TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 19 juillet 2010

L'Allemagne confiante dans la poursuite de la reprise

La croissance allemande au second trimestre devrait confirmer les bons chiffres du début de l'année, encouragée par les secteurs de la construction et de l'industrie.
Pas de scénario en W ou "double dip" pour la croissance allemande. Selon le ministère des Finances allemand, l'économie outre-rhin a sans doute progressé davantage au deuxième trimestre qu'au premier. Berlin anticipe même un renforcement de la reprise dans la seconde partie de l'année.

Dans son rapport mensuel, le ministère précise que cette amélioration est à mettre au bénéfice d'une reprise dans le secteur de la construction au deuxième trimestre après un ralentissement pendant l'hiver provoqué par des conditions météorologiques difficiles. La montée en puissance de l'activité dans l'industrie devrait également contribuer de manière positive à la croissance du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre. L'économie a progressé de 0,2% sur les trois premiers mois de l'année.

"Compte tenu de la tendance haussière de la demande dans l'industrie et du climat d'optimisme dans les entreprises, la reprise économique devrait se renforcer dans la seconde partie de l'année", indique le ministère. "Les dernières évolutions positives ne doivent toutefois pas masquer le fait que sur la base d'importants indicateurs, les niveaux d'avant la crise n'ont pas encore été retrouvés et la production reste toujours en-deçà de nos capacités."

Renforcement des exportations et développement de la demande intérieure

Le commerce de l'Allemagne avec le reste du monde a bondi en mai tandis que la production industrielle a progressé davantage que prévu. Le ministère estime que la production devrait continuer à augmenter dans les mois à venir, l'Allemagne bénéficiant de la demande pour ses biens d'équipement, dans le contexte d'une reprise de la demande mondiale, notamment dans les pays asiatiques émergents.

"La perspective d'une nouvelle hausse des exportations est bonne", estime le ministère, ajoutant que la hausse des importations et des commandes domestiques suggèrent également une reprise de la demande intérieure.

La demande des ménages est sans doute restée morose au deuxième trimestre mais elle devrait reprendre dans le courant de l'année grâce à la reprise sur le marché du travail et à des allègements fiscaux pour les ménages mis en œuvre depuis le début de l'année.

Marché du travail

Le ministère n'anticipe pas de dégradation du marché du travail compte tenu de la diminution du chômage et du recul du recours au temps partiel. En juin, le chômage est tombé à son niveau le plus bas depuis décembre 2008.

Enfin, pas d'inquiétudes à avoir non plus du côté de l'inflation. Le ministère estime que les prix à la consommation devraient évoluer "calmement" dans le courant de l'année.

Insécurité: les leçons de Grenoble


Tous pourris?

Deux sages, Simone Veil et Michel Rocard, s’alarmaient, dans Le Monde, de la montée de "la broyeuse populiste".


Le roman vrai de l’affaire Bettencourt bouscule l’esprit public. Il ébranle la confiance dans le sommet de l’Etat. En France, la méfiance à l’égard des puissances d’argent perdure. Elle est renforcée en période de crise. Quand les sacrifices s’imposent, ce qui était objet de curiosité devient choquant.

Ce qui était toléré devient inadmissible. Ce qui choquait devient révoltant. Il faut, oui, calmer le jeu. Nicolas Sarkozy a donné des instructions pour changer, comme jamais avant lui, les pratiques à la tête de l’Etat. Mais le Président a tardé à sanctionner. Pour la première fois, un remaniement est annoncé trois mois à l’avance.

Le chef de l’Etat aura du mal à laisser passer l’été. Sinon, il ne pourra persuader les Français que la réforme des retraites n’est pas injuste. Il lui sera difficile de faire accepter une rigueur partagée. Chacun peut déjà écrire les slogans des manifestations de septembre.

A vingt-deux mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy doit trancher. Jusqu’à l’ingratitude? C’est aussi la marque des hommes d’Etat. Pour rétablir l’idée de justice. Pour éviter la montée insupportable du "tous pourris". Il est encore temps.


