TOUT EST DIT

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mercredi 12 mai 2010

La stratégie à hauts risques de M. Strauss-Kahn

Quand Michel Rocard conduit le Parti socialiste à la déroute aux élections européennes de 1994 (14,49 %), il ne perd pas seulement son poste de premier secrétaire, il voit s'évanouir son statut de "candidat naturel" à la présidentielle de 1995.

Jacques Delors, dont le mandat de président de la Commission européenne s'achève début 1995, devient dès lors le "candidat virtuel" du PS. Pendant six mois, on guette les signes de son entrée en campagne avant que le père de Martine Aubry ne jette l'éponge.

Un scénario similaire aurait pu s'imaginer pour Dominique Strauss-Kahn. Quand, à l'automne 2007, l'ancien ministre de Lionel Jospin est nommé, avec l'appui de Nicolas Sarkozy, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), pour un mandat de cinq ans qu'il s'engage à honorer jusqu'à son terme, en octobre 2012, il prévient ses amis : "Je m'éloigne juste un peu, confie-t-il le 8 octobre 2007, le temps de me faire désirer."

A l'image de M. Delors en 1994, "DSK" endosse les habits de "candidat virtuel" du PS pour la présidentielle de 2012. Au congrès de Reims, en novembre 2008, les fabiusiens et une partie des strauss-kahniens s'allient à Martine Aubry sur l'idée de dissocier le poste de premier secrétaire du PS de la fonction de "candidat naturel". Il s'agit alors de contrer les ambitions de Ségolène Royal, qui veut conquérir la direction du PS en posture de présidentiable. L'élection de la maire de Lille conforte d'autant plus les ambitions de M. Strauss-Kahn que ses premiers mois ressemblent à une descente aux enfers, accentuée par un échec cuisant au scrutin européen de juin 2009, où le PS (16,48 %) est talonné par Europe-Ecologie. Une voie royale s'ouvre devant M. Strauss-Kahn. Mais, à l'automne 2009, Mme Aubry reprend la main, lance la rénovation, assoie son autorité et triomphe, en mars, aux régionales.

Face à une première secrétaire qui a l'indéniable avantage d'être "en situation", le patron du FMI recourt avec art au grand écart : faire de son éloignement de la scène française un atout pour conforter le désir de le voir revenir. La crise financière le place en première ligne sur la scène mondiale. Incontournable dans son dénouement, il joue à égalité avec Barack Obama et les chefs d'Etat de la planète. Il se fait l'apôtre de la régulation des marchés. Le "candidat virtuel" engrange comme autant de dividendes les combats remportés contre la spéculation.

Interdit de toute parole politique en France, M. Strauss-Kahn joue l'Arlésienne. Mais une Arlésienne qui envoie en permanence des messages subliminaux. Son omniprésence sert son absence. Epaulé par une équipe de communicants hors pair - Stéphane Fouks, Gilles Finchelstein, Anne Hommel, Ramzi Khiroun -, présent dans la garde rapprochée de Mme Aubry, où figure son principal lieutenant, Jean-Christophe Cambadélis, il déploie sa stratégie.

Tantôt le "candidat virtuel" est concentré sur le seul FMI, tantôt il se prépare. Tantôt il fait une apparition, soigneusement médiatisée, tantôt il réfléchit. Il fait filtrer dans la presse des propos, en date du 3 février, dignes d'un prophète parlant à ses disciples : "Je suis encore dans une phase de réflexion. Mais, si on vous pose la question, ditesque je réfléchis." En même temps, il confie, le 18 avril, à la chaîne américaine CNN : "Peut-être que je resterai encore au FMI pendant des années et des années. Qui sait ?"

Une rafale de livres fait vivre, surtout en bien et un peu en mal, le "candidat virtuel", distillant même des notes plus ou moins fantaisistes où il répartit déjà les places après son élection à l'Elysée.

