TOUT EST DIT

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mercredi 19 mai 2010

Retraites : l'UMP pilonne les propositions du PS#

La riposte ne s'est pas fait attendre : à peine le PS avait-il, mardi 18 mai au soir, fait connaître son plan pour les retraites, que l'UMP sautait sur l'occasion de le descendre en flammes. Selon Le Parisien, Nicolas Sarkozy a interpellé en début de semaine les ténors de la majorité, leur demandant "d'enlever les gants blancs" pour parler des socialistes. "Secouez-vous ! Il faut taper, taper !" aurait lancé le chef de l'Etat. Une consigne visiblement bien assimilée : toute la journée de mercredi, les ténors du parti présidentiel ont pilonné les propositions socialistes.
Pour Xavier Bertrand, l'ensemble des solutions du PS sont "un tour de passe-passe tellement démagogique que c'en est une insulte au bon sens des Français". L'UMP attaque particulièrement les solutions de financement des socialistes. Ceux-ci proposent de ne pas reculer l'âge légal de départ à la retraite (sans l'exclure à plus long terme), mais de trouver des moyens de financement nouveaux, essentiellement auprès des revenus du capital.

Pour Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, cela revient à "faire peser le financement des retraites sur l'emploi, les classes moyennes et parfois les Français les plus modestes". Plus précis, Xavier Bertrand évoque par exemple le projet socialiste d'appliquer la CSG (contribution sociale généralisée) aux produits du capital. Selon lui, cette taxe pèserait sur "les 20 millions de contrats d'assurance-vie" existant en France. Un chiffre sans doute quelque peu exagéré : selon Libération, en 2008, on ne comptait que 12 millions de Français titulaires d'un contrat d'assurance-vie, pour plus de 1 000 milliards d'euros.

Réponse, une heure plus tard, de Benoît Hamon : cette mesure n'est "absolument pas dans notre projet". Vrai et faux : le projet socialiste mentionne "l'application de la CSG sur les revenus du capital actuellement exonérés", sans préciser lesquels. Or, les assurances-vie sont – en partie – exonérées de cette taxe.

LE PREMIER MINISTRE MONTE À L'ASSAUT

Mais c'est François Fillon qui s'est montré le plus méticuleux dans ses attaques. A la tribune de l'Assemblée, il a fustigé une série de points précis. Le PS propose ainsi de "relever de 4 % à 20 % le 'forfait social' appliqué à l'intéressement et la participation". Pour le premier ministre, cette taxe toucherait "un tiers des salariés" pour l'intéressement et "44 % d'entre eux" pour la participation.

François Fillon a également accusé les socialistes "d'inventer des recettes virtuelles". Le premier ministre a pris l'exemple "deux milliards d'euros prélevés sur les stock-options et sur les bonus. Deux milliards d'euros sur une assiette de 2,7 milliards d'euros, c'est un taux de 70 %. Autant dire que cette assiette vous l'aurez une fois, une année, et pas deux !"

Réponse outrée, là encore, de Benoît Hamon : François Fillon a pris "des hypothèses complètement farfelues". Le projet socialiste mentionne pourtant explicitement "la majoration des prélèvements sociaux sur les bonus et les stock-options (de 5 % à 38 %)", supposée rapporter 2 milliards d'euros par an. Quant à "l'assiette de 2,7 milliards" évoquée par François Fillon, impossible d'en trouver trace. Un rapport de la Cour des comptes estimait en 2007 à 8,5 milliards d'euros le montant des stock-options versées dans l'année.

Les invectives et les procès en incompétence ont continué sur le même ton. Le socialiste Jean-Marie Le Guen a ainsi répondu au premier ministre : "En 2003 vous étiez le ministre de la réforme qui prétendait régler le problème des retraites jusqu'en 2020." A droite, Eric Woerth, ministre du Travail, accuse les socialistes de vouloir "infliger à la France un choc fiscal sans précédent". Il estime que "60 % des mesures" proposées par l'opposition "taxent le travail".

"Dès qu'on parle de taxer les revenus du capital et taxer les banques, c'est l'ensemble du gouvernement qui se lève tel le conseil d'administration d'une banque française outrée, pour expliquer que c'est impossible, inadmissible, inacceptable", a rétorqué Benoît Hamon, pour qui "le gouvernement entend faire peser l'effort sur la totalité des salariés et des retraités". Une chose semble certaine : la joute verbale n'en est qu'à ses débuts.

L’Allemagne veut rendre possible l’exclusion d’un pays de la zone euro

Envolée, la belle solidarité affichée par les Européens. Alors que la Grèce s’enfonce dans la crise budgétaire, le soutien de ses partenaires tarde à se concrétiser, il se fait même plus diffus. Devant le Parlement allemand, la Chancelière Angela Merkel a repris à son compte une idée de son ministre des Finances : créer un Fonds monétaire européen assorti de sanctions pour les mauvais élèves. L’ultime recours serait l’exclusion pure et simple de la zone euro.

