TOUT EST DIT

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lundi 17 mai 2010


Vite ! reconstruire l'Union

C'était un moment historique. Il faut rendre hommage à Nicolas Sarkozy, décidément bon dans les crises, il faut féliciter les autres chefs d'Etat et de gouvernement d'avoir pris conscience de la gravité du moment, il faut remercier Dominique Strauss-Kahn et Barack Obama d'avoir convaincu Angela Merkel. Sans oublier Jean-Claude Trichet, qui, depuis le début de la crise des « subprimes », sait marier détermination stratégique et pragmatisme pour sauver au mieux l'euro et l'Europe. L'ampleur du dispositif de défense mis en place, 750 milliards d'euros, a arrêté la charge meurtrière des marchés : nous voilà avec un peu de temps. Pas beaucoup, un an maximum, peut-être beaucoup moins. Il urge donc de repenser la construction européenne de fond en comble.

La tâche est rude politiquement et intellectuellement. Politiquement, parce que viennent de se tenir deux élections au résultat négatif ou incertain pour l'Europe. Le retour au pouvoir au 10 Downing Street d'un parti conservateur foncièrement eurosceptique, même si le coalisé Lib Dem est d'un sentiment contraire, est une mauvaise nouvelle. La défaite de M me Merkel en Rhénanie-du-Nord-Westphalie est plus difficile à interpréter. A-t-elle perdu pour avoir « cédé aux Français » et avoir accepté d'aider la Grèce ? Les considérations locales semblent avoir été, plutôt, les raisons déterminantes. On l'espère. Sinon, si les Allemands refusent de voir qu'ils ont intérêt à l'Union, alors s'en est fini. Autant, tout démonter de suite. A M me Merkel d'en convaincre à son tour ses concitoyens. Dans ce cadre, le fait qu'elle doive changer éventuellement de coalition et revenir avec les sociaux-démocrates n'est pas forcément mauvais, au contraire.

On ajoutera la persistance d'un chômage massif qui va favoriser le populisme des extrêmes et nourrir la dénonciation si facile de l'« Europe coupable ». Bref, le climat politique n'est pas au renforcement de l'Union européenne et pourtant nous y sommes : ou l'Europe remet en marche son intégration, ou elle se désintègre.

Comment faire ? La « première nécessité » est de minorer la nuisance des Anglais en allant dans leur (bon) sens pour renforcer le marché unique. Mario Monti vient de dire comment dans un rapport sur les services, sur l'énergie.

L'autre « première nécessité » est de retenir les Allemands en instaurant une réelle discipline de rigueur, en la faisant co-voter par les Parlements des 16 partenaires de l'euro zone, comme l'a proposé Edouard Balladur, et en dotant Bruxelles d'un réel pouvoir de sanctions. Les débats en France (la rigueur est-elle contre la croissance ?) sont tranchés : vu le niveau de dette, c'est la rigueur qui est garante de l'expansion de moyen terme. Mais qui ne comprend qu'il en va aussi de l'adhérence germanique au projet européen ! Nous sommes comme en 1983 quand Mitterrand tranche pour l'austérité pour sauver l'Europe. Que le Parti socialiste ne loupe pas ce moment historique…

Voilà deux angles fondamentaux du triangle isocèle européen : le grand marché (angle britannique) ; la discipline budgétaire resserrée (angle allemand). Il est temps d'ajouter l'angle français du gouvernement économique, c'est-à-dire qu'il est temps de cesser d'en faire un slogan vide.

La fédération des Etats-Unis a une monnaie commune et l'équilibre se fait entre les Etats par la mobilité des capitaux et des hommes. Environ 15 % du budget fédéral sont des transferts. En Europe, le budget « central » n'est que de 1 % du total. Copier le modèle américain signifie demander aux Allemands de payer 15 fois plus : impossible ! Alors que faire ? D'abord, encourager la mobilité du travail, sans plus de tabou.

