TOUT EST DIT

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samedi 22 mai 2010

Retraites: Les jeux sont faits?

Plusieurs médias dévoilent ce samedi les pistes qu'aurait privilégiées le gouvernement pour mener à bien sa réforme des retraites. Celles-ci portent à la fois sur un allongement de la durée du travail (et un possible report de l'âge de la retraite à 63 ans) et sur la recherche de nouvelles ressources. Le ministère du Travail dément en bloc.

Le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement serait déjà bien ficelé.
C'est en tout cas ce qu'avancent de manière concordante trois médias ce samedi, Les Echos, Le Monde et L'Express, sans pour autant dévoiler leurs sources. Du côté des pouvoirs publics, on dément ces allégations, le document d'orientation transmis dimanche dernier par Eric Woerth aux partenaires sociaux faisant office, à ce jour, de seule base à la concertation. Selon ce texte, le ministre du Travail confirme vouloir aborder le problème du déséquilibre des comptes par le prisme démographique, sans pour autant trancher entre un report de l'âge légal de départ à la retraite – fixé à 60 ans depuis 1982 – et un allongement de la durée de cotisation – 41 ans à compter de 2012. Or, selon les informations parues dans la presse ce week-end, ce sont ces deux voies qui devraient être explorées conjointement.
Les syndicats dans la rue le 27 mai

Les Echos ou L'Express se font très précis en indiquant qu'à partir du 1er janvier 2011, l'âge légal de départ à la retraite augmenterait d'un trimestre par an et pourrait, à terme, être repoussé à 62, voire 63 ans. Quant à la durée de cotisation, elle pourrait croître d'un semestre à l'horizon 2020, voire d'un an (ou plus) d'ici 2030. Autant de dispositions qui pourraient donner du grain à moudre aux syndicats. Vent debout contre de tels projets, plusieurs responsables n'avaient d'ailleurs pas manqué de faire part de leur inquiétude récemment. "On a eu confirmation que la retraite à 60 ans était fortement remise en cause, témoignait ainsi Eric Aubin, négociateur CGT, interrogé mercredi dernier par leJDD.fr à la sortie d'un nouvel échange avec Eric Woerth. Les pistes privilégiées par le gouvernement sont effectivement l'allongement de la durée de cotisation et le report de l'âge de la retraite." Et le syndicaliste d'appeler à une large mobilisation des salariés le 27 mai, dans le cadre d'une vaste journée d'action.

Toutefois, il n'y pas que sur le "front démographique" que les syndicats pourraient avoir à ferrailler. En effet, selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), l'augmentation de la durée du travail - quelles qu'en soient ses modalités – ne suffirait pas à équilibrer le système. La recherche de nouvelles ressources – le gouvernement serait à la recherche de 3 à 4 milliards d'euros par an - serait donc capitale. Or, sur ce point, et toujours à en croire les informations parues dans la presse, l'exécutif aurait également quelques idées bien arrêtées. Ainsi, alors que la taxation des hauts revenus ne devrait rapporter que 600 millions d'euros - soit la somme que "perd" l'Etat avec la mise en place du bouclier fiscal – d'autres pistes, plus fructueuses, devraient être lancées.
Augmentation des cotisations?

Le Monde affirme ainsi que les stock-options et les revenus du capital pourraient être davantage taxés. Mais l'essentiel des recettes viendrait d'ailleurs. Le quotidien du soir met en avant une augmentation des cotisations retraite – ce que le gouvernement a pour l'heure toujours écarté – mais contrebalancé par une baisse des cotisations chômage. Une solution à hauts risques, car tributaire de la potentielle bonne santé du marché de l'emploi. Ce qui, à l'heure actuelle, est loin d'être le cas.

Enfin, comme Eric Woerth l'avait précisé dans son document d'orientation, le rapprochement entre privé et public pourrait, au nom de "l'équité", s'accélérer. S'il ne devrait pas revoir le mode de calcul des pensions actuellement en vigueur - basé sur les six derniers mois pour les fonctionnaires, sur les 25 meilleures années pour les salariés du privé – le gouvernement pourrait opter pour un alignement du niveau de cotisation des premiers (actuellement de 7,85%) sur celui des seconds (fixé, lui, à 10,55% en moyenne). Une solution qui aurait l'avantage de rapporter rapidement, conclut Le Monde.

