TOUT EST DIT

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jeudi 20 mai 2010

"Les marchés sont réellement hors de contrôle"

"L'individu a besoin de pouvoir juger de ce qu'il fait" dans des marchés qui sont actuellement "réellement hors de contrôle", et "c'est pourquoi nous avons vraiment besoin d'une régulation efficace, c'est-à-dire de créer un mécanisme de marché qui fonctionne correctement", explique le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, jeudi 20 mai, dans un entretien au Financial Times.
Berlin a annoncé mardi soir des mesures d'interdiction de certaines ventes à découvert, destinées à freiner la spéculation, mais qui ont relancé les inquiétudes sur la situation en zone euro et fait chuter les marchés mercredi. La décision allemande a également provoqué l'irritation des autorités françaises, mais Berlin a en revanche reçu le soutien de la Commission européenne.

"Un marché ne fonctionne pas correctement si les risques et les bénéfices sont complètement déséquilibrés", ajoute M. Schäuble qui réclame "une standardisation des produits" financiers et un retour à la prééminence des réels échanges de biens et de service par rapport aux pures transactions financières, notamment celles des marchés hors cote, estimant que "des profits de 25 % minimum sont tout simplement inimaginables dans l'économie réelle".

"L'ALLEMAGNE NE PEUT PAS ÊTRE SEUL GUIDE – CE SERAIT UN NON-SENS"

Regrettant l'abandon par les Etats-Unis et le FMI de l'idée d'une taxe globale sur les transactions financières, le ministre estime "très vraisemblable" qu'aucun accord de la sorte ne pourra être issu de la réunion du G20 en juin au Canada, et qu'il reviendra alors à l'UE "de voir si nous ne pouvons pas avoir une taxe sur les transactions au niveau européen".

Dans cet entretien, M. Schäuble se défend également que son pays puisse jouer encore plus qu'à l'heure actuelle "un rôle de locomotive" pour la croissance européenne : "Que devrions-nous faire pour accélérer la croissance ?" s'interroge le ministre. "Cela ne peut pas être creuser encore les déficit, en contradiction avec les recommandations du pacte de stabilité et de croissance. Cette idée est démente. Je dois réduire mon déficit", affirme M. Schäuble.

Sur le rôle de l'Allemagne dans cette croissance européenne, si le ministre estime que "l'Europe a besoin d'un leadership", il ajoute que "l'Allemagne ne peut pas être seul guide – ce serait un non-sens", que "la France et l'Allemagne pourraient réaliser beaucoup ensemble" et que "ce serait encore mieux si le Royaume-Uni faisait aussi partie de ce partenariat". Et le ministre d'évoquer l'idée d'un " fédéralisme, dans le sens allemand de 'fédéral'".

Bernard Accoyer veut pourfendre les idées reçues sur l'Assemblée nationale

"Les députés sont trop payés et bénéficient de nombreux avantages". C'est par cette sentence un brin provocatrice, que Bernard Accoyer débute le livre qu'il vient de publier. Hasard de l'actualité, c'est au moment même où sort le classement de l'activité des députés, le président de l'Assemblée nationale prend le parti de fustiger les idées reçues à propos de l'institution qu'il préside...

À mille lieux d'un essai politique partisan, l'ouvrage se veut d'abord pédagogique. Et il tient sa promesse.

Certes, ses 128 pages feront le bonheur des étudiants en droit public -surtout à quelques semaines des examens, mais le propos est d'abord fait pour s'adresser à tous les citoyens. Du moins à ceux qui veulent en savoir un peu plus sur les arcanes de la vie publique.

Bernard Accoyer s'efforce de pourfendre un certain nombre des jugements à l'emporte pièce qui collent depuis des décennies à l'Assemblée.

Pour une bonne compréhension, il les a regroupées en trois familles : "les députés, une caste de privilégiés", "l'Assemblée nationale une citadelle" et ?les missions du Parlement, un trompe l'œil".