Et puis il y a les sondages qui, invariablement, font de M. Strauss-Kahn le super favori pour 2012. Dans le dernier sondage IFOP, à paraître le 13 mai dans ParisMatch, le patron du FMI arrive, avec 27 % (+ 4 points), nettement en tête de ceux que les Français souhaitent voir représenter le PS en 2012. Avec 12 %, Mme Aubry est troisième, derrière Mme Royal, 15 % (+ 6 points). Une chute de 8 points qui sanctionne l'absence de Mme Aubry - partie à l'Exposition universelle de Shanghaï pour, après son voyage en Inde, construire son image internationale - de la scène française au moment de la phase aiguë de la crise de l'euro.

Dans un second tour face à M. Sarkozy, "DSK" a été donné plusieurs fois gagnant, Mme Aubry deux fois. Mais deux éléments nuancent la florissante popularité du "candidat virtuel". Le premier est qu'il bénéficie d'une forte bienveillance de l'électorat de droite. Le second est qu'il apparaît souvent en tête des personnalités qui incarnent l'opposition à M. Sarkozy alors que son statut de patron du FMI lui interdit un tel rôle...

Dans la crise, M. Strauss-Kahn a joué avec maestria. Ses compétences sont universellement reconnues. Sa crédibilité économique a été renforcée, profitant par ricochet au PS. Mais cette onction est aussi un piège. Le soutien que le directeur général du FMI a dû apporter aux plans d'austérité mis en oeuvre, et d'abord en Grèce - dont le premier ministre, Georges Papandréou, est aussi le président de l'Internationale socialiste - suscite déjà l'hostilité de la gauche de la gauche. Même si Mme Aubry a concédé, le 11 mai, que "la situation serait peut-être pire" si "DSK" ne dirigeait pas le FMI.

L'ambivalence du compliment donne la mesure de la stratégie à hauts risques de M. Strauss-Kahn. Le calendrier le dessert. La primaire pour désigner le candidat du PS est prévue en septembre-octobre 2011. Or on voit mal le patron du FMI abandonner son poste alors que la France présidera jusqu'en novembre 2011 le G20 et le G8.

S'il revient, l'apôtre du "réformisme radical" incarnera la rigueur, s'attaquant en priorité à la dette et aux déficits. Une certaine continuité économique face à un électorat de gauche qui rêvera sans doute de rupture avec le sarkozysme. Le meilleur scénario pour "DSK" serait que le PS se passe de primaire et fasse appel à lui. Il suppose l'échec de Mme Aubry - qui, si elle ne s'est pas déclarée, se comporte de plus en plus en "candidate naturelle", opposant sa proximité à son éloignement - et le renoncement d'autres postulants, comme Mme Royal.

Face au buzz médiatique autour de M. Strauss-Kahn, Mme Aubry n'a pas été inerte. C'est à Laurent Fabius qu'elle a confié la convention sur l'international (9 octobre) et non à M. Cambadélis, chargé de ce secteur. Après la sortie d'une enquête sur le patron du FMI dans Le Point (1er avril), elle a retiré à Christophe Borgel, autre strauss-kahnien chargé des élections, la préparation des cantonales et des sénatoriales de 2011 et des législatives de 2012, qu'elle a confiée à François Lamy, son bras droit.

La direction du PS donne à la "candidate naturelle" plusieurs longueurs d'avance sur le "candidat virtuel". Quitte à le transformer en "candidat fictif" ?

La Commission recommande l'entrée de l'Estonie dans la zone euro

La Commission européenne a recommandé mercredi 12 mai l'adhésion de l'Estonie à la zone euro au 1er janvier 2011, a annoncé le ministère estonien des affaires étrangères sur son site Internet. Cette recommandation, qui doit maintenant être approuvée par les pays européens, devrait être examinée rapidement.
L'Estonie espère recevoir en juillet le feu vert définitif de l'UE pour passer à la monnaie européenne, et devenir ainsi le 17e pays à l'utiliser. L'entrée dans la zone euro est un symbole majeur pour ce pays des bords de la Baltique, situé à l'extrême nord-est de l'Union européenne à laquelle il a adhéré en 2004, après son divorce de l'URSS en 1991.

