TOUT EST DIT

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lundi 21 juin 2010

La facture du Net

Qui doit payer pour l'Internet du futur ? A l'heure où l'explosion du volume de données échangées sur le réseau menace de faire imploser le Net, la nécessité d'investir massivement dans de nouvelles infrastructures ne fait plus guère de doute. Si l'on veut éviter les bouchons, il va falloir rajouter des routes et des bretelles d'accès sur l'autoroute de l'information du XXI e siècle. Est-ce aux opérateurs de télécommunications, au client final ou aux services comme Google et YouTube, portés par l'essor du Web, de régler la note ?

Ce débat qui aurait dû n'être que technique et financier est devenu quasi idéologique. Défendant la « neutralité du Net » comme on s'opposerait à une dictature, les pionniers du «.com » tentent de nous faire croire que les géants des télécoms sont de nouveaux tortionnaires cherchant à étouffer la liberté. En voulant faire payer ceux qui vivent du Web, ils brideraient l'innovation.

La critique est facile mais manque de fond. Conçu au départ comme un réseau des réseaux, le Net est basé sur le principe de l'échange, du troc de données. Ce système pouvait fonctionner tant que les échanges étaient symétriques. Ils ne le sont plus. Certains émettent de plus en plus sans assumer le coût économique de cette diffusion de masse. Il semble normal, moral même, que ceux qui utilisent le plus ces routes numériques en assument au moins partiellement les conséquences financières. Il ne s'agit pas d'instituer un quelconque « racket », mais plutôt une sorte de droit de passage raisonnable. Sur autoroute, les poids lourds et les motos ne payent pas le même prix et les tarifs peuvent varier aux heures de pointe. Dans le monde « digital », les start-up qui ouvrent leur porte-monnaie pour leur électricité ou leurs bureaux peuvent bien payer pour le Net. Et les géants riches à milliards ne peuvent-ils contribuer un peu plus à la facture ?

Mais s'il est légitime que les opérateurs différencient entre les « gros » et les « petits », il convient évidemment d'éviter qu'ils sombrent dans la discrimination pure et simple. Pas question, en clair, qu'ils fassent payer un YouTube, par exemple, mais pas un service de diffusion vidéo dont ils seraient propriétaires. Il faut également qu'ils restent soumis au jeu de la concurrence afin qu'ils ne cèdent pas à la tentation de faire payer peu au départ mais à terme beaucoup aux acteurs du Net.

Le consommateur ne doit en tous les cas pas être le seul à assumer la modernisation du Net. On lui propose déjà de passer de la classe « éco » à la classe « affaires » en passant de l'ADSL à la fibre. On peut difficilement lui en demander plus.




DAVID BARROUX

Le coup de rabot se précise

Les contours du Budget 2011 de l’Etat se précisent sur un point : la baisse du nombre de fonctionnaires. Alors qu’on parle beaucoup des retraites, François Fillon et le gouvernement avancent aussi sur la préparation de la loi de finances pour 2011. Le Premier ministre a déjà annoncé une baisse de 10% des dépenses de fonctionnement – les frais généraux : les voitures et les taille-crayons (en gros) – et une autre baisse de 10% sur les interventions économiques et sociales, ce qui est encore vague. Sur les effectifs, le cadrage général se précise puisque François Baroin, le ministre du Budget, a terminé la semaine dernière ses tête-à-tête (qu’on imagine musclés) avec les autres ministres. Et le résultat est confirmé : ce sont environ 34.000 postes qui seront encore supprimés l’an prochain – et d’ailleurs aussi en 2012 et 2013. En clair, depuis 2007, 100.000 postes ont déjà disparu et 100.000 autres sont programmés.

Numériquement, c’est l’Education nationale qui fournira encore le plus gros effort en 2011, avec 16.000 suppressions de postes (elle en a déjà perdu 50.000 depuis 2006). Mais en proportion, c’est pour le ministère des Finances que la règle du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux est la plus ferme puisque ce un sur deux se rapproche d’un deux sur trois. La Défense, l’Agriculture et le Développement durable vont aussi faire des économies, ce qui ne sera le cas ni de la Justice (dont les moyens vont encore augmenter) ni de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – ils sont préservés. Le nombre de policiers baisera encore, comme celui des gendarmes.

