TOUT EST DIT

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mardi 11 mai 2010

Allonger la durée de cotisation ne suffira pas à combler les déficits des retraites

Un recul de l'âge légal à 63 ans, combiné à un allongement de la durée de cotisation à quarante-cinq annuités, permettrait de couvrir environ la moitié du déficit du régime général (salariés du privé) envisagé en 2050, selon de nouvelles projections du conseil d'orientation des retraites (COR), publiées mardi 11 mai.
Cette hypothèse est la plus défavorable aux salariés, en termes d'allongement de la vie active, parmi celles testées par le COR dans un "dossier technique" publié mardi sur son site Internet. Ces simulations "ont une vocation purement illustrative et ne constituent en rien des pistes de réforme", a précisé le secrétariat général du COR, ajoutant que le document n'engageait pas les membres du conseil, dont certains ont vivement critiqué la préparation de ces chiffrages.

SEULS 53 % DES BESOINS DE FINANCEMENT COUVERTS

Toute une série de variantes ont été testées pour évaluer l'impact de certaines mesures au cœur du débat sur la réforme des retraites : des reculs de l'âge légal de départ ont été envisagés jusqu'à 65 ans et différentes possibilités d'allongement de la durée de cotisation allant jusqu'à quarante-cinq annuités. Des combinaisons des deux types de mesures ont également été testées.

Dans tous les cas, la mise en application de ces mesures est envisagée progressivement, avec des hausses à raison d'un trimestre par an des bornes d'âge et des durées de cotisation nécessaires pour une retraite complète. L'hypothèse qui combine un report de l'âge légal à 63 ans avec quarante-cinq annuités de cotisation permet de couvrir 53 % des besoins de financement projetés à l'horizon 2050 pour la seule branche retraite du régime général (salariés du privé). Ces besoins pourraient atteindre près de 65 milliards d'euros.

Le COR se place pour ce chiffrage dans le scénario économique intermédiaire (avec notamment un taux de chômage à 4,5 %) de son précédent rapport,présenté le 14 avril. Les extraits de ce rapport publiés dans la presse avaient surtout mis en avant les besoins de financement des retraites toutes branches confondues (avec la fonction publique et les régimes complémentaires), qui pourraient dépasser les 100 milliards d'euros à l'horizon 2050.

FAINÉANTS LES FRANÇAIS NE VEULENT RIEN ENTENDRE, C'EST LE SYNDROME DU TITANIC

François Fillon "se contrefout" du débat sur la rigueur

Rigueur, pas rigueur? "Je m'en contrefous", a déclaré mardi 11 mai François Fillon alors que le débat sémantique sur les mesures d'austérité du gouvernement pour 2011-2013 a gagné la majorité. Le terme de "rigueur", rejeté par le premier ministre au profit de l'expression "gestion sérieuse", a été prononcé par deux figures de la majorité, l'ancien premier ministre Alain Juppé et le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé.
François Fillon associe la "rigueur" au tournant économique de 1983, sous François Mitterrand, lorsque l'augmentation des impôts et le blocage des salaires et des prix avaient "provoqué une baisse massive du pouvoir d'achat des Français". A la question de savoir ce qu'il répondait à ceux qui dans son camp n'hésitent pas à employer le mot tabou, le premier ministre a répondu : "Je leur réponds que je m'en contrefous."

"La seule question qui compte, c'est ce qu'on fait. (...) Tout ce débat a assez peu d'intérêt", a-t-il dit à un journaliste lors d'une conférence de presse au terme d'un comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire. Le premier ministre a annoncé jeudi dernier un gel des dépenses de l'Etat sur trois ans, une baisse de 10 % de ses dépenses de fonctionnement et 5 milliards d'euros d'économies sur les niches fiscales en deux ans. "Toutes ces mesures sont dans les lettres de cadrage que j'ai signées ce matin et qui ont été envoyées à tous les membres du gouvernement", a-t-il précisé mardi.

RIGUEUR PAS RIGUEUR, IL FAUT S'Y FAIRE L'ETAT FRANÇAIS EST RUINÉ PAR LA FONCTION PUBLIQUE, IL FAUT FAIRE UNE SAIGNÉE DANS CE BUDGET.

