TOUT EST DIT

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samedi 3 juillet 2010

Aubry : "La République abîmée" par "trois ans de sarkozysme"

C'est un jour important pour le PS. Samedi 3 juillet, les socialistes organisent, à Paris, leur Convention nationale sur la rénovation afin d'entériner le texte sur la rénovation avec primaires et non-cumul des mandats.

L'occasion pour la patronne du PS Martine Aubry de dénoncer trois ans de sarkozysme. "Notre rénovation est d'autant plus nécessaire que notre République et notre démocratie sont aujourd'hui abîmées alors que la France reste enfoncée dans la crise", a-t-elle lancé. "Le pacte social est précarisé, le pacte républicain est fragilisé. C'est ça le bilan de la présidence de Nicolas Sarkozy !", a-t-elle ajouté, très applaudie.

"LA RÉPUBLIQUE AUSSI EST EFFONDRÉE DANS SES FONDEMENTS"

"Nous ne nous préparons pas seulement à succéder à l'UMP, mais à réparer la France (...). Si la démocratie est abîmée par trois ans de sarkozysme, la République aussi est effondrée dans ses fondements", a-t-elle jugé. La patronne du PS a aussi dénoncé "un entrelacs fâcheux entre le pouvoir politique et les intérêts de l'argent", évoquant notamment l'affaire Bettencourt-Woerth.

Ces propos ont aussitôt été dénoncés par Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille qui a estimé que "l'anti-sarkozysme aigu [de Martine Aubry] et ses violentes attaques infondées envers le président de la République ne feront jamais un programme politique". "Le Parti socialiste ? C'est trois ans à essayer de se rénover, trois ans à tenter de calmer les bagarres internes, trois ans à oublier la France", écrit-elle dans un communiqué.

COMMENT CETTE COCHONNE PEUT-ELLE DIRE DES BÊTISES AUSSI ÉNÔÔÔÔRMES QU'ELLE ?
ELLE, QUI A ABÎMÉ LA FRANCE DEPUIS DIX AVEC LES 35 HEURES ?

Nos cerveaux attaqués par le net… vraiment ?

Arrêtez tout de suite de lire cet article, il pourrait vous rendre stupide ! Ne cliquez pas sur les liens, ils pourraient vous distraire !

Tel est le cri d'alarme que lancent (à nouveau) quelques Cassandre des nouvelles technologies, estime Nick Bilton pour le New York Times. Nicholas Carr (blog), dans son nouveau livre, The Shallows (qu'on pourrait traduire par "le bas-fond", pour désigner quelque chose de peu profond, de superficiel, de futile : le livre est sous-titré "ce que l'Internet fait à nos cerveaux"), affirme qu'Internet, les ordinateurs, Google, Twitter et le multitâche transforment notre activité intellectuelle au détriment de notre capacité à lire des choses longues, activité critique pour le fonctionnement de nos sociétés. Carr estime que le web avec son hypertexte coloré et son abîme sans fin d'informations morcelées, nous rend stupide, comme il le résume dans une tribune publiée récemment sur Wired pour présenter son livre :“Il n'y a rien de mal à absorber rapidement et par bribes des informations. Nous avons toujours écrémé les journaux plus que nous ne les avons lus, et nous gérons régulièrement les livres et les magazines avec nos yeux pour en comprendre l'essentiel et décider de ce qui nécessite une lecture plus approfondie. La capacité d'analyse et de navigation est aussi importante que la capacité de lire et de penser profondément attentivement. Ce qui était un moyen, un moyen d'identifier l'information pour une étude plus approfondie, est devenu une fin en soi, est devenu notre méthode préférée à la fois pour apprendre et analyser. Éblouis par les trésors du Net, nous sommes aveugles aux dégâts que faisons peser sur notre vie intellectuelle et notre culture.

Ce dont nous faisons l'expérience est, dans un sens métaphorique, une inversion de la trajectoire de civilisation : nous évoluons de cultivateur de la connaissance personnelle en cueilleurs de la forêt de données électroniques. Dans ce processus, il semble que nous soyons voués à sacrifier une grande partie de ce qui rend nos esprits si intéressants.”

