TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 31 octobre 2010

Retraites : pour Besancenot, la mobilisation n'est pas terminée

Le mouvement contre la réforme des retraites n'est pas terminé, à en croire Olivier Besancenot. Pour le porte-parole du NPA, interviewé par Le Parisien, "la bataille n'est pas terminée". Mettant en garde "ceux qui crient aux victoires définitives", il pronostique même "plus de monde dans la rue le 6 novembre", date de la prochaine journée de mobilisation décidée par les syndicats.
Olivier Besancenot tacle également une partie de la gauche, assurant que "ceux qui misent sur le fait que la réforme passe dans l'impopularité pour ouvrir un boulevard à la gauche se trompent. Nous ne sommes pas à la fin du mouvement car Nicolas Sarkozy n'attendra pas 2012 pour continuer à taper. Si on ne l'arrête pas il touchera aux RTT, aux congés payés, il y aura un plan d'austérité globale".

Autre attaque, cette fois dirigée précisément contre le PS et sa contre-proposition sur les retraites : "dire, comme les socialistes qu'il faut défendre la retraite à 60 ans tout en appelant à un allongement de la durée de cotisation, c'est illogique et totalement contradictoire", estime le jeune responsable d'extrême-gauche, qui compte sur les mouvements sociaux pour refaire une santé à son parti en retrait lors des régionales.

IL EST COMPLÈTEMENT TIMBRÉ !!!

BAYROU PROPOSE SA MÉTHODE DE RÉFORMES

Un autre politique a fait le bilan de cette réforme, dimanche 31 octobre: François Bayrou. Invité d'Europe 1, le leader du MoDem a expliqué qu'il était en faveur d'un référendum sur la réforme, également proposé par Ségolène Royal, mais raillé à gauche comme à droite comme une solution simpliste et démagogique. Pour le chef de file centriste, syndicats et gouvernement sont "perdant-perdant" dans cette réforme. Mais François Bayrou ne souhaite pas une suite des mobilisations. "La loi sera promulguée et maintenant qu'elle est votée, il serait inimaginable que la promulgation n'intervienne pas", estime-t-il.

Ce qui ne l'empêche pas de critiquer la méthode de la réforme. Ni de proposer la sienne : "Elle devrait être : premièrement, j'organise au vu et au su des Français (...) une solide séquence de discussions dans laquelle chacun amène ses questions et ses réponses. Après ça, le gouvernement fait ses choix, il les expose au pays. Ces choix sont examinés devant le Parlement et, après, si c'est une grande question qui engage le destin du pays, c'est le peuple qui tranche", par référendum.

Autre réaction, celle du gaulliste Pierre Mazeaud, ancien président du conseil constitutionnel. Invité de LCP, il a estimé, à l'instar d'Olivier Besancenot, que le mouvement contre la réforme était avant tout "contre l'injustice" et irait "jusqu'au bout, avec le soutien de l'opinion publique". Assez hostile à Nicolas Sarkozy, il estime par ailleurs que "là se pose la question politique. Ce n'est pas à moi d'en parler, mais je connais la solution".

Novembre 2010 : mise en place des réformes pour le rachat de crédit et le surendettement

Le calendrier de la réforme du crédit à la consommation prévoit la mise en application des mesures concernant le surendettement et le rachat de crédit au mois de novembre 2010. Celles-ci doivent aller dans le sens d’un crédit plus responsable.

La mise en application des mesures concernant le surendettement et le rachat de crédit prévues par la réforme du crédit doit intervenir au mois de novembre 2010. En ce qui concerne le surendettement, cela entraînera une accélération dans les délais de procédures et de traitement des dossiers des surendettés, qui se verront également accorder un soutien accru.
De plus les banques seront dans l’obligation de maintenir leurs services à leurs clients, même si ceux-ci ont déposé un dossier de surendettement. Enfin la radiation du FICP deviendra gratuite, grâce à la suppression des pénalités libératoires prévue par la réforme, et les personnes inscrites au Fichier Central des Chèques impayés (FCC) devront uniquement régulariser leurs chèques impayés pour être radiées du fichier.
Quant aux propriétaires, ils pourront désormais entamer une procédure de surendettement. Le rachat de crédit n’est pas forcément l’outil le mieux adapté à des personnes en situation de surendettement. Il s’adresse davantage à des particuliers qui ont contracté plusieurs crédits, et qui souhaitent optimiser leur situation financière pour réduire le montant de leurs mensualités, ou à des ménages malendettés.
Cette pratique de regroupement de crédit connaîtra également des changements qui interviendront dès novembre : les organismes financiers proposant une restructuration de crédits devront fournir aux particuliers emprunteurs des informations plus transparentes sur l’opération de rachat de crédit, en précisant le coût de leurs crédits avant et après le regroupement.
De plus, si le client a contracté des crédits renouvelables, l’établissement prêteur se verra obligé de lui en proposer la clôture. Ces mesures vont dans le sens d’une plus grande responsabilité dans les pratiques du crédit, et d’une volonté de faciliter le rebond des personnes qui connaissent des difficultés financières.

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"Moi, j'ai apporté des Yoplaits !" regadez son sourire d'idiote pénétrée d'intelligence crasse.Et l'autre con qui ferme les yeux en y goutant...(Il veut se la faire la chapeautée ou quoi ? ?)
RADINE OUI !

Consommation - Bientôt la fin des soldes flottants?

Instaurés en 2008, les soldes flottants n'auraient pas rencontré le succès escompté et pourraient être supprimés...
Les soldes flottants instaurés par la Loi de Modernisation de l'Economie (LME) pourraient disparaître faute d'avoir rencontré le succès escompté, selon le Journal du Dimanche (JDD), qui se base sur un rapport commandé par le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli.

Hervé Novelli avait chargé à la mi-septembre l'Institut français de la Mode et le Crédoc, centre de recherche sur la consommation, d'une mission sur les soldes flottants, dont les résultats doivent être remis en novembre.

Selon le JDD, ce document devrait enterrer le principe des soldes flottants car les traditionnelles promotions, dont l'usage a été simplifié et assoupli par la LME, suffiraient aux commerçants.

Cette loi d'août 2008 a raccourci à cinq semaines les soldes d'été et d'hiver, mais permet également aux commerçants de choisir deux semaines supplémentaires dans l'année, consacrées aux soldes flottants.

Une partie des commerçants estiment que ces soldes flottants pèsent sur leur chiffre d'affaires et déroutent les consommateurs qui ne savent plus quel est le bon moment pour acheter. Le Conseil du commerce de France a demandé qu'ils soient supprimés.

Bayrou contre le cumul parlementaire/avocat d'affaires à l'instar de Copé

François Bayrou a critiqué dimanche les parlementaires qui sont en même temps avocats d'affaire, dont le patron des députés UMP Jean-François Copé est "un exemple connu", fustigeant une "situation dangereuse et inacceptable" de conflit d'intérêts.
"Il ne devrait pas y avoir des parlementaires qui soient avocats d'affaire en même temps", a affirmé le président du MoDem dans l'émission "Le Grand Rendez-Vous Europe" 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France. "Cette situation est une situation dangereuse et selon moi inacceptable", a-t-il ajouté.
Jean-François Copé est-il dans ce cas, lui a-t-il été demandé ? "C'est un exemple connu de tous", a-t-il répondu.
"Qu'il puisse y avoir des avocats qui défendent la veuve et l'orphelin -et selon moi gratuitement- je le comprends mais que l'on soit dans des +deals d'affaire+, qu'on prépare des +deals d'affaire+, qu'on ménage des +deals d'affaire+ (...) ça ne devrait pas être accepté dans la fonction parlementaire", a fait valoir M. Bayrou.
"En France, on n'a pas fait ce qu'il fallait pour empêcher les conflits d'intérêts", a-t-il jugé.
Au Parlement européen, selon lui, les euro-députés ne participent pas aux votes quand "ils ont des intérêts" dans une entreprise qui "va être atteinte par la décision prise".
"En France ça n'existe pas", a-t-il déploré. "Je pense qu'il faut une commission indépendante sur les conflits d'intérêts et qu'il y ait une déclaration préalable des intérêts qu'on a ou qu'ont ses proches", a avancé le candidat à la présidentielle de 2007.
Par ailleurs, il s'est félicité de l'ouverture d'une information judiciaire dans l'affaire Bettencourt, où est cité le nom du ministre du Travail, Eric Woerth.
"Il était temps que cela se fasse et cela aurait dû se faire beaucoup plus tôt", a-t-il dit.
Enfin, François Bayrou s'est dit opposé à la présence de jurés populaires -qui ne siègent aujourd'hui que dans les cours d'assises- dans les tribunaux correctionnels et entend se battre contre cette "surenchère". Le président Nicolas Sarkozy a demandé à l'UMP de "travailler" à cette hypothèse.

OUAIS, MAIS PARLEMENTAIRE PEQUENOT (mauvais paysan) DANS SON CAS, PAS DE PROBLÈME. 
FRANCHEMENT QUELLE TACHE CE TYPE !!

L'Académie des sciences finasse

Oui, il existe une "tendance à une accélération du réchauffement climatique après 1975". Oui, l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, "dont une grande part est anthropique, joue un rôle important dans cette évolution". Le rapport sur le changement climatique remis ces jours-ci par l'Académie des sciences à la ministre de la Recherche met les points sur les i : l'homme est bel et bien le principal responsable du réchauffement. Les climatosceptiques en sont donc pour leurs frais. Surtout ceux qui misaient sur les sautes d'humeur du Soleil pour expliquer une partie du réchauffement, car le rapport précise : "À ce jour, aucun lien probant entre la variation de la température terrestre (...) et l'activité solaire au cours des derniers cinquante ans n'a été mis en évidence."
Néanmoins, ces réfractaires, qui forment un petit noyau dur autour de Claude Allègre au sein de l'Académie des sciences, ont su arracher de petites concessions. Par exemple en faisant inscrire parmi les conclusions : "Tous les mécanismes pouvant jouer un rôle dans la transmission et l'amplification du forçage solaire ne sont pas encore bien compris." C'est une évidence, mais une évidence que les climatosceptiques sauront sûrement mettre à profit pour continuer à prétendre que le doute existe et pour dénoncer l'existence d'un complot mondial des scientifiques du GIEC.

