TOUT EST DIT

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vendredi 28 mai 2010

Le député René Dosière veut geler les dépenses de l'Elysée

Le député PS de l'Aisne René Dosière, spécialisé dans la chasse aux gaspillages de dépenses publiques, a demandé vendredi une augmentation "zéro volume" des dépenses de l'Elysée, qui ont progressé selon lui de 2,5 % en 2009 à 114,287 millions d'euros.
"Si cette progression est plus faible que l'année précédente, il convient de souligner qu'elle demeure six fois supérieure à celle des dépenses de l'Etat (+ 0,4 %)", écrit René Dosière dans un document remis à la presse. "Six fois plus, on ne peut pas dire que cela soit la rigueur", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Il demande donc une progression "zéro volume", c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation, du budget de l'Elysée d'une année sur l'autre, sur le modèle du budget de l'Assemblée nationale.

"SE SERRER LA CEINTURE"

Le député socialiste a par ailleurs demandé que les membres du gouvernement qui sont aussi maire ou élu local ne perçoivent "au titre de ces mandats locaux aucune rémunération, aucune indemnité, et aucun avantage". Les ministres peuvent "cumuler jusqu'à 1,5 fois leur traitement", qui est de quelque 14 000 euros mensuels, soit "21 000 euros", a souligné René Dosière.

Comme l'année précédente, l'élu de l'Aisne a envoyé des questions écrites aux ministères pour connaître leur train de vie (frais de représentation, de communication...). "A partir du moment où les Français doivent se serrer la ceinture, les responsables politiques doivent montrer l'exemple", affirme M. Dosière, qui se défend de faire de "l'antiparlementarisme ou du poujadisme : je n'oublie pas que des gens modestes ont pu accéder aux responsabilités politiques parce qu'elles étaient rémunérées".

LA CRISE A FAIT DE SARKOZY UN PRÉSIDENT RESPONSABLE, UN PRÉSIDENT FRANÇAIS QUI SE MOUILLE, QUI PENSE ET QUI AGIT, TOUT CE QUE N'ONT JAMAIS FAIT SES PRÉDÉCESSEURS, UNIQUEMENT PRÉOCCUPÉS À INAUGURER DES MANIFESTATIONS, DES SALONS OU DES CÉLÉBRATIONS.
IL EST CERTAIN QUE ÇA CHANGE.
CET OBSCURE CRÉTIN DE DÉPUTÉ DOIT AVANT TOUT PENSER À AUTRE CHOSE QU'À FAIRE DE L'ANTI-SARKOZYSME PRIMAIRE.


La Commission européenne préconise un recul de l'âge de départ à la retraite

a Commission européenne recommande un recul sensible de l'âge du départ en retraite dans les pays membres, selon un document interne à la Commission cité par le Financial Times Deutschland.
Selon le journal, la Commission estime que l'âge de la retraite doit être reculé de manière à ce qu'un actif ne passe pas plus d'un tiers de son temps de vie d'adulte à la retraite. Sans de telles réformes sur l'âge du départ en retraite s'esquisse la perspective d'une "douloureuse combinaison alliant des versements plus réduits [aux retraités] et des cotisations plus élevées", selon le document cité.

L'âge moyen de départ en retraite au sein de l'UE se situe actuellement légèrement au-dessus de 60 ans, d'après les calculs de la Commission, soit à un niveau nettement inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE, où le chiffre moyen est de 63,5 ans pour les hommes et 62,3 ans pour les femmes. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso avait dit en février à Madrid qu'il jugeait nécessaire une réforme générale des systèmes de retraites dans les pays de l'Union européenne face à l'augmentation de l'espérance de vie et au faible taux de natalité. "Nous incitons les gouvernements à agir de manière responsable et dans le cadre du dialogue social pour faire des réformes du système européen des retraites que nous voulons justement préserver", avait-il dit.

Mobilisation avec décote

"Bosser jusqu'à 67 ans, d'accord, mais je commence quand ?" Parmi tous les slogans lus hier au hasard des banderoles et des calicots, celui-ci, à la fois humoristique et désabusé, était sans doute l'un des plus représentatifs de l'état d'esprit général. Car, certes, si l'on a manifesté un peu partout en France, c'était à l'évidence pour la défense des retraites, mais, au-delà de cette priorité dictée par l'actualité, se profilait un tourment beaucoup plus transgénérationnel.

À l'heure où l'hypothétique sortie de la vie active apparaît plus que jamais tributaire de l'improbable entrée dans le monde du travail, c'est toute une préoccupation composite

et multiforme qui s'est exprimée. Un constat pas vraiment à même de simplifier le regard que l'on peut porter sur la mobilisation de ce 27 mai. Comment la définir ? Disons qu'on a eu affaire à un solide sursaut, à ce bémol près qu'il y manquait le franchissement d'un palier. Celui, très symbolique, du million de personnes, aurait ancré ce "jeudi noir" à l'histoire sociale. Une foule plus disparate, absurdement écartelée comme d'habitude entre les chiffres des organisateurs et ceux de la police, n'a pu qu'introduire une once de déception dans le cri de victoire des syndicats.

Un semi-échec suffisant,

en tout cas, pour conforter la stratégie du gouvernement qui entend continuer d'avancer sur le grignotage de l'âge légal des départs sans brusquer l'annonce de nouveaux seuils. Attention : nos dirigeants auraient cependant tort de considérer qu'il ne s'est rien passé hier. Si une certaine forme de résignation, voire de sagesse ou de raison,

a empêché une franche démonstration de force,

il n'en reste pas moins qu'une inquiétude à taux plein plane sur la France.

Une grande peur de l'avenir qui, contrairement à celle des leaders politiques, ne s'arrête pas en 2012.

