TOUT EST DIT

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jeudi 27 mai 2010

Combat de dogmes

C'est l'heure de vérité et la vérité n'est pas à l'heure. Qu'il est difficile, dans ce pays, de préparer l'avenir dans la transparence et la sincérité ! Dans ce brûlant dossier des retraites, personne n'ose vraiment parler vrai de peur de provoquer l'explosion. Tout n'est que faux-semblant, stratégies de communication et calculs politiques. Un débat ligoté dans une camisole de dogmes.
C'est en empruntant beaucoup de détours, y compris par le site internet de Paris-Match, que le gouvernement a finalement confirmé ce qu'il avait programmé dès le début : le recul de l'âge légal de la retraite. Pourquoi tant de contorsions ? Le ministre du Travail a parfaitement le droit de défendre son option. Il n'a jamais fait mystère de cette conviction et il a de solides arguments pour la faire valoir. Jusque là, il avait fait preuve d'une certaine franchise dans son approche du dossier tout en évitant les paroles définitives. Mais pourquoi avoir si longtemps ménagé l'opinion à coup de dénégations pour la mettre du jour au lendemain devant le fait accompli ?
Peut-être une ultime culpabilité... avant de lever le tabou. Le président de la République, en effet, avait affirmé pendant la campagne présidentielle qu'il n'était « pas mandaté » pour liquider la retraite à 60 ans. Personne ne l'obligeait alors à prendre cet engagement majeur... qui a pesé lourd dans le vote ouvrier en sa faveur. Pour s'affranchir de cette promesse, la droite - au pouvoir depuis huit ans - tire maintenant sur l'héritage de Mitterrand. Au risque d'égarer le débat dans la polémique. A quand une diatribe contre Léon Blum et l'héritage de l'été 36 ?
Une réforme aussi importante que celle des retraites nécessite un minimum d'adhésion populaire. Mais l'Élysée semble avoir renoncé à rechercher le consensus pour passer en force. Le chef de l'État sait parfaitement qu'il heurte encore une majorité de Français mais il a décidé de prendre le risque d'avancer. Et il invoquera l'intérêt supérieur du pays pour se justifier.
Depuis hier, les négociations avec les syndicats n'apparaissent plus que comme un simple habillage républicain de décisions arrêtées depuis longtemps. Aujourd'hui, la réponse de la rue engagera un bras de fer que le pouvoir a anticipé. Le calcul est simple : tendre le dos, et tenir. Après, il y a la coupe du Monde et les vacances...
Il y avait pourtant de la place pour un vrai dialogue national. Peu à peu, les Français, plus ou moins résignés, se familiarisaient avec la nécessité incontournable de cotiser plus longtemps. Dans cette perspective, la retraite à 60 ans devenait un concept assez virtuel. Mais supprimer brutalement ce repère, c'est pénaliser clairement tous ceux qui ont commencé à travailler tôt et dur. C'est faire, d'emblée un bras d'honneur au principe, essentiel, d'une réforme juste.

Retraites : les manifestations ne font pas le plein

Les premières estimations donnent à penser que les cortèges pourraient avoir seulement légèrement dépassé en ampleur ceux du 23 mars, qui avaient réuni 800.000 personnes, selon les syndicats.
Les manifestations contre le plan de réforme des retraites n'ont pas fait le plein. Passera-t-on la barre symbolique du million de protestataires dans la journée, sur l'ensemble de l'Hexagone ? Ce n'est pas certain. En milieu d'après-midi, les estimations, côté policier et côté syndical, donnaient à penser que la journée d'action pourrait simplement égaler en ampleur ou dépasser légèrement celle du 23 mars dernier, dernière grande initiative interprofessionnelle, qui avait réuni environ 800.000 personnes (380.000 selon la police). Et, en regard de l'opposition affichée dans l'opinion contre certaines marqueurs de la réforme, comme l'abandon des 60 ans, le ras-de-marée n'a pas eu lieu.

Six confédérations syndicales -CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU et CFTC -avaient appelé à une série de manifestations et de débrayages jeudi, avec un mot d'ordre large de défense de l'emploi et du pouvoir d'achat, mais avec pour objectif principal de contrer la réforme des retraites.

Dans la matinée, les défilés en province attestaient d'une mobilisation en légère hausse, notamment à Marseille où 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats, 12.000 selon la police. Fin mars, la fourchette y était de 12.000/50.000. La mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars aussi à Rouen (12.000 à 20.000, contre 10.000 à 15.000) et à Nice, (4.900 manifestants selon la police, contre 4.200 le mois dernier). A Lyon, entre 8.000 et plus de 15.000 manifestants, avec pour slogan principal: «La retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se battra pour la garder». A Rouen, entre 12.000 et 23.000 manifestants. A Nantes, entre 9.500 et 25.000. A Rennes, entre 2.250 et 4.000, avec une banderole proclamant «ici comme en Grèce, grève générale». Mais à Paris, la mobilisation -pluie oblige ? -semble avoir été moins imposante que prévu. Les cortèges ont rassemblé 22.000 personnes dans la capitale, selon la préfecture de police de Paris, qui avait dénombré 31.000 participants le 23 mars. La CGT, elle, a vu 90.000 personnes jeudi après-midi, contre 60.000 participants le 23 mars.

Au total, la barre du million semble avoir difficilement être franchie. La défection de FO, additionnée à une relative abstention des salariés du privés, mais aussi des secteurs appartenant aux « régimes spéciaux », dont le gouvernement avait pris soin de laisser écrire qu'ils ne seraient pas concernés par de nouveaux efforts, ont sans doute empêché un mouvement plus massif.

Au départ de la manifestation, Bernard Thibault avait pourtant estimé qu'on ne serait «pas loin de la barre du million». «Sur la moitié des manifestations recensées, on est déjà à +20% par rapport au manifestations du 23 mars», dernière journée interprofessionnelle, a-t-il souligné. François Chérèque a également salué une «journée réussie». «C'est la journée de mobilisation la plus importante depuis le début de l'année». Le leader de la CFDT a jugé que «le gouvernement doit changer sa méthode et sa copie et nous proposer une autre méthode» pour réformer les retraites. Alain Olive, d'Unsa, se félicitait aussi que, si le taux de grévistes « n'est pas extraordinaire », les « manifestations de provinces du matin sont importantes », et estimait qu'il y « aura aussi des mobilisations fin juin, une fois le projet connu ».