Soucieux de propositions concrètes, Nicholas Carr va même jusqu'à proposer de repousser les liens hypertextes en fin d'article, pour faciliter la lecture et la concentration et éviter toute distraction (voir Narvic, “Le lien est-il en train de tuer le texte ?”).

L'EXPÉRIENCE MODIFIE LE CERVEAU… ET ALORS ?

Pourtant, tout le monde n'est pas aussi catégorique. Le psychologue et cogniticien Steven Pinker rappelle dans le New York Times que la défiance actuelle n'a rien de nouveau. Les mêmes choses ont été dites après l'invention de l'imprimerie, des journaux, du livre de poche ou de la télévision. C'est la fonction même de nos cerveaux d'apprendre de nouvelles choses. “Les critiques des nouveaux médias utilisent parfois la science elle-même pour faire valoir leur cause, en invoquant des recherches qui montrent comment “l'expérience peut modifier le cerveau”. Mais les neuroscientifiques roulent des yeux à un tel discours. Oui, chaque fois que nous apprenons une information ou une compétence, la façon dont sont reliés nos neurones change. L'existence d'une plasticité neuronale ne signifie pas que notre cerveau est une masse d'argile broyée par l'expérience.”

Le journaliste scientifique, Jonah Lehrer, auteur de Comment nous décidons, affirme également dans une magistrale réponse à Nicholas Carr qu'il est encore trop tôt pour tirer une conclusion sur les effets négatifs du web. Les éléments de preuves qu'utilisent les Cassandre de l'Internet pourraient tout à fait être utilisés pour affirmer que nous ne devrions pas marcher dans une rue parce que la charge cognitive y est beaucoup trop grande, comme l'affirmait en 2008 un groupe de scientifique de l'université du Michigan, montrant les effets dramatiques d'une ballade en ville sur la mémoire, la maîtrise de soi et l'attention visuelle (voir “Comment la ville nuit-elle à notre cerveau”). “Sur la base de ces données, il serait facile de conclure que nous devrions éviter la métropole, que les rues de nos villes sont un endroit dangereux et qu'il vaudrait mieux rester à la maison et jouer sur Google. Ce serait un argument à courte vue, basée sur une lecture limitée d'un ensemble très limité de données”, répond Lehrer.

Carr soutient que nous sommes en train de nous saboter, en passant d'une attention soutenue à la superficialité frénétique de l'Internet. Selon lui, du fait de notre plasticité neuronale, nous sommes en train de devenir les miroirs du médium qu'on utilise. Pour Carr, le cerveau est une machine à traitement de l'information qui est façonnée par la nature des informations qu'elle traite.

Il ne fait aucun doute que l'Internet change notre cerveau, rappelle Lehrer. “Tout change notre cerveau”. Mais Carr néglige de mentionner que l'Internet est aussi bon pour l'esprit. Une étude sur l'ensemble des études consacrées aux effets cognitifs des jeux vidéo par exemple montre que le jeu conduit à des améliorations significatives des performances de plusieurs tâches cognitives, de la perception visuelle à l'attention soutenue. Même Tetris peut participer à une augmentation marquée de notre capacité à traiter de l'information. “Une étude en neurosciences de 2009 de l'université de Californie à Los Angeles, a constaté que l'exécution de recherches sur Google a conduit à une activité accrue dans le cortex préfrontal dorsolatéral (en comparaison avec la lecture d'un texte sous forme de livre) [voir : "Le papier contre l'électronique : lequel nous rend plus intelligent ?"]. Fait intéressant, cette zone du cerveau sous-tend des talents précis comme l'attention sélective et l'analyse intentionnelle que Carr dit avoir disparu à l'âge de l'Internet. En d'autres mots, Google, ne nous rend pas stupide, car l'exercice de nos muscles mentaux nous rend toujours plus intelligents.”