L'ordre des choses

Ça n'a pas été un raz-de-marée - c'est un euphémisme - mais ça n'a pas été non plus une mer d'huile. Ça n'a pas été la « journée cruciale » qu'espérait Bernard Thibault mais ça n'a pas été non plus la faible mobilisation qui, selon Luc Chatel, « valide la méthode du gouvernement ». Dans cette bouteille à moitié pleine pour les uns et à moitié vide pour les autres, on peine à identifier qui l'emporte de l'acidité active de la protestation ou de la rondeur passive de l'indifférence.
A vrai dire, ce jeudi de grève sous la pluie ressemble un peu à un pétard mouillé de fin de printemps qui ne condamne pas pour autant un feu d'artifice social d'automne. La pédagogie de la crise, nourrie par les exemples de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et même de l'Italie, a clairement désamorcé une révolte frontale et globale contre le projet du gouvernement. Les unes après les autres, les enquêtes de société montrent que l'idée de l'allongement inéluctable de la durée de cotisation, qui était au coeur du dispositif Fillon de 2003, progresse dans les esprits. Même le PS a fini par s'y rallier... Mais cette évolution, dictée par l'évidence démographique, n'a pas neutralisé définitivement l'allumette que représente, pour la réforme toute entière, l'hostilité d'une large majorité de Français à la suppression de la retraite à 60 ans. 62% d'entre eux se disent prêts à manifester, un jour ou l'autre, pour défendre ce « droit au départ » qui représente, à leurs yeux, une sécurité et une liberté.
La logique que le discours du gouvernement a su imposer au fil des mois est désormais conditionnée à l'exigence de justice sociale qui a la force redoutable du consensus. Valeur subtile autant que subjective, elle suppose, de la part du gouvernement, beaucoup de souplesse, de sensibilité et de pragmatisme. L'erreur serait de substituer une rigidité à une autre. Il faut éviter de tomber dans le piège d'une époque révolue qui consisterait à vouloir verrouiller un nouveau système général, universel et faussement égalitaire, là où la diversité des conditions de travail, de vie et de carrière suggère un dispositif modulable. Plastique.
L'ordre des choses est fondamental. Les questions de la pénibilité et des longues carrières auraient dû être traitées AVANT d'annoncer tout recul de l'âge légal du droit au départ. La fixation de ce seuil symbolique ne saurait être une règle monolithique rébarbative qui avantage objectivement les salariés ayant fait des études. Quant au particularismes des régimes spéciaux, comment pourraient-ils rester à l'écart d'une remise à plat complète du système sans provoquer l'incompréhension d'une partie du pays ?
Dans la grande mutation à laquelle les temps nouveaux obligent une France bloquée, la qualité d'une méthode libre de toute idéologie décidera de la réussite ou de l'échec.

Thibault dénonce "une forme de mépris provocante" à l'encontre des manifestants

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault s'est déclaré vendredi "satisfait de la mobilisation" de jeudi, dénonçant une "forme de mépris provocante" de la part de ceux qui "minimisent" le nombre de manifestants, et "prennent des risques sur le climat social à venir".

"Je suis satisfait de la mobilisation d'hier, c'est évident, il nous fallait marquer un moment d'expression forte, nous y sommes parvenus", a affirmé M. Thibault sur France Info.

Considérant que "l'intersyndicale a à la fois les bases et un mandat pour poursuivre la mobilisation", M. Thibault est "convaincu" qu'au fur et à mesure que les salariés vont prendre connaissance du texte de loi (sur la réforme des retraites), d'autres sont capables de rejoindre ceux qui refuseront cette perspective".

"Si le gouvernement était si sûr de lui (...) il n'aurait pas tergiversé plusieurs semaines pour annoncer la couleur, il n'attendrait pas la veille des départs en congés pour présenter son texte de loi", a-t-il ajouté.

Mais le secrétaire général de la CGT, irrité par certains commentaires dans la presse, s'est demandé si certains d'entre eux "ont été faits après avoir constaté ce qui s'est passé dans les manifestations hier, ou si certains papiers n'ont pas été rédigés avant les manifestations".

"Je vois les commentaires et je me demande si certains se sont rendus dans les cortèges avant de faire les commentaires journalistiques", a-t-il ajouté, se disant "convaincu que tous les témoins, les acteurs de ces manifestations ne vont absolument pas se retrouver dans la description qui domine ce matin sur ce qui s'est passé hier".

"A force d'entretenir cette forme de mépris provocante à l'égard de ceux qui défendent le droit à la retraite, et qui se battent pour leur emploi, je pense que certains prennent des risques sur le climat social à venir et qu'ils seront au pied de certaines surprises prochainement", a-t-il affirmé.

Selon lui, "à force de minimiser le fait qu'en France il puisse y avoir un million de manifestants et dire le lendemain qu'il ne s'est rien passé, ça peut provoquer des déboires très lourds, pas simplement pour les gouvernants, y compris pour ceux qui se disent observateurs de la vie sociale et politique".

Interrogé sur les propos de Luc Chatel qui a affirmé jeudi que la "faible mobilisation" venait "valider la méthode du gouvernement" sur sa réforme, Bernard Thibault a estimé que "M. Chatel et d'autres auront peut-être des surprises dont ils auront du mal à se remettre".

THIBAULT LE GAUCHISTE PERVERS, LE SEUL SYNDICALISTE QUI SE DÉFEND, À TORT, D'ÊTRE UN BOURGEOIS.

L'iPad est-il un produit miracle?

La tablette tactile d'Apple sort vendredi en France. Après un carton aux Etats-Unis, geeks, éditeurs de presse ou même publicitaires l'attendent comme le Messie. A Raison ?
L'iPad va sauver la presse. L'iPad va relancer l'édition, des livres comme de la BD. L'iPad va booster le marché de la télévision sur Internet. L'iPad va enfin permettre de valoriser la cyberpublicité. L'iPad va aider les médecins hospitaliers dans leur diagnostic, sortir les petits vieux des maisons de retraite de leur solitude, et sera même un eldorado de l'industrie du X. La presse, les grands patrons, et même votre voisin du dessous qui se l'est déjà fait expédier des Etats-Unis sont tous d'accord : il y aura un avant et un après iPad, la tablette tactile qu'Apple vend comme des petits pains aux Etats-Unis et lance ce vendredi en France. On en vient même à s'étonner que personne n'ait pensé à l'iPad pour ressusciter les dodos ou régler le problème du financement des retraites ou de la dette grecque.