Au-delà du comptage, d'une précision toujours relative, la force de la réaction de la rue était en effet d'importance, les syndicats comptant sur cette mobilisation pour tenter de freiner in extremis une réforme dont on connaît les grandes lignes. En question, notamment, le verrou des 60 ans, âge légal de départ à la retraite depuis 1983, désormais ouvertement remis en cause par la majorité et le gouvernement. Rappelons que, en 1995 et en 2003, les protestations contre les précédentes réformes des retraites avaient fait descendre dans la rue jusqu'à deux millions de personnes. Les opposants à la réforme pourraient toutefois reconduire des actions avant son vote. Le projet définitif du gouvernement devrait être présenté entre le 15 et le 20 juin prochains, être visé en Conseil des ministres le 13 juillet, et abordé sa phase législative à la rentrée de septembre.

THIBAULT, CHÉRÈQUE ET TOUTE LA CLIQUE DES EMPÊCHEURS D'AVANCER FORMENT LA BROCHETTE DU DESESPOIR : LES BRETELLES DE L'ESPÉRANCE LES ONT LÂCHÉ.

LE COMMENTAIRE DE CHRISTOPHE BARBIER


La Chine s'interroge sur son portefeuille d'obligations en euros (presse)

La Chine, qui détient les plus grandes réserves de changes au monde, s'interroge sur son portefeuille d'obligations dénominées en euros, qui est en train de perdre de la valeur, a affirmé mercredi le Financial Times sur son site internet.

Le quotidien a indiqué que l'Administration d'Etat des changes, qui gère le portefeuille des avoirs étrangers, avait "rencontré des banquiers étrangers à Pékin ces derniers jours pour discuter de la question".

Elle "a exprimé son inquiétude à propos de son exposition aux cinq marchés dits périphériques de la zone euro: la Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Portugal et l'Espagne", a ajouté le FT, sans préciser de source.

Le quotidien, qui estime à 630 milliards de dollars les obligations en euros détenues par la Chine, a indiqué avoir interrogé sans succès cette administration.

La composition exacte des réserves de la Chine, qui atteignaient un niveau record de 2.447 milliards de dollars fin mars, reste l'objet de spéculations, les analystes s'accordant tout au plus à dire qu'elles sont encore très majoritairement en dollars.

La bataille de la culture de masse

La culture de masse dominante demeure bel et bien américaine.


C'est un livre qui va désespérer les fidèles de l'exception culturelle française et qui va exaspérer les mandarins de la culture élitiste : « Mainstream » (1) est une grosse enquête sur la bataille mondiale de la culture de masse, celle qui veut et qui peut séduire et toucher le plus grand nombre. « Avatar », Lady Gaga, Disney, Warner, « Da Vinci Code », Michael Jackson ou « Desperate Housewives », Bollywood en Inde, Al-Jazeera au Moyen-Orient, autant de symboles, autant de vecteurs de cette culture populaire. Frédéric Martel avait déjà publié « De la culture en Amérique » (Gallimard), un essai détonnant sur l'organisation et le financement de la culture de masse américaine. Cette fois-ci, il a consacré cinq années, 1 250 interviews dans 30 pays pour démonter et comprendre les mécanismes de l'industrie culturelle mondiale.

Inutile d'y aller par quatre chemins, le vainqueur éclatant de cette guerre culturelle, de cette compétition pour le soft power, ce sont les Etats-Unis. Frédéric Martel explique à merveille comment le capitalisme culturel bénéficie de la diversité de la culture de masse américaine, d'un système de financements privés-publics (par le jeu des déductions fiscales) foncièrement décentralisé, infiniment plus inventif que dans notre pays. Il y a bien sûr les géants de l'industrie culturelle américaine, mais aussi le professionnalisme, le renouvellement perpétuel, l'art de la séduction, le goût de l'expérimentation, l'audace et la technicité. On reproche parfois à Frédéric Martel sa fascination pour le modèle américain. A le lire, on comprend ses raisons et on mesure le résultat : la culture de masse dominante demeure bel et bien américaine.

Est-ce à dire qu'elle écrase impitoyablement les autres cultures ? Les choses sont heureusement plus subtiles. Des cultures populaires, des cultures de masse, il en existe en Amérique latine (les fameuses telenovelas ), en Chine, en Inde, dans les pays arabes. Elle se battent avec leurs armes, à des échelles continentales, elles se développent, elles irradient, elles ne craignent pas la confrontation, elles restent parfois hégémoniques dans leur pays, en Inde ou au Japon, d'ailleurs, plus qu'en Chine, ou a fortiori qu'en Europe. Face aux produits culturels de masse qui se déversent par la télévision, par le film et de plus en plus par Internet, c'est notre Vieux Continent qui se défend le plus mal. Non pas que les cultures nationales disparaissent : en France, l'industrie des jeux vidéo fleurit, le cinéma résiste, les musées se réinventent. Faute de langue commune, de financements adaptés, d'entreprises culturelles de taille mondiale en nombre suffisant, l'Europe fléchit cependant devant le mainstream américain.

Cela n'a rien d'irrémédiable. Comme toujours à l'échelle européenne, la solution passe cependant par la volonté politique et par l'esprit d'initiative d'un pays, d'un leader ou d'un commissaire européen. La Grande-Bretagne n'est pas vraiment concernée, puisque sa culture populaire ne se différencie guère de celle des Etats-Unis. L'Allemagne possède avec Bertelsmann une grande entreprise de taille mondiale en matière d'industrie culturelle. Ce sont plutôt les pays latins et les pays d'Europe du Nord et de l'Est qui auraient tout intérêt à chercher les moyens d'une réplique au mainstream américain. La différence de langues est un obstacle, mais l'intérêt est commun. Encore faudrait-il qu'ils se saisissent du problème. La France aurait les ressources politiques nécessaires. Frédéric Mitterrand a lu le livre de Martel.

Alain Duhamel
1. « Mainstream », de Frédéric Martel (Flammarion, 458 pages, 22,50 E).

