TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 5 juillet 2010

Let them eat cake (or smoke cigars)

THE resignation of two French junior ministers on July 4th was the first fall-out from a series of mini-scandals that for weeks has been undermining the credibility of President Nicolas Sarkozy’s government. Alain Joyandet, in charge of overseas aid, and Christian Blanc, who headed plans to create a Greater Paris region, both resigned after a public outcry at their behaviour. The former had hired a private jet at a cost of €116,500 ($157,700) to fly to an international aid meeting in the Caribbean. The latter had charged fully €12,000 of cigars to his ministry. Is this the start of a wider clamp-down within the centre-right French government?

This is the first time in this series of affairs that a member of Mr Sarkozy’s government has paid the price for abuse of office. The president had hinted to his deputies in a closed meeting last week that he would draw conclusions from irresponsible behaviour in a government reshuffle, but not until the autumn. In particular, he mentioned the private-jet, the cigar bill, and a luxury hotel (booked by Rama Yade, the junior sports minister, in South Africa during the football world cup). But growing public indignation and media pressure made it difficult to hold off. It was the Elysée Palace, the seat of the presidency, that announced the resignations, and the government’s spokesman, Luc Chatel, said that Mr Sarkozy had in reality fired them.

By itself, the loss of these two ministers is fairly minor. The fact that neither is being replaced, their portfolios merged into other ministers’, suggests that they will not be much missed. Symbolically, however, it shows that Mr Sarkozy—and his government—is at last beginning to grasp how badly these affairs have gone down in public opinion, and how much they are weakening his presidency. Mr Sarkozy’s popularity has sunk to a crushing record low of 26%, according to the latest poll by TNS-Sofres. At a time when the government is trying to raise the legal pension age from 60 years to 62, and the whiff of austerity is in the air, ministerial abuse shocks. Fully 64% of respondents told another poll by Viavoice, published on July 5th , that they thought that all politicians, on the left and the right, were “pretty corrupt”.

So far, Mr Sarkozy has made some gestures to try to show that the cost-saving effort is being shared. He has cancelled the traditional annual garden party that he throws on Bastille Day, July 14th, which cost €730,000 last year, as well as the presidential hunt. In a letter to his prime minister, François Fillon, he told ministers henceforth to travel by train rather than plane, and to reduce the number of advisers in their cabinets to a maximum of 20 each. He also said he would abolish 10,000 official cars and 7,000 official apartments by 2013, and trim ministerial budgets by 10%.

This may not be enough. There are other scandals: a minister with two official apartments, another who reportedly lodged her brothers in hers. And then there is the case of Eric Woerth, the pensions minister, currently in charge of the controversial reform. He has been caught up in a tax-evasion case linked to the Bettencourt family, which owns L’Oréal, the cosmetics giant, and for whom his wife, Florence, until recently worked. Mr Woerth, who received political donations from Liliane Bettencourt, the billionaire heiress, insists that he did nothing wrong, and that he (and his wife) knew nothing. Even assuming he is innocent, however, the perception of conflict of interest is overwhelming. Mr Sarkozy wants to keep Mr Woerth in office, at least until after pension reform has been voted in the autumn. If the political pressure on him does not die down as the summer holidays approach, he may not be able to wait that long.

La France, un pays dépouillé de ses valeurs

l y a un peu plus de soixante-dix ans, Montherlant publiait un petit livre ardent et lucide, L'Equinoxe de septembre, dans lequel il dénonçait l'esprit de Munich, décrivant l'atmosphère délétère de la France de la fin des années 1930. On y voit s'élever la coalition des égoïsmes, la haine de tous contre tous et la résignation érigée en principe. Y règne "une morale où l'indignation est appelée "mauvais caractère", où l'expression de ce qui est est appelée "inconvenance", où tout homme qui se tient à ses principes, et dit non, est décrété "impossible"". Comment ne pas percevoir l'écho que l'époque actuelle renvoie à ce tableau édifiant ?
Car notre pays semble à nouveau privé de repères, attiré vers les abîmes du renoncement. En février, un rapport du médiateur de la République décrivait une société "fracturée" et dominée par un état d'esprit "mêlant angoisse et rancœur, prêt à se déverser dans les pires exutoires". La France semble arriver à un moment où tout ce qui avait forgé son pacte républicain serait en phase de liquidation.