Pour chacune d'entre elles, il se lance dans des explications brèves, rythmées par des encadrés et des anecdotes. On découvre donc, à la lecture de cet ouvrage à la fois les grandes règles du fonctionnement de l'Assemblée, mais aussi une foule de détails qui font le piment de l'ouvrage. Saviez-vous par exemple, que l'Assemblée reçoit 7 millions de plis par an, qui en fait l'équivalent postal d'une ville comme Pau ou Antibes ?

Bernard Accoyer reproduit également un certain nombre d'éléments rarement détaillés, comme ce "code de bonne conduite applicable aux représentants d'intérêts", qui n'est ni plus ni moins que la réponse de l'Assemblée au phénomène controversé des lobbyistes. Ou encore ce tableau de la rémunération des députés.

Alors bien sûr, on ne manquera pas de relever ici et là, quelques références au renouvellement du règlement de l'Assemblée adopté en juillet dernier et dont Bernard Accoyer a lui même fait l'un de ses chantiers prioritaires. Mais le fond du propos est véritablement ailleurs. Le député de Haute-Savoie s'efforce de jouer la transparence pour défendre avant tout l'institution. Son ouvrage se garde des partis pris. Au point même que l'on regrette simplement qu'il n'ait pas choisi une édition plus richement illustrée à laquelle le contenu de l'ouvrage se serait bien prêté.

Julien ESTRANGIN

Le classement des députés

Classement des députés, révélé par le site internet lesinfos.com, en fonction du nombre de leurs interventions en séances et en commissions (ordre décroissant) au 12 mai 2010.

Les cinq chiffres (entre parenthèses) correspondent aux critères suivant :

1er chiffre : total des interventions du député,

2e chiffre : interventions en séances,

3e chiffre : interventions en commissions,

4e chiffre : rapports et avis,

5e chiffre : propositions de loi (auteur).
1er Patrick Ollier (368 - 145 - 223 - 4 - 3)
2e François Brottes (47 - 167 - 180 - 0 - 2)
3e Pierre Méhaignerie (33 - 145 - 188 - 2 - 1)
4e Jean-Pierre Brard (317 - 223 - 94 - 9 - 10)

5e Charles De Courson (292- 124- 168 - 10 - 0)

6e Gilles Carrez (282 - 117 - 165 - 38 - 0)

7e Jacques Myard (280 - 78 - 202 - 3 - 15)

8e Jean-Luc Warsmann (275 - 109 - 166 - 14 - 30)

9e Axel Poniatowski (268 - 50 - 218 - 2 - 1)

10e Patrick Roy (263 - 210 - 53 - 0 - 0)

11e Martine Billard (261 - 178 - 83 - 2 - 7)

12e Michel Bouvard (260 - 105 - 155 - 4 - 4)

13e Daniel Garrigue (247 - 79 - 168 -16 - 2)

14e Jean Dionis Du Séjour (245 - 130 - 115 - 4 - 0)

15e Jérôme Cahuzac (243 - 107 - 136 - 5 - 1)

16e Jean Mallot (237 - 157 - 80 - 1 - 0)

17e Lionel Tardy (236 -143 - 93 - 0 - 2)

18e Serge Poignant (232 - 65 - 167 - 5 - 0)

19e Jean Gaubert (216 - 109 - 107 - 7 - 0)

20e Roland Muzeau (213 - 164 - 49 - 0 - 5)

128e Claude Birraux (89 - 19 - 70 - 14 -1)

151e Etienne Blanc (80 - 30 - 50 - 12 - 2)

255e Martial Saddier (52 - 19 - 33 - 4 - 0)
367e Bernard Accoyer (32 - 2 - 30 - 1 - 5)
456e Marc Francina (20 - 7 - 13 - 0 - 0)

504e Julien Dray (12 - 8 - 4 -1 - 0)

535e Jean-Jacques Queyranne (8 - 8 - 0 - 0 - 1)

537e David Douillet (8 - 3 - 5 - 0 - 0)

538e Jean Tiberi (7 - 4 - 3 - 1 - 0)

546e Xavier Bertrand (6 - 3 - 3 - 0 - 0)

553e Jack Lang (5 - 0 - 5 - 0 - 0)

563e André Santini (2 - 1 - 1 - 0 - 0)

570e Fernand Siré (1 - 0 - 1 - 0 - 0)