Les économies de postes ne résultent pas toujours de grands changements de politique mais aussi de petits changements d’organisation. Par exemple, l’audition des détenus (en prison) par visioconférence a réduit les allers-retours au tribunal : 1.200 postes de policiers économisés. Les chèques envoyés au fisc ne sont plus traités à la main dans les 3.000 trésoreries mais par informatique à Rennes, Lille et Créteil. A l’Equipement, 3.500 ingénieurs routiers ont perdu leur raison d’être. Voilà des postes supprimés. Autre exemple, Bercy réfléchit à une réforme des amendes de stationnement : plus de policiers qui courent les rues avec un carnet à souches, mais des plaques minéralogiques flashées et des amendes envoyées par Internet.

Ces 34.000 suppressions de postes vont sans doute passer , puisque l’on constate que les services publics ne sont pas à feu et à sang. Bercy a perdu des postes et les impôts sont toujours prélevés ! Dans l’Education, on sait bien que la dégradation des conditions de travail des enseignants (réelle) n’est pas forcément d’abord liée aux moyens. Disons aussi qu’avancer avec un objectif chiffré prédéterminé est étrange – notamment dans l’Education où les justifications des économies ne sont clairement pas assez exposées. Mais ce qui est sûr, c’est que si le gouvernement veut réduire les déficits autant que prévu en 2011, il devra trouver bien d’autres économies qu’un coup de rabot sur les effectifs – si nécessaire que ce dernier soit.

DOMINIQUE SEUX

Suppressions de postes de fonctionnaires : ce qui attend les ministères en 2011

Le gouvernement est en train de finaliser les plafonds d'emplois prévus l'an prochain. L'Education nationale devrait perdre 16.000 postes. La Justice sera le seul ministère à voir ses effectifs augmenter. La stabilité reste de mise pour l'Enseignement supérieur et la Recherche. Bercy met en avant la réforme de l'Etat.
Déjà 100.000 suppressions de postes effectuées, 100.000 autres à venir entre 2011 et 2013 : l'application du principe de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite va devenir de plus en plus difficile sur le terrain. Il n'empêche : le gouvernement va confirmer cet objectif le 6 juillet, lors du débat d'orientation des finances publiques à l'Assemblée nationale. Et il entend démontrer que c'est possible grâce à la réforme de l'Etat, quelques jours avant, à l'occasion d'une nouvelle conférence des politiques publiques.

Les réunions bilatérales entre François Baroin, en charge du Budget, et les principaux ministres se sont achevées la semaine dernière. Et Matignon a quasiment finalisé les efforts à demander à chacun des ministères l'an prochain pour aboutir à 34.000 suppressions de postes (à quelques centaines près). A l'Education nationale, quelque 16.000 postes devraient être supprimés (lire ci-dessous). Mais, en proportion, c'est Bercy qui produira à nouveau le plus gros effort, à raison de 56 % à 57 % des effectifs non remplacés. La Défense figurera également parmi les plus gros contributeurs, comme prévu dans sa loi de programmation, ainsi que le Développement durable et l'Agriculture. Comme en 2010, la Justice (+ 200 postes) devrait être le seul ministère à voir ses effectifs croître, pour accompagner la construction des prisons (lire ci-dessous). Et, comme promis, les effectifs de l'Enseignement supérieur et de la recherche seront à nouveau préservés.
Gains de productivité

Mais, au-delà de 2011, le gouvernement doit maintenant boucler d'ici à quinze jours les exercices 2012 et 2013. Avec une question : ce rythme de 34.000 suppressions par an peut-il être maintenu sans dégrader le service public ? Accusé - notamment par la Cour des comptes -de privilégier une vision purement comptable, le ministère du Budget se défend en indiquant s'appuyer sur les gains de productivité de chaque administration. L'audition des détenus par visioconférence, par exemple, a permis de réduire la fréquence des allers-retours au tribunal : 1.200 postes de policiers deviennent ainsi inutiles. Le service des impôts s'est également modernisé. Les chèques de paiement, jadis gérés manuellement dans les 3.000 trésoreries, sont désormais lus dans trois centres high-tech, à Rennes, Lille et Créteil, chacun traitant 400.000 chèques par jour, sans intervention humaine. Des centaines d'emplois peuvent être ainsi gagnés. « Nous nous appuyons sur la réforme de l'Etat, il n'y a pas de norme appliquée à l'aveugle », insiste-t-on au ministère du Budget.
Des moteurs qui « s'essoufflent »

D'autres mesures en projet devraient permettre de maintenir le rythme, assure Bercy. Expérimentée dans quatre collectivités locales, la notification des amendes de stationnement par e-mail ou par courrier doit mener à la réduction du nombre de policiers assignés à cette tâche. Ceux-ci pourront « flasher » les plaques d'immatriculation sans avoir à remplir le traditionnel papillon placé sur le pare-brise. Autre piste de progrès : le paiement des impôts locaux de manière dématérialisée, à l'instar de ce qui se pratique déjà, pour trois foyers sur quatre, avec l'impôt sur le revenu.