Devant les militants UMP, Sarkozy critique autant Chirac que Mitterrand

Le "Sarkozy nouveau" de l'après-régionales, modeste et en retrait, n'a pas chassé l'ancien. Du moins lorsqu'il se trouve en terrain familier, devant des militants UMP. C'est le constat que fait Le Parisien, qui a pu récupérer un enregistrement sonore du meeting qui s'est tenu mardi 25 mai dans l'Oise.
En marge de son déplacement sur l'absentéisme scolaire, le chef de l'Etat tient un discours devant 1 300 militants de son parti et le ton est tout sauf modeste. C'est au cours de ce meeting que Nicolas Sarkozy s'en prend à François Mitterrand, qui avait instauré la retraite à 60 ans en 1982, ce qui lui a valu d'être accusé d'être responsable du déficit actuel des caisses de retraite.

D'après la bande-son du Parisien, l'ancien président socialiste n'est pas la seule cible des railleries présidentielles. Les socialistes actuels ne sont pas épargnés : "Ils s'entendent tellement bien qu'ils s'usent avant d'avoir servi." "Que tous les autres parlent de la présidentielle, c'est leur problème, ils ont si peu à faire !" Ou encore, "chacun sait bien que si c'était pas nous qui assumions les affaires aujourd'hui, la situation serait bien plus difficile".

D'ailleurs, ajoute le chef de l'Etat, "il n'y a pas d'alternative au changement que nous proposons". Nicolas Sarkozy égrène les réformes accomplies, assure que grâce à la loi sur l'autonomie des universités, "des professeurs du monde entier viennent à nouveau" enseigner en France. Un exemple parmi d'autres : il pourrait "les multiplier", promet-il.

"NOS IDÉES SONT MAJORITAIRES"

Des doutes ? Des remords ? Pas le genre de la maison. "Il faut être courageux, nos idées sont majoritaires", explique Nicolas Sarkozy, qui s'étonne de "ce que j'entends, y compris parmi ceux qui participent au débat dans ma propre famille politique. Ils lisent trop ce que disent les journalistes et la gauche".

Le chef de l'Etat s'engage ensuite, sous les applaudissement de ses troupes : "Tant que que je serai président, je refuserai l'augmentation des impôts !" Le gouvernement s'est pourtant engagé à taxer les hauts revenus pour aider au financement des retraites.

Avant de partir, il lance, comme une bravade : "A ceux qui pensent que j'ai changé, je crains une petite déception". Auparavant, il explique, à propos de Jacques Chirac, qu'il fallait "faire les réformes dans les trois premières années", car ensuite, "dans les deux dernières c'est pas possible, il y a les élections". Des élections auxquelles les socialistes ne sont manifestement pas les seuls à penser.
Samuel Laurent

Crise : les 3 raisons d’espérer, selon le FMI

En période de crise, certains spécialistes éprouvent un malin plaisir à broyer du noir et à trouver prétexte dans n’importe quoi pour justifier leur pessimisme. Ce n’est visiblement pas le cas d’Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, le Fonds monétaire international. Cet économiste distingué et dont on dit qu’il est nobélisable fait exactement le contraire : il voit du positif là où d’autres s’échinent à jouer aux Cassandres !

Premier motif de réjouissance : la Grèce ! «Quoi, encore la Grèce ?», direz-vous. A force d’en parler, on risque, c’est vrai, de provoquer une indigestion de mauvaises nouvelles… Ce que dit Olivier Blanchard est pourtant très positif. Si l’inquiétude des marchés a eu au moins une conséquence heureuse, c’est la dégringolade de l’euro, depuis le début de l’année, face au dollar comme aux autres devises mondiales. Or, lorsqu’on sait que la moitié des exportations grecques se font en dehors de la zone euro, cette chute de la devise européenne s’avère une excellente nouvelle, car elle aidera le gouvernement grec à retrouver une partie de sa compétitivité.

Deuxième bonne nouvelle : même l’économiste en chef du FMI reconnait que les marchés financiers ont tendance à sur-réagir. Longtemps, c’est vrai, ils se sont endormis et n’ont guère tenu compte des dérives budgétaires de certains pays. Comme toujours, le réveil est brutal et ils ont tendance à mettre tous les pays dans le même panier. Une erreur, selon Olivier Blanchard.

En attendant, direz-vous, ce réveil en fanfare force la plupart des Etats à prendre des mesures d’austérité, avec le risque que ces mesures soient très mauvaises pour notre croissance… Pas nécessairement, si l’on en croit la troisième bonne nouvelle donnée par l’économiste du FMI. Prenez le report de l’âge de départ à la pension. Voici une réforme indispensable dans certains pays. L’allongement de la durée des cotisations n’est pas, en soi, un frein à la croissance future. En effet, si les gens prennent leur retraite plus tard, ils ont moins besoin d’épargner et peuvent donc consommer un peu plus. Ce qui est in fine excellent pour la croissance.

Ce raisonnement, même s’il est résolument positif, n’est évidemment qu’une maigre consolation, notamment pour ceux qui pensent que cette crise des subprimes, une crise provoquée par des banquiers américains, aura en quelque sorte tué l’Etat providence, alors que c’est ce même Etat providence qui a sauvé les marchés financiers. Ne cherchez pas de logique dans ce que je viens de dire : il n’y en a pas.

Amid Faljaoui





Si l’inquiétude des marchés a eu une conséquence heureuse,
c’est bien la dégringolade de l’euro...




Amid Faljaoui - Directeur des magazines francophones de Roularta Media Group

Jean-Paul Gaultier quitte la direction artistique d'Hermès

Le couturier Jean-Paul Gaultier quitte la direction artistique du prêt-à-porter féminin du groupe Hermès, après sept années de collaboration, "souhaitant se concentrer sur ses propres projets", a annoncé le groupe de luxe dans un communiqué, jeudi 27 mai.
A partir de l'automne-hiver 2011, Jean-Paul Gaultier sera remplacé par Christophe Lemaire, directeur créatif de la marque Lacoste depuis 2000. La dernière collection créée par Jean-Paul Gaultier pour Hermès sera celle du printemps-été 2011, présentée en octobre 2010. "Après sept années de fructueuse création, Hermès et Jean-Paul Gaultier, directeur artistique du prêt-à-porter féminin, ont décidé de mettre fin à leur collaboration, Jean-Paul Gaultier souhaitant se concentrer sur ses propres projets." "Hermès tient à exprimer à Jean-Paul Gaultier sa reconnaissance pour son remarquable apport créatif au cours de ces sept années."