L'Estonie sera le premier pays balte et le troisième pays ex-communiste, après la Slovaquie et la Slovénie, à entrer dans la zone euro, qui traverse actuellement la pire crise de son histoire. Pour adopter la monnaie unique, les pays candidats doivent respecter plusieurs critères : maîtrise des finances publiques (déficit et dette) et de l'inflation, fluctuations limitées des changes et des taux d'intérêt.

Selon les dernières prévisions de la Commission européenne, l'Estonie devrait avoir un déficit de 2,4 % cette année et l'an prochain. Sa dette devrait être limitée à 9,6 % en 2010 et 12,4 % en 2011, un record dans l'UE.

A titre de comparaison, le déficit public moyen dans la zone euro est de 6,6 % cette année et de 6,1 % l'an prochain. Pour la dette, les prévisions de la Commission sont de respectivement 84,7 % et 88,5 %. L'Estonie, république balte de 1,3 million d'habitants, espérait d'abord adopter l'euro en 2007, mais elle avait été sanctionnée à cause d'une inflation trop élevée. Son inflation était montée jusqu'à 10,6 % en 2008, mais elle est depuis retombée. Elle devrait atteindre 1,3 % en 2010 et 2 % en 2011.

Eh non, écouter Mozart ne rend pas plus intelligent

Non, écouter la musique de Mozart ne rend pas plus intelligent. D'après une équipe de la faculté de psychologie de l'Université de Vienne qui a étudié environ 3 000 cas compilés dans une quarantaine d'études, il n'existe aucune preuve de l'"effet Mozart".

En 1993, des chercheurs de l'Université de Californie avaient montré qu'un groupe d'adolescents obtenaient de meilleurs résultats à des tests de raisonnement après avoir écouté la Sonate pour deux pianos en ré majeur de Mozart (1781) que ceux qui écoutaient autre chose ou étaient simplement restés dans une salle silencieuse.

Selon Jakob Pietschnig, qui a dirigé l'étude autrichienne, "ceux qui ont écouté de la musique, Mozart ou autre chose – Bach, Pearl Jam – ont de meilleurs résultats que ceux du groupe silencieux. Mais on sait déjà qu'une personne est plus performante s'il y a un stimulus". L'expérience de 1993 n'a porté que sur 36 étudiants, soit un très petit échantillon, a-t-il rappelé.

La publication dans la revue Nature de l'étude sur l'"effet Mozart" en 1993 avait eu un impact considérable dans l'opinion publique, conduisant des crèches américaines à diffuser quotidiennement de la musique classique. Mais, comme le souligne Jakob Pietschnig, l'étude avait été menée auprès d'adultes, et non d'enfants, et il s'agissait de mesurer ponctuellement des capacités cognitives spatiales, non l'intelligence. "Je recommande à tout le monde d'écouter Mozart, mais ça ne va pas augmenter les capacités cognitives comme certains l'espèrent", conclut le chercheur autrichien.

L'"effet Mozart" figure en 6e position de la liste de légendes dressée par le psychologue américain Scott E. Lilienfeld : 50 Grands Mythes de la psychologie populaire" (50 Great Myths of Popular Psychology, 2009).

L'ÉCOUTE DE FRANK ZAPPA SERAIT, A MON AVIS, PLUS APTE À DÉVELOPPER L'INTELLIGENCE, LES NEURONES SONT BOUSCULÉS ET TRAVAILLENT.