Les Bourses européennes chutent

La Bourse de Paris creusait ses pertes mardi matin, en reculant de 2,36 % à 13 heures, tombant ainsi à 3632,53 points. À 11 h 08, le CAC 40 lâchait 2,43 %, à 3.629,90 points, subissant un nouvel accès de faiblesse après son bond historique de lundi, où il avait enregistré la troisième plus forte progression de son histoire (+ 9,66 %). Lundi, le CAC 40 avait bondi de près de 10 %, réagissant à l'unisson avec les autres places financières , après l'annonce d'un plan de sauvetage d'une ampleur historique pour les pays de la zone euro en difficulté.

Après des semaines de tergiversations sur l'aide à apporter à la Grèce et aux membres de la zone euro affaiblis par de lourds déficits, l'Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE) ont envoyé un signal fort aux marchés. Or la prudence est toujours de mise. L'agence de notation Moody's a fait savoir, lundi, qu'elle pourrait encore baisser la note de la Grèce et du Portugal, tandis que l'euro évolue autour de 1,27 dollar, loin du seuil symbolique de 1,30 dollar constaté brièvement lundi, en pleine euphorie des marchés. "Des craintes de ralentissement de l'activité globale (pèsent sur le marché), alors que la zone euro ne devrait pas pouvoir connaître un rebond important de son activité sans que les pays membres de la zone puissent échapper à une reprise en main de leurs finances publiques", estime Valérie Plagnol, directrice de la stratégie de CM-CIC Securities. En outre, "des craintes de poursuite du resserrement monétaire en Chine" sont d'actualité, poursuit-elle dans sa note de conjoncture.

À l'exception d'EADS (+ 2,44 % à 14,50 euros), de Lagardère (+ 1,29 % à 27,45 euros) et de Veolia (+ 0,41 % à 23,24 euros), toutes les valeurs du CAC 40 étaient dans le rouge vers 13 heures. Les valeurs bancaires reculaient : BNP Paribas perdait 4,73 % à 50,60 euros, Société générale 4,41 % à 38,81 euros et Crédit agricole 6,84 % à 10,015 euros.

Les autres Bourses européennes flanchent aussi

La Bourse de Londres était en baisse, mardi, au lendemain d'une séance folle, marquée par une hausse de 5,16 %, et banques et minières étaient victimes de prises de bénéfices après des hausses à deux chiffres la veille. Vers 13 heures (heure française), l'indice Footsie-100 des principales valeurs cédait 1,80 % à 5.290,64 points.

L'indice vedette de la Bourse de Milan, le FTSE Mib, cédait 1,93 %, mardi vers 13 heures, après son envol record de 11,28 % lundi sous l'effet du plan de secours historique décidé par l'UE pour aider les États les plus fragiles de la zone euro. Les valeurs bancaires, qui ont bondi de façon spectaculaire lundi, cédaient du terrain.

La Bourse de Francfort avait, comme les autres Bourses européennes, la gueule de bois, mardi à l'ouverture, après l'euphorie de la veille. L'indice Dax cédait vers 13 heures 1,17 %, repassant sous la barre symbolique des 6.000 points franchie allègrement à la hausse la veille. Lundi, le Dax avait engrangé 5,30 % sur la séance.

L'indice Ibex-35 de la Bourse de Madrid perdait, mardi vers 13 heures, 4,72 %, après avoir clôturé lundi sur la plus forte hausse de son histoire (+ 14,43 %). Parmi les valeurs les plus pénalisées à la mi-journée mardi figuraient les deux grandes banques Santander (- 5,11 % à 9,01 euros) et BBVA (- 4,59 % à 9,35 euros). L'Ibex-35 avait terminé, lundi, sur la plus forte hausse à la clôture jamais enregistrée depuis sa création, en 1992.

L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam perdait, mardi vers 13 heures, 1,63 % à 329,77 points, après avoir clôturé la veille en hausse de 7,33 %.

