TOUT EST DIT

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mardi 20 juillet 2010

Facebook fait le plein de mécontents

Le réseau social reçoit une mauvaise note dans une étude de satisfaction américaine, et reste loin derrière Google, qu'il dépasse pourtant en audience.
Passé devant Google en terme d'audience au mois de mars, Facebook est cependant loin derrière le géant du net quand il s'agit de satisfaire ses membres. Le réseau social ne reçoit en effet que 64 points sur 100, contre 80 pour le moteur de recherche (et 77 pour Bing, 76 pour Yahoo ! ou encore 74 pour AOL), dans une étude de l'Americain Customer Satisfaction Index publiée aujourd'hui. Il est loin, bien loin d'un Wikipedia noté 77 ou d'un YouTube doté d'un 73. Dans les profondeurs du classement -les derniers 5 %-, il côtoie les mauvais élèves habituels, compagnies aériennes et sociétés de distribution du câble.

Les changements cavaliers de présentation ou dans le paramétrage sur le sujet sensible des données personnelles, ou encore le matraquage publicitaire ciblé expliquent le mécontentement de nombreux utilisateurs du site. Cependant, cela ne les empêche pas d'adhérer en masse au réseau social, qui devrait très prochainement accueillir son 500 millionième membre. Attention toutefois à ne pas tuer la poule aux oeufs d'or, prévient l'un des sponsors de l'étude : « Ils ont connu une croissance remarquable -impossible de dire quoi que ce soit de négatif à ce sujet », reconnaît Larry Freed, PDG de ForeSee Results Inc, interrogé par l'agence Bloomberg. Mais « une satisfaction basse signifie que l'on commence à mettre cette croissance en danger ».

En réponse, Facebook adopte un profil légèrement humble : « Nous n'avons pas étudié la méthodologie de ce sondage en détail, mais nous avons clairement une marge d'amélioration ». Puis adopte, comme Apple gérant son «Antennagate », une défense construite sur son auto-promo : « Construire un service simple, utile, est le meilleur moyen de gagner et d'entretenir la confiance des nos membres. C'est pour cela que nous passons tellement de notre temps et notre énergie à améliorer les produits que nous offrons et à en proposer de nouveaux ». Il ne suffira cependant pas à Facebook de distribuer des housses -comme va le faire Apple pour amadouer les utilisateurs d'iPhone 4 mécontents-pour récupérer les quelques 35.000 membres qui l'ont quitté dans le but de dénoncer sa politique de respect de la vie privée lors du « Quit Facebook Day » en juin dernier.

Eric Woerth n'a pas bradé de terrain dans la forêt de Compiègne

Le 14 juillet, Le Canard enchaîné et Marianne accusaient Eric Woerth d'avoir vendu à une société de courses une parcelle de la forêt de Compiègne (Oise) avec hippodrome et golf, à un prix très inférieur au marché et sans appel d'offres. La transaction a eu lieu en mars, seulement six jours avant qu'Eric Woerth ne quitte le ministère du budget pour celui du travail. Et le président de la Société des courses de Compiègne, Antoine Gilibert, serait, selon Le Canard enchaîné, un "familier" du ministre. De quoi faire naître de nouveaux soupçons contre Eric Woerth, empêtré depuis plusieurs semaines dans l'affaire Bettencourt. Pourtant, le processus de vente semble s'être déroulé de manière légale.
Le prix de vente n'a pas été sous-évalué. Selon un élu UMP et un magistrat de la Cour des comptes cités anonymement par Le Canard enchaîné, la vente aurait dû se faire autour de 20 millions d'euros. Ce domaine de 57 hectares n'a été vendu qu'à 2,5 millions d'euros, soit 44 000 euros l'hectare. Le prix a été fixé par les Domaines, un service du ministère des finances qui n'est pourtant pas réputé pour sa générosité.

Or, "aucune forêt ne se vend à ce prix-là", témoigne un expert forestier de la région, contacté par Le Monde.fr. Selon lui, "le prix de vente dans la zone du Compiégnois est plutôt situé entre 6 000 et 10 000 euros". Chez Forêt privée française, on tempère : "Cela dépend du type de forêt et de la valeur des infrastructures". De fait, le terrain comporte un hippodrome et un golf, ce qui explique le prix supérieur à celui pratiqué habituellement. Un agent immobilier de Compiègne juge pour sa part que le prix payé par la Société des courses de Compiègne n'est "pas du tout incohérent", le terrain étant déjà loué par son acquéreur, et en grande partie inconstructible.