Le groupe Hermès demeure, à hauteur de 45 %, le principal actionnaire de la maison Jean-Paul Gaultier, après le couturier. Son départ advient quelques semaines après la mort de Jean-Louis Dumas, patron historique qui avait présidé la maison Hermès pendant 28 ans. C'est lui qui avait pris l'initiative de faire venir Gaultier, se donnant pour mission de donner un coup de fouet à la ligne de prêt-à-porter féminin de la maison. Un succès incontestable. Son dernier défilé, le 11 mars, sur le thème "chapeau melon et bottes de cuir" avait apporté un vent de gaieté dans une semaine de la mode ternie par la crise. On reprochait cependant au sellier de luxe de pratiquer des prix exorbitants pour du prêt-à-porter.
De son côté le groupe Lacoste et Devanlay a confirmé le départ de Christophe Lemaire "d'un commun accord". Le directeur artistique présentera sa dernière collection printemps-été 2011 à la Fashion Week de New York. Lacoste annoncera sa nouvelle direction artistique "d'ici la fin de l'année", qui devrait "permettre d'affirmer un nouveau regard stylistique pour le rajeunissement de la marque, la reconquête du marché féminin, et de relancer l'activité commerciale particulièrement aux Etats-Unis". Christophe Lemaire a redoré le crocodile Lacoste, rendant beaucoup plus glamour une marque qui se résumait aux tenues de court de tennis. En choisissant Christophe Lemaire, la maison Hermès donne, elle, une nouvelle direction à son département de mode féminine. Quitter la couture pour aller vers une mode plus sportswear et peut-être un peu plus démocratique.

EXCLUSIF "Sous la pression des marchés, les pays européens ne doivent pas faire du zèle dans l'austérité"

Au moment où Pékin et Washington s'inquiètent des risques de contagion de la crise de la dette européenne, Olivier Blanchard, économiste en chef au FMI, le Fonds monétaire international, livre en exclusivité à La Tribune son analyse sur la pertinence des remèdes adoptés.

La Tribune - Les soubresauts des marchés vous inquiètent-ils ?


Olivier Blanchard - Les marchés se demandent si la Grèce va pouvoir rembourser sa dette ou non. Vu le comportement des gouvernements Grecs dans le passé, leur incertitude est compréhensible. A cela s'ajoutent les doutes sur la capacité de l'Union européenne à délivrer l'argent qu'elle a promis pour financer le gouvernement Grec. Cela n'est très probablement pas justifié mais tant que l'argent n'est pas là, l'inquiétude demeurera. Et, enfin, il y a des doutes sur la politique de la BCE. Il est donc important de faire trois choses. Que le gouvernement Grec montre sa détermination a mettre en place le plan d'ajustement qu'il a établi avec l'aide du FMI et de l'Union Européenne, ce qu'il est de fait en train de faire. Que les Parlements votent les mesures voulues par les gouvernements et que soient connues les règles de mise en œuvre des fonds. Et que la BCE clarifie sa communication et convainque les marchés qu'elle continuera, si nécessaire à acheter des obligations d'Etat.

- Les remèdes imposés à la Grèce ne rappellent-ils pas les solutions contestées du FMI des années 1990 ?

- Les remèdes sont adaptés. La Grèce a besoin d'un ajustement budgétaire dès maintenant. Il est exact qu'il ne sera pas favorable à la croissance à court terme, mais il n'y a pas d'alternative. La Grèce a également un problème de compétitivité. Comme elle appartient à la zone-euro, elle n'a pas la maîtrise de son taux de change et ne peut pas dévaluer pour stimuler ses exportations. Par définition, elle n'a que deux solutions: Réduire les salaires par rapport a ses compétiteurs, ou devenir plus productive, les deux n'étant bien sur pas incompatibles. Le programme qu'elle a mis en place est donc bâti sur ces deux axes, réduction des déficits, et amélioration de la compétitivité, par toute une série de mesures structurelles. Paradoxalement, l'inquiétude des marches est aussi la source d'une bonne nouvelle pour la Grèce, dans la mesure où elle a provoque une baisse de l'Euro. La moitié des exportations de la Grèce va hors de la zone euro. La dépréciation de l'euro va l'aider à retrouver une partie de sa compétitivité.


- D'autres pays ont-ils déjà accompli des efforts aussi importants en termes d'ajustements budgétaires?

- L'Irlande dans les années 1980, la Finlande et la Suède dans les années 1990 ont réussi des ajustements en gros de la même dimension. Mais ces pays bénéficiaient d'un environnement économique plus favorable en termes de croissance. Et ils avaient la maîtrise de leur taux de change.

- Les marchés attendent-ils d'autres pays qu'ils prennent des mesures radicales pour réduire leur déficit budgétaire ?

- Les marchés ont souvent tendance à mettre une série de pays dans le même panier. De fait, les autres pays européens n'ont pas besoin de prendre des mesures aussi draconiennes que la Grèce pour réduire leur déficit budgétaire. Ils sont plus crédibles au départ, ont une dette moins élevée, et peuvent s'offrir un ajustement plus progressif, et donc limiter l'effet négatif de cette consolidation budgétaire sur leur croissance a court terme. D'autre part, certaines mesures de consolidation n'impliquent pas une diminution de la demande et un ralentissement de la croissance. Prenez par exemple une reforme du régime de retraite par augmentation progressive de l'âge du départ à la retraite, ou de l'augmentation de la durée des cotisations. Cette réforme, qui est indispensable dans de nombreux pays, aide clairement à terme à la stabilisation budgétaire. Et en même temps, elle n'a pas d'effet négatif sur la demande, et donc sur la croissance a court terme. Elle a même de bonnes chances d'augmenter la demande : Si les gens prennent leur retraite plus tard, ils ont moins besoin d'épargner, et ils peuvent donc consommer un peu plus.

- Les Etats-Unis ont-ils raison de craindre la contagion ?

- Non. Eux aussi ont un déficit budgétaire très large, et doivent mettre en place un plan d'ajustement. Mais ils peuvent certainement le faire, et de façon progressive. Le comportement des marches montre que les bons du Trésor Américain restent la valeur refuge. Ceci étant dit, la dépréciation de l'euro n'est pas une bonne nouvelle pour les Etats-Unis. Ceci va certainement renforcer la pression sur d'autres pays, en particulier les pays émergents d'Asie, pour qu'ils réévaluent leur monnaie. Ce que ces pays eux même ont intérêt à faire s' ils veulent augmenter la consommation domestique sans risquer la surchauffe. Comme vous le voyez, tout ça est du billard a au moins trois bandes.

