TOUT EST DIT

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vendredi 15 janvier 2010

Comment Archos veut tenir tête à Apple

Requinqué par son augmentation de capital, repositionné sur une gamme plus large et fort d'une nouvelle stratégie industrielle, le français Archos est loin de se laisser décourager par la concurrence, notamment sur le marché des tablettes. Les projets d'Henri Crohas, son PDG.
En dépit de son expertise technologique, le français Archos s'est retrouvé en difficulté face à Apple. Il a fallu faire des choix. Technologique d'abord, avec Android, Et industriel ensuite, en ouvrant la porte aux partenaires chinois. Bouclée en décembre dernier, une augmentation de capital, sursouscrite, donne les coudées franches à Henri Crohas, président et fondateur d'Archos, pour repartir du bon pied. État des lieux.

Quel bilan faites-vous de la récente augmentation de capital ?
Nous avons pu réunir plus de 19 millions d'euros. Une telle somme était au-delà de nos espérances. C'est le signe que les investisseurs ont adhéré à notre plan de développement. C'est également une récompense très forte pour nous eu égard à l'environnement économique. Nous étions en difficulté. L'entreprise avait besoin de 3 millions d'euros pour boucler l'année et d'une dizaine de millions d'euros supplémentaires pour asseoir son plan de développement en 2010. Cela signifie donc un certain confort pour nous.

Comment expliquez-vous la situation dans laquelle vous vous trouviez ?

Archos a été contraint par Apple d'occuper une niche dans le haut de gamme. Depuis notre création, nous avons connu deux succès : le premier en 2000, avec notre lecteur MP3 haute capacité. Mais Apple est ensuite arrivé sur ce marché. Le lancement de notre baladeur vidéo, en 2004, a permis à l'entreprise de se redresser. Mais sur les deux dernières années, notre chiffre d'affaires est retombé à 100 millions d'euros et sur 2009, il sera inférieur à 70 millions d'euros. Tous nos concurrents sont descendus dans l'entrée de gamme avec des produits inférieurs à 100 euros. Nous nous sommes retrouvés seul face à Apple, avec des produits tarifés entre 100 et 200 euros. Et nous n'avons pas su développer un environnement compétitif.

Quels sont les moyens mis en oeuvre pour y parvenir ?

Nous avons choisi de développer nos produits via l'interface Google Android. Cette plate-forme nous apparaît comme la seule en mesure de concurrencer Apple. Avec Android, nous avons désormais un an d'avance. Par ailleurs, Archos a effectué une révolution culturelle pendant ces deux dernières années : l'entreprise s'est repositionnée sur des produits d'entrée de gamme, et travaille désormais avec trois ou quatre partenaires chinois. A l'exception des équipements les plus innovants, Archos ne se charge plus que du design et de la conception. Nos partenaires assurent le développement, la fabrication, et nous livrent ces produits clés en main. Auparavant, tout était développé et réalisé en interne.

Moyennant quoi, nous sommes à nouveau présents sur des produits à moins de 100 euros qui représentent des volumes importants sur le marché grand public. Ainsi, notre gamme de tablettes Internet Android Archos 5 va évoluer avec des modèles à moins de 100 euros. L'essentiel de cette gamme se situant entre 100 et 200 euros. À partir du moment où nous évoluons sur un marché de volume en électronique grand public, l'entreprise est en droit de penser qu'elle peut grossir.

Tous les constructeurs ou presque sont aujourd'hui présents sur le marché des tablettes. Cette concurrence ne risque-t-elle pas d'anéantir vos efforts ?

C'est évidemment le danger. D'un point de vue technologique, je n'ai pas d'inquiétude. Nous sommes les seuls à être restés sur les linéaires, face à Apple. Tous les autres ont été chassés du marché. Puis nous allons nous battre sur une gamme de produits beaucoup plus étendue (baladeurs MP3/MP4, tablettes Internet, netbooks), avec des tarifs s'échelonnant de 20 euros à plus de 300 euros. Le monde Google Android représente désormais une alternative sérieuse face à Apple. Si nous réussissons à pénétrer ces marchés de grands volumes, et à accroître notre chiffre d'affaires autour des 200 millions d'euros, les choses peuvent alors changer très rapidement pour nous. Les notions de seuil sont importantes sur ce marché.

Quels sont vos projets dans le domaine de la téléphonie ?