La Société des courses de Compiègne payait effectivement 45 000 euros annuels de loyer. "Quand on fait le calcul, vu le prix qu'ils ont payé, cela équivaut à 56 ans de loyer. C'est donc forcément une bonne affaire pour l'Etat", juge l'expert. Bercy souligne que le rendement locatif était de 2 % par an : "Ce n'est pas intéressant pour l'Etat, dans ces cas-là il vaut mieux vendre", s'était d'ailleurs défendu le ministère du budget. "L'achat de ce bien demeure lié à un certain nombre de servitudes qui ont un impact important sur le prix auquel il est proposé", rappelle un notaire de la région.

Le sénateur-maire de Compiègne, Philippe Marini, a également estimé que la Société "a accepté l'évaluation du domaine, qui est 2,5 millions d'euros, ce que je trouve pour ma part assez élevé pour un site dont on bénéficie déjà". Une analyse partagée par un bon connaisseur du dossier. "Ici, le microcosme local trouvait que le prix était même trop élevé", souligne-t-il.

Dans l'hypothèse où une partie vierge du terrain serait un jour ouverte à la construction, la Société des courses de Compiègne pourrait en tirer un bénéfice nouveau. Ou si le golf était revendu par la suite, ce que le Courrier picard juge possible. Mais ces pistes ne sont aujourd'hui pas à l'étude.

Le processus de vente est contesté mais légal. Comme le souligne Le Canard enchaîné, cette transaction a été conclue de gré à gré, sans enchère ni appel d'offres. Dans les faits, "la grande majorité des cas de ventes de forêt se font de gré à gré, même s'il existe quelque cas de ventes aux enchères ou judiciaires", assure Michel Chavet, expert forestier.

Ce type de vente n'est pas inhabituel pour des biens de l'Etat. "Quand l'Etat vend, il n'y a guère de règles contraignantes sur la mise en concurrence ou la transparence. On peut le déplorer, mais c'est tout à fait légal", souligne Benoît Jorion, avocat à la cour d'appel de Paris et spécialiste de droit public. Un rapport parlementaire de 2005 soulignait qu'elle était "la plus simple" pour l'Etat, mais aussi "la plus contestable et la plus contestée". Et un décret de 2004 rappelle que la cession d'un bien par l'Etat "doit être précédée, en principe, d'une procédure de publicité et de mise en concurrence".

Bercy justifie le recours à une procédure de gré à gré par le fait que la Société des courses de Compiègne était déjà locataire des lieux et qu'elle est, en outre, propriétaire des bâtiments construits sur la parcelle. Une vente aux enchères pour ce terrain n'aurait pas eu beaucoup d'intérêt. "Les gens susceptibles d'acheter un hippodrome en appel d'offres se comptent sur les doigts d'une main", observe Michel Chavet. De fait, la société occupe le terrain depuis une centaine d'années.

"On ne peut pas faire autre chose de ce terrain. Le terrain était occupé, c'est comme si vous achetiez un terrain avec un bailleur dedans ou un appartement avec un locataire à bail éternel. Il y est ad vitam aeternam. La législation protège ce genre de terrain, on ne peut pas y faire autre chose", souligne un autre expert local.
"Qui, sinon la Société des courses de Compiègne, pouvait manifester un intérêt pour ce lot ? Probablement personne, c'est la première raison de son prix", commente un notaire local, qui rappelle que "ce genre de transaction est suivi de près par les Domaines, dans un cadre administratif strict et contrôlé".

Une transaction étonnamment rapide. Le 16 mars, un arrêté du ministère imposait à l'Office national des forêts la vente du terrain. Celle-ci aurait été effective dès le lendemain, assure Le Canard. Elle aurait été annoncée au président de la Société des courses dès le 29 octobre 2009, avant même que le conseil d'agglomération de la ville ne renonce à son droit de préemption, le 16 décembre, précise l'hebdomadaire.

Un argument battu en brèche par Philippe Marini, pour qui la vente "a en réalité été étudiée pendant 5 ans par les services de l'Etat." "C'est vrai que c'est un processus très rapide, tout ça a été très vite", s'étonne Pascal Leclerq, de la CGT-Forêt. La vente, conclue six jours avant le départ d'Eric Woerth du ministère, n'est certainement pas due au hasard. Elle a visiblement été accélérée par le ministre, picard et passionné de hippisme. Ce qui, pour autant, n'entache pas d'irrégularité le processus.