Et notre pays paraît se réfugier dans le repli, comme s'il se détournait de tout ce que l'Histoire lui a légué de plus fécond : l'esprit d'ouverture et la force de la tolérance. Ce qui s'érode aujourd'hui, c'est l'idée même qu'une nation puisse être d'abord une expérience commune. L'expression insidieuse de cet égoïsme triomphant, c'est cette forme collective de l'individualisme qu'on appelle communautarisme.

Comment en sommes-nous arrivés là ? La vérité est qu'un certain discours s'est répandu, signant un armistice insupportable sur l'essentiel : notre héritage, nos idéaux, notre avenir. Ce discours a atteint son point culminant avec le débat nauséabond sur "l'identité nationale". Alors se sont libérés tous les effluves du rejet qui nourrit l'envie et la haine. Il y a d'ailleurs quelque chose de désespérant dans ce mode de gouvernance fondé sur la mise sous tension permanente du corps social et l'exploitation des antagonismes.

La France d'aujourd'hui est un pays où une composante de la population est sans cesse évoquée à travers des étiquettes humiliantes, assimilée à la délinquance, à la polygamie ou à la fraude aux allocations familiales. C'est un pays où une femme, Prix Goncourt, devrait s'excuser d'écrire librement, et, de fait, se justifier d'être française. Un pays où un réseau de cinéma, dans une relative indifférence, déprogramme l'œuvre d'un cinéaste israélien, en "représailles" contre l'attitude de leur gouvernement : une censure politique qui cible la culture, au pays des Lumières…

En un mot, c'est un pays que l'on dépouille de ses propres valeurs. Ainsi, là où nos concitoyens ont soif de sens, d'exigence et de résultats, s'écrit chaque jour une petite chronique de la désinvolture, de la vacuité et même du culte vénal. Ne revenons pas ici sur ce qui a rythmé l'actualité récente et mis en lumière une République pas vraiment "exemplaire". Soulignons en revanche ce qui se dessine en arrière-plan : une véritable décadence de l'esprit public. Oui, le démantèlement de nos services publics ne se borne pas à transformer les fonctionnaires en variables d'ajustement d'une politique de court terme, il porte atteinte à l'universalité même de l'école, de la santé, de la sécurité, voire de l'information.

LE SENS DU COLLECTIF

Dès lors, comment s'étonner, devant ce spectacle d'un système dur avec les humbles et complice avec les puissants, que la France, selon un récent sondage de l'IFOP, soit le pays d'Europe où le sentiment d'injustice sociale est le plus prononcé ? Au cours des sept dernières années, les 0,01 % de Français les plus riches ont vu leur revenu croître dix fois plus vite que celui du reste de la population. Pourtant, la réforme en cours sur les retraites cible, une fois encore, les modestes, les carrières longues et souvent épuisantes. S'installe le sentiment d'une société devenue amorale, dans laquelle la défiance est finalement le sentiment le mieux partagé.

Ce pays cabossé, cette société tourneboulée, la gauche doit tenter de les convaincre que des perspectives stimulantes existent. Pour cela, il faut dire la vérité. Et d'abord sur la dramatique situation budgétaire de la France, après qu'un gouvernement ayant acté la "faillite" de nos finances publiques s'est évertué à les dilapider. La vérité, donc : dans notre pays, l'Etat vit six mois de l'année au crédit des générations futures. Gouverner consistera à rechercher des marges, en assumant des priorités claires. Nous ne pourrons pas tout, mais tout ce que nous pouvons devra être accompli. Ne cherchons pas à accréditer l'idée d'un miracle ni celle d'une absurde infaillibilité.

Concentrons-nous en revanche sur les piliers d'un projet crédible, la solidarité, l'éducation, l'innovation et la croissance écologique. Revendiquons-le : les notions de justice sociale ou de performance de nos services publics dessinent des réponses modernes qui nécessitent des moyens, des instruments ainsi qu'une organisation. Sur chacun de ces engagements, nous devrons rendre des comptes aux Français, tant ils sont las des promesses sans lendemain. Oui, la gauche a le devoir de dépasser cette confusion ambiante dans laquelle le pouvoir n'est responsable de rien puisque "c'est la faute à la crise, à la mondialisation, voire aux collectivités locales".