Reste à s'interroger sur la valeur scientifique de ce rapport de l'Académie des sciences, fondé, certes, sur l'avis de 120 scientifiques, mais qui n'ont eu que sept minutes chacun pour s'exprimer au cours d'une seule journée. Un débat très peu transparent en l'absence de la presse. Bref, ce rapport ressemble fort à un coup d'épée dans l'eau.

Bourses : des trackers pour quoi faire ?

Imaginez qu’au lieu d’acquérir les 40 actions qui composent le CAC 40, le principal indice de la Bourse de Paris, vous achetiez un seul titre qui représente une fraction de l’ensemble de ces valeurs. Ce titre, c’est un tracker, un OPCVM (organisme de placements collectifs en valeurs mobilières), pour simplifier, une Sicav, mais avec des caractéristiques particulières. Le terme tracker signifie « suivre pas à pas ». Mais suivre quoi ? Réponse : un indice de marché qu’il va parfaitement répliquer. Ce peut être le CAC 40 pour les actions françaises, le Dow Jones ou le Nasdaq pour les actions américaines ou encore le DJ STOXX 50 pour les actions européennes ou le Nikkei pour les actions japonaises. En achetant un tracker portant sur l’un de ces indices, vous allez suivre à la trace ledit indice, bénéficier de sa performance (mais aussi supporter sa baisse, si le marché est baissier). Premier avantage d’un tracker : sa simplicité. Aujourd’hui, le CAC 40 est à un niveau historiquement bas. Vous achetez un tracker sur cet indice pour jouer la hausse du marché. Si l’indice passe de 3.800 à 4.000, vous empocherez 200 points d’indice.

Se constituer un portefeuille à moindre coût

Deuxième avantage, vous optez pour la diversification de votre mise. Dans notre exemple (achat d’un tracker sur le CAC 40), vous misez non pas sur une seule valeur de l’indice mais sur les 40 qui le composent. La diversité n’est un vain mot, puisqu’en dehors des grands indices boursiers, les trackers peuvent aussi porter sur des secteurs d’activité, par exemple, les médias, l’énergie, l’or ou les matières premières. Troisième avantage, les trackers sont moins gourmands en frais que les fonds communs et autres sicav. Ils ne sont pas assortis de frais d’entrée et de frais de sortie. Quant aux frais de gestion, ils tournent autour de 0,50 % de l’encours du fonds. Quatrième avantage, sa liquidité. Les trackers sont cotés en Bourse de 9 h 05 à 17 h 30. On peut les vendre très facilement à l’instar d’une action. A noter : certains trackers versent aussi un dividende à l’identique des actions, une ou deux fois chaque année. Quant à la fiscalité, elle est identique à celle des OPCVM. Alors des trackers pour quels objectifs ? Pour se constituer un portefeuille indiciel ou sectoriel, bien diversifié et à moindre coût. Ou encore pour spéculer à la hausse sans prendre de gros risques.

La bête immonde

Les menaces de Ben Laden nous sortent brutalement de nos petits problèmes, on vivait dans la menace des pompes à essence vides et on se réveille avec le spectre de représailles sanglantes contre nos concitoyens, avec la fatwa lancée par l’instigateur des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Que faut-il faire ? D’abord un constat négatif : comment se fait-il, dix ans après, que les services américains et occidentaux n’aient pas réussi à arrêter ou à éliminer Ben Laden ? Puis un constat positif : depuis les attentats de Madrid en 2004 et de Londres en 2005, l’organisation terroriste islamique n’a pu commettre d’attaques d’envergure en Occident.

Raison de plus pour prendre les menaces au sérieux et pour cesser de ricaner, comme l’ont fait certains hommes politiques, quand le ministre de l’Intérieur a commencé à mettre les Français en garde. Car la France est probablement aujourd’hui le pays le plus ciblé par les terroristes d’al-Qaida pour deux grandes raisons, son engagement auprès des forces de l’Otan en Afghanistan, marqué déjà par cinquante soldats tués, et sa politique déterminée de lutte contre les manifestations de l’islamisme radical à l’intérieur de l’Hexagone. Les lois successives sur le voile à l’école et, tout récemment, sur l’interdiction du voile intégral sur la voie publique ont déclenché l’ire des extrémistes et de leurs relais internationaux. Faut-il renoncer à notre double engagement, à Kaboul et à Paris, évidemment non !

Il est hors de question de modifier notre politique dans ses composantes républicaines et internationales et, fort heureusement, il existe en France un consensus national de la gauche et de la droite sur ce point, dont ne s’écartent que quelques marginaux et quelques Munichois.
Notre fermeté nationale face à la menace terroriste ne doit pas nous cacher une réalité inquiétante : les otages français détenus ici et là sont en grand danger et aucun citoyen français ne doit prendre de risques inconsidérés en voyageant à travers le monde. La nébuleuse terroriste est affaiblie, mais comme le disait Bertholt Brecht à propos du nazisme : « Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde. »

Le regard de Philippe Sollers

Le regard de Philippe Sollers

Manifs

Tout le monde le sent: la vague populaire a moins à voir avec une réforme des retraites jugée injuste qu’avec un appel au secours. Le temps est coincé, le passé détruit, l’avenir sans forme. Je vois des visages de lycéens criant qu’ils voudraient vivre plutôt que survivre, ce qui n’est pas précisément un appel à la révolution. Il n’y a que la presse étrangère qui évoque le spectre de Mai 68, en s’étonnant, encore une fois, de ces étranges Français qui font grève, perturbent les transports, bloquent la distribution d’essence, tout cela pendant longtemps avec, malgré les casseurs, le soutien de l’opinion. Qu’est-ce qui leur prend ? Il va falloir les calmer, les anesthésier, leur demander d’attendre l’élection présidentielle, leur faire accentuer la lourde routine de la survie. Il y a eu un temps où la France s’ennuyait et, donc, voulait s’amuser. Cette fois, elle est déprimée, et en colère, sans issue contre la misère.

Dieu

Jamais un candidat à la présidence des Etats-Unis ne pourrait être élu sans croire en Dieu. Obama croit-il en Dieu? Ce n’est pas sûr. La vague populiste réactionnaire qui monte contre lui (celle des "Tea Parties") s’incarne dans de drôles de prophétesses. Billy Tucker, par exemple, une blonde de choc, qui, à quatre heures du matin, a entendu Dieu lui parler. Elle lui répond qu’elle n’est qu’une "maman". Mais Dieu insiste, et elle se met à faire de la politique. Même histoire avec Katy Abram, qui, elle aussi, a des insomnies et entend Dieu lui chuchoter des choses. Les nombreux participants de cette comédie très sérieuse se mettent à scander "Dieu est de retour, Dieu est de retour!". Une autre illuminée locale, une des plus dangereuses, déclare devant les caméras: "Obama a abaissé les chrétiens et élevé l’islam. Il veut la mort de l’Amérique."

Une seule certitude : ce président est noir, et Dieu, par définition, est blanc. Le grand romancier américain Philip Roth nous donne une explication: "Les gens n’ont plus cette “antenne” qui était consacrée à la littérature, elle a été remplacée par une antenne électronique. Ils sont face à des écrans, à des pages qu’ils regardent une par une. Ils ont perdu la faculté de se concentrer sur un livre. Les gens qui lisent vont devenir une secte très réduite." Conclusion: quand plus personne ne lit, Dieu a tendance à parler de plus en plus fort.

Sarkozy a bien capté ce message subliminal, d’où sa visite précipitée au pape, avec un programme dûment orchestré : signes de croix ostensibles, prière murmurée, écoute de conseils donnés par un cardinal français ; pas question, comme la dernière fois, de consulter des SMS devant Sa Sainteté. Patatras ! Benoît XVI lui offre gentiment, pour finir, un chapelet bénit, et que fait le Président? Il lui en demande un autre pour son petit-fils. Qu’à cela ne tienne, le Vatican en a des tonnes en réserve. Voilà, en tout cas, une anecdote qui me rassure: le Président, comme le premier Rom venu, croit en Dieu, et récite maintenant son chapelet pendant le Conseil des ministres. Dieu veille: il sera réélu.

Chine

Une qui ne s’est pas ennuyée dans la vie, tout en flottant sur ses tapis de milliards, c’est la très romanesque Liliane Bettencourt. Match lui demande quel est le chef d’Etat ou de gouvernement qui l’a le plus marquée. Elle répond aussitôt: "Mao! Il m’aimait bien. Peut-être trop. Ça n’allait jamais bien loin mais c’était une merveilleuse blague. C’est énorme pour une femme! Je l’ai vu souvent, là-bas, en Chine." Le journaliste, épaté, lui pose alors une question idiote: "Racontez cela! Est-il venu vous voir?" Et Liliane: "Venir ici? A Neuilly? Non! Cela aurait été fou ! Raconter? Je ne crois pas qu’il faille raconter. C’est du non-dit. De la mémoire. Et puis, vous savez, tous ces voyages… Je ne sais pas si j’étais vraiment satisfaite. Est-ce satisfaisant? Peut-être un moment, mais si rapide. Peut-être un instant…" A-t-elle quand même eu la possibilité de parler de L’Oréal avec Mao? Non, pas de mélange des genres. Mao l’a aimée pour elle-même, pas question qu’il devienne Maoréal!