La tablette d'Apple avait été bloquée aux frontières, les autorités estimant que le signal internet wifi de l'iPad version américaine était trop puissant.


Le miracle iPad sera-t-il aux rendez-vous de ces attentes célesto-cosmiques? Pour Apple, probablement. En vente aux Etats-Unis depuis le 3 avril dans sa version wifi, depuis le 30 avril dans sa version connectable via les réseaux téléphoniques, l'iPad a dépassé toutes les attentes: il a suffi d'un mois pour en écouler un million d'exemplaires, soit un lancement deux fois plus rapide que celui de l'iPhone il y a trois ans. Un succès qui a d'ailleurs conduit à reporter d'un mois le lancement à l'international. En France, en Grande-Bretagne, au Canada, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Japon et en Australie - tous les pays qui le découvrent ce vendredi avant neuf "destinations" supplémentaires en juillet - tous les voyants semblent aux verts pour accueillir avec un enthousiasme geek la sensation high-tech de l'année. A Sydney et Tokyo notamment, des centaines de fan d'Apple faisaient la queue devant les Apple Store vendredi pour obtenir leur précieuse tablette.

A croire que la crise, les plans de rigueur tous azimuts, et la sinistrose mondiale n'auront pas dissuadé les consommateurs de la planète de détricoter leur bas de la laine pour s'offrir le dernier joujou d'Apple. Il sera disponible à des tarifs allant de 499 à 699 euros pour les modèles wifi et de 599 à 799 euros pour les modèles 3G, un investissement qui doit leur permettre de surfer sur le Net, de consulter leurs mails, regarder des photos ou encore d'accéder aux applications de la boutique en ligne d'Apple, l'App store, avec des jeux, des vidéos, des gadgets aussi inutiles qu'indispensables...

Près de 500.000 iPad français

La France, qui a réservé à l'iPhone un accueil magistral, devrait tenir son rang de pays très technophile. Entre 400.000 et 450.000 tablettes internet, dont une très large majorité d'iPad, devraient s'arracher chez nous d'ici à fin 2010, a estimé mardi l'institut d'études GfK. "La France, en général, représente, pour un nouveau produit de ce type, entre 10 et 12% du marché mondial", a expliqué le directeur général adjoint de GfK, François Klipfel qui prévoit des ventes de 4 millions de tablettes dans le monde cette année. En France, "les 100.000 premières pièces vont se vendre très vite", d'autant qu'"Apple va peut-être jouer la pénurie pour augmenter le bouche-à-oreille", pronostique-t-il. As de la com', la firme à la pomme a cherché à faire de cette sortie, pourtant décalée, un événement. Les deux Apple Store français, à Paris et Montpellier, ouvriront pour l'occasion leurs portes dès 8 heures. Si tout se passe bien, essaim de journalistes et files d'attentes interminables de fanboys d'Apple seront au rendez-vous. A Paris, environ 150 accrocs ont fait la queue tôt ce matin devant l'Apple Store du Louvre.

Comme aux Etats-Unis, ou 5.000 applications ont été conçues spécifiquement pour l'iPad, des pans entiers de l'économie française attendent beaucoup du joujou d'Apple. Les médias français lorgnent sur l'exemple du New York Times qui a annoncé mardi que son application pour iPad avait déjà été téléchargée à plus de 300.000 reprises. De nombreux patrons de presse y voient une touche pour vendre enfin aux lecteurs leurs contenus sur Internet. Quotidiens nationaux et régionaux mais aussi magazines se sont préparés à son arrivée, chacun mettant en avant fonctions inédites, navigation aisée ou contenu enrichi avec texte, photos et vidéos pour séduire le lecteur. Pour les éditeurs de presse, "l'iPad est un modèle économique intéressant car il est assez proche de celui de la presse elle-même, à savoir des contenus payants plus des revenus publicitaires", relève Delphine Grison, directrice du marketing stratégique et du développement de Lagardère Active (Paris Match, Elle, Le Journal du Dimanche, etc.).

L'édition de livre n'est pas en reste. La tablette devrait débarquer avec des centaines de milliers de titres d'ouvrages en anglais mais aussi une grande partie de l'offre déjà développée par les éditeurs français pour l'iPhone. L'offre disponible en français sur l'iBookstore (la librairie virtuelle d'Apple) reste en revanche en suspens. Pour l'instant, les éditeurs hexagonaux, comme Apple, demeurent muets sur d'éventuels accords. "Aucun commentaire", répondent Hachette ou Albin Michel. Mais nombreux sont ceux qui seront présents sur l'iPad dès son lancement.

Des cartes à jouer

Ils ne devront pas oublier qu'Apple est très dur en affaires. Les opérateurs français l'ont déjà appris à leurs dépens. Pas gâtés par les contrats signés pour l'iPhone, ils ont carrément été écartés du lancement de la bête en France, contrairement aux distributeurs Boulanger, Surcouf, Darty et Fnac. L'iPad ne sera pas vendu dans leurs boutiques, mais les opérateurs mobiles, entendent bien profiter quand même de ce nouveau marché. SFR et Orange (France Télécom) - dont la boutique des Champs-Elysées accueillera des démonstrateurs Apple - ont d'ores et déjà annoncé des forfaits spécifiques, tandis que Bouygues Telecom est "toujours en discussions" avec l'entreprise de Steve Jobs.