Archos développe actuellement un smartphone de très bonne facture, équipé de fortes capacités multimédias. Mais, et je l'ai dit aux investisseurs, nous n'irons pas au bout sans avoir signé de partenariat avec au moins deux opérateurs de premier rang. Ils devront adhérer au projet et s'engager dans une campagne marketing conséquente.

Votre stratégie marketing et communication est-elle à la hauteur de vos ambitions ?

Il y a certainement beaucoup à faire. Mais il fallait d'abord régler nos difficultés. Nous avons reconquis 12.000 points de vente dans le monde, notamment aux Etats-Unis où nous sommes de retour chez Best Buy et RadioShack. Ces deux enseignes représentent près des deux tiers de l'électronique grand public américaine. D'une façon générale, nous soignons le marketing sur les points de vente. Mais nous devons accentuer nos efforts autour des contenus, notamment dans le domaine des applications Android. En matière de publicité, nous allons faire plus mais c'est aussi une question d'échelle. Il nous faut réfléchir au retour sur investissement, et atteindre d'abord ce seuil critique des 200 millions d'euros de chiffre d'affaires

J'AI DE TRÈS GROS DOUTES !

L'incident entre Vincent Peillon et France 2 fait des vagues

Des responsables socialistes ont soutenu vendredi le député européen Vincent Peillon après son coup d'éclat de la veille avec France 2, l'UMP dénonçant, elle, une "manipulation" et son mépris envers les journalistes.

Tant Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, que Benoît Hamon, porte-parole, ont donné raison à l'élu, qui a dit avoir refusé de servir de décor à une opération visant, selon lui, à aider le ministre de l'Immigration.

Vincent Peillon a pratiqué au dernier moment la politique de la chaise vide lors de l'émission "A vous de juger", où il devait intervenir en seconde partie, après un débat entre Eric Besson et la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen.

La chaîne a estimé avoir été "piégée" en plein direct et l'une de ses responsables a parlé de "méthodes de voyou".

Vincent Peillon, qui a réclamé la démission d'Arlette Chabot, la directrice de l'information de France 2, a redit vendredi qu'on avait cherché à lui faire cautionner un "exercice d'abaissement national en voulant bien jouer les idiots utiles."

"Ce débat lancé par Eric Besson ne méritait pas d'être lancé sur une chaîne de service public, en plus avec comme interlocuteur Madame Le Pen (...) il y a un dévoiement du service public", a-t-il estimé sur France Info.

"Donc, il faut que les gens qui organisent ça, à un moment, mesurent qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord et qui sont prêts à entrer en combat avec eux, mêmes si ce sont des gens très puissants (...) Il faut à un moment que les gens disent les choses et le manifestent brutalement", a-t-il ajouté.

SCANDALE OU MANIPULATION ?

Le député européen a précisé avoir prévenu Martine Aubry, "il y a 48 heures". Cette dernière lui a apporté son soutien lors de ses voeux à la presse à Lille, dont elle est le maire.

"J'étais prévenue de sa décision et je soutiens pleinement Vincent Peillon", a-t-elle dit. "On ne peut pas inviter quelqu'un et ensuite le reléguer à la fin d'une émission après une mise en scène d'un ministre (...) Ce n'est pas digne d'une télévision de service public", a-t-elle fait valoir.

Le P-DG de France Télévisions, Patrick de Carolis, a demandé à Martine Aubry de s'expliquer, estimant que le boycott volontaire des antennes publiques menace le fonctionnement même du débat démocratique à l'approche des élections régionales du mois de mars.

Il lui demande également, dans un courrier communiqué à la presse, de dire si elle cautionne ou non l'appel à la démission d'Arlette Chabot lancé par Vincent Peillon. "Un tel appel à la démission de responsables audiovisuels et de journalistes est, je crois, sans précédent depuis quelques dizaines d'années", écrit-il.

Eric Besson a souligné pour sa part le manque de courage, selon lui, du dirigeant socialiste. "C'est la seule astuce que Vincent Peillon a trouvée pour essayer de faire parler de lui. Cela ne me paraît ni très glorieux, ni très courageux", estime-t-il dans Le Monde daté du 16 janvier.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, n'est pas plus tendre. Il juge dans un communiqué que "mentir pendant 48 heures, en jouant la comédie", à la chef du service politique du service public de l'audiovisuel, "s'appelle une basse manipulation."