“A l’avenir, il nous faudra intégrer cela dans le Traité pour rendre possible, en dernier recours, l’exclusion d’un pays de la zone euro lorsqu’il ne remplit pas les conditions, et ce encore et encore sur le long terme. Autrement, la coopération est impossible.”

L’orthodoxie à l’allemande est loin de faire l’unanimité parmi ses partenaires. Christine Lagarde a d’ailleurs suggère à Berlin de balayer devant sa porte, en bridant un excédent commercial qui menace la compétitivité de ses voisins de l’eurozone, en l’occurrence la France.

Quant à la Commission européenne, elle lance un avertissement généralisé à 14 pays européens, dont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni ou encore l’Espagne. Ils auraient une fâcheuse tendance à gonfler leurs hypothèses de croissance pour promettre un assainissement budgétaire, sans trop insister sur les mesures concrètes. D’après les chiffres de Bruxelles, un déficit de 7,5% du PIB est revu cette année dans l’ensemble de l’Union européenne.

Crise de la dette : tour du monde des prochaines cibles

La crise née en Grèce, qui frappe la zone euro depuis déjà trois mois, prend une nouvelle dimension. Ni le "mégaplan" de soutien public de 750 milliards d'euros décidé dans l'urgence, ni les mesures d'austérité promises par les Etats, ne parviennent à rassurer les marchés. La monnaie unique s'enfonce chaque jour un peu plus. Elle a baissé, mercredi 19 mai, à moins de 1,22 dollar, du jamais vu depuis avril 2006.
Jusqu'où ira sa chute ? Cette crise s'arrêtera-t-elle aux frontières de l'Europe ? Pour les économistes, le danger est que cette crise de l'euro se mue en une crise mondiale des dettes publiques. L'Américain Nouriel Roubini, l'un des rares à avoir vu venir le choc des subprimes, a prévenu, mardi, à Londres: "Ce qui se passe en Grèce n'est que la pointe d'un iceberg de problèmes de dettes et de déficits publics, dans beaucoup de pays développés, pas seulement en zone euro mais aussi au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Japon."

Toutefois, face aux doutes et à d'éventuelles attaques des marchés, prompts à désigner des cibles, tous les pays n'affichent pas la même vulnérabilité.

* LES PAYS À RISQUE ÉLEVÉ

Les marchés ne pardonnent pas aux Etats qui cumulent un fort niveau d'endettement, ou de gros déficits, avec des problèmes de compétitivité. Des perspectives de croissance faibles, voire nulles, signifient moins de recettes fiscales, donc une moindre capacité à rembourser la dette.

Avec un énorme déficit public – 11 % du produit intérieur brut (PIB) – et un commerce extérieur déficitaire, l'Espagne, passée de la surchauffe à la récession, se trouve dans leur ligne de mire. La demande intérieure est pénalisée par l'endettement des ménages et des entreprises. L'activité est plombée par l'éclatement de la bulle immobilière. Son tissu industriel est faible. Aux yeux des investisseurs, le pays, privé de croissance, est un maillon faible.

Le Portugal souffre aussi d'une faible compétitivité. Le secteur public y est gonflé et la population vieillit. Les comptes sociaux ne peuvent que se dégrader. Pour les marchés, ce pays ressemble à s'y méprendre à la Grèce, en moins grave.

En Italie, le poids de la dette et la longue tradition de mauvaise gestion sont mal perçus. L'un des points faibles du pays est d'être entré dans la zone euro avec une monnaie surévaluée. A plus long terme, se posera le problème de la compétitivité d'une économie spécialisée sur des secteurs mâtures et la démographie est faible.

Même s'il bénéficie d'une structure de dette favorable – avec des échéances de remboursement longues – et de marges de manœuvre fiscales, même s'il peut jouer sur la dévaluation de la livre et sur des taux d'intérêt bas pour soutenir son économie, le Royaume-Uni se range dans les pays à risques, avec un déficit de 11,4 % du PIB. Le pays a fait preuve, par le passé, d'une meilleure faculté d'adaptation aux chocs que l'Europe continentale, mais les marchés vont tester sa capacité à se serrer la ceinture et tenir ses déficits. Toute la difficulté du gouvernement de David Cameron sera de mettre en place des politiques restrictives sans plonger le pays dans la récession.

* LES PAYS À RISQUE MOYEN

Paradoxalement, certains pays semblent relativement à l'abri d'une attaque des marchés malgré un endettement colossal. Du moins à court terme. Le Japon est un cas d'école. Sa dette publique est vertigineuse (227,1 % du PIB en 2010) mais détenue "à 93 % par des investisseurs domestiques", indique Emmanuel Hermand, de la banque Nomura. L'Archipel puise dans l'immense épargne des ménages nippons. Ce fardeau risque pourtant de devenir lourd à porter pour une population qui vieillit et décline. A long terme, la solvabilité du pays est "en danger", avertit l'agence de notation Fitch.

