TOUT EST DIT

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dimanche 20 décembre 2009

L'Egypte veut le buste de Néfertiti

L'Egypte va demander officiellement le retour du buste de Néfertiti, chef d'oeuvre de l'art pharaonique actuellement exposé dans un musée allemand, a annoncé au Caire le chef du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass. M. Hawass va "convoquer une réunion extraordinaire pour étudier les formalités afin de demander officiellement le retour de la statue", selon un communiqué publié après des entretiens avec Friederike Seyfried, la directrice du Musée égyptien et de la Collection de papyrus au sein du Neues Museum de Berlin.

Le buste, vieux de quelque 3.400 ans, a été découvert en 1912 dans le sud de l'Egypte par l'archéologue allemand Ludwig Borchardt. L'Egypte réclame sa restitution depuis les années 1930, sans succès.

M. Hawass affirme qu'après sa découverte, la statue a été recouverte de glaise pour passer inaperçue et envoyée en Allemagne par bateau.
LE CAIRE — L'Egypte va demander officiellement le retour du buste de Néfertiti, chef d'oeuvre de l'art pharaonique actuellement exposé dans un musée allemand, a annoncé dimanche au Caire le chef du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass.

M. Hawass va "convoquer une réunion extraordinaire pour étudier les formalités afin de demander officiellement le retour de la statue", selon un communiqué publié après des entretiens avec Friederike Seyfried, la directrice du Musée égyptien et de la Collection de papyrus au sein du Neues Museum de Berlin.

Le buste, vieux de quelque 3.400 ans, a été découvert en 1912 dans le sud de l'Egypte par l'archéologue allemand Ludwig Borchardt. L'Egypte réclame sa restitution depuis les années 1930, sans succès.

M. Hawass affirme qu'après sa découverte, la statue a été recouverte de glaise pour passer inaperçue et envoyée en Allemagne par bateau.

Selon lui, Ludwig Borchardt a délibérément écrit que le buste était en plâtre et celui d'une princesse royale "tout en sachant que c'était une statue en calcaire de la reine Néfertiti."

Ceci "prouve que Borchardt a fait cette description de manière à ce que l'Allemagne puisse conserver la statue", a indiqué M. Hawass.

"Cela confirme nos informations selon lesquelles la statue a quitté l'Egypte de manière non éthique et qu'il y a eu une fraude et une tromperie de la part de l'Allemagne à cette période", a-t-il ajouté. Le fait que M. Borchardt ait caché la statue pendant dix ans avant de la rendre publique est une autre preuve de sa sortie illégale d'Egypte, a assuré le chef des antiquités égyptiennes.

Berlin soutient au contraire que l'acquisition s'est faite de manière légale en 1913, et insiste sur le danger de tout déplacement imposé à une sculpture "fragile".

Mme Seyfried a notamment présenté le document prouvant selon les autorités allemandes la sortie légale de la statue.

Le buste est exposé depuis le 17 octobre au Neues Museum de Berlin, dans la célèbre "Ile aux musées" de la capitale allemande, où il était apparu pour la première fois au grand public en 1924, avant d'être transféré au Musée égyptien à Berlin-Ouest.

Outre Néfertiti, l'Egypte exige la restitution d'oeuvres comme la célèbre pierre de Rosette, qui permit de percer le mystère des hiéroglyphes, exposée au British Museum de Londres depuis plus de 200 ans.

En octobre, l'Egypte avait obtenu du Louvre la restitution de cinq fragments de peintures murales vieux de plus de 3.000 ans, après avoir annoncé la suspension de sa coopération avec le musée français tant que ces pièces ne seraient pas rendues.

Handball. Les Françaises battues par les Russes en finale du Mondial

Les handballeuses françaises ont été battues en finale du Championnat du monde par les Russes (25-22). Les Tricolores n'ont pas réussi à rééditer leur exploit de la semaine dernière contre les mêmes adversaires lors d'un match de poule décisif dans leur marche vers le podium.

Les Bleues n'ont mené que pendant les douze premières minutes, après quoi les Russes ont imposé leur physique, particulièrement efficace en attaque placée.

Dans la première partie du match, les Françaises sont parvenues à voler plusieurs ballons pour marquer sur contre-attaque. Mais les Russes, échaudées par leur précédente mésaventure, avaient décidé elles aussi de défendre très fort. A la mi-temps, elles comptaient trois buts d'avance (14-11).