LA DÉBILITÉ DES SYNDICATS FRANÇAIS N'A D'ÉGALE QUE CELLE DES SYNDICATS GRECS, ILS MÈNENT DES COMBATS PERDUS D'AVANCE, ILS VONT CONTRE LE COURANT DE L'ÉVOLUTION TANT HUMAINE QUE SOCIALE.
TOUS DANS LA RUE LE 27 MAI ? POUR QUOI FAIRE ? PERDRE UNE JOURNÉE DE SALAIRE...NON MERCI !

Réforme des retraites: l'âge légal va passer à 62 ou 63 ans

Le projet du gouvernement se précise. Il comportera à la fois une hausse de la durée de cotisation et de celle de l'âge légal. Les ressources nouvelles s'élèveraient à 3,5 ou 4 milliards d'euros. La cotisation des fonctionnaires pourrait bien augmenter.
-L'âge légal de départ en retraite (60 ans) sera allongée de un trimestre par an à partir de janvier 2011. Jusqu'à 62 ou 63 ans. En conséquence, l'âge de la retraite à taux plein (65 ans aujourd'hui), c'est à dire celui où l'on ne subit plus de décote du fait d'une durée de cotisation insuffisante, passerait respectivement à 67 ou 68 ans.

-La durée de cotisation continuera d'augmenter, très probablement comme le prévoit la loi Fillon de 2003 : à 41,5 ans en 2020 et à 42 ans et un trimestre en 2030.

- 3,5 à 4 milliards d'euros de nouvelles recettes pour les retraites (à l'horizon 2020)devraient compléter la réforme : la taxe sur les hauts revenus, confirmée le 10 mai par Nicolas Sarkozy, pourrait bien s'élever à quelques 600 millions d'euros. Un chiffre qui ne doit rien au hasard: c'est le montant que l'Etat perd actuellement du fait de l'existence du bouclier fiscal. Celui-ci est maintenu, mais cette contribution supplémentaire sera acquittée par tout le monde, y compris par les bénéficiaires du bouclier. En outre, certaines niches fiscales ou sociales seront supprimées ou rabotées. Un transfert de cotisations de l'Unedic vers l'assurance-vieillesse aura lieu quand les comptes du chômage se seront redressés.

-Les fonctionnaires:

La piste privilégiée est une hausse de leur cotisation retraite ( 7,85 % aujourd'hui) car cette mesure rapporte plus que la modification du calcul des pensions ( actuellement 75 % du salaire des six derniers mois de la carrière). Pour éviter une baisse brutale du pouvoir d'achat des fonctionnaires, l'augmentation de la cotisation serait progressive et, en partie, compensée par des mesures salariales.

Qui sera concerné?

Le gouvernement penche pour fixer les règles de départ en retraite de tous ceux qui la prendront d'ici à 2030. Même si les conditions se durcissent, il estime qu'il est plus rassurant de connaître son sort le plus longtemps possible à l'avance.

France-Algérie, le match sans fin

À Cannes, jamais le Palais des festivals n'a autant mérité son surnom de "bunker". Hier matin, à l'heure du laitier, un bataillon de CRS se trouvait mobilisé là. Avant d'entrer, les journalistes mal réveillés éprouvèrent le délice d'une "fouille à corps". Des fois qu'une grenade se soit infiltrée quelque part...

Craignait-on de revivre le terrorisme d'antan, lorsque les cinémas d'Alger sautaient ? Il ne s'agissait pourtant que d'un film. Des tas de gens, qui ne l'avaient pas vu, manifestaient contre le fait qu'on puisse le voir. C'est un peu bête.

Dans "Hors-la-loi", Rachid Bouchareb évoque brièvement le carnage de Sétif en mai 1945. Soit la répression sanglante, par la France, d'émeutes nationalistes qui préfiguraient la guerre d'indépendance. Le réalisateur a beau revendiquer une "fiction", d'aucuns l'accusent de révisionnisme. Un certain parti pris aurait guidé sa caméra. Il ne montre pas, par exemple, que des Européens innocents furent aussi massacrés par les "indigènes" survoltés. 103 morts d'un côté, 15 000 de l'autre, mais quand même...