En Irlande, l'endettement est loin d'atteindre ces sommets. Mais les chiffres se sont emballés sur fond de récession et d'explosion du chômage, après l'éclatement de la bulle immobilière: la dette publique devrait frôler les 80 % du PIB en 2010 contre 25 % trois ans plus tôt. Dublin a entrepris une politique d'austérité radicale, dans un climat de consensus social qui rassure les marchés.

La France, elle, va devoir prouver aux investisseurs qu'elle tiendra ses promesses de rigueur. Cela fait plus de trente ans que Paris n'a pas présenté un budget de l'Etat à l'équilibre. Pour l'instant, les agences de notation lui conservent sa note "AAA", même si le pays est jugé plus laxiste que l'Allemagne. Son taux d'épargne est élevé, la consommation des ménages robuste. Les prévisions de croissance pour 2010 sont meilleures que pour la moyenne de la zone euro.

* LES PAYS PEU OU PAS RISQUÉS

Pour des raisons différentes, certains Etats, bien que très endettés, paraissent peu exposés. Il en est ainsi des Etats-Unis, première économie mondiale, dont la dette atteint… 12 974 milliards de dollars. Mais le pays profite du statut du dollar, monnaie d'échange et de réserve mondiale. Il peut aussi s'appuyer sur la Réserve fédérale américaine (Fed), habilitée à racheter de la dette publique, pour éviter que les taux d'intérêt de ses emprunts ne s'envolent. "S'attaquer au dollar c'est avoir la Fed, la Chine et le monde arabe [gros détenteurs de dollars] contre soi", indique Sylvain Broyer, chez Natixis. En outre, les Etats-Unis, modèle d'économie flexible, bénéficient d'une croissance redevenue tonique.

L'Allemagne a donné des gages au marché, en menant une politique de rigueur après la réunification. Aujourd'hui, les règles très strictes qui obligent l'Etat à présenter un budget à l'équilibre satisfont les investisseurs. Même si l'économie dépend fortement de ses exportations – dont 43 % vers la zone euro – sa dette reste une valeur refuge.

Quant aux "BRIC" (Brésil, Russie, Inde et Chine), ils semblent préservés, globalement peu endettés et dopés par une croissance dynamique : "Au Nord la dette, au Sud la croissance", résume Thomas Mayer de la Deutsche Bank.
Claire Gatinois, Anne Michel et Marie de Vergès

Nouveau vent de panique sur les Bourses européennes et l'euro

La décision allemande de s'attaquer à la spéculation financière, les difficultés des Européens à se mettre d'accord sur la mise en œuvre du plan de stabilisation financière de la zone euro et des déclarations de la chancelière Angela Merkel pèsent, mercredi matin, sur les marchés d'actions européens et la parité de l'euro face au dollar.
L'euro est en danger, a déclaré dans la matinée la chancelière allemande lors d'un discours au Bundestag. "Chacun d'entre nous ici peut ressentir que la crise actuelle de l'euro est le plus gros défi auquel l'Europe a à faire face depuis des décennies, depuis la signature du traité de Rome", a-t-elle dit, ajoutant : "Ce défi est existentiel. Et nous devons le relever." "Je réduirai la chose à l'essentiel, a-t-elle précisé : l'euro est le fondement de la croissance et de la prospérité, en même temps que le marché commun, également pour l'Allemagne. L'euro est en danger. (...) Si nous ne traitons pas ce danger, alors les conséquences pour nous en Europe seront incalculables." Angela Merkel a aussi déclaré que les Etats de l'Union européenne devaient "accélérer" les mesures d'assainissement budgétaire. Elle a insisté sur la nécessité de réformer le pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne, et sur une coordination plus étroite des politiques économiques au sein de la zone euro.

Vers 8 heures à Paris, l'euro valait 1,2194 dollar contre 1,2206 dollar mardi soir vers 23 heures. La monnaie européenne est tombée jusqu'à 1,2144 en début de journée, soit son plus bas niveau depuis le 17 avril 2006, victime de l'annonce par le régulateur allemand des marchés financiers, mardi, qu'il s'apprête à interdire certaines ventes à découvert – technique de spéculation à la baisse –, notamment sur des emprunts d'Etat de la zone euro et des titres de plusieurs établissements financiers. Certaines ventes à découvert sont dites sans contrepartie en actions ("naked"), et c'est précisément celles que vise l'interdiction imminente en Allemagne. La Bourse de Paris est repartie en forte baisse en début de séance après la décision des autorités allemandes sur les ventes à découvert. Vers 9 h 10, l'indice CAC 40, qui avait rebondi de plus de 2 % mardi, perdait 2,17 %. Londres a ouvert en baisse, perdant 1,58 % et Francfort 1,44 %.

