TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 2 juin 2010

L'agence de notation Moody's épinglée par des ex-salariés

rois anciens salariés de Moody's ont dénoncé, mercredi 2 juin devant la commission d'enquête sur la crise financière (FCIC) américaine, la course aux parts de marché entreprise par leur agence de notation, qui l'a, selon eux, conduite à laisser de côté l'éthique de leur métier.
"Quand j'ai rejoint Moody's fin 1997, la pire crainte d'un analyste était de contribuer à l'attribution d'une note qui serait fausse, de causer des dégâts à la réputation d'exactitude de Moody's, et de perdre son travail en conséquence", a expliqué Mark Froeba, ancien dirigeant au sein de la branche produits dérivés de Moody's, selon le texte de son témoignage devant la commission à New York. "Quand j'ai quitté Moody's (en 2008), la pire crainte d'un analyste était qu'il fasse quelque chose qui lui permettrait d'être désigné comme responsable d'avoir mis en danger la part de marché de Moody's, de causer du tort à son chiffre d'affaires ou de dégrader les relations de Moody's avec ses clients et de perdre son travail en conséquence", a-t-il poursuivi.

"UNE INCAPACITÉ À DIRE NON AUX CONTRATS"

"L'attention portée à la part de marché a conduit inévitablement à une incapacité à dire non aux contrats. Il était bien compris que si une agence de notation disait non, le banquier pouvait facilement donner le contrat à une autre", a déclaré Eric Kolchinsky, ancien directeur d'une équipe d'analystes au sein de cette branche des produits dérivés. Un troisième ex-employé de l'agence, Gary Witt, a tenu des propos similaires à ceux de ses anciens collègues.

Moody's, société introduite en Bourse en 2000, a été accusée par le président de la Commission, Phil Angelides, de s'être trompée, comme ses concurrentes, dans les notes données aux titres adossés à des prêts immobiliers au moment de la bulle spéculative sur ce marché entre 2003 et 2006. Plus de 80 % de ceux qui ont reçu la note maximale (AAA) ont vu cette note abaissée ensuite. Aucun représentant des deux autres grandes agences de notation, Standard and Poor's et Fitch, n'a souhaité répondre à l'invitation de la commission. Créée en mai 2009 par le Congrès des Etats-Unis, la FCIC est une commission indépendante composée de dix membres. Elle doit rendre ses conclusions en décembre.

Steve Jobs règle ses comptes

Dans une interview au Wall Street Journal lors de la conférence "All things digital", organisée par le quotidien américain, Steve Jobs, le patron d'Apple, a fait le point sur la compétition dans le secteur des nouvelles technologies et sur les controverses entourant l'entreprise.

Sur Google et son système d'exploitation pour mobiles. "Ce sont eux qui se sont lancés dans une compétition avec nous. Nous ne nous sommes pas lancés dans les moteurs de recherche !" Steve Jobs a par ailleurs confirmé qu'il n'était pas prévu de supprimer le moteur de recherche de Google de l'iPhone. Il réfute par ailleurs l'existence d'une compétition sur les systèmes d'opération mobiles.

Sur le blocage de Flash, d'Adobe. Le patron d'Apple a expliqué qu'il s'agissait d'une décision "technique". "Il faut savoir miser sur le bon cheval. Flash a eu son heure de gloire, mais aujourd'hui il décline, et le HTML5 est la technologie qui a le vent en poupe."

Sur la vague de suicides dans l'usine chinoise de Foxconn, fournisseur d'Apple. "Il y a 400 000 personnes dans cette usine. Le taux de suicide y est inférieur à celui des Etats-Unis, mais ces événements restent perturbants."

Sur le marché des tablettes. "Quand nous étions un pays rural, toutes les voitures étaient des camions. Mais au fur et à mesure que les gens ont emménagé dans les villes, les gens ont commencé à acheter des voitures. Je pense que les PC auront le même destin que les camions ; de moins en moins de gens en auront besoin."