Ensuite, au-delà du budget, le défi porte sur l'économie réelle. Les économistes doivent nous dire quel est l'équilibre optimal d'une zone monétaire en l'absence de transferts. Peut-il y avoir des pays déficitaires et d'autres excédentaires ? Mais alors quels mécanismes éviteront la désagrégation ? Chaque pays doit-il être à l'équilibre ? Mais est-ce possible dans une zone au départ hétérogène avec des niveaux de vie inégaux ? C'est cela qu'il faut repenser. S'il vous plaît, « bitte », « per piacere », « por favor », « please »… : on a besoin d'idées. Très vite.


ÉRIC LE BOUCHER


Retraites, un pragmatisme… si français

Le gouvernement a donc publié hier ses orientations sur la réforme des retraites. Ce qui intéresse tout d’abord, c’est la méthode choisie dans cette affaire, avec des étapes scrupuleusement respectées. Le plan s’étale sur trois mois, avec une montée en charge progressive. Avril était le temps de la pédagogie sur l’urgence à agir, avec la publication des prévisions catastrophiques de déficit (mais non contestées pour l’essentiel) si on ne fait rien – qui s’expliquent par l’allongement de la durée de la vie. Début mai, il y a quelques jours, le Conseil d’orientation des retraites a chiffré l’effet d’un certain nombre de réformes (porter l’âge de la retraite à 63 ans, allonger la durée de cotisation à 45 ans etc.). Il a montré que quoi que l’on fasse, cela sera insuffisant. Et hier, le gouvernement a publié ses orientations. Leur caractère encore très général est doublement calculé. L’exécutif ne dévoilera ses vrais projets qu’en juin, après le congrès de la CFDT, et au début de l’été ; aujourd’hui, il reste assez flou pour, certes, donner du temps à la concertation ; Mais aussi pour essayer de ne pas donner de prise aux manifestations prévues le 27 mai par la CGT, la CFDT, la FSU, l’UNSA et Sud, qui ont plutôt raté leur rendez-vous du 1er mai. Voilà pour la tactique.

Sur le fond, le ministère du travail confirme en creux que la piste privilégiée est bien le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite. Cela ne fait aucun doute et relève du bon sens. Mais cet aspect des choses disparaît presque derrière l’information qui fait la Une ce matin : la confirmation d’un prélèvement spécial sur les hauts revenus et les revenus du capital. Lequel prélèvement sera exclu du bouclier fiscal. Nicolas Sarkozy retourne ainsi la polémique sur la justice fiscale. L’opinion devrait y être sensible, surtout quand on saura que ce prélèvement représentera probablement – selon les schémas étudiés - plusieurs milliards d’euros. Pour la seconde fois après le financement du RSA, les prélèvements vont donc augmenter. C’est peut-être compréhensible face aux besoins des retraites, mais le discours sur la stabilité de la pression fiscale et sociale n’est plus fondé. C’est un vrai virage. Quoi qu’on en dise, le bouclier est percé et la stabilité des règles n’aura pas tenu plus de trois ans. On parle toujours du bouclier fiscal mais la France aurait besoin d’un bouclier légal !

Le document gouvernemental contient enfin quelques messages discrets que les yeux des spécialistes ont repéré très vite ! Il y en a un pour la CFDT : l’étude d’une réforme en profondeur du système de retraite vers un système par points n’est pas exclue à long terme. Il y en a un pour la CGT, très concernée : le gouvernement laisse entendre qu’il ne touchera pas aux règles propres aux régimes spéciaux (SNCF, RATP...). Les évolutions de ces régimes devront en tous cas respecter «  le calendrier  » de la réforme de 2007 – autrement dit, celui-ci ne devrait pas être accéléré. Il y en a enfin un pour tous les syndicats : le rapprochement des règles applicables aux fonctionnaires et aux salariés du privé est évoquée mais en quelques lignes et sans grand allant.