Le chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), Jürgen Stark, estime, à la télévision publique allemande, que le plan de soutien à la zone euro fait "gagner du temps" mais ne réglera pas à lui seul les problèmes des pays en difficultés financières."Mais les problèmes fondamentaux de certains pays de la zone euro n'en seront pas réglés" pour autant, a-t-il dit, appelant les Etats concernés à remettre leurs finances publiques dans le droit chemin. Il rejette les craintes émises par l'économiste en chef de la Deutsche Bank, Thomas Mayer, selon lesquelles la BCE était menacée de se transformer en "mauvaise banque" en poursuivant ses achats d'obligations. Ce genre de propos "n'aide pas dans la discussion actuelle", déplore M. Stark, tout en assurant que la mission de la BCE n'avait pas changé : "Nous allons garantir la stabilité des prix pour les citoyens" européens.

Déficits : pas de "règle d'or" à l'allemande en France ?

Le groupe de travail piloté par Michel Camdessus, l'ancien-patron du Fonds monétaire international, et chargé en début d'année par Nicolas Sarkozy d'examiner la possibilité de mettre en œuvre une règle d'équilibre des comptes publics, ne devrait pas recommander la mise en place d'une "règle d'or" inspirée du modèle allemand. Le groupe, qui se réunit une dernière fois mercredi 19 mai dans la matinée, devrait l'indiquer à l'occasion de la conférence sur les déficits qui aura lieu jeudi 20 mai dans la matinée à l'Elysée.
Selon l'un des participants à ces travaux, le groupe de travail ne devrait pas proposer la mise en place d'une règle imposant, à travers la Constitution, un solde budgétaire à ne pas dépasser, même avec des dérogations. Les recommandations porteraient plutôt sur un renforcement des procédures parlementaires de contrôle et des obligations de transparence du gouvernement.

La "règle d'or" allemande a consisté à inscrire dans la Constitution, en 2009, que le pays a jusqu'à 2016 pour limiter son déficit structurel à 0,35 % du PIB. Et à partir de 2020, ce sont les déficits dans les Länder qui seront proscrits. Celle loi entrera en vigueur le 1er janvier 2011.

Nicolas Sarkozy suivra-t-il les recommandations du groupe de travail ? En janvier, il s'était dit favorable à une règle contraignante.

Aujourd'hui, le gouvernement allemand fait pression sur ses partenaires de la zone euro pour qu'ils inscrivent un plafond pour leurs déficits dans leur Constitution.
Philippe Le Cœur

LA DISCIPLINE N'EST PAS UNE VERTUE FRANÇAISE, LES ALLEMANDS DOIVENT LE SAVOIR POURTANT !

Retraites : le projet socialiste est «une bombe fiscale» selon Woerth

Le ministre du Travail Eric Woerth a jugé mercredi, sur France Info, que la proposition du Parti socialiste pour financer les retraites revenait à créer une «bombe fiscale».

«C'est 20, 30, 40 milliards d'euros de fiscalité et de cotisations en plus (...)», a-t-il estimé.
Au lendemain de la présentation, par Martine Aubry, des contre-propositions socialistes sur l'épineux dossier des retraites, le ministre a qualifié «la dame des 35 heures» de «dame des impôts». Selon lui, les sources de financement imaginées par le PS «sont des recettes virtuelles, car ce n'est tout simplement pas possible d'imposer à la société française un tel choc fiscal». Car, a-t-il ajouté, ce sont «l'emploi et le pouvoir d'achat» qui sont touchés.

«En plus, l'ensemble des données présentées pour dire que l'on fera 20 à 30 milliards d'euros de recettes sont souvent fausses (...). Le PS doit retravailler pour donner de vrais chiffres, pas fantaisistes», a-t-il dit. Par exemple, augmenter les cotisations sociales pose problème, selon lui, car «elles sont déjà très élevées et chaque point, c'est 50 000 chômeurs de plus».

Quant à puiser dans l'impôt sur les sociétés des banques, «ce n'est pas une recette stable» et «ce sont les Français qui paieront puisque les banques leur refactureront». «Le PS se trompe d'analyse et donc de réponse», a-t-il conclu.

Berlin veut que la BCE s'intéresse à l'examen des budgets nationaux

L'Allemagne veut proposer aux pays européens de confier à la Banque centrale européenne ou à des instituts indépendants l'examen préalable de leurs budgets nationaux, selon un document de travail cité mercredi par le Handelsblatt. Selon le quotidien économique allemand, la chancelière Angela Merkel et ses ministres de l'économie (Rainer Brüderle) et des finances (Wolfgang Schäuble) sont également décidés à suspendre le versement de fonds structurels aux pays qui ne respectent pas leurs objectifs de réduction des déficits, voire à retirer pour "au moins un an" leurs droits de vote en cas d'infraction grave aux règles de l'Union monétaire.
"Les programmes de stabilité des pays de la zone euro pourraient être soumis à un examen indépendant et plus sévère", qui pourrait être mené "par la Banque centrale européenne ou un cercle d'instituts de recherche indépendants", cite le journal. "En toute hypothèse, la responsabilité des Parlements nationaux pour leur budget doit toutefois être respectée", ajoute-t-il.

