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mardi 1 juin 2010

AveyronLaguiole réclame son nom

Laguiole, commune du nord Aveyron, a saisi hier le tribunal de grande instance de Paris afin de retrouver l'usage de son nom, subtilisé depuis 17 ans par un entrepreneur qui appose la marque Laguiole sur des couteaux importés d'Asie et sur une pléthore de produits. Laguiole, le pays de la race aubrac, mondialement connue pour ses couteaux fermants à manche légèrement recourbé et siglé d'une abeille, fabriqués depuis le 19e siècle.

Pour les 1 200 habitants de la cité montagnarde, qui ne peut utiliser la marque Laguiole, « la commune n'est plus propriétaire de son nom ! ». Ce détournement a conduit le maire Vincent Alazard à saisir le tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour « parasitisme » et « pratiques commerciales trompeuses ».

L'histoire commence
en 1993. Gilbert Szajner, un particulier de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne, dépose la marque Laguiole pour désigner non seulement des couteaux, mais aussi du linge de maison, des vêtements, des briquets ou encore des barbecues.

Contre redevance, il accorde des licences à des entreprises françaises et étrangères qui peuvent commercialiser sous le nom Laguiole des produits d'importation. Mais, conteste aujourd'hui l'avocate de la collectivité, Me Carine Piccio, « ces produits sont systématiquement associés à la commune, via des références à son histoire, son terroir, son artisanat ou son environnement naturel » : M. Szajner et ses licenciés « se positionnent dans le sillage de la renommée de la commune ».

En février 2009, alors que la commune crée un nouveau logo et le dépose à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi), Gilbert Szajner bloque la procédure, sous prétexte qu'il est l'unique détenteur des droits. Mécontente, la petite ville de l'Aubrac poursuit M. Szajner, ses sociétés et une dizaine de ses licenciés devant le TGI de Paris. Elle demande la nullité des marques et réclame 5 millions d'euros en réparation du préjudice.

« Les dépôts de marque que Gilbert Szajner a accumulés lui ont permis de s'arroger un véritable monopole sur le nom "Laguiole" qu'il oppose à la commune et à ses administrés pour empêcher leur croissance au profit de la sienne », affirme la commune pour qui la situation est « surréaliste ». « C'est un scandale, le village de Laguiole ne peut pas utiliser la marque Laguiole. Il n'y a pas de raison qu'un particulier puisse s'approprier le terme Laguiole », s'emporte Christian Valat, un producteur artisanal et vice-président de Laguiole Origine Garantie, le label qui garantit que le produit est manufacturé près de Laguiole.

Déjà en 1997 : ce n'est pas la première fois que Laguiole saisit la justice. En 1997, le TGI de Paris lui avait donné raison, en condamnant M. Szajner pour contrefaçon. Mais en 1999, la cour d'appel avait infirmé cette décision, arguant que le couteau Laguiole était aussi largement produit à Thiers, en Auvergne, et considérant que le terme Laguiole était devenu « générique » pour désigner un couteau de forme particulière. Cette décision fait dire aujourd'hui à M. Szajner que « la chose a déjà été jugée ». « Je développe la marque et ils veulent la récupérer », mais quel intérêt, demande-t-il, puisqu'« une commune ne peut exploiter son nom » ?

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