TOUT EST DIT

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jeudi 8 juillet 2010

Affaire Woerth: "crise politique" ou "crise du journalisme"?

Les révélations de Mediapart sur Eric Woerth suscitent la polémique sur la légitimité des méthodes journalistiques utilisées. Le site d'information d'Edwy Plenel a-t-il manqué de déontologie ? Les clés du débat.

"Dans quel monde on est, dans quel monde on est!", s'est exclamé le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand après avoir déploré que Mediapart"utilise des méthodes fascistes à partir d'écoutes qui sont totalement illégales". Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi était sur le même registre en évoquant le souvenir d'une "certaine presse des années 30", avant de réclamer de la "déontologie" et de "l'éthique" pour les journalistes. Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, a annoncé mercredi qu'il portait plainte pour diffamation contre Xavier Bertrand.

Les termes échangés témoignent d'une violence verbale et "correspondent à une surenchère dans l'argumentation qui traduit une situation de crise des rapports entre les protagonistes, chacun cherchant à contester l'autre dans son rôle, tant du côté sarkozyste que du côté de Médiapart, explique Jacques le Bohec, sociologue des médias à l'Icom (Université Lyon 2) et auteur d'un Dictionnaire du journalisme et des médias, à paraître en septembre.

N'empêche que les attaques de la majorité soulèvent une fois de plus la question légitime de la déontologie dans le journalisme. De fait, la profession en France a toujours affiché la volonté de s'autoréguler, autrement dit de ne laisser aucune autorité extérieure lui dicter des règles. Or, "la situation est celle d'une absence de cadre interne au groupe professionnel des journalistes qui préciserait en détail les pratiques permises ou non, rappelle Jacques le Bohec. Des chartes de déontologie existent, mais aucune sanction n'est prévue, à l'exception des avis du CSA. A cela s'ajoutent trois problèmes majeurs: ces chartes datent un peu; il leur est difficile d'anticiper la myriade de cas de figure potentiels; il existe une diversité des modèles de journalisme telle qu'il serait liberticide de décider lesquels seront bannis."
Des écoutes clandestines

La situation est d'autant plus floue dans le journalisme d'investigation, explique Jacques le Bohec, "où on est toujours à la frontière du légal, comme on l'a vu pour le magazine de "France 2" pratiquant l'infiltration, mais c'est souvent la condition sine qua non pour produire des informations qui ne soient pas formatées par les agents de relations publiques".

Dans le cas de l'affaire Bettencourt, les enregistrements clandestins sont illégaux, mais paradoxalement, ils sont recevables dans un procès. "Un employé victime de harcèlement moral peut produire un enregistrement clandestin comme preuve devant les prud'hommes explique le sociologue. "L'ironie de l'histoire, c'est que le responsable du site en pointe dans cette affaire, Edwy Plenel, est un ancien journaliste et dirigeant du "Monde" qui a lui-même été victime des écoutes illégales de l'Elysée dans les années 1980, et il raconte souvent à quel point cela l'a marqué".
Interviewer un témoin

De même, est-il "éthique" pour un journaliste d'interviewer un témoin d'une enquête en cours? L'ex-comptable de Liliane Bettencourt, entendue dans le cadre de l'enquête préliminaire à Nanterre pour atteinte à la vie privée et vol de documents, a affirmé à Médiapart mardi qu'Eric Woerth avait reçu en mars 2007, en tant que trésorier de l'UMP, 150.000 euros en espèces de la part de la milliardaire, pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Pour Jacques le Bohec, la méthode en soi n'est pas condamnable, tout dépend des circonstances. Les journalistes doivent par exemple s'assurer de la raison profonde qu'a leur source de divulguer des informations secrètes afin de flairer un éventuel piège. "Lors de l'affaire Alègre, Carl Zéro a interrogé une prostituée qui témoignait, sauf qu'il l'a payée 15 000 euros en échange de son témoignage... ce qui peut expliquer qu'elle ait été tentée de dire ce qu'il voulait entendre."
Lâcher les éléments au compte-gouttes

Les informations distillées au compte-gouttes par la presse réservent chaque jour leur lot de surprises. "Il s'agit de ne pas lâcher tout du premier coup, explique le sociologue, mais d'aller d'abord jusqu'à un certain point pour tester les réactions, susciter des enquêtes judiciaires, ce qui permet alors de faire avancer l'investigation, par cercles concentriques".

Si la méthode ne manque pas de tenir les lecteurs en haleine, le politique Dominique Reynié la juge immorale. "Mediapart aurait dû attendre d'avoir terminé son investigation pour sortir son article avec des données aussi complètes que possible, plutôt que de balancer, dans la précipitation, les enregistrements bruts". Pour le politologue du Cevipof, "il n'y a pas une crise politique, il y a une crise du journalisme. Ce n'est pas "l'affaire Woerth" mais "l'affaire Mediapart". Alors qu'une masse de rumeurs peuvent circuler grâce à Internet, on compte plus que jamais sur le journaliste pour transmettre des informations fiables, pas pour participer au brouhaha des rumeurs non vérifiées ". Quant aux questions de conflit d'intérêt que soulève l'affaire, Dominique Reynié ne nie pas qu'"il s'agit d'un problème grave, mais que les journalistes auraient dû traiter depuis longtemps, et avec soin, précision et nuance, sans le mélanger avec des allégations non vérifiées".

Des voix pour le Front National?