Voici donc un long-métrage manquant à la rigueur historique. Pas plus qu'"Apocalypse Now", remarquez, qui poussa
jadis l'Amérique à regarder "son" Vietnam en face. Une mini-polémique dans les salles obscures permet parfois d'ouvrir un débat au grand air. En rectifiant, au passage, ce qui doit l'être.

N'est-ce pas, ici, une bonne occasion de solder notre douloureux passé colonial ? Bien sûr, l'intelligence commande la repentance.

M. Bouteflika, pour sa part, devrait lancer une superproduction sur le destin de l'Algérie depuis 1962. On y verrait à l'œuvre le patriotisme désintéressé des descendants du FLN, leur généreuse application à reconstruire le pays. Sans rire.


Gilles Debernardi

Mémoires

« Hors-la-loi », c'est du cinéma, affirme Rachid Bouchareb. Sans doute, et d'ailleurs sans génie. Mais ce n'est certainement pas, comme le prétend encore son réalisateur, que du cinéma : évoquer le 8 mai 1945 à Sétif, les meurtres de Français puis la répression contre les Algériens, une centaine de morts puis des milliers de morts, cela torture toujours les mémoires. Pas toutes, cependant, car la plupart des Français d'aujourd'hui, comme ceux de l'époque en métropole, ne savent rien de ce 8 mai honteux, totalement éclipsé par l'autre, le glorieux, le 8 mai de la victoire contre l'Allemagne. Depuis, trois générations ont passé, le temps nécessaire pour que l'Allemagne surmonte son passé. Et si la France et l'Algérie en faisaient de même, enfin, ensemble ? Quand cette paix-là sera conclue, un film, même partisan, même médiocre, ne pourra plus rallumer la guerre des mémoires.

Déficits : l'Europe prête à des sanctions

Les ministres européens des Finances sont d'accord pour de nouvelles mesures répressives «financières et non financières» contre les États les plus laxistes.

À Bruxelles

La fièvre sur les marchés les poussait à serrer les rangs. Vendredi à Bruxelles, les ministres européens des Finances ont fait front commun, tout en s'apprêtant à avaler la potion de discipline budgétaire prônée par l'Allemagne pour sortir enfin de la crise de la dette.

Le «groupe de travail» placé sous la houlette du président du Conseil, Herman Van Rompuy, est tombé d'accord sur quatre grands objectifs: intensifier la discipline budgétaire, réduire les divergences de compétitivité, mettre en place un mécanisme de gestion de crise efficace, et renforcer la gouvernance économique. Pour les modalités pratiques, il faudra attendre: les conclusions finales seront publiées en octobre, avec un rapport intermédiaire en juin.

«Nous essayons de voir ce que nous pouvons faire très vite », a assuré Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble. L'heure est en effet à l'apaisement. « On est dans un travail de rassemblement. Aucun membre de l'Eurogroupe ne sera laissé sur le bord de la route», a ajouté la ministre française. L'apparente cacophonie européenne, notamment autour de la décision unilatérale de l'Allemagne d'interdire les ventes à découvert, avait largement contribué à inquiéter les marchés cette semaine. Vendredi, «les progrès ont été beaucoup plus importants que beaucoup le prévoyaient», a ajouté M. Schäuble.

Sur cette base, aucune décision n'a été arrêtée sur les positions radicales de l'Allemagne, qui fait le forcing pour une stricte orthodoxie budgétaire. Et prône des sanctions draconiennes pour les paniers percés : blocage de certaines subventions, suspension temporaire des droits de vote… La Commission avait proposé la semaine dernière d'imposer un examen des budgets nationaux par l'UE avant le vote des Parlements nationaux. Berlin souhaite que cet examen soit mené par la BCE ou un «cercle d'instituts de recherche indépendants ».