Olivier Jay

Retraites des fonctionnaires : trois réformes qui rapportent gros

Le projet de loi de réforme des retraites est examiné à partir de demain par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. L'augmentation des cotisations, la fin des départs anticipés pour les parents de trois enfants et la réforme du minimum garanti permettront d'économiser près de 3 milliards d'euros par an dès 2015.
Alors que le projet de loi de réforme des retraites est examiné à partir de demain par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, le gouvernement vient de fournir aux députés l'impact financier précis des mesures qui touchent spécifiquement les fonctionnaires. Au total, elles rapporteront près de 5 milliards d'euros à l'horizon 2020. La montée en charge sera puissante, puisque les économies annuelles s'élèveront à 2,8 milliards en 2015, quatre ans à peine après l'entrée en vigueur de la réforme.

Celle qui permet de réaliser le plus d'économies est la hausse du taux de cotisation des fonctionnaires. Fixé à 7,85 % du traitement brut aujourd'hui, il passera à 10,55 %, au même niveau que dans le privé. Cette harmonisation sera étalée jusqu'en 2021, au rythme de 0,27 point de cotisation par an. Chaque année, ce sont 280 millions d'euros de plus qui tomberont dans l'escarcelle de l'Etat et de la CNRACL, la caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers. La barre des 3 milliards d'euros devrait être atteinte en 2020.
Chiffrage théorique

Deuxième mesure, la fermeture du dispositif de retraite anticipée des parents de trois enfants. L'impact financier de l'extinction de cette possibilité de départ après quinze ans de service est plus difficile à mesurer, note le ministère du Travail dans le rapport qu'il a remis au Parlement. Il dépend en effet « du choix des agents en matière d'exercice de l'option de départ anticipé ». Combien de fonctionnaires qui remplissent les conditions aujourd'hui - 3 enfants et quinze ans de service -vont-ils partir à la fin de l'année pour bénéficier de cette possibilité avant l'entrée en vigueur de la réforme, au risque d'amputer le niveau de leur pension ? A ce stade, le gouvernement ne se risque pas à fournir d'hypothèses. Le chiffrage qu'il donne est théorique, puisqu'il « suppose que les agents privilégieront le maintien de leur pension par rapport à l'anticipation du départ ». Dans ces conditions, cette mesure rapporterait près d'un milliard d'euros en 2020.

Troisième réforme spécifique aux fonctionnaires, celle du minimum garanti. Ce niveau plancher de pension est aujourd'hui calculé de façon plus avantageuse que le minimum contributif, son équivalent pour le privé. Le rapprochement des règles permettra une économie de plus de 900 millions d'euros en 2020.

VINCENT COLLEN

Rendez-moi mes antiquités !

L'été, saison du dépaysement : le nombre des touristes internationaux a quasi doublé depuis quinze ans. Pour ces millions de terriens que leur curiosité pousse à franchir les frontières, les musées font souvent partie des escales obligées : de plus en plus d'admirateurs pour le buste de Néfertiti au Neues Museum, pour la frise des Panathénées au British Museum. Mais pourquoi le premier se trouve-t-il à Berlin et non au Caire, la seconde à Londres et non à Athènes - où une place lui est d'ailleurs réservée dans le nouveau musée construit au pied de l'Acropole ? La restitution des oeuvres à leur pays d'origine, réclamée par un nombre croissant d'Etats, de la Chine à l'Amérique latine, devient une source d'affrontements diplomatiques parfois virulents. Pour beaucoup de peuples qui ont une revanche à prendre sur l'histoire, le retour au bercail de ces prestigieux témoins de leur passé met en jeu la fierté nationale. Il soulève deux questions.