571e Jean-Claude Thomas (1 - 1 - 0 - 0 - 0)

572e François-Xavier Villain (0 - 0 - 0 - 0 - 1)

573e Laurent Cathala (0 - 0 - 0 - 0 - 0)

574e Gérard Menuel (0 - 0 - 0 - 0 - 0)

575e Françoise De Salvador (0 - 0 - 0 - 0 - 0)



Source : site internet de l'Assemblée nationale

Les résultats complets : http://lesinfos.com

L'Iran, enjeu diplomatique

Plus le temps passe, et plus l'hypothèse de voir l'Iran se doter de la bombe nucléaire se renforce. Les experts, nourris de renseignements plus ou moins fiables, revoient régulièrement leurs prévisions. Leur souci est de déterminer combien de temps reste aux grandes puissances pour empêcher le régime de Téhéran de franchir ce seuil lourd d'inconnues. Six mois, voire un an, disent les pessimistes. Un peu plus, espèrent les diplomates. Le temps est, dans cette affaire, une denrée aussi précieuse que l'uranium enrichi. Les Iraniens sont les premiers à le savoir.

Depuis bientôt huit ans, depuis que le risque d'un Iran nucléaire s'est matérialisé, ils n'ont cessé de multiplier les manoeuvres dilatoires. Ils savent que les Américains, surtout avec Obama, ne s'aventureront pas dans une nouvelle guerre. Ils estiment que même les Israéliens, tentés de pratiquer des frappes ciblées comme ils l'ont déjà fait en Syrie, n'oseront pas. Ils considèrent enfin que les sanctions imposées jusqu'ici par la communauté internationale n'ont aucun impact décisif sur leurs visées stratégiques.

Comment, dès lors, contraindre ou convaincre le régime iranien à renoncer à sa bombe ? C'est la question à cent mille dollars qui sillonne toutes les chancelleries. À Paris, on estime que le lent travail de sape économique, entrepris grâce aux sanctions, met le régime iranien aux abois. Les importations européennes en provenance de Téhéran ont chuté de 45 % depuis 2008. Les Gardiens de la révolution vont devoir rendre des comptes à une population plus mobilisée qu'il n'y paraît de l'extérieur. L'anniversaire des élections de l'an dernier, le 12 juin, fera figure de test à cet égard.

Toutefois, cette semaine, un nouveau chapitre vient d'être écrit avec l'accord signé par l'Iran, le Brésil et la Turquie. Un chapitre qui en dit sans doute davantage sur la nouvelle diplomatie des pays émergents, sur les humeurs brésiliennes et turques, que sur l'Iran, toujours soucieux de jouer la montre.

L'accord ne concerne en effet absolument pas le coeur du problème, le volet militaire. Il reprend, avec de nombreuses lacunes, une offre déjà faite par Paris, Washington et Moscou en octobre. Les Iraniens avaient alors refusé. Cette fois, ils ont dit oui. Offrant à deux puissances émergentes un rôle de premier plan sur un dossier brûlant de l'agenda diplomatique.

Depuis quelques années, Brasilia et Ankara ne cachent pas leurs ambitions de puissance régionale, favorisées par la fin de l'unilatéralisme américain. Sur tous les dossiers chauds, et ils sont nombreux dans son voisinage, du Caucase au Proche Orient, la Turquie fait de plus en plus cavalier seul, tout en récusant toute volonté de restaurer l'aura ottomane. À la mesure de son continent et de ses ressources, le charismatique président brésilien fait de même. Les émergents frappent désormais ouvertement à la porte du club le plus exclusif de la diplomatie mondiale, le Conseil de Sécurité.

L'initiative n'a guère plu à Washington où on juge désinvolte le plan turco-brésilien. Dès mardi soir, Hillary Clinton a annoncé qu'un accord était intervenu entre les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, sur de nouvelles sanctions contre l'Iran. Il faudra le vérifier lors du débat, puis du vote dans les prochaines semaines. En attendant, ledossier nucléaire iranien n'est plus seulement un casse-tête. C'est aussi un plat diplomatique de choix, pour tous les appétits.

Laurent Marchand