Certains cadres de l'administration admettent néanmoins, officieusement, que les moteurs de productivité « s'essoufflent ». « Quand les administrations s'informatisent, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux se passe plutôt bien. Là où les gains de productivité sont moins évidents, cela grince beaucoup plus », souligne Luc Rouban, directeur au centre de recherche de Sciences po (Cevipof), qui observe une « nette » dégradation du climat social dans la police et l'Education nationale.


LUCIE ROBEQUAIN

AH CHERS CANADIENS ; QUE JE VOUS ENVIE DE NE POINT AVOIR LE FOOTBALL COMME SPORT NATIONAL !!

Le commentaire politique de Christophe Barbier du 21 juin


Triomphe planétaire

D'une certaine façon, la France a déjà réussi sa Coupe du monde 2010. Quand le temps aura passé, en effet, l'histoire ne retiendra de ce Mondial que deux équipes : celle du pays vainqueur et peut-être plus encore... la France. Incapables de s'imposer par la qualité de leur jeu, les Bleus se sont largement rattrapés depuis en montrant une maestria certaine dans le scandale planétaire qu'ils ont déclenché. Un triomphe ! Un-tri-omphe ! De l'inédit ! De l'inimaginable ! Du suspense ! Aucun scénariste sain d'esprit n'aurait eu l'idée d'écrire pareils rebondissements dans le feuilleton qui captive les Français depuis deux jours. Un genre nouveau qui hésite entre la série américaine (Dallas), le fantastique (La Quatrième Dimension), le psychodrame, le ridicule ou le loufoque. Et qui finit par tout mélanger... Comment oublier, après le bras d'honneur adressé à Rama Yade, la confession psychanalytique de Ribéry, hier midi dans Téléfoot, et la déclaration surréaliste d'un sélectionneur national pris en otage par ses joueurs pour lire un communiqué de rébellion contre la Fédération française de football ? Avec le mystère de ce car aux rideaux tirés et un Domenech hagard, dans un état second, comme sous influence, abdiquant le peu d'autorité qui lui restait, l'épisode a pris un tour humiliant pour tous ses acteurs. Ce dimanche de folie est sans doute l'une des conséquences directes du huis clos imposé par les dirigeants du foot français à son équipe. L'isolement a facilité le décrochage avec la réalité, encouragé les rumeurs comme les approximations, et nourrit la paranoïa grandissante d'un groupe déstabilisé par des prestations désastreuses. L'histoire du « traître » a révélé l'immaturité de ces hommes - surpris par les critiques, normales, qu'ils ont suscitées - devant l'inévitable pression médiatique à laquelle ils sont soumis. Un spectacle désastreux, aux confins du grotesque, qui ruine le crédit d'une grande nation de football aux yeux du monde, et indigne les Français : entre eux et le onze tricolore, le divorce est consommé. Cette crise n'est pas un accident. En s'aveuglant délibérément et en tolérant les provocations répétées de Domenech, les instances du football français ont tout misé sur une Coupe du monde qu'ils espéraient rédemptrice. C'est raté ! Cette fois, le château de cartes s'écroule. Il va falloir, maintenant, faire table rase. Un grand ménage s'impose dans un groupe qui mérite un carton rouge collectif, impardonnable pour l'exemple déplorable qu'il a donné. En attendant quelques expulsions qu'on ne regrettera pas, que les Bleus mouillent ce maillot pour dissoudre un peu de l'indignité qu'ils lui ont infligée.