Si Apple a dégainé le premier, vite et fort, le match des tablettes n'est pas perdu pour ses concurrents qui pourront toujours proposer aux opérateurs et éditeurs de contenus des contrats plus avantageux. Ils devraient aussi s'engouffrer dans les failles techniques du joujou d'Apple. Même dans sa version 3G, l'iPad n'est pas un téléphone mobile : on ne peut ni appeler, ni recevoir d'appels. Il ne dispose pas non plus d'appareil photo ou de webcam. Autre défaut : il n'est pas "multitâches", c'est-à-dire qu'on ne peut pas ouvrir plusieurs applications en même temps. Il faut à chaque fois fermer une application pour en ouvrir une autre, contrairement à un ordinateur. L'iPad ne donne pas accès aux programmes internet intégrant la technologie Flash (Adobe), utilisée pourtant par une grande partie des sites internet pour ajouter des animations, des publicités ou des jeux vidéo à une page web.

Le prix de la pomme

Enfin, comme l'iPhone, l'iPad est un système très fermé. Apple n'a jamais hésité à refuser un logiciel qui ne lui convient pas et refuse de revoir à la baisse ses exigences financières C'est d'ailleurs en étant beaucoup plus ouvert avec les éditeurs et développeur que Google commence à contester, avec son système Androïd proposé à tous les fabricants de portables, la suprématie de l'iPhone sur le marché des téléphones mobiles.

D'ici à 2011, la folie des tablettes ne va pas retomber. Dell a déjà annoncé mardi la sortie de son "Streak" en Grande-Bretagne en juin, et beaucoup estiment que Hewlett-Packard s'est emparé de la société Palm pour mettre dans des tablettes le système d'exploitation WebOS, conçu pour le téléphone multifonction Pre. Le français Archos est également présent sur ce créneau depuis 2008. Il vient de lancer en mai une nouvelle tablette vendue à partir de 149 euros en version 2 gigaoctets et 179 euros en version 8 Go. Trois fois moins cher qu'une tablette frappée d'une pomme.

Par Olivier Levard :Diplômé de Sciences Po Paris et du Centre de Formation des Journalistes (CFJ), Olivier Levard collabore au Jérusalem Post et au magazine du Club du XXIème siècle. Il poursuit sa formation en Afrique du Sud puis tourne des sujets en Argentine et au Proche-Orient. Il rejoint LCI à l'été 2006 puis TF1 NEWS comme chef de rubrique high-tech en 2007. En 2008, il prend en charge la rubrique économie de TF1 News. Après avoir couvert pendant deux ans l'actualité du Web, il publie début 2010 aux éditions Michalon un ouvrage sur les réseaux sociaux (Facebook, MySpace, LinkedIn...). Passionné par les jeux vidéo, il anime le LCI Game Club, un talk-show sur l'actualité vidéoludique pour LCI Radio.

Résignation

Les entomologistes de l'action sociale auront beau disséquer les grèves et manifestations d'hier, à Paris et en province, contre les projets de réforme du système de retraite, il leur sera difficile d'y trouver le moindre signe d'une dynamique de contestation. Au mieux, au grand mieux, la mobilisation orchestrée de longue date partout en France aura réuni autant de monde que celle du 23 mars. Ce jour-là, déjà, le « troisième tour » social annoncé après la défaite de la droite aux régionales s'était dégonflé en simple « tour de chauffe ». Hier, les fonctionnaires ont été encore moins nombreux à cesser le travail contre une réforme des retraites qui les concerne il est vrai assez peu. Surtout, ils n'ont pas réussi à attirer dans leurs défilés ces salariés du privé qui auraient donné un sens au mouvement.

Mettre 400.000 personnes (de source policière) dans les rues pour la deuxième fois en deux mois n'est bien sûr pas anodin. D'ailleurs, à commencer par un gouvernement prudent dans ses commentaires, nul ne prend cela à la légère. Mais le résultat reste très loin et des précédents et des objectifs. Le 13 mai 2003, lorsque la contestation de la réforme Fillon battait son plein, ce sont plus de 1 million de Français qui avaient battu le pavé.

Les leaders syndicaux et les dirigeants des partis de gauche n'étaient pas loin d'en espérer autant, eux qui jouaient gros de leur propre aveu. L'étendue de leur déconvenue doit être à la mesure de leur espoir de grand soir. Le rêve des opposants au plan de sauvetage des retraites a fait pschitt. A ce point, c'était inattendu et d'autant plus cuisant que l'exécutif ne cachait plus son jeu, ayant abattu sa carte maîtresse, celle du report de l'âge légal de départ.

Au lendemain de cette journée d'action, le rapport des forces a changé, mais pas dans le sens prévu par les syndicats, qui devraient y réfléchir à deux fois avant de se risquer à une troisième tentative, en juin.

Il ne faudrait pas cependant prêter à cet échec plus de portée qu'il n'en a. Cette faible mobilisation persistante traduit surtout comme un état de résignation de l'opinion, étape sur le chemin qui mène de la désapprobation à l'acceptation. De là à y voir un début d'adhésion, ne serait-ce qu'à la forme d'une réforme, il y a un pas que le gouvernement ne saurait franchir, à la différence de son porte-parole, Luc Chatel. Le Parti socialiste non plus, d'ailleurs, qui n'a guère rassemblé hier, ni autour de ses recettes pour les retraites, ni autour de la défense du vieil héritage mitterrandien.


JEAN-FRANCIS PECRESSE

Retraites: L'exécutif "conforté"

Un million de personnes ont manifesté jeudi en France contre la fin de la retraite à 60 ans, selon les syndicats, 395.000 selon les pouvoirs publics. Les centrales menacent d'un mouvement de plus grande ampleur si le gouvernement campe sur ses positions. Le porte-parole de ce dernier, Luc Chatel, a estimé que la mobilisation avait été faible et compte mener la réforme à bien.