Sur les ventes de contenus (livres, vidéos, journaux...). Le patron d'Apple pense avoir découvert la recette miracle : "Fixez un prix agressif et visez la vente de grands volumes." Apple touche 30 % de chaque vente sur son App Store et sur iTunes.

Sur la censure sur l'App Store. Steve Jobs affirme avoir été victime d'une manipulation de Marc Fiore, caricaturiste récompensé par un prix Pulitzer et dont l'application pour iPhone avait été rejetée. "Nous faisons des erreurs [...] et nous les corrigeons. Mais les gens mentent. Et quand ils se précipitent vers les journalistes et racontent qu'ils sont opprimés, ils ont leurs quinze minutes de célébrité. Nous ne pouvons pas aller voir les journalistes et leur dire 'ce type est un putain de menteur' – ce n'est pas notre manière de faire."

PS


Le PS est le plus grand ball trap de France, tant pour les élus que pour les idées.
A peine l'un ou l'autre est lancé qu'il est tiré !

2012, échéance clé pour la note AAA de la France

Le label AAA de la dette souveraine de la France n'est pas menacé dans l'immédiat mais les agences de notation surveilleront avec attention l'élection présidentielle de 2012, estiment des économistes.

Le déclassement de la note de l'Espagne par l'agence Fitch vendredi puis un mot malheureux du ministre français du Budget François Baroin, qualifiant de "tendu" l'objectif du maintien de la note française, ont ravivé des conjectures sur un éventuel abaissement mais les experts n'y croient pas...

par Véronique Tison

Pour Laurence Parisot, la retraite à 60 ans est "une grande illusion"

La présidente du Medef, Laurence Parisot, estime, dans une interview à paraître mercredi 2 juin dans Le Figaro, que l'âge de départ légal à la retraite à 60 ans n'est pas "un acquis social" mais "une grande illusion" et souhaite que la réforme à venir garantisse "l'équité et l'équilibre des régimes pour 30 ou 40 ans".
"La promesse de s'arrêter à 60 ans, ce n'était pas un acquis social mais au contraire une grande illusion ou un grand mensonge", déclare Laurence Parisot. "Avoir au-dessus de la tête une telle épée de Damoclès, en le sachant plus ou moins, a participé depuis des années au moral dépressif de beaucoup de Français", poursuit la patronne du Medef.

"C'est pourquoi la réforme doit être définitive, garantir à la fois l'équité et l'équilibre des régimes pour 30 ou 40 ans sans que l'on ait à y revenir tous les 5 ou 10 ans", poursuit-elle. La présidente de l'organisation patronale renouvelle son opposition à une hausse des cotisations retraite car "il faut maintenir la compétitivité de la France". Elle se prononce à la fois pour un relèvement de l'âge de départ et un allongement de la durée de cotisations. "Reste à savoir à quel rythme", s'interroge-t-elle.

"A 55 ANS, ON GÈRE UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LA VIE PROFESSIONNELLE"

"Le gouvernement raisonne aujourd'hui sur la base d'un trimestre par an, mais pourquoi pas un semestre par an, si ça permettait un vrai retour à l'équilibre, il me semble que ça en vaudrait la peine", avance la patronne du Medef. Sur le sujet sensible de la pénibilité, Mme Parisot veut bien des "mécanismes correctifs" mais "sauf à vouloir recréer des régimes spéciaux, cela ne peut se faire que de manière individuelle".

"Je préconise que l'on crée une commission mixte comprenant des représentants de l'entreprise, des organisations syndicales et des médecins conseils de l'Assurance-maladie", propose la présidente du Medef pour valider "au cas par cas" des mécanismes de bonification de durée de cotisations ou des dérogations au report de l'âge légal de départ en retraite.

