TOUT EST DIT

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vendredi 14 mai 2010

La rigueur en Espagne fait grincer des dents au PS

José Luis Zapatero a annoncé mercredi des réductions de salaires pour les fonctionnaires.

L'exemple tourne mal. L'Espagne de José Luis Zapatero s'est résolue à la rigueur en annonçant, mercredi, des réductions de salaires pour les fonctionnaires. Coup dur pour les socialistes français qui avaient érigé le président du gouvernement espagnol en porte-drapeau de la nouvelle gauche européenne. Après son élection en 2003, François Hollande ne jurait que par lui, Ségolène Royal, en 2004, s'est fait surnommer «la Zapatera». Et pour son premier déplacement à l'étranger, c'est en Espagne que s'était rendue la première secrétaire Martine Aubry, l'année dernière.

«Comparer la France et l'Espagne n'est pas possible, prévient d'emblée le porte-parole Benoît Hamon. Je vois ce qu'on voudrait faire. Mais les déficits en France sont liés à des politiques irresponsables en matière de recette.» Le député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone entrevoit aussi le piège politique : «En France, une politique qui amputerait le pouvoir d'achat serait très nocive. Zapatero a tort.»

Mais lorsqu'on quitte le terrain de la tactique politique, les commentaires prennent une autre valeur. «Mon jugement est partagé», explique le député des Hautes-Pyrénées Jean Glavany qui excuse Zapatero: «Il y a une situation économique plus fragile qu'on ne le croyait, à cause de la bulle immobilière.»

«Je souhaite que la France n'en arrive pas là», renchérit le député de Paris Christophe Caresche. Il s'inquiète des risques «déflationnistes» des mesures espagnoles qui pourraient peser sur la consommation. «C'est le type de cercle vicieux qu'il faut éviter.» Au moins, les socialistes français trouvent une vertu dans les décisions du gouvernement espagnol: que les mesures d'austérité s'appliquent aussi au salaire des ministres. «C'est une bonne démarche plutôt exemplaire», commente le député de l'Aisne René Dosière.

La première secrétaire n'a pas encore commenté les décisions de José Luis Zapatero. Mais elle préconisait des remèdes bien différents pour la France. «L'annonce de la baisse aveugle des dépenses sociales ne fera qu'aggraver cette situation en ponctionnant du pouvoir d'achat au détriment de la consommation», expliquait-elle mercredi. Autant dire qu'elle n'est pas prête à prôner des réductions de salaire.

Au tour des fonctionnaires

Partout en Europe, les fonctionnaires découvrent la rigueur. Ce à quoi nous assistons depuis quelques jours constitue un tournant majeur dans les politiques économiques européennes puisque des gouvernements de pays importants ont décidé de prendre, vis-à-vis des fonctionnaires, des mesures sans précédent récent. Mercredi, le gouvernement espagnol avait annoncé une réduction des salaires publics de 5% dès juin, puis un gel en 2011. Un départ à la retraite sur dix seulement sera remplacé. Hier, c’est le Portugal qui est passé à l’action : gel des rémunérations jusqu’en 2013 et suppression de 75.000 postes. La Grèce a, on le sait, supprimé les 13 et 14ème mois de ses fonctionnaires. Dans les trois cas, ce sont des gouvernements socialistes qui ont considéré ne pas avoir le choix parce que l’état de leurs finances publiques inquiète (leurs déficits 2009 ont tourné autour de 10-12-14% du PIB).

Ils ne sont pas les seuls. D’autres pays européens les avaient précédé même si on y avait moins prêté attention : l’Irlande, la Hongrie, la Roumanie, la Lettonie. On parle maintenant de l’Italie.

Pourquoi ce choix ? Le levier de la fonction publique est le plus efficace à court terme sur le déficit public, il suffit d’appuyer sur un bouton – le pari étant de desserrer l’étau en envoyant des signaux clairs. Mettre à contribution les fonctionnaires qui ont la sécurité de l’emploi, c’est aussi pratiquer, considèrent ces gouvernements, une forme d’équité par rapport au secteur privé, qui a vu (surtout en Espagne) une explosion du chômage.