Au total, un message convaincant ? Si on juge une réforme au fait que les mécontents sont équitablement répartis, c’est le choix du pragmatisme (ou du réalisme si on veut), mais d’un réalisme tellement français. Le gouvernement ne ralliera aucun syndicat à sa bannière ! Mais il va mécontenter aussi les plus aisés (ce qui est toujours bien vu en France) et peut-être des classes moyennes. Une certitude : la crise grecque et européenne donne à la réforme un coup de pouce qui n’était pas prévu.


Dominique Seux

L'euro au plus bas depuis 2006

L'euro a plongé, lundi, à son plus bas niveau depuis quatre ans face au dollar, entraînant les Bourses asiatiques. La monnaie unique européenne cotait 1,2234 dollar vers 4 h 30 (heure française) à Tokyo, son plancher depuis avril 2006. Elle remontait très légèrement peu après 5 heures, autour de 1,2270 dollar, mais restait nettement sous son niveau de vendredi à 23 heures, où elle valait encore 1,2365 dollar. L'euro se dépréciait aussi face à la devise japonaise, à 112,73 yens contre 114,32 yens à 23 heures vendredi.

Les Bourses asiatiques chutaient dans la foulée, inquiètes de cette dégringolade et de la panique ayant soufflé en fin de semaine sur les places financières européennes. Lundi, Tokyo a clôturé en baisse de 2,17 % à 10 235,76 points, son plus bas niveau depuis le 4 mars, et Sydney en baisse de 3,08 %. Vers 5 heures, Shanghaï abandonnait 2,60 %, Hongkong 2,47 %, Taïpeh 2,2 % et Bombay 1,57 %. "Le marché n'a pas confiance en l'euro", a résumé Daisuke Karakama, analyste de marché à la banque Mizuho, qui note que la monnaie unique européenne chute en dépit de toute nouvelle susceptible de peser sur sa valeur.

LAGARDE ET JOUYET NE SONT PAS INQUIETS

Les 750 milliards d'euros mis sur la table la semaine passée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international ne suffisent pas à rassurer les investisseurs, inquiets du haut niveau d'endettement de plusieurs pays de la zone euro, en premier lieu la Grèce mais aussi le Portugal, l'Espagne et l'Italie. "Le marché sait que les 750 milliards d'euros constituent de 'l'argent pour la galerie', car la moitié de cette somme doit encore être approuvée par les parlements [nationaux]", a ajouté M. Karakama.

Plusieurs responsables européens tentent de rassurer malgré tout, dans des interviews, lundi matin. La ministre de l'économie française, Christine Lagarde, affirme que l'euro n'est "pas en danger", soulignant que les seize pays membres de la zone veulent "défendre leur monnaie". Le commissaire européen à l'énergie, l'Allemand Günther Oettinger, estime de son côté que "la plus grave menace qui pesait sur notre monnaie est derrière nous". Les ministres des finances de l'Eurogroupe se réunissent lundi à 17 heures (heure française) pour trouver une nouvelle parade à la dégringolade de l'euro et à l'inquiétude sur la croissance européenne.

Le président de l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, a déclaré lundi sur France-Inter avoir "toute confiance dans l'euro et dans la volonté commune des membres de la zone euro de défendre cette monnaie". "Ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant le niveau de l'euro, qui reste tout à fait acceptable et présente même des avantages en terme de compétitivité extérieure, mais c'est la vitesse de la décélération", a ajouté M. Jouyet.

Quand les enfants traînent leurs parents en justice

J'ai constaté que vous reprenez sur votre blog l'un de mes articles sur les enfants qui réclament une pension alimentaire à leurs parents.
Cet article est soumis à droits d'auteur.
Vous pouvez seulement reprendre le titre, le début de l'article (sans le dessin) et mettre un lien vers le site ouest-France
Merci de rectifier

Marianne Deumié
Ouest-France

JE NE METTRAI RIEN DU TOUT
MON BLOG N'EST PAS UN TORCHON, IL EST RESPECTABLE ET TOUT AUSSI INTELLIGENT QUE VOTRE CANARD DE L'OUEST TROP ATTACHÉ À SES PRÉROGATIVES. A TOUS LES JOURNALISTES CORPORATISTES, BONSOIR !