Comme d'habitude, il s'agit d'une histoire de chiffres. L'intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU) s'estime rassurée par le bilan de la journée d'action organisée jeudi pour protester contre le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement. Pour les syndicats, le pari est rempli: ils estiment avoir mobilisé un million de personnes, quand la journée d'action du 23 mars n'avait réuni qu'entre 380.000 et 800.000 personnes selon les sources. "Cette journée était importante et elle est réussie", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, à la presse, soulignant que les syndicats avaient "besoin de cette séquence" pour repartir de l'avant. "La question en suspens, c'est maintenant de savoir si on va dépasser le million de manifestants, ce n'est pas du tout impossible", a-t-il ajouté au départ du cortège parisien.
Pour François Chérèque, le leader de la CFDT, le million de manifestants serait "atteint ou dépassé". Les défilés sont toutefois restés loin de ceux qui avaient accompagné les réformes des retraites de 1995 et 2003 et réuni jusqu'à deux millions de personnes, selon les syndicats. Mais les pouvoirs publics font eux état d'un tout autre chiffre: selon leur décompte, seules 395.000 personnes ont en effet défilé dans les rues de l'Hexagone jeudi.

Baisse de la mobilisation à Paris

Les arrêts de travail ont en tout cas peu perturbé les transports tandis que la grève semblait moyennement, voire faiblement suivie dans l'Education nationale (13,95%) et la Fonction publique (11,6%), selon les estimations ministérielles. Dans la matinée, les premiers défilés en province attestaient toutefois d'une mobilisation en légère hausse par rapport à mars dernier, notamment à Marseille où 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats sous le slogan : "Sarkozy nous écoute, disons-lui qu'on ne veut pas travailler jusqu'à 70 ans". Selon la police, ils n'étaient que 12.000. Fin mars, les chiffres s'étalaient de 12.000 à 50.000 dans la citée phocéenne. La mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars, avec 12.000 à 20.000 manifestants à Rouen (contre 10.000 à 15.000) ou 4.900 à Nice, selon la police, contre 4.200 en mars dernier. Plus tard, les Rennais faisaient également mieux qu'en mars, avec 6.500 manifestants selon la police et 17.000 personnes selon les organisateurs, contre 5.500 manifestants à 10.000 le 23 mars. A Bordeaux, la mobilisation s'est affaiblie: environ 6.500 personnes selon la police, 40.000 selon la CGT, ont défilé dans les rues, contre respectivement 8.000 et 30.000 il y a deux mois.

Reste que la mobilisation à Paris n'a pas été concluante. La CGT y revendiquait 90.000 manifestants. La préfecture de police avançait le chiffre de 22.000. De toutes façons, c'est bien moindre qu'il y a un mois, lorsque les forces de l'ordre comptait 31.000 participants. Mais les syndicats savaient que la mobilisation pourrait être amoindrie du fait que la réforme épargne pour l'instant ceux qui bénéficient de régimes spéciaux, déjà amendés en 2007. D'où la faiblesse du mouvement de grève à la SNCF par exemple (voir encadré), où environ trois trains régionaux sur quatre circulent, alors que les syndicats tablaient, mercredi, sur 80% de salariés en arrêt de travail. Sans cet apport traditionnel de manifestants, dur de faire le poids. Pourtant, un sondage a pu gonfler l'optimisme des partenaires sociaux. Selon une étude de CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France, une majorité de Français (62%), particulièrement les jeunes et les 50-64 ans, se disaient "prêts à manifester" pour défendre le maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans.

Le gouvernement ne plie pas

Le gouvernement peut également se rassurer en constatant le faible taux de participation aux grèves, comme dans les écoles ou les transports, selon les estimations ministérielles. "On a très clairement une journée de mobilisation faiblement suivie", a souligné Luc Chatel sur France Info en précisant que la participation était équivalente à celle du 23 mars, mais en retrait par rapport au mouvement de 2003. Des résultats qui viennent "valider la méthode du gouvernement", qui, a-t-il expliqué "sans triomphalisme", est "faite d'écoute, de dialogue, et de détermination". Il a ajouté que le gouvernement avait entendu ces manifestants mais que son rôle était de "prendre ses responsabilités (pour) sauver le système par répartition et donc aller au bout de cette réforme".

"Si le gouvernement persiste, nous prendrons d'autres initiatives", a prévenu Bernard Thibault. "A ce stade, il n'y a plus que le rapport de force dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans et les acquis sociaux auxquels Nicolas Sarkozy s'attaque méthodiquement", a ajouté le secrétaire général de la CGT. C'est la raison pour laquelle d'autres journées de mobilisation devraient suivre d'ici l'été, laissent entendre les leaders syndicaux, qui en débattront la semaine prochaine. "Les choses vont se faire dans le temps, ce n'est pas une manifestation qui suffira", déclare le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, dans Les Echos. Quoiqu'il arrive, les syndicats pourront soit se rattraper, soit enfoncer le clou. (là, il rêve !)



SNCF: Un quart de grévistes

Un peu plus d'un quart des cheminots étaient en grève jeudi dans le cadre de la journée interprofessionnelle de défense des retraites, selon la CGT, qui conteste la mobilisation moindre annoncée par la direction de la SNCF et le gouvernement. Le principal syndicat de l'entreprise ferroviaire a fait état de 28% de grévistes, tous secteurs confondus, mais avec de fortes disparités régionales.
"Malgré les pressions et les tentatives de démobilisation du gouvernement et de la direction de la SNCF (...) les cheminots ont agi avec lucidité", se félicite la CGT dans son communiqué. Ils refusent "d'opposer salariés du privé et du public (...) et contestent les mesures envisagées par le gouvernement concernant l'allongement de la durée de cotisation et le recul de l'âge de départ à la retraite qui conduisent inévitablement à la bausse des pensions", poursuit le texte.