La Commission européenne a proposé, mercredi 12 mai, de soumettre à partir de 2011 les projets de budget des pays de la zone euro à un examen européen, avant qu'ils passent devant les Parlements nationaux. Cette initiative est à l'étude par les ministres des finances de la zone euro, en dépit de nombreuses critiques en Europe. De son côté, Wolfgang Schäuble, a évoqué lundi soir à Bruxelles l'idée de faire inscrire dans la Constitution des pays de la zone euro un plafond pour les déficits, comme l'a déjà fait l'Allemagne. Les ministres des finances de la zone euro, préoccupés par la chute de l'euro et la crise de confiance qui continue de l'ébranler, doivent se retrouver vendredi pour boucler "les détails techniques" de leur plan de soutien à la monnaie unique.

Retraites: Le contre-projet du PS

Martine Aubry a dévoilé mardi soir les propositions de son parti pour la réforme des retraites. La patronne du PS envisage notamment de taxer les revenus du capital. Mais rejette toujours l'idée d'un allongement de la durée de cotisations. Et pour elle, pas question de toucher aux 60 ans.


Pas touche à l'âge légal de départ à la retraite! Si on a cru un temps que Martine Aubry pouvait bouger quelque peu sur ce sujet, la patronne des socialistes a mis fin au doute. Mardi, à la sortie du conseil national du Parti socialiste, elle a pris la parole pour dévoiler les propositions socialistes sur la réforme des retraites.

"Bâclé" et "extrêmement vague", voilà comment Martine Aubry juge le document d'orientation du gouvernement diffusé dimanche soir. Le PS, jusque-là uniquement positionné sur le terrain de la contestation, a répondu à ses détracteurs ce mardi en proposant un projet "durable, juste et efficace". Un projet visant à pérenniser l'actuel système, donc sans toucher à la sacro-sainte durée de cotisation, ni même à l'âge légal de départ en retraite. "Nous recherchons pour 2025, puisque nous allons commencer par le financement, 45 milliards d'euros (...) auquel nous ajoutons 5 milliards d'euros que nous voulons mettre pour financer les retraites des emplois pénibles, donc 50 milliards d'euros", a dit la maire de Lille en introduction de sa conférence de presse au siège du parti.

Les Français pour le relèvement de l'âge légal de la retraite

Pour permettre au système de perdurer, les socialistes proposent de mettre à contribution les revenus du capital. Ils envisagent ainsi de porter de 5 à 38% les prélèvements sociaux sur les bonus et les stock-options, de relever le "forfait social" appliqué à l'intéressement et la participation (de 4 à 20%), d'appliquer la Contribution sociale généralisée (CSG) aux revenus du capital qui en sont exonérés et d'augmenter de 0,5% la TVA pour compenser la suppression de la taxe professionnelle.

Les intenses négociations qui se sont déroulées en interne au PS ont porté leurs fruits. Et l'arbre est plein de promesses. Martine Aubry a ainsi proposé une "augmentation modérée et étalée dans le temps" des cotisations patronales et salariales mais uniquement à partir de 2012, pour ne pas prélever "sur le pouvoir d'achat": "augmentation de 0,1% de cotisations salariales et employeur chaque année pour atteindre 1% au bout de dix ans", ce qui rapporterait 12 milliards d'euros au système des retraites. "Au bout des dix ans, cela coûte entre 20 et 25 euros par mois pour le salaire moyen", a-t-elle calculé.

Et dans l'hypothèse ou ce financement alternatif ne suffirait pas, le PS admet du bout des lèvres l'hypothèse d'un "nouvel allongement de durée de cotisation" mais "celui-ci ne devrait pas excéder la moitié des gains d'espérance de vie". Mais il n'est tout cas pas question de toucher à l'âge légal de départ à la retraite car "c'est une "protection pour les Français". Selon un sondage publié dans La Tribune, les Français jugaient néanmoins nécessaire, il y a un peu moins d'un mois, le relèvement de l'âge légal de la retraite et la moitié est prête à travailler jusqu'à 62 ans.

Avec le calcul de M. Aubry (plus électoraliste qu'efficace), les retraites de ceux qui seront à la retraite dans dix ans ne seront pas assurées.)

BEAUCOUP D'AUBRY POUR RIEN !

"Paris-Téhéran, aller-retour"


Voilà bien une histoire qui pourrait, si l'on y songe, donner lieu à un film insolite. Un de ceux qui suscitent le débat chez les festivaliers en mai sur la Croisette. On y verrait d'abord une jeune fille, belle, irradiante, de retour de dix mois de captivité du côté d'Ispahan. On l'admirerait tout sourire sur le perron de l'Élysée. On l'entendrait remercier ceux qui l'ont sauvée. Elle pourrait avoir le visage de... Tiens, disons Juliette Binoche. Dans une autre scène, tournée quelques jours plus tard, on assisterait, à l'inverse, à un départ. Un ex-assassin, qui vient de purger dix-neuf ans de prison à Poissy, regagne son pays dans un avion de la compagnie Iran Air. Le long-métrage s'intitulerait par exemple "Paris-Téhéran, aller-retour". On imagine volontiers au générique un de ces petits avertissements qui font en général sourire les spectateurs, tant ils savent à quel point une telle mention est la plupart du temps à prendre au deuxième degré : "Toute similitude avec des personnages existants ou ayant existé ne peut relever que de la pure coïncidence". Restent les détails de l'intrigue. Moins simpliste qu'elle n'en a l'air. À ceux qui se persuaderaient d'emblée qu'il existe
un lien entre l'arrivée de la première et l'expulsion du second, la suite du scénario s'efforcerait de prouver le contraire. Prière de se méfier des apparences.