L'indice Athex de la Bourse d'Athènes enregistrait vers 13 heures une baisse de 1,94 % par rapport à la clôture de la veille, dans le sillage des autres places financières. Les taux des obligations d'État grecques se tendaient de nouveau, au lendemain d'une forte baisse suite à la mise en place du plan de secours de l'Union européenne (UE) et des mesures de rachat de la dette souveraine par la Banque centrale européenne (BCE). À 10 heures, le rendement de l'obligation grecque à 10 ans se tendait à 7,850 %, contre 6,717 % la veille au soir. Alors qu'il avait atteint, en fin de semaine dernière, son plus haut niveau depuis l'entrée de la Grèce dans la zone euro en 2001, à 12,65 % en séance, il avait enregistré, lundi, un plongeon spectaculaire de 540 points de base. De même, les taux grecs à échéance à 2 ans ressortaient mardi matin à 7,606 %, contre 5,480 % lundi soir.

Les Bourses asiatiques ont terminé en baisse

À Tokyo, l'indice Nikkei a terminé la séance de mardi en repli de 1,14 %, après avoir pourtant ouvert en nette hausse, les acteurs du marché à Tokyo restant très prudents du fait de la cherté persistante du yen face à l'euro et au dollar et de craintes rémanentes.

La Bourse de Shanghai a clôturé à son plus bas niveau depuis près d'un an, après la publication des chiffres de l'inflation, plus forte que prévu, et des prix de l'immobilier, faisant craindre des mesures prochaines de contrôle monétaire, selon des courtiers. L'indice composite - qui recouvre les actions de types A et B, respectivement libellées en yuans et en dollars - a perdu 1,90 %, soit 51,18 points, à 2.647,57 points, dans un volume d'échanges de 101 milliards de yuans (14,8 milliards de dollars). Il a ainsi atteint son plus bas niveau depuis le 27 mai 2009, lorsqu'il avait terminé à 2.632,93 points.

La Bourse de Hongkong n'a pas échappé à la baisse généralisée, perdant 1,37 % mardi, sous le coup d'une retombée de l'euphorie qui s'était manifestée après l'annonce du mégaplan européen pour aider les pays de la zone euro en difficulté et de crainte d'une surchauffe de l'économie chinoise. L'indice Hang Seng a perdu 280,13 points, à 20.146,51 points, dans un volume d'échanges de 70,65 milliards de dollars de Hongkong (9,08 milliards de dollars US).
L'euro rechute sous 1,27 dollar

L'euro reculait face au dollar mardi, les craintes sur la zone euro persistant après la mise en garde de l'agence de notation Moody's, qui envisage d'abaisser les notes de la Grèce et du Portugal, comme l'a fait Standard and Poor's, malgré le colossal plan annoncé par l'Union européenne. Vers 13 heures, l'euro valait 1,2687 dollar, contre 1,2778 dollar lundi soir vers 23 heures. La monnaie unique européenne baissait également face à la devise japonaise, à 117,29 yens, contre 119,19 yens la veille.

L'euro avait grimpé lundi à près de 1,31 dollar, dopé par le plan de secours historique annoncé par les pays de l'Union Européenne (UE) allant jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro, si nécessaire, et endiguer une crise financière qui menace de gagner toute la planète.

Le FMI estime que la plupart des pays européens ont atteint la "cote d'alerte"

L'endettement public a atteint "la cote d'alerte dans la plupart des pays" européens, affirme le FMI dans un rapport publié mardi, préconisant de "vigoureux efforts de rééquilibrage" à "moyen terme", malgré une reprise "modérée et inégale" dans le Vieux Continent.

Selon ce rapport sur les perspectives économiques régionales, "on observe une reprise modérée et inégale de l'activité dans toute l'Europe, qui est alimentée par le rebond du commerce mondial et les mesures de relance prises par les pouvoirs publics". "On s'attend à ce que la croissance s'accélère dans la région en 2010-11, mais les moteurs traditionnels de la reprise seront sans doute moins vigoureux que par le passé", écrit le Fonds monétaire international.