Du blanc et du vent sur le Grenelle

La nature, quand elle s'y met, c'est une sacrée drôlesse. Ainsi, pas question pour elle de ne pas s'immiscer dans le débat sur le Grenelle 2 de l'environnement. Pour attirer l'attention, elle nous a d'abord refait le coup de la marée noire, là-bas sur les côtes de la Louisiane. Et comme si ce n'était pas assez, elle en a rajouté une couche hier. Une couche, c'est bien le mot. Surtout à Carcassonne. La cité médiévale, qui a pourtant de la mémoire, ne se souvenait pas d'un pareil temps en mai. Les remparts et les vieilles tours recouverts de flocons ! Pas des cendres islandaises. Non, une bonne vraie neige française donnant tout simplement l'impression de se tromper de saison. Et, plus haut, dans les montagnes du Tarn, on a mesuré trente centimètres de poudreuse. Routes coupées, arbres cassés, électricité en rade. On se serait cru à Noël ou en février. Pareil en Lozère, dans le Cantal et même au col de l'Escrinet où les oiseaux ardéchois se sont arrêtés de chanter. Et pour couronner le tout, le vent s'est mis de la partie. Des vagues de dix mètres de haut ont déferlé en fin de journée sur tout le littoral méditerranéen. Sans faire de victimes, heureusement, mais en balayant d'un jet d'écume les terrasses fraîchement aménagées pour les week-ends prolongés en perspective. Du coup, on s'est moins intéressé à ce qui se disait à l'Assemblée. La tornade du pays niçois a éclipsé les discussions sur l'éolien. Et l'inattendue poussée blanche de Midi-Pyrénées a pris le pas sur la "croissance verte". Le message détourné n'en fut pas moins éloquent. C'est un peu comme si cette "neige du coucou" et cette rafale du Sud s'étaient liguées pour interpeller le gouvernement. "Hé ho, monsieur Borloo, madame Jouanno, n'oubliez pas vos promesses !" Les éléments sont comme ça : ils haussent parfois le ton mieux que les orateurs dans les travées. Il leur arrive même d'être plus forts que les lobbies. On ne va pas leur en vouloir. C'est leur nature profonde.



Didier Pobel

Palmarès des "Gérards du cinéma" 2010 : le meilleur...du pire !

Depuis 2006, les "Gérards du cinéma" récompensent, pour le plus grand malheur des lauréats, le "pire du cinéma français". Parmi les vainqueurs cette année : Luc Besson, Carole Bouquet, Kad Merad, Arielle Dombasle ou encore Franck Dubosc, qui remporte le "Gérard du désespoir masculin" pour sa (contre) performance dans "Cinéman".Prix potaches créés en 2006, les "Gérards du cinéma", inspirés de la cérémonie déjantée des Razzies Awards, récompensent chaque année "le meilleur du pire du cinéma français". Le jury, qui réunissait une vingtaine de journalistes de grands magazines dont Marianne, Le Monde des Livres, Le Nouvel Observateur et Technikart, a décerné lundi soir au sein du théâtre Michel une batterie de Gérards (pour mémoire des parpaings dorés de 10 kg). Sans surprise, aucun des nommés n'a souhaité jouer le jeu, préférant la chaise vide. A la lecture de l'intitulé féroce de certaines catégories, on comprend mieux pourquoi...

- Gérard de l’acteur qui vient manger le pain des français
Sergi López dans Partir.

- Gérard du film avec des petits chiens ou des grosses chiennes
Coco avant Chanel de Anne Fontaine avec Audrey Tautou.

- Gérard de la grosse comédie qui tâche comme on en tournait du temps des Charlots avec Paul Préboist et Alice Sapritch, sauf qu’on est en 2010
Le Baltringue avec Vincent Lagaf'

- Gérard de Madame La Grande Actrice qui va s’encanailler dans une comédie de ploucs pour casser son image de vieille bourgeoise coincée du cul
Carole Bouquet dansProtéger et servir.