Un autre porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a abondé dans le même sens. "Peillon a démontré d'une manière très lamentable qu'il est un fourbe, c'est-à-dire quelqu'un auquel on ne peut pas accorder sa confiance", a-t-il dit sur France Info.

Pour le Parti communiste, les polémiques sur "l'échec de la présence-caution de Vincent Peillon ne peuvent faire oublier le véritable scandale de cette soirée: la parole une fois de plus donnée à une heure de grande écoute sur la principale chaîne du service public à des thèses qui ne servent qu'à diviser les Françaises et les Français."

Elizabeth Pineau et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser

Prêts immobiliers : le taux moyen à 20 ans passe sous les 4%

Le taux moyen à 20 ans des crédits immobiliers, la durée préférée des emprunteurs, passe sous la barre des 4%, à 3,95%. C'est la première fois depuis mai 2006, selon empruntis.com.

C'est un symbole. Pour la première fois depuis mai 2006, le taux fixe moyen à 20 ans des crédits immobiliers aux particuliers serait passé sous la barre des 4%, à 3,95%, selon empruntis.com. Depuis quelques semaines, les taux s'étaient stabilisés à leur niveau bas, mais ils auraient à nouveau baissé depuis le début de la semaine, selon le courtier en crédit. "C'est une excellente nouvelle pour les emprunteurs car cela démontre que les taux des crédits aux particuliers sont toujours orientés à la baisse et confirme que le début de l'année 2010 est tout à fait favorable aux candidats à l'acquisition", note Maël Bernier, porte-parole.

Le taux moyen à 20 ans, la durée préférée des Français, n'est pas le seul à baisser. Suivent aussi le mouvement les taux moyens à 7 et 10 ans, selon empruntis.com. Pour les durées plus longues, 25 et 30 ans, les taux restent au même niveau que début janvier.

" Rappelons qu'il y a tout juste un an (en janvier 2009), le taux moyen sur 20 ans se situait à 4,85% après son point le plus haut en octobre 2008 à 5,40%. En seulement un an, pour une mensualité de 1000 euros, un emprunteur a augmenté sa capacité d'achat de +8% (de 153.445 euros à 165.742 euros) et entre octobre 2008 et maintenant de plus de 13% (de 146.573 euros à 165.742 euros)", selon Maël Bernier. Rappelons que le plus bas niveau historique avait été atteint en octobre 2005 avec 3,60% sur 20 ans.
MIREILLE WEINBERG, Les Echos

Le plus haut magistrat du parquet émet des réserves sur la réforme de la justice

Un an après l'annonce de la suppression du juge d'instruction par le président Nicolas Sarkozy, la réforme de la procédure pénale et les inquiétudes qu'elle suscite étaient au coeur de la rentrée solennelle de la Cour de cassation, jeudi 14 janvier. Le plus haut représentant du ministère public en France, le procureur général de la Cour, Jean-Louis Nadal, a renoncé aux sous-entendus pour mettre les pieds dans le plat de la réforme de la justice, qui prévoit le transfert de toutes les enquêtes pénales au parquet, hiérarchiquement soumis au pouvoir politique.
Le procureur général a évoqué les "obstacles dressés sur un parcours loin d'être achevé" : le statut du parquet et la place des victimes dans l'enquête. Pour M. Nadal, il faut "que soit, tôt ou tard, reconsidéré le statut du parquet, sous peine de laisser perdurer une contradiction majeure dont la validation constitutionnelle et européenne paraît bien problématique". La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a estimé, en 2008, que le procureur français n'était pas une "autorité judiciaire".

La chancellerie se refuse aujourd'hui à modifier le statut du parquet et essaie de bâtir un système dont elle devrait dévoiler les contours en février. Elle cherche à aboutir à une procédure équilibrée sans toucher au mode de nomination des magistrats du parquet. Il s'agit de renforcer les pouvoirs de contrôle du juge de l'enquête et des libertés (JEL), chargé de remplacer le juge d'instruction sans avoir de pouvoirs d'enquête.