Le couple Woerth est très lié au monde du hippisme. Selon Marianne, qui publie une lettre d'Eric Woerth à Antoine Gilibert, le président de la Société des courses de Compiègne, le ministre s'est personnellement impliqué dans cette transaction. "Qu'un ministre intervienne personnellement dans une cession, je ne l'avais jamais vu, s'étonne un fonctionnaire de l'ONF cité par l'hebdomadaire. Il fallait que les choses soient tordues pour justifier une telle implication !"

"Même les plus proches du maire n'ont rien su de cette vente. Mais lors de l'assemblée générale de la société, le président a chaleureusement remercié Eric Woerth", a raconté un élu sous couvert de l'anonymat au Courrier picard. Marianne précise qu'Antoine Gilibert est un proche de Philippe Marini, une figure, comme Eric Woerth, de l'UMP dans l'Oise.

Antoine Gilibert a répliqué en estimant n'avoir "jamais vu" ni Eric Woerth ni son épouse. Le couple Woerth est pourtant très impliqué dans le milieu du hippisme, comme le relate Le Monde dans son édition du 16 juillet. Antoine Gilibert a participé aux activités de l'association France Galop, tout comme Florence Woerth, par ailleurs fondatrice et copropriétaire de l'écurie Dam's.


Nabil Wakim

Les salariés de GM Strasbourg votent le plan de reprise et renoncent à un tiers de leurs RTT

Les salariés de General Motors Strasbourg ont largement approuvé lors d'un referendum le plan de reprise de la nouvelle entité GM, qui conditionne le rachat de l'usine à un gel des salaires sur deux ans et une renonciation à des RTT, a-t-on appris mardi de source syndicale.

Sur les 929 votants (sur 957 salariés présents sur le site, soit un taux de participation de 97%), 645 se sont prononcés pour le plan (70,65%), tandis que 268 ont voté contre (29,35%), a indiqué à l'AFP Jean-Marc Ruhland, délégué CFDT (majoritaire), syndicat co-organisateur du vote aux côtés de FO et de la CFTC.

Hostile au plan de reprise, la CGT avait appelé à voter "non".

Dans un communiqué, la direction de GM Strasbourg s'est aussitôt félicitée de cette "forte approbation", estimant que "ce résultat montre que les salariés ont bien compris que l'avenir du site et de ses 1.150 emplois est la priorité".

Entamé lundi à 09H30, le vote, qui s'est déroulé à bulletin secret sous le contrôle d'un huissier, s'est achevé vers 23H00.

L'usine de Strasbourg fabrique des boîtes de vitesse pour des constructeurs automobiles, dont BMW. En recherche d'un repreneur depuis la faillite de l'ancien groupe américain, le site alsacien est détenu par MLC, une société chargée de céder les actifs de l'ancien General Motors.

Né l'an dernier, le nouveau GM, General Motors Company (GMC), est détenu à 60% par l'Etat fédéral américain.

GMC propose de reprendre le site si les salariés acceptent de réduire de 10% le coût de la main d'oeuvre, sans réduction d'effectifs mais avec un gel des salaires sur deux ans et en renonçant à plus d'un tiers des 17 jours de RTT.


CES PAUVRES COMMUNISTES DE LA CGT N'ONT DÉCIDÉMENT RIEN COMPRIS DES ENJEUX CAPITAUX QUI CONSISTENT À CONSERVER DES EMPLOIS EN FRANCE, PAYS DE LA GRÈVE GRATUITE.

Pour qui travaille un élu national

Diversion ! C'est le cri du coeur de la gauche, en pleine affaire Bettencourt-Woerth, à l'annonce de la mise en examen de la députée socialiste de Marseille Sylvie Andrieux, ancienne vice-présidente de la région Paca. Diversion, peut-être, mais grave interrogation, sûrement.

De quoi s'agit-il ? En l'état actuel du dossier, il semblerait qu'une somme d'environ 700.000 euros ait été versée par la région à des associations domiciliées dans la circonscription de Mme Andrieux. Celle-ci soutient qu'il est normal qu'un élu favorise les activités situées dans son fief électoral. La justice soupçonne qu'en réalité les associations en cause sont fictives et que les subventions distribuées n'ont servi qu'à acheter des militants chargés de départager les candidats à la candidature lors des élections législatives. A ce jeu, c'est celui qui parvient à financer les troupes les plus nombreuses qui l'emporte.