Ultime condition, mais décisive : il faudra rétablir un Etat impartial, garant de la séparation des pouvoirs et de l'unité nationale. Le défi de demain est social et économique, il est tout autant démocratique et éthique. Dès à présent, gardons-nous de répondre au populisme par la démagogie, fût-elle tonitruante. Faisons la démonstration d'une opposition qui puise dans le sens du collectif la force de défendre ses convictions, comme elle y puisera demain son inspiration pour faire progresser la société tout entière. Veillons-y dès à présent, quelques semaines avant l'équinoxe de septembre 2010…

Bertrand Delanoë, maire (PS) de Paris


EST CE PAR LA PÉDALE (vélib), GOUFFRE PARISIEN, QUE LES VALEURS DE LA FRANCE SERONT MIEUX RESPECTÉES ? J'EN DOUTE PAUVRE "HOMME".

La Commission européenne plaide pour le recul de l'âge de départ en retraite

a Commission européenne plaide en faveur d'un recul général de l'âge de départ à la retraite dans l'UE afin d'éviter l'explosion du système et de soulager les finances publiques des Etats, déjà plombées par la crise, dans un document qui sera présenté mercredi.

"Faire en sorte que le temps passé à la retraite ne continue pas à augmenter par rapport au temps passé à travailler aiderait à la viabilité" des caisses de retraite des pays européens, fondées sur un système de répartition où les retraités voient leurs allocations payées par les cotisations des actifs, souligne l'exécutif européen dans son rapport.
"Cela signifie augmenter l'âge auquel on cesse de travailler et l'on commence à bénéficier de sa retraite", ajoute le document. "Prolonger la période de travail au cours de la vie pour tenir compte de la hausse de l'espérance de vie permettrait d'enregistrer deux bénéfices : de meilleures conditions de vie et des systèmes de retraites plus viables", argumente la Commission.

ÂGE MOYEN DE DÉPART EN RETRAIT EN EUROPE : 61,4 ANS

Au cours des cinquante dernières années, l'espérance de vie a progressé de cinq ans en moyenne dans l'UE, selon Bruxelles, et les projections montrent qu'une nouvelle augmentation de sept années pourrait se produire d'ici à 2060. Par ailleurs, les taux de fécondité sont faibles. Résultat : alors qu'aujourd'hui on compte quatre actifs pour une personne de plus de 65 ans en Europe, d'ici à 2060 il n'y aura plus que deux actifs pour une personne de plus de 65 ans.

L'âge moyen de départ à la retraite au sein de l'UE se situait en 2008 à 61,4 ans. Face à l'augmentation de leurs déficits publics et de leur dette, de nombreux pays ont déjà entrepris de reculer l'âge de la retraite chez eux. La France veut repousser l'âge minimal de départ de 60 à 62 ans d'ici à 2018. L'Espagne veut, elle, reporter l'âge légal de la retraite de 65 à 67 ans, à l'instar de l'Allemagne qui veut le porter de 65 à 67 ans d'ici à 2029 pour une pension complète.