M. Nadal est également sceptique sur ce point. L'idée que le JEL aurait un pouvoir d'injonction afin d'obliger le parquet, qui conduit l'enquête, à réaliser des actes qu'il a d'abord refusés lui paraît "bien illusoire". Il avoue sa "totale incapacité, aujourd'hui, à suggérer le dispositif qui pourrait constituer ce substitut valable sans recourir à ce qui ressemblerait à un rétablissement de la juridiction d'instruction, sauf à amoindrir les droits des victimes". La chancellerie envisage déjà que le JEL réalise des actes d'enquête, en cas de carence du parquet et à la demande de la cour d'appel.

Le premier ministre, François Fillon, a défendu la suppression du juge d'instruction qui n'est qu'un aspect de la construction "d'un nouvel équilibre où les droits de la défense seront renforcés". "Le parquet ne sera pas le seul acteur de l'investigation. Le nouvel équilibre impliquera des pouvoirs et des contre-pouvoirs", a-t-il insisté, tout en réaffirmant le lien du parquet avec l'exécutif : "Le parquet est sous l'autorité du garde des sceaux. Mais est-il nécessaire de rappeler que le garde des sceaux est porteur d'un mandat que nos concitoyens lui confient ? Est-il nécessaire de rappeler qu'il répond de sa politique devant la représentation nationale ?"

Fait inhabituel, l'audience solennelle de la Cour de cassation était rythmée cette année par les clameurs venues des manifestants. "Assis, debout, mais pas couché !" Des marches du palais de justice à la galerie Saint-Louis qui mène à la Cour de cassation, près de 400 avocats, magistrats en robe et fonctionnaires de justice avaient décidé de troubler la cérémonie. Arborant des pancartes - "Des moyens pour une justice indépendante", "Non à une justice aux ordres", "Un juge disparaît à qui profite le crime ?" - ou des parapluies rouges frappés du sigle SAF (Syndicat des avocats de France), les manifestants s'étaient rassemblés à l'appel des Etats généraux de la justice auxquels s'étaient joints les syndicats de magistrats - FO, Syndicat de la magistrature (SM) et Union syndicale des magistrats (USM) -, d'avocats et des associations de juges.

Les professionnels de la justice étaient là pour fustiger la remise en cause de "l'indépendance de la justice" que constitue à leurs yeux, la suppression du juge d'instruction. Parmi eux, Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris, les juges antiterroristes Gilbert Thiel et Marc Trévidic, des avocats pénalistes comme Patrick Maisonneuve, Françoise Cotta ou Léon Lev Forster... Ni l'ancien bâtonnier de Paris, Christian Charrière-Bournazel, ni son successeur Jean Castelain, n'étaient présents.

Sans doute les avocats sont-ils davantage mobilisés par le débat sur la garde à vue. Sur ce point, M. Fillon a rappelé que "la garde à vue n'est pas une élucidation. Elle n'est pas un verdict. Elle n'est pas une fin en soi. Elle est un moyen". En regardant le président de la CEDH, Jean-Paul Costa, présent dans la salle et dont la jurisprudence inspire les avocats pour contester la légalité de la garde à vue à la française, le premier ministre a affirmé : "Certains de nos tribunaux s'en font dès maintenant l'écho. Il faudra tôt ou tard que nous y répondions dans nos textes."
Yves Bordenave et Alain Salles

François Fillon promet de la rigueur dans la sortie de crise

La récession est terminée. Voici venu le temps de la rigueur! Jeudi 14 janvier, François Fillon a annoncé que le gouvernement allait, dans les prochains jours, réviser à la hausse ses prévisions de croissance pour 2010: le taux serait proche de 1, 5% au lieu des 0,75% prévus, soit un quasi-doublement.
Mais, immédiatement, le premier ministre, qui recevait les vœux de la presse, a précisé que "le temps des efforts budgétaires" était venu. François Fillon récuse "une rigueur aveugle" mais appelle à "la vérité" et à "la responsabilité".

Après dix-huit mois "où les déficits et la dette ont bondi", la France doit se replacer "dans une trajectoire vertueuse". "C'est une question d'indépendance nationale. Je ne veux pas que notre pays soit en difficulté comme d'autres pays", a assené le premier ministre. Il en va, selon lui, "de la crédibilité de la France", un "des trois leviers avec la compétitivité et l'investissement pour retrouver les conditions d'une reprise durable".