Mariage de raison à Londres


Après treize années de gouvernement travailliste, une coalition singulière entre la droite (les conservateurs) et le centre-gauche (les libéraux-démocrates) gouverne la Grande-Bretagne. Ce principe d'une coalition, résultat d'une absence de majorité claire au Parlement, s'impose pour la première fois depuis 1945.

Le nouveau Premier ministre conservateur, David Cameron, et le vice-Premier ministre libéral-démocrate, Nick Clegg, ont chacun 43 ans. « Dave and Nick », comme les appelle la presse britannique, incarnent la modernité dans un contexte alourdi par la crise économique. Ils appartiennent à une génération de politiciens qui sait communiquer et a intégré les valeurs de l'écologie ou du développement durable.

Un accord est censé guider l'activité d'un gouvernement composé de vingt-trois ministres, dont cinq libéraux-démocrates. Parmi les points d'accord, il y a la réduction du déficit du budget public, et donc la révision des dépenses de l'État, l'augmentation des impôts pour les tranches supérieures (ce qui ne fera pas plaisir à une partie de l'électorat conservateur), l'objectif de fixer la retraite à 66 ans pour les hommes d'ici à 2016 et pour les femmes d'ici à 2020, le renforcement de l'encadrement des activités bancaires, l'engagement à un programme économique réduisant les émissions de CO2.

Mais tout ne fera pas consensus. Des sujets de controverse risqueront, à tout moment, de fragiliser la coalition « Lib Con », comme on l'appelle à Londres. Le plus important est la réforme du système électoral impliquant l'introduction d'une dose de proportionnelle. Les libéraux-démocrates y sont très favorables car un tel système leur garantira davantage de sièges au Parlement. Les conservateurs y sont, au contraire, opposés. L'idée est de soumettre cette réforme à un référendum.

Le renouvellement des centrales nucléaires est un autre sujet de débat : les conservateurs y sontfavorables et les libéraux-démocrates opposés. Enfin, l'éducation sera un sujet controversé. Une partie des conservateurs (à laquelle n'appartient pas David Cameron) veut sauvegarder les écoles publiques qui sélectionnent (les grammar schools) alors que les libéraux-démocrates veulent donner plus de moyens aux élèves défavorisés (le Pupil Premium).

Pour nous Français, le programme de gouvernement est décevant sur l'Europe. Les libéraux-démocrates auraient pu en faire une condition forte, puisqu'ils constituent le parti britannique le plus pro-européen. Or il n'en est rien. On dit que la Grande-Bretagne ne rejoindra pas l'euro au cours de la législature, que tout nouveau transfert de souveraineté à Bruxelles fera l'objet d'un référendum, et que le gouvernement défendra Bruxelles (au détriment de Strasbourg) comme siège unique du Parlement européen.

Si David Cameron n'est pas un eurosceptique par idéologie, l'essentiel des députés conservateurs de base restent imprégnés par l'héritage de Margaret Thatcher. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, William Hague, en est un bel exemple. Il est dommage que les libéraux-démocrates ne semblent pas disposés à convaincre davantage sur l'Europe, car ils aideraient David Cameron à faire de la Grande-Bretagne un acteur européen engagé, alors que la classique « relation spéciale » avec les États-Unis n'est plus une priorité à Washington.


(*)Christian Lequesne
(*) Directeur du Ceri (Centre d'études et de recherches internationales) à Sciences Po Paris.