Même menées, les Françaises ne se sont pas découragées et sont même revenues à un but (15-16, 37e) grâce à une série d'arrêts de Cléopâtre Darleux, entrée à la pause, et à l'efficacité de Mariama Signaté, la meilleure au tir de loin (8 buts) et d'Allison Pineau (6 buts).

Mais, incapables de stopper l'ailière Elena Dmitrieva (8 buts), elles n'ont pas pu refaire le coup de Yangzhou, où elles avaient remonté un retard de cinq buts dans les vingt dernières minutes. Les Russes ont géré assez tranquillement la fin de match.

La Russie remporte son troisième titre mondial d'affilée après 2005 et 2007, le septième au total si l'on compte la période soviétique.

De son côté, la France décroche pour la troisième fois une médaille au Championnat du monde après l'argent de 1999 et l'or de 2003. Il s'agit d'un superbe résultat pour une équipe jeune, qui personne n'attendait à ce niveau-là, surtout pas après les deux premiers matches perdus contre la Suède et le Danemark.

RUSSIE - FRANCE : 25-22 (14-11)
Spectateurs: 13 000
Arbitres: MM. Gjeding et Hansen (DEN)
ET LÀ FAUT VIRER DOMENECH AUSSI ? L'ARBITRE ? LES RUSSES ? MAIS FAUT TROUVER QUELQU'UN À VIRER !! LES FRANÇAIS SONT LES MEILLEURS DU MONDE !!!!!

Coup de froid sur le globe



Quelques événements du 20 DÉCEMBRE

20 décembre 69
Fin tragique de Vitellius. Aulus Vitellius avait été proclamé empereur le 2 janvier précédent, à Cologne, par l'armée de la Basse-Germanie, dont Galba lui avait donné le gouvernement. A peine fut-il assis sur le trône, qu'il donna une libre carrière à sa cruauté. Une infinité de têtes précieuses, parmi lesquelle on compta sa mère, en furent les victimes. A ce vice, il joignit, comme les bêtes féroces, une insatiable gourmandise. Il donna des repas où l'on servit deux mille plats de poissons exquis, et sept mille de volaille ou d'oiseaux rares. Il vivait dans la sécurité au milieu de l'opprobe et de la haine publique, tandis que l'Orient lui donnait un concurrent, dans la personne de Vespasien. Le général du nouvel empereur entra dans Rome, presque sans obstacle ; il se livra au dedans et au dehors des murs plusieurs combats, dans lesquels périrent plus de 50 000 hommes. Le peuple romain, spectateur de ces combats, applaudissait à son tour, comme dans le cirque, au parti le plus fort. Vitellius, sur le point d'être forcé dans le palais, alla se cacher chez le portier, dans la loge aux chiens ; il en fut tiré et mis en pièces par le peuple ; son cadavre fut traîné, avec un croc, dans le Tibre, et sa tête promenée dans toute la ville, au bout d'une lance. Il reçut cependant les honneurs de la sépulture, par les soins de Galeria, sa vertueuse veuve. Cette femme, digne d'un autre mari, ne s'était jamais laissée éblouir par les fausses grandeurs de sa maison ; et lorsque Vitellius osa donner le nom de Germanicus à son fils, « laissez là, lui dit galeria, laissez là tous ces grands noms ; je sais bien que je n'ai mis au monde qu'un Vitellius ».

20 décembre 1192
Richard Coeur-de-Lion, revenant de la Palestine, fait naufrage sur les côtes de Venise ; ensuite il traverse, déguisé, la moitié de l'Allemagne, et est arrêté par Léopold, duc d'Autriche.