Le pétrole, mythe américain

Face au désastre pétrolier subi par le golfe du Mexique, Barack Obama tient un discours juste : « Nous n’allons pas nous libérer du pétrole dans l’année qui vient, ni dans les dix ans à venir, a déclaré le président américain mercredi en Californie. Mais réfléchissez-y : ce qui se passe dans le golfe tient en partie au fait que les forages pétroliers descendent à un mile (1 600 m) sous la mer avant de toucher le fond, et un autre mile avant d’atteindre le pétrole. Avec des risques accrus, des coûts accrus, cela vous donne une idée de là où nous allons. Nous n’allons pas pouvoir continuer, cette planète ne peut pas le supporter. »

Un tel propos a le mérite de solliciter les consciences. Mais va-t-il être suivi d’effet ? On peut malheureusement en douter. Comme le dit bien Barack Obama, une économie aussi vaste que celle des États-Unis ne peut pas se guérir du jour au lendemain de sa dépendance au pétrole. Le sevrage ne peut être que long. Pourtant, les premiers efforts suffiraient déjà à produire des résultats spectaculaires car les Américains ont une forte propension à gaspiller le pétrole. Comme le symbolisent leurs monumentaux « SUV » (sport utility vehicle), appellation locale des 4×4.

Le premier pas vers l’efficacité énergétique pourrait rapporter beaucoup. Il sera néanmoins difficile à franchir car l’industrie pétrolière est au cœur même de la légende américaine. Cela commença en 1859 lorsque Edwin Drake fora un puits en Pennsylvanie à la recherche d’un substitut à l’huile de baleine pour alimenter les lampes. Il provoqua une « ruée vers l’or noir » qui est un des mythes fondateurs des États-Unis. Le pétrole est profondément associé à l’esprit d’entreprise qui fait la force de ce pays.

La catastrophe de la plate-forme Deepwater Horizon ne suffira donc pas à elle seule à déclencher un changement des mentalités. Du moins devrait-elle contribuer à un ralentissement des forages en eau profonde et à un renforcement des normes de sécurité sur les installations pétrolières. Ce qui accroîtra le prix du pétrole. Excellente incitation à en consommer moins.


Guillaume Goubert

Tiers temps

Ils le savent bien, les Français, que le système des retraites doit être réformé, si l’on veut le préserver pour les générations futures. La structure démographique de la société, la part grandissante des inactifs par rapport aux actifs, l’allongement de la durée de la vie : la donne a changé. Les sondages d’opinion le montrent, les Français se font petit à petit une raison : il faudra actionner plusieurs leviers à la fois, allonger la durée de cotisation et reculer l’âge légal de départ à la retraite (dont on finit par oublier qu’il n’a pas toujours été fixé à 60 ans !), et bien sûr trouver, avec équité, des ressources nouvelles.

La confirmation – sans détails sur la progressivité de la mesure et les dispositifs destinés aux métiers pénibles et aux carrières longues – n’est donc pas une surprise, malgré l’opposition syndicale dont on mesurera la force au terme de la journée d’action, jeudi soir.

Mais résignation ne signifie pas conversion des esprits. Pour beaucoup de Français, même heureux dans leur travail et en bonne santé, la retraite – fantasmée, peut-être – est un cap qui autorise de nouveaux projets, si les conditions matérielles le permettent, les inégalités sociales n’épargnant pas ces générations. Un tiers-temps de vie, riche d’autres activités, d’autres rencontres, où l’on s’imagine suffisamment en forme pour « en profiter ». Aspirations égoïstes ? Pas si sûr. Il y a les exigences familiales, le soutien aux petits-enfants et aux parents en situation de plus en plus fragile ; le bénévolat, avec des engagements dans diverses associations sportives ou caritatives (on sait combien l’Église catholique, par exemple, s’appuie sur les seniors) ; et les désirs personnels, de loisirs ou de culture…

Reculer quelque peu l’entrée dans cette « troisième mi-temps », afin qu’un maximum de gens puisse en bénéficier avec un montant de pension décent, voilà l’objectif de solidarité à atteindre. Mais l’âge légal modifié, tout restera à faire. Pour assurer dans les faits l’emploi des seniors, pour l’organiser dans les entreprises, avec une réflexion sur l’évolution des tâches et des compétences, l’organisation du temps. Pour que dans les mentalités, le seuil entre travail et retraite apparaisse comme un passage plutôt qu’une rupture.



Dominique Quinio

Réforme : le plus dur reste à faire

Le verre plutôt à moitié plein pour le gouvernement, à moitié vide pour les syndicats. La mobilisation a été importante sans être exceptionnelle, plus précisément sans être à la hauteur du défi lancé par le pouvoir. Avec la fin officialisée de la retraite à 60 ans, un enjeu à la fois politiquement très symbolique et financièrement très concret, les syndicats étaient condamnés à frapper très fort. Ils ont eu le bras légèrement trop court, sensiblement plus court en tout cas qu'en 1995 ou en 2003, en situation d'adversité comparable. Ils ont perdu une bataille importante mais sans être laminés, loin s'en faut. L'avenir de la mobilisation s'annonce incertain... même si la messe n'est pas dite.

Le gouvernement a montré en la circonstance une redoutable habileté manoeuvrière. En jouant à cache-cache avec l'opinion - délibérément par-dessus la tête des syndicats - il a instillé, en quelques jours, l'idée du report des 60 ans avant de larguer « la bombe » au dernier moment sur un terrain bien préparé, sans donner le temps de la riposte aux syndicats. En sanctuarisant les régimes spéciaux (SNCF, etc.) à l'abri d'une nouvelle réforme, il s'est aussi donné les moyens de déminer la grogne cégétiste dans son principal fief ; et d'affaiblir l'adversaire sur son point fort, le front cheminot. Quitte à prendre quelques libertés avec le sacro-saint principe de l'équité. À la guerre comme à la guerre !