Je peux révéler maintenant que, dans ma folle jeunesse "maoïste", j’étais parfois chargé, à Pékin, d’introduire de riches et belles étrangères auprès de Mao, la nuit, dans le pavillon des Chrysanthèmes de la Cité interdite. Mao voulait varier ses plaisirs, et ne se contentait pas des dix ou douze jeunes Chinoises, triées sur le volet, qui venaient remplir sa piscine, le samedi soir, avant de passer sur son vaste lit pour des séances taoïstes d’immortalité (ce que le dalaï-lama n’a jamais pu supporter).

Voyez la scène: Liliane, un foulard sur la tête, introduite auprès du monstre amoureux, pour un moment d’ivresse sans paroles, puisque, là, il n’y avait plus d’interprète et que Mao ne parlait pas un mot de français. Mao venant plus tard à Neuilly? Des photos dans Match? Allons donc! Nuits de Chine, nuits câlines…

Ces Chinois exagèrent. "Ils n’en font qu’à leur tête", me dit l’excellent observateur Marcel Gauchet. La preuve: à la surprise générale, la Banque centrale chinoise relève, contre l’inflation, ses taux directeurs. Comme le dit un journaliste du Monde: "Cette annonce illustre une confiance insolente de la Chine en son économie." Le prix Nobel de la paix à un Chinois contestataire? Très bien. Mais je crains que ces Chinois ne demeurent "insolents". Ah, les ombres de Mao et de Liliane dans les nuits de Pékin ! Je note que Liliane déclare par ailleurs ne rien avoir éprouvé pour François Mitterrand, ce qui est une indication érotique.

Homère

Je reçois la merveilleuse traduction de L’Iliade par Philippe Brunet (Le Seuil) et me voici saisi par les dieux et les déesses grecs. Oh oui, du rythme, des surgissements, de la beauté enfin! Vers quatre heures du matin, mais ne le dites à personne, je reçois ainsi la vérité d’Iris, messagère des dieux, notamment de Zeus "aux prunelles splendides". Ecoutez ça: "Alors Iris bondit, messagère pieds-de-tempête, perçant le sombre flot. Un bruit retentit dans les ondes, tout semblable à un plomb, elle plongeait au fond de l’abîme." Quelle joie! Quelle fraîcheur

samedi 30 octobre 2010

Cahin-caha

A sauts de cabri, comme disait de Gaulle, l'Europe se jette à nouveau dans le brouillard. Pour la bonne cause, bien sûr. Échaudée par la crise grecque, qui a failli la faire imploser, elle veut renforcer sa ligne de défense financière pour dissuader de nouvelles attaques. Louable objectif, mais c'est ensuite que les choses se compliquent. Pour rendre possible un mécanisme durable d'aide financière, il va falloir modifier une clause de ce diable de traité que les Européens avaient fini par ratifier après un long psychodrame.

Les 27 vont donc plonger encore dans une lourde incertitude car même une simple modification ouvrira la boîte de Pandore des surenchères, en particulier chez les plus euro sceptiques. Et comme les Européens ne s'étripent jamais à moitié, l'autre sujet de discorde portera sur les sanctions prévues en cas de dérapage des comptes publics. La survie de la zone euro passe par le renforcement de la discipline budgétaire et la coordination des politiques économiques, mais les débats à venir seront vifs.

D'autant que l'euro fort, qui pose déjà problème dans le bras de fer mondial des monnaies, n'améliore pas pour autant la visibilité sur les perspectives de croissance. Malgré les performances de l'Allemagne dont les clignotants sont au vert, les autres pays sont lancés dans des politiques de rigueur et de réduction budgétaire aux résultats moins probants. Le pilotage s'annonce donc à hauts risques dans cette zone de l'euro flou. Le contexte d'austérité ne facilitera pas non plus le débat sur le budget européen, donc sur la prochaine révision de la PAC.

L'Europe va donc se livrer à d'inévitables mais sévères empoignades sur une longue période, à un moment où la défense de ses intérêts dans la compétition mondiale exigerait au contraire une vision commune et plus offensive. On en est loin malheureusement, sur les enjeux industriels, agricoles ou ceux de la connaissance. Quant à la diversité des modèles sociaux, c'est peu dire qu'elle appelle une vraie pédagogie européenne. À commencer par la France qui s'est illustrée jusqu'à la caricature par sa crise des retraites.

HISTOIRE DROLE !

Réforme des retraites : ce que ferait l'opposition

 Le mouvement contre la réforme des retraites semble marquer le pas et, dans les manifestations, les opposants au texte entendent prendre leur revanche dans les urnes en 2012. Si le Parti socialiste et les autres partis de gauche sont présents dans les cortèges, ils ne proposent pas les mêmes solutions au problème du financement des régimes de retraites. Un seul point fait consensus : la "méthode Sarkozy" est jugée brutale et unilatérale, et tous promettent de véritables négociations avec les syndicats. Revue des principales positions de la gauche et du centre sur le mouvement et la réforme des retraites.
LES PATHÉTIQUES DE GAUCHE.

PARTI  SOCIALISTE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
"La suite de la lutte, ça ne dépend pas que de nous, mais je pense que la mobilisation enjambera les vacances de la Toussaint", estime Benoît Hamon, porte-parole du PS, qui a appelé à toutes les manifestations depuis le début du mouvement. Même après la journée d'action du 6 novembre, il faut "continuer à dire en quoi le texte est mauvais et exiger de vraies négociations". Sur les grèves, Benoît Hamon "comprend que la répétition, avec les jours non payés, soit difficile pour certains", mais soutient les décisions de l'intersyndicale. Et rappelle que le PS n'entend pas cesser la bataille politique : "Nous avons déposé un recours au Conseil constitutionnel, pour poursuivre la bataille sur le terrain juridique."
Le PS demande en premier lieu la non-promulgation du texte pour permettre "l'ouverture de négociations qui remettent tout à plat", rappelle Benoît Hamon. Quelle réforme en 2012 ?

Dans son contre-projet sur la réforme des retraites, le PS propose un retour à l'âge légal de départ à 60 ans et à 65 ans pour la retraite à taux plein. Il défend également une prise en compte de la pénibilité plus importante que celle prévue par le gouvernement. Surtout, rappelle M. Hamon, il insiste sur une "meilleure répartition du financement entre capital et travail", avec une mise à contribution des revenus du capital et une augmentation "modérée et étalée dans le temps" des cotisations patronales et salariales.
Le PS prévoit également un allongement de la durée de cotisation, qui passerait à 41,5 ans d'ici à 2020. Lors d'un "rendez-vous en 2025", une nouvelle augmentation est envisagée, "limitée à la moitié des gains de l'espérance de vie". Martine Aubry s'est engagée à ce que la nouvelle réforme soit votée en 2013.
LES VERTS-EUROPE ÉCOLOGIE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
"Il faut attendre le 6 novembre pour voir si la mobilisation faiblit tant que cela, souffle Jean-Vincent Placé, secrétaire national adjoint des Verts. Et attendre de voir la suite, si des jeunes bougent notamment." Pascal Durand, délégué général Europe Ecologie, est plus prudent, soulignant qu"il ne [lui] appartient pas en tant que parti de mener le mouvement, il faut être respectueux des syndicats et des manifestants. On soutient, appuie, relaie", rappelle-t-il.
Après le remaniement du gouvernement, "le nouveau premier ministre devra s'interroger s'il veut ouvrir un nouveau round de négociations", estime Jean-Vincent Placé. "Il y a eu des cas comme le CPE, de lois promulguées mais pas appliquées."
Quelle réforme en 2012 ?
"Il faut construire une alternative, une contre-réforme d'ici à 2012", affirme Pascal Durand. Mais des divergences persistent au sein d'Europe Ecologie et des Verts, qui s'étaient illustrées par un accrochage entre Daniel Cohn-Bendit et Jean-Vincent Placé au printemps dernier. Pascal Durand estime aujourd'hui que les écologistes doivent se distinguer "en n'affirmant pas comme les autres partis avoir des solutions toutes faites, mais en construisant avec les syndicats, dès maintenant, en vue de 2012, une contre-réforme". En respectant le "marqueur de solidarité" du départ à 60 ans, mais en ne disant pas non plus que "tout est figé".
Jean-Vincent Placé renvoie lui vers la "position officielle" du parti, plus marquée à gauche, qui prévoit notamment un retour à l'âge légal de départ à 60 ans et à 65 ans pour la retraite à taux plein. Il évoque même un retour à une durée de cotisation de quarante ans, "un point à négocier avec nos partenaires, dont le PS". Pour assurer le financement, les tracts des Verts proposent des "solutions écologistes durables", de taxer les plus-values, les revenus boursiers et du patrimoine, de revenir sur les exonérations de taxation des heures supplémentaires et une hausse des cotisations sociales, patronales et salariales.
FRONT DE GAUCHE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a été très clair, jeudi matin, sur RTL : "Le rendez-vous c'est le 6 novembre prochain et malheur à qui rompt les rangs au moment où l'intersyndicale nous appelle au combat." Pour le Parti de gauche comme pour le PCF, il faut poursuivre la mobilisation et soutenir les syndicats. Le Front de gauche a également lancé des collectes de soutien aux grévistes.
Pour Jean-Luc Mélenchon, le temps n'est pas à la présidentielle, mais bien à la poursuite du mouvement : "Là, nous sommes dans la bataille, donc ce n'est pas le moment de commencer à spéculer sur demain, après-demain et le reste."
Quelle réforme en 2012 ?
Le Parti de gauche comme le Parti communiste, qui participent au Front de gauche, ont déjà annoncé qu'ils reviendraient sur toutes les mesures de l'actuelle réforme : retour sur le droit à la retraite à 60 ans et à 65 ans à taux plein. Les communistes veulent tenir compte de la pénibilité par branche d'activité pour permettre des départs anticipés. Les députés PCF et PG avaient déposé en septembre une proposition de loi qui propose une réforme alternative à celle du gouvernement avec un changement radical du financement. Il s'agit notamment d'assujettir les revenus financiers des entreprises à une contribution d'assurance-vieillesse (30 milliards d'euros), de moduler les cotisations patronales selon que les entreprises privilégient l'emploi ou la spéculation, de revenir sur l'exonération des heures supplémentaires.
La proposition visait également à taxer d'avantage les stock-options, les parachutes dorés et autres indemnités de départ. Le Parti de gauche propose également (voir ses propositions) d'"assurer un taux de remplacement moyen d'au moins 75 % du dernier salaire".
MOUVEMENT DÉMOCRATE Faut-il poursuivre le mouvement ?
Le parti centriste n'a pas participé au mouvement contre la réforme des retraites, "mais nous avons soutenu ceux qui considéraient comme nous que cette réforme est injuste et insuffisante", nuance Robert Rochefort, vice-président du MoDem et responsable de l'économie au sein du "cabinet fantôme" du parti. François Bayrou avait estimé, au début du mouvement, que le passage à 67 ans à taux plein était une injustice pour de nombreux salariés, notamment les femmes.
"Nous avons trouvé que les directions des syndicats ont été responsables", assure-t-il, même s'il souligne que "le MoDem n'a pas trouvé que les blocages des raffineries était quelque chose de très astucieux. La mobilisation des jeunes a aussi pu sembler étrange". "On sent que le mouvement est en train de reculer et que les syndicats ont un problème pour gérer la fin de la mobilisation car le gouvernement les a pratiquement humiliés en ne lâchant rien", tranche-t-il.
Aujourd'hui, "il ne faut pas ne pas promulguer le texte. C'est mauvais pour la démocratie", assure Robert Rochefort.