L'esprit est une machine pluraliste : “Cela ne signifie pas que l'essor de l'internet ne va pas nous conduire à la perte d'importants talents mentaux”, estime Lehrer qui donne un contre-exemple frappant. “Par exemple, lors de l'alphabétisation, quand les enfants apprennent à décoder les lettres, ils usurpent gros morceaux du cortex visuel précédemment consacré à la reconnaissance des objets. Le résultat final est que les humains alphabétisés sont moins en mesure de “lire” les détails du monde naturel.”
Jonah Lehrer nous invite à faire attention de ne pas confondre les études sur le multitâche et ses effets et les études sur les effets du web, de l'Internet et des écrans et à rester prudent pour ne pas tirer de conclusions hâtives d'études imparfaites et provisoires. L'Internet ne va pas nous transformer en simples unités de traitement du signal, comme le suggère Carr.

Une grande partie du livre de Carr s'intéresse au coût cognitif des traitements multitâches, un terrain scientifique bien balisé depuis 50 ans, notamment par Herbert Simon. Le cerveau est une machine bornée et on sait bien mieux comprendre pourquoi parler au téléphone en conduisant risque de provoquer un accident, estime Jonah Lehrer. Mais même ici, les études sont complexes. Le jeu vidéo par exemple semble améliorer notre capacité à effectuer plusieurs tâches à la fois (.pdf). Certaines études ont constaté que la distraction encourage la transformation inconsciente, ce qui conduit à de meilleures décisions dans des situations complexes. En d'autres termes, s'amuse Lehrer, la prochaine fois que vous êtes confrontés à un choix très difficile, vous devriez peut-être faire un peu de multitâche pendant quelques heures… D'autres études ont constaté que les distractions temporaires peuvent accroître la créativité. Enfin, il y a également des études qui montrent les avantages à laisser son esprit vagabonder…

Pour aller dans le sens de Lehrer, il me semble que, peut-être plus que dans d'autres disciplines, les protocoles d'expérimentation des neuroscientifiques défendent souvent des thèses. On tombe facilement dans des propos radicaux autour de tout ce qui touche “les technologies de l'esprit”. La science et l'imagerie médicale semblent convoquées pour apporter des preuves. Alors que les différences de protocoles entre une étude l'autre, la petitesse des populations étudiées, nécessiterait beaucoup de prudence dans les conclusions. Ainsi, les mesures et résultats obtenus par l'imagerie par résonance magnétique sont peu reproductibles et s'avèrent bien moins fiables que ne le pensent les chercheurs qui l'utilisent, estime une récente étude.

Tout cela ne signifie pas que nous devrions toujours être distraits, mais cela suggère que l'attention n'est pas nécessairement un idéal, rappelle fort justement Jonah Lehrer. “La plus grande leçon, je pense, c'est que nous devons nous méfier de privilégier certains types de pensée sur les autres. L'esprit est une machine pluraliste.”

LA CULTURE N'EST PEUT-ÊTRE PAS BONNE POUR LE CERVEAU, MAIS C'EST UNE BONNE CHOSE POUR L'ESPRIT

Pourtant, comme Carr, Lehrer s'inquiète du risque de perte culturelle avec l'arrivée des nouvelles technologies. Comme Carr, Lehrer partage un goût pour les œuvres culturelles denses et difficiles. L'Internet, et la télévision avant lui, rendent certainement plus difficile pour les gens de se plonger dans la littérature, de trouver un moment de calme pour cela. De calme et d'ennui, car la littérature est aussi le lieu idéal de la rêverie. Elle n'est pas toujours le lieu de l'attention soutenue que désire Carr, au contraire. Mais l'argument de la défense de la culture n'a pas besoin des neurosciences pour être tenu, explique Lehrer. On n'a pas besoin d'évoquer le risque qu'encourt notre plasticité neuronale pour espérer que nous serons toujours aux prises avec des textes difficiles comme Auden, Proust ou Tolstoï. “Si nous sommes en désaccord sur la science, je pense que nous sommes d'accord sur le fait que se livrer à de la littérature est un élément essentiel de la culture. Ce n'est peut-être pas bon pour notre cerveau, mais c'est une bonne chose pour l'esprit. Nous avons besoin de Twitter et de “La terre vaine” (The Waste Land de T. S. Eliot).”