- Les marchés n'obligent-ils pas les politiques à prendre des décisions trop longtemps différées ?

- Le risque est en effet la que, sous la pression des marchés, certains pays fassent du zèle dans l'austérité. Ce serait une erreur. Les marchés se sont longtemps endormis sur le risque budgétaire. Aujourd'hui ils se réveillent et s'affolent. On voit des investisseurs américains qui réduisent leur position sur l'Europe quelque soit le pays. Il ne s'agit pas de spéculation, mais de comportement d'extrême prudence. Mais ce type de comportement peut amener l'effondrement des prix des obligations, et une situation de panique. C'est pour parer à ce risque que la BCE a mis en place un programme de rachat d'obligations d'Etat.

- La lenteur de la riposte européenne n'a-t-elle pas aggravé la crise ?

- L'Europe aurait dû agir plus tôt. Si elle s'était attaquée au problème de la Grèce dès qu'il s'est posé, dès qu'ont été connus les chiffres du déficit budgétaire, et si elle avait demandé au FMI d'aider a l'élaboration du programme plus tôt, le problème grec serait probablement resté un problème grec et il n'y aurait pas eu contagion à d'autres pays. Ces pertes de temps expliquent qu'il ait finalement fallu mettre beaucoup d'argent sur la table.

- Les sommes annoncées pour sauver l'euro (750 milliards d'euros), ne risquent-elles pas d'être insuffisantes vue la nervosité des marchés?

- Aujourd'hui, l'Europe et le FMI peuvent mobiliser 1000 milliards d'euro pour l'Europe. C'est suffisant. Au delà du problème de l'Europe aujourd'hui, on peut toujours imaginer des scénarios catastrophes ou le FMI aurait besoin d'être capable de mobiliser des sommes encore plus importantes. Si on était dans ce cas, je n'ai guère de doute que les Etats comprendraient qu'il est de leur intérêt de mobiliser ces fonds.

- La communauté internationale est-elle prête à faire face à un éventuel scénario catastrophe ?

- Un des rôles du FMI est de réfléchir à de tels scénarios. Nous avons développé un ''early warning system » ou nous essayons de réfléchir a ce qui pourrait conduire à des scénarios de ce type, aux mesures qui en diminuent le risque, et aux mesures qu'il faudrait prendre si le risque se concrétisait. Nous présentons nos conclusions à nos membres, lors de nos réunions de printemps et lors de nos assemblées générales à l'automne.


- La réforme de la régulation financière avance t-elle suffisamment vite ?

- L'objectif est d'aboutir à une série de réformes sur la régulation financière cohérentes vers la fin de l'année. Ces reformes sont complexes et doivent nécessairement prendre du temps. Le danger est que sous la pression politique certains pays prennent des mesures plus tôt et qui ne soient pas compatibles les unes avec les autres. Cela créerait une distorsion de concurrence entre les acteurs financiers.

- Le FMI va-t-il devoir fortement revoir ses prévisions de croissance mondiales ?

- Si nous devions revoir nos prévisions de croissance pour 2010 aujourd'hui, je ne crois pas que nous aurions à effectuer une révision majeure par rapport a nos prévisions d'avril. L'économie de la Grèce pèse peu dans l'économie mondiale, au moins directement. Pour les autres pays, il n'y a pas de raison que les gouvernements prennent des mesures de réduction des déficits budgétaires si fortes qu'elles pénaliseraient fortement la croissance.


- Une inflation à 4% est-elle souhaitable comme vous sembliez l'indiquer dans un document d'étude du FMI ?

- Je n'ai jamais préconisé une inflation à 4%. J'ai soulevé la question de savoir quel serait le taux d'inflation optimal quand l'économie est en rythme de croisière, sans proposer de chiffre particulier. C'est une question, comme beaucoup d'autres questions sur la manière de faire une politique macroéconomique, qu'il faudra se poser lorsque la crise sera passée. En revanche je ne m'associe pas à ceux qui voient dans un surcroît d'inflation le moyen de réduire le poids de la dette. C'est une voie dangereuse et inacceptable car elle suppose une inflation beaucoup plus élevée et fait fondre la valeur des avoirs des particuliers, notamment des retraités, qui sont les principaux détenteurs des obligations d'Etat.


- Comment réagissez vous aux ébauches de fonds monétaires régionaux qui se dessinent?

- L'Europe n'a pas encore mené bien loin sa réflexion sur un Fonds monétaire européen. Mais elle n'est pas la seule à explorer cette voie. En Asie, il y a l'initiative dite de Chiang Ma, dont le but est de prêter a ceux de ses membres en difficulté. L'idée d'une collaboration entre FMI et de tels arrangements régionaux, à la fois en matière d'expertise et de financement, est une bonne idée, une idée qu'il nous faut explorer.


Propos recueillis par Laurent Chemineau

L'austérité, incontournable pour l'Europe ?

Les mesures d’austérité prises dans la plupart des pays européens pourraient étouffer la reprise si elles ne s’attaquent qu’à la consommation et aux ménages et si elles ne s’accompagnent pas d’une meilleure régulation financière
«Angela Merkel avait prévenu en 2008 : mener partout des plans de relance exigeait de réfléchir à leur calibrage, vu l’état des finances publiques, et de prévoir les voies de retour à la normale », rappelait mardi 25 mai Sylvie Goulard, de passage à Bruxelles. Pour l’eurodéputée MoDem, tant l’Allemagne que les marchés financiers battent aujourd’hui le rappel à l’ordre budgétaire. Les annonces de plans de rigueur se succèdent.

La nouvelle coalition au pouvoir outre-Manche a rendu publiques lundi des coupes immédiates dépassant les 7 milliards d’euros avant un nouveau train de mesures le 22 juin. En Italie, le gouvernement Berlusconi devait adopter mardi un collectif budgétaire de 24 milliards d’euros sur les deux prochaines années. Voisin de la zone euro, le gouvernement danois a présenté mardi pour 3,2 milliards d’euros d’économies d’ici à 2013.