Olivier Picard

La défaite et la fête

Tiens, si on fêtait un peu la musique ? N'oublions pas qu'après le prologue du week-end, le jour J, c'est ce lundi. Et ce sera bientôt tout ce qu'il nous restera d'une époque ancienne, certes pas toujours rose, mais si prompte à donner du tempo au tempo. Un souffle d'accordéon au coin d'une rue. Un groupe de rock sur une estrade. Une corde brisée au doigt d'un guitariste orphelin d'Aragon et de Ferrat... Il n'en faut pas plus pour que nous respirions. Et bon sang que l'on a besoin d'air par les temps détraqués qui courent sur les stades ou ailleurs ! Nous sommes nombreux à rêver d'échanger un seul solo de violoncelle contre le grand concert d'inconvenances et de stupidités qui "vuvuzelate" à nos oreilles. Osons le dire : la partition inédite jouée en Afrique du Sud par Anelka, Domenech, Evra et quelques autres piteux interprètes nous afflige. Non seulement "l'œuvre" en elle-même, mais le retentissement et l'enchaînement qui s'ensuivent. Face à la folle cascade de rebondissements consécutifs à la défaite de la France contre le Mexique, on atteint carrément la démesure. Injures, exclusion, grève de l'entraînement... On cherche en vain à remettre à sa juste place cet emboîtage de navrants épisodes tissés sur fond d'incompétences sportives et humaines, d'invectives médiatisées, de honteux business et peut-être avant tout d'art de prendre les gens pour des imbéciles. Car enfin quoi, il y a probablement plus important dans notre société, si inquiète de son avenir, que l'obscène représentation d'une équipe tricolore scandaleusement payée. Marre de la dysharmonie orchestrée. Marre des joueurs de pipeau et de piston érigés en démiurges. Allez, fêtons la musique, malgré l'été qui ne vient pas ! L'unique, la vraie, la pauvre. Celle qui, sans tribune et loin du cirque fou du foot, marque à chaque fois un but dans notre cœur.


Didier Pobel

Pire

Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limite, nous démontrent les Bleus chaque jour. Ils auraient pu se contenter d'être mauvais sur le terrain et arrogants en dehors, comme ils le sont depuis déjà quelques années. Mais là, franchement, ils nous épatent ! Ils nous offrent un feu d'artifice de bêtise, de lâcheté et de vulgarité. Tous solidaires, pour une fois, dans la quête du pire : joueurs, entraîneur, dirigeants de la Fédération - ne manque plus que Rama Yade pour rabaisser encore un peu le niveau. Ceci dit, après avoir vu en une seule journée Ribéry pleurnicher sur Gourcuff, Domenech lire une déclaration de grève des joueurs, le capitaine se frictionner avec le préparateur physique, et un vice-président s'enfuir en courant, chacun se demande : mais que vont-ils encore pouvoir inventer ? Françaises, Français, faisons confiance à nos Bleus, ils peuvent faire encore pire.

Présidentielle : la balle au centre


Sauf si les sondages deviennent exécrables, Nicolas Sarkozy sera candidat à sa succession. Pour gagner, deux options divisent la majorité : la sienne ¯ construire une large union au premier tour pour créer une dynamique gagnante ¯ et celle de ses compétiteurs de droite et du centre, pour qui la diversité fait la force.

L'Élysée tire deux constats des élections régionales. D'une part, les centristes ont grappillé des voix et des sièges à leur allié UMP, sans lui en rapporter. D'autre part, les électeurs Front national déçus du sarkozysme ne se laisseront pas amadouer deux fois.

L'UMP doit donc trouver, au centre et au centre gauche, de quoi compenser l'électorat défaillant d'extrême droite, si elle veut échapper au sort de Lionel Jospin, en 2002. Cette grille de lecture, cette « cuisine électorale » diront ceux qui ont d'autres soucis, permet de décrypter les premières grandes manoeuvres.

Elle explique pourquoi Nicolas Sarkozy ne veut pas d'une candidature d'Hervé Morin, réélu président du Nouveau Centre, il y a une semaine. Elle éclaire la consolation empoisonnée offerte à Christine Boutin dont l'amertume reste vive, un an après son éviction du gouvernement. Elle justifie les pressions sur des députés pour saboter l'entreprise Villepin, très proche, sur le fond de celle de Bayrou. Elle éclaire l'entente affichée avec l'ambitieux patron des députés UMP, Jean-François Copé.

Premier objectif, donc, dissuader les initiatives qui peuvent faire perdre. Second objectif, contrôler les candidatures qui peuvent aider à gagner.

C'est ainsi qu'il faut comprendre les attentions diaboliques que Nicolas Sarkozy, qui sera demain dans sa circonscription, porte à François Bayrou. Cette fausse réhabilitation du président d'un MoDem en perdition lui fait espérer un minimum d'indulgence et un maximum de reports de voix. L'estime ostensible portée à Jean-Louis Borloo, dont la verte popularité peut élargir le socle majoritaire, ne s'explique pas autrement.