Interrogée sur le recul de l'âge de départ et l'emploi des seniors, elle reconnaît qu'une "telle réforme suppose effectivement une modification profonde du management en termes de ressources humaines, ainsi qu'un changement radical en termes de formation". "Il nous faudra assimiler cette évidence qu'à 55 ans, on ne gère pas une fin de carrière mais une nouvelle étape dans la vie professionnelle", ajoute-t-elle.

Les PV bientôt à 20 €

Le montant des procès-verbaux de stationnement en France pourrait prochainement passer de 11 à 20 euros, ce projet du Comité des finances locales ayant toutes les chances d'être accepté par le gouvernement.
Le quotidien Le Parisien cite mercredi le député UMP Gilles Carrez, président de ce comité, qui estime que l'idée d'une telle hausse semble être accueillie de façon "favorable" par le gouvernement.Les "PV" de stationnement, dont le montant est fixé à 11 euros depuis 1986, rapportent 600 millions d'euros par an, qui sont utilisés par les communes pour financer des équipements urbains, poursuit Le Parisien. En Ile-de-France, qui représente à elle seule 100 millions sur les 600, l'essentiel des sommes est reversé au syndicat des transport en commun de la région.

"Avec une amende fixée à 20 euros, les gens feront le choix de payer le parking", poursuit Gilles Carrez, précisant que "le nouveau tarif proposé est inférieur à l'évolution du coût de la vie depuis vingt-quatre ans puisqu'il serait alors de 22 euros".

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a déclaré mercredi qu'une hausse de ce type serait "plutôt une bonne politique".

"C'est sans doute plus dissuasif que 11 euros" pour inciter les conducteurs à payer leur ticket de stationnement, a-t-il dit sur I>Télé. "Beaucoup de gens se disaient : à 11 euros autant ne pas payer, au bout de trois-quatre fois je les ai amortis."

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a en revanche jugé qu'une telle hausse serait trop importante.

"Je trouve que c'est excessif", a-t-il dit mercredi sur Canal+. "Je trouve que c'est une augmentation beaucoup trop importante."

Le commentaire politique de Christophe Barbier du 2 juin 2010


Molière, notre contemporain

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est sans doute l'auteur le plus familier des Français. Sa personnalité garde pourtant une part d'ombre. La nouvelle édition des oeuvres complètes dans la Pléiade, enrichie de quarante ans de recherches, lui rend un bel hommage.

Molière est le plus cool des classiques. Non seulement il nous fait encore rire, mais il n'exige de nous presque aucun effort d'adaptation. N'importe quel francophone de 2010, qu'il soit docte ou manant, comprend son vocabulaire, saisit l'ironie de ses dialogues, situe ses personnages dans la pyramide sociale. Contrairement à ses confrères les tragédiens, Molière nous accueille à bras ouverts, sans chichis, à la fortune du pot. Voilà pourquoi il demeure le dernier espoir des professeurs : grâce à lui, ils ont une petite chance d'amener leurs élèves à négliger pendant quelques heures les milliers d'amis qui les attendent sur Facebook, pour se moquer des gros nases à perruque, des blaireaux Grand Siècle et des bouffonnes enrubannées. De toute façon, si Molière échoue, aucun autre auteur du programme n'y parviendra.

C'est donc sans la moindre timidité qu'on s'immerge dans la nouvelle édition de ses Oeuvres complètes dirigée par Georges Forestier et Claude Bourqui. Bien entendu, on n'échappe pas au léger tournis que procurent toujours les volumes de la Pléiade, par exemple en découvrant que certaines personnes sont capables de vous dire ce que faisait Jean-Baptiste Poquelin n'importe quel jour, et presque à n'importe quelle heure, à partir de son retour à Paris, c'est-à-dire entre 1658 et 1673.

Les amateurs éclairés étudieront à la loupe les nouveaux angles et les précisions apportés par quarante ans de recherches érudites (l'édition précédente remonte à 1971) ; ils soupèseront aussi les arguments qui justifient l'abandon de l'ordre chronologique des créations au profit de l'ordre de publication des oeuvres. Les profanes, quant à eux, accorderont une confiance aveugle à Georges Forestier sur tous ces points, et préféreront chercher dans son introduction et dans ses notices une réponse à la question fondamentale : par quel miracle le "comique de connivence" de Molière fonctionne-t-il avec les spectateurs de toutes origines et de toutes les époques ?