Notre cerveau n'a pas évolué naturellement pour nous permettre de lire : la lecture est une tâche contre nature, pour laquelle nos cerveaux ont besoin d'entraînement pour apprendre. Maryanne Wolf, directrice du Centre pour la lecture et la recherche sur le langage de la Tufts University et auteur de Proust and the Squid elle-même, rappelle que notre cerveau n'a pas été conçu pour lire. “Nous avons appris à le faire par une capacité extraordinairement ingénieuse de réorganisation de “pièces d'origines” – comme le langage et la vision, tous deux génétiquement programmés pour se dérouler de façon ordonné dans n'importe quel environnement nourricier.”

La recherche montre que chaque média apporte des attributs positifs, rappelle Nick Bilton. Les neurosciences ont montré que jouer à des jeux vidéo stimule des aires de notre cerveau qui contrôlent la mémoire de travail, la coordination des mains et des yeux et peut stimuler et améliorer plusieurs compétences cognitives. La lecture stimule des zones responsables de la réflexion, du raisonnement et de l'analyse critique. La narration auditive stimule des zones impliquées dans la créativité, la pensée contextuelle et les fonctions exécutives.

“On pourrait faire valoir que le Web, qui est la bibliothèque ultime de mots, vidéo, images, interactivité, du partage et de la conversation, est l'endroit par excellence pour apprendre.”


Hubert Guillaud

Liliane Bettencourt essaie de protéger François-Marie Banier

iliane Bettencourt affirme ne pas avoir subi de pressions de son ami François-Marie Banier, soupçonné d'abus de faiblesse, et accepte avec flegme que le procès intenté par sa fille soit devenu une quasi affaire d'Etat. Dans un entretien diffusé vendredi soir par TF1, mais enregistré mercredi dernier, l'héritière de L'Oréal assure également ne pas craindre la décision du ministre du budget, Francois Baroin, d'enquêter sur son patrimoine. "Qu'il fasse son métier, qu'il regarde, personne ne va l'empêcher", dit-elle.
Sa fille, Florence Meyers-Bettencourt, estime que le photographe François-Marie Banier a profité de la faiblesse de sa mère pour obtenir près d'un milliard d'euros en dons divers. Mais ce qui n'était qu'un conflit familial a provoqué une tempête politique quand l'ex-ministre du budget Eric Woerth, aujourd'hui ministre du travail, a été soupçonné d'avoir fermé les yeux sur des évasions fiscales de la milliardaire. Interrogée sur la polémique suscitée par la diffusion des enregistrements clandestins réalisés par son ancien maître d'hôtel, Mme Bettencourt a fait part de son impuissance, dans des propos parfois décousus. "Comment voulez-vous qu'on réagisse ? On ne peut qu'accepter, on est en République. C'est établi, je ne vais pas faire la révolution, non?", s'est-elle demandée.

A la question de savoir si François-Marie Banier a exercé des pressions sur elle, comme le suggèrent des enregistrements clandestins au coeur de l'affaire, Liliane Bettencourt répond : "Non, non". La première contribuable privée de France, qui dit "souffrir" du procès intenté au photographe de stars, d'autant que "c'est difficile d'entrevoir la sortie", estime que sa fille est guidée par la jalousie. "Je comprends très bien qu'une fille soit jalouse de sa mère. Moi aussi, j'étais jalouse de mon père quand je voyais des femmes tourner autour", dit-elle. Interrogé sur ses comptes en Suisse, qu'elle a confirmé détenir dans un communiqué, Liliane Bettencourt esquive. "Nous avons beaucoup d'affaires à l'étranger. Evidemment, on a des affaires, on a des immeubles." Enfin, la troisième fortune de France dit ne "même pas vouloir penser" au fait que cette affaire puisse avoir des répercussions sur la marche de l'Oréal. "C'est important pour le pays. Nous sommes dans les meilleurs, pourquoi cracher dessus ?"

L'avocat de sa fille, Me Olivier Metzner, avait auparavant déclaré sur RMC et BFM TV qu'il s'agissait d'un "photomontage" plus que d'une interview. "Ce ne sera pas l'interview de Liliane Bettencourt, ce sera l'interview de ses conseillers qui ont préparé des petites fiches", a-t-il dit, affirmant que ce bref entretien avait nécessité "trois heures de préparation et d'enregistrement". Mais TF1 a assuré que l'entretien, mené par la présentatrice vedette de TF1 Claire Chazal, s'était déroulé en dehors de la présence d'un avocat ou d'un conseiller.