La première tient au statut même des oeuvres : les grands musées européens ou américains font valoir qu'elles appartiennent au « patrimoine universel », et que c'est entre leurs murs qu'elles sont le mieux protégées et entretenues. Ce dernier argument est recevable quand on pense aux ravages commis en Chine par la révolution culturelle, au Cambodge par les Khmers rouges (et encore aujourd'hui par les pilleurs de sites), ou bien en Afghanistan par les talibans. Mais il ne peut plus être opposé à la Chine actuelle ni à d'autres pays émergents.

La deuxième question est celle de la régularité des acquisitions, de plus en plus épineuse à mesure qu'on remonte dans le temps : la Grèce réclame la frise du Parthénon, « achetée » par Lord Elgin -mais à l'époque où le pays appartenait à l'empire ottoman…

Quoi qu'il en soit, les restitutions se multiplient à travers la planète, ce qui fait monter encore la pression des pays demandeurs. Leurs revendications sont certes compréhensibles - mais que serait un monde où chaque culture se replierait jalousement sur son propre patrimoine ?

Leçons d'une crise

Est-ce le moment de faire le bilan de la crise qui a commencée au creux de l'été 2007, avec l'annonce du naufrage de deux « hedge funds » par la banque Bern Stearns ? Certains diront qu'elle n'est pas finie et que c'est trop tôt. Et c'est vrai que les hoquets de la reprise et les craintes d'un « double dip » aux Etats-Unis invitent à la prudence. D'autres rétorqueront, au contraire, qu'il est temps parce que le plus dur est passé et que les nuages d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec l'ouragan d'hier, quand le monde était dans l'oeil du cyclone fin 2008 début 2009. Les plus lucides constateront simplement qu'il n'est jamais trop tard pour réfléchir s'il l'on veut éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Trois ans après le début de la grande récession, la réalité est plus simple qu'on ne voudrait le croire : certaines leçons ont été tirées, d'autres pas.

Dans la première catégorie, il est possible de ranger ce qui est bel et bien une crise de l'expertise. Ultra-spécialisés et aveuglés par des taux de croissance reposant parfois sur du sable, les économistes n'avaient en général pas vu venir le cataclysme et, pour les rares qui l'avaient vu, ils n'ont pas été écoutés. Pis encore, pendant la tempête, ils n'ont guère été plus utiles. Eh bien, il faut reconnaître mi-2010 qu'ils sont nombreux à se remettrent en cause et à revoir leur méthodes de travail. Des leçons commencent à être tirées, moins nettement mais tout de même, dans un autre domaine : le rôle du pouvoir politique. Venus en catastrophe au secours de l'économie, les responsables publics ont, partout, pris la sage décision de ne pas remettre en cause l'économie de marché, qui reste le levier le plus efficace pour créer des richesses. Criblés de dettes et conscients que leurs contribuables ne mettront pas une seconde fois la main à la poche, ils essayent d'inventer ce que l'on pourrait appeler, pour reprendre la séduisante expression de Jean-Pierre Jouyet, le président de l'AMF, un Etat-providence économique. D'où la réforme financière américaine. Reste à convaincre les Européens que leur Etat providence social, lui, devra être moins généraliste et plus ciblé s'il veut survivre.

Il existe en revanche une autre question, bien plus difficile, à laquelle la réponse n'a pas encore été apportée. Comment redonner un emploi aux 50 millions de chômeurs dans les pays développés, alors que la crise en a créé à elle seule 17 millions ? La fin d'une économie dominée depuis trois siècles par l'Occident change à elle seule la donne, alors que l'Europe patine avant même que ce basculement ait vraiment commencé. Jusqu'à maintenant, il était convenu de penser que la formation et l'innovation suffiraient à relancer la machine à créer de l'activité et à préserver nos modèles. C'est sans doute vrai. Mais le chemin s'annonce encore plus ardu après la crise qu'avant. C'est cette leçon là qu'il va falloir désormais apprendre.