Christian Estrosi a dénoncé le "populisme ambiant qui favorise les montées de l'extrême droite". Dans une tribune publiée dans France-Soir, le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre s'en prend à Ségolène Royal et à Martine Aubry qui "se drapent" dans leur "nouvelle vertu pour crier à la corruption, au plus grand plaisir de Marine (Le Pen) qui se demande quand va venir l'heure de la récolte".

Une menace que Jacques Le Bohec estime peu crédible. Le sociologue y voit surtout "une tactique de la garde rapprochée de Sarkozy pour délégitimer les imprécateurs gênants, selon le vieux principe "kill the messenger". Pour lui, "il serait simpliste d'attribuer l'augmentation de la cote de popularité de Marine Le Pen à ce genre d'affaires, pour plusieurs raisons. Étant donné la situation économique et sociale très grave que connaît la France, à l'heure où les classes populaires et moyennes ont le sentiment qu'on fait toujours payer les mêmes, il y a bien des raisons pour de nombreux électeurs de manifester leur mécontentement par des votes que l'on s'empressera de moquer comme "populistes"".

"De plus, ajoute-t-il, les grands médias et l'actualité politique sont principalement consommés par l'élite instruite. Les autres habitants ont un rapport épisodique et méfiant envers eux. Qui saurait dire à brûle-pourpoint, dans la population, en quoi consiste l'affaire Woerth, à supposer qu'ils en aient entendu parler? Il ne faut donc pas exagérer le rôle de la presse dans les choix électoraux, qui sont explicables par un certain nombre de déterminants sociaux".

Pour Dominique Reynié en revanche, "le populisme est déjà là. Et il ne faudra pas s'étonner de la montée du FN dans les prochains sondages. Une crise économique couplée à une méfiance envers les élites est le cocktail parfait pour le populisme". Selon le politologue, on est en présence de la structure mentale de la théorie de complot : "on demande à Eric Woerth de dire qu'il est innocent de quelque chose dont on ne l'accuse pas, puisqu'il n'a pas été mis en examen. Comme dans la théorie de complot, l'absence de preuves vaut comme preuve que l'on nous cache la vérité"..


ENFIN LA BONNE QUESTION ! ENFIN LA CLAIRVOYANCE, QU'EST CE QUE C'EST QUE CETTE PRESSE QUI SE TRANSFORME EN INQUISITION ? QU'EST CE QUE CETTE PRESSE À L'IMAGE D'UN APATHI (rtl)QUI NOUS ASSOMME AVEC SES INTERVIEWS SANS CONCESSIONS ? SOUVENT LE MOT POGROM ME VIENT À L'ESPRIT, CHASSE AUX HYPOTHÉTIQUES SORCIÈRES, TOUT ÇA POUR FAIRE DU PAPIER.
OÙ EST L'ÉTHYQUE ? OÙ EST LA L'INDÉPENDANCE DE CETTE PRESSE QUI, COMME UN MOUTON DE PANURGE, SE MET À BÊLER, COMME UN SEUL BOUC (émissaire), POUR UN OUI OU POUR UN NON ?

Claire Thibout : " Il y a eu beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l'argent… "

laire Thibout aime bien que les choses soient précises. Dans son audition, mercredi 7 juillet, réalisée dans le Gard, par les enquêteurs de la brigade financière, elle tient à remettre les choses en place et revient, partiellement, sur ses déclarations au site Mediapart.

D'abord, elle conteste la façon dont le site Mediapart a relaté les propos qu'elle lui a tenus. "L'article de Mediapart me fait dire que j'aurais déclaré quelque chose concernant la campagne électorale de M. Balladur. C'est totalement faux. C'est de la romance de Mediapart , assure-t-elle. De même que je n'ai jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à M. Sarkozy".
Mais si elle se rétracte pour partie, elle demeure très accusatrice. Ainsi, elle confirme que l'hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine était un lieu prisé par les hommes politiques. Elle précise même que "ces messieurs venaient pour avoir de l'argent" mais indique n'avoir jamais assisté à la moindre remise d'enveloppes. "Il y avait des enveloppes d'espèces qui étaient remises par M. Bettencourt ou de temps en temps par Mme Bettencourt à des politiques", relate-t-elle.

M. Sarkozy était-il concerné ? C'est "possible", avance-t-elle, sans qu'elle puisse prouver quoi que ce soit. Elle raconte les invitations à l'hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine. On y croisait, si l'on en croit Claire Thibout, Pierre Messmer, Mme Pompidou, François Léotard, Gérard Longuet, le couple Chirac, Edouard Balladur, Bernard Kouchner, Danielle Mitterrand ou encore Renaud Donnedieu de Vabres, Nicolas Sarkozy et plus récemment Éric Woerth.

"M.BETTENCOURT ME DISAIT: "J'AI BESOIN DE TELLE SOMME""

Elle raconte ensuite comment se préparaient ces rencontres : "M. Bettencourt me disait:" j'ai besoin de telle somme", généralement 50 à 100 000 euros. Après avoir retiré cette somme à la banque, lorsque celle-ci n'était pas disponible dans ma caisse, je la remettais à M. Bettencourt après avoir fait des liasses de 10 000 euros (…) M. Bettencourt me disait qu'il avait besoin de cette somme le jour même, en fonction de ses invitations ou de ses rendez-vous. Je constatais que l'enveloppe que je lui avais remise était vide après ces rendez-vous, car en me demandant de nouveau de l'argent, j'avais accès à sa serviette posée dans son bureau. Dans cette serviette il y avait l'enveloppe dont M. Bettencourt me demandait de vérifier le contenu. Soit cette enveloppe était vide, et M. Bettencourt me demandait de l'argent, soit il restait de l'argent, et il disait que ça suffisait ou me demandait de compléter".