Ces annonces s’ajoutent à des mesures prises dans le même sens en France, en Espagne et au Portugal. Elles ont déjà cours en Irlande et en Grèce, d’où est partie la crise de confiance sur les marchés financiers dans la capacité de remboursement de certains États de l’union monétaire. La chute sur les places boursières mardi a encore illustré cette nervosité des investisseurs.

«Le risque est que certains pays fassent du zèle dans l’austérité»
« Avec la Grèce, les gouvernements européens ont compris qu’ils risquaient de payer cash un manque de crédibilité pour réduire leur endettement. C’est pourquoi ils prennent les devants plutôt que de subir une remontée de leurs taux d’intérêt à long terme, qui les empêcheraient de se financer », analyse Peter de Keyser, économiste en chef d’une société belge de conseil en investissement, Petercam. C’est donc pour arrêter une contagieuse crise de confiance gagnant d’autres États que s’additionnent les mesures d’austérité, aucun ne jugeant viable le recours à l’inflation ou une sortie de l’union monétaire.

Cependant, un tournant trop généralisé de la rigueur risque d’étouffer une éphémère reprise. « Soit vous tuez vous-même votre croissance par des mesures d’austérité, soit les marchés la tueront en faisant grimper les taux d’intérêt », résume Peter de Keyser, selon qui « seule l’Allemagne, qui garde la confiance, pourrait aider à relancer ». Mais Berlin ne s’offre pas en alternative à la rigueur et se pose au contraire en modèle de vertu budgétaire.

« Le risque est en l’occurrence que, sous la pression des marchés, certains pays fassent du zèle dans l’austérité. Ce serait une erreur », signale Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international, dans La Tribune de mardi. « La Grèce a besoin d’un ajustement budgétaire dès maintenant. Celui-ci ne sera pas favorable à la croissance à court terme mais il n’y a pas d’alternative. »

«Accélérer la consolidation budgétaire n’affectera la croissance que marginalement»
Mais, selon lui, « les autres pays européens n’ont pas besoin de prendre des mesures aussi draconiennes que la Grèce. Ils sont plus crédibles au départ, ont une dette moins élevée et peuvent s’offrir un ajustement plus progressif ». Une première alternative à l’austérité immédiate générale serait donc de l’étaler davantage dans le temps et d’en nuancer l’ampleur selon les pays.

De plus, toute mesure pour réduire le déficit budgétaire n’implique pas forcément de sabrer la croissance, comme le souligne Olivier Blanchard en prenant l’exemple du recul de l’âge de la retraite : « Si les gens prennent leur retraite plus tard, ils ont moins besoin d’épargner et ils peuvent donc consommer un peu plus. »

Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, « accélérer la consolidation budgétaire n’affectera la croissance que marginalement ». « Je suis même convaincu que des déficits plus bas vont restaurer la confiance des consommateurs et stimuler la croissance », a-t-il déclaré mardi à Bruxelles.

Se défaire de la vision imposée par les marchés financiers
Surtout, l’austérité ne constitue pas une fin en soi. « Il ne s’agit pas que d’avoir une austérité à toute épreuve mais de trouver des voies durables vers la prospérité », estime le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, selon qui « une reprise durable dépend de la relance du secteur privé ».

À condition de finir de le réformer, insiste Paul de Grauwe, économiste à l’université de Louvain. « Les gouvernements de la zone euro doivent se défaire de la vision imposée par les marchés financiers selon laquelle la cause de l’actuelle crise de la dette publique viendrait de la prodigalité budgétaire passée de ces mêmes gouvernements.

Tel n’est pas le cas. La cause est la prodigalité de larges segments du secteur privé, et en particulier du secteur financier. Le renforcement des mesures du pacte de stabilité ne résoudra rien à ce problème », prévient-il dans un article du Centre d’étude des politiques européennes à Bruxelles.

Accroître la capacité budgétaire de l’UE
L’alternative à la rigueur serait donc de s’attaquer en profondeur aux récentes dérives du secteur financier, à la racine de la crise de la dette publique. L’UE a commencé à s’y employer par de nouvelles réglementations encadrant les agences de notation ou les fonds spéculatifs et la création de nouvelles agences de supervision.

À côté de ce travail de longue haleine, des élus européens proposent aussi de sortir de cette crise par non plus une vague coordination des politiques budgétaires mais leur intégration européenne.

Rapporteur de la commission spéciale sur la crise économique au Parlement européen, l’eurodéputée socialiste Pervenche Bérès propose d’accroître la capacité budgétaire de l’UE, en créant de nouvelles ressources propres au budget européen. La Commission européenne piloterait de grands projets dans les transports et l’énergie. Mais alors que l’exécutif communautaire prépare le budget européen pour 2011, les gouvernements nationaux appellent aussi les institutions européennes à faire elles-mêmes montre de rigueur budgétaire.

Sébastien MAILLAR, à Bruxelles

Corées : le conflit qui n'en finit pas


Sur les magnifiques pelouses du cimetière d'Arlington, à Was-hington, l'histoire militaire des États-Unis est gravée sur les tombes des soldats morts au combat, un peu partout dans le monde. Le visiteur repense, bien sûr, aux deux guerres mondiales, mais il mesure mieux également l'impact d'une guerre souvent oubliée, la guerre de Corée de 1950-1953, où plus de 36 000 soldats américains périrent, sous le drapeau onusien. Ils furent beaucoup plus nombreux dans le camp adverse. Ce fut, avec le Vietnam, l'un des conflits emblématiques de la guerre froide, et l'occasion pour la Chine, déjà, d'émerger comme nouvel acteur sur la scène internationale.

Plus d'un demi-siècle plus tard, le conflit entre les deux Corées n'est toujours pas résolu. Le 38e parallèle, version asiatique du Rideau de fer, sépare, aujourd'hui encore, le régime totalitaire et paranoïaque du leader nord-coréen, Kim Jong-Il, de la jeune démocratie sud-coréenne. On assiste même, depuis quelques semaines, à un regain de tension. Séoul, conforté par une enquête internationale, accuse la Corée du Nord d'avoir torpillé une de ses corvettes. Ce n'est pas la première bataille navale entre les deux pays, mais est-ce le casus belli que beaucoup redoutent ? Il y ressemble fort, tant, cette fois, les autorités sud-coréennes semblent résolues à ne pas subir, sans réagir, les provocations venues du Nord.