François le Rigoureux


François Fillon a de l'avance. Il ne veut pas qu'on parle d'austérité mais son personnage public l'incarne déjà, sans forcer sa nature, et depuis longtemps. Qu'on ne compte pas sur lui pour célébrer, aujourd'hui, l'anniversaire de ses trois ans à Matignon ! Ce n'est pas le genre de ce Premier ministre réservé, prototype de l'anti-bling-bling.
Le chef du gouvernement aurait pourtant de bonnes raisons de mettre les drapeaux aux fenêtres. En quelque sorte, c'est un miraculé. Après avoir théorisé sur la disparition du poste de Premier ministre, il personnalisa, une fois en fonctions, la mise en pratique de ce principe. L'hyperprésidence de Nicolas Sarkozy ne lui laissa rien, ou presque, de la conduite de la politique de la Nation qui lui est pourtant dévolue par l'article 21 de la Constitution.
Il s'accommoda bon gré mal gré de cette relégation moins facile à vivre qu'à imaginer. Entendre le chef de l'État parler de lui comme d'un « collaborateur » ne fut pas indolore. Mais tous comptes faits, cet effacement imposé eut des avantages. Pour la première fois depuis le début de la Vème république, c'était le Premier ministre qui était à l'abri du Président de la République et non l'inverse. Sans pouvoir réel, il était aussi sans responsabilités, et cette distance avec les décisions de l'Élysée le protégea de l'impopularité croissante du pouvoir.
Il n'a pas été un fusible. Il est aujourd'hui un recours. Par petites touches, il a su en effet montrer sa différence, et son caractère. Dès septembre 2007, c'est bien lui qui, le premier, parla d'un État « en quasi faillite » et des conséquences qu'il devait en tirer, provoquant au passage la fureur de l'Élysée. Il rentra docilement dans le rang mais ne manqua plus une occasion de rappeler que la France vivait largement au-dessus de ses moyens. Pour l'opinion, ce Cassandre avait du courage, même si cette vertu ne le poussait pas jusqu'à la démission.
Aujourd'hui, en pleine crise, il est dans son élément. Après avoir avalé tant de couleuvres, pleinement restauré dans la plénitude de ses fonctions par un président décidé à prendre du recul par rapport à l'action quotidienne pour être candidat en 2012, il savoure sa revanche en silence. Son départ de Matignon, si souvent programmé, n'est plus à l'ordre du jour.
Et c'est au moment où le voilà enfin en première ligne qu'il hésite à assumer son discours en endossant jusqu'au bout des manches les habits de Père-la-Rigueur ! Le mot est tabou en effet. Assez grotesquement, le gouvernement et son chef préfèrent jouer sur les mots en parlant de politique « rigoureuse » quand une très large majorité de Français (Opinion Way/Le Figaro) identifie clairement une « politique de rigueur ». En vieux professionnel de la politique, François Fillon n'a pas élevé son goût de la transparence jusqu'à remiser cette langue de bois qu'il pratique aussi avec brio.


Z'avez pas vu l'printemps ?

Certes, ce ne sont pas les énigmes qui manquent par les temps qui courent. Et certaines sont carrément cruciales. Du genre qui aura la palme d'or à Cannes ? DSK sera-t-il président un jour ? Quand Johnny remontera-t-il sur scène ? Ou y a-t-il quelque chose à comprendre dans le nouveau Godard et, si oui, quoi ? Mais il y a plus taraudant encore. La question est sur toutes les lèvres bleuies de frimas. Si on a encore l'esprit à ça, on peut même la chanter sur un vieil air de Nino Ferrer. Z'avez pas vu l'printemps ? Aucune réponse qui tienne pour l'instant. Et nos experts en à-peu-près-tout sont restés étonnamment muets jusque-là. Nulle hypothèse de la part de Claude Allègre. Pas un mot d'Alain Minc. Rien de Finkielkraut. Peut-être le soleil est-il resté bloqué sur quelque tarmac céleste, victime du nuage de cendres islandais. À moins qu'il ne se soit dissous dans une zone euro climatique en proie à la tornade grecque. En forçant un peu le trait, on l'imaginerait volontiers au cœur d'un apéro géant, trinquant là-haut avec des nuages rencontrés sur Facebook ou Twitter, sans oublier de prendre rendez-vous pour la prochaine Fête des voisins. Pas très sympa, en tout cas, pour nous autres les Terriens. On n'ose plus sortir sans cache-nez. Les hirondelles, emblèmes s'il en fut, meurent de froid. Et même les dépenses de l'État se les gèlent. Si ça continue, il va falloir se voiler sur la plage. Bon, aux dernières nouvelles, il paraîtrait que l'astre voudrait bien daigner revenir montrer le bout de ses rayons. Ce n'est pas de refus, camarade. La seule chose qu'on puisse espérer, en attendant, c'est que ce mois de mai automnal inspire les poètes. Le manuscrit des "Feuilles mortes" de Prévert, en vente chez Drouot le 9 juin, est estimé 30 000 euros. Dix fois moins que celui de "Quai des brumes". "T'as d'beaux yeux, tu sais", comme on disait avant cette affaire de burqa. Mais, pardon, c'est une autre histoire.