Accusé d'avoir profité de la fragilité psychologique de l'héritière de L'Oréal pour se faire remettre près d'un milliard d'euros de dons, François-Marie Banier risque 3 ans de prison et 375 000 euros d'amende. Le tribunal de Nanterre a décidé jeudi de reporter le procès pour un supplément d'information. Mais le parquet a fait appel pour bloquer cette nouvelle enquête sur les enregistrements pirates, qui ont notamment mis en difficulté Eric Woerth.

Confusion des genres


Franchement, ce furent dix minutes d'épreuve. Un spectacle gênant pour le téléspectateur et dégradant pour le journalisme télévisé. Comment qualifier d'information digne et respectable l'interview laborieuse d'une femme de 87 ans dont l'œil brille encore des éclairs d'une intelligence sporadique mais dont l'esprit ne parvient manifestement plus à soutenir une réflexion continue ? Les coupes à la hache opérées au montage pour le 20 heures de TF1 ont peiné à masquer les évasions de la lucidité en fuite de Liliane Bettencourt. Ne restèrent derrière elles que les cailloux égarés d'une destinée évaporée dans les brumes impudiques de la vieillesse. Ce triste épisode d'un feuilleton d'État fait monter d'un degré supplémentaire la pression des médias sur une affaire que le pouvoir n'a cessé de minimiser. Le résultat de ce déni, c'est le triomphe de l'émotion sur l'information, de l'intuition sur l'investigation, du doute sur la vérité, et au final du soupçon sur toute autre analyse rationnelle. De là à mettre en accusation les réquisitoires prématurés d'une presse qui se prendrait pour la justice, il n'y a qu'un pas, franchi allègrement par les collègues défenseurs d'Éric Woerth. Les jours passent, en effet, et aucune preuve ne vient étayer l'hypothèse d'une corruption du ministre, fût-elle par omission. Le jeu de massacre des révélations distillées au compte-gouttes est peu ragoûtant, mais l'amalgame prospère sur une vraie culpabilité de celui qui s'amusait il n'y a pas si longtemps d'avoir une mine d'expert-comptable. Le voilà qui doit payer pour les mauvais calculs d'une communication gouvernementale dépassée par une étonnante candeur. Comment continuer d'affirmer avec aplomb que le cumul des fonctions de ministre du budget et de trésorier du parti majoritaire ne pose aucun problème, quand l'ambiguïté relève du bon sens le plus élémentaire ? Comment invoquer sérieusement la liberté des femmes pour continuer de justifier le droit de Florence Woerth à gérer les biens de la femme la plus fortunée de France, quand un tel choix professionnel fait naturellement désordre quand on est l'épouse d'un ministre du budget ? Si le scandale prend une telle ampleur, c'est parce qu'il dénonce l'arrogance d'un début de quinquennat où ces petits détails pouvaient apparaître bien dérisoires aux yeux d'une équipe triomphante. Négliger la valeur que ces peccadilles avaient prise avec la crise a été une erreur lourde de conséquence. L'attentisme du président de la République et du premier ministre qui peinent à en tirer les conséquences - sereinement, simplement, mais immédiatement - pourrait en être une autre. On ne parie pas sans danger sur la lassitude d'une opinion définitivement passionnelle.

Olivier Picard

Chaud


Il fait chaud. Trop chaud, trop vite. Cela épuise, au réveil de nuits sans sommeil, fenêtres ouvertes sur les bruits de la rue. Les vacances sont là, on ne les avait pas vues arriver. Le Tour de France s'élance, quand le deuil n'est pas encore fait des Bleus. Les ministres gaffeurs préparent leurs valises, mais ne partiront que cet automne... Dans ce désordre général, nos horloges biologiques s'affolent. Nous voilà tous exaspérés par la crise et sa rigueur qui ne dit pas son nom, en colère contre les scandales qui se multiplient, agacés par ces polémiques qu'on n'arrive même plus à suivre, tous énervés et au bord de l'explosion, comme un automobiliste embouteillé avec deux gamins qui pleurent à l'arrière, comme les artistes brésiliens face aux crampons bataves. L'envie est forte de crier stop ! On arrête tout, on se repose et on boit frais. Allez, bon week-end.