Dans le même temps, les syndicats ont montré les limites actuelles de leur capacité mobilisatrice unitaire. Avec FO qui pratique en solo une surenchère radicale tactique à très hauts risques, la CGC qui renoue avec des fondements catégoriels qui l'isolent, la CFTC qui ne sait plus où elle habite depuis la réforme de la représentativité syndicale, ce n'était évidemment pas gagné pour cimenter un front uni et efficace. D'autant moins que le tandem CGT-CFDT s'adosse à un salariat ¯ et plus largement une opinion ¯ un peu insaisissable, pour le moins ambivalent. De sondages en sondages, les Français révèlent un fort attachement au dogme des 60 ans, un réel refus à travailler plus longtemps, mais ils se calfeutrent aussi dans une acceptation plus ou moins résignée du report de l'âge légal. Nettement plus sympathisants que militants, ils soutiennent majoritairement les manifestants, mais ils renâclent à passer à l'acte.

Nicolas Sarkozy devra tenir compte de cette imprévisibilité de l'opinion. Il n'empêche, il a plutôt bien franchi le premier gros obstacle syndical. Il a d'autant plus obligation de résultats, qu'il a désormais les mains relativement libres. Il lui appartient donc de réaliser une vraie réforme, non pas seulement rentable en monnaie politique, mais efficace économiquement et socialement juste. Et là, le compte n'y est pas, c'est peu dire. La surmédiatisation sur les 60 ans ne doit tromper personne.

Côté efficacité, le recul de l'âge légal à 62 ou 63 ans n'est qu'une solution très partielle et de court terme à la question de la survie du système par répartition. Il faudra d'autres mesures, forcément lourdes et impopulaires, pour être réaliste et crédible. Côté justice, la sanctuarisation des régimes spéciaux n'est pas le meilleur signal que le gouvernement pouvait donner aux populations les plus exposées par sa réforme. Elle accentue, a priori, les inégalités induites par le report de l'âge, au détriment de ceux qui ont trimé très jeunes dans des conditions professionnelles et salariales défavorables. Nicolas Sarkozy a les mains libres, soit... mais beaucoup de travail sur la planche.

Paul Burel

Retraites : les manifestations n'ont pas fait le plein

Les cortèges ont réuni 395.000 manifestants de source policière, autour du million selon les syndicats. Loin des 2 millions d‘opposants aux réformes de 1995 ou 2003.Les manifestations contre le plan de réforme des retraites n'ont pas fait le plein. A-t-on franchi la barre symbolique du million de protestataires dans la journée, sur l'ensemble de l'Hexagone ? Ce n'est pas certain. Le comptage final du ministère de l'Intérieur fait état de 395.000 manifestants, les syndicats en ont compté environ 1 million. La police a distingué 188 cortèges, la CGT 176.

La mobilisation de ce 27 mai a donc in fine à peine dépassé celle du 23 mars dernier, dernière grande initiative interprofessionnelle, qui avait réuni 800.000 personnes selon les syndicats, 380.000 de source policière. En regard de l'opposition affichée dans l'opinion contre certaines marqueurs de la réforme, comme l'abandon des 60 ans, le raz-de-marée n'a donc pas eu lieu.
Six confédérations syndicales -CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU et CFTC -avaient appelé à une série de manifestations et de débrayages jeudi, avec un mot d'ordre large de défense de l'emploi et du pouvoir d'achat, mais avec pour objectif principal de contrer la réforme des retraites.

Dans la matinée, les défilés en province avaient attesté d'une mobilisation en légère hausse, notamment à Marseille où 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats, 12.000 selon la police. Fin mars, la fourchette y était de 12.000/50.000. La mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars aussi à Rouen (12.000 à 20.000, contre 10.000 à 15.000) et à Nice, (4.900 manifestants selon la police, contre 4.200 le mois dernier). A Lyon, entre 8.000 et plus de 15.000 manifestants, avec pour slogan principal: «La retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se battra pour la garder». A Rouen, entre 12.000 et 23.000 manifestants. A Nantes, entre 9.500 et 25.000. A Rennes, entre 2.250 et 4.000, avec une banderole proclamant «ici comme en Grèce, grève générale». Mais à Paris, les défilés -pluie oblige ? -semblent avoir été moins imposants que prévu. Les cortèges ont rassemblé 22.000 personnes dans la capitale, selon la préfecture de police de Paris, qui avait dénombré 31.000 participants le 23 mars. La CGT, elle, a vu 90.000 personnes jeudi après-midi, contre 60.000 participants le 23 mars.

La « faible mobilisation » valide la méthode du gouvernement, lâche Luc Chatel

Au total, la barre du million semble avoir difficilement été franchie, même si la CGT l'a officiellement revendiquée dans un communiqué en fin d'après-midi. Certes, la foule a été bien plus dense que lors de la manifestation du 1er mai dernier (350.000 manifestants selon la CGT). Mais rappelons que, en 1995 et en 2003, les protestations contre les précédentes réformes des retraites avaient fait descendre dans la rue jusqu'à deux millions de personnes. La défection de FO, additionnée à une relative abstention des salariés du privés, comme des salariés des secteurs dotés de « régimes spéciaux », dont le gouvernement avait pris soin de laisser écrire qu'ils ne seraient pas concernés par de nouveaux efforts, ont sans doute empêché un mouvement plus massif.

Au départ de la manifestation, Bernard Thibault avait déjà estimé qu'on ne serait «pas loin de la barre du million». «Sur la moitié des manifestations recensées, on est déjà à +20% par rapport au manifestations du 23 mars». François Chérèque a également salué une «journée réussie». «C'est la journée de mobilisation la plus importante depuis le début de l'année». Le leader de la CFDT a jugé que «le gouvernement doit changer sa méthode et sa copie et nous proposer une autre méthode» pour réformer les retraites. Alain Olive, d'Unsa, s'est félicité aussi que, si le taux de grévistes « n'est pas extraordinaire », les « manifestations de provinces du matin sont importantes », et a estimé qu'il y « aura aussi des mobilisations fin juin, une fois le projet connu ».