On a longtemps insisté sur le caractère populaire de ses pièces ; héritier de la farce du Moyen Age tardif, inspiré par la commedia dell'arte, il aurait été une sorte de passerelle entre le burlesque et une forme plus élaborée de comique. Une thèse d'autant plus séduisante qu'elle semble confortée par des exemples récents : quand ils ont voulu s'élever au-dessus de leur style ordinaire sans pour autant se couper de leurs admirateurs, Fernand Raynaud a joué Le Bourgeois gentilhomme et le Sganarelle de Dom Juan, tandis que Louis de Funès cherchait dans tous les coins la cassette de L'Avare. Mais Forestier démonte cette construction de l'esprit en se fondant sur le prix assez prohibitif des places : à Paris, à Versailles, mais aussi dans les villes du Midi où il apprit son métier, Molière s'adressait à des aristocrates et à des bourgeois aisés, à un public très voisin, en somme, de celui de Corneille et Racine. Et dans ce panel de spectateurs, il en était un qui décidait du succès : le roi en personne, plus exactement le jeune Louis XIV, puisqu'il n'avait que 35 ans à la mort de son amuseur fétiche. Une gazette rapporte : "On joua L'Ecole des femmes,/Qui fit rire Leurs Majestés/Jusqu'à s'en tenir les côtés."

Un souverain, des nobles, des marchands. Et des femmes, beaucoup de femmes, aussi bien dans la salle que sur scène. Célimène, Nicole, Hyacinthe, Angélique, Toinette, Elvire... C'est une des raisons pour lesquelles le monde de Molière nous est si familier, et si sympathique. Certes, ses jeunes filles sont souvent maltraitées : considérées comme une monnaie d'échange, elles semblent condamnées à épouser des personnages grotesques, voire de vieux barbons qui ont plusieurs fois leur âge. Et la misogynie atteint de réjouissants sommets, comme dans ces vers prononcés par Arnolphe :
"Votre sexe n'est là que pour la dépendance.
Du côté de la barbe est la toute-puissance."

Mais dans cette civilisation mondaine, en cette époque galante, la sagesse sort souvent de la bouche des servantes, les chevilles sont découvertes, les gorges décolletées, les ridicules équitablement partagés entre fâcheuses et fâcheux. Et le public, masculin comme féminin, applaudit lorsque Lucile, Elise, Agnès ou Lucinde finit par se marier avec le lascar de son choix. Bref, le Français de 2010 se sent beaucoup plus proche de ses lointains ancêtres que de bien des sociétés contemporaines dans lesquelles le rapport entre barbe et toute-puissance n'a rien d'une plaisanterie...

Une autre évidence s'impose vite quand on feuillette ces deux volumes de théâtre : il est aussi agréable de lire Molière que de l'écouter. Du coup, il devient le grand frère des romanciers du XIXe siècle et du début du XXe. Ecrites noir sur blanc plus encore que sur scène, les répliques de L'Avare font penser au père d'Eugénie Grandet. M. Jourdain croise Bouvard et Pécuchet, Mme Verdurin pérore chez les femmes savantes, le pharmacien Homais et le pauvre Charles Bovary tentent en vain de soigner Argan. Mais n'est-ce pas la preuve d'un semi-échec, si l'on se rappelle la double ambition affichée par Molière : "Le Devoir de la Comédie étant de corriger les Hommes en les divertissant ; j'ai cru que dans l'emploi où je me trouve, je n'avais rien de mieux à faire, que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon Siècle." S'il a diverti les hommes, il n'en a pas corrigé un seul. Reposez un instant votre Pléiade pour allumer votre télévision ou sortir dans la rue : croyez-vous qu'il y ait moins de malades imaginaires, de tartuffes, d'harpagons ou de misanthropes qu'au temps du Roi-Soleil ?