20 décembre 1664
Jugement de Fouquet. On avait fait croire à Louis XIV que Fouquet faisait de grandes fortifications à Belle-Isle, et qu'il avait des liaisons dangereuses au dedans et au dehors du royaume. Il parut bien, quand il fut arrêté et conduit à la Bastille et à Vincennes, que son parti n'était composé que de quelques courtisans, qui recevaient de lui des pensions, et qui l'oublièrent dès qu'il ne fut plus en état d'en donner. Il lui resta d'autres amis, et cela prouve qu'il en méritait. L'illustre madame de Sévigné, Pelisson, Gourville, mademoiselle Scudéri, plusieurs gens de lettres se déclarèrent hautement pour lui, et le servirent avec tant de chaleur, qu'ils lui sauvèrent la vie.
Faire le procès du surintendant, c'était accuser la mémoire du cardinal Mazarin. Les plus grandes déprédations dans les finances étaient son ouvrage. Il s'était approprié, en souverain, plusieurs branches des revenus de l'Etat. Il avait traité en son nom et à son profit, des fournitures des armées. « Il imposait, dit Fouquet dans ses défenses, par lettres de cachet, des sommes extraordinaires sur les généralités, ce qui ne s'était jamais fait que par lui et pour lui, et ce qui est punissable de mort par les ordonnances. »
L'abus que le cardinal Mazarin avait fait de sa puissance despotique, ne justifiait pas le surintendant ; mais l'irrégularité des procédures faites contre lui, la longueur de son procès, l'acharnement du chancelier Séguier contre lui ; le temps qui éteint l'envie publique et qui inspire la compassion pour les malheureux ; enfin, les sollicitations, toujours plus vives en faveur d'un infortuné, que les manoeuvres pour le perdre ne sont pressantes, tout cela lui sauva la vie. Le procès ne fut jugé qu'au bout de trois ans, en 1664. De vingt-deux juges qui opinèrent, il y en eut neuf qui conclurent à la mort, et les treize autres, parmi lesquels il y en avait à qui Gourville avait fait accepter des présents, opinèrent à un bannissement perpétuel. Le roi commua la peine en une plus dure. Cette sévérité n'était conforme ni aux anciennes lois du royaume, ni à celles de l'humanité.
Fouquet fut enfermé au château de Pignerol. Il mourra en 1680.

20 décembre 1741
Mort de Montfaucon, l'un des plus savants antiquaires de France, membre de l'académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Jamais savant n'a été plus laborieux ni plus fécond. Ses ouvrages les plus connus sont : l'Antiquité dévoilée et les monuments de la monarchie française.

20 décembre 1786
Mort de l'abbé Boismont, membre de l'académie Française. Ses talents pour l'éloquence de la chaire, sont connus du public par l'impression d'un panégyrique de saint Louis, et de trois oraisons funèbres, l'une du grand dauphin, l'autre de la reine, femme de Louis XV, et la troisième de ce dernier prince. La fécondité des idées, les mouvements et la rapidité du style, la noblesse et la vivacité des images, la philosophie et le sentiment, distinguent ces quatre discours. Dans ceux dont le sujet lui fournit peu, l'orateur supplée à cette stérilitéà force d'art et d'esprit ; mais ses efforts se font un peu trop sentir, et les gens de goût lui ont reproché trop d'apprêt, trop de bel esprit. Ce défaut donne à différents morceaux de ses oraisons funèbres, un air maniéré et monotone, qui en dépare quelquefois les beautés.

Le Grand soir du climat attendra Mexico

Jamais rendez-vous n'avait suscité autant de passion et d'enthousiasme. Copenhague cristallisait tous les espoirs, la déception est immense: le Grand soir du climat attendra fin 2010 et la prochaine conférence de Mexico.

Scène de théâtre pour les ONG, défilé de "people" verts, d'Al Gore à Wangari Maathai, rendez-vous altermondialiste: pendant deux semaines, du 7 au 18 décembre, Copenhague était "the place to be", rehaussée en clôture par le sommet de plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement portant la lourde responsabilité de sceller un accord déterminant pour l'avenir de l'humanité.

"J'espère que cela va donner quelque chose, parce que si cela ne donne rien du tout, moi, je sais qui sont les gens au pouvoir en ce moment, je ne risque pas d'oublier leurs têtes", lançait à mi-parcours la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. Au final, après deux semaines de négociations chaotiques mais un extraordinaire foisonnement, avec des délégations venues de 193 pays, l'amertume domine.

Pour John Hay, du secrétariat général de la Convention climat de l'ONU (CNUCC), le rendez-vous danois restera comme "le plus grand sommet de chefs d'Etat et de gouvernement dans l'histoire des Nations unies et probablement dans l'histoire tout court". Mais c'est un aussi désenchantement, tant le résultat est loin des critères de réussite que les responsables de la Convention eux-mêmes avaient arrêté depuis de longs mois.

L'accord de Copenhague ne répond ni aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés recommandés par la science (de -25 à -40% en 2020 par rapport à 1990), ni aux objectifs de long terme pour l'ensemble de la planète (- 50% en 2050). Et surtout, il omet de fixer un calendrier jusqu'à la conclusion d'un traité contraignant, espéré courant ou fin 2010 dès lors qu'il était évident qu'un "Protocole de Copenhague" n'était plus à portée. Sa vertu tient essentiellement à son existence, à l'issue d'un processus de négociation mené à la cravache par une présidence danoise déterminée à aboutir, au risque d'afficher des positions très pro-américaines - pour s'assurer du retour des Etats-Unis dans le jeu climatique - et de violenter parfois les règles du multilatéralisme.