Mise en faillite des États

L'Allemagne voit là une contrepartie à son feu vert au gigantesque plan de stabilisation de la zone euro. Elle va jusqu'à envisager une possibilité de mise en faillite des États trop endettés. «Cela ne rentre pas dans les thèmes évoqués », a assuré Mme Lagarde.

Certaines propositions allemandes nécessiteraient une modification des traités - ce qui fait tiquer la Commission et de nombreux pays. «On va le plus possible travailler dans le cadre du traité actuel», a souligné M. Van Rompuy. Mais «il y a un consensus sur le principe qu'il faut des sanctions, financières et non financières », a-t-il ajouté.

D'autres pistes, plus inattendues, ont également été évoquées. Certaines ont sans doute peu de chances d'aboutir, comme l'idée d'une mutualisation d'une partie de la dette souveraine des pays respectant la discipline budgétaire. L'Allemagne, en effet, y est très hostile.

La réunion de vendredi a aussi permis aux seize ministres de l'Eurogroupe de faire rapidement le point sur le gigantesque mécanisme de stabilisation de la zone euro décidé il y a deux semaines.

Agriculture: Sarkozy tacle Chirac

L'actuel chef de l'Etat a profité d'un déplacement dans le Lot-et-Garonne, vendredi, pour fustiger à mots couverts la politique agricole de son prédécesseur, pourtant encensé par le monde paysan.


A droite, on règle ses comptes (aussi) à la ferme. A mots souvent couverts, mais qui ont le don de faire systématiquement mouche. Nicolas Sarkozy en a fait une tonitruante démonstration vendredi, lors de son déplacement dans l'exploitation lot-et-garonnaise d'un producteur de fraises. Alors qu'il cherche à prouver son volontarisme face à la crise que traverse le monde agricole - il s'agissait de sa troisième virée à la campagne depuis le début de l'année - le chef de l'Etat a tombé le masque devant les journalistes en s'attaquant au totem Jacques Chirac, considéré, en son temps - et même depuis - comme un ardent défenseur de la cause paysanne.
"Folklorique"

"On a souvent traité l'agriculture de façon folklorique, c'est ce que je pense…", a lâché le président de la République, suscitant la curiosité de son auditoire. Et d'enchaîner, sans laisser la moindre place au doute: "On était très content, on allait dans une ferme, on flattait la vache, on passait des heures au Salon (de l'Agriculture), on goûte de tout, on s'en va, on vous aime, au revoir et merci!" Lapidaire, le jugement n'en constitue pas moins une violente critique des méthodes de son prédécesseur, dont la popularité auprès des agriculteurs n'est pourtant plus à démontrer. Sa visite triomphale du Salon de l'Agriculture en 2008 – la première après la fin de son mandat présidentiel - a pu en témoigner. Trois jours plus tôt, Nicolas Sarkozy, auteur au passage de la fameuse sentence "Casse toi pov'con", avait en revanche eu droit à un accueil bien moins chaleureux.

Deux ans après ces événements, et malgré une activité palpable face au malaise agricole depuis plusieurs semaines (recadrage de la grande distribution, projet de loi sur la modernisation de l'agriculture, notamment), le chef de l'Etat peine toujours à convaincre les campagnes. "Il a un problème avec le monde paysan", déclarait même en début d'année Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA. "Je pense que l'agriculture a besoin que le chef de l'Etat s'y implique, parce que le dossier agricole c'est européen, international, structurel en France", a, vendredi, tenté de rectifier Nicolas Sarkozy, tout en sachant que la campagne peut être un terrain glissant pour lui. C'est en effet les pieds dans la paille que Dominique de Villepin avait lancé aux journalistes son désormais célèbre "Il ne vous rappelle pas quelqu'un?", en désignant le petit cochon qu'il tenait dans ses bras…

ON NE PEUT PAS, COMME SARKOZY FAIRE DE L'INTERNATIONAL EFFICACE ET TÂTER LE CUL DES VACHES DE CORRÈZE, COMME CHIRAC, CHACUN SA SPÉCIALITÉ.

Rigueur et indépendance


Certains s'indignent au nom de l'indépendance nationale parce que davantage de coordination entre les pays de la zone euro dans l'élaboration de leur budget vient d'être demandé par Bruxelles.