Mme Thibout n'a assisté à aucune remise d'enveloppes à des hommes politiques. Elle déclare cependant : "M. et Mme Bettencourt étaient des personnes généreuses, et il y a eu beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l'argent". Elle ajoute : "Je ne veux pas faire de délation (…) pour ce qui est de M. Woerth, si il n'y avait pas eu les histoires de carnets, je n'en aurais jamais parlé à personne…" Ces fameux carnets, où la comptable couchait les sommes décaissées.

Elle confirme en tous points l'épisode qu'elle avait déjà relaté tant aux enquêteurs qu'à Mediapart. "M. de Maistre m'avait demandé avant les élections présidentielles de 2007 d'aller lui chercher 150 000 euros à la banque (…). Je lui ai demandé pourquoi une telle somme, il m'a répondu qu'il devait organiser un dîner avec M. Woerth pour la lui remettre. Il voulait que cela se passe par l'intermédiaire de Mme Bettencourt (…) Je lui ai dit que ce n'était pas possible surtout pour l'usage qu'il voulait en faire. Il s'est énervé".

Claire Thibout aurait alors dénoncé ces agissements auprès d'Eva A., chargée de clientèle à la BNP, qui aurait ensuite expliqué à M. de Maistre que tout cela ne pouvait se faire sans attirer l'attention de Tracfin, l'organisme anti-blanchiment de Bercy. Finalement, Claire Thibout ne disposera que de 50 000 euros. "J'ai mis dans une enveloppe la somme de 50 000 euros pour Mme Bettencourt. Il [M. de Maistre] m'a dit qu'il se débrouillerait du reste. Un peu plus tard, il a fait un commentaire, du style " des fois ça sert d'avoir des comptes en Suisse ". C'était lui qui gérait les comptes de Mme Bettencourt à l'étranger…". Elle le dit encore : "J'ai été là au moment où j'ai remis à Mme Bettencourt une enveloppe qu'elle a remise à Patrice de Maistre".

Tant M. de Maistre que M. Woerth ont catégoriquement nié. La date avancée par Mme Thibout dans Mediapart, à savoir le 26 mars 2007, n'est semble-t-il pas la bonne. Elle indique n'avoir jamais dit à Mediapart "oui c'est le 26 mars", et ne peut être plus précise que dans ses premières déclarations aux policiers. Cette scène se serait donc déroulée en mars-avril 2007. Les agendas de M. de Maistre, fournis à la police, ne portent aucune trace d'un dîner avec M. Woerth, à cette époque. "Je sais que ce dîner a eu lieu, croit savoir la comptable, car M. de Maistre me l'a dit..." Claire Thibout devait être confrontée à M. de Maistre, jeudi 8 juillet.
Gérard Davet

L'ex-comptable s'est partiellement rétractée mercredi soir devant les enquêteurs

laire Thibout, l'ancienne comptable du couple Bettencourt, s'est partiellement rétractée devant les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui étaient venus l'auditionner, en urgence, mercredi 7 juillet dans la soirée, selon des informations du "Monde". Les enquêteurs, qui avaient perdu le contact avec Mme Thibout depuis lundi après-midi, ont fini par localiser l'ex-comptable dans le sud de la France où cette dernière, paniquée, avait trouvé refuge auprès de sa famille.
Mme Thibout est ainsi revenue, pour partie, mercredi soir sur ses déclarations du 6 juillet au site Mediapart. Si elle confirme la scène de remise de 50 000 euros en espèces à ses employeurs, il n'est plus question du 26 mars 2007. Ce n'est pas la bonne date, convient-elle. Ce jour-là, d'après ses explications à Mediapart, son employeur Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt lui aurait demandé de retirer 150 000 euros en espèces pour les remettre à Eric Woerth en vue de financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Elle se serait alors contentée de retirer 50 000 euros à la BNP. Lors de sa première audition par les enquêteurs, lundi soir, elle avait narré la scène mais évoqué une date approximative "mars-avril 2007".

Quant aux remises d'enveloppes à Nicolas Sarkozy, décrit comme un visiteur des Bettencourt venu bénéficier de leurs largesses financières, lorsqu'il était maire de Neuilly, elle a affirmé aux enquêteurs que ses propos auraient été "romancés".

Mme Thibout doit revenir jeudi 8 juillet dans la journée pour être confrontée à Patrice de Maistre. De son côté, Mediapart assure que les déclarations de Claire Thibout ont été scrupuleusement retranscrites, lors de deux conversations, en présence d'un tiers témoin différent à chaque fois.

Gérard Davet


TOUT CET EMBALLEMENT MÉDIATIQUE NE SERA EN FAIT QU'UNE VASTE MASCARADE ORCHESTRÉE PAR LA GAUCHE ET EDWY PLENEL; PAR LE BIAIS DE SON TORCHON MEDIAPART.