DOMINIQUE SEUX

Séduire malgré la crise

La France a-t-elle conservé sa capacité à attirer des investisseurs internationaux sur son sol ? Globalement, la réponse est positive, au moins pour les données de l'an dernier. Il faut s'en réjouir tant notre pays est aujourd'hui dépendant des arbitrages des groupes internationaux, singulièrement l'Alsace où quatre actifs sur dix dans l'industrie ont leur destin lié à des états-majors non français.
La Délégation à l'aménagement du territoire, le Centre d'analyse stratégique et l'Agence française pour les investissements internationaux vont le confirmer cet après-midi à Paris au terme d'une conférence de presse commune présentant le Tableau de bord 2010 de l'attractivité de la France. On voit mal ces trois agences gouvernementales faire une mauvaise manière à l'exécutif. Mise à part cette coloration politique du dossier, la France n'a pas à rougir de son positionnement dans les flux internationaux de capitaux. Du moins aujourd'hui.
Mais pourquoi l'attractivité est-elle importante et pour quelles raisons s'en préoccuper ? Pour au moins trois raisons. Objectivement et à court terme trop d'actifs vivent de l'étranger pour se laisser aller à un repli sur soi repu ou fataliste. Ensuite parce que le monde économique est équilibre ; et que l'expansion des sociétés françaises dans le monde nécessite sa contrepartie. Enfin parce que le jugement des tiers est un miroir moins complaisant que celui de nos élites : un indice de notre aptitude à nous réformer. A cet égard, dans un pays où les prélèvements sociaux atteignent un niveau record, parmi les plus élevés du monde développé, la bonne fin d'un projet aussi structurant que la réforme des retraites sera à l'évidence un facteur d'attractivité. Son échec, un motif de répulsion. Assainir les finances publiques est nécessaire pour nous-mêmes autant que pour raffermir l'affection qu'on nous porte.
Dans l'accueil des investissements internationaux, les territoires français les plus en pointe, dont l'Alsace, ont longtemps joué gagnants. Le Baromètre annuel Ernst & Young, publié début juin, témoigne que le contexte a radicalement changé. Cette étude rappelle d'une part que la France est plutôt bien classée. Mais elle montre aussi que nous parvenons moins que nos voisins à attirer les acteurs émergents indiens, chinois ou brésiliens. Nos voisins anglais et allemands font mieux. Paradoxal au pays de l'universalisme ? Non. Ces investisseurs sont peut-être effrayés de sentir que la France a vingt ans de retard dans ses réformes.


Antoine Latham

Jacques Dutronc : « J’écoute Tino avant d’entrer en scène »

Dix-sept ans après sa dernière tournée, il a fait son retour. En concert ce soir aux arènes de Nîmes et demain à Carcassonne.

On dit de vous que vous pouvez être taquin. Le mot vous convient-il ?
Taquin ? Mon Dieu, mais c’est un mot du Moyen Âge ! Mais finalement il me plaît, car il me rappelle des images de gosses, au temps de l’école. Il y avait d’un côté les méchants et de l’autre les taquins. Mais tout ça ne me rajeunit pas !

Malgré la loi antitabac, fumez-vous toujours le cigare sur scène ?
Non, mais ce n’est pas à cause de cette interdiction. Je fume avant et après le concert, et ne pas fumer pendant me permet de faire une plaisanterie à ce
sujet.

Que faites-vous d’autre pour vous détendre avant le début du concert ?
Je mets des disques de Tino Rossi. Je sens bien que ces chansons énervent tout le monde, mais écouter Tino est pour moi un antistress avant d’entrer en scène.

Quels titres particulièrement ?
À peu près tous, sauf un, Petit Papa Noël. Celui-là, il me donnerait un blues noir…

Ce répertoire est un lien avec la Corse, l’île de Beauté où vous vivez la plupart du temps ?
Oui, j’adore la Corse. Tout de la Corse. Les paysages, les habitants, la culture. Et j’y vis entouré de nombreux chats.

Vous vivez dans une Corse de montagne ou de mer ?
La salle de bains est côté montagne et les pièces de séjour donnent sur la mer.