Cependant, sans un minimum de coordination, c'est la monnaie euro qui est mise en danger. Tout le monde le sait et tout le monde sait aussi que, si l'euro disparaissait, ce serait une tourmente qui s'abattrait sur chacun des pays européens. Au lieu de la coopération entre les États européens à laquelle on s'efforce depuis la création de l'Union européenne, ce serait la rivalité qui s'instaurerait entre chacun de ces pays. De telles rivalités pourraient s'exacerber jusqu'à déboucher sur une bataille économique sans précédent entre États membres et créer, entre eux, des oppositions de plus en plus violentes qui risqueraient, un jour, de compromettre la paix elle-même sur notre continent.

L'indépendance nationale est une chose précieuse, évidemment indispensable. Cependant, dans ce monde global où tout réagit sur tout, chacun des pays européens, même les plus grands en population comme en produit intérieur brut, ne font pas le poids. Or, l'Europe peut être entendue et considérée par le reste du monde, notamment par les très grands pays émergents. Ce n'est plus le cas de chacun des pays européens pris isolément. Déjà, des pays comme la Chine savent très bien utiliser à leur avantage les divergences entre membres de l'Union européenne et cela au détriment, tour à tour, de chacun de ses membres. L'indépendance à sauvegarder fait obligation à chacun de nos pays de s'unir aux autres pour faire face.

Lucides, vigilants, responsables

L'indépendance est une valeur essentielle, mais certains discours l'instrumentalisent à des fins politiciennes confinant à une démagogie qui pourrait conduire aux aveuglements propices à la perte de cette indépendance.

En ces mois de printemps où nous commémorons le 70e anniversaire des événements dramatiques et désastreux du début de la Seconde Guerre mondiale, nous devrions nous montrer plus vigilants, plus lucides et plus responsables.

Aujourd'hui, la bataille est financière et économique. Comme hier, dans la guerre, il nous faut des alliances et des alliés courageux auxquels nous devons montrer notre fidélité et prouver notre volonté de dominer l'épreuve. Cela signifie, dans le cas qui nous inquiète tant aujourd'hui, que nous ne pouvons nous contenter d'observer, de critiquer les faiblesses ou les erreurs des autres. Il faut aussi considérer les nôtres et prendre alors, pour nous-mêmes, les décisions qui s'imposent.

Tous les pays européens ont vécu, ces dernières années, au-dessus de leurs moyens. Nous avons fait de même. On voit où cela nous conduit. La lucidité nous impose de constater qu'on ne peut pas toujours vivre à crédit, que la dette est un fardeau qui ne peut s'alourdir davantage. Elle pourrait, en effet, entraver l'action des générations futures en pesant trop lourdement sur elles. Dans ces conditions, aujourd'hui, le devoir est de prendre les mesures nécessaires au redressement.

Quand on a été trop longtemps laxiste, quand on s'est trop laissé aller à la facilité, un beau jour, la rigueur, oui la rigueur, s'impose. Sinon, le pire peut survenir et menacer ce que justement nous voulons défendre : notre indépendance !

La biohumanité

La biodiversité ne concerne pas que les baleines. Elle est dans notre proximité autant que dans les films de Jacques Perrin, les publicités de Nicolas Hulot ou les images de Yann Arthus-Bertrand. La biodiversité, c'est la manière dont on habite l'espace et dont on organise le travail sur la planète. « L'environnement ça ne commence pas à suffire », il est au contraire grand temps que face à l'économie-casino nous pesions de tout notre poids si nous voulons faire chanter les oiseaux des lendemains de nos enfants. En finir avec la souffrance du monde paysan serait un premier pas. Le suivant pourrait être l'éducation de tous les acteurs de terrain pour que l'on ne recommence pas des destructions aussi catastrophiques que les remembrements et le massacre des haies.

La disparition des Inuits du Groenland est aussi importante que celle des phoques. Et c'est une coupable déviation intellectuelle de ne défendre que le végétal et l'animal en oubliant d'intégrer l'homme à notre approche de la diversité. Le plus sûr moyen de réconcilier l'homme avec la planète c'est de lui rendre sa place dans la biodiversité. Les génocides aussi sont des atteintes à l'équilibre du monde.