Priorités politiques

L’opposition avait réfuté l’argument avancé par la majorité présidentielle pour expliquer le flot d’attaques portées contre Éric Woerth : non, jurait-elle, il n’y avait pas de chasse à l’homme destinée à saper la réforme des retraites que défend le ministre. Et pourtant, dans les rangs de la gauche aujourd’hui, plusieurs voix s’élèvent pour mettre en cause la légitimité du ministre à porter une réforme aussi importante, aussi lourde de conséquences pour les Français. De fait, quoi qu’il en soit de la véracité des faits qui lui sont jour après jour reprochés, Éric Woerth, psychologiquement et politiquement, est atteint. Même si, au bout du compte, la personne visée à travers lui est le président de la République. Même s’il n’a rien à se reprocher.

Et l’on parle de remaniement. Si Éric Woerth démissionne, ses accusateurs jugeront qu’il s’agit là d’un aveu, qu’il y avait bien anguille sous roche. S’il ne démissionne pas, pour ces mêmes détracteurs, ce sera la preuve de l’aveuglement et de l’obstination du gouvernement qui s’enferme « dans la dénégation », selon les mots du porte-parole socialiste. Le piège s’est déjà refermé. De quels horizons viennent donc les « informations » savamment distillées sur le site Mediapart : de sources voulant déstabiliser le gouvernement, certes, mais de l’opposition ? d’une partie la majorité jouant contre l’autre partie ? de l’extrême gauche ? À qui profitent les accusations ? On serait bien en peine de le dire. Certes pas au président de la République. Mais il n’est pas sûr que ses adversaires y gagnent. Les « révélations » en miroir contre des personnalités de gauche ne vont pas tarder, vraies ou fausses. Le ton monte déjà dans l’hémicycle parlementaire. Ce qui est certain, c’est que l’image de l’engagement politique ne sort pas grandie de l’épisode.

Et pendant ce temps-là, on examine au Parlement le projet de loi sur le voile intégral qui fit couler tant d’encre ; et pendant ce tempslà, dans une situation économique éprouvante pour les plus fragiles, l’État prépare des mesures d’économie dont certaines risquent de peser sur certains financements sociaux… Il serait temps de faire de la politique.


Dominique Quinio

Trou noir

La marée de brut qui s’étend dans le golfe du Mexique s’est installée depuis quelques semaines dans un grand trou noir. Le week-end dernier, des boulettes ramassées sur les plages de Galveston au Texas ont été à peine remarquées. Elles venaient pourtant rappeler au monde que ce sont désormais 800 km de côtes qui sont touchées en Louisiane, dans le Mississippi, en Alabama, en Floride et maintenant au Texas.

Le désastre a commencé le 20 avril dernier, jour de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. Voilà bientôt trois mois qu’il s’aggrave. Ses conséquences écologiques sont difficilement mesurables. Qui se risquerait à dresser un bilan définitif quand bayous, mangroves et marais continuent à être pollués ?

Certes, des progrès existent dans cette bataille contre le pétrole. D’autres sont annoncés avec l’arrivée d’un énorme navire taïwanais. Mais deux chiffres montrent que l’on est encore très loin du compte. 25 000 barils de brut sont pompés chaque jour, mais, dans le même temps, la fuite continue d’en dégager entre 35 000 et 60 000. Combat inégal qui a encore été compliqué par le passage récent de la tempête Alex. Aujourd’hui, il s’agit de la pire marée noire aux États-Unis. Plusieurs centaines de millions de litres de pétrole se sont ainsi répandus dans la mer, renvoyant l’Exxon Valdez et ses 42 millions de litres, plus polluant pourtant, déversés sur les côtes de l’Alaska en 1989, à une quasi-anecdote.

Le contraste est alors d’autant plus fort avec l’apparente atonie qui s’est installée. La gestion maladroite de la crise par Barack Obama semble oubliée. L’inquiétude de ces derniers jours a glissé vers l’avenir de British Petroleum (BP), son cours de Bourse, ses efforts pour se protéger d’une éventuelle offre d’achat hostile. Tranocean, propriétaire du forage, a même vu son action remonter de 4,68 %, mardi dernier.

Au fond, les hiérarchies de nos préoccupations parlent de notre vision du monde. Est-on sûr d’avoir tous bien compris ce qui se joue dans le golfe du Mexique ? Certes, vu d’Europe, tout cela peut sembler bien loin. Mais qui pourrait soutenir qu’il s’agit là d’une affaire réservée aux pêcheurs de crevettes du sud des États-Unis ?



François Ernenwein

Parole contre parole

L’affaire Woerth-Bettencourt… toujours. On aimerait commenter des informations plus positives, comme la baisse du nombre de tués sur les routes, par exemple. François Fillon, qui a remis, en début d’année, la sécurité routière au premier plan des préoccupations gouvernementales, après le bilan médiocre de l’année dernière, peut être satisfait. Malheureusement pour lui, le Premier ministre n’a pas eu le loisir de disserter sur le sujet, hier. Une seule interrogation hantait les parlementaires UMP reçus à Matignon : peut-on sauver le soldat Woerth ?

François Fillon a promis de ne « pas céder à l’agitation ». Le propos est offensif, mais les proclamations de fermeté sont faites pour être démenties. De Charles Hernu, emporté par le scandale du Rainbow Warrior, en 1985, à Hervé Gaymard, logé par les contribuables dans un luxueux duplex de 600 m², vingt ans plus tard, tous les ministres acculés à la démission ont commencé par jurer qu’ils ne renonceraient pas à leur poste. Tous ont pu compter sur le soutien de Matignon et de l’Élysée… jusqu’au jour où ce soutien a fait défaut parce que la pression était devenue intolérable.