Du coup, "des politiques macroéconomiques d'accompagnement restent nécessaires pour que la reprise puisse se poursuivre". Mais, parallèlement, "les indicateurs de viabilité de la dette publique ont atteint la cote d'alerte dans la plupart des pays, où de vigoureux efforts de rééquilibrage s'imposeront à moyen terme", estime le Fonds. "Pour les pays dont la crédibilité budgétaire est déjà basse, le rééquilibrage des finances publiques est d'autant plus urgent", ajoute-t-il, citant la Grèce, où la nécessité de stabiliser la dette pour ensuite la réduire est "aiguë", et, dans une moindre mesure, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.

Les Bourses ont donné une "réponse excessive" au plan d'aide européen, estime Lagarde

Les marchés financiers ont donné une "réponse excessive" au plan d'aide européen pour endiguer la crise des finances publiques, a estimé mardi la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, prédisant un retour au calme.

"Les marchés ont donné une réponse excessive, comme parfois hier (lundi, ndlr) avec des montées d'indices comme on n'en avait pas vu depuis vingt ans, et comme on n'en avait jamais vu dans certains pays", a déclaré Mme Lagarde sur France Culture.

"Ca a été excessif, ça redescendra, ça se calmera", a-t-elle poursuivi, faisant valoir que le plan européen avait été "à la mesure du défi dans (sa) réplique".

Les Bourses mondiales ont connu lundi des séances historiques enregistrant des hausses spectaculaires et parfois record, après l'annonce dimanche d'un plan de 750 milliards d'euros pour aider les pays membres de la zone euro en difficulté.

Le CAC 40 a gagné près de 10% et Wall Street a affiché sa plus forte hausse de l'année.

Interrogée sur le tabou brisé par la Banque centrale européenne (BCE), qui s'est dite prête à acheter des obligations publiques pour calmer les marchés financiers, quitte à mettre en jeu son indépendance à l'égard des politiques, Mme Lagarde a évoqué le caractère "exceptionnel" de la situation.

"Ce n'est pas orthodoxe dans le fonctionnement de la Banque centrale européenne. Mais à circonstances exceptionnelles, conduite exceptionnelle", a-t-elle commenté. "Je ne suis pas sûre que la BCE le fasse de manière régulière", a-t-elle toutefois ajouté.

Audace

L’actualité fait grise mine. Même si l’Europe semble s’être donné les moyens de calmer la folie des marchés financiers, en s’accordant sur les remèdes de cheval à administrer, chacun mesure que la bataille sera longue encore et que les conséquences pour les peuples seront douloureuses. Le sommet social réuni en France entre le gouvernement et les représentants des syndicats en témoigne, qui met l’accent sur le chômage, la montée de la précarité, l’inquiétude des salariés et des retraités. Nos voisins britanniques et allemands en voient déjà la traduction : piloter aujourd’hui un pays ou une région expose à la sanction électorale. Jusqu’au volcan islandais cracheur de cendres et à la météo d’humeur sinistre, qui rajoutent à la maussaderie !

Un événement, pourtant, éclaire ce tableau cafardeux. Demain, la ville de Metz inaugure son Centre Pompidou, frère cadet du Centre parisien. Non pas pour faire diversion (ou « divertissement ») et détourner le chaland de ses graves préoccupations. Mais, au contraire, pour défier ce contexte sinistre, car le projet ne tourne pas le dos au réel et s’inscrit dans la pleine réalité économique et sociale de notre pays. Voilà une région que les mutations industrielles ont considérablement bousculée, où le taux de chômage est élevé. Presque comme un pied de nez, Metz fait le pari de la culture, en créant ce musée qui doit séduire à la fois par son architecture et par ses collections (pas des plus classiques, puisqu’il s’agit d’art moderne, même si dans sa campagne de publicité, elle insiste sur les valeurs sûres que sont Picasso, Dali ou Warhol) : il s’agit de redynamiser la ville et de rassembler ses habitants autour d’un projet dont ils peuvent être fiers, et surtout d’attirer de nombreux visiteurs, français et étrangers, pour les amener à s’attarder en Moselle.