Nicolas Sarkozy, un ton en dessous, mais toujours omniprésident

Sitôt rentrée d’Iran,
Clothilde Reiss est
conduite le 16 mai à
l’Elysée. Nicolas Sarkozy
la reçoit dans son bureau,
évite de la raccompagner
sur le perron et
publie dans la foulée un
communiqué pour se féliciter
de sa « dignité
exemplaire ». Sobre. Le
président de la République
ne veut en aucun cas
être suspecté de « récupérer
» politiquement
cette libération. Le contraste
est flagrant avec
celle, deux ans auparavant,
d’Ingrid Betancourt,
même si les histoires
n’ont rien à voir.
Nicolas et Carla Sarkozy
s’étaient rendus sur le
tarmac de Villacoublay
pour accueillir la miraculée
sous le regard des
caméras du monde entier.
Deux ans, deux époques.
Depuis ses records d’impopularité et la sévère défaite de
l’UMP aux élections régionales de mars dernier, le chef de
l’Etat s’est amendé. Moins de réformes, moins d’interventions,
moins de petites phrases et de mise en scène de son
action. Ses proches et les enquêtes d’opinion l’interpellaient
depuis longtemps déjà sur l’« usure » de sa parole et
le vertige provoqué par le rythme de son action. Il tente
désormais d’y répondre. Le choix de la France dans l’organisation
de l’Euro 2016 aurait sans doute suscité auparavant
bien plus que ces quelques mots présidentiels de
vendredi : « On est très heureux, très honoré, je voudrais
féliciter toutes les équipes » qui ont permis cette victoire.
Depuis deux mois, aucune émission de télévision de Nicolas
Sarkozy, aucun grand discours. Y compris sur les retraites,
pourtant réformemajeure de la fin du quinquennat : le
chef de l’Etat laisse pour l’instant son ministre du Travail,
EricWoerth, en première ligne, mener les discussions avec
les partenaires sociaux. Même ses succès remportés sur la
scène internationale – le dispositif de défense de la monnaie
unique, notamment – ont été modestement exploités.
L’omniprésident, théoricien d’une exposition permanente,
lorgne désormais du côté de Jacques Pilhan, le conseiller
de ses deux prédécesseurs, défenseur d’une parole rare et
d’un président en retrait, « protecteur ». Le terme revient en
boucle dans la bouche de ses proches.
Depuis deux mois, Nicolas Sarkozy n’a quasiment pas
dérogé à cet exercice d’ascèse, si ce n’est la semaine dernière,
devant des militants UMP, lorsqu’il a fustigé le choix
de François Mitterrand de porter l’âge de la retraite à
60 ans. Il prend soin de mettre en avant son Premier
ministre et ses ministres

Depuis deuxmois, aucune émission
de télévision deNicolas Sarkozy,
aucun grand discours. Y compris
sur les retraites, pourtant réforme
majeure de la fin du quinquennat.