Cet argument aura cependant du mal à passer auprès des fonctionnaires. Et pas non plus le fait que la crise des finances publiques de ces pays n’a pas pour cause la crise financière, mais que celle-ci a simplement révélé que leurs modèles économiques n’étaient pas tenables.

Mais les décisions prises sont évidemment très risquées. Sur le plan social : les syndicats du secteur public sont puissants. Sur le plan économique : parce que ces pays ont besoin de croissance et d’une consommation qui se tient. Sur le plan politique : parce que les gouvernements Zapatero et Socrates (au Portugal) sont affaiblis – pour ne parler que d’eux. Il suffisait de voir la tête, blême, de José Luis Zapatero mercredi.

On rentre, partout, vraiment dans le « dur » de la rigueur, dans tous les sens du terme. Et elle n’évitera pas plus la France que le nuage de Tchernobyl ne l’avait contournée.
DOMINIQUE SEUX

Loi sur la burqa : avis défavorable du Conseil d'État

La haute juridiction estime qu'une interdiction globale ne reposerait sur «aucun fondement juridique incontestable».

Le Conseil d'État a émis un «avis défavorable» au projet de loi du gouvernement visant à interdire complètement le port du voile intégral. Selon nos informations, les Sages réunis en assemblée mercredi, en présence du secrétaire général du gouvernement, ont une nouvelle fois expliqué, comme dans leur étude remise il y a un mois à Matignon, qu'«une interdiction absolue et générale du port du voile intégral en tant que telle ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable» et qu'elle serait «exposée à de fortes incertitudes constitutionnelles et conventionnelles».

«Pas une surprise»

La Cour européenne des droits de l'homme a consacré le «principe d'autonomie personnelle» selon lequel chacun peut mener sa vie selon ses convictions, y compris en se mettant physiquement ou moralement en danger. Dès qu'il y a consentement, il devient donc difficile d'invoquer la dignité de la femme pour fonder une interdiction générale, avaient analysé les Sages dans leur étude. De la même façon, la restriction des libertés au nom du «Vivre ensemble» «serait sans précédent». Un pari juridique qu'ils n'avaient pas voulu prendre, préférant des interdictions sectorisées. «La sécurité publique et la lutte contre la fraude, renforcées par les exigences propres à certains services publics, seraient de nature à justifier des obligations de maintenir son visage à découvert, soit dans certains lieux, soit pour effectuer certaines démarches», avait alors expliqué le rapporteur, Olivier Schrameck, l'ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin. Cette fois, c'est la section de l'Intérieur qui a examiné le projet de loi, pour parvenir aux mêmes conclusions.

«Ce n'est pas une surprise», fait-on savoir à Matignon. «Cela n'entame en rien la détermination du gouvernement à faire évoluer la législation sur ce sujet.» Le gouvernement va passer outre l'avis du Conseil d'État, qui n'est que consultatif. «Il faut assumer les risques juridiques de nos convictions», avait anticipé François Fillon .

La loi au Parlement début juillet

Dans l'exposé des motifs de son projet de loi, que Le Figaro s'est procuré, le gouvernement justifie ainsi son choix d'une interdiction globale : «L'édiction de mesures ponctuelles, se traduisant par des interdictions partielles limitées à certains lieux ou à l'usage de certains services, n'aurait constitué qu'une réponse affaiblie, indirecte et détournée au vrai problème que pose, à notre société, une telle pratique.» Pour bannir le port du voile intégral, les rédacteurs du texte évoquent la notion de dignité de la personne humaine - quand bien même certaines femmes seraient consentantes -, celle de l'ordre public dans son acception large, celle du vivre ensemble, et enfin les questions de sécurité. En somme, ils cumulent les motifs pour interdire le voile intégral.

Ce projet de loi sera présenté mercredi en conseil des ministres. Et devrait être examiné début juillet par les députés et début septembre par les sénateurs, l'objectif étant de le voir adopté définitivement à l'automne. Mais si les députés ont voté à l'unanimité mardi la proposition de résolution du groupe UMP condamnant le voile intégral, comme «attentatoire à la dignité» et «contraire aux valeurs de la République» le consensus s'arrête là. Les socialistes ont déposé leur propre proposition de loi qui préconise une interdiction du port du voile intégral limitée à certains lieux publics. «L'interdire sur l'ensemble de l'espace public ne sera pas opérant, risque d'être stigmatisant et surtout d'être totalement inefficace car inappliqué», a déclaré Martine Aubry.