Quelle réforme en 2012 ?
Le MoDem assume le passage à 62 ans pour l'âge légal, étalé sur une durée de huit ans, mais prône un retour à 65 ans pour la retraite à taux plein. Comme le PS, il défend une augmentation de la durée de cotisation à 41,5 ans. Le parti centriste envisage "des taxes sur les revenus complémentaires au salaire, comme l'intéressement ou la participation", une "hausse de la contribution des salariés et de la contribution des revenus du capital, dans une proportion similaire", souligne Robert Rochefort.
Le vice-président du MoDem promet également que son parti "réfléchira à la mise en place d'un système de retraite à points, qui permet de gagner des points en fonction qu'on travaille plus ou moins, au lieu de comptabiliser uniquement les trimestres". Sur le long terme, François Bayrou plaide depuis longtemps en faveur d'une refonte de tous les régimes de retraite, dont les régimes spéciaux, avec la mise en place d'une "retraite à la carte". Une proposition qui figurait déjà dans ses propositions en 2007.
MAINTENANT QU'ELLE EST PASSÉE, AUCUN PARTI POLITIQUE N'OSERA Y RETOUCHER. 
FORFANTERIE ET DÉMAGOGIE : LES DEUX MAMELLES DE L'OPPOSITION

Les socialistes se disputent la jeunesse en pensant à 2012

Les manifestations lycéennes imposent le thème dans le futur débat présidentiel. 

Et si la jeunesse était la clé pour entrer à l'Élysée en 2012? Depuis la mobilisation inattendue des lycéens contre la réforme des retraites, les socialistes commencent à s'intéresser de beaucoup plus près au sujet. À moins de deux ans de l'élection présidentielle, pas question de passer à côté des jeunes en ne répondant pas à leurs attentes.
Mercredi soir, la réforme des retraites à peine votée, Ségolène Royal a demandé aux jeunes de ne pas laisser retomber leur fièvre mobilisatrice. «C'est cette fièvre qui maintiendra le monde à la bonne température. Car quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde se glace», a-t-elle lancé lors d'une réunion de préparation de la convention du PS sur l'égalité réelle, à Décines, près de Lyon. Au passage, l'ex-candidate en a profité pour rappeler comment, en 2007, elle avait réussi à mobiliser les jeunes des quartiers. Elle a surtout lancé sa proposition d'un «pacte national de confiance pour l'emploi des jeunes».
Présente dans la salle, la présidente du Mouvement des jeunes socialistes a apprécié. Pour Laurianne Deniaud, «il y a eu un sursaut des socialistes sur la jeunesse. Cela fait du bien de voir que les leaders s'intéressent aux jeunes».

«Donner du contenu»

À vrai dire, ils se penchaient déjà sur le sujet avant les manifestations contre la réforme des retraites. Mais pas au point d'envisager de l'inscrire en tête de leurs préoccupations. Seul François Hollande en avait fait jusqu'alors le cœur de sa réflexion, avec l'idée que le thème pourrait s'imposer en 2012 comme celui du travail en 2007 ou de la sécurité en 2002. «Les manifestations ont donné de l'actualité à mes propos», note l'ancien premier secrétaire du PS qui, beau joueur, ne revendique aucune antériorité. «Les idées n'appartiennent à personne. Il ne suffit pas de dire “j'ai été le premier”, il faut maintenant donner du contenu.»
C'est là que ça se complique. Le PS doit arrêter sa position en décembre lors de la convention sur l'égalité réelle que préside Benoît Hamon. Dans le même temps, le MJS milite pour l'organisation d'une convention sur la jeunesse au printemps prochain. Depuis plus d'un an, le mouvement travaille sur trois chantiers dans le cadre de son programme «Perspective 2012» «Martine Aubry est très à l'écoute. Elle était présente à notre congrès où elle a prononcé un discours très offensif. Suite à notre travail sur l'emploi, j'ai présenté nos propositions en bureau national», raconteLaurianne Deniaud. L'allocation d'autonomie pour les jeunes, que demande le MJS, figure en principe dans le programme du PS. Mais cette idée devra d'abord être validée par le futur candidat. Or François Hollande, plus attaché à l'idée d'un prêt étudiant, ne la partage pas. En 2007, Ségolène Royal s'était aussi montrée réticente, en refusant le principe de «l'assistanat».
En dehors du cadre de la convention sur l'égalité réelle, François Hollande a prévu de s'exprimer à nouveau sur la jeunesse, en publiant un document ou en prononçant prochainement un discours pour réexpliquer son idée de «contrat de génération». Du côté de Ségolène Royal, on réfléchit aussi à l'idée d'éditer un document reprenant les propositions de l'ex-candidate. Pour les socialistes, il y a un autre intérêt à se pencher sur la jeunesse: c'est celui d'enjamber l'échec de leur opposition à la réforme des retraites. Et de passer à autre chose.

Sécu : le coup de sang de Nadine Morano à l'Assemblée

Mise en difficulté sur un article du projet de financement de Sécu 201, la secrétaire d'Etat à la Famille a eu des mots très vifs envers sa propre majorité, vendredi, à l'Assemblée.

Fait rare, vendredi soir à l'Assemblée nationale : les députés, y compris ceux de la majorité, ont décidé de supprimer une mesure du gouvernement dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale. L'article retoqué concernait le report du versement des 178 euros de la Prestation accueil du jeune enfant (Paje) au mois qui suit la naissance de l'enfant.
Une décision qui a visiblement agacée Nadine Morano. La secrétaire d'Etat à la Famille a eu des mots très vifs envers sa majorité UMP et avec le président de séance Maurice Leroy, député du Nouveau centre. Hors micro, alors que le vote commençait, la représentante du gouvernement a reproché au centriste de ne pas lui avoir demandé l'avis du gouvernement.
«Je ne pouvais pas rester silencieuse et j'ai demandé à pouvoir donner l'avis du gouvernement. C'est d'ordre réglementaire», a réagi dans la soirée la secrétaire d'Etat. Pour obtenir le droit de donner cet avis, Nadine Morano s'est alors «mise à vociférer», a accusé une source parlementaire UMP, ce qu'elle a démenti. «Je démens catégoriquement avoir tenu des propos virulents devant l'Assemblée, les enregistrements ainsi que le compte rendu de séance sont là pour le prouver. C'est un simple incident de procédure», a-t-elle assuré.

«Le gouvernement ne supprime rien»

Lors de cet échange hors micro, Maurice Leroy lui a soutenu qu'elle venait de s'exprimer longuement. La secrétaire d'Etat avait en effet expliqué en substance que cette mesure permettrait d'économiser 64 millions d'euros en 2011, sans supprimer aucune prestation.
Après un premier vote qui ne lui a pas été favorable, Nadine Morano a demandé une suspension de séance. Dans les couloirs de l'hémicycle, elle a poursuivi son explication avec Maurice Leroy qui lui a concédé un nouveau vote. Il «a lui-même reconnu avoir fait une faute», a affirmé la secrétaire d'Etat.
De retour dans l'hémicycle, avant ce nouveau vote, tournée vers les députés UMP, elle a repris son argumentaire avec énergie, expliquant en substance qu'il n'y a pas de petites économies. «Le gouvernement ne supprime rien», a-t-elle argumenté , évoquant des «mesures d'harmonisation» avec d'autres prestations. «La France consacre 100 milliards d'euros à sa politique familiale», a-t-elle poursuivi, rappelant «une prime exceptionnelle de 150 euros versée en juin aux familles modestes».
Las, le nouveau vote a confirmé le premier, maintenant le versement de l'allocation de base de la Paje à la naissance de l'enfant, et non le mois qui suit.

Georges et le kitsch

Georges Frêche a échappé aux cons qui le chassaient à courre, lui qui s’amusait à en être un autre, de con, et un sévère parfois, pour exaspérer ses ennemis.
Georges conjuguait ses horreurs pour leur dire un peu plus qu’il les méprisait, tous ceux qui dénonçaient son racisme, son antisémitisme, sa vulgarité. Georges ne voulait pas en souffrir, d’être pris pour ce qu’il n’était pas, il préférait le tonitruer.