dès qu’il se trouve en société.
Trois ans après son arrivée
à l’Elysée, Nicolas
Sarkozy a changé de
posture. A-t-il pour
autant changé de mode
de gouvernance ? A-t-il
infléchi cette ultracentralisation
du pouvoir
qui l’a conduit à décider
de tout à l’Elysée,
avec une équipe d’une
dizaine de conseillers
plus puissants que n’importe
quel ministre ? La
réponse est d’autant plus
importante que ce choix
de Nicolas Sarkozy, imposé
dès son arrivée à
l’Elysée, explique beaucoup
des difficultés qu’il
a subies ces derniers
mois. En centralisant le
pouvoir, le chef de l’Etat
a institué un mode de
management souvent
déresponsabilisant pour lesministres et les directeurs d’administration.
Ministres tétanisés par l’Elysée ; ministres
trop faibles pour défendre – dans l’opinion et chez les
parlementaires – les décisions imposées d’en haut.
La réponse pourtant est négative. Rien ne permet
aujourd’hui de dire que l’équilibre institutionnel voulu par
Nicolas Sarkozy soit, dans les faits, en train de changer. Eric
Woerth reçoit les syndicats et répond aux journalistes,mais
l’Elysée suit à la loupe chacun de ses gestes. Le président
rencontre discrètement les leaders syndicaux, et Raymond
Soubie, son conseiller social, soupèse chaque jour avec
Eric Woerth les mots qu’il convient de donner à l’opinion
sur l’avancement de la réflexion gouvernementale. Le document
demi-parcours, publié le 17mai, a été suggéré par
le ministre, mais piloté et arbitré par l’Elysée.
Impossible non plus de dire que François Fillon dispose
aujourd’hui de plus demarge demanoeuvre qu’il n’en avait
dans le passé. Il a pourtant sur les deux sujets du moment,
les retraites et la lutte contre les déficits, une légitimité sans
pareille. Mais lui, le grand ordonnateur de la réforme des
retraites de 2003, se trouve contraint à distiller ses choix
dans la presse s’il veut espérer peser sur le dossier actuel.
Et, sur les déficits, le président le laisse s’exprimer mais en
aucun cas décider : cela a été le cas sur la progression zéro
en valeur des dépenses de l’Etat. Sans parler de sujets aussi
déterminants que l’avenir de la filière nucléaire, sur lesquels
Matignon est informée au compte-gouttes, juste suffisamment
pour ne pas créer d’incident diplomatique. Le
couple Sarkozy-Fillon s’est assis dans la paysage, au point
que certains le voient perdurer au-delà du remaniement de
l’automne, mais le partage des rôles est immuable. François
Fillon met en musique les décisions de l’Elysée et
démine les sujets délicats, avec la majorité notamment.
Mais cela s’arrête là. Nicolas Sarkozy, d’ailleurs, ne s’en
cache pas, persuadé que les électeurs attendent de lui qu’il
s’implique et rende des comptes. Pour passer à la seconde
phase de son quinquennat, axée sur la reconquête et la
préparation de 2012, le président de la République n’a pas
décidé de réformer autrement : il a choisi de communiquer
autrement.
Cécile Cornudet est grand reporter aux « Echos ».

Lang : deux écueils dans le projet de primaires PS

Jack Lang, ancien ministre et député PS, a critiqué mardi "deux barrages à la liberté de candidature" dans le projet actuel de primaires socialistes en vue de la présidentielle.

Dans un communiqué, l'élu du Pas-de-Calais s'est réjoui de l'idée de primaires qu'il avait proposée dès 2005, mais qui s'était "heurtée à un front de refus".

"Malheureusement, le projet actuel dresse deux barrages à la liberté de candidature", déplore-t-il. "En premier lieu, l'organisation du calendrier risque d'écarter certaines personnalités, en second lieu l'obligation absurde de parrainage des candidats, aboutirait à ne retenir que les seules personnalités adoubées par les courants. Obama ou Clinton n'ont pas eu besoin d'un feu vert d'apparatchiks du parti démocrate américain pour se porter candidat", observe-t-il.

"Je demande que cette obligation soit purement et simplement supprimée. Elle est contraire à l'esprit de primaires pleinement ouvertes. Au demeurant, elle encouragerait l'apparition de candidatures de gauche indépendantes", selon l'ancien ministre de la Culture.

Le Bureau national du PS étudiait mardi soir un rapport sur la rénovation du parti, dont l'organisation de primaires en vue de 2012.

Le sureffectif, c'est la classe !