Pour atteindre son objectif, le chef du gouvernement promet d'agir sur trois fronts: l'Etat, les collectivités locales, la Sécurité sociale. Il confirme la réforme des retraites avec un texte à l'automne. Le 28 janvier, le chef de l'Etat devrait présider une "conférence des déficits publics" à laquelle participeront Parlement, collectivités locales et organismes sociaux.

A quelques semaines des élections régionales, l'exécutif veut insister sur les responsabilités des territoires, en majorité dirigés par la gauche, dans la dérive des finances publiques. Le 20 novembre 2009, recevant à l'Elysée les maires de France, Nicolas Sarkozy avait déjà lancé un avertissement, en évoquant "la folie fiscale qui s'est emparée d'un certain nombre de régions".

Pour inciter les collectivités à réduire leur dépenses, François Fillon pourrait notamment ressortir une proposition du rapport Balladur sur la réforme des collectivités locales. L'article 14 propose de définir "dans le cadre d'un débat annuel au Parlement un objectif annuel d'évolution de la dépense locale". Des indicateurs de performance et un guide de bonnes pratiques dans la gestion des finances locales seraient définis chaque année.

François Fillon, qui s'impliquera pleinement dans la campagne des élections régionales de mars, veut convaincre les Français que la réforme des collectivités territoriales qui a tant divisé la majorité depuis la rentrée de septembre 2009 entre dans l'effort de rationalisation et de modernisation entrepris.

DÉMINER LA GROGNE

"Je n'hésiterai pas à prendre les Français à témoin sur cette réforme de la décentralisation et j'attends de la gauche un peu de clarté et de courage sur cette question. Derrière son hostilité au conseiller territorial, je ne vois que conservatisme et réflexes féodaux", a accusé le premier ministre.

S'attardant dans les salons de Matignon, le premier ministre a confié aux journalistes qu'il ferait tout pour empêcher le Parti socialiste de réaliser le grand chelem aux élections régionales évoqué par Martine Aubry: "Je trouve que c'est très prétentieux", a-t-il commenté.

Ce n'est pas la première fois que M. Fillon plaide pour la réduction des déficits. Le 21 septembre 2007, il avait suscité l'émoi de l'Elysée en parlant d'un "Etat en faillite". Cette fois, il semble à l'unisson du président de la République.

Certes, le chef de l'Etat continue de récuser le mot de rigueur mais il a pris conscience que l'importance des déficits et de la dette devenait un problème politique: le PS et le MoDem en font, avec le chômage, l'un de leurs angles d'attaque.

Suivant l'avis de ses conseillers, qui l'exhortent à un dialogue avec les Français, M.Sarkozy veut faire la pédagogie de l'après-crise. Il débattra avec eux le 25 janvier, sur TF1, après avoir répondu aux questions de Laurence Ferrari. L'Elysée a choisi, pour cet exercice, le présentateur Jean-Pierre Pernaut, "le plus proche du quotidien des Français".

Ces dernières semaines, le chef de l'Etat avait dû laisser M. Fillon en première ligne pour déminer la grogne suscitée par l'accumulation des réformes et la multiplication des polémiques. Un rôle qui, visiblement, sied à M. Fillon. "Je crois à la durée et à la rigueur dans l'action", a déclaré, jeudi, le premier ministre, en prenant soin de ménager la susceptibilité du président de la République. "Depuis mai2007, je travaille sous son autorité dans des conditions de complicité et de complémentarité. Il sait qu'il peut compter sur ma loyauté."
Françoise Fressoz et Sophie Landrin

Pour Christine Lagarde, la réduction de la dépense publique est la "priorité absolue"

La ministre de l'économie française, Christine Lagarde, souhaite que l'année 2010 soit placée sous le signe de "quatre R" : reprise, réforme, régulation et rétablissement des finances publiques. Lors de ses vœux à la presse vendredi, elle n'a pas dit quelle serait la prévision de croissance 2010 retenue dans le projet de loi de finances rectificative présenté mercredi. "On n'a pas encore arbitré définitivement la position, mais ce qui est clair c'est que ce sera largement au-dessus de 0,75 %", a-t-elle déclaré. La ministre avait auparavant souligné que l'OCDE prévoyait une hausse de 1,4 % du PIB de la France cette année et la Commission européenne 1,2 %, des prévisions supérieures à celles retenues pour l'ensemble de la zone euro.
L'inflation toujours modérée, avec une prévision confirmée à 1,2 %, aura un effet positif sur la consommation des ménages, a-t-elle ajouté. Selon elle, la France respectera sa promesse de revenir à un déficit public à 3 % du PIB en 2013, si la croissance le permet. Elle a en outre précisé qu'elle transmettrait fin janvier à l'exécutif européen la nouvelle trajectoire d'évolution des finances publiques jusqu'à 2013. Cette communication sera faite après le lancement de la conférence sur les déficits prévue le 28 janvier.