La vérité est que, dans une saine démocratie, aucune de ces deux explications n'est acceptable. S'agissant de la subvention d'associations fictives, cela va de soi : il s'agit d'un détournement pur et simple de l'argent public qui, s'il est avéré, pourrait valoir à son auteur une lourde condamnation. Mais, à supposer que les associations aient eu une activité réelle, cela soulève une sérieuse question non pas pénale mais politique : au service de qui travaille un élu de la République ? Pour les habitants de sa circonscription ou pour la nation et l'intérêt général ? Toute la tradition républicaine depuis la Révolution française plaide pour cette dernière réponse. La circonscription géographique n'est qu'une technique pour la désignation des députés mais chacun d'entre eux est l'élu de la nation. En favorisant les associations de sa seule circonscription, Mme Andrieux a de son mandat de député une conception clientéliste partagée, certes, par nombre de ses collègues, mais contraire à la tradition républicaine. Elle commet la même faute que Mme Penchard, ministre de l'Outre-mer, originaire de la Guadeloupe, qui avait déclaré en février dernier que sa seule priorité était le développement de son département.

Abus de faiblesse

Un mois après avoir dévoilé le projet de réforme des retraites, ce n'est plus le même homme qui engage la bataille parlementaire. Soupçonné de conflit d'intérêts pour avoir, lorsqu'il avait le portefeuille du Budget, obtenu l'embauche de son épouse Florence dans une société gérant les affaires de Liliane Bettencourt, principale actionnaire de L'Oréal, Eric Woerth est, certes, toujours ministre du Travail et de la Solidarité. Et, sauf élément nouveau, il devrait le rester quelque temps, à en juger par le soutien que lui apportent le chef de l'Etat et la majorité.

Mais, présumé coupable de liens avec les puissances d'argent - un délit auprès de l'opinion -, mal lavé de la si plaisante suspicion de complaisance fiscale envers la première contribuable de France, sans cesse incriminé de mauvais comportements sur la foi de témoignages scabreux, c'est un ministre éreinté moralement, et surtout politiquement, qui se présente à partir d'aujourd'hui devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.

Le contester serait nier l'évidence. En induire une fragilisation de la réforme des retraites serait expéditif. Il est trop confortable de penser que le destin d'un tel chantier est conditionné à la seule autorité de celui qui le conduit. Abuser de l'argument de faiblesse nuit à la justesse du jugement politique. A ce compte-là, l'ex-garde des Sceaux Rachida Dati, accablée de critiques dans les milieux judiciaires, battue froid par le chef de l'Etat, n'aurait jamais mené à bien la très impopulaire rationalisation de la carte des tribunaux.

Eric Woerth est vulnérable, mais le projet qu'il défend jouit de la protection de Nicolas Sarkozy, qui l'a initié et le revendique. Les syndicats l'ont compris, eux qui attachent peu d'importance à l'identité de leur interlocuteur, beaucoup plus au contenu du texte. Ils se sont bien gardés d'accabler le ministre et devraient continuer à s'en abstenir. Pour cette réforme cruciale de la deuxième moitié du quinquennat, le danger ne vient ni du débat syndical, ni du débat parlementaire.

Avec le travail législatif qui commence, dont la réalité est bien éloignée de l'image qu'en donnent les questions d'actualité, c'est la réforme elle-même qui va être mise en examen, pas l'homme qui la présente. La vie parlementaire a ses règles et ses usages. Si péril il y a, il vient moins de l'Hémicycle que de la rue, de cette manifestation syndicale unitaire du 7 septembre dont les responsables de la majorité craignent qu'elle n'agrège les ressentiments.

Mais, outre que la rentrée n'est plus depuis fort longtemps propice aux explosions sociales, l'arme du populisme est à double tranchant. Pour les artisans de la contestation, elle peut bien sûr attiser la colère, mais elle peut tout autant sinon plus sûrement détourner l'attention de l'enjeu qu'est le report de l'âge légal de départ. Viser le ministre plutôt que son projet n'est peut-être pas un si bon calcul.



JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

Le PS juge le débat sur les retraites pollué par l'affaire Woert

Le Parti socialiste réclame une instruction conduite par un juge indépendant dans l'affaire Woerth afin d'assurer un maximum de "sérénité" dans le débat qui s'ouvre ce mardi sur la réforme des retraites.
La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale engage l'examen du projet de loi qui reporte de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite et qui sera examiné en séance publique par les députés à partir du 7 septembre.
L'enquête sur les soupçons de conflit d'intérêt qui pèsent sur le ministre du Travail Eric Woerth pour ses liens avec l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt est menée par le parquet de Nanterre, qui est hiérarchiquement dépendant du ministère de la Justice.
"Le débat sur les retraites est plus que jamais pollué par les révélations en chaîne dans ce qu'il est devenu commun d'appeler l'affaire Woerth-Bettencourt", déclare mardi le groupe PS de l'Assemblée dans un communiqué.
"Dans l'intérêt du débat en commissions qui débute à partir de ce matin, les députés socialistes en appellent au chef de l'Etat pour que soit ouverte dans les plus brefs délais une information judiciaire", ajoutent-ils.
Pour le groupe PS, "seule la garantie d'une instruction conduite par un juge indépendant sera de nature à rendre au débat sur les retraites la sérénité et la crédibilité indispensables à la discussion d'un projet de loi considéré par tous comme l'un des plus importants de la législature".

SANS PROPOSITION CONCRÈTE, SANS MÊME L'AMORCE D'UNE IDÉE; LE PARTI SOCIALISTE POUSSE L'AFFAIRE WOERTH SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE, ESPÉRANT RETARDER LE DÉBAT, QU'IL SAIT PERDU D'AVANCE SUR CETTE INÉLUCTABLE RÉFORME DES RETRAITES.

La Suisse ironise sur l'ampleur de la dette dans l'UE

La Suisse, qui fait figure de modèle de rigueur dans la gestion de sa dette, a invité lundi les pays de l'Union européenne à prendre exemple sur elle en matière de discipline budgétaire, se demandant avec ironie si les critères de Maastricht existaient encore.

Lors d'une visite à Bruxelles, la présidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard, a expliqué que son pays avait un intérêt au redressement économique de l'Union européenne, même si elle n'en fait pas partie.

"Nous sommes solidaires, nous voulons une Europe forte, économiquement crédible", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse aux côtés du président de l'UE, Herman Van Rompuy.

"La Suisse a un niveau de dette de 39% du PIB (Produit intérieur brut), nous remplissons les critères de Maastricht, s'ils existent encore", a-t-elle ajouté sur le ton de l'ironie. "Et nous espérons que le président (Van Rompuy) réussisse avec son groupe de travail à trouver un mécanisme pour l'avenir qui stabilise la situation, restaure la confiance et positionne à nouveau l'Europe là où elle doit être", a souligné la présidente suisse.

Les critères de Maastricht sont ceux que les pays candidats à l'entrée dans la zone euro doivent respecter, notamment en matière de limitation du déficit public national annuel (pas plus de 3% du PIB) et de maîtrise de la dette publique (limitée à 60% du PIB).

Ces derniers critères sont aussi ceux que les pays membres de l'Union européenne et de la zone euro doivent respecter dans le cadre du Pacte de stabilité.

Or, le Pacte a volé en éclats avec la crise financière et économique en Europe. La quasi totalité des pays de l'UE, 24 sur 27, font aujourd'hui l'objet de procédures pour déficit excessif. De nombreux Etats dépassent aussi la limite fixée pour la dette.

Face à cette situation, M. Van Rompuy travaille avec les ministres des Finances de l'UE, au sein d'un groupe de travail, sur des solutions pour durcir la discipline budgétaire commune. Il est envisagé en particulier d'introduire de nouvelles sanctions contre les mauvais élèves, telles que la privation de subventions européennes ou la suspension de droits de vote dans l'UE.

La présidente suisse s'est par ailleurs félicitée de la mise en place par la zone euro et le FMI d'un Fonds de soutien de 750 milliards d'euros pour les pays de l'Union monétaire qui seraient confrontés à une grave crise.

Elle a aussi salué le programme de 110 milliards d'euros de prêts déjà accordés sur trois ans à la Grèce, exprimant l'espoir qu'Athènes "pourrait mettre en oeuvre dans le délai imparti les mesures" de rigueur exigées en contrepartie.