- Gérard du film pas nul, mais pas bien. Pas nul, hein. Mais pas bien. Mais pas nul pour autant. Mais pas bien non plus. Mais pas nul. Ceci dit, pas bien. Voyez ?
Gainsbourg - (vie héroïque) avec Eric Elmosnino

- Gérard de l’acteur qui a un nom de maladie
Anna Mouglalis

- Gérard du film qui parle d’une meuf qui fait moyennement envie, et du coup le film bah c’est pareil
Mademoiselle Chambon avec Sandrine Kiberlain

- Gérard de l’acteur que c’est pas qu’on l’aime pas, mais on en a un peu marre de voir sa gueule partout
Kad Merad

- Gérard du titre gay
Ne te retourne pas de Marina De Van

- Gérard du film vraisemblablement adapté d’un article de Marie Claire
Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires) avec Mathilde Seigner

- Gérard de l’acteur dont on espère qu’il n’aura jamais de premier rôle quand on voit comment il se débrouille avec les seconds
Manu Payet dans RTT

- Gérard du réalisateur qui continue à faire des films en toute impunité malgré un CV déjà passablement chargé
Luc Besson avec Arthur et la vengeance de Maltazard

- Gérard du film que quand tu vas le voir, dans la salle, t’as l’impression d’être dans un wagon du RER D un samedi soir à Villiers-le-Bel
Banlieue 13 ultimatum de Patrick Alessandrin

- Gérard de l’actrice dont le mari s’est tellement couvert de ridicule que ses réseaux ne lui permettent plus le moindre rôle, pas même un tapin dans le film de Lagaf’
Arielle Dombasle dans...rien !

- Gérard de l’actrice qui ne bénéficie définitivement pas des réseaux de son beau-frère
Valeria Bruni Tedeschi dans Les Regrets

- Gérard du désespoir féminin
Virginie Efira dans Le Siffleur

- Gérard du désespoir masculin
Franck Dubosc dans Cinéman

- Gérard du plus mauvais film
Cinéman de Yann Moix

Contre les déficits : courage et équité


Ne soyons pas pingres : Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde ont joué un rôle majeur dans le sauvetage de l'euro et de l'Europe. La réactivité présidentielle, arme idéale au plus fort d'une crise, confirme que la politique peut reprendre l'ascendant sur les marchés.

Mais cette victoire, bienvenue pour redorer le blason élyséen, n'a d'avenir que si elle s'accompagne d'une stricte discipline budgétaire. À deux ans de la présidentielle, l'effort s'annonce urgent, massif et donc périlleux.

Urgent : depuis le plan du Premier ministre Mauroy, en 1982, tous les gouvernements ont annoncé des politiques de rigueur et des sorties de tunnel. Vingt-huit ans plus tard, l'État dépense moitié plus ¯ pour boucler les fins de mois davantage que pour financer l'avenir ¯ que ce qu'il engrange de recettes fiscales. Les seuls intérêts de la dette absorbent presque tout l'impôt sur le revenu et privent le pays de deux points de croissance.

Politiquement, il est toujours difficile de demander aux citoyens de se serrer la ceinture en période de croissance. Mais, pour ne l'avoir pas fait, gauche et droite confondues, à la timide exception de Lionel Jospin, le gouvernement doit manoeuvrer un pays plombé, impuissant à financer les solidarités qui font le ciment d'une société. On pourrait en faire le même grief aux Européens, conscients depuis toujours de l'indiscipline grecque. Cette absence de courage fait mal à la politique.

Massif : ou bien nous n'usons que de rustines et on en prend pour des années de croissance molle ; ou bien on taille dans le vif, et ¯ peu importe qu'on le nomme rigueur ou austérité ¯ le redressement sera douloureux. Si douloureux qu'il ne pourra pas être conduit sans un gros effort de pédagogie et, surtout, d'équité.

La potion dont nous parle tardivement François Fillon semble sans commune mesure avec la gravité du mal. Le gouvernement craint de frapper fort au moment où il redoute que les retraites poussent les salariés dans la rue et l'opposition au pouvoir. En résumé, on se retrouve contraint de prendre les mesures les plus douloureuses au pire moment.