Didier Pobel

L'Allemagne pour le maintien d'une Pac forte

Le Sénat défend l'agriculture. Son président, Gérard Larcher, et le sénateur de la Manche Jean Bizet cultivent pour cela la relation franco-allemande. Outre-Rhin, on plaide « pour maintenir une Pac à enveloppe constante ».

« La distance entre eux et nous est moins importante que je ne l'imaginais. » Dans le salon Air France de l'aéroport de Berlin, Gérard Larcher dresse un premier bilan de trois jours de rencontres avec des ministres, des responsables de partis, des syndicalistes agricoles, les présidents du Bundestag et du Bundesrat. Le truculent président du Sénat français ne cache pas son soulagement : « Après 2013, il y aura une autre Pac qui ne sera pas un abandon des agriculteurs. »

À Berlin, le numéro deux de l'État français ne s'est pas vraiment embarrassé de protocole. Avocat passionné des territoires et de l'agriculture, il a mouillé sa chemise, et peut-être perdu encore quelques kilos, pour rapprocher les visions française et allemande, et préparer une réforme qui s'annonce autrement que sous le seul angle de l'économie budgétaire.

À budget constant

Horst Köhler, président fédéral de l'Allemagne, situe immédiatement l'enjeu : « L'Europe et les États-Unis ne représenteront bientôt que 10 % de la population mondiale. » Traduction : nous devrons assez largement nourrir le monde. Mais cette sécurité alimentaire doit s'effectuer en respectant l'aménagement du territoire, l'environnement et le revenu des agriculteurs. Tous les dirigeants allemands le disent : « Pour cela, il faut maintenir une Pac à enveloppe constante. »

Entre les deux pays, le débat ne porte que sur la manière de lisser les cours ou de répartir l'aide entre les deux piliers, entre l'aide strictement agricole et le soutien à la diversification. Le désaccord ne concerne guère que les assurances pour aléas climatiques. « Ils ont peur, rapporte Gérard Larcher, que ça devienne un droit de tirage pour les pays du sud. »

Il faudra aussi convaincre certains pays du Nord : « Les Pays-Bas, note Hans-Michaël Goldman, le président de la commission agriculture du Bundestag, veulent supprimer le premier pilier et utiliser tout l'argent dans l'intérêt de la société. » Helmut Born, le secrétaire général du Bauernverband, la FNSEA allemande, explique pourquoi il ne faut pas lâcher : « En 2009, notre production a augmenté de 4 % en volume, mais a baissé de 20 % en valeur. »

Une Pac après la Pac, donc, mais qui ne suffira pas. À l'image de ce que propose la loi de modernisation agricole, débattue au Sénat à partir du 18 mai, il faudra développer la contractualisation producteurs-transformateurs, mutualiser le matériel pour éviter de coûteux surinvestissements, trouver des compléments de revenu dans les cultures énergétiques, la méthanisation, l'éolien ou le solaire. Bref, refonder l'agriculture : « Si les pouvoirs publics ne le font pas, explique le sénateur de la Manche Jean Bizet, président de la commission des Affaires européennes, les marchés vont le faire, et ça va être brutal. »

Malgré tout, une exploitation sur cinq va encore disparaître, spécialement dans le lait. « C'est pour cela, insiste Jean Bizet, renforcé dans sa conviction par son voyage en Allemagne, qu'il faut soutenir d'autres activités. Le Sénat a un devoir de reconquête des territoires. »

Michel URVOY.