Il poussait son immense carcasse, le corps et la canne raides comme ses saillies; il conchiait un adversaire en proclamant qu’il l’avait jadis cocufié - et ravi d’avoir choqué, rebondissait en parlant d’histoire, du mouvement de sa région, de son Montpellier assoupi devenu le partenaire de la Chine, de Shanghai! De son Languedoc, il voulait saisir le monde, lui qu’une gauche étriquée n’avait jamais fait ministre en France. Dans ses ambitions et ses outrances, Georges se rendait odieux à ceux qui l’avaient négligé: c’était tragique et superbe à la fois, de le voir défier l’époque et son kitsch dans un combat forcément perdant.

C’est Kundera qui a le mieux décrit cette passion convenable: "Le kitsch, c’est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion." Transmuter l’antiracisme en lapidation d’un progressiste, c’était l’idiotie des anti-frêchistes. Il y aurait eu mille manières de le contester: ce politique novateur était devenu, vieillissant, l’élu des parvenus du Sud-Ouest, infichu d’entraîner les Maghrébins ou les Gitans de la Paillade et autres cités du soleil… Cet échec-là - Frêche le bâtisseur finalement encalminé dans sa sociologie - était réel : sa diabolisation fantasmatique salit ceux qui lui ont survécu.

On pense à Frêche et au kitsch au moment où une poignée d’indignés kitschissimes tambourinent pour que Guerlain soit boycotté afin que la marque expie un vieil homme venu du passé. Ce qu’a fait l’inventeur de Samsara sur France 2 tient moins de l’offense contemporaine que d’un éclairage historique, quand les bourgeoisies gloussaient sur la paresse des nègres… Jean-Paul Guerlain atteste notre sale Histoire, pas notre présent. Le racisme anti-Noirs ne se nourrit pas aujourd’hui de Tintin au Congo mais de peurs sociologisées sur les violences des banlieues, des cadenas de l’Europe, des logements insalubres et qui brûlent parfois, de la blancheur verrouillée des élites. C’est là qu’il faut combattre, et laisser en paix d’aimables fragrances qui n’y sont pour rien.

Le kitsch, si l’on ose compléter Kundera, est une manière de se tromper de cible ou d’abîmer ses combats en quelques mots de trop. On le sent monter ces jours-ci, dans les proclamations de certains confrères sur les "guerres" que le pouvoir mènerait contre les journalistes, dans un pays en quasi-dictature. Les vols des ordinateurs de nos amis du Point et du Monde, le cambriolage de nos amis de Mediapart, sont des faits suffisamment inquiétants pour qu’on s’épargne le kitsch des conclusions sans preuve. La vigilance n’est pas une griserie.

Le marché du foie gras français se porte bien

Les ventes de foie gras français ont continué à progresser au premier semestre 2010 sur le marché intérieur tout comme à l'exportation, a appris vendredi l'interprofession. Après une hausse annuelle de 7,5% l'an dernier, les achats des ménages ont progressé de 19% entre le 25 janvier et le 5 septembre, par rapport à la même période en 2009, ce qui représente 1.869 tonnes vendues. Les exportations ont augmenté à un rythme un tout petit peu inférieur (+ 17% pour les foies gras crus, + 11% pour les foies gras transformés) tandis que les importations marquaient un fléchissement de 15% sur le foie gras de canard et de 28% sur le foie gras d'oie. Sur cette période, la balance commerciale affiche un excédent de 12,4 millions d'euros (34,8 millions d'euros à l'export, 22,4 millions d'euros à l'import), selon les données des Douanes/Ubifrance.

Attention patrons, ils sont en colère

Des sociologues mettent en garde : les tensions sociales vont se répercuter dans les entreprises.
Les opposants à la réforme contre les retraites n’ont pas obtenu gain de cause et risquent de le faire payer à leurs patrons. C’est en tout cas ce que craint Denis Monneuse, sociologue et directeur de projet chez "Entreprise & personnel", une association qui réunit 130 groupes français parmi lesquels Renault, L'Oréal, Axa, la Société générale, EDF ou encore la SNCF.

Frustrations = plus grandes revendications

Selon lui, les tensions sociales qui se sont développées face à la réforme des retraites vont peu à peu se reporter ailleurs et notamment au sein de la cellule professionnelle. Le phénomène est le même qu’avec la mauvaise humeur qu’un rien envenime, note Denis Monneuse.
"La frustration qui peut exister chez certains peut nourrir des revendications encore plus fortes, notamment sur les négociations obligatoires sur les salaires", qui devraient intervenir sous peu, explique Denis Monneuse à Europe 1. Le risque est donc que les employés en colère reportent "des revendications sur les retraites vers la question des salaires", s’inquiète-t-il.
Un dialogue musclé risque ainsi de s’installer dans les semaines à venir dans les entreprises. Et pas seulement sur les questions salariales. Pour Denis Monneuse, l’emploi des seniors sera probablement un sujet portant à discussions.

Pour Mme Dati, la grosse artillerie

Sa langue a fourché, on en fait des gorges chaudes. Sur le désormais fameux lapsus de Rachida Dati, le catalogue des blagues semblait épuisé. Les plus courtes sont les meilleures, ce plaisantin de la Drôme devrait le savoir. Il a pourtant choisi de contacter l’ex-garde des Sceaux par e-mail. Pour lui demander quoi? “ Une petite inflation”.

Chez l’économiste amateur, ici, il y a sans doute un cochon qui sommeille. Et un sacré lourdaud. Reste que la justice aussi utilise la grosse artillerie. L’interpellation du suspect au petit matin, la perquisition de son appartement, la saisie de son ordinateur, passe encore. Mais pourquoi lui infliger 48 heures de garde à vue, alors qu’il reconnaît les faits? On ignorait que le délit “d’outrage” méritât tant de rigueur et d’investigations.

En France, les nécessités de l’enquête ont bon dos. C’est le genre d’abus que la cour européenne sanctionne régulièrement. Et que le gouvernement a d’ailleurs promis de faire cesser.

Du coup, le procureur de Valence se trouve suspecté à son tour par l’opinion. De zèle intempestif. Il s’en défend, bien sûr, et ne voit “rien de disproportionné” dans la procédure. N’empêche, à Nanterre, son collègue Philippe Courroye s’est montré nettement plus mesuré avec les protagonistes de l’affaire Bettencourt. Quel doigté, là-haut, que de prévenances !

A croire que la gauloiserie menace davantage la société que les entourloupes politico-financières.

Abuser

La réforme passe, l'affaire continue: les retraites sont réformées, mais la retraitée la plus célèbre de France demeure sur l'avant-scène. Est-elle d'ailleurs retraitée, Liliane Bettencourt ? Prend-on sa retraite, quand on est la rentière la plus riche de France ? Peu importe, l'essentiel est son affaire, qui nous distraie par ses rebondissements quotidiens. Après avoir perturbé la grande réforme du quinquennat, et plombé un ministre naguère d'avenir, l'affaire Bettencourt a ces derniers jours obligé le juge Courroye à jeter la toge, déclenché une épidémie de vols d'ordinateurs de journalistes, et réveillé le spectre des barbouzes... «Je ne bois pas trop de vin, parce que je fatigue», commente notre retraitée, qui cependant fanfaronne: «Si on m'abuse, c'est que je me laisse abuser». Et nous, Français, si on nous amuse avec cette affaire, c'est qu'on se laisse amuser ?

Assez !

Assez de sang, assez de morts et d'exécutions capitales dans cet Irak meurtri, ravagé par la guerre.

Après tant de souffrances, on pouvait s'attendre à quelques efforts en vue de la paix intérieure et de la réconciliation. Apparemment, il n'en est rien. Les règlements de compte vont bon train. Les exactions sont nombreuses et de toutes origines.

À cela, le gouvernement et la justice irakienne ajoutent des rafales de peines de mort, incluant des personnes déjà jugées et condamnées à des années de prison. Comme si cela ne suffisait pas, on ajoute des procès nouveaux aux procès anciens, comme si on voulait à tout prix obtenir une condamnation à la peine de mort.

C'est ce qui vient d'arriver à Tarek Aziz, ex-vice-Premier ministre de Saddam Hussein et chef de la diplomatie irakienne. Il vient d'être condamné à la peine capitale avec deux dignitaires de l'ancien régime. Cela ressemble à une vengeance plus qu'à une expression sereine de la justice. De toutes parts dans le monde, s'élèvent des demandes de grâce. Le Vatican a demandé qu'il ne soit pas exécuté, non parce qu'il est chrétien, mais parce que le Vatican s'affirme désormais opposé à la peine capitale. Du reste, il était déjà intervenu en faveur de Saddam Hussein pour tenter d'empêcher son exécution.

Malgré ces appels à la clémence, depuis six ans, des centaines d'exécutions capitales ont eu lieu. D'après Amnesty International, un millier de condamnés, dont dix-sept femmes, attendent leur exécution dans les prisons irakiennes et quelles prisons ! 120 personnes auraient été pendues en 2009, s'ajoutant aux 120 000 morts irakiens depuis 2003.

La peine de mort avait été abolie par les Américains. Elle a été rétablie par le gouvernement irakien, désireux sans doute de faire place nette. Désormais, ce pays est l'un de ceux où l'on applique le plus la peine de mort qui pourtant ¯ et heureusement ¯ régresse dans le monde.

Le gouvernement irakien se grandirait en cessant ces pratiques d'un autre âge, au lieu de continuer par ce moyen inhumain à terroriser ses opposants. Ce n'est pas ainsi qu'il réconciliera les communautés et favorisera la réhabilitation du pays. Ce n'est pas ainsi qu'il fera renaître la confiance des nations à son égard.