Dans le cas Woerth, la pression ne baisse pas d’un iota, au contraire. Les attaques se font de plus en plus précises au fil des jours, abandonnant la notion floue de conflit d’intérêt pour se focaliser sur le financement de l’UMP, parti dont Éric Woerth est le trésorier. Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, on est bien au-delà de la rumeur. Des chiffres sont avancés, un témoin qui n’est pas anonyme s’est fait connaître, formulant des accusations qui ont justifié, hier, l’ouverture d’une enquête par le parquet de Nanterre.

Éric Woerth porte plainte pour dénonciation calomnieuse : c’est sa parole contre celle de la comptable de Liliane Bettencourt. Par définition, l’argent liquide coule sans laisser de trace. La guerre judiciaire risque de durer longtemps… Sur le plan politique, ce temps est compté : le pays ne peut pas vivre indéfiniment dans le soupçon. Contrairement à ce que veut croire François Fillon, le président de la République n’est pas maître de son calendrier. S’il n’arrive pas à reprendre la main rapidement, tout est possible, y compris le pire. Jamais le chef de l’État ne tiendra jusqu’en octobre avec un gouvernement dans cet état.



Patrick Fluckiger

Les questions du mercredi, Jean Pierre Raffarin


Plus belle la vie pour Rémy Pflimlin ?


A quoi sert donc le CSA, ce conseil supérieur de l'audiovisuel qui va recevoir aujourd'hui le nouveau président de France Télévisions ? Il y a cinq ans, c'est lui qui choisissait le patron de la télé publique. Cette fois il ne fera que l'écouter. D'institution souveraine contrariant les voeux de l'Élysée et de Matignon - en 2005, c'était Marc Tessier le favori du palais -, il aura muté en Chambre Soumise à l'Autorité du président de la République. Il n'a plus aucun pouvoir, en effet, pour contester le choix du chef de l'État. Quand l'Élysée l'a émasculé, il n'a même pas crié. Ce n'est pas maintenant qu'on risque de l'entendre. Pour une aussi grande démocratie que la France, cette reddition silencieuse n'est pas vraiment glorieuse. Une souffrance muette pour laquelle on n'aura aucune compassion tant elle transpire la lâcheté. La personnalité de Rémy Pflimlin n'est pas en cause. L'ancien directeur commercial des DNA est accueilli avec beaucoup de bienveillance à tous les étages de la grande maison. Un miracle, dans le climat politique délétère actuel, qu'il ne doit qu'à son autorité tranquille. Nul doute que le nouveau PDG saura gérer cette pétaudière permanente avec la même subtilité souriante qui l'avait fait réussir lors de ses quelques années à la direction générale de France 3. On le dit « lisse », il est rond, plutôt, s'il le veut bien, et indubitablement carré - son tempérament alsacien ? - quand il faut trancher. La crise politique est une chance pour lui. Toutes les énergies polémiques sont tournées vers l'incroyable feuilleton de l'affaire Woerth, et personne ne semble avoir l'intention de zapper sur son programme. Cette faible part de marché très provisoire va lui laisser les mains libres pour prendre les manettes en douceur et lui permettre, derrière l'écran de fumée d'une actualité passionnelle, de faire oublier le mode de nomination plombant, aussi dévalorisant que régressif, qui l'a amené dans son fauteuil présidentiel. Cet homme qui n'a guère le goût de la servilité et le sens (positif) de l'opportunisme politique va sans doute profiter de la faiblesse de sa tutelle pour imposer d'emblée son indépendance et ses choix. Le chef de l'État a d'autres chats à fouetter. Quoique... rien n'est jamais sûr dans une tempête médiatique où le positionnement des rédactions du service public risque d'être observé de près. Il hérite tout de même d'une situation anormale qui voit la tête de la télévision publique tomber pour la deuxième fois en cinq ans. S'il ne s'est pas fait remarquer par son audace Patrick de Carolis est loin d'avoir démérité et il avait misé sur la durée pour restructurer le paquebot pour dix ans. Tout est encore à recommencer. Plus belle la vie pour et avec Rémy Pflimlin ? On le souhaite...

Olivier Picard

An

Bonne année, bonne santé… bon bébé. Les statistiques sont formelles, la nuit du Nouvel An est beaucoup plus féconde que toutes les autres nuits de l'année - en gueules de bois le lendemain, et en bébés neuf mois plus tard. Plusieurs hypothèses explicatives peuvent être avancées, selon le chercheur de l'Institut national d'études démographiques qui vient de publier ces chiffres. La première est la vertu aphrodisiaque des vœux de Nouvel An, qui ignorent généralement le vœu de chasteté. La deuxième est la vertu désinhibante des bulles de champagne mêlées aux langues de belle-mère. Une troisième, enfin, conjointe à la précédente, est que l'ivresse des sens peut conduire à l'oubli des précautions d'usage, générant ces accidents de septembre. Nous ne trancherons pas ici cette querelle scientifique. Nous rappellerons cependant, par respect de la loi, qu'il faut consommer avec modération.

Au train où vont les choses...

Du côté de San Francisco, notre TGV semblait sur la bonne voie. De l'avis général, il avait toutes les chances de remporter un fabuleux contrat. À savoir la construction d'une ligne à grande vitesse, 36 milliards de dollars TTC, et marchepied idéal pour conquérir le Nouveau Monde.

