TOUT EST DIT

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mardi 25 mai 2010

Cumul des mandats : Aubry envisage des dérogations pour les sénateurs PS

Martine Aubry a rencontré, mardi 25 mai, les sénateurs socialistes, qui refusent d'appliquer à partir de 2011 le non-cumul des mandats, dont elle a fait un des piliers de la rénovation du Parti socialiste. Si la première secrétaire du PS mettait sa réforme en actes, ce sont les trois quarts des sénateurs socialistes qui devraient renoncer à un mandat local.
Face à la colère des sénateurs PS, la première secrétaire a fait une concession en annonçant des dérogations "marginales". "J'ai rappelé que, pour nous, la règle, c'était qu'à l'automne 2012, lorsque les députés seront élus, l'ensemble du non-cumul s'appliquera", a déclaré Mme Aubry à la presse après deux heures de rencontre avec le groupe PS.

Entre-temps, il y aura des élections sénatoriales à l'automne 2011 pour renouveler la moitié du Sénat, avec une chance de victoire historique pour la gauche. "Nous allons encore discuter des modalités mais je reste sur le principe qu'il ne peut y avoir de cumul entre un poste de député et de sénateur et un exécutif au niveau local (maire, président de conseil régional ou général)", a-t-elle insisté. "Comme convenu depuis plusieurs semaines, nous allons regarder s'il y a quelques cas qui posent difficulté" mais "cela ne peut-être qu'extrêmement marginal", a poursuivi Mme Aubry.

PROPOSITION DE LOI

Les sénateurs PS regimbent à renoncer à un cumul des mandats qui ne s'appliquerait qu'aux socialistes, estimant que leurs chances de gagner la majorité sénatoriale en 2011 seraient anéanties. Portés par l'espoir de voir la chambre haute basculer à gauche pour la première fois depuis le début de la Ve République, en 1958, ils réclament le report de cette réforme interne à une loi après l'élection présidentielle de 2012 afin de ne pas "désarmer unilatéralement" le PS.
Comme pour les rassurer, Mme Aubry a envisagé de "déposer une proposition de loi" généralisant le non-cumul : "Je pense que cela pourra beaucoup gêner la droite". Il s'agit de "voir si le président de la République, qui a dit qu'à titre personnel il était d'accord, le sera aussi à titre politique".

Imposer le non-cumul "de manière sèche et unilatérale serait une erreur", estime ainsi le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, dans Le Parisien. "Cela n'a pas de valeur exemplaire : les gens ne manifestent pas sous mes fenêtres pour me reprocher de cumuler, ils sont plutôt fiers que leur maire les représente au Sénat", ajoute l'ancien numéro deux du PS.

A ses yeux, une victoire de la gauche aux élections sénatoriales de 2011 fait partie d'une "séquence" qui peut amener le PS à l'emporter en 2012. "On n'a pas le droit de se mettre nous-mêmes des handicaps par rapport à nos adversaires de droite", explique-t-il.

ET PUIS IL FAUT BIEN QU'ILS GAGNENT UN PEU PLUS DE SOUS.

Le projet du gouvernement se précise sur la réforme des retraites

Officiellement, rien n'est décidé. Officiellement, le gouvernement est toujours dans une phase de concertation avec les partenaires sociaux. Le communication que martèle Eric Woerth, le ministre du travail, commence pourtant à se fissurer. Depuis quelques jours, la machine bien huilée du gouvernement s'emballe : les médias multiplient les informations sur les projets du gouvernement sur la réforme des retraites. Si le ministre du travail continue d'assurer que "rien n'est décidé", les contours de la réforme sont déjà connus.
Travailler plus longtemps. C'est le point sensible pour la gauche et les syndicats. Le gouvernement compte jouer sur l'âge de départ en retraite et sur la durée de cotisation. Selon des informations du Monde, publiées samedi 22 mai, l'âge légal de 60 ans devrait être remis en cause dès le 1er janvier. Le relèvement ira probablement jusqu'à 62 ou 63 ans, de manière échelonnée. L'âge de la retraite à taux plein devrait également être remonté, selon Les Echos. La durée de cotisation continuerait d'augmenter au-delà de l'échéancier arrêté par la réforme de 2003. Celle-ci prévoyait de porter à 41,5 ans la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier de la retraite à taux plein en 2020 (contre 41 ans en 2012). Le gouvernement devrait programmer la poursuite de cette progression, en fonction de l'allongement de l'espérance de vie.