Le pari est audacieux, certes. Mais, comme les multiples festivals de l’été, « La Folle Journée » de Nantes, les Journées du patrimoine, comme les grandes expositions ou l’invitation à se rendre « Tous à l’opéra », les événements culturels déplacent les spectateurs. Quand les temps sont durs, l’art reste décidément une valeur refuge. Parole de non-boursicoteuse.



Dominique Quinio

Europe'n'roll

Cela suffira-t-il ?

L'euphorie du lundi fou qu'ont connue hier les bourses européennes ne parviendra pas à dissiper cette interrogation anxieuse qui taraude les opinions publiques, comme les économistes.
Dans la nuit de Bruxelles, Nicolas Sarkozy et Angela Merckel ont réussi à mobiliser leurs partenaires européens pour sauver la monnaie unique. C'est un résultat presque inespéré. 750 milliards d'euros : qui pouvait imaginer vendredi soir, à la clôture des places boursières, ce plan de secours comparable à celui mis en place par Barack Obama à l'automne dernier pour soutenir l'économie américaine ? Un succès à l'arraché, aussi spectaculaire que tardif. Mais pour combien de temps est-il acquis, et à quel prix a-t-il été obtenu ? Le pire a été évité, certes, mais le plus difficile reste à faire.
Désormais, la plupart des pays de la zone euro, et en particulier la France, n'ont pratiquement plus de réserves pour contrer une nouvelle offensive spéculative. Ils ont tout mis sur le tapis pour stopper une stratégie mortelle pour l'euro. Une prise de risque ? Même pas ! Ils n'avaient tout simplement pas le choix. C'était ça ou la contagion assurée de la crise grecque à d'autres Européens mal en point comme l'Espagne, le Portugal ou... la France.
La générosité et la solidarité européennes ont joué, bien sûr, mais plus encore l'instinct de conservation des pays membres. Il faut savourer ce soulagement car il ne durera sans doute pas très longtemps. Pour tous, l'heure est venue de payer la facture, de perdre de mauvaises habitudes et de conjurer les perversions du déficit systématique.
Le président de la République a réfuté les termes de rigueur et d'austérité. Nous aurons probablement l'une et l'autre. Si les pays de la zone euro veulent vraiment réduire des déficits qui se sont envolés, ils ne pourront pas le faire, hélas, sans douleur. Rien ne sert de se payer de mots ou de se perdre -comme l'ont dit Jean-François Copé et Alain Juppé- en circonlocutions. En trois mots, ce sera dur.
Plus cigale que fourmi, la France, maintenant, va devoir assumer la concrétisation des décisions de Bruxelles. A commencer par l'Etat, dont le train de vie est, largement, le plus élevé d'Europe. La multiplication des ministères et secrétariats d'Etat, les déplacements en avions privés à 116 000 € le voyage, les gaspillages des campagnes de vaccination mal préparées, il faudra oublier. Si on ne pleurera pas sur la suppression de certains allégements de charges qui n'avaient pas fait leurs preuves, un certain nombre d'aides sociales vont faire les frais du tour de vis présidentiel. Sur les retraites, comme sur le reste, le chef de l'Etat va profiter de la grande peur de la faillite pour serrer les boulons. Il est toujours interdit de parler de relèvement des impôts mais les « riches », comme les petits foyers fiscaux, paieront davantage. Une pénitence égalitaire ?