Ce vaste champ-contrechamp entre la France et l'Iran n'aurait pour seul but que d'illustrer la force du hasard dans le chassé-croisé des citoyens de notre planète. Bien ficelé, ça pourrait mériter une palme d'or. Mais, avouons-le, heureusement que tout cela relève de la fiction. Imaginons un instant que cette affaire se soit déroulée dans la vie réelle. Personne n'y croirait, évidemment. Mais bon, puisqu'on vous dit que ce n'est que du cinéma.


Didier Pobel

Et alors ?

L'euro va mal et alors ? La baisse de notre monnaie ne peut qu'être un stimulant pour nos exportations et la compétitivité de notre industrie, donc pour la production et la relance. Et puis il faut arrêter de plaindre et d'aider les spéculateurs qui gagnent de l'argent avec de l'argent et font fermer les entreprises. Les dirigeants européens gagneraient à se convaincre que pas plus que celle de la France, la politique de l'Europe ne doit se faire à la corbeille. La différence avec notre actualité, c'est qu'en énonçant cette vérité toujours première, le général de Gaulle se préparait à une politique monétaire rigoureuse et au refus de la domination du dollar, avec la dignité politique dont il avait fait sa marque.

Au lieu de cela nous venons, à coups de décisions partielles et temporaires, de sauver, à nouveau, les banques françaises et allemandes qui ont dans leurs comptes près de 50 % de la dette grecque, pour éviter un nouvel épisode des actifs pourris et le retour d'une autre version des subprimes. Et tant pis pour ceux qui croyaient que les considérations budgétaires avaient cédé le pas à la magnanimité et à la solidarité envers la Grèce en grandes difficultés.

La France et l'Union doivent reconquérir leur autorité économique et ne plus garantir les pertes des organismes financiers avec les impôts des citoyens. Elles empêchent ainsi les marchés de s'assainir et nient leur credo libéral qui fait si volontiers l'éloge du risque. C'est dans ce contexte de manque de fermeté politique, qu'a germé l'hypothèse controversée du contrôle des budgets nationaux par Bruxelles dont les ministres des finances débattaient hier encore. Tant que n'existe pas un Conseil des États européens, cette idée n'équivaut qu'à donner plus de pouvoir à la bureaucratique commission. Or ce n'est pas de bureaucratie dont la zone euro a besoin mais d'une politique forte pour ne plus vivre au rythme des émotions des marchés.

L'harmonisation financière, pour servir la croissance, doit s'appuyer sur l'harmonie des politiques de développement. Quand elle sera fondée sur l'aspiration au progrès de tous ceux qui la composent, l'Europe aura du sens. Sinon elle restera une banale zone de libre-échange.

DANIEL RUIZ

Crise d'une monnaie sans État


Les chocs qui secouent l'euro depuis plusieurs semaines conduisent à s'interroger sur l'avenir de la monnaie européenne. L'euro est, à la fois, une chance et un risque. Une chance car il marque une étape très importante de l'histoire européenne. Un risque car il constitue une innovation sans précédent historique : une monnaie sans État.

Ses soucis récents ne doivent pas dissimuler tout ce que l'euro a apporté à la construction européenne. Une défense efficace du pouvoir d'achat, grâce à une hausse des prix maintenue au-dessous de 2 % l'an depuis une douzaine d'années, même si des dérapages ponctuels sur des produits symboliques (ici la tasse de café, ailleurs la baguette de pain...) ont donné l'impression (non fondée) que la nouvelle monnaie avait entraîné tous les prix à la hausse.

De même, l'existence de l'euro a freiné la hausse des taux d'intérêts dans les pays qui avaient l'habitude de financer leur développement en laissant filer leur monnaie. La crise financière elle-même, partie des États-Unis, a pu être contenue (en partie) par l'action rapide de la Banque centrale européenne. Dès l'été 2007, elle a empêché l'assèchement des liquidités dans le système bancaire et, par là, évité des erreurs commises lors de la crise des années trente.

Sur le plan politique, l'existence de l'euro a manifesté auprès des peuples ¯ qui ont ce symbole dans leur poche tous les jours ¯ la poursuite de l'oeuvre de construction européenne. Et ceci, malgré l'élargissement rapide du nombre des pays membres, consécutif à la chute du communisme en Europe centrale et orientale. Les fragilités nées de cet élargissement apparaissent, aujourd'hui, comme le prix de la liberté gagnée par ces pays. Dira-t-on que c'est trop cher payé ?