Les grenouilles se sauveront en cohabitant avec les hommes sur le Cézalier, les écrevisses avec les pêcheurs de l'Artense, les sangliers iront d'autant mieux qu'ils ne seront pas des cochongliers, les truites qu'elles n'auront plus des manches courtes et la queue rognée et le saumon sera sauvé quand on en prendra à nouveau sous Vieille-Brioude. Arrêtons de faire comme si l'homme était un martien par rapport à l'environnement et intégrons-le dans toutes les chaînes y compris la chaîne alimentaire. L'homme prédateur est un maillon de l'ensemble. À lui de préserver son milieu et de se souvenir que ce n'est jamais le lion qui met jamais le feu à la savane.

Le nuage islandais nous a donné une belle leçon en nous rappelant que nous sommes dépendants de ce qui se passe aux pôles et à notre porte. Écouter Descartes et se considérer au-dessus de la nature c'est oublier que l'unité de base de notre monde c'est la planète. Ou bien vouloir prendre la place Dieu et c'est une autre forme de folie.

DANIEL RUIZ


Le danger et la monnaie


Un démenti trop insistant ressemble souvent au commencement d'un aveu. « L'euro n'est pas en danger » : la formule a été tellement répétée tout au long de la semaine par les dirigeants européens et jusque dans la bouche du directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qu'elle traduit une réelle anxiété devant la capacité de la monnaie unique à résister à la tempête.
Pour la première fois depuis 2002 elle échappe aux débats d'experts pour redevenir un sujet de conversation courante dans l'opinion. Paradoxalement, c'est au moment où elle semble affaiblie que les Européens se l'approprient vraiment. Comme si la menace qui pèse sur elle stimulait les sentiments à son égard.
Bien sûr, le fantasme du retour aux monnaies nationales resurgit. Même s'il ne s'appuie sur aucune réalité, il entretient quelques nostalgies. Ne matérialise-t-il pas la revanche, peut-être provisoire, des sceptiques ? L'abandon de souveraineté que représentait l'avènement de l'euro fut un tel prix à payer pour l'avenir de l'Union qu'il cristallise aujourd'hui bien des rancoeurs et cimente les critiques contre un outil beaucoup plus fragile que ne l'avaient prétendu ses promoteurs.
Il devait être un instrument de puissance pour le rêve européen et le voilà ballotté par les appétits des spéculateurs. Décevant destin. Lui qui incarnait l'unité laborieuse mais résolue d'un continent s'est transformé en un symbole de complexité... et d'inégalité. Sa crise de croissance met cruellement au jour les contorsionnismes d'une construction si complexe qu'elle vacille sous les assauts de l'histoire. L'Europe n'a jamais semblé aussi diminuée dans le rééquilibrage du monde qui caractérise ce début de XXIe siècle.
DSK vise juste quand il met en avant les risques d'un euro malade, bien plus certains que ceux d'un euro éclaté. La vulnérabilité face au marché représente bien davantage qu'une épreuve économique passagère. Elle érode du même coup le symbole européen tout entier en laissant derrière elle le souffle amer du déclin.
C'est en faisant douloureusement leurs comptes que l'Allemagne et la France mesurent, pourtant, tous les avantages de la monnaie unique. Il a fallu qu'on envisage le péril d'une disparition pour qu'on s'aperçoive à quel point elle serait tout simplement impossible. Une preuve par l'absurde qui oblige tous les membres de la zone euro à avancer, et à sortir du piège par le haut.



Olivier Picard

La Grande-Bretagne refusera tout nouveau transfert de pouvoirs à Bruxelles

Tout nouveau premier ministre britannique, David Cameron se retrouve face à un paradoxe qu'il aurait sûrement préféré éviter. Réputé eurosceptique, il doit se confronter à une volonté de plus en plus forte des Etats membres de l'Union européenne de sortir de la crise actuelle par un supplément d'Europe.
A l'occasion de sa première tournée sur le continent cette semaine, David Cameron a donc marché sur des œufs, désireux de se montrer fidéle à ses promesses de campagne tout en n'obérant pas le sauvetage de la zone euro. A Berlin, vendredi 21 mai, il a ainsi défendu une zone euro "forte", mais sans dissimuler ses réserves sur la régulation des marchés financiers défendue par la chancelière Angela Merkel.