Ejectée en fin de parcours par son Premier ministre, Connie Hedegaard, qui reconnaissait samedi sa déception, s'est attirée les foudres et même la hargne des pays en développement. Débordée par son succès, la petite capitale danoise, sur les dents à l'approche et pendant l'événement, a été contrainte d'envoyer certains de ses visiteurs à plus de 100 km, tandis que le Bella Center, site de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, devenait l'épicentre du monde. La police danoise, qui avait affiché sa volonté de fermeté, a fait preuve d'un zèle peu commun, procédant à plusieurs centaines d'interpellations préventives lors des manifestations.

Les militants de Climate Justice Action (CJA), qui fustigent une "diplomatie climat" inefficace, ont dénoncé une réaction policière "disproportionnée et arbitraire". "C'est comme un match de football, nous écartons les hooligans pour ne pas troubler la fête", ont répondu les forces de l'ordre. Et la diplomatie climat continue.

Chacun a déjà les yeux rivés sur la prochaine grande conférence, à Mexico, fin novembre. Samedi soir, dans le Bella Center déserté, la crainte des derniers délégués présents, à l'image de la rayonnante Dessima Williams, représentante de Grenade et des petits îles menacées par la montée des océans, était palpable. Tous espèrent un sursaut salutaire l'an prochain. En sachant déjà que la prochaine grand-messe du climat ne suscitera plus la même mobilisation à travers le monde, des citoyens aux chefs d'Etat. (afp)

Le pourquoi d'un échec au sommet

1. Que vaut le texte adopté samedi matin à Copenhague?
Ce n’est pas un traité, ni même un accord contraignant. S’il acte l’objectif réclamé par les scientifiques de contenir le réchauffement de la planète en deçà de + 2 °C par rapport au niveaux préindustriels, cette disposition n’est assortie d’aucune garantie. L’ambition de 50% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2050 n’y est pas mentionnée. D’ici au 31 janvier, les pays industrialisés devront simplement communiquer leurs objectifs de réduction d’émissions à l’horizon 2020 et les pays en développement devront annoncer les actions qu’ils comptent mettre en œuvre pour atténuer les leurs.

Quant au paragraphe stipulant la nécessité d’aboutir à un traité "légalement contraignant" d’ici à la conférence de Mexico fin 2010, un temps envisagé, il a été retiré. L’échec est donc patent au regard des espoirs portés notamment par les ONG à Copenhague. D’un autre côté, la Chine et les Etats-Unis, absents du protocole de Kyoto, y sont inclus et rejoignent donc officiellement le camp de ceux qui luttent contre le réchauffement. L’accord prévoit également 30 milliards de dollars à court terme, puis jusqu’à 100 milliards d’ici à 2020, destinés en priorité aux pays les plus vulnérables.

2. Qui est responsable des blocages?
En premier lieu les deux principaux pollueurs de la planète, les Etats-Unis et la Chine, arc-boutés sur leurs intérêts nationaux, et dans une moindre mesure l’Inde. Les pays pétroliers ont également cherché à bloquer tout accord. Ils ont été à la manoeuvre jusqu’à la dernière minute de l’assemblée plénière, samedi. Les insuffisances de la présidence danoise n’ont rien arrangé. En faisant circuler entre pays riches un texte provisoire rédigé en catimini dès le début de la négociation, le pays hôte a alimenté le soupçon d’être à la solde de Washington.

3. Quelle était la marge de manœuvre d’Obama?
Le président américain avait deux impératifs: ménager une opinion publique pour laquelle la lutte contre le réchauffement est loin d’être une priorité et éviter de braquer un Sénat qui n’a toujours pas adopté sa loi sur la santé. A moins de dix mois des élections de mi-mandat, Obama ne peut tenter de rattraper qu’à tout petits pas le retard pris aux Etats-Unis sous l’ère Bush dans la prise en compte de l’urgence climatique. Il s’est donc rendu à Copenhague les mains presque vides. Samedi matin, les journaux américains saluaient l’issue du sommet: l’essentiel était sauf, leur président n’avait pas fait de concessions inconsidérées.

4. Quel a été le jeu de la Chine?
Les Chinois ont bien accepté d’infléchir la courbe de leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur PIB; mais ils restent rétifs à toute surveillance internationale et n’entendent pas sacrifier leur développement économique sur l’autel du climat. Le sommet a surtout montré combien leur position était "indexée" sur celle des Américains, auxquels ils ne veulent rien céder.