Si elle est adoptée, la loi devrait entrer en vigueur six mois après sa promulgation, soit au printemps 2011. Car le gouvernement veut croire qu'il n'y aura pas soixante députés pour s'exposer sur la burqa en saisissant le Conseil Constitutionnel. Les premiers contentieux et une éventuelle question préalable de constitutionnalité ne devraient surgir que plus tard. «Ce sera juste avant les élections présidentielles et je pense que le Conseil constitutionnel portera une vision juridique et politique sur ce sujet», pronostique un ministre. En clair, qu'il ne retoquera pas une loi qui invoque la dignité des femmes et le vivre ensemble.


Les géants de l'apéro

C'est un des derniers plaisirs qu'on nous laisse : boire un coup entre amis. Pas si simple. L'apéritif reste encore en vente libre, mais l'amitié ne court pas les rues. Dans une société où la compétition fait rage dès l'école primaire, fraterniser devient un luxe inutile.

On apprend, très tôt, à jouer du coude. Lorsqu'il s'agit de le lever, qui pourrait encore venir trinquer avec nous ? Pas de panique, le réseau social Facebook s'occupe de tout. Soucieux de répondre aux rêveries du buveur solitaire, il bat le rappel et agglomère les bonnes volontés.

Cliquez sur "évènement festif". Tel jour, telle heure, à tel endroit, on convoque l'éphémère convivialité d'un "apéro géant". La compagnie des zincs prend les dimensions d'un centre-ville. Des soiffards inconnus, à ne pas confondre avec les alcooliques anonymes, s'amassent en troupeau. Un, deux, trois, picolez ! Ça copine à tout va, les verres et les rires s'entrechoquent. Quelque chose comme un bain de foule... avec les dents du fond qui baignent.

Les apéronautes s'éclatent, sur l'air de "qu'est-ce qu'on est nombreux !" Au fond, il s'agit moins d'échanger que de se compter, avec l'espoir secret d'établir un record. La cuite au prochain numéro... Comme si l'addition des solitudes finissait par donner un bonheur complet.

Mercredi soir, ils étaient 9000 à Nantes et 10 000 à Montpellier. Le Languedoc l'emporte sur la Bretagne. Quoiqu'au nombre des hospitalisations, comas éthyliques et victimes diverses, le score semble plus serré. Mieux vaut attendre les chiffres de la préfecture avant de désigner un vainqueur. Facebook, de toute façon, ne manquera pas de nous informer.



Gilles DEBERNARDI

CRISE GRECQUE - Sarkozy a-t-il menacé de sortir la France de l'euro ?

Le président français Nicolas Sarkozy aurait menacé de sortir la France de l'euro pour forcer l'Allemagne à accepter le sauvetage de la Grèce. C'est en tout cas ce que croit savoir le quotidien espagnol El Pais , qui rapporte des propos du chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, vendredi.

Le journal, proche des socialistes au pouvoir en Espagne, affirme que José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré cela lors d'une réunion mercredi avec des barons de son parti, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) à Madrid. Nicolas Sarkozy aurait ainsi exigé vendredi dernier "un engagement de tous, pour que tout le monde aide la Grèce, chacun selon ses moyens, où la France réexaminer[ait] sa situation dans l'euro".

L'Élysée ne confirme pas

Contacté par lepoint.fr vendredi matin, l'Élysée a refusé de confirmer les propos prêtés à Nicolas Sarkozy. "Nous ne confirmons pas que le président ait tenu de tels propos", a-t-on indiqué. Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro se sont réunis vendredi dernier à Bruxelles pour entériner le plan d'aide à la Grèce , paquet de 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans, de l'eurozone et du FMI. La décision de sauver la Grèce de la banqueroute n'a pas été prise facilement, notamment à cause de la réticence de l'Allemagne.

"La France, l'Italie et l'Espagne ont fait front commun face à l'Allemagne et Sarkozy en est arrivé à menacer Merkel de rompre le traditionnel axe franco-allemand", qui est un véritable moteur de l'Union européenne, selon un autre assistant à la réunion. L'Espagne est, avec le Portugal, un des pays de la zone euro fragilisé par la détérioration de ses finances publiques, et José Luis Rodriguez Zapatero a été contraint d'annoncer mercredi des mesures d'austérité supplémentaires et impopulaires, sous la pression des marchés et de ses partenaires européens.