Périlleux : il serait très difficile, vis-à-vis de la gauche politique et syndicale, mais aussi de la droite sociale et centriste, de convaincre du bien-fondé d'économies qui ne concerneraient que les plus fragiles. Il serait incompréhensible de réduire les aides sociales sans revisiter les milliards d'allégements fiscaux. D'accroître la cotisation retraite sans reconsidérer le bouclier fiscal et taxer les hauts revenus.

Car le problème est moins de plafonner l'impôt à la moitié du revenu que d'exonérer les plus riches de toute contribution. Les centaines d'exonérations fiscales, ces fameuses « niches » dont l'addition représente 70 milliards de manque à gagner, bénéficient d'abord à ceux qui ont les moyens d'investir pour défiscaliser. Ceux-là ont majoritairement voté Nicolas Sarkozy.

Prisonnière de son électorat et de ses promesses, la majorité, échaudée par les régionales, craint d'être incomprise par les siens. C'est pourtant dans ce gruyère fiscal, autant que dans la baisse de la dépense publique, que réside la solution. François Hollande a raison au moins sur un point : 2012 se jouera sur la fiscalité.

UNE FOIS N'EST PAS COUTUME, JE FAIS DANS LE PIPOLE

Nue et enceinte, Claudia Schiffer pose en une de Vogue
Quelques semaines après Monica Belluci et ses belles rondeurs de maman à la une de Vanity Fair, c'est Claudia Schiffer, nue et enceinte, qui fait la couverture de l'édition allemande du magazine de mode Vogue de juin, photographiée par Karl Lagerfeld, qui sort aujourd'hui.

La photo rappelle irrésistiblement celle d'Annie Leibowitz qui avait fait scandale en août 1991 à la une de Vogue USA, représentant l'actrice américaine Demi Moore enceinte de sept mois. «Ce qui nous importait, c'était de montrer à quel point la féminité peut être belle et qu'avoir une image positive de son corps» est possible en toutes circonstances, explique Claudia Schiffer, 39 ans, citée dans le communiqué de la maison d'édition Conde Nast.

La top modèle aux 500 couvertures de magazine, fait sa 13e couverture de Vogue Allemagne presque 20 ans jour pour jour après celle qui l'a lancée dans son pays.

Claudia Schiffer est mariée depuis huit ans à un Britannique, Matthew Vaugh, et a avec lui un fils de 6 ans, Casper, et une fille de 5 ans, Clementine. La famille vit en Angleterre, entre sa maison londonnienne et un manoir dans le Suffolk.








Dégrossie par le dieu de la mode Lagerfeld, l’ex-égérie de Chanel des années 90 assume crânement ses formes épanouies. Son secret? «Avant, je travaillais tous les jours sans exception, a-t-elle confié au DailyNews. Je travaillais les week-ends, je ne m’arrêtais jamais une seconde. C’est depuis que j’ai rencontré mon mari (ndlr: le réalisateur Matthew Vaughn) que j’ai arrêté de travailler les week-ends. Et quand j’ai eu mes enfants (ndlr: Caspar, 7 ans, et Clementine, 5 ans), j’ai encore levé le pied. J’adore être enceinte. Tu peux faire tout ce que tu veux, sans te sentir coupable. Car avant je me sentais coupable quand je prenais ma journée.» Dans la pose, Claudia Schiffer, désormais libérée, fait jeu égal avec Demi Moore qui, il y a 19 ans, s’affichait en couverture de Vanity Fair. Le cliché avait alors fait scandale. Rien de tel pour Claudia, ou… Monica Bellucci qui, en mars dernier, dévoilait son ventre arrondi en couverture du même Vanity Fair. Ce doit être ça la définition d’une «tendance».
Jean Ellgass