"La Suisse a aussi contribué à stabiliser la zone euro, pas seulement comme membre du FMI mais aussi via les achats de notre banque centrale qui sont vraiment une contribution (...) beaucoup plus importante que la majorité des membres de l'UE", a fait valoir Mme Leuthard.

Elle faisait entre autres référence à des achats importants d'euros sur le marché des changes, qui ont permis de limiter la baisse de la monnaie unique. Ces achats ont été réalisés par la Banque nationale suisse pour empêcher le franc suisse de trop s'apprécier, et soutenir ainsi les exportations suisses.

Sida : vers l'éradication du virus en 2050 ?

Les trithérapies soignent les malades, mais réduisent aussi la contagiosité. D'où l'idée de traiter pour prévenir.

Si toutes les personnes infectées par le virus du sida étaient dépistées et recevaient des médicaments antiviraux, l'épidémie pourrait sans doute disparaître dans quelques décennies. En effet, si les médicaments actuels ne permettent pas de détruire le virus, ils réduisent massivement, pour le patient traité, le risque de transmettre à son tour le virus à un tiers, par voie sexuelle ou par injection.

Test and treat («dépister et traiter»). Telle est désormais la philosophie qui anime les grands organismes de lutte contre le sida et notamment Onusida, qui s'assigne comme objectif à la fois de soigner les malades et d'empêcher de nouvelles contaminations. Alors que la 18e Conférence internationale sur le sida s'est ouverte dimanche à Vienne avec plus de 20 000 participants (chercheurs, médecins, associations), de plus en plus d'experts plaident pour une telle stratégie. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) en vient même à imaginer à l'horizon 2050 l'éradication de ce virus responsable de la mort de 25 millions de personnes depuis le début de la pandémie, en 1982.

«Cette stratégie s'appuie sur le fait que lorsque l'on diminue la charge virale des malades par le traitement le risque de transmission paraît plus faible, explicite le Pr Jean-François Delfraissy (directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida, Paris). «On considère que garantir un accès au traitement à tous ceux qui en ont besoin pourrait permettre de réduire jusqu'à un tiers les nouvelles contaminations chaque année», affirmait le dernier rapport d'Onusida, rendu public il y a quelques jours.

Jusqu'à présent, ce sont essentiellement des modèles, associés à des études d'observations, qui permettent d'envisager grâce à une telle démarche une possible éradication du virus du sida. Dimanche, à l'occasion de la Conférence mondiale sur le sida, la revue britannique The Lancet a publié les résultats d'une étude canadienne qui corrobore au moins partiellement ces hypothèses. Ce travail démontre que le seul traitement des séropositifs permet de diviser par deux le nombre de nouveaux cas d'infection par le VIH.

Autres études en cours

L'équipe du Pr Julio Montaner (directeur du Centre de lutte contre le sida à Vancouver et président de l'International Aids Society, qui organise la Conférence internationale de Vienne) s'est concentrée sur la province canadienne de Colombie-Britannique, où tous les malades infectés par le virus bénéficient depuis 1996 d'un accès gratuit aux soins. Elle a ainsi pu observer qu'entre 1996 (date du début des trithérapies) et 2009 le nombre de personnes traitées est passé dans cette région de 837 à 5 413. Dans le même temps, au cours de ces treize années, le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité par an est passé de 702 à 338, soit une baisse de 52 %. «Pour cent personnes de plus sous trithérapie, le nombre de nouveaux cas baisse de 3 %», résument les auteurs.

En revanche, les taux d'infections sexuellement transmissibles ont augmenté pendant la durée de l'étude, ce qui démontre que ses résultats ne sont pas dus à une baisse des conduites sexuelles à risque, mais bien à l'effet préventif des traitements. La réduction du nombre de nouvelles infections a été perceptible pour tous les modes de contamination et particulièrement pour les consommateurs de drogues injectables. «Nos résultats confirment le second bénéfice des traitements, qui est de réduire la transmission du VIH. Ils incitent à réexaminer la dichotomie établie entre prévention et traitement du VIH», concluent les auteurs. Plusieurs autres études sont en cours pour mieux évaluer l'impact du traitement sur la prévention. «Il y a encore beaucoup d'interrogations, précise le Pr Delfraissy. D'abord, il faut travailler sur l'acceptation du dépistage et l'adhésion aux traitements. Il faudra aussi surveiller les éventuelles résistances du virus aux traitements. Enfin, la question du coût d'un traitement pour tous ne peut être occultée. Actuellement, sur 33 millions de personnes infectées dans le monde, seulement 12 millions sont dépistées et 5 millions traitées.»