Interrogée sur une possible hausse des impôts pour réduire le déficit public record prévu pour l'instant à 8,5 % du PIB en 2010, elle a répété que la "priorité absolue" serait la réduction de la dépense publique. Le "baromètre" de l'action du gouvernement sera l'emploi, a ajouté Christine Lagarde, se félicitant de la stabilisation de la hausse du chômage depuis avril (+ 22 800 demandeurs d'emploi supplémentaires par mois en moyenne, contre + 81 200 par mois au premier trimestre). La ministre de l'économie a souhaité la poursuite des réformes et souligné que 2010 permettrait également de préparer les présidences françaises du G7 et du G20 en 2011, à l'occasion desquelles elle portera la question des déséquilibres monétaires.

Elle prône par ailleurs un "travail en profondeur" sur les changes afin que des propositions concrètes puissent être mises en œuvre pendant ces présidences. Elle estime nécessaire de travailler en concertation avec tous les acteurs concernés — "il ne sert à rien de stigmatiser un pays en particulier" — et suggéré dans un deuxième temps un "travail en profondeur pour avoir de vraies pistes de propositions dans des délais rapides, et qui en tout cas permettront l'action en 2011".

Patrice Duhamel : "Nous ne servirons pas de punching ball !"

"Nous ne servirons pas de punching ball sur le ring de la politique", estime Patrice Duhamel, le numéro 2 du groupe France Télévisions, suite au coup d'éclat de Vincent Peillon, dont la spectaculaire défection, jeudi soir, sur le plateau d' À vous de juger fait beaucoup parler. Le responsable socialiste a reconnu avoir prémédité son coup afin d'attirer l'attention du public sur l'indignité du débat consacré à l'identité nationale. Vincent Peillon a également appelé à la démission d'Arlette Chabot et des responsables de France 2.

"C'est ridicule, grotesque. Cela fait 20 ou 30 ans que je n'ai pas entendu une telle énormité", s'est esclaffé Patrice Duhamel au micro d'Europe 1. Et, tant qu'on y est, pourquoi pas prendre l'avis de Benoît XVI ou du président de la République pour débarquer un responsable de France Télévisions ?"

Un piège dans la compréhension du débat

Le numéro 2 du groupe France Télévisions considère que cette affaire est "très grave" et qu'il ne se laissera "manipuler" ni "intimider" par personne. "Je rappelle les règles du jeu, a-t-il enchaîné. Chacun est à sa place, les responsables politiques, sur le terrain politique, et les journalistes sur le terrain de l'information pluraliste et indépendante. L'ensemble des médias traite le débat sur l'identité nationale depuis des mois. Pourquoi on ne pourrait pas le traiter ? Ce n'est pas parce qu'on invite Éric Besson, Marine Le Pen ou Vincent Peillon qu'on les aime ou qu'on les déteste."

Et de rappeler que le pluralisme de l'information est placé sous le contrôle du CSA qui, en cas de manquement, saurait rappeler les chaînes de télévision à leur devoir d'informer. À ses yeux, la défection de Vincent Peillon, son coup d'éclat, est un "piège". Les piégés ne sont autre que les millions de téléspectateurs en droit d'attendre une meilleure compréhension du débat.

Arlette Chabot: «Je souhaite un engagement écrit des politiques»

La directrice de l'information de France 2 revient sur le faux-bond de Vincent Peillon dans l'émission «A vous de juger», jeudi soir...
Malaise après le désistement de dernière minute de Vincent Peillon, jeudi soir dans «A vous de juger», sur France 2. Alors que l’eurodéputé socialiste reconnaît aujourd’hui que ce faux-bond était prémédité «depuis longtemps», pourquoi France 2 n’a-t-elle rien vu venir et s’est retrouvée sans troisième intervenant dans le débat sur l’identité nationale? Arlette Chabot directrice de l’information de la chaîne et présentatrice de l’émission «A vous de juger», revient sur la soirée de jeudi.