Comment avez-vous composé vos concerts ?
À base de titres souvent très anciens, voire avec les tout premiers que j’ai enregistrés. Je crois que ce choix fait plaisir au jeune public, qui les entend en direct pour la première fois. Mais je me réserve aussi, entre les chansons, des parenthèses parlées, pour échanger.

À la fin de cette longue tournée, qu’allez-vous faire ?
La sieste !

Pas de projets ni devant ni derrière une caméra ?
Non. En ce qui concerne le travail devant une caméra, le film Joseph et la Fille, tourné sous la direction de Xavier de Choudens, sortira à la fin de l’été. Mais derrière une caméra, en tant que réalisateur, la question, en ce qui me concerne, ne s’est jamais posée.

Ni même pour un court métrage ?
Encore moins, car c’est le plus difficile.

Recueilli par Roland MASSABUAU
Jacques Dutronc en concert ce soir à 20 h 30 aux arènes de Nîmes (tarif : de 45,50 € à 53,50€), et demain à 21 h 30 à la Cité de Carcassonne (tarif : 52,80 €).

Retour à l'ordre

Rétablir l’ordre « par tous les moyens ». La ligne du gouvernement, claire et parfaitement explicitée à Grenoble par le ministre de l’intérieur, va servir de guide à l’action sur place. Bâtiments et voitures incendiés, pillages et tirs à balles réelles sur les forces de l’ordre : toutes ces violences qui ont embrasé le quartier de la Villeneuve dans la nuit de vendredi à samedi ont été le fait d’une cinquantaine de casseurs. Ils prétendaient réagir à la mort sous les balles de policiers d’un truand qui s’était réfugié là, après un braquage au casino d’Uriage.

Contenir ce déchaînement n’a pas été simple. Dans la nuit de samedi à dimanche, de nouveaux tirs ont visé les forces de l’ordre. Le déploiement de gendarmes du Raid et du GIPN durera donc jusqu’à ce que le calme soit revenu…

Cette réponse était indispensable. Comment ignorer la peur d’habitants traumatisés, là comme ailleurs, devant l’extension d’une économie souterraine mêlant le milieu et la délinquance issue des cités défavorisées ? Elle pourrit leur vie au quotidien. Selon un scénario désormais classique dans certaines zones sensibles, des truands bien installés se servent de jeunes désœuvrés comme fourmis quand le temps est calme et comme fantassins quand ça chauffe : il faut éviter que les autorités approchent de trop près leurs affaires. Cette situation est intolérable.

Cette fermeté exprimée par le ministre de l’intérieur ne dédouanera pourtant pas l’État de ses lacunes passées et ne le dispensera pas de tout ce qui devra suivre la répression et la traque fiscale des trafics. Depuis de longs mois, voire des années, les élus de nombreuses communes alertent les pouvoirs publics sur la situation explosive dans certaines cités. Ils demandent un soutien accru. En matière de sécurité, mais pas seulement. Une forte présence policière après des violences, aussi indispensable soit-elle, ne fournira jamais une réponse adaptée au recul de la politique de la ville, à l’explosion du chômage. Rétablir l’État de droit est le préalable. Mais il faudra faire beaucoup plus et un peu mieux pour prévenir d’autres embrasements.



François Ernenwein

Johnny et ses ennuis de liquides

En mai, les censeurs avaient tranché. Les complications de Johnny Hallyday après son opération ? L’alcool ! L’explication coulait de source, limpide comme de l’eau de roche.

Alors, une éponge le Johnny ? À deux doigts d’être liquidé par son goût pour les liquides forts, à coup(s) sûr… Gueule de bois des fans : shooté aux décibels, Johnny d’accord, aux décilitres, sûrement pas !

Voilà qu’aujourd’hui le pré-rapport médical lave le chanteur à grande eau. Les experts missionnés pour dégager les responsabilités liquident cette thèse distillée sans modération. Plus question d’alcool. Le seul liquide qui vaille est le liquide céphalo-rachidien du chanteur perdu en abondance après l’opération d’une hernie discale.