Brown démissionne, Cameron devrait prendre la suite

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé mardi sa démission et l'arrivée imminente à son poste de David Cameron, alors que conservateurs et libéraux-démocrates ont achevé leurs discussions sans dire s'ils avaient trouvé un accord de gouvernement.
Dans la soirée, les dirigeants et parlementaires du Parti libéral-démocrate devaient se réunir afin décider celui des deux grands partis traditionnels dont ils seront le partenaire ou au moins qu'ils soutiendront.
Le départ de Brown met fin à 13 ans de gouvernement travailliste en Grande-Bretagne, moins d'une semaine après les élections législatives remportées, sans majorité absolue, par l'opposition conservatrice.
Le 6 mai, les Tories de David Cameron ont largement devancé le Labour de Gordon Brown, tandis que les "Lib Dems" de Nick Clegg se sont retrouvés en position de "faiseurs de roi" en l'absence de majorité claire.
Depuis, les deux premiers ont abondamment courtisé le troisième et mardi, la conclusion s'est imposée à Brown, forcé de démissionner devant son échec à conserver le pouvoir.
"J'ai informé le secrétaire privé de la reine qu'il est dans mon intention de remettre ma démission à la reine", a déclaré Brown à la presse devant sa résidence du 10 Downing Street.
"Si la reine l'accepte, je lui recommanderais d'inviter le chef de l'opposition à tenter de former un gouvernement. Je souhaite au prochain Premier ministre bonne chance lorsqu'il fera les choix importants pour l'avenir", a-t-il ajouté.
Immédiatement après son allocution, l'ancien chancelier de l'Echiquier a posé une dernière fois aux côtés de son épouse et de leurs deux enfants devant la résidence du Premier ministre.
ACCORD IMMINENT
Le contenu de son discours laisse clairement entendre que les Conservateurs et les Libéraux démocrates sont parvenus à un accord, dont la nature n'est pas encore connue. Le probable futur chef du gouvernement, David Cameron, était en route vers le palais de Buckingham pour y être reçu par la reine.
Des tractations ont eu lieu en fin de journée entre les Tories et les Lib Dems, à l'issue desquelles les négociateurs de chaque parti ont annoncé qu'ils allaient rendre compte du résultat à leurs états-majors.
Le négociateur conservateur, William Hague, a déclaré avoir des recommandations à faire. Son homologue libéral-démocrate Danny Alexander a salué le "bon climat" des discussions.
Dès après le scrutin législatif, les libéraux-démocrates se sont tournés naturellement vers les conservateurs, majoritaires en nombre de sièges remportés à la Chambre des communes.
Une alliance entre ces deux partis disposerait d'une majorité absolue, alors qu'une coalition entre les travaillistes et le parti centriste - entre lesquels les tractations ont été suspendues - nécessiterait l'appoint de petites formations.
Le chef de file libéral, Nick Clegg, devra obtenir le soutien de 75% des parlementaires et membres de l'exécutif pour pouvoir conclure un accord avec les uns ou les autres.
Si les libéraux-démocrates ne parviennent pas à s'entendre, ils devront organiser une conférence extraordinaire du parti, ce qui pourrait prendre jusqu'à une semaine de plus, prolongeant ainsi une incertitude politique qui rend les marchés nerveux.
L'accord semble néanmoins être en passe de se concrétiser d'autant que les conservateurs ont concédé lundi un référendum sur une réforme limitée du système électoral qui introduirait, comme le souhaitent les Lib Dems, une dose de proportionnelle.
La perspective d'un pacte a suffi à la Bourse de Londres pour se redresser, de même que la livre sterling, les marchés supportant mal la prolongation des incertitudes des derniers jours dans un pays où la lutte contre les déficits sera une priorité.
Le nouveau Parlement doit être inauguré le 18 mai et le nouveau gouvernement présenter son programme au parlement de Westminster le 25 mai par la voix de la reine Elizabeth II.


par Sumeet Desai et Tim Castle

La cavalerie permanente

Ne cherchez plus le fil rouge qui va de la banque Lehman Brothers à l'Etat grec : c'est la cavalerie. Pas celle de Lucky Luke, qui arrive toujours en retard, mais celle de la finance. Faire de la cavalerie, c'est emprunter pour rembourser, combler un découvert en créant un autre découvert dans un autre compte, tricher sur les dates de valeur. Une technique opaque, au dénouement souvent fatal, assimilée en France à de l'escroquerie. Mais dans une finance où l'argent circulait à flots, c'était devenu une pratique courante.