Au soleil de l'UE, à l'ombre de la rigueur

Revenons un instant sur la journée d'hier. Historique ce 10 mai, quand on y pense. Oh certes, peut-être pas autant que l'autre. Celui, déjà lointain, au cours duquel, on était, selon le mot de Jack Lang, "passé de l'ombre à la lumière". Mais, enfin bon, il aurait été déplacé de faire la fine bouche. Quand on a appris, à l'aube, que les dirigeants européens avaient réussi, pendant qu'on dormait comme des malpropres, à sauver la zone euro, on était bien contents. Et à l'heure du café noir, on se répétait ce chiffre faramineux : 750 milliards en prêts et en garanties ! Ainsi donc, on est capables de ça, nous tous quand on veut bien. Lancer un plan de sauvetage aussi costaud. Osons l'avouer : on était plutôt fiers devant nos glaces. Pour un peu, on aurait siffloté sous la douche "le lundi à l'oseille" sur l'air d'une ritournelle de Claude François. Restait tout de même une vraie condition. Qu'une telle euphorie soit partagée. La confirmation n'a pas tardé. On n'avait pas encore tartiné une biscotte que les radios annonçaient la bonne nouvelle : les marchés boursiers s'envolaient. Le Dow Jones, le Nasdaq, le Footsie flirtaient avec les sommets. Milan lorgnait vers le dôme et Madrid fonçait comme un taureau dans l'arène. Dommage que, dans l'après-midi, le président de la République ait un tantinet émoussé notre bonheur au cours de son sommet social à l'Élysée. Voilà, en effet, qu'il s'est mis une nouvelle fois à nous parler des retraites. On n'avait évidemment pas trop la tête à ça. Pour l'avenir en général, et sans entrer dans les détails, on a compris que ce serait dur. Surtout pour les ménages modestes qui ne bénéficieront plus des mesures exceptionnelles décidées en 2009. À force d'entendre clamer que la nouvelle politique de rigueur n'est pas rigoureuse, certains vont finir par le croire. Décidément, d'un 10 mai à l'autre, le lundi au soleil, c'est une chose qu'on n'aura jamais.


Didier Pobel

Le « sauveur » qui fait tourner les têtes

Très aimé loin de Paris, Strauss-Kahn le serait-il autant, une fois revenu ? Amplifié par deux livres, l'effet DSK déchaîne les passions.
Le parfait client médiatique. Il ne dit rien ? Les exégètes du silence se déchaînent. Il fait dire qu'il réfléchit ? Un événement. Il dîne avec quelques proches ? Deux pages dans Libération. Dominique Strauss-Kahn, le « sauveur » de la Grèce et du monde, le chouchou des sondages, n'en finit déjà plus de faire la une. Les révélations des deux livres qui lui sont consacrés cette semaine (1) vont faire exploser l'audimat.

Faut-il que la France déboussolée soit en manque d'une main rassurante pour porter aux nues un homme dont on ne sait pas s'il a la niaque et le goût du risque pour tenter, à 61 ans ¯ 63 en 2012 ¯ l'aventure présidentielle. Car à supposer qu'il en ait l'envie, la victoire ne sera pas offerte.

Nicolas Sarkozy, son promoteur au FMI, rêve d'un second mandat. À gauche, Martine Aubry tire bénéfice de la défaite de la droite aux régionales. La refondation du parti peut conforter son leadership. La concurrence de François Hollande et de Ségolène Royal risque de limiter l'espace de DSK.

Strauss-Kahn, l'ami des riches, le chantre mondial de la rigueur, jouit d'une moins bonne cote qu'Aubry chez les vieux socialistes, l'extrême gauche et dans les couches populaires. Au jeu de la primaire, la maire de Lille aurait plus de chances d'être sélectionnée même si, sur le papier, il serait mieux placé pour remporter la présidentielle.

Enfin, DSK devrait quitter, un an avant son terme, un poste prestigieux dans lequel il a toutes les chances d'être reconduit. Question à 384 000 € (son salaire annuel) : prendrait-t-il le risque de perdre la proie FMI pour l'ombre de l'Élysée ?

Michel URVOY.

Ouf ! Et maintenant ?


À la clôture des marchés, vendredi, un cauchemar hantait l'Europe. Le risque de contagion de la crise grecque était tel qu'il menaçait d'implosion la monnaie unique. Au plongeon des Bourses, les dirigeants européens ont su répondre par une mobilisation sans précédent avec un plan massif de 750 milliards d'euros. L'Europe a opté pour l'arme lourde dans son duel avec les marchés.

Le verdict, hier matin, avec le rebond spectaculaire de l'euro et l'euphorie des Bourses, était clair et net. Dans le court terme, c'est une victoire politique incontestable. Elle confirme, si besoin était, que le manque d'initiatives politiques communes contribuait à rendre la monnaie unique plus vulnérable.