Ainsi, en l'espace de quelques jours, tout le travail de rapprochement et de détente qui avait été engagé depuis l'an 2000 entre les deux Corées, sous l'impulsion notamment de Bill Clinton, se retrouve pratiquement réduit à néant. Pyongyang a rompu, cette semaine, toute relation avec Séoul et mit ses troupes en état d'alerte. Côté sud, on réorganise la diffusion par haut-parleur de messages de propagande à destination de la zone frontalière. Les miradors se redressent. Les chancelleries s'inquiètent.

En 1953, le bras de fer par Corées interposées opposait les États-Unis et l'Union soviétique d'un Staline vieillissant. Aujourd'hui, Pékin a remplacé Moscou comme protecteur attitré du régime de Pyongyang. De toute autre manière, moins belliqueuse, mais néanmoins économiquement et stratégiquement décisive.

Le régime totalitaire de Kim Jong-Il ne survit, en effet, que sous perfusion chinoise. Pour les Chinois, c'est, comme on dit à Moscou, l'étranger proche. Or, le statu quo qui a perduré jusqu'ici arrange les dirigeants chinois. Et pour cause. L'une des hypothèses sur la table, l'effondrement de la dictature nord-coréenne, ouvrirait la voie à une réunification, synonyme elle-même d'extension de la démocratie sud-coréenne. Avec, aux portes de la Chine, les bases militaires américaines où plus de 28 000 GI's sont toujours stationnés.

Pékin ne veut pas pour autant de conflit à ses frontières. Les conséquences humaines et stratégiques, et peut-être avant tout économiques dans l'esprit de beaucoup, seraient désastreuses. Cela explique l'attentisme de ses dirigeants, qui ont promis à Hillary Clinton qu'ils allaient collaborer pour désamorcer un possible conflit, tout en temporisant avant de reconnaître la responsabilité de Pyongyang. Demain, un sommet tripartite - Chine, Japon, Corée du Sud - aura lieu à Séoul. L'occasion pour les responsables chinois de calmer le jeu et de marquer un peu plus de leur empreinte les règles du jeu dans la région. L'occasion aussi pour les Américains de tester le réel degré de collaboration auquel les Chinois sont disposés.
Laurent Marchand

La retraite, épicentre des manifs

On a toujours plus ou moins l'habitude de dire qu'une journée d'action sociale est un baromètre. Celle de ce jeudi apparaît toutefois un peu particulière. Si on devait l'assimiler à un instrument de mesure, ce serait plutôt un sismographe. En repoussant l'âge légal du départ à la retraite, c'est bien l'ensemble des plaques tectoniques de notre société que le gouvernement fait bouger. Un enjeu aussi profond entraînera-t-il pour autant à un raz-de-marée dans les rues ? Nicolas Sarkozy aura ce soir une réponse à cette question d'ordre quasi tellurique. Gageons qu'il y sera particulièrement attentif. La manière même dont le dépassement du seuil symbolique a été officiellement annoncé - ou plutôt ne l'a pas été, sinon, à mi-mots, par des voies détournées et propagation diffuse de petites phrases - prouve, en tout cas, l'extrême importance qu'on porte en haut lieu aux éventuelles répliques de salariés opposés, selon une enquête, à 53 % à une telle réforme. Reste que si les sondages sont une chose, il en va parfois différemment de leur projection dans la réalité. Les Français paraissent, certes, majoritairement réticents face à la levée de cette conquête des années 80 érigée désormais en tabou. Mais sans doute ne faut-il pas négliger la dose de résignation instillée ces derniers temps par le parti au pouvoir. Une patiente préparation de l'opinion qui sera passée par une accumulation de strates successives, allant de l'appel à la raison démographique ("On vit plus longtemps, il faut s'adapter"), à la toute récente convocation du fantôme de Mitterrand. Travailler plus pour manifester plus ? La mobilisation interprofessionnelle et les quelque 170 défilés prévus pour ce 27 mai tourneront tous autour de cette vaste interrogation, aux résonances à la fois collectives et individuelles. Oui, c'est à la force de l'onde de choc qu'on définira la vraie nature d'un séisme qui nous concerne tous.


Didier Pobel

Apple bouscule Microsoft en Bourse

C'est une petite revanche pour Apple, un bonheur qui fleure bon la fin des années 1990, quand Apple était au fond du trou. La firme de Steve Jobs a — temporairement — ravi, mercredi, à Microsoft le titre de première entreprise mondiale de technologie en termes de capitalisation boursière, un symbole supplémentaire de la résurrection du fabricant de l'iPhone.
L'action Microsoft a chuté de 4,07 % mercredi, tombant à 25,01 dollars, ce qui ramène son poids en Bourse [le prix d'une action multiplié par le nombre d'actions] à 219,18 milliards de dollars. Le titre Apple n'a, lui, perdu que 0,45 %, à 244,05 dollars, soit une valeur de marché de 222,07 milliards de dollars pour la marque à la pomme.

Sous la houlette de Steve Jobs, Apple a multiplié ces dernières années les lancements retentissants de produits : l'iPod en 2001, l'iPhone en 2007, et la tablette iPad cette année. La société californienne devient la troisième capitalisation boursière dans le monde, derrière deux groupes pétroliers, l'américain ExxonMobil et le chinois PetroChina, prenant donc le rang de numéro deux à Wall Street.

Microsoft, dont le système d'exploitation équipe plus de 90 % des PC, n'a, lui, pas réussi à égaler le rythme de croissance des années précédentes. Son action affiche une baisse d'environ 18 % par rapport à il y a dix ans. Microsoft a annoncé mardi le prochain départ "à la retraite" du patron de ses produits grand public, Robbie Bach, 48 ans, dont les responsabilités seront directement reprises par le patron, Steve Ballmer. Une autre figure du groupe, James Allard, vice-président du même service "divertissement et appareils", quittera également Microsoft, mais gardera un rôle de conseiller pour M. Ballmer et son équipe.