Sarkozy, à la manière d'Escalettes

"Admis ou pas ?" A l'aube des grandes vacances, la question court sous les préaux. Avant de tomber dans les bras de juillet, il faut savoir de quoi septembre sera fait. Les candidats à la réussite rongent leur frein, encore quelques jours d'angoisse.

Le verdict des examens approche... sauf dans la classe Matignon. Le superproviseur, Nicolas Sarkozy, y a repéré une poignée de "cancres" et le claironne abondamment. Il tait encore leurs noms, tout en pointant "des comportements inadmissibles". Assez pour qu'on esquisse la liste des futurs "recalés". Rama Yade, Christian Blanc, Alain Joyandet, Fadela Amera - voire un "bon élève" comme Eric Woerth - doivent se sentir visés.

Mais la sanction, sous forme de "remaniement", ne tombera qu'à l'automne... une fois bouclée la réforme des retraites. Claude Guéant, en "surgé" vachard, en rajoute une couche : "Préparons-nous à un gouvernement resserré".

En attendant, penauds, les ministres piquent du nez. Le dernier trimestre va être long... Comment bien travailler, aussi, se sachant déjà exclus par le conseil de discipline ! Cet étrange "management" semble l'apanage des présidents débordés. Ainsi Jean-Pierre Escalettes, plutôt que d'évincer Domenech avant la Coupe du monde, préféra lui annoncer qu'il serait viré après. On connaît le résultat.

Le danger afghan

« On ne gagnera pas la guerre en Afghanistan, pas plus que les Russes qui s'y sont cassé les dents ! » Voilà l'opinion de militaires de haut rang qui ont de plus en plus l'impression que les États-Unis et leurs alliés s'y enlisent.

Un général prestigieux vient d'être limogé par Barack Obama. Cela ne signifie aucunement un changement de stratégie du gouvernement américain. Celui qui le remplace est partisan d'une lutte qui, évitant les bavures et autres dégâts collatéraux, pourrait gagner à la cause du gouvernement afghan les populations soumises à la pression des talibans.

Tant mieux si l'on s'efforce enfin d'éviter les atteintes aux civils, mais les troupes ont l'impression d'être encore plus exposées parce qu'elles sont retenues dans leur action. Le moral s'en ressent d'autant plus que la guerre se fait plus meurtrière. Depuis six mois, le nombre des tués de la coalition occidentale (322) a déjà dépassé celui de l'année 2008 (295). On compte 102 morts rien que pour ce mois de juin.

Cependant, le fond du problème est ailleurs. Dans les pays musulmans, la présence étrangère est très mal ressentie. Ceux qu'ils nomment les « infidèles » veulent leur imposer leur manière de voir, de vivre et d'agir qu'ils appellent la démocratie. Ils donnent ainsi l'impression de s'en prendre à leur société, à leur nation. Même si certains ¯ et sans doute beaucoup ¯ déplorent l'extrémisme islamiste, l'action des étrangers sur leur sol leur paraît inacceptable.

Quant à la police et à l'armée afghane en formation, on devine la fragilité de leur fidélité. Comme toujours en pareil cas, il y a ceux qui sont prêts à virer de bord le jour venu...

Une autre attitudedevient nécessaire

Notre volonté de nous maintenir en Afghanistan tout en annonçant notre départ dans quelques mois brouille tous les messages. Cela crée une grande incertitude dans les forces afghanes et un grand espoir chez leurs adversaires.

On commence à s'apercevoir que nous nous épuisons et que, par exemple, les États-Unis peinent à trouver les hommes en nombre suffisant pour maintenir leur pression. Ils seraient sans doute incapables de faire face à d'autres conflits s'ils survenaient et seraient donc amenés à recourir à l'extrême violence de toutes leurs armes, autrement dit à une escalade immédiate dont les conséquences seraient imprévisibles. De toute manière, la détestation de l'Occident n'en serait qu'accrue. On est loin du rêve du président Bush d'apporter la civilisation et la démocratie.