Coup de chaud

Ça ne sentirait pas un peu le brûlé, là ? Deux fusibles ont fondu, en tout cas, et il flotte comme un léger parfum de panique dans la maison Sarkozy. Les conditions dans lesquelles les démissions forcées d'Alain Joyandet et Christian Blanc sont intervenues hier ont plus d'importance finalement que le licenciement sec des deux sous-ministres. Ce qui frappe, c'est la fébrilité qui les caractérise. Comme si le président de la République avait été soudain saisi par l'urgence de faire des exemples pour calmer la colère du peuple. Il y a quelques jours encore, le chef de l'État évoquait un remaniement en octobre avec une sanction annoncée pour certains membres du gouvernement coupables de mauvais « comportements ». Et voilà qu'en une seule journée tout s'est accéléré. Devant l'incompréhension de l'opinion, il fallait des victimes expiatoires ! Vite. Tout de suite. Alors on a choisi les deux mauvais élèves les plus caricaturaux : le premier avait dépensé pour 12.000 euros de cigares, le second voulait trafiquer son permis de construire. Train de vie choquant, passe-droit insultant pour le droit : leurs comptes étaient bons. Pour les autres, Fadela Amara et Rama Yade, cela pouvait attendre. Leurs fautes semblaient moins nettes, moins vénales, moins symboliques. Cette hiérarchie des vices ajoute un peu plus à l'inédit d'une situation qui s'apparente à un scénario pour République bananière. Comment le chef de l'État peut-il imaginer une seule seconde que ce coup de balai express et sélectif un dimanche d'été suffira à éteindre l'impression de scandale qui, jour après jour, étend un nuage de plus en plus épais autour de l'équipe au pouvoir ? Non seulement cette précipitation ne réglera rien, mais elle risque surtout d'aggraver le malaise qu'elle prétendait dissiper. En jouant petit bras, et à contretemps, l'Élysée et Matignon viennent de commettre une double faute. Si le débarquement de Joyandet et Blanc visait à faire oublier l'affaire Woerth, et à faire retomber la pression, c'est raté. Ce coup de tonnerre dans le ciel bleu de juillet où l'information politique commençait à fondre au soleil des vacances expose un peu plus le ministre du Travail aux rayons de l'amalgame. Le voilà mis sur le même plan que ses grossiers homologues. Livré, pour le coup, aux crocs d'une presse suffisamment sur les dents pour se demander pourquoi il bénéficie d'un soutien aussi spectaculaire et surtout aussi risqué. Ce n'est plus une protection, mais une compromission, et elle lie un peu plus encore le président à son ministre. Ce matin, on se demande encore quel est l'étrange calcul de Nicolas Sarkozy tant il échappe à toutes les équations politiques prévisibles. Un coup de chaud ?

Olivier Picard

Un dur moment politique

Christian Blanc (secrétaire d'État au Grand Paris) et Alain Joyandet (Coopération) démissionnent. Au premier, on reproche d'avoir fait payer, par son ministère, 12 000 € de cigares. Au second, la location d'un avion privé aux frais de l'État et la validation contestée d'un permis de construire.

Mercredi, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il se séparerait, en octobre, des ministres qui adoptent des comportements « qui ne m'ont pas plu du tout ». Ce calendrier était un aveu indirect de faiblesse. Ces comportements sont d'autant plus mal vécus qu'ils surgissent à un moment où l'avenir n'a jamais été aussi angoissant.

En outre - et au-delà du cas d'Éric Woerth, ministre et trésorier d'un parti - personne, en France, n'a jamais clarifié la notion de conflit d'intérêt. Il n'est pas question d'illégalité, mais on peut évidemment y voir des fautes politiques ou morales.

On peut regretter l'emballement moutonnier des médias. On doit condamner les amalgames et les entorses à la présomption d'innocence. Mais on ne peut pas regretter que des médias, qui sont, par fonction, les vigiles de la démocratie, pointent les dysfonctionnements de notre système, lorsque ceux-ci sont avérés.

La révélation de ces dysfonctionnements par des fonctionnaires zélés, confirmée par les sanctions brandies par l'Élysée, est davantage le signe d'une dégradation de l'État que d'une vivacité de l'opposition.

À qui profitent ces polémiques ? Pas au pouvoir, évidemment. La cote de l'exécutif baisse et certains craignent que la réforme - emblématique - des retraites ne s'en trouve compromise. L'annonce, trois mois à l'avance, que le gouvernement va être remanié, enlève aussi toute autorité aux propos des ministres. Il n'est guère que François Fillon, débarrassé de tout rival, avocat de la réforme des retraites, qui en sort conforté.

Pas non plus à l'opposition. La gauche, atterrée par les propos de Ségolène Royal, redoute le procès en acharnement et sait qu'à trop en faire, elle joue contre son camp.

Ces polémiques profitent surtout aux protestataires, qu'elles abreuvent d'arguments nourrissant leur populisme. Michel Rocard et Simone Veil ont d'ailleurs aussitôt tiré la sonnette d'alarme : il faut vite désamorcer tout ce qui conduit à la crise de régime et nourrit les extrémismes.

Cet affaiblissement du pouvoir est fâcheux. La crise, dont on est loin d'avoir vu l'issue, exige des dirigeants forts et rassembleurs. Cette situation est en train d'abîmer le crédit de la classe politique.



(*) politique.blogs.ouest-france.fr
Michel Urvoy (*)