En attendant une éventuelle éradication du virus dans les quarante années à venir, les campagnes de prévention du sida par le préservatif continuent partout dans le monde. Les experts attendent avec impatience les résultats d'une étude présentée demain mardi évaluant l'effet d'un gel vaginal contenant un antiviral pour prévenir la contamination pour les femmes.

Des eaux trop profondes

Trois mois après la mort d'onze personnes sur la plate-forme Deepwater incendiée, les habitants de Louisiane, du Mississippi, d'Alabama et de Floride ont toujours sous les yeux la gigantesque tache qui défigure le golfe du Mexique, asphyxie les bayous, tue la faune et met au chômage des milliers de pêcheurs et d'hôteliers. La marée noire reste angoissante avec ses brefs espoirs et ses déceptions quand une nouvelle brèche dément les calculs des ingénieurs. Ces incertitudes sont une immense leçon d'humilité face aux défis techniques que constituent les plates-formes pétrolières en eaux très profondes.
Une fois de plus, une compagnie, ne voyant que les bénéfices escomptés si tout va bien, a joué avec le feu et minimisé les risques. Mais attendre la fermeture des plates-formes maritimes au nom de la sécurité est un vœu pieux. Notre dépendance aux énergies fossiles est énorme et la plate-forme en mer est décisive : quelque 20 000 plates-formes maritimes assurent plus de 20 % de l'approvisionnement mondial en pétrole.
Il est sûr en revanche que cette catastrophe doit conduire à renforcer la réglementation. Dans un premier temps, il faut aller au-delà du simple moratoire adopté sous la contrainte mais susceptible d'être oublié dès que les images des pélicans léchant leurs plumes huilées de noir auront quitté la une des médias. Le moratoire instauré aux États-Unis court jusqu'au 30 novembre, ce qui est le minimum. L'une des nouvelles règles pourrait être l'obligation de forer un puits de secours pour chaque puits foré en mer.
Avec environ 360 plates-formes pétrolières maritimes, l'Union européenne n'est pas à l'abri. L'avantage est que la moitié d'entre elles sont à moins de 250 mètres de fond. Des plongeurs peuvent donc intervenir alors qu'au large de la Louisiane il faut tripatouiller à plus de 4 km sous la croûte terrestre, ce qui explique qu'on en soit encore à tâtonner avec des robots téléguidés dans un noir d'encre.
Mais au large de la Grande-Bretagne une vingtaine de plates-formes forent à plus de mille mètres. L'Union européenne, si prompte à encadrer des domaines pas forcément décisifs, a donc ici un vaste champ pour légiférer sur un sujet sensible qui concerne à la fois la sécurité des hommes envoyés sur les plates-formes et la sauvegarde de notre environnement maritime.

Dominique Jung

Salariés sous pression

Les employés de General Motors à Strasbourg votaient hier sur une éventuelle réduction de leur rémunération

On saura ce matin si les 1 150 salariés de l’usine General Motors de Strasbourg ont en majorité dit oui ou non à une réduction de leurs avantages sociaux pour permettre le maintien des emplois sur ce site de fabrication de boîtes de vitesse. Les exigences formulées par l’employeur ne paraissent pas a priori exorbitantes. L’objectif est de réduire de 10 % les coûts de main-d’œuvre sans diminuer les salaires de base. Le projet prévoit donc un gel des rémunérations pendant deux ans, la suppression de la prime d’intéressement et de six jours de RTT sur 16. Les syndicats CFDT, CFTC et FO, plutôt favorables à ce projet, ont organisé le référendum d’hier. Seule la CGT a appelé à voter non, un de ses représentants affirmant : « La direction qui veut nous voler nous demande en plus de dire qu’on est d’accord. »

De fait, il y a quelque chose de cruel dans un tel épisode : on demande à des salariés de donner leur assentiment à une perte de revenus alors qu’ils sont situés tout en bas de la chaîne des responsabilités quant aux difficultés traversées par leur entreprise. Certes, mais cela vaut mieux que des suppressions d’emploi ou une fermeture de l’usine, répondent ceux qui négocient de tels accords. Car l’affaire de Strasbourg n’est pas la première du genre. Ces dernières années, à plusieurs reprises, des salariés ont accepté de faire des sacrifices, parfois importants, pour sauver des emplois.