Tous ses malheurs, Johnny les doit précisément à la “dure-mère”. Aucune allusion à une enfance malheureuse dans ce terme qui désigne une membrane de la moelle épinière percée lors de l’intervention. Plongé dans les éthers, le chanteur alors réfugié à Los Angeles, manque rejoindre les anges pour de bon. “Un massacre, cette opération“ assène son producteur avec mesure.

En réalité, le massacre ne fait que commencer. La bataille d’experts, de juristes, d’avocats ne se réglera pas autour d’un verre. Trop de liquidités sont en jeu.



Georges BOURQUARD

Afghanistan : doutes sur la stratégie

Pourquoi rester ? Comment partir ? Pour les stratèges et les responsables politiques en charge de la question afghane, ces interrogations sont quotidiennes depuis longtemps. Tous ont les yeux rivés sur l'horloge. À Kaboul, elle marque une heure de plus en plus anxiogène. Il y a maintenant 105 mois que la coalition internationale est présente sur le théâtre afghan. Elle a perdu près de deux mille hommes. Cette guerre a maintenant dépassé en durée celle du Vietnam. Et, pour l'heure, aucune solution durable n'a été trouvée pour éviter le retour en force des talibans et conjurer la renaissance d'un sanctuaire pour le terrorisme international.

Pour la première fois depuis le renversement du régime taliban en 2001, une conférence internationale est organisée, cette semaine, à Kaboul. Soixante-dix pays donateurs vont y participer. Les thèmes qui y seront évoqués portent tous sur un même axe : le transfert des responsabilités et de la gouvernance aux autorités afghanes. L'horizon 2011 est considéré, par Washington et ses alliés, comme décisif. Face à des opinions publiques de plus en plus hostiles à la poursuite de cette guerre et face au décompte macabre des cercueils de soldats rapatriés, un début de retrait, à défaut d'un vrai départ, est vital pour les dirigeants occidentaux.

Sur le terrain, la situation varie considérablement d'une province à l'autre. À Kaboul une amélioration de la sécurité est manifeste. Ailleurs, la rébellion talibane est, en revanche, de plus en plus meurtrière. Durant le seul mois de juin, 102 soldats étrangers ont péri, un triste record depuis neuf ans. Bombes artisanales, attentats suicides, opérations commando, assassinats de civils afghans liés au régime du président Karzaï. Tout est fait pour affaiblir les troupes étrangères et les forces de sécurité afghanes.

Du point de vue théorique, ce contexte de guérilla a été amplement décortiqué par les stratèges américains. L'arrivée, il y a un an, du général McChrystal marquait le choix d'une stratégie dite de la « contre-insurrection », autrement dit fondée sur la conscience des limites de l'action militaire et la nécessité de redoubler d'efforts sur les plans économiques et politiques pour gagner la confiance de la population. Moins d'usage indiscriminé de la force, moins de pertes civiles, davantage d'attaques ciblées contre les acteurs majeurs de l'insurrection. C'est d'ailleurs le général Petraeus, aujourd'hui appelé en renfort pour remplacer McChrystal, récemment remercié pour une interview indisciplinée à l'égard de la Maison Blanche, qui en fut l'instigateur et le théoricien.

Les faits, pourtant, sont têtus. Malgré les renforts, le cap des 150 000 soldats va bientôt être dépassé, la situation militaire se dégrade. Et le moral des troupes s'en ressent. Exposés aux attaques des talibans, liés par leurs consignes de protection des populations civiles, les soldats regardent leur compagnons tomber les uns après les autres sur un front insaisissable, avec un sentiment d'impuissance qui ne saurait s'éterniser.

Officiellement, la nomination de Petraeus ne signifie pas un changement de stratégie. Mais, à Washington, l'idée de changer de ligne fait son chemin. Une évaluation sera faite en décembre. Le rôle du Pakistan, crucial pour maintenir un contrôle des talibans, est plus déterminant que jamais pour entamer un tel retrait. Ce n'est pas la moindre des complications.
Laurent Marchand