Vous connaissez la stratégie du contre-pied ? Ce n'est pourtant pas compliqué. Il s'agit simplement de prétendre l'inverse de ce qui est communément admis comme une vérité à peu près incontestable. La terre se réchauffe ? Pas du tout, c'est le contraire, parole de Claude Allègre. Le tabagisme passif est nocif ? Faux, rien n'est prouvé, selon le pneumologue Philippe Even. Une tactique de la diversion bien rodée qui ne cesse de faire des adeptes. Le dernier en date s'appelle Luc Chatel. La diminution du nombre d'élèves en classe est un gage de réussite scolaire ? Vieille lune que tout cela. Parents, enseignants, potaches, tous se sont, jusque-là, laissé prendre à cette idée reçue. Car c'est à l'évidence l'antithèse de cette absurdité qui seule doit prévaloir. Afin que tout soit mis en œuvre pour l'accomplissement de nos chers petits en primaire et au collège, il suffit, qui l'eut cru, d'augmenter les effectifs. Plus les mômes sont nombreux, plus l'ambiance est favorable. Un peu, toutes proportions gardées, comme aux apéros géants. Bon sang, mais c'est bien sûr, pourquoi n'y avait-on pas songé plus tôt ? Certes, ce renversement de la vapeur permet, au demeurant, de réduire le recrutement des professeurs. Mais, promis juré, ce n'est pas l'objectif prioritaire. Loin de nous ces mauvaises pensées. Allons, trêve d'hypocrisie. Il y a des moments où il serait sans doute plus sain de dire les choses franchement. C'est la dèche. On n'a plus les moyens. Il faut tailler dans les rangs. Mais non, on est là à tenter de nous faire prendre les vessies de la rigueur pour des lanternes pédagogiques. Aux dernières nouvelles, le ministère a tout de même demandé aux recteurs de "quantifier, à partir de leviers d'efficience identifiés, les marges de manœuvre par académie". Si jamais il reste un prof de français pour traduire...

La balle est dans le camp sud-africain


Organiser une Coupe du monde est désormais une affaire d'État. Les retombées économiques, le bénéfice politique potentiel, les risques en matière de sécurité et la recherche d'une plus grande cohésion sociale, tout ce qui compte dans la conduite des affaires d'un pays est en jeu. Cela est vrai pour l'Afrique du Sud qui, durant un mois, va accueillir la planète foot, avec une charge symbolique bien particulière.

Sa désignation a été saluée à juste titre par tout un continent. La responsabilité d'orchestrer l'événement le plus populaire de la planète change inévitablement le regard porté sur le pays organisateur. Ce n'est pas un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais cela y concourt peut-être.

La charge symbolique vient aussi de l'histoire édifiante qu'incarne ce pays. Bénie des dieux par une nature exceptionnelle, l'Afrique du Sud était, il y a encore vingt ans, mise au ban de la communauté internationale, en raison du régime qu'y faisait régner la minorité blanche. La libération de Nelson Mandela ¯ et, avec elle, la sortie de l'apartheid de tout un peuple ¯ a été l'un des visages les plus nobles de la fin de la guerre froide. Comme un acte moral posé sur la scène internationale. Ce n'est pas si fréquent.

En 1994, lors des premières élections libres, un surnom fut ainsi attribué à ce pays, la nation arc-en-ciel, pour mieux dire que les clivages raciaux ne sont pas une fatalité. Cet élan lui a valu une quinzaine d'années de développement extraordinaire. Il représente la première économie du continent. Quatorze des vingt premières sociétés d'Afrique sont sud-africaines. La Bourse de Johannesburg figure parmi les dix premières au monde.

Parallèlement, son rôle politique s'est accru. Pretoria a multiplié les missions de médiation dans les crises du continent et participe activement aux missions de maintien de la paix des Nations unies au point d'être, à présent, le dixième contributeur mondial en casques bleus.

Le revers de cette médaille trop clinquante, c'est la permanence de fléaux chroniques. D'abord la pauvreté, accentuée par les retombées de la crise internationale. Sur 48 millions d'habitants, près de 10 % vivent avec moins d'un dollar par jour et la violence endémique frappe tout le pays.