Soudain, par voie légale, le député californien Bob Blumenfield s'en mêle. Il exige des candidats un rapport complet sur les activités de leur entreprise... pendant la Seconde Guerre mondiale. Et de préciser : "Qui fuit ses responsabilités morales ne saurait toucher l'argent du contribuable."

L'étrange avenant à "l'appel d'offres" vise directement les chemins de fer français. Ceux-là même qui, sous l'Occupation, jouèrent un rôle funeste dans la déportation de 76 000 juifs.

Faute de "repentance" publique, la SNCF risque ainsi de perdre le marché. Son principal concurrent s'en réjouit. Qui, au fait ?

Un groupe chinois, allié au géant américain General Electric... Ça tombe bien. Pékin et Washington n'ont rien à se faire pardonner, au moins concernant la Shoah.

À la fin, c'est Arnold Schwarzenegger - le gouverneur de l'Etat - qui devra trancher.

Ironie de l'Histoire, son père portait l'uniforme nazi. Ça ne l'a pas empêché, lui, d'être élu.


Gilles Debernardi

Peut-on débattre de l'avenir de la culture ?

La culture ne semble plus être un enjeu politique. Partout en France, les festivals, les institutions culturelles théâtrales, musicales ou chorégraphiques pâtissent d'une distance nouvelle entre les élus de la République et les acteurs publics de la vie artistique.

Les élus sont confrontés à d'autres priorités qu'impose la crise économique, et ils s'inquiètent de la nouvelle loi en discussion sur leurs compétences territoriales. Quant au secteur culturel, il voit que le ministère de la Culture n'a plus le magistère qu'il eut dans les années 1980, lorsque le gouvernement socialiste en avait fait le fer de lance d'un « changement de société ».

Aujourd'hui, l'État plafonne ses dépenses culturelles à 2,9 milliards d'euros tandis que les villes, les départements et les Régions y contribuent pour plus de 7 milliards. Mais, au-delà de ce nouvel équilibre budgétaire, c'est d'une autre politique culturelle qu'il est question. Désormais, l'art et la culture sont d'abord un simple sujet comptable, ce qui les éloigne du débat public.

À l'heure où le divertissement est devenu une activité économique fort lucrative pour tous les groupes multimédias, l'action culturelle de proximité se sent ignorée par les politiques. Dans les conseils municipaux, les structures associatives ou au Parlement, le débat public « sur le fond » est inexistant.

L'influente fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC) veut alerter ses propres adhérents sur l'urgente nécessité de « redonner du sens au rôle des artistes dans la cité ».

Le mois dernier, le président du syndicat national des entreprises culturelles, François Le Pillouër, directeur du Théâtre national de Bretagne, inquiet de cette « indifférence criante », a mobilisé des professionnels dans la rue, parmi lesquels des comédiens comme Denis Podalydès ou Emmanuelle Béart.

La vie culturelle foisonnante qui caractérise pourtant le paysage français est-elle vraiment menacée ? Oui, car, pour la première fois depuis la création d'un ministère de la Culture (c'est-à-dire avec Malraux en 1959), ce n'est plus l'État qui a les cartes en main, mais des centaines, voire des milliers de maires, de conseillers généraux ou régionaux isolés qui se sentent parfois dépassés par l'enjeu. Crise oblige, la culture est en train d'être localement et discrètement sacrifiée sur l'autel de la rigueur budgétaire.

La liberté chèrement acquise d'avoir pu répartir les dépenses culturelles entre les collectivités publiques se retourne, aujourd'hui, contre ceux qui en sont les bénéficiaires, c'est-à-dire les artistes et le public. Car, non seulement l'État n'est plus en mesure d'imposer ses choix, c'est-à-dire d'arbitrer et d'impulser, mais il est absent pour penser, concevoir l'avenir culturel de l'ensemble du territoire.

Dans leurs diversités politiques et géographiques, ce sont donc des collectivités locales qui, pour l'essentiel, détiennent les clés de notre accès à la culture. Mais qui, au plan national, est garant de l'égalité de cet accès aux oeuvres et de la solidarité des pouvoirs publics avec le monde de la création ?

(*) Professeur associé à l'université de Paris 8.

Burqa. Copé crée la surprise en annonçant la saisine des Sages

Jean-François Copé a créé la surprise, ce mercredi, en annonçant, face aux craintes récurrentes de la gauche sur la constitutionnalité d'une interdiction générale du voile intégral, la saisine du Conseil constitutionnel, un pari risqué mais qui vise à légitimer la démarche.

«Je souhaite que la loi votée, soit, avant sa promulgation, soumise au Conseil constitutionnel afin que son application ne puisse être contestée», a déclaré le patron des députés UMP en lançant à la gauche: «ce sera une bonne manière de clore les polémiques».

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a ensuite confirmé qu'il saisirait le Conseil constitutionnel pour «lever toute incertitude» sur la constitutionnalité de l'interdiction générale du voile intégral.

M. Accoyer saisira les Sages «au terme de la procédure législative», c'est-à-dire après son adoption définitive. Le texte, dont l'examen a pris fin mercredi, doit être adopté mardi lors d'un vote solennel, puis transmis au Sénat début septembre.

Dissimulation du visage prohibée

Le PS, redoutant que les Sages jugent inconstitutionnelle une interdiction du voile intégral dans tout l'espace public, avait d'ailleurs annoncé dès le mois de mai qu'il ne saisirait pas le Conseil constitutionnel.