Un rapprochement public/privé. Dans son document d'orientation, le gouvernement annonce vouloir réduire les disparités entre public et privé. Il pourrait jouer sur la manière dont est calculé le montant des pensions : dans le public, c'est en se basant sur le salaire (hors primes) des six derniers mois ; dans le privé, c'est sur la moyenne des vingt-cinq meilleures années. Mais il pourrait également remonter le taux de cotisation salariale, plus faible dans le public que dans le privé. Selon Les Echos, ces modifications s'appliqueraient aux régimes spéciaux, sans pour autant les modifier en profondeur.

Une taxation symbolique des hauts revenus. Le gouvernement avait annoncé réfléchir à une taxation des hauts revenus et du capital pour trouver de nouvelles ressources. Mais le prélèvement sur les hauts revenus devrait être symbolique, de l'ordre de 600 millions d'euros, selon les informations du Monde. L'exécutif envisage également de taxer une partie des revenus financiers des entreprises. Mais ces ressources resteraient insuffisantes pour arriver aux 3,5 à 4 milliards d'euros qui manquent au financement du système. Le gouvernement pourrait augmenter les cotisations retraites, en échange de quoi les cotisations chômage baisseraient. Il faudrait pour cela un accord entre les partenaires sociaux et surtout, un net retournement sur le front du marché de l'emploi.

Les castors accusés d'être responsables des inondations en Pologne

Le ministre de l'intérieur polonais, Jerzy Miller, a accusé mardi les castors d'avoir contribué aux inondations qui affectent la Pologne et qui ont déjà provoqué la mort de quinze personnes.

"Le plus grand ennemi des digues, c'est un animal qui s'appelle le castor. Les castors vivent partout le long des digues de la Vistule et contribuent largement à leur détérioration", a déclaré M. Miller lors d'une conférence de presse. Selon les services de protection de la nature, quelque 50 000 castors vivent en Pologne, où ils sont partiellement protégés. A la suite des inondations, les autorités locales ont augmenté les quotas de chasse aux castors. "Les castors creusent des tunnels dans les digues, les affaiblissent de l'intérieur. Mais ils ne sont pas les seuls, il y a encore les campagnols", a déclaré le porte-parole des pompiers Pawel Fratczak.
Des crues records dans les bassins de la Vistule et de l'Oder continuaient mardi à progresser vers le nord du pays. Les digues imbibées d'eau, et aussi endommagées dans plusieurs endroits par les castors, selon M. Miller, ont lâché, provoquant l'inondation de plusieurs localités, notamment dans les régions de Sandomierz (sud-est) et de Plock (centre).

A Varsovie, un important boulevard longeant la Vistule était toujours fermé à la circulation mardi, des affaissements de terrain y ayant été signalés.

COMPENSATIONS

Les dégâts prévisibles provoqués par les inondations qui affectent la Pologne depuis neuf jours risquent de coûter plus de 10 milliards de zlotys (2,43 milliards d'euros), selon le premier ministre, Donald Tusk. Ce dernier a annoncé, mardi 25 mai, une aide immédiate d'au moins 2 milliards de zlotys (480 millions d'euros) aux personnes qui ont perdu leur habitation dans les inondations. L'argent provient de la réserve du gouvernement polonais destinée à cofinancer les projets européens.