Deux nouveautés de taille ont été décidées ce week-end. Contrairement à un dogme indûment invoqué, depuis des mois, pour justifier le manque de réponse communautaire, l'Union, par le bras de la Commission, peut apporter une aide financière à un État de la zone euro. Et elle le fera. Ensuite, la Banque centrale européenne, malgré les réticences allemandes, va racheter des obligations souveraines. Cela peut la fragiliser, mais ces deux innovations marquent un tournant. Sous la pression sans précédent des marchés, la position allemande, qui était farouchement hostile à ces choix et qui a longtemps prévalu, était minoritaire ce week-end.

C'est un revers pour Berlin. Après trois mois d'opposition, la chancelière a dû céder, le jour-même où, dans les urnes, elle perdait sa majorité au Bundesrat. Il est encore trop tôt pour mesurer les répercussions sur la politique allemande de ce dimanche noir pour la chancelière. En perdant sa majorité à la chambre haute du Parlement, son gouvernement est plus faible. Mais elle est aussi moins tributaire de son impopulaire allié libéral. Elle n'a d'ailleurs pas manqué, dès hier, de scier la principale promesse électorale de son allié en excluant toute baisse des impôts dans les années à venir.

Au niveau européen, les difficultés de la chancelière viennent s'ajouter à une faiblesse des exécutifs rarement enregistrée ces dernières années. La Grande-Bretagne est sans gouvernement. L'Italie sur la liste des suspects dans les carnets des places boursières. L'Espagne, le Portugal et l'Irlande ont déjà les pieds et les poings liés. Les Pays-Bas votent début juin. La Belgique est au bord du divorce. L'Europe centrale en pleine crise populiste et nationaliste. Seule la Pologne de Donald Tusk, même si le sort vient de s'acharner sur sa classe dirigeante, sort la tête haute de la crise financière.

La France a joué un rôle crucial dans la gestion de la crise. Nicolas Sarkozy fait bien de ne pas souligner les tensions avec Berlin ni les faiblesses passagères de la première puissance européenne. Car le contexte et l'avenir sont encore trop lourds d'incertitudes. La rigueur budgétaire, élevée au rang de dogme outre-Rhin, reste un passage obligé pour tous les gouvernements. Car, derrière le champignon atomique du plan de 750 milliards d'euros, les comptes parlent. Et ils sont dans le rouge à Paris, Rome, Londres ou Vienne.

C'est à des États lourdement endettés que l'on promet de nouveaux prêts. Ce n'est pas un détail rassurant en soi, et il n'échappe pas au réalisme, souvent cynique, des marchés. La flambée d'hier ne doit pas faire oublier que l'horizon de ce problème de solvabilité porte un nom : la discipline budgétaire. Une autre bataille à venir et, cette fois, pas seulement avec les marchés.

Laurent Marchand

EURO – Un fonds mais sans un seul penny

L'Union européenne s'essaye désormais à la solidarité immédiate. Alors que pour venir en aide à la Grèce, les tractations furent longues et houleuses, cette fois-ci les 27 ont vu l'urgence de la situation, et les ministres européens des Finances ont approuvé, dimanche, la mise en place d'un plan de soutien à la zone euro
A Bruxelles, le week-end fut éprouvant. Vendredi soir, seize chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro se sont réunis pour discuter de la création d'un ''mécanisme d'intervention'' pour aider les pays de la zone en difficulté et préserver la zone euro. Après neuf heures de discussions la chose était entendue. Les ministres européens des Finances se sont ensuite retrouvés dimanche afin de discuter des modalités de ce dispositif devant être opérationnel avant l'ouverture des marchés lundi.