L'avenir de l'Europe

La crise actuelle de l'euro résulte, pour une part, de cet élargissement trop rapide. Le cas de la Grèce est, si l'on peut dire, exemplaire. Ce pays n'aurait pas dû être admis si vite dans la zone euro. Il n'était pas mûr. On lui a rendu un mauvais service en précipitant les choses. Faute de pouvoir dévaluer sa monnaie nationale pour éponger ses dettes (ce qui l'aurait appauvrie, mais c'est un remède classique quand on se laisse aller trop longtemps), la Grèce va payer encore plus cher le rétablissement de ses équilibres.

Tout cela nous montre que la création de l'euro comportait une logique que les gouvernements n'ont pas voulu prendre en considération. Celle de la construction progressive d'un État original, que Jacques Delors appelle une fédération d'États-nations, différente des fédérations existantes aux États-Unis, en Suisse ou en Allemagne. Cet État fédéral original reste à construire. Dans l'esprit d'un Mitterrand et d'un Kohl, la monnaie unique devait être une étape décisive vers sa création.

La crise actuelle va-t-elle en convaincre les gouvernements concernés, et d'abord la France et l'Allemagne ? C'est très exactement l'enjeu des prochains mois. Cela passe par une coordination plus efficace des budgets nationaux. Et aussi par une action concertée des États membres dans la finance internationale. Avons-nous les hommes d'État conscients de cet enjeu majeur et capables d'éclairer les peuples sur ces chemins inédits ? De la réponse à cette question dépend, non pas l'avenir de l'euro, mais l'avenir de l'Europe.

Libération à trois bandes

Bien sûr il y a eu tractations évidemment le gouvernement a eu raison de ne pas abandonner Clotilde Reiss à sa captivité. Même si la libération des deux Iraniens par la justice française apparaît comme une lourde concession, malgré les dénégations puériles de Bernard Kouchner, il n'y a rien de scandaleux à ce que la France ait payé pour rapatrier sa ressortissante. Ce qui est étonnant c'est le débat que suscite toute cette mise en scène et le questionnement sur les conditions de règlement de l'affaire. Bien au-delà de la libération de Clotilde Reiss et du renvoi de l'assassin de Chapour Bakhtiar dans son pays, l'heureux dénouement signe surtout une victoire politique de l'Iran qui fait passer au second plan la "mousse" de cet épilogue aux allures de billard à trois bandes.

Clotilde Reiss n'a pas été graciée mais libérée contre une amende dont s'est acquittée la France. Notre diplomatie reconnaît implicitement, en faisant ce chèque, que la jeune fille n'est peut-être pas seulement la timide lectrice de l'université d'Ispahan passionnée par l'Iran. « Collaboratrice discrète » de notre ambassade ou pas, les médiations du président brésilien Lula, du Turc Erdogan, de la Syrie et du Sénégal, ont sans aucun doute aidé à la solution du cas Reiss devenu embarrassant pour Téhéran. Mais elles visaient d'abord et avant tout à tenter l'accord de la dernière chance sur la question du nucléaire iranien.

En acceptant d'enrichir une partie de son uranium en Turquie, Ahmadinejad cherche sans doute écarter, au moins provisoirement, les menaces occidentales. Mais il fait aussi la démonstration que l'Iran n'est pas un pays isolé qu'il dispose de puissants relais internationaux et que l'on peut utilement négocier avec lui.

Grâce à ses soutiens, en particulier ceux du Brésil et de la Turquie, membres du Conseil de sécurité, le régime des mollahs a réussi à imposer à l'agence internationale de l'énergie atomique de prendre en compte dans ses considérations le nucléaire israélien. Ahmadinejad espère ainsi passer entre les gouttes des sanctions, et déplace la pression sur Israël. Pendant ce temps la répression et les exécutions des opposants continuent en Iran.

DANIEL RUIZ

Faut-il être ultra ?