"Nous avons créé une grande réserve de 8 milliards de zlotys. Aujourd'hui, (...) nous savons que cette réserve ne doit pas être aussi importante. Cela signifie que nous avons 2 milliards de zlotys à notre disposition pour lancer un mécanisme d'aide immédiate à ceux qui ont perdu leur habitation", a déclaré à la presse M. Tusk. Le chef du gouvernement a également annoncé qu'il avait demandé à ses ministres de rechercher de possibles réserves dans leurs budgets pour l'aide à venir. Les dépenses destinées à aider les sinistrés ne doivent pas constituer "une menace pour la stabilité financière de l'Etat", a-t-il encore souligné.

La baisse de l'euro inquiète jusqu'en Chine

Jusqu'ici, la chute de l'euro était la seule bonne nouvelle issue de la crise que traverse actuellement l'union monétaire. Cela arrangeait bien les affaires des exportateurs de la zone euro. "L'euro baisse, et c'est tant mieux", estiment même les experts du Crédit agricole.

Mais la glissade de la monnaie unique s'accélère, et commence à gêner sérieusement les partenaires de l'Union européenne. D'autant plus que la crise, qui s'enlise au fur et à mesure que les bisbilles franco-allemandes s'amplifient, s'est encore traduite par un plongeon spectaculaire de l'euro en début de semaine. Mercredi 19 mai, la monnaie unique est descendue sous le seuil de 1,22 dollar. Pour mémoire, l'euro avait grimpé en juillet 2008 jusqu'à 1,60 dollar.
En outre, la monnaie unique se déprécie non seulement face au billet vert, dont dépend le yuan, mais aussi face au yen et au franc suisse. Et tout cela ne plaît pas beaucoup aux chefs d'entreprise de Chine, du Royaume-Uni ou de Suisse.

Vendredi 21 mai, les plus grands dirigeants de la planète semblaient avoir pris la mesure de la gravité de la situation pour l'Europe, mais aussi pour leurs propres économies. Le nouveau premier ministre britannique, David Cameron, a ainsi assuré qu'il souhaitait une zone euro "forte et stable". Le ministre chinois du commerce, Chen Deming, était plus explicite encore, adressant un message de soutien à la vigueur de la monnaie unique plus qu'à la bonne santé économico-politique du Vieux Continent. Pékin, a-t-il dit, "croit dans un euro stable et fort".

Ces messages bienveillants et intéressés ont donné un peu plus de crédit aux rumeurs qui circulaient la veille dans les salles de marchés. Il était question d'une intervention des banques centrales chinoise, japonaise et suisse pour soutenir le cours de l'euro.

La Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle été de la partie ? Si les responsables de l'autorité monétaire martèlent que le niveau actuel de l'euro ne suscite aucune inquiétude, l'ampleur des mouvements observés ces derniers jours est, elle, une source de préoccupation.

Selon les experts de Natixis, la volatilité implicite sur l'euro est actuellement de 18. Ce qui signifie que les investisseurs s'attendent à ce que la monnaie européenne progresse ou chute de 18 % au cours des quatre prochaines semaines. Or les banquiers centraux en général, et la BCE en particulier, aiment l'ordre et la stabilité.

Les banques centrales peuvent-elles gagner contre le marché ? Vendredi, la monnaie unique a opéré un étonnant rebond, jusqu'à franchir le seuil de 1,25 dollar. Et, selon l'agence Bloomberg, les opérateurs seraient en train de dénouer leurs positions "short", qui permettent de parier sur une baisse de l'euro.

De fait, jouer l'euro à la baisse, en tout cas à court terme, est devenu un peu risqué. Vendredi, les ministres des finances de l'Union européenne se sont réunis à Bruxelles pour réfléchir aux moyens de renforcer la discipline budgétaire et de rassurer les marchés en tentant de mettre en sourdine leurs dissensions.

"Si, au cours du week-end, tout le monde se jette dans les bras l'un de l'autre, l'euro a des chances de remonter", indique René Defossez, stratège chez Natixis. En votant, vendredi, la loi autorisant l'Allemagne à contribuer au plan de stabilisation financière de 750 milliards d'euros, malgré l'hostilité de l'opinion publique, le Bundestag a déjà donné un signal positif.