Microsoft remanie son état-major

L'éditeur américain de logiciels Microsoft a annoncé, mardi 25 mai, un remaniement à la tête de sa division "grand public" (téléphonie mobile, jeux vidéo). Robbie Bach, 48 ans, qui la présidait, a été remercié. Il faisait partie des historiques du groupe, et était le père de la console de jeux Xbox. C'est Steve Ballmer en personne, le PDG de Microsoft, qui en reprend les rênes. La division grand public, créée il y a une dizaine d'années, a jusqu'à présent coûté beaucoup d'argent au groupe, et sa rentabilité n'est toujours pas au rendez-vous.
Son système d'exploitation pour téléphones mobiles, dont la première version date de 2002, est largement distancé par l'iPhone d'Apple, et vient de l'être également par Android, de Google. Côté jeux vidéo, la Xbox 360, lancée fin 2005, est loin derrière la Wii de Nintendo et la PS3 de Sony.
Cécile Ducourtieux

Retraites : deux tiers des Français prêts à se mobiliser contre la réforme

Près des deux tiers des Français sont prêts à se mobiliser contre la réforme des retraites, selon deux sondages parus jeudi dans Aujourd'hui en France/Le Parisien et L'Humanité : 62 % des personnes interrogées sont prêtes à aller manifester pour défendre l'âge légal du départ à la retraite à 60 ans, d'après un sondage CSA pour Le Parisien. 37 % ont répondu non à la question. Parmi les personnes interrogées, 76 % des sympatisants de gauche se disent prêt à descendre dans la rue contre 28 % à droite, indique le sondage. Par ailleurs, 68 % des sondés soutiennent ou ont de la "sympathie" pour la journée d'action syndicale de jeudi, selon un autre sondage CSA pour L'Humanité, contre 12 % qui y sont "opposés" ou "hostiles".
La journée de grèves et de manifestations organisée jeudi pour défendre l'emploi et les retraites aura valeur de test de la résistance syndicale. Cette journée d'action, mise sur pied par les syndicats CGT, CFDT, CFTC, FSU, UNSA et Solidaires, sera la dernière avant l'annonce de la réforme des retraites, prévue autour du 20 juin. Les syndicats n'excluent pas de nouvelles mobilisations avant les vacances. Peu de perturbations sont à attendre dans les transports, d'autant que les cheminots ne seront pas concernés dans un premier temps par la réforme, selon le gouvernement.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, estime, dans un entretien au Parisien/Aujourd'hui en France, qu'il n'y a "plus que le rapport de force dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans et les acquis sociaux auxquels Nicolas Sarkozy s'attaque méthodiquement" pour défendre la retraite à 60 ans, alors que six syndicats appellent jeudi à une journée d'action sur les retraites, les salaires et l'emploi. Il compte sur une participation à la mobilisation de jeudi "plus importante que celles du 1er-Mai et du 23 mars".

Le leader de la CGT dénonce aussi la "démarche tacticienne" du gouvernement qui vise selon lui à démobiliser les salariés. "Beaucoup s'aperçoivent que le gouvernement essaye de la jouer fine en pratiquant le double langage" car "il annonce une concertation, jure la main sur le cœur que rien n'est tranché mais s'efforce en coulisse de distiller des informations destinées à alimenter la résignation", dit-il. Que le gouvernement assure que les régimes spéciaux ne seront pas concernés par la réforme, "je l'interprète comme une volonté d'affaiblir au maximum la mobilisation", ajoute le responsable syndical.

L'OUVERTURE DU MARCHÉ DES JEUX FRANÇAIS.

Michel Barnier, Commissaire européen : « On ne peut qu’accueillir positivement la volonté de plusieurs Etats membres, dont la France, de s’adapter à ce qui est devenue une réalité incontournable »A l’approche de l’ouverture du marché des jeux français, Michel Barnier, Membre de la Commission européenne, Marché intérieur et services, a souhaité revenir pour iGaming France sur la volonté désormais affichée des États Membres et du Parlement de constituer un cadre européen cohérent pour traiter de la question des jeux en ligne.

OUVRIR UNE DISCUSSION EUROPÉENNE AVEC L’ENSEMBLE DES ACTEURS

Michel Barnier - Il s’agit clairement d’initier un débat, le plus large possible, sur les enjeux que soulève le développement rapide d’une offre en ligne – souvent en dehors de tout cadre légal. Une fois identifiés les enjeux, il faudra définir les options qui s’offrent à nous dans ce contexte. Ce que je retire de mes contacts avec le Parlement Européen, c’est que de nombreux Membres du Parlement Européen attendent de la Commission qu’elle fasse le tour des questions que soulèvent les jeux en ligne, au lieu de se focaliser sur des procédures d’infractions.

Bien sûr, la Commission doit conserver son rôle de gardienne du Traité et continuer à enquêter sur les plaintes relatives à des violations du droit de l’Union européenne.

Mais pour ma part, je souhaite nous donner les moyens de mieux cerner les enjeux : prévention de l’addiction, des risques de corruption ou de blanchiment, protection des mineurs…et d’identifier les réponses à apporter en ouvrant un dialogue sur ce qui est typiquement un phénomène transfrontalier.

L’Union Européenne doit jouer un rôle constructif dans ce domaine en structurant les débats et en développant, si cela s’avère nécessaire, un cadre européen cohérent.

BIENTÔT UN CADRE DE RÉGULATION UNIQUE ?

MB – Au départ, les Etats Membres et le Parlement européen avaient, en 2004, rejeté toute notion d’un tel encadrement, lors de la négociation de la directive services.

Lors de discussions récentes, j’ai eu confirmation que l’opinion du Parlement sur cette question a profondément évolué. Le jeu en ligne s’est développé, sa dimension transfrontalière est devenue beaucoup plus claire et les parlementaires demandent désormais que la Commission se saisisse des questions importantes que soulève ce phénomène.

Mais avant tout il faut ouvrir le débat, d’où mon souhait d’une consultation, par exemple par un Livre vert, pour renouer le dialogue entre les États Membres, les opérateurs, les organisateurs d’événement sportifs, les chercheurs, le corps médical et les consommateurs.

COMMENT LA COMMISSION ACCUEILLE LE PROJET DE LOI FRANÇAIS ?

MB - La nouvelle loi française relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne a fait l’objet de nombreux échanges entre la Commission européenne et les autorités françaises, notamment dans le cadre de la procédure de notification préalable qui s’applique dans ce domaine.

Je crois que ce dialogue a été très utile et efficace. Je crois qu’on ne peut qu’accueillir positivement la volonté affichée de plusieurs d’Etats membres, dont la France, de s’adapter à ce qui est devenue une réalité « incontournable ».