Il a surtout réaffirmé qu'il s'opposerait à toute modification des traités européens qui donnerait davantage de compétences à Bruxelles. "Nous ne voulons pas voir de transfert de pouvoir de Westminster à Bruxelles" a-t-il ainsi martelé.

Or Berlin propose, pour réformer le pacte de stabilité qui régit la monnaie unique, certaines dispositions qui exigent des modifications. "La Grande-Bretagne n'est pas dans la zone euro et ne va pas la rejoindre, et en conséquence la Grande-Bretagne n'approuverait pas un quelconque arrangement qui nous amènerait à soutenir la zone euro", a précisé M. Cameron.

MERKEL TUTOIE CAMERON

Pas de quoi toutefois refroidir la chancelière allemande, Angela Merkel, qui, devant les journalistes, a tutoyé le premier ministre britannique et l'appelant "David", Mme Merkel s'est réjouie d'une "coopération très active, très sincère et amicale", notamment pour les sommets à venir du G8 et du G20. M. Cameron lui a d'ailleurs apporté son soutien sur plusieurs points, au premier rang desquels la nécessaire stabilité de la zone euro et la volonté de réduire les déficits. "Nous voulons une zone euro forte et stable", essentielle pour le commerce extérieur britannique, a indiqué l'hôte du 10 Downing Street.

Mais sur les autres aspects de la régulation, chère à Angela Merkel, qui subit la pression de l'opinion publique allemande surtout depuis sa défaite à un scrutin régional, le premier ministre britannique n'a pas caché ses réserves. Concernant les fonds spéculatifs, dont le projet de régulation adopté mardi doit encore être discuté par les députés européens, M. Cameron a déclaré que la Grande-Bretagne avait des "inquiétudes".

Selon lui, ces fonds ne sont pas responsables de la crise financière. L'Allemagne en revanche "a soutenu" ce plan, a rappelé Mme Merkel. "Les fonds spéculatifs doivent être régulés", selon elle. Même chose selon elle en ce qui concerne les ventes à découvert d'obligations partiellement interdites mercredi à la surprise générale par Berlin. M. Cameron s'est bien gardé de critiquer directement la décision allemande, mais a affirmé qu'il fallait traiter les "causes" des problèmes économiques, et non "les symptômes".

AUCUN PAYS EUROPÉEN N'A A SE COMPORTER COMME UN VASSAL DE L'ALLEMAGNE.

Déficit excessif : consensus au sein de l'UE pour des sanctions

Le président de l'UE Herman Van Rompuy a assuré vendredi qu'un "consensus" s'était dégagé lors de la réunion des ministres des Finances de l'Union européenne pour appliquer "des sanctions" aux pays qui ne respecteraient pas à l'avenir le Pacte de stabilité.
"Nous avons décidé des sanctions. L'une des conclusions est qu'il est apparu très clairement qu'il existait un large consensus sur des santions financières et non financières", a dit M. Van Rompuy à l'issue de la réunion qu'il avait convoquée à Bruxelles.
"Nous devons arriver à une plus grande discipline budgétaire, avons besoin de renforcer le Pacte de stabilité et le rendre plus efficace, tout le monde est d'accord", a insisté M. Van Rompuy.
Les ministres des Finances de l'UE étaient réunis à Bruxelles pour réfléchir aux moyens de renforcer la discipline budgétaire, sous la pression de l'Allemagne qui souhaite imposer de nouvelles sanctions controversées et la mise en faillite de pays trop endettés.
Il s'agissait de la première réunion d'un groupe de travail chargé d'"explorer toutes les options" permettant de durcir la surveillance budgétaire des Etats de l'UE. Il compte rendre ses conclusions en octobre. Il y aura deux autres réunions de ce groupe travail d'ici l'été, a indiqué M. Van Rompuy.