«C'est un risque», a lancé à plusieurs reprises Jean Glavany (PS). «Ce risque est limité», lui a répondu le rapporteur UMP du texte, Jean-Paul Garraud.

Le texte de Michèle Alliot-Marie ne vise pas spécifiquement le voile intégral mais prohibe «la dissimulation du visage». Il interdit de fait le port du niqab ou de la burqa dans tout l'espace public, sous peine d'une amende de 150 euros et/ou d'un stage de citoyenneté.

Les sanctions entreront en vigueur au printemps 2011, après six mois de «pédagogie».

Les profs britanniques autorisés à recourir à la force

Grâce à un nouveau plan du gouvernement, les enseignants vont pouvoir maîtriser physiquement les élèves et fouiller leurs affaires si la situation l'exige.

Fouilles facilitées, anonymat de l'enseignant assuré en cas de plainte d'un élève contre lui, usage de la force légalisé si la situation l'impose : voici quelques unes des mesures présentées ce mercredi le ministre de l'Education britannique Nick Gibb pour renforcer la discipline dans les établissements scolaires.

Interviewé par le Daily Telegraph, Nick Gibb explique qu'une modification des règles est devenue nécessaire pour «inverser le rapport de forces en faveur des professeur et restaurer le calme dans les classes». «Rendre leurs droits aux enseignants bénéficiera à tous les élèves», assure le ministre, qui y voit un moyen de relever les performances globales du système éducatif. Selon lui, les «enfants mal éduqués» savent détecter les «faiblesses» des professeurs et perturbent les cours au détriment de l'apprentissage des autres élèves.

Le tabou sur l'usage de la force levé

Les circonstances dans lesquelles les enseignants pourront faire usage de leur force physique vont ainsi être recensées de façon plus précise. Cela est déjà permis à l'intérieur des salles de classe, du moment que le professeur ne fait pas mal à l'enfant. Mais dans la pratique, les professionnels osent rarement toucher leurs élèves par crainte des poursuites judiciaires. Ainsi, les professeurs ne devront plus hésiter à contraindre un élève à quitter la classe s'il la perturbe, ou à l'enfermer dans une salle à part pour le maîtriser si la situation l'exige.

Le gouvernement entend par ailleurs préserver la réputation des professionnels dans un pays où un professeur sur quatre se voit faussement accusé par un élève de maltraitance, avec seulement 2% des plaintes donnant lieu à une condamnation. Ceux qui feront l'objet d'une enquête, qu'elle soit conduite par la police, l'école ou les services sociaux, verront ainsi leur anonymat préservé, jusqu'à l'inculpation. Le pays a encore été secoué récemment par l'histoire de Teresa McKenzie, directrice adjointe d'une école dans le Cheshire, accusée par un garçon de 16 ans d'avoir eu des relations sexuelles avec lui après lui avoir envoyé des messages d'amour brûlants. Le tribunal l'a blanchie quand on s'est aperçu que l'adolescent avait un lourd passé de mythomane et avait accusé à plusieurs reprises d'autres enseignants et des employés des services sociaux de lui faire des avances.

Pouvoir coller sans préavis

Autre mesure significative de ce «plan discipline» : les motifs de fouille sur des élèves vont être élargis. Jusqu'à alors, les professeurs ne pouvaient intervenir que s'ils recherchaient un éventail restreint d'objets (alcool, armes, drogue et objets volés). Cette liste inclura à partir de l'automne la pornographie, les pétards, les cigarettes, le tabac, et toutes substances hallucinogènes, ainsi que les appareils photos, les baladeurs mp3 et les téléphones portables. Ces derniers font l'objet de plaintes régulières de la part des enseignants qui y voient un moyen, pour les élèves, de les déstabiliser pendant les cours, et de nombreuses écoles ont introduit dans leur règlement des règles restreignant leur usage.

Enfin, les enseignants pourront coller les élèves après la classe sans prévenir les parents au préalable. Jusqu'à présent, la famille devait être informée au moins 24 heures à l'avance par les professeurs par voie écrite.

Une représentante du NASUWT, le syndicat enseignant majoritaire au Royaume-Uni, salue dans le Guardian ces initiatives, même si elle déplore que l'anonymat en cas de plainte ne soit pas étendu au procès. La plupart du temps, rappelle-t-elle, les rumeurs circulant sur l'enseignant pendant le procès finissent par pousser les établissements à les faire muter, même en cas de non-lieu.

Le sens de l'humour améliore l'espérance de vie

Cette capacité diminuerait la mortalité de 20%,dant sept ans, selon une étude auprès de 53.000 Norvégiens, suivis pendant 7 ans.

«S'il n'est pas permis de vivre très vieux, qu'on nous laisse au moins naître plus tôt», disait Pierre Dac. Est-ce son sens de l'humour qui a permis au maître du non-sens d'atteindre l'âge respectable de 81 ans? Possible, si l'on en croit une vaste étude récemment publiée dans l'International Journal of Psychiatry in Medicine. Au terme d'un suivi de sept ans d'une cohorte de 53.500 individus, Sven Svebak et ses collègues de l'université des sciences et technologies de Norvège concluent que cette capacité est associée à une réduction de la mortalité d'au moins 20%. «Nos résultats confortent l'idée que le sens de l'humour peut prolonger la durée de vie. Son effet est positif sur la santé mentale et la vie sociale même après la retraite, bien que le bénéfice sur l'espérance de vie n'ait pas été observé après 65 ans, précise Sven Svebak. À partir de là, la prédisposition génétique et les facteurs biologiques du vieillissement deviennent de plus en plus importants.»