L’effort n’a pas toujours été durablement récompensé. Dans certains cas, après quelques années, de nouveaux plans de restructuration ont été annoncés. Parfois par stricte nécessité, parfois à seule fin d’accroître les profits en délocalisant la production dans d’autres lieux. Dans un univers aussi compétitif, aussi internationalisé que l’est aujourd’hui l’industrie, la donne change sans cesse, ce qui interdit aux employeurs de prendre des engagements de maintien de l’emploi à long terme. En revanche, il faudrait au moins que les salariés aient l’assurance que les efforts nécessaires seront également supportés par les actionnaires.



Guillaume Goubert

Énergies vertes : leçon de Californie

À l'heure où le puits fou de BP déverse son pétrole dans le golfe du Mexique et où la France adopte une loi Grenelle 2 minimaliste, tandis que le prix du gaz domestique augmente, il est temps de prendre la mesure du double défi énergétique et climatique de l'avenir. Nous ne pouvons plus continuer à vivre comme si les ressources en énergies fossiles ¯ pétrole et gaz ¯ étaient infinies. Or, la crise, qui devrait être l'occasion de remettre à plat un système qui encourage le gaspillage, semble, au contraire, avoir renforcé crispations et conservatismes. J'ai ramené, d'une enquête de deux ans en Californie, un message d'espoir (1). Celui de bâtir le capitalisme vert, imaginé dans la Silicon Valley.

La vallée, qui a successivement signé la révolution des semi-conducteurs, de la micro-informatique, puis de l'Internet, se lance avec enthousiasme dans les nouvelles technologies appliquées aux énergies de demain : biocarburants avancés, panneaux solaires sophistiqués, voitures électriques de nouvelle génération, matériaux de construction écologiques, géothermie profonde, cerfs-volants éoliens, réseaux électriques intelligents...

Il a suffi qu'une demi-douzaine de stars des technologies numériques, comme Larry Page, le cofondateur de Google, ou Vinod Khosla, l'un des créateurs de Sun Microsystems, se passionnent pour cette cause pour que le business vert devienne une « nouvelle frontière » de l'aventure. Pour ceux dont le mot d'ordre a toujours été « la meilleure manière de prédire le futur est de l'inventer », il s'agit d'un cocktail irrésistible : l'excitation des grands défis technologiques, l'espoir de sauver la planète et... la séduction d'un nouvel Eldorado ! Le défi principal de ce secteur balbutiant est de populariser des produits verts jusqu'ici réservés à quelques privilégiés.

Bien sûr, ces jeunes pousses ne sauveront pas, à elles seules, la planète. Mais elles sont les aiguillons qui forcent déjà les géants du pétrole, de l'industrie automobile ou de la grande consommation à épouser le nouveau modèle vert. Ainsi, Renault a noué un partenariat avec Better Place (Palo Alto) qui construit des réseaux de recharge de voitures électriques. Et Total travaille avec Amyris (Emeryville), qui conçoit des agrocarburants de nouvelle génération. Car ces grands groupes savent que, s'ils mettent leur tête dans le sable, ils disparaîtront. Qui se souvient des géants informatiques d'hier ¯ Honeywell, NCR ou Wang ¯ balayés par la vague de l'ordinateur personnel ?

Bien sûr, la France n'est pas la Californie. Mais nous pouvons en tirer des leçons. Ne serait-ce que pour nous départir de notre légendaire arrogance. Jusqu'ici, nous pensions que nous n'avions pas besoin des énergies renouvelables parce que nous avions... le nucléaire, qui fournit 80 % de notre électricité (en émettant peu de gaz à effet de serre). Mais ne reproduit-on pas, avec ce raisonnement, ce que j'appelle le « syndrôme du Minitel » ? Certains n'affirmaient-ils pas encore sérieusement, il y a quinze ans, que l'Internet ne viendrait jamais en France puisque nous avions inventé la télématique !

Mobilisons, au contraire, nos avantages comparatifs ¯ excellents ingénieurs, culture de politique industrielle, expérience des partenariats public-privé ¯ pour suivre les Californiens dans la mise en place d'un environnement favorable à l'entrepreneuriat vert. Il y va de la croissance et des emplois de demain.

(*) Auteur de Les pionniers de l'or vert, Grasset, 2009.