A plus long terme, toutefois, les investisseurs pourraient continuer à se méfier de l'euro, car "la croissance européenne reste au ras des pâquerettes", rappelle M. Defossez.

Claire Gatinois

Plongeon des Bourses européennes à l'ouverture

La Bourse de Paris a ouvert en forte baisse mardi 25 mai à l'ouverture, perdant pas moins de 3 %, à 3 326 points, dans le sillage de Wall Street la veille et des places asiatiques. Les autres places européennes ont elles aussi enregistré des pertes importants dès les premières minutes de cotation : peu après 9 heures, Francfort perdait 2,52 %, tandis que Madrid plongeait de 3,19 % et que Milan et Londres perdaient respectivement 3 et 2,82 %.
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a en effet dévissé de 3,06 % à 9 459 points, son plus bas depuis six mois, mardi à la clôture de la séance, à cause d'inquiétudes renouvelées quant à la santé financière de la zone euro et au renchérissement du yen. Les investisseurs s'angoissent de la situation financière de plusieurs pays de la zone euro, des craintes renouvelées par l'annonce, samedi 22 mai, du placement sous tutelle publique de la caisse d'épargne espagnole Cajasur, auparavant contrôlée par l'Eglise catholique. Ce sauvetage pourrait coûter jusqu'à 2,7 milliards d'euros à l'Etat, alourdissant d'autant le déficit public de l'Espagne.

Ils redoutent en outre les conséquences de la cherté du yen sur les profits des exportateurs nippons. La force de la devise japonaise pénalise les groupes exportateurs du pays, dont elle réduit la valeur des profits rapatriés au Japon et dont elle fausse les prévisions financières, basées sur un taux de change moins désavantageux. Même morosité sur les marchés américains. Lundi 24 mai, les craintes entourant la situation des banques européennes ont porté le Dow Jones à un plus bas sans précédent depuis le 10 février : l'indice phare de la Bourse de New York a terminé en baisse de 1,24 %, à 10 066,57, et le Nasdaq a perdu 0,69 %, à 2 213,55 points.

L'EURO TOUJOURS EN BERNE

L'euro poursuit, quant à lui, sa chute mardi 25 mai face au billet vert, repassant sous la barre de 1,23 dollar. La monnaie unique européenne reculait également face à la devise nippone à 110,33 yens, contre 111,58 yens la veille. Le billet vert cédait aussi du terrain face au yen, à 89,76 yens contre 90,28 lundi soir.

"La tendance à la baisse [de l'euro] devrait se poursuivre, à moins que les autorités dans la zone euro n'émettent des mises en garde verbales" contre une trop grande faiblesse de la monnaie unique européenne, a estimé Masafumi Yamamoto, de Barclays Capital, auprès de Dow Jones Newswires.

Rendons les marchés payants


Les marchés sont électriques. Cette expression, que l'on entend presque chaque jour, nous dit que, sur la planète financière, les transactions s'accélèrent ou ralentissent en fonction des opportunités. D'immenses volumes de capitaux se mettent en mouvement, presque automatiquement : pour se prémunir de ce qui apparaît soudain comme un risque, ou pour ne pas manquer ce qui semble promettre un gain.

Devant les conséquences de cette spéculation ¯ immensité des profits, accroissement faramineux des écarts de richesse, fragilité des entreprises, affaiblissement des États, risque d'effondrement du système bancaire... ¯ on parle de moraliser les marchés. Pourtant, par nature, rien n'est plus insensible à la morale qu'un marché. Parce qu'il ne se détermine pas en fonction de valeurs humaines, mais des intérêts des acteurs. Penser réguler les marchés en termes de morale, c'est se contraindre à arriver toujours en retard, comme les carabiniers, une fois les dégâts constatés. Dans ce sens, vouloir taxer les fruits de la spéculation ne traite pas le problème au fond.