5. La France a-t-elle joué le rôle moteur auquel elle prétendait?
Nicolas Sarkozy avait espéré infléchir le cours des choses par sa déclaration tonitruante à la tribune jeudi après-midi. Ce coup de poker a eu au moins le mérite de déclencher une rencontre entre chefs d’Etat, le soir même, après le dîner offert par la reine du Danemark. Si la France n’a pas obtenu ce qu’elle souhaitait, notamment une organisation mondiale de l’environnement (seul un organisme européen sera créé), son engagement ne s’est pas démenti au long du sommet. Dans la nuit de jeudi, sur les trente négociateurs encore présents à 6 heures du matin, il y avait seize Français. Et l’accord signé samedi est largement inspiré, même s’il est beaucoup plus timoré, du plan justice-climat porté par Jean- Louis Borloo. L’alliance climatique avec l’Afrique théorisée par Nicolas Sarkozy, elle, demande encore à être consolidée.

6. Un sommet de ce type est-il viabledans le cadre de l’ONU?
C’est peut-être le seul sujet de consensus: ce type de négociations onusiennes est totalement inefficace, par sa lourdeur, quand il faut répondre à l’enjeu climatique. Samedi, alors qu’il s’apprêtait à reprendre l’avion après une ultime nuit blanche de négociations, Jean-Louis Borloo racontait: "Vendredi, nous avons passé huit heures avec Nicolas Sarkozy, Barack Obama et les principaux chefs d’Etat européens à noussubstituer, Bic à la main, à un système défaillant…" La règle de l’unanimité n’était pas adaptée aux enjeux de Copenhague.

7. Peut-on encore sauver les meubles?
Un premier signal sera donné dès le début de l’année, quand les pays qui ont signé l’accord coucheront sur papier leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Certains, comme la Russie, pourraient pour l’occasion revoir leurs annonces à la hausse, assure-t-on dans le camp français. Une session de rattrapage pourrait alors se dessiner à Bonn, dans six mois, pour le sommet intermédiaire avant la conférence de Mexico, prévue fin 2010.

La gauche peut-elle retrouver les prolos ?

En raison d'évolutions de long terme, et aussi sous l'effet de la crise, les différences de sensibilité politique et culturelle n'ont jamais été aussi faibles entre les classes populaires et les classes moyennes. Le temps est sans doute venu pour les partis de gauche de se défaire d'une vision dégradante des prolos, et de reconstruire une vraie majorité populaire.

Les ouvriers sont-ils de retour ? Une note récente de la Fondation Jean Jaurès intitulée « Les ouvriers français, valeurs, opinions et attentes » laisse entrevoir une réhabilitation de la classe ouvrière dans les discours politiques et, plus largement, un retour en force des thématiques des classes populaires. Ce n’est pas aussi flamboyant qu’un « Lip dub » mais, pour les socialistes et la gauche, c’est peut-être l’ébauche d’un nouveau rapport avec les classes populaires.

La gauche s’était progressivement mais sûrement éloignée de son électorat populaire après 1983. L’offensive du FN sur l’électorat populaire de droite à partir de 1983 puis de gauche au cours des années 1990 avait contribué à couper peu à peu la gauche des ouvriers et des employés. Rappelons les faits : en 2002, 1% des ouvriers ont voté pour le PCF, 11% ont voté pour le PS ! Et si Ségolène Royal a redressé la situation en 2007, il ne faut pas mésestimer le retard pris par la gauche dans l’électorat ouvrier et en particulier chez… les ouvrières ! Ces dernières, plus fragiles socialement que les ouvriers, ont massivement soutenu Nicolas Sarkozy au premier tour.

L’analyse de Jérôme Fourquet démontre que les ouvriers ne sont ni plus racistes ni plus homophobes que la moyenne des Français. C’est peut-être la fin d’un mythe, celle d’un peuple réduit à la figure de «Dupont-Lajoie ». Cela ferait le plus grand bien à la gauche de sortir enfin d’un certain racisme social et de la figure du « beauf » véhiculée par Charlie Hebdo, organe officiel de la prolophobie. Jérôme Fourquet décrit une France ouvrière manifestement beaucoup moins rétive au « libéralisme culturel » et sociétal qu’il n’y paraissait si l’on se référait aux discours élitaires. Il semble ainsi que 72% des ouvriers français acceptent l’homosexualité comme « une façon acceptable de vivre sa sexualité » contre 77% pour l’ensemble des Français. Ainsi également, sur la question de l’immigration ou des sans-papiers, il semble bien que les ouvriers, du moins les plus jeunes, n’en fassent pas une priorité puisqu’ils parlent moins des sujets qui lui