Le chercheur norvégien peut être considéré comme une référence dans ce domaine très pointu. Dès 1974, il a mis au point un questionnaire pour évaluer la sensibilité d'un individu à l'humour. Plus récemment, il a démontré que les insuffisants rénaux chroniques dotés d'un bon sens de l'humour avaient un meilleur taux de survie à deux ans que ceux qui en étaient dépourvus. Cette fois, Sven Svebak s'est intéressé à une vaste population d'individus, issus du groupe «Hunt 2» (constitué au total de 66.000 adultes de plus de 20 ans résidant dans le comté de Nord-Trondelag, au centre de la Norvège). Le sens de l'humour des 53.500 participants a été mesuré par un test avec trois questions estimant la capacité à comprendre et à penser d'une façon humoristique.

Un humour «amical»

C'est un humour «amical», c'est-à-dire ni conflictuel ni insultant, qui est ici étudié, précisent les chercheurs. Ils rappellent aussi que cette aptitude est distincte du rire. «L'humour n'a pas besoin d'être extériorisé. (…) Un pétillement dans le regard peut suffire», insiste Sven Svebak. Dans son groupe d'étude, il observe d'abord que des effets favorables du sens de l'humour sur l'espérance de vie sont présents chez les sujets se considérant en bonne santé et chez ceux qui jugent leur santé précaire, en tout cas jusqu'à 65 ans. Surtout, en répartissant les individus en deux groupes selon leur score au test d'humour, le chercheur constate une différence de mortalité de 20%, indépendamment d'autres facteurs de risque. Un projet débuté aux États-Unis dans les années 1920 avec 1 200 enfants surdoués (QI à 135) avait conclu que ceux dotés d'un solide sens de l'humour avaient plus de chances d'être en vie à 80 ans. Le travail des Norvégiens va dans le même sens, avec un échantillon beaucoup plus représentatif. La nouvelle est d'autant plus réjouissante que, selon Sven Svebak, le sens de l'humour «peut s'apprendre et s'améliorer avec de la pratique».

Comment la télévision à la demande va bouleverser le paysage audiovisuel

C'est la fin d'une époque, selon l'Idate. Le secteur audiovisuel devrait vivre une croissance faible jusqu'en 2020. Des chaînes devront disparaître face aux coups de boutoir des nouveaux concurrents : opérateurs télécoms, géants du web et fabricants de téléviseurs.

Télévision de rattrapage, vidéos à la demande: avec la convergence entre la TV et le web, le secteur va connaître d'ici 2020 une révolution dans les usages qui va pousser les chaînes à se regrouper pour survivre, selon une étude publiée mercredi par l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

Entrant dans "la fin d'une époque", le secteur devrait connaître une croissance faible de son chiffre d'affaires, de 2% par an pendant la décennie à venir, selon cette étude. Pourtant, la consommation de vidéos va augmenter de 3h30 à 5h00 par jour et par personne en dix ans, "sous l'influence principalement de la libération du carcan des grilles des écrans de télévision grâce à la télévision de rattrapage", a expliqué le directeur de l'Idate, Gilles Fontaine, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Opérateurs et géants du web, nouveaux acteurs à part entière de l'audiovisuel

"La consommation à la demande va s'imposer, seuls les grands évènements seront regardés en direct", a-t-il précisé. De plus en plus de plate-formes sur internet proposeront de regarder ou de télécharger des vidéos, et les réseaux sociaux joueront un rôle prépondérant dans les choix des spectateurs, selon cette étude.

Dans ce nouveau contexte, les moteurs de recherche comme Google ou Yahoo, mais aussi des fabricants, comme Sony ou Panasonic, ou encore des opérateurs télécoms, vont devenir des acteurs à part entière du paysage télévisuel, a fait valoir M. Fontaine. "Puisque le téléviseur est maintenant connecté à internet, il peut servir à visionner des contenus qui n'ont pas été amenés par les chaînes de télévision", a-t-il estimé.
Consolidation

Mais l'explosion de la consommation de vidéos sur internet "sera difficile à monétiser", les recettes publicitaires ne suivant pas, selon l'Idate, qui appelle le secteur à entreprendre une transformation radicale pour survivre. "Il est temps que les chaînes aient une stratégie de consolidation" mondiale ou régionale, qui leur permettra de s'implanter sur des marchés émergents, porteurs de croissance, et de réaliser des économies d'échelle, a jugé M. Fontaine.

Les plus habiles arriveront alors à imposer des "franchises" mondiales ou régionales, bénéficiant d'une marque à forte notoriété, qui distribueront largement leurs programmes via les canaux classiques, mais aussi sur des portails liés aux réseaux sociaux dominants, prédit l'Idate. Leur attractivité sera entretenue par la diffusion de contenus exclusifs (programmes, transmission d'évènements sportifs).

Certaines devront se replier sur la production de programmes, laissant à d'autres le soin de les diffuser, selon l'Idate.

Les chaînes thématiques (enfants, nature, éducation, voyages) devraient être les premières victimes de ce "bouleversement": leurs programmes migreront vers des plate-formes spécialisées, qui ont l'avantage de laisser une liberté de choix bien plus grande au spectateur.