Bill Clinton et l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, qui l’auréolent du prestige d’un « libérateur » – il apparaît ainsi que ce n’est pas un privilège français de soutenir en Afrique des personnalités peu recommandables. Paris, de son côté, a des difficultés à tenir une partition autonome dans la région des grands lacs africains. Quant à l’Union européenne, elle a joué aux abonnés absents le temps de l’élection, en n’envoyant pas d’observateurs. Acteur incontournable, Paul Kagame pourrait pourtant être mis au défi, par les démocraties occidentales, d’instaurer une véritable liberté d’expression et d’accepter le développement d’une société civile dynamique et indépendante.



Jean-Christophe Ploquin

Soleil sur l'économie et sortie de crise aoûtienne ?

La météo économique, elle aussi, aime bien les mois d'août. C'est dans l'une des deux semaines les plus calmes de l'année pour l'actualité politique hexagonale que la Banque de France dévoilera ce matin ses prévisions de croissance pour le troisième trimestre, et que l'Insee révélera, vendredi, les résultats du second. Une information très importante, tant elle comptera pour orienter la vision budgétaire du gouvernement à l'automne. Or, avant même la publication de ces deux indicateurs, les entreprises du CAC 40 saluent déjà la « sortie de crise ».
Enfin, cette formule magique, tant attendue, tant espérée, tant psalmodiée sur le mode incantatoire, pourrait être prononcée sur la foi d'un bulletin de santé prometteur. Les 28 plus grands groupes français, qui ont publié leurs résultats semestriels, peuvent se féliciter, en effet, d'une amélioration conséquente de leurs profits, en hausse de 225 % par rapport à la même période de 2009. L'activité (chiffre d'affaires cumulé) progresse de son côté de 12 %, et il ne reste plus qu'Alcatel Lucent pour afficher des pertes.
Cette embellie plus précoce que prévu, qui doit beaucoup à une reprise générale dans le monde - et en particulier au dynamisme des pays émergents - est-elle suffisante pour qu'on mette les drapeaux aux fenêtres ? Hélas, non. Le réveil de l'économie européenne reste poussif et le redémarrage de l'Amérique, moteur traditionnel des sursauts de croissance, connaît déjà un coup de frein avec une rechute du chômage.
La bonne forme des géants français - fort relative au demeurant (on n'a pas encore retrouvé les niveaux de 2008) - risque de faire contraste avec la déprime d'une société française à qui l'on promet des mois et sans doute des années difficiles. Le discours optimiste des chefs des très grandes entreprises sera inévitablement dissonant avec celui, inquiet, des patrons de PME, qui restent en situation très périlleuse.
Pour les politiques, ce décalage dans la lecture de l'économie sera une donnée psychologique délicate à gérer. Comment demander des efforts au nom de la crise, et justifier des réductions d'effectifs un peu partout pour prix de la rentabilité, au moment où des bénéfices spectaculaires sont présentés comme les témoins de... la fin de la crise ? Cette contradiction estivale hantera l'automne social.

Olivier Picard

Maigret s'en est allé...

Bruno Cremer, décédé, samedi, à l'âge de 80 ans, restera sans doute pour le grand public l'incarnation du commissaire Maigret, pipe au coin de la bouche, rôle qu'il interpréta pour la télévision pendant 14 ans.

Bruno Cremer est décédé, samedi, dans un hôpital parisien, a annoncé, hier, son agent, France Degand. Le comédien luttait depuis plusieurs années contre un cancer. Il était né le 6octobre 1929 à Saint-Mandé, près de Paris, d'une mère d'origine belge et d'un père qui prendra la nationalité belge parce que la France n'a pas voulu l'accepter comme soldat durant la guerre, contrairement à la Belgique. Sa cicatrice à la lèvre remonte à ses sept ans, alors qu'il faisait la course avec son frère sur un vieux vélo. Une descente, des freins qui lâchent, un virage et un mur... Il confiait avoir eu très jeune le désir de devenir acteur. «Ca m'a pris à 12 ans. Cette porte de sortie m'a sauvé la vie. Sans cela, je ne sais pas ce que j'aurais fait», confiait-il, en 2000, lors de la parution de son autobiographie «Un certain jeune homme».

Cuvée 1952, comme Marielle Belmondo et Rochefort

Après ses études secondaires, il suit des cours de théâtre au Conservatoire à Paris. Il fait partie de la cuvée 1952, celle de Belmondo, Marielle et Rochefort: «C'était ma jeunesse, nous formions une bande insouciante qui ne se prenait pas du tout au sérieux». Il joue Oscar Wilde, Shakespeare, Anouilh. Pas de plan de carrière avec lui. Il reconnaît volontiers «que la chance lui a souri». S'il débute au cinéma avec Alain Delon dans «Quand la femme s'en mêle», en 1957, sa carrière s'accélère vraiment, en 1964, avec la «317e section», de Pierre Schoendoerffer. Il se spécialise dans les films militaires, les rôles de flic teigneux et les histoires d'espionnage où il fait le coup de poing, tout en usant de délicatesse et d'intelligence.


La 317ème Section
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110 films et téléfilms

Au fil des années, son registre se fera plus discret et émouvant. Il travaille beaucoup avec Yves Boisset et Jean-Claude Brisseau et joue, entre autre, dans «Le Bon et le méchant» de Claude Lelouch, «L'Étranger» de Luchino Visconti, «Le Convoi de la peur», de William Friedkin, «Noce blanche», de Jean-Claude Brisseau avec Vanessa Paradis. À son actif, plus de 110 films et téléfilms, selon son agent.

Successeur de Jean Richard en 1991

À partir de 1991, il succède à Jean Richard pour incarner à la télévision Maigret, le flic le plus célèbre de France. «Il y a cent mille Maigret. Simenon le fait évoluer, se contredire. Je l'ai tiré vers sa part de mystère et je lui ai apporté un semblant d'humour, un regard un peu ironique», dit-il. Il ne renoue avec le long-métrage qu'en 2000, avec le film «Sous le sable», de François Ozon et «Mon père, il m'a sauvé la vie», film autobiographique de José Giovanni. En 2002, il retrouve Pierre Schoendoerffer dans «Là-haut, un roi au-dessus des nuages». Dans «Maigret et l'Étoile du Nord» diffusé en 2005, il apparaît amaigri et fatigué et sa voix a dû être doublée en raison de son cancer. Ce sera son adieu au commissaire. Bruno Cremer avait trois enfants, un fils Stéphane d'un premier mariage, et deux filles de son épouse Chantal, avec laquelle il est marié depuis 1984.