Un sursaut très byzantin




En politique européenne, il est toujours difficile de faire la part du « vrai » de celle du « flou »... appelé à devenir un jour du « vrai ». Rien d'étonnant si le citoyen a du mal à comprendre cette succession de compromis sur des compromis arrêtée hier à Bruxelles. Ainsi, que retenir de ce Conseil ? La mini-réforme du traité de Lisbonne présentée en paravent ? Ou - enfin - une timide ébauche d'un gouvernement économique de la zone euro ?
Théoriquement, la réforme du traité et la future gouvernance économique sont liées. Pour ne pas être démentie par sa Cour constitutionnelle, l'Allemagne doit obtenir un amendement au texte de Lisbonne qui autorisera en quelque sorte la création d'un « Fonds exceptionnel provisoire permanent » destiné - pour la sauvegarde de l'euro - à venir en aide aux États en difficultés, comme la Grèce au printemps dernier.
Et, mais c'est encore à voir, les fauteurs de la crise - banques, fonds spéculatifs... - devraient être associés à ce mécanisme. Toutefois, pour ne pas ouvrir la porte à tous les laxismes, les pays en délicatesse avec les critères de Maastricht risqueront de « vraies » sanctions. Or il est étonnant que la France, pourtant grande pécheresse question déficits, ait approuvé cette procédure dans la fameuse déclaration franco-allemande de Deauville qui a fait hurler les « petits » de l'UE.
En réalité, il y a un « lézard », et de taille : les sanctions, toujours du ressort de la Commission, seront désormais « automatisées »... et non plus « automatiques ». Traduction : l'ultime décision sera prise par le Conseil des chefs d'État et de gouvernement qui reprend ainsi la main sur la technocratie. Ce retour en force des politiques ressemblant fort à l'Europe « intergouvernementale » du passé ébranle aussi la tour d'ivoire de la BCE de Francfort.
Le nouveau « Fonds » ou « parapluie financier » quasi permanent taille par sa seule existence une brèche dans les doctrines monétaristes à la base de l'euro. Ce qui explique les échanges aigres-doux entre Jean-Claude Trichet et Nicolas Sarkozy à Bruxelles...
Mais que de compromis pour en arriver là ! Le « oui » des 27 à la difficile révision du traité de Lisbonne a pour une bonne part été obtenu en s'entendant sur une réduction du budget de l'UE. Au grand dam du Parlement européen qui, par ailleurs, dans un artifice juridique, serait plus ou moins écarté de cette révision. Et comment va réagir la Commission Barroso rabrouée dans ses pouvoirs ? Enfin, quelle sera en fin de course l'attitude des États qu'irrite le « directoire » franco-allemand ?
Il y a du tangage dans l'air avec quelques belles querelles byzantines en perspective... et très éloignées de cette « Europe transparente » promise aux citoyens de l'UE.


Le Talk : Nathalie Kosciusko-Morizet



Poigne de fer à Bruxelles

Voilà un sommet de Bruxelles qui aurait pu mieux démarrer. Nicolas Sarkozy arrive, laissant derrière lui un feu qui couve encore. La crise sociale, née d'un projet de loi sur les retraites, n'en finit pas. Tous les dirigeants européens vont se retrouver ainsi, laissant leurs pays confrontés à la plus grande purge d'austérité jamais imposée. Et si l'ordonnance est à peu près partout identique, les corps ne réagissent pas de la même façon aux pharmacopées proposées. En sus, Angela Merkel, son alliée du mois d'octobre, n'a pas pris de gants pour préparer ce qu'elle considère comme essentiel à ses yeux : un plan d'action d'une sévérité sans précédent pour renforcer la discipline budgétaire européenne. Elle a eu gain de cause. Comment ? En déclarant que « sans un accord entre la France et l'Allemagne, pas grand-chose n'était possible en Europe ». Autant dire que pour elle l'affaire était close depuis son entrevue avec Nicolas Sarkozy, le 17 octobre.

Mais, au fond, quel est le souci de cette nouvelle « dame de fer », sinon de ne pas se retrouver en porte à faux devant son pays quand l'Allemagne devra se porter solidaire d'une nation relevant de l'Union européenne, comme elle le fit avec la Grèce ? On voit ici toute l'ambiguïté de ce rassemblement des Vingt-Sept, ses lignes de force en même temps que sa fragilité. Car on peut, d'un point de vue strictement économique, donner raison à Angela Merkel de refuser désormais toute fuite en avant et tout endettement inconsidéré à l'intérieur de l'Union. Mais cela revient également à considérer que chacun des pays pourrait se comporter comme peut le faire l'Allemagne, et surtout en aurait les moyens. Or, voilà qui nous ramène à notre France. Culturellement et historiquement, aucun pays d'Europe, dans la longue formation qui a présidé à sa naissance, ne peut être comparé à son voisin. Ni politiquement. Ni syndicalement. A fortiori ni socialement. Cette constatation équivaudrait-elle à une négation de l'Europe ? Non. Mais à se souvenir de l'esprit de ses pionniers, et de leurs souhaits, un rassemblement où les disparités pourraient être tolérées, les souplesses permises, les règles sociales et les intérêts économiques communs. Et non cette foire d'empoigne, où ce qui prévaut est l'alignement perpétuel, imposé par les plus riches et les plus forts.

Aucun pays d'Europe, dans la longue formation qui a présidé à sa naissance, ne peut être comparé à son voisin


Comment BlackBerry a séduit ados et étudiants

Le spécialiste des smartphones pros, menacé sur le segment des entreprises, s’est lancé dans le mobile grand public. Et vise les jeunes avec un impressionnant arsenal marketing.

Elle a 16 ans, vient d’entrer en première et piaffe devant une boutique de téléphones, près de l’Etoile, à Paris… «Le blanc, là, il est bombesque !» La jeune fille désigne du doigt le BlackBerry Curve 8520, un gros smartphone à clavier. A part la couleur, le modèle ressemble à ceux que l’on voit vissés à l’oreille des cadres en costume-cravate dans la rue, à l’extérieur du magasin. Mais l’adolescente n’en démord pas : «Il est vraiment trop classe, et pas cher. Et au lycée toutes mes copines en ont un.» Le phénomène a surpris le constructeur lui-même.

Coqueluche. Depuis deux ans, ses BlackBerry, réputés pour leur gestion des e-mails et destinés aux entreprises et aux particuliers aisés, sont devenus la coqueluche des jeunes. D’abord dans les arrondissements chics de Paris, où les ados récupéraient le vieux «BlackBé» de papa, puis dans toutes les villes de France. C’est le grand clavier azerty, pratique pour les SMS, et la messagerie instantanée BlackBerry qui les attirent. L’objet confère également un statut flatteur. «Il vient du monde pro, donc il fait mature, alors que l’iPhone d’Apple sert à se donner une image plus jeune», décode Laurent Lamé, le directeur marketing de SFR. Research In Motion (RIM), le fabricant canadien de BlackBerry, a tout de suite compris l’intérêt de surfer sur cette vague.
Cet engouement des jeunes tombe en effet à pic pour le fabricant de smartphones. Depuis 2006, ce dernier cherche en effet à compenser la perte de son hégémonie chez les pro (lire l’encadré page 28) en attaquant le marché des particuliers. Moins rentable, critiquent les analystes. Mais tellement plus vaste, avec ses 50 à 60 millions d’unités vendues chaque trimestre. Pour coller à cette nouvelle clientèle, BlackBerry a donc affiné sa stratégie. Avec succès : les 15-25 ans représentent désormais la moitié des nouveaux clients de la marque, estiment les opérateurs français. «Prenez le 8520 : chez nous, c’est le téléphone le plus acheté par les moins de 26 ans», constate-t-on au marketing d’Orange.
Résultat, le géant de Waterloo, dans l’Ontario, a gagné sa place auprès du grand public et a vendu plus de 36 millions de téléphones au total, pour plus de 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur le dernier exercice (fin février). Et si ses parts de marché sur le segment des smartphones reculent un peu aux Etats-Unis sous les coups de boutoir d’Apple, en France elles ont progressé de 12 à 19%. En un an.
Le look et l’équipement. Le premier réflexe de BlackBerry a été de concevoir des mobiles plus adaptés à cette clientèle en jean-baskets. Avec le lancement du Pearl en 2006, son premier modèle pour particuliers, le fabricant a introduit une interface bien plus ergonomique, avec appareil photo, flash, baladeur MP3, jeux et applications grand public. Les derniers modèles sont parfois disponibles en cinq coloris différents, du classique blanc à l’inattendu lavande. «A chaque nouvelle teinte, on double les ventes», assure-t-on chez Orange.

RIM a également tenté de lancer son propre écran tactile, inspiré de celui de l’iPhone. Mais faute d’une technologie suffisamment au point, son premier modèle à en être équipé, le Storm, a fait un flop en 2009. «Surtout, les jeunes voulaient de l’azerty!» analyse Stéphane Dubreuil, du cabinet Sia Conseil. Le BlackBerry Torch, lancé aux Etats-Unis cet été – cet automne en France – dispose des deux : un écran tactile et un clavier coulissant au-des-sous. Entre-temps, le BlackBerry Curve 8520 continue à être champion des ventes chez les ados et les étudiants.
Pourtant, il n’a ni GPS, ni flash, ni connexion 3G. La clé de son succès ? Son prix. «Les jeunes y sont très sensibles, explique Karine Dussert-Sarthe, directrice marketing chez Orange. Avant, les BlackBerry coûtaient jusqu’à 500 euros avec des abonnements plutôt onéreux. Avec le 8520, la barrière tarifaire est tombée pour le téléphone et pour le forfait.» L’appareil basique a un coût de production de 103 dollars, selon le cabinet d’études iSuppli. «Nous l’achetons 150 euros pièce, contre 450 pour l’iPhone», détaille Vincent Leclerc, le directeur des achats du réseau The Phone House. Résultat : après subvention des opérateurs, le Curve 8520 est commercialisé à partir de 1 euro en boutique.
Forfaits jeunes. «RIM a également fait le forcing pour être associé à des forfaits bon marché», glisse un expert du secteur, selon qui les formules pour iPhone coûtent une dizaine d’euros de plus, environ. Parmi les arguments avancés par le fabricant canadien : ses flux de données, très compressés, consomment trois à huit fois moins de bande passante que le smartphone d’Apple. Les opérateurs, trop contents d’aiguillonner la marque à la pomme, ont joué le jeu. Et accepté, notamment, de ne pas ou peu répercuter dans leurs tarifs les frais mensuels que BlackBerry facture en moyenne pour l’utilisation de ses serveurs (e-mails et messagerie instantanée).