Quand avez-vous pris contact avec Vincent Peillon pour l’inviter dans «A vous de juger»?
Nous lui avons proposé de participer à un débat sur l’identité nationale avec Eric Besson mi-décembre. Au retour des vacances de Noël, début janvier, nous l’avons prévenu que Marine Le Pen serait également sur le plateau. Nous avons alors proposé à Vincent Peillon d’intervenir soit dans la première partie de l’émission, donc de débattre directement avec Eric Besson, soit dans la seconde partie qui consiste davantage à réagir au débat qui a eu lieu juste avant. Il a opté pour la seconde option, afin d'«amasser» de quoi pouvoir réagir.

Avez-vous confirmé avec lui le rendez-vous de jeudi soir?
Je l’ai appelé le matin même, à 11h15. Nous avons parlé de son intervention, des thèmes qu’il pourrait aborder, également des liens entre le partis socialiste et Eric Besson (le ministre de l’immigration a quitté le PS en 2007 pour suivre Nicolas Sarkozy, ndlr). Vincent Peillon avait carte blanche pour intervenir. Il m’a alors confirmé sa venue et m’a lancée: «A ce soir, 20h» (heure à laquelle il était attendu, comme le souligne Nathalie Saint-Cricq, la rédactrice en chef de l'émission sur lepoint.fr).

L’avez-vous eu de nouveau au téléphone ensuite?
Non car nous l’attendions comme convenu. Or, il avait déjà décidé de ne pas venir. Il avait prévenu Martine Aubry et quelques élus du PS et avait même affirmé au Parisien: «je vais faire un coup». Nous n’avons appris son désistement que vers 21h, avec une dépêche AFP. Nous avons tenté de le joindre mais il ne répondait plus. C’est la première fois que cela nous arrive.

Pourquoi ne pas avoir sollicité un autre élu socialiste?
C’était trop tard, l’émission avait commencé depuis 25 minutes. Il est difficile de faire venir quelqu’un en catastrophe dans ce genre d’émission, qui nécessite de la préparation. On ne peut pas appeler comme cela des élus pour venir en dernière minute.

Que comptez-vous faire pour éviter que cela ne se produise de nouveau?
Je vais procéder par écrit, en demandant aux politiques de réaffirmer leur engagement à participer à l’émission dans les conditions définies. Au moins, ils ne pourront pas dire, comme l’a fait Vincent Peillon, qu’ils ont été piégés.

Mille jours à Matignon et Fillon tient bon

Le Premier ministre a démenti jeudi avoir programmé son départ avec Nicolas Sarkozy, donnant l’impression d’être bien arrimé à la barre de Matignon, quelque mille jours après son arrivée et toujours porté par des sondages qui l’incitent plutôt à cultiver son style «classique».

Non, le Premier ministre n’a pas acté avec le chef de l’Etat qu’il quitterait ses fonctions peu de temps avant 2012, contrairement à des propos rapportés, et confirmés, par la journaliste Alix Bouilhaguet dans «La carpe et le lapin» (Editions du moment) sur les relations entre les deux têtes de l’exécutif. «On me fait prédire l’avenir, à commencer par le mien, et on me prête des intentions qui ne m’ont jamais traversé l’esprit», a-t-il catégoriquement démenti, en adressant ses voeux à la presse rue de Varenne.
«Ma mission durera ce qu’elle devra durer»

«Ma mission durera ce qu’elle devra durer», a éludé François Fillon, qui n’a jamais caché sa conviction qu’un gouvernement devait courir le temps complet du quinquennat. En attendant, ses relations avec Sarkozy, dont il a assuré qu’elles étaient pétries «de complicité et de complémentarité», ne justifient pas un départ anticipé.

Multipliant dans son discours les références au chef de l’Etat, il a loué «sa droiture et sa franchise», jurant qu’en retour, ce dernier pouvait «compter sur (sa) loyauté», évacuant toute idée de «revanche» après des débuts chaotiques.