Pour calmer les marchés internationaux, il n'y a que deux moyens. Le premier consiste à réduire les différences de potentiel économique et financier perçues par les opérateurs. Il faut du temps. C'est ce qu'envisage péniblement l'Union européenne en cherchant à harmoniser les politiques budgétaires et fiscales. Elle n'y parviendra pas rapidement : seule la peur du gouffre semble capable de persuader les dirigeants d'aller vers plus de convergence.

Second moyen : ralentir la circulation financière. Dans les pics aigus de crise boursière, il arrive qu'on suspende les cours. C'est ce que l'Allemagne vient de tenter en interdisant le mécanisme des ventes de titres financiers à découvert. Mais de telles décisions ne peuvent être qu'exceptionnelles et temporaires, puisque c'est du tout ou rien. En revanche, si l'on veut ralentir durablement et de manière pondérée les déplacements de capitaux, il faut en augmenter les coûts.

Les opérations se déclenchent, en effet, lorsque l'opportunité du gain l'emporte visiblement sur le risque de perte. Dans ces conditions, les acteurs du marché seraient irresponsables et incompétents s'ils « n'y allaient pas ». Si l'on ajoute un coût supplémentaire (le coût technique est devenu négligeable, avec les progrès des outils) ¯ sous forme d'une taxe sur les transferts financiers, comme les banques imposent à leurs clients des commissions ¯, alors les conditions de l'arbitrage changent puisque l'espérance de gain est affectée. Le marché va nécessairement ralentir.

Si le montant de la taxe était retourné aux États, via une institution comme le FMI, celle-ci ne serait pas une sanction morale mais le prix d'usage des infrastructures de base indispensables à l'existence des marchés, souvent créées et entretenues par les États. En cas de surchauffe, le fait d'augmenter le prix d'usage des marchés internationaux a le double avantage de faire baisser la pression, et d'apporter aux États des ressources pour qu'ils ne deviennent pas les victimes de ceux qu'elles auront aidés la veille, si nécessaire.

La crise offre l'opportunité de rendre les marchés « payants ». Si les États tardent à s'entendre là-dessus, ils n'auront plus la force de l'imposer aux acteurs privés, et la machine deviendra folle.

(*) Éditeur et écrivain.

Le chef d'Annecy Marc Veyrat « passe le plat » à l'un de ses élèves

A 35 ans, Yoann Conte, sacré en 2009 meilleur espoir de la région Rhône-Alpes par le guide Gault et Millau, a décidé de marcher dans les pas de Marc Veyrat, son « mentor ». Mercredi, il sera aux fourneaux de l'Auberge de l'Eridan sur les bords du lac d'Annecy rebaptisée « La nouvelle maison de Marc Veyrat ». Le chef au célèbre chapeau et aux trois étoiles Michelin a en effet décidé de louer à son ancien élève les murs de son établissement gastronomique qu'il avait fermé en février 2009 pour des raisons de santé et de mettre à sa disposition ses « recettes développées il y a 25 ans » ainsi que sa cave à vins.

Marc Veyrat, trop esthète pour résister dans ce monde de brutes qu'est devenue la restauration haut de gamme, offre une chance extraordinaire à Yoann Conte. A lui maintenant de faire ses preuves.

FACEBOOK – Et si on supprimait nos comptes ?

Accros pour beaucoup, les utilisateurs du réseau social Facebook n'acceptent plus que leurs données personnelles soient devenues tout public. Ils se sont donné rendez-vous pour supprimer leur profil, le 31 mai prochainA chaque nouvelle version, le réseau social de Mark Zuckerberg perd un peu plus en sécurité et en protection de la vie privée. Mais plus question de se laisser faire. Matthew Milan et Joseph Dee, deux internautes canadiens, ont lancé la 'Journée pour quitter Facebook'. Sur les 400 millions de membres du réseau, près de 14.000 personnes ont adhéré au Quit Facebook Day du 31 mai prochain. Une goutte d'eau. Parmi eux, combien auront réellement le courage de passer à l'acte ? Le défi est comparable à celui ''d'arrêter de fumer'' d'après les instigateurs du projet.