Au-delà du comptage, forcément imprécis et sujet à caution, la réaction de la rue était en effet d'importance, les syndicats comptant sur ce levier pour tenter de contrer in extremis une réforme dont on connaît les grandes lignes. En question, notamment, le verrou des 60 ans, âge légal de départ à la retraite depuis 1983, désormais ouvertement remis en cause par la majorité et le gouvernement. La démonstration de puissance relative de ce 27 mai risque d'être, si elle n'est pas suive d'autres actions, insuffisante pour faire bouger les lignes. La «faible mobilisation» vient «valider la méthode du gouvernement» a d'ailleurs immédiatement déclaré le porte-parole du gouvernement Luc Chatel à l'AFP. Les opposants à la réforme pourraient toutefois reconduire des actions avant son vote. Le projet définitif du gouvernement devrait être présenté entre le 15 et le 20 juin prochains, être visé en Conseil des ministres le 13 juillet, et abordé sa phase législative à la rentrée de septembre.

LA BATAILLE DES CHIFFRES, ENCORE UNE FOIS, EST UN AVEU : LA CGT DEVRAIT ALLER SOIT CHEZ UN OPTICIEN SOIT CHEZ UN PSY.

Retraites : une mobilisation syndicale en demi-teinte

Les six organisations syndicales – CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFTC, Solidaires – qui ont appelé, jeudi 27 mai, à une journée nationale d'actions centrée principalement sur la réforme des retraites n'ont pas totalement réussi leur pari.

Selon les chiffres communiqués par la CGT, en fin d'après-midi, il y a eu un million de manifestants en France. Cela correspond à l'objectif que s'était fixé Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, qui voulait faire mieux que lors de la précédente journée d'action du 23 mars (800 000 manifestants) et faire oublier un 1er mai raté (380 000). Mais les arrêts de travail ont été peu suivis, notamment à la SNCF et dans les transports, et le 27 mai n'a ressemblé en rien à un "jeudi noir" qui aurait fortement perturbé l'activité économique du pays.
Les syndicats comptaient sur les dernières déclarations d'Eric Woerth, le ministre du travail, admettant explicitement la volonté de Nicolas Sarkozy, contrairement à ses engagements de candidat en 2007, de mettre à bas, dès le début de 2011, l'âge légal de départ à la retraite, instauré, sous la présidence de François Mitterrand, à compter du 1er avril 1983. Mais le fait que le projet ne soit pas tout à fait bouclé, alors qu'officiellement la concertation continue, et que larges zones d'ombres, en particulier sur le calendrier de la réforme ou encore le montant de la contribution de solidarité qui doit être demandée aux hauts revenus, demeurent ont nui à la mobilisation.

Dans les cortèges, les salariés du secteur privé comme les cheminots, dont les régimes spéciaux ne sont pas dans l'immédiat concernés, étaient peu nombreux alors que les fonctionnaires étaient plus fortement représentés. L'histoire des mouvements sociaux montre que les syndicats ne peuvent réussir à infléchir ou à contrer un projet gouvernemental que lorsqu'ils rencontrent une véritable adhésion de l'opinion publique, au-delà de celle qui s'exprime dans des sondages.

AMBIVALENCE DE L'OPINION

C'est parce qu'il y a eu cette convergence entre les syndicats et l'opinion publique que des gouvernements ont été obligés de reculer, qu'il s'agisse de Raymond Barre en 1980, sur le ticket modérateur d'ordre public pour les assurés sociaux, d'Edouard Balladur en 1994, sur le contrat d'insertion professionnelle, d'Alain Juppé en 1995, sur les régimes spéciaux de retraite, ou de Dominique de Villepin en 2006, sur le contrat première embauche (CPE).

Concernant la réforme des retraites, le rendez-vous a été, pour l'heure, manqué parce qu'il y a une vraie ambivalence de l'opinion : celle-ci exprime dans les sondages son attachement à la retraite à 60 ans mais prend aussi conscience que, du fait de l'allongement de l'espérance de vie, il va falloir travailler plus longtemps. Les précédentes réformes des retraites ont montré que la mobilisation était difficile sur le sujet.

En 1993, Edouard Balladur a fait passer sa réforme, concernant les seuls salariés du privé, en catimini pendant l'été. En 2003, le front syndical s'est divisé, en dépit d'une mobilisation assez forte, la CFDT ayant apporté sa caution à la réforme de François Fillon, qui allongeait la durée de cotisations y compris pour les fonctionnaires. En 2007, la réforme des régimes spéciaux de retraite s'est conclue par un "deal" entre Nicolas Sarkozy et la CGT qui a obtenu des compensations.

Le demi-échec du 27 mai résulte aussi de l'écart important, en termes de mobilisation, avec les manifestations unitaires de 2009 qui avaient réuni jusqu'à 2,5 millions ou même 3 millions de manifestants, selon les chiffres de la CGT. La division syndicale a également pesé, puisque FO a choisi de faire cavalier seul en organisant une grève interprofessionnelle le 15 juin.

Pour autant, Nicolas Sarkozy n'a pas encore gagné le partie et la déclaration du porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, relevant qu'avec une "faible mobilisation", la méthode de l'exécuif était "validée" est imprudente ou maladroite. Tous les dirigeants syndicaux parlent d'une étape, d'un palier ou, comme Bernard Thibault d'un "point d'appui" pour d'autres mobilisations. François Chérèque envisage même, après le congrès de la CFDT, du 7 au 11 juin à Tours, une "autre étape" qui pourrait avoir lieu, quand la réforme sera complètement bouclée, "fin juin ou début septembre ou les deux".

Sachant que la fin juin n'est pas le moment le plus propice, la plupart des dirigeants syndicaux comptent sur un regain de mobilisation en septembre, au moment où le Parlement débattra de la réforme des retraites. Une course de vitesse est engagée. Il s'agit pour chaque partie d'emporter l'adhésion de l'opinion. C'est loin d'être gagné pour les syndicats mais il serait prématuré de croire que Nicolas Sarkozy l'a d'ores et déjà emporté.
Michel Noblecourt