Cela fait longtemps que les banquiers ne prêtent plus l'argent collecté auprès de leurs déposants. Le plus souvent, ils offrent aujourd'hui des fonds qu'ils ont eux-mêmes empruntés. Et ils passent leur temps à jouer avec les échéances pour ne pas se trouver à court d'argent. Même la Caisse d'Epargne, qui a longtemps incarné la quiétude aux yeux des Français, a parfois eu du mal à joindre les deux bouts. Cette logique a été gravée dans le marbre par Chuck Prince, l'ancien patron de la banque américaine Citigroup, en juillet 2007, juste avant la première éruption bancaire : « Quand la musique va s'arrêter, en termes de liquidités, les choses seront compliquées. Mais aussi longtemps que la musique joue, vous devez rester debout et danser. Nous dansons encore. » Sauf que parfois, la musique s'arrête. Plus personne ne veut prêter. En jargon technique, on dit que « le marché interbancaire se tend ». Jusqu'à provoquer la chute de la banque Lehman brothers, le 15 septembre 2008.

Les Etats sont aussi devenus des champions de cavalerie. Sur la bonne cinquantaine de milliards d'euros que la Grèce doit lever cette année, plus de la moitié servira à éponger les dettes venant à échéance. La France, elle, prévoit d'emprunter 239 milliards d'euros en 2010 non seulement pour financer un déficit abyssal de 152 milliards mais aussi pour rembourser 87 milliards. De 1997 jusqu'à l'explosion de son déficit en 2009, l'Etat a levé davantage de capitaux pour s'acquitter de ses engagements auprès de ses créanciers que pour financer son impasse budgétaire. Tout ça ne pose aucun problème tant qu'il y a de la musique. Mais si un jour le silence s'installe, si le marché bloque, c'est le défaut de paiement immédiat. Une catastrophe, car les prêteurs disparaissent pour longtemps.

Les entreprises sont plus prudentes, même si des étymologistes soutiennent que ce sont les pratiques douteuses de « chevaliers d'industrie » qui auraient amené à parler de « cavalerie ». Elles avaient certes pris l'habitude de jongler avec leur trésorerie, plaçant et empruntant des milliards pour quelques jours. Mais dès le 16 septembre 2008, elles ont stoppé net cette haute voltige, lançant la plus formidable course au cash de l'histoire. Elles ont sabré leurs dépenses (investissements ou publicité, hélas pour les médias), retardé leurs paiements à l'Urssaf, anéanti leurs stocks. Ce faisant, elles ont déclenché la chute la plus brutale de l'activité jamais observée.

En état de cavalerie permanente, banquiers et Etats ont perpétuellement besoin d'emprunter pour rembourser. Comme si leur sang dépendait de la bonne volonté des donneurs. Si la musique s'arrête, la circulation sanguine de l'économie risque d'être bloquée. Le FMI peut certes agir auprès des Etats « mais ses ressources sont aujourd'hui limitées », avouait son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, il y a quelques mois. Et si les banques centrales peuvent venir au secours des banques (elles l'ont beaucoup fait depuis trois ans), voire des Etats, ce n'est pas dans leur code génétique. « Le défaut est pour moi hors de question », expliquait encore le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, jeudi dernier pour écarter cette perspective.

Dimanche, la BCE s'engageait pourtant à acheter en cas de problème des obligations publiques, tandis que l'Europe accouchait d'un plan de sauvetage à 750 milliards d'euros pour éviter l'asphyxie des Etats. C'est encore plus que les 700 milliards de dollars du plan Paulson forgé en 2008 pour oxygéner les banques. Dans le monde de la cavalerie permanente, il faut absolument un prêteur de dernier ressort. Avec des moyens colossaux.