Une manière de rassurer le chef de l’Etat, dont on souligne, de source UMP, qu’il a été «très agacé» par la teneur du livre de la journaliste de France 2.
«Sans stars et sans paillettes»

Fort de sa forte cote de popularité - il gagne huit points avec 52% de satisfaits contre 43% au Président, selon le dernier tableau de bord politique Paris Match-Ifop -, Fillon n’entend pas changer de style. «Certains jugeront sans doute cet exercice du pouvoir trop classique» a-t-il supposé, reprenant l’une de ses credos sur la politique «sans stars et sans paillettes», un démarquage en creux du style plus «bling-bling» de Sarkozy.

Comme à son habitude, le Premier ministre a mis en avant son «obsession des réformes» listant celles à venir, dont celle des retraites, qu’il abordera «sans tabous».

D’ici là, il y aura les régionales, scrutin qui s’annonce délicat pour sa majorité. Au passage, le Premier ministre s’en est pris à la patronne du PS, Martine Aubry, et à son «très prétentieux» pronostic d’un grand chelem pour les élections de mars. Le Premier ministre assure que son gouvernement et l’UMP vont «tout faire pour que ça ne se réalise pas».

Peillon fait faux bond à Besson sur France 2

La soirée s’annonçait électrique, voire explosive. Elle l’a été, mais pas forcément comme on l’attendait. Invité hier soir de l’émission « A vous de juger », en direct sur France 2, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, a dû batailler pour défendre son programme sur le plateau d’Arlette Chabot. Le duel tant attendu face à Marine Le Pen a eu son lot d’empoignades (voir ci-dessous la vidéo). Mais c’est le face-à-face avec le socialiste Vincent Peillon, prévu en seconde partie, qui a donné lieu à un étonnant coup de théâtre.
En effet, au tout dernier moment, l’eurodéputé a tout simplement préféré boycotter une émission qualifiée de « dérive indigne ». « Que M. Besson, M m e Le Pen et M m e Chabot restent entre eux », a tonné Peillon dans un communiqué envoyé à l’AFP peu avant 21 heures, alors qu’Arlette Chabot avait déjà lancé son direct. Il a aussi réclamé la démission de la présentatrice et des dirigeants de France 2. En fait, il n’a pas supporté d’être relégué en deuxième partie de soirée, derrière Marine Le Pen. Mise dans la confidence depuis trois jours, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a même, selon l’entourage de Vincent Peillon, « donné son feu vert » à ce revirement.

« Des méthodes de voyous inqualifiables ! »

Alertée pendant l’émission, Arlette Chabot a annoncé la nouvelle aux téléspectateurs, et à son hôte Besson, peu après 21 h 30 en précisant que « ce débat avait été proposé à M. Peillon dès la mi-décembre » et que tout avait « été fait dans la totale transparence ». Contactée hier soir, pendant l’émission, Nathalie Saint-Cricq, rédactrice en chef de l’émission « A vous de juger », a laissé éclater sa colère, évoquant « des méthodes de voyous inqualifiables ! En vingt ans de télévision, on ne nous avait jamais fait un coup pareil. Il n’a même pas pris le soin de nous prévenir. Simplement une dépêche. Et là, il ne daigne même pas répondre au téléphone ! »
« Je regrette qu’il ne vienne pas débattre, j’aurais eu beaucoup de choses à lui dire et beaucoup de questions à lui poser », a simplement commenté sur le plateau Eric Besson, à l’annonce de cette nouvelle. Et d’ajouter : « J’espère juste que, puisque Vincent Peillon n’est pas là, je ne vais pas avoir double portion de Marine Le Pen… » Une sortie jugée inélégante par l’intéressée qui, trente minutes plus tard, à la conclusion de son duel, pose cette question au ministre : « Que pèse d’être français M. Besson ? » « Je ne sais pas. Je ne comprends pas votre question », répond-il. « Eh bien, c’est un gramme… Soit le poids d’un bulletin de vote du Front national », réplique-t-elle en brandissant un tel bulletin.

Renouveau des relations franco-allemandes

La coopération franco-allemande relancée grâce à Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes et son homologue allemand.Au terme d'une troisième séance de travail avec son homologue allemand Werner Heuer, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, a mis la dernière main à un ensemble de propositions qui seront rendues à l'Elysée et à la chancellerie, courant janvier, avant le Conseil des ministres franco-allemand du 4 février. Ce document, très concret, comporte des avancées dans plusieurs domaines ; il servira notamment de réservoir d'idées dans lequel puiseront le président français et la chancelière allemande pour étayer la relance de la coopération franco-allemande qu'ils ont souhaitée et annoncée.