Qui va payer ?
L'accord des 27 membres de l'Union européenne était nécessaire à la mise en place de ce dispositif. Le montant décidé est sans précédant : 600 milliards d'euros à destination des pays de la zone en difficulté. 60 milliards d'euros seront fournis par la Commission européenne, 440 milliards par des prêts ou garanties par les Etats membres, et le Fonds Monétaire International participera à hauteur de 100 milliards d'euros. ''A crise systémique, réponse systémique'', le mot d'ordre des dirigeants de la zone euro et de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE) se voulait clair et fort vendredi soir à Bruxelles. Sous la menace de la contamination de la crise grecque, les 27 sont exceptionnellement parvenus à se mettre d'accord assez rapidement. Toutefois, Alistair Darling, le ministre des Finances britannique, a indiqué que son pays n'y participerait pas, mais n'avait pas d'objection quant à sa création. Hors de la zone euro, la Grande-Bretagne ne s'est pas plus impliqué que cela dans le dispositif. En revanche, la France et l'Allemagne, longtemps divisées sur le dossier grec, sont désormais ''en accord complet'' sur les mesures à prendre pour défendre la monnaie commune.


Pourquoi un mécanisme d'assistance financière ?
Etrange, alors que bon nombre des 27 ne se sont pas montrés si généreux lorsqu'il s'agissait de venir en aide à la Grèce, cette précipitation à créer un fonds destiné aux pays de la zone euro en difficulté. Mais sans doute la crise grecque aura-t-elle servi d'exemple. L'Union a été trop longue à réagir, laissant le pays sombrer dans les émeutes et les manifestations. Alors désormais, la Commission européenne (CE) agira seule. De manière tout à fait autonome, le fonds de soutien, contrôlé par la CE pourra rapidement aider les pays fragiles (Espagne, Portugal, Italie), en empruntant à leur place quand ils rencontrent des difficultés. ''La zone euro traverse la crise la plus grave depuis sa création. Nous avons besoin de mesures fortes à la dimension de cette situation exceptionnelle'', déclarait, vendredi soir, Nicolas Sarkozy. La crise commençait à sérieusement menacer l'existence de la monnaie commune. La création de ce fonds est un appel à la solidarité, oubliée depuis le fondement de l'Union, c'est aussi un véritable bouleversement de l'organisation et du fonctionnement de la zone euro puisque jusqu'ici la Banque centrale européenne n'avait pas pour fonction de prêter de l'argent aux pays en difficulté. L'enveloppe de prêts de 60 milliards d'euros de la Commission serait utilisée d'abord, puis les Etats pourraient avoir recours aux 440 milliards qui, après une décision à l'unanimité, pourraient être mobilisés rapidement.

Le sommet s'est tenu sur fond de chute des principales places financières, alors que l'euro est tombé à son plus bas niveau depuis 14 mois. Si ce mécanisme avait été mis en place plus tôt, il aurait pu éviter une telle débandade du marché européen.

Steve Jobs : si l'iPad est si cher en Europe, "c'est de la faute à la TVA"

Interrogé sur les différences très sensibles de prix entre les USA et l'Europe pour son iPad, Steve Jobs, agacé, a rappelé que la TVA y était pour beaucoup.

Depuis la publication officielle des tarifs européens de l'iPad, les commentaires et les critiques pleuvent. De nombreux consommateurs du Vieux continent ne comprennent ainsi pas pourquoi les tarifs européens sont quasiment calqués sur les prix américains alors que le dollar est plus faible que l'euro.

Un lecteur du webzine spécialisé 9to5mac.com s'est donc fendu d'un mail à Steve Jobs (sjobs@apple.com) lui faisant part de son étonnement ("UK pricing is just shocking!").

"Instruisez vous"

Le pape de l'église pommée, qui prend parfois la plume pour répondre à ses clients, n'y est alors pas allé par quatre chemins : "Instruisez-vous s'il vous plait. Les prix au Royaume-Uni doivent inclure légalement une TVA qui se situe autour de 18 %. Les prix américains n'incluent pas les taxes". Circulez, y'a rien à voir !

L'argument est en effet valable. Mais il n'explique pas toute la différence. Hors taxes, l'iPad WiFi d'entrée de gamme (499 euros TTC) coûte environ 417 euros, ce qui équivaut à 536 dollars HT, soit 37 dollars de plus que le prix HT pratiqué aux Etats-Unis.