Pour une heure de communication, plus Internet et des courriers électroniques illimités, il faut compter 24,90 euros chez SFR, 28,90 euros chez Bouygues Telecom et 30,90 euros chez Orange, pour deux ans d’engagement. Seule condition, chez Orange et SFR : avoir moins de 26 ans. De son côté, RIM s’est plié de bonne grâce aux exigences commerciales des opérateurs. Les réseaux de boutiques étant fans d’exclusivités et de séries limitées, BlackBerry a commercialisé son modèle mauve en avant-première chez The Phone House. Le fabricant a aussi loué des stands réservés à ses modèles dans les boutiques SFR, offert des primes, classiques dans le secteur, pour chaque appareil vendu. Par ailleurs, des dizaines de consultants et de cadres du siège ont été envoyés chez les opérateurs pour former les vendeurs aux spécificités de ses terminaux.
Messagerie vedette. Mais c’est avec son énorme plan marketing que RIM a tapé le plus fort. Marché de masse oblige, la firme canadienne a fortement augmenté ses dépenses publicitaires. Rien qu’en France, son budget a triplé cette année, atteignant 13 millions d’euros brut (avant remise) au premier semestre, indique l’institut Kantar Media. Dans sa communication, BlackBerry a pris soin de s’adresser aux jeunes sans bousculer sa clientèle d’entreprise.
Si ses pubs ne mettent plus en scène de PDG vedettes mais des jeunes hilares, le noir et blanc leur donne un côté rétro, et les textes sont rédigés dans un style plutôt soutenu. Le fond, lui, se concentre sur la messagerie instantanée BlackBerry Messenger, plébiscitée par les ados, et astucieusement rebaptisée BBM pour l’occasion. Le système ne fonctionnant qu’entre téléphones BlackBerry, la marque joue à fond la carte communautaire.
L’effet stars. Le reste de son budget est englouti dans une gigantesque opération de sponsoring. Cible prioritaire : les vedettes de la musique, qui séduisent surtout les jeunes, surconsommateurs d’albums et de MP3. BlackBerry est ainsi le partenaire officiel de U2 pour la centaine de dates de sa tournée, comme il l’a été en 2010 pour le concert des rappeurs de Black Eyed Peas. Dans un de ses derniers clips, Will.i.am, le leader de ce groupe, chante d’ailleurs plus de 1 minute dans son téléphone BlackBerry, sur les quatre que dure la vidéo.
Pas très subtil, mais efficace. Comme lorsque les smartphones de RIM se retrouvent dans les magazines people entre les mains de vedettes telles que Paris Hilton, Rihanna, Lily Allen ou Emma de Caunes. Les stars reçoivent en général ce genre de produit gratuitement, et ne se privent pas d’en faire la promo. «Cela renforce le sentiment d'appartenance à une tribu analyse Stéphane Dubreuil, de Sia Conseil. Exactement ce que recherchent les jeunes.

vendredi 29 octobre 2010

Sarkozy promet des "initiatives" pour répondre aux "inquiétudes"

Le président de la République veut "prendre le temps de réfléchir" aux réponses à apporter au mécontement des Français.

Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé vendredi qu'il avait "entendu" les "inquiétudes, souvent légitimes", exprimées sur la réforme des retraites, et qu'il prendrait "des initiatives le moment venu pour y répondre". Il a indiqué, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des dirigeants européens, qu'il promulguerait la loi à l'issue de la décision du Conseil constitutionnel.
Interrogé sur le recours que le Parti socialiste veut déposer contre le projet de loi sur les retraites, M. Sarkozy a répondu: "attendons que le recours soit déposé, attendons sereinement que le Conseil constitutionnel se prononce". "Dans cette affaire, il n'y a qu'un seul vainqueur, la sécurité sociale", a estimé le président français.
"Ce sont les Français, qui, une fois la loi promulguée, sauront que leurs retraites seront financées, que la solidarité ne sera pas un vain mot, que les retraités pourront compter sur leurs pensions de retraites", a-t-il dit. "Tous ceux qui partiront à la retraite dans les années qui viennent sauront que le système français de sécurité sociale, fondée sur la solidarité entre les générations, fonctionne. C'est tout", a insisté M. Sarkozy. "Pour le reste, des inquiétudes, souvent légitimes, ont été exprimées. Je les ai entendues, j'y ai réfléchi et je prendrai le moment venu des initiatives pour y répondre", a-t-il dit.
"Mon devoir de chef de l'Etat est d'entendre ce qui a été dit par les uns et les autres. Il y a beaucoup de leçons à tirer de tout ceci. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il faut prendre le temps de réfléchir sereinement, calmement, profondément à ce que chacun a voulu exprimer dans le cadre de ses responsabilités et en tirer les conclusions", a-t-il expliqué.
Selon lui, "il y a eu beaucoup de discussions, de débats", autour du projet de réforme des retraites. "Chacun a fait face à ses responsabilités pour cette réforme importante pour la solidarité (...) Je pense aux petites retraites qui sont sauvées. C'est très important parce que les premières qui auraient été pénalisées s'il n'y avait pas eu de réforme, ce sont les petites retraites", a-t-il ajouté. Interrogé sur le prochain remaniement de son gouvernement, M. Sarkozy a fait remarquer qu'il avait "un calendrier international extrêmement chargé", laissant ainsi entendre que le changement de gouvernement n'interviendrait qu'après cette séquence internationale.
A l'agenda du président Sarkozy figurent, après le sommet des dirigeants de l'UE de jeudi et vendredi, un sommet franco-britannique sur la défense (2 novembre à Londres), une visite d'Etat du président chinois Hu Jintao en France (du 4 au 6 novembre), le G20 de Séoul (11 et 12 novembre).

Combattre Ben Laden



Les Français jugent leur pouvoir d'achat en petite forme

rès de la moitié des Français s'attendent à voir leur pouvoir d'achat diminuer au cours des mois à venir et un sur dix seulement envisage d'augmenter ses dépenses courantes, montre vendredi un sondage Viavoice pour la banque BPCE, le quotidien Les Echos et la radio France Info.

Onze pour cent des personnes interrogées estiment que leur pouvoir d'achat va augmenter au cours des trois prochains mois, alors que 47 % disent s'attendre à le voir diminuer et 37 % condisèrent qu'il restera stable. Près d'un quart (24 %) des consommateurs pensent même que leur pouvoir d'achat va "fortement" baisser.
ÉPARGNE RÉDUITE

Seuls 10 % des Français déclarent envisager de dépenser davantage pour leur alimentation ou l'habillement pendant les trois prochains mois, alors que 36 % envisagent de réduire leurs dépenses par rapport aux derniers mois. Les statistiques publiées mercredi par l'Insee ont montré une hausse de 1,5 % de la consommation de produits manufacturés en France en septembre, notamment grâce à un bond de 11,2 % des achats de voitures. Sur l'ensemble du troisième trimestre, les dépenses en produits manufacturés ont augmenté de 1,2 %.

Le sondage Viavoice pour BPCE, Les Echos et France Info montre aussi que 7 % seulement des Français pensent "mettre plus d'argent de côté" dans les mois à venir, alors que 30 % prévoient de réduire leur épargne. Ils sont 26 % à déclarer ne pas épargner actuellement.

Enfin, 36 % des personnes sondées disent que leurs déplacements ont été perturbés par les mouvements sociaux et ils sont 85 % à déclarer avoir acheté plus d'essence que d'habitude pour éviter une pénurie.

L'étude a été réalisée les 21 et 22 octobre auprès d'un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus.

ET LES GRÈVES, BLOCAGES ET MANIFESTATIONS N'ONT RIEN ARRANGÉ.

Et maintenant ?


Pour une fois, malgré les perpétuelles différences de chiffres, tout le monde s'accorde à reconnaître la baisse visible de la mobilisation. Le reflux des manifestants était logique en période de vacances et au lendemain du vote de la réforme qui ne pouvait qu'ajouter son effet démobilisateur à un début de fatigue et de résignation. Ce n'était pas pour autant le repos du 7e jour d'action ni l'enterrement du mouvement social. Les syndicats maintiennent la journée d'action du 6 novembre et ils continueront à cibler Nicolas Sarkozy pour le convaincre de ne pas promulguer la loi.


Cet objectif ne doit pas faire illusion car, à moins d'une explosion sociale incontrôlable qui ne ferait les affaires de personne, nul n'imagine le président se faire hara-kiri. La référence au CPE, finalement effacé par Jacques Chirac dans un tout autre contexte, est brandie comme un appât à manifestants par des dirigeants syndicaux qui ne peuvent se payer le luxe de tourner la page comme le président a, pour sa part, l'intention de le faire au plus vite.


Le drapeau blanc de la reddition fait office de mistigri entre syndicats. Le premier qui osera le saisir prend le risque de perdre d'un coup les dividendes d'une mobilisation réussie et toujours soutenue par une majorité de l'opinion. Même les syndicats ? comme la CFDT ? qui seraient tentés de négocier une vraie sortie de crise savent que, malgré la tendance à la reprise du travail, le retour à la normale n'est pas tout à fait d'actualité. Dans le contexte de crise, l'amertume, le sentiment d'injustice et l'angoisse pour l'avenir continueront de peser.


La majorité se félicite, avec une feinte modestie, de la victoire présidentielle et fait mine de voir le bout du tunnel contestataire. Cet affichage est de bonne guerre, surtout quand, depuis des mois, le mirage du remaniement et quelques autres affaires emblématiques mettent le gouvernement à cran. Mais, en privé, les plus lucides ne tirent pas de certitudes rassurantes à plus long terme. Plus qu'un nouveau gouvernement, il va falloir à Sarkozy des trésors d'imagination, à défaut de trésor budgétaire, pour offrir un autre cap crédible.