APERO FACEBOOK – Un verre ça va, dix verres …

Malgré ses exhibitions embarrassantes, ses maux de tête, ses comas éthyliques et ses bouteilles vides jonchées dans la rue, les apéros Facebook faisaient le bonheur des internautes. Mais le premier mort dû à la fête trop arrosée est à déplorer. Les élus grognent mais que peuvent faire les pouvoirs publics ?
C'était la fête à Nantes jeudi soir. En plein centre-ville, place Royale, des milliers d'internautes s'étaient réunis pour trinquer ensemble lors de l'apéro géant organisé par un groupe Facebook. Le but ? Rassembler le plus de monde possible pour battre les records d'influence précédents dans les autres villes et boire plus que de raison. L'euphorie a pourtant été de courte durée. Brice M., 21 ans, en sérieux état d'ébriété – il aurait bu 10 à 15 verres de whisky selon ses amis - , est décédé vendredi matin des suites de ses graves blessures au crâne et au thorax. Il aurait voulu glisser sur la rampe de l’escalier d’un pont du centre-ville. Le jeune homme a fait une chute de près de 6 mètres.

Qui est responsable ?
Nantes s'est réveillée dans la brume de cette affaire. La préfecture avait en effet interdit ce rassemblement. 10.000 personnes étaient pourtant présentes au plus fort de l'apéro géant. Outre l'accident mortel, 93 personnes ont été prises en charge par les pompiers. 57 ont fini à l'hôpital. 42 internautes fêtards ont été interpellés par les forces de l'ordre. "Nous n’en resterons pas là : nous ferons tout pour identifier les organisateurs", a averti Jean Daudigny, le préfet de Loire-Atlantique. Il souhaite d'ailleurs leur faire payer la facture "à cinq zéros" pour rembourser "la collectivité" et "la Nation". Facebook, lui, n'est juridiquement pas responsable. Le réseau social met juste au service de ses internautes des moyens de communication qu'il leur convient d'utiliser à leur guise. Le site peut simplement supprimer le compte de personnes ayant enfreint les conditions d'utilisation.

Faut-il interdire les apéros géants ?
"Il faut que ce processus s'arrête : c'est un peu glauque, ce n'est pas une fête, les gens venaient pour se défoncer et parmi eux, des ados de 15 ans", a déclaré le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault. Le chef de file des parlementaires socialistes a demandé au ministre de l'Intérieur que soit organisée "une table-ronde avec les associations des maires, des services de santé et tous les partenaires, les mouvements étudiants" pour trouver des réponses au phénomène. Si beaucoup d'élus locaux veulent carrément interdire ces manifestations, la secrétaire d'État au Numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'est prononcée contre l'interdiction "systématique" des apéros géants et préfère que ces rencontres Facebook soient prises en charge comme les raves dans les années 1990. Elle souhaite donc que les organisateurs de ce type de rassemblements intègrent les règles de sécurité basiques qui permettent "de protéger les gens" et d'éviter les situations dangereuses. Les autorités locales et les organisateurs devraient donc travailler main dans la main.

Les pouvoirs publics interviendront-ils à temps pour que le drame de jeudi soir ne se reproduise pas ? De nouveaux apéros géants sont prévus ces prochaines semaines. 50.000 personnes sont attendues le 23 mai à Paris, des milliers d'autres à Bordeaux le 12 juin, le 21 juin à Toulouse et le 26 juin … à Nantes.