Ce genre de méthode ne peut atteindre un tel but. Le vice-président américain, Joseph Biden, dit avec netteté que l'Amérique a d'autres intérêts stratégiques que l'Afghanistan, qu'elle est piégée par cette guerre interminable et qu'il faut en sortir. En effet, depuis des années, les progrès sont quasi nuls et l'on ne voit pas d'issue.

Comme le dit le général Desportes, « la priorité absolue à la ligne sécuritaire, le soutien à un gouvernement fantoche ne fonctionnent pas à long terme » (1). Et nous savons d'expérience que l'on ne gagne pas une guérilla lorsqu'elle émane du peuple et alors que l'opinion, en général, réprouve la présence des forces étrangères. Il est donc grand temps de choisir une autre attitude et de sortir d'un tel guêpier sans s'y perdre encore plus. La prolongation d'un tel engagement, loin de renforcer les intervenants extérieurs que nous sommes, les affaiblit tous sans exception et gravement.


(1) Le Monde, 2 juillet 2010.

Bettencourt: «Je comprends qu'une fille soit jalouse»

Au cours de son entretien avec la journaliste Claire Chazal, diffusé vendredi soir sur TF1, l'héritière de L'Oréal, a évoqué à plusieurs reprises l'attitude de sa fille, tout en affirmant qu'elle aimerait la revoir.

L'entourage de Liliane Bettencourt y songeait depuis plusieurs semaines. Pour tenter de prouver par l'image que ses 88 ans ne l'empêchent en rien de gérer sa fortune, l'héritière de L'Oréal a accordé à la journaliste Claire Chazal un entretien réalisé mercredi dans sa propriété de l'Arcouest, près de Saint-Brieuc. Ce témoignage d'environ huit minutes, diffusé vendredi soir au journal de 20 heures de TF1, est le premier accordée par la milliardaire depuis que sa fille a porté plainte pour «abus de faiblesse» en décembre 2007. S'il n'apporte aucune révélation sur le fond du dossier, il permet de se faire une idée de l'état d'esprit qui anime actuellement la milliardaire.

A la journaliste, qui lui demande si elle s'est jamais sentie victime d'«abus» ou de «pressions» émanant de François-Marie Banier, Mme Bettencourt répond d'un filet de voix assuré, quoi que discret : «Non, mais je comprends très qu'une fille soir jalouse de sa mère. Moi aussi, j'ai été jalouse de mon père et des femmes qui tournaient autour de lui. La jalousie, c'est un sentiment qui n'est pas méchant, mais véridique...» De Banier, elle précise qu'il s'agit d'«un homme très intelligent»avant d'avouer qu'elle ignore s'il reste son ami. «Je l'espère, mais toute cette histoire a été, comme on dirait en anglais, «overdone» - très exagérée...»

Interrogée sur les réactions de l'opinion, qui a été choquée par l'importance de ses libéralités, celle-ci répond en deux temps. Conciliante, d'abord: «Je le comprends très bien mais est-ce qu'il faut toujours compter, quand on peut ne pas tout à fait compter?» Puis pugnace: «Choquée par quoi? Parce que j'ai donné de l'argent? Mais c'est de la fantaisie. Ce qui compte, c'est un pays, une affaire...»

Visiblement peu désireuse de s'étendre sur les soupçons d'évasion fiscale mis au jour fin juin, la milliardaire dit simplement son intention de se plier aux contrôles annoncés par le ministre du Budget, précisant: «Qu'il fasse son métier, personne ne va l'empêcher». De même, elle refuse d'envisager que L'Oréal puisse pâtir du climat actuel. «Je ne veux même pas y penser. L'Oréal, c'est important pour le pays et pour les gens qui y travaillent.»

Revenant sur l'attitude de sa fille, enfin, Liliane Bettencourt confesse sa tristesse et témoigne: «Evidemment, comment ne pas souffrir? C'est déprimant...». «Evidemment» aussi, elle aimerait revoir Françoise Bettencourt Meyers mais ne semble guère y croire. «Vous croyez qu'elle a essayé? Moi, je ne le sens pas.»