DES CONNARDS FRILEUX VONT PENSER QU'IL A JOUÉ AVEC LE FEU, MAIS FACE AUX NAZIS ALLEMANDS QUI VEULENT DIRIGER L'EUROPE SELON LEURS CRITÈRES, IL FALLAIT CETTE ATTITUDE.

Justice sociale et rigueur


Une nouvelle grève générale est annoncée pour le 20 mai en Grèce, contre le plan de rigueur annoncé par le gouvernement. En même temps, environ 55 % des Grecs, selon des sondages, ne sont pas rebelles à la perspective de l'effort douloureux imposé par la situation. Et les autres peuples européens sont assez informés pour ne pas se bercer d'illusions quant à la possibilité d'échapper à des coupes claires. Mais tous y mettent une condition de nature démocratique : l'équitable participation de tous à l'effort commun.

Lorsque le bateau prend l'eau, il est normal que tous les passagers se mettent à écoper. Des sacrifices, oui sans doute. Des sacrifiés, non. Tel est leur message de justice sociale élémentaire.

Deux lignes prioritaires d'action en découlent quand on évoque les rémunérations et la fiscalité.

S'agissant des rémunérations, la tendance, en France comme ailleurs, est à l'élargissement de l'écart entre la base et le sommet. Selon l'Insee, depuis 2004, les iné-galités ne cessent de croître. Tandis que le nombre des travailleurs pauvres (moins de 910 € mensuels) vient de passer de 13,1 % à 13,4 % ¯ soit plus de 8 millions de personnes concernées ¯ le revenu des plus aisés s'envole : 28 % de personnes en plus dans la tranche supérieure à 100 000 € et 70 % dans la tranche au-dessus de 500 000 €.

Et l'Insee souligne qu'au sein du groupe des plus aisés (6 000 personnes), le revenu s'étale de 688 000 à 13 millions d'euros, soit 700 fois le revenu médian. Certes, aux États-Unis, l'écart court vers les 1 000 et même, dit-on, les 10 000 fois le salaire de base ! La démesure vire à l'indécence.

Souvenons-nous de la règle énoncée au XIXe siècle par le banquier américain J. P. Morgan : « Je ne prêterai jamais à une entreprise dont le patron gagne plus de vingt fois le salaire du plus mal payé de sa maison. » Henry Ford allait jusqu'à 40 fois.... Ce qui fait, à l'heure actuelle, un maximum, tout de même confortable, de 500 000 € annuels. Presque une « misère » au regard des millions d'euros de la plupart des dirigeants du CAC 40. De là l'idée avancée par plusieurs économistes, en mai 2009, d'un plafonnement imposé du salaire, rejoignant la suggestion du « comité d'éthique » du Medef, d'une « rémunération des dirigeants... mesurée, équilibrée, équitable ». Quant aux traders, il suffirait de suivre la suggestion de Joseph Stiglitz, de les associer autant aux pertes qu'aux profits.

S'agissant de la fiscalité, la Déclaration des droits de 1789 parlait d'une contribution « répartie entre les citoyens en fonction de leurs facultés ». Un principe aujourd'hui mis à mal. De bouclier en niches fiscales ¯ on en dénombre 470 ! ¯ le taux moyen d'imposition est de 20 % alors que, selon l'Insee, si on appliquait le barème de l'impôt sur le revenu, on en serait à 36 %. Le problème éclate au grand jour lorsqu'on apprend que, par le jeu cumulé des exemptions, en 2008, treize contribuables disposant chacun de 15,53 millions d'euros de patrimoine déclaraient un revenu fiscal de 3 753 € et acquittaient... 47 € d'impôt. Et cela avec la meilleure conscience du monde puisque c'est légal.

Si on ne travaille pas d'urgence à l'instauration d'un véritable « impôt citoyen » sur les revenus, comme le suggère l'économiste Pierre-Alain Muet, chacun aura, à l'heure de l'effort collectif, les meilleures raisons de s'y soustraire.

L'équité est aussi mère de l'efficacité.