Ce sera donc la totale. L'interdiction intégrale contre les intégristes ! La prohibition du niqab partout. Et tant pis pour le Conseil d'État qui recommandait plus de prudence. Pour que le gouvernement s'asseye sur l'avis de la plus haute juridiction administrative française, il fallait, semble-t-il, qu'il y ait péril en la demeure... et des doutes sur la pertinence de ces messieurs (et quelques dames) du Palais-Royal. Après tout, De Gaulle, lui-même, n'avait pas pris davantage de gants avec cette institution non élue quand elle s'était déclarée défavorable à l'élection du président au suffrage universel.
Avouons-le : la décision du Conseil des ministres présente un très gros avantage. Elle est simple. Elle est claire. Elle ne s'expose à aucun risque d'interprétation. Elle met un point final à une dérive intolérable pour l'image et la liberté de toutes les femmes bien au delà de celles qui s'affligent d'une telle servitude volontaire quand elle n'est pas imposée .
Avouons-le aussi, la fermeté de l'exécutif procure la satisfaction, basique mais réelle, de renvoyer dans les cordes l'insolence insupportable de tous les barbus de Nantes et d'ailleurs qui défient les règles du vivre ensemble républicain en instrumentalisant une logique démocratique - chacun est libre de s'habiller comme il veut - pour imposer une logique fondamentaliste dans un pays laïque.
En bonne logique, il ne devrait nous rester qu'une impatience. En finir vite avec ce dossier polémique, important certes, mais tout de même loin des urgences prioritaires du pays. Le soulagement, pourtant, n'est pas au rendez-vous. La manière forte n'est pas sans risque, en effet. Et si le gouvernement était en train de foncer tête baissée dans le piège de la provocation ?
Les extrémistes islamiques n'attendent que ça - l'interdiction générale - pour crier au scandale et jouer la stratégie de la victimisation. Leur objectif, c'est de mettre en porte-à-faux l'immense majorité des musulmans français... qui ne les aiment pas, en instillant en eux le poison de la culpabilisation : ne doivent-ils pas se lever contre cette stigmatisation religieuse ?
Bon nombre de politiques, y compris au sein de la majorité UMP, et y compris le chef de l'État lui même, répugnaient au principe d'une loi dure, porteuse d'effets secondaires contre-productifs. Le débat a finalement tourné le dos à la sagesse et à la réflexion pour s'abandonner à la pression des événements, mélanger sciemment les genres et se laisser pervertir par des considérations électoralistes. La surenchère a prévalu sur l'efficacité. Le réflexe a submergé la raison : certains députés réclament maintenant un référendum en cas de censure, probable, du Conseil constitutionnel saisi à coup sûr. Faut-il vraiment être ultra ?

Les Diafoirus de l'euro


L'euphorie qui s'est emparée des marchés depuis hier n'a d'égale que la panique qui les saisit lorsque survient une rumeur d'attaque. La surréaction des bourses semble indiquer que l'on se contente de décisions qui, pour être indispensables, ne régleront pas les perversions spéculatives. Car le fonds de garantie mis en place par l'Union et la Banque centrale européenne est une véritable prime à la spéculation. Par la simple mécanique des rachats de créances, le prix engagé pour lutter contre la déstabilisation de la monnaie européenne ira, en partie dans la poche des « joueurs » qui avaient misé sur la baisse de l'euro et déclenché l'affolement. Et ce sont encore les citoyens européens qui vont se serrer la ceinture pour rembourser la dette et ses intérêts.

Le nuage financier, engraissé par les spéculateurs, continuera de tourner au-dessus de l'Europe tant que nous nous contenterons de payer pour sauver l'euro sans attaquer le mal à la racine. Les cendres de ce nuage-là empêcheront, encore et toujours, l'économie de redécoller et nous contraindront à la déflation et à ses graves conséquences sur les salaires et le pouvoir d'achat. En tout cas tant que l'on se contentera de discours ronflants sur la refonte du capitalisme au lieu de s'engager dans une véritable coordination économique.

Paradoxalement, l'attaque des spéculateurs pourrait obliger l'Europe à s'engager enfin dans une réforme du système monétaire international. La seule voie pour dégonfler les gains de la spéculation passe par la taxation des plus-values boursières et des mouvements de capitaux accélérés.

N'est-il pas imaginable de taxer les bénéfices boursiers autant que le travail - ce n'est pas le cas - et de décharger de fiscalité l'investissement dans les entreprises, incitant ainsi l'argent à aller vers la production ? Ce serait aussi efficace que de répéter les appels à la rigueur qui chaque fois déclenchent l'inquiétude. Au lieu de cela, nos experts se contentent, comme les médecins de Molière, d'être des Diafoirus qui saignent les salariés plutôt que de refonder l'économie de marché pour relancer la croissance. Le cercle vertueux, c'est quand l'économie est au service des hommes, pas le contraire.

DANIEL RUIZ

Barricade


Un pas à droite, un pas un gauche, un pas en avant, un pas en arrière… Elle aura bien hésité, Martine Aubry, avant de se décider sur les retraites. Et c'est finalement sur la barricade des 60 ans qu'elle est montée, prête dit-elle à la défendre de toutes ses forces. Oublié, ses avancées sur un départ à 61 ou 62 ans, elle mobilise désormais pour une conquête arrachée il y a trente ans par l'union de la gauche. C'est grand, c'est beau, c'est généreux - et ça ne tiendra pas. Car voilà des années qu'on parle de cette réforme, à gauche et à droite, de Michel Rocard à François Fillon. Et le temps a fait son œuvre : l'immense majorité des Français s'est résignée à l'idée qu'il faudra travailler plus longtemps. La retraite à 60 ans n'est plus un droit acquis, c'est un droit qui s'évanouit, presque déjà une nostalgie. Et Martine Aubry, qui rêve d'avenir à bientôt 60 ans, le sait bien.