Cette grille de lecture permet aussi de décrypter des décisions de fond.

Pendant que Brice Hortefeux « soigne » l'extrême droite en multipliant les sorties sécuritaires, Nicolas Sarkozy tend des mains.

La réforme des retraites, gros affrontement à retentissement présidentiel, favorise plutôt les agriculteurs, préserve les retraités actuels, épargne les entreprises. La suppression du juge d'instruction ne verra pas le jour durant ce quinquennat. Les excès de la finance internationale, sources de tous nos maux, garantissent une présidence française du G20 aussi médiatique que fut celle de l'Union européenne. L'encadrement des déficits va passer par l'inscription, dans la Constitution, d'une règle d'or très chère aux centristes. On va veiller à éviter les signes ostentatoires de richesse de l'État. On va se montrer plus protecteur pour les classes moyennes, par exemple en réformant l'accession à la propriété...

Cela dit, il reste deux ans. On ne peut prévoir les soubresauts de la crise, ni le climat social autour des retraites. On ignore ce que sera l'autorité de Martine Aubry ou l'envie de Dominique Strauss-Kahn. Mais pour Nicolas Sarkozy, une chose est certaine : sa réélection dépend largement de la capacité des centristes et de Dominique de Villepin, à jouer les faiseurs de roi. La balle de la victoire de 2012 est au centre.

La défaite de 1940, un message pour aujourd'hui


Les émouvantes commémorations de Juin 1940 s'offrent à la méditation. Ces heures de ténèbres et de lumière contiennent des enseignements utiles pour éviter de commettre à nouveau les erreurs du passé.

La défaite de 1940 est un rendez-vous manqué avec l'Histoire à tous les étages de la société française : du haut commandement militaire jusqu'à l'humble vie quotidienne. Bercée par les heureuses conquêtes du Front Populaire, l'insouciance l'avait emporté sur toute autre considération. Un jour nouveau semblait se lever sans guerre, sans larmes.

On voulait en finir avec les sombres souvenirs de 1914. On voulait oublier le regard voilé de tristesse des mamans, les sanglots des fiancées au jour brisé, l'ombre des monuments aux morts sur leurs visages.

Dans ce climat, observant la montée du nazisme et le réarmement de l'Allemagne, certains alertaient l'opinion. Mais en vain ! Personne ne voulait les entendre à tel point qu'ils se heurtaient souvent au refus de publier leurs articles. La vie continuait son cours. Il ne fallait surtout pas troubler la douce illusion dans laquelle les peuples aiment à s'endormir.

La guerre, pourtant prévisible, fit l'effet d'un coup de tonnerre, prenant tout le monde au dépourvu, laissant place au défaitisme, à la panique, à l'impossibilité de combattre. Une majorité crut en la défaite, une minorité comprit que seule une bataille était perdue et qu'il fallait poursuivre le combat, suivant l'appel du Général de Gaulle.

Ces sombres événements démontrent que le grand nombre n'a pas toujours raison et que, suivre son sentiment quand il n'est pas éclairé, peut conduire aux pires catastrophes. Ce populisme est à l'opposé de la Démocratie. Celle-ci exige de chaque citoyen qu'il s'informe et s'instruise en recherchant l'intérêt général et non son intérêt particulier.

C'est ce que fit dans les années 30, une minorité de Français, s'instruisant sur le nazisme, observant les événements... Quand vint l'heure décisive, ces hommes et ces femmes étaient prêts : comprenant ce qui se passait, ils purent agir en conséquence. L'autre enseignement est que rien ne s'accomplit sans courage. En témoignent les héros de ces jours tragiques, le général de Gaulle et Winston Churchill. Ils dénoncèrent l'erreur, contestèrent le sentiment commun et ouvrirent des chemins nouveaux. Ils agirent ainsi parce qu'ils avaient une vision, parce qu'ils refusaient de laisser la démocratie céder à la force, parce qu'ils ne voulaient pas livrer l'homme aux démons totalitaires, dussent-ils le payer de leur vie !

Les défis du XXIe siècle ne manquent pas. Vigilance, lucidité et courage sont aussi nécessaires qu'hier. Il est utile de méditer l'exemple de ces hommes qui échappèrent à l'aveuglement général afin de se tenir prêts et de ne pas réitérer, sous d'autres formes, les erreurs du passé.

Jeanne Emmanuelle HUTIN