Où vont nos données personnelles ?
Lorsqu'on s'inscrit sur Facebook pour la première fois, il s'agit de fournir un grand nombre de données personnelles. Le nom, le prénom, la date de naissance, sont des informations habituelles que l'on donne aussi à son médecin. La différence est que ce dernier respecte le secret et la vie privée. Sur Facebook, rien n'est secret. Sauf si l'on prend le temps de décortiquer les 50 onglets de paramètres de son compte et que l'on parvient à régler les 170 possibilités disponibles. Véritable épreuve à laquelle beaucoup se refusent, au risque de ne pas contrôler la circulation de ses données privées. Or, un internaute connecté à Facebook a sa base de données activée, et lorsque celui-ci clique sur une publicité du site de réseautage, il envoie, sans le savoir, à l’annonceur son nom, son prénom et tout ce qu'il essaye habituellement de protéger dans la vie non virtuelle.
Récemment Facebook s'habillait d'un nouveau design, et perdait encore un peu plus en confidentialité. Selon la cellule de l’Union européenne chargée de la protection des données, ''il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs''. Et pourtant, à chaque fois, les utilisateurs se plaignent, menacent de quitter le site, puis s'y font et rentrent dans le rang. L'addiction va très loin.


Dérive de Facebook ou de l'internaute ?
''Je ne sais pas pourquoi [mais] ils me font confiance. Putain d'abrutis''. Ces mots sont signés Mark Zuckerberg, le créateur et CEO de Facebook, en pleine discussion en ligne avec un ami, peu de temps après le lancement du site en 2004. Et il est vrai que la confiance des internautes a tout de surprenant. ''Sophie vient de se cogner l'orteil sur le coin de sa table'', ''Robin sort de la douche et va maintenant faire des pâtes'', autant de statuts inintéressants qui sont mis en ligne tous les jours par bon nombre d'utilisateurs et qui dénotent de la dérive que subit le site. L'intérêt de Facebook était avant tout de rester en contact avec ses amis et proches, sans pour autant tout savoir de leur vie à la minute près. Les internautes s'inquiètent de savoir que leurs photos de soirées puissent être vues par leur employeur, au risque de se faire licencier, comme cela a déjà été le cas. Mais alors pourquoi laisser circuler les photos de ses beuveries ? Ces photos ont-elles leur place sur Internet où l'on sait que les données ne sont que très peu protégées ?
Les internautes accusent Mark Zuckerberg de malveillance. Celui-ci pourrait bien leur rétorquer qu'il ne tient qu'à eux de faire attention à ce qu'ils rendent public. Mais celui-ci a finalement fait ses excuses, et assuré que :''Dans les semaines qui viennent, nous ajouterons à Facebook un système de contrôle des informations personnelles qui sera plus simple à utiliser. Nous vous donnerons également un moyen de bloquer facilement la transmission d'informations à d'autres sites.'' Sans oublier que le partage d'informations reste l'un des piliers du concept de son réseau social. ''Si nous donnons aux gens la possibilité de contrôler ce qu’ils partagent, ils voudront partager davantage. S’ils partagent davantage, le monde sera plus ouvert et plus connecté. Un monde plus ouvert et mieux connecté est un monde meilleur'', philosophait le jeune patron du site lors de son mea culpa.


Avant de pouvoir effacer définitivement son compte, il s'agit tout d'abord de trouver le formulaire de suppression, puis de patienter encore 14 jours sans se connecter. Mais pour ceux qui n'auraient pas le courage de passer à l'acte, le Protest Day est une alternative sympathique au projet. Le 6 juin sera une journée sans connexion, afin de marquer son mécontentement : ''Notre confidentialité n'est pas un privilège et n'est pas à vendre''.

Lauriane Rialhe