Affligeant !

Ce n'est pas à l'aune des masses battant le pavé qu'il faut juger la portée des manifestations. Mais à leur répétition. Elle témoigne d'un climat social complètement pourri. Et que la réforme des retraites ait été adoptée, ou que le gouvernement soit provisoirement sorti gagnant de ce bras de fer, n'y change rien. La situation reste affligeante.
D'abord, parce que dans une démocratie moderne tout doit être entrepris pour éviter de telles extrémités qui coûtent des centaines de millions à l'économie nationale et ponctionnent en millions de jours de travail envolés le pouvoir d'achat des grévistes. Ensuite, il n'y a rien de plus dangereux que de faire perdre la face aux centrales syndicales en exacerbant un sentiment d'injustice qui a gonflé tout au long de cet automne social. Autant dire que les miasmes ne sont pas dissipés. Ils vont empoisonner toute l'année prochaine.
Certes, d'aucuns ne veulent voir que les retombées politiques escomptées ou espérées puisque 2011 sera la dernière « vraie » année du quinquennat avant la présidentielle et les législatives de 2012. En soupesant le crédit d'une majorité aux abois menée par un président explosant les records d'impopularité. En spéculant sur les chances d'une opposition de gauche, bien que, dans l'épreuve que traverse le pays, elle se fasse surtout entendre par le sempiternel refrain du « demain, on rase gratis ».
Mais est-ce vraiment la situation politique qui compte ? Il y a bien plus important, plus grave : la France déjà à la traîne, dirigée à coups de « com » pour aller de faux-fuyants en faux-semblants, accrochée à l'Allemagne comme à une corde de salut, risque de s'enfoncer encore un peu plus. La France qui demeure, paraît-il, la cinquième ou sixième puissance économique de la planète, qui se targue d'être une puissance nucléaire, voit sa petite place au soleil contestée par à peu près tout le monde. Même par les mandarins de la Commission de Bruxelles : ils tancent Paris comme s'il s'agissait du dernier cancre de la classe. Impensable, il y a quatre ans encore...
Reste à espérer un sursaut car les potentialités humaines et économiques ne manquent pas. Ce sursaut n'interviendra que le jour où il y aura un vrai dialogue social, sans bras de fer, sans matamores, sans « baroud d'honneur », sans manifestations à répétition, sans mépris, sans les « je ne céderai pas »... C'est-à-dire le jour où le dialogue social à la française daignera enfin s'exprimer ailleurs que dans la cour de récréation d'une école maternelle.
En 2011 ? Rêvons...


Reconstruire la démocratie sociale


Plus on est sur le recul, plus on parle fort pour donner le change. La surchauffe syndicale qui accompagne la décrue avérée du grand mouvement social contre la réforme des retraites obéit évidemment à cette règle des sorties de conflit. Elle ne s'y réduit pas, loin s'en faut.

Les syndicats ont perdu la bataille politique des retraites, personne ne peut (faire) croire le contraire, sauf à pratiquer une indécrottable langue de bois. Paradoxalement pourtant, ils sortent de l'affrontement avec de solides arguments pour l'avenir. Une unité raisonnée qui ne rime pas avec uniformité. Une capacité à mobiliser massivement dans la durée, qu'on ne leur soupçonnait pas. Une aptitude un peu nouvelle à proposer, pas seulement à dire non. Une faculté inédite, aussi, à maintenir les éléments parasites (politiques ou autres) à bonne distance. Et peut-être surtout une légitimité à représenter une forme d'intérêt général, au travers d'un soutien majoritaire et inattendu de l'opinion. Bref, les syndicats ont fait un gros plein de crédibilité.

Ces forces emmagasinées sont parfois fragiles, les premiers craquements de l'unité intersyndicale en témoignent. Il n'empêche, elles rendent difficile la reconstruction de la concertation sociale et de la démocratie du même nom. Il ne suffira pas de passer d'un Premier ministre « père la rigueur » à un chef du gouvernement « estampillé social » pour dissoudre l'énorme contentieux accumulé. Privés de négociation sur les retraites, donc de tout acquis imputable à leur action, les syndicats se sont sentis bafoués dans leur légitimité, et un rien dévalorisés dans leur isolement contraint. Ils iront forcément à reculons aux prochaines concertations. D'autant que c'est une nouvelle soupe amère qu'on risque de leur proposer sur les dossiers à venir.

Le financement de la dépendance passe nécessairement par de nouveaux sacrifices, y compris cette fois pour les retraités. Le sauvetage de la Sécurité sociale, en aucune façon assuré par les dernières mesures gouvernementales, relève d'une chirurgie lourde que l'on ne pourra longtemps différer, obligatoirement douloureuse.

Le pire est rarement sûr. François Chérèque a opportunément ouvert une passerelle de dialogue sur l'emploi des jeunes, sujet essentiel en France. Le Medef a saisi la balle au bond, tant mieux. Le gouvernement a, là, une chance un rien « téléphonée », mais bien réelle, de recoller un peu les morceaux. Pour peu qu'il accepte de respecter les règles qu'il a lui-même édictées, en laissant les partenaires sociaux défricher eux-mêmes le sujet avant de légiférer.

En a-t-il sincèrement la volonté ? Après le traitement à la hussarde du dossier des retraites, c'est une question cruciale au coeur d'un débat plus vaste. Quelle est la place réelle de la démocratie sociale face à la démocratie politique ? La logique d'affrontement, typiquement française, qui prévaut, aujourd'hui, de part et d'autre n'est ni satisfaisante ni saine. Elle mène à un douteux et dangereux débat entre la légalité et la légitimité, à l'illusion dangereuse de croire aussi parfois, depuis le précédent du CPE, que la rue peut défaire ce que la loi a fait. Redéfinir la place de la démocratie sociale sur des bases plus claires, la réarticuler à la démocratie politique sur des fondements incontestables, n'est peut-être pas une urgence. C'est une nécessité.

Joie

Un Conseil européen ne se conçoit pas sans Hymne à la Joie, pour la musique, ni sourires sur la photo de famille, pour les images. Mais comme vous l'imaginez, la réalité d'un Conseil n'a rien à voir avec cette guimauve : c'est plutôt cris, chuchotements et crêpages de chignon. La dernière fois, notre Président s'était fâché avec un des Présidents de l'Europe à cause des Roms. Cette fois, il doit défendre son bouclier fiscal. Et il soutient sa meilleure ennemie, Madame Merkel, en guerre contre presque tous les autres pour imposer un nouveau traité. Une sorte de Traité du Père Fouettard, destiné à mieux punir les mal élevés ou les moins doués de la famille, qui n'en sont évidemment pas ravis… Toutes les familles connaissent ces rivalités sur fond de jalousie. Mais toutes ne s'obligent pas, comme la famille européenne, à sourire béatement en chantant l'Hymne: « Freude, Schöner Götterfunken… »

Après le “bras de fer”, la patte de velours 


À force de l’annoncer, la nouvelle a fini par être vraie : le mouvement s’essouffle. Mais pas l’angoisse du pays, qui porte les ferments d’autres révoltes. Si le rêve d’un “grand soir” s’éloigne, la peur des lendemains s’installe.
Le “déclin de la France” a cessé d’être une vague appréhension. Le spectre d’une précarité croissante, sur fond de chômage et de mondialisation, hante les familles. Aurait-on vu, sinon, des jeunes défiler pour la retraite des vieux ?
Le pouvoir l’a bien compris. Au prix d’un bel effort, le chef de l’Etat appelle ses troupes à éviter tout triomphalisme. Le “bras de fer” remporté contre les syndicats ne suscitera aucune fanfaronnade. Le vote définitif de la réforme ne sera pas brandi comme un trophée élyséen. Pas question d’aller fêter ça au Fouquet’s, même en passant par la porte de derrière !
Disciplinés, les ministres répètent à l’envi que le conflit n’a fait “ni gagnant, ni perdant”. Une véritable rengaine. Chacun récite, au mot près, la consigne venue d’en haut.
Il s’agit désormais de montrer patte de velours. D’abord, une manifestation reste programmée pour le 6 novembre. Mieux vaut ne pas trop souffler sur les braises.
Ensuite, l’échéance de 2012 approche. D’ici là, Nicolas Sarkozy devra se rabibocher avec les partenaires sociaux. Et surtout avec le peuple, avant que la sanction des sondages ne se retrouve dans les urnes.

Merkel maintient son exigence d'un changement du traité de l'UE

La chancelière allemande, Angela Merkel, a maintenu jeudi 28 octobre son exigence d'un changement du traité de Lisbonne pour doter la zone euro d'un filet de sécurité financier et insisté sur sa volonté, très critiquée, de priver les pays laxistes de leurs droits de vote dans l'UE.
Au sujet de la création d'un fonds de soutien permanent de la zone euro, Mme Merkel a déclaré à Bruxelles : "Nous, en Allemagne, sommes d'avis que nous avons besoin pour cela d'une modification des traités, sur la manière dont il faudra réagir à l'avenir à des crises qui mettent en danger l'euro dans son ensemble."

Elle a demandé en outre que les banques qui prêtent de l'argent aux Etats en achetant leurs obligations mettent aussi la main au portefeuille en cas de défaillance. "Nous avons besoin d'un mécanisme qui inclut aussi ceux – les banques et les fonds d'investissement – qui gagnent de l'argent sur les taux d'intérêt élevés" des emprunts de certains pays en difficulté, ce "afin que les contribuables ne soient pas les seuls à assumer la responsabilité", a-t-elle ajouté devant la presse en arrivant à un sommet de l'Union européenne.

La chancelière a enfin insisté pour que les pays laissant trop filer leurs déficits et leur dette soient privés de leur droit de vote dans l'UE, malgré l'opposition de la plupart des pays européens sur ce point.