Autre record négatif, celui du nombre de séropositifs. Un malade du sida sur six dans le monde est sud-africain. L'inertie du pouvoir sur ce dossier a longtemps aggravé la situation. Le nouveau cours introduit par le président Jacob Zuma depuis son élection, avec des investissements massifs dans la lutte contre la maladie, redonne enfin un peu d'espoir.

Quant à la question raciale, elle reste une ombre douloureuse. Depuis la fin de l'apartheid, l'émergence d'une bourgeoisie noire n'a pas compensé la permanence d'inégalités raciales. Les meurtres de fermiers blancs isolés continuent. Le récent assassinat du leader d'extrême droite Eugène Terre'Blanche fait craindre de nouvelles confrontations. Le racisme xénophobe s'y ajoute, comme on a pu le constater lors des violences dont les travailleurs immigrés zimbabwéens ont été victimes en 2008.

Pour toutes ces raisons, la Coupe du monde est la bienvenue, afin de redonner un élan à ce pays. À condition que le sport, outil à double tranchant de ce point de vue, ne serve pas de cache-misère.

La petite phrase d'Aubry occulte le projet du PS

Le projet de société ratifié samedi par le PS est déjà presque oublié. La faute à une formule assassine de la première secrétaire comparant Nicolas Sarkozy à Bernard Madoff.
On ne touche pas à François Mitterrand ! Les attaques de Nicolas Sarkozy contre l'ancien président socialiste, à propos de la retraite à 60 ans, ont eu le don d'agacer Martine Aubry. Samedi, la première secrétaire du PS a fustigé « l'inélégance » et « la vulgarité » de l'actuel chef de l'État. Dans son élan, elle a ironisé sur ses leçons en matière de gestion. « Quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité. »

« Brutal et dérisoire »

La comparaison avec l'escroc de Wall Street a déclenché les foudres de l'UMP. « Reprocher à François Mitterrand la retraite à 60 ans, c'est une opinion politique. Comparer le président de la République à un escroc, c'est une injure, pas une opinion », a dénoncé Jean-Pierre Raffarin, conseillant à Martine Aubry de s'excuser. « Honteux », s'est indigné Xavier Bertrand. Même François Fillon s'y est mis. « Par ses attaques brutales et dérisoires contre le président de la République, Martine Aubry abaisse le débat politique », a réagi le Premier ministre, dans un court communiqué, hier.

La patronne du PS n'aurait pas dû céder à la « facilité », regrette aussi François Hollande. Selon lui, Nicolas Sarkozy a eu tort de s'en prendre à l'héritage de François Mitterrand. « Mais nous ne sommes pas là pour copier Nicolas Sarkozy, a indiqué l'ancien premier secrétaire. Quand un président de la République se laisse aller, nous ne devons pas prendre le même chemin, la même dérive, la même facilité. Nous devons, nous, être différents. »

Ces critiques ont amené Martine Aubry à s'expliquer, hier midi. Invitée de France 2, elle a voulu calmer le jeu en disant qu'elle voulait mettre en cause non pas la personne de Nicolas Sarkozy, mais ses démonstrations sur les comptes publics qu'elle juge « pas crédibles ».

« Les mots ont un sens. Je n'ai pas comparé le président de la République à Madoff, a-t-elle assuré. On ne parle pas aux gens uniquement avec des noms d'oiseau. On essaie de s'exprimer avec nuance. En tous les cas, j'essaie de le faire. » Des explications, mais pas d'excuses.

« Nicolas Sarkozy l'a bien cherché », a approuvé Ségolène Royal. La première secrétaire a aussi reçu le soutien de Jean-Marie Le Guen, député de Paris, qui invite la presse à « ne pas s'en tenir » à cette polémique.

Tant il est vrai que la petite phrase de Martine Aubry a rendu invisible le « projet de société » ratifié samedi par le PS. En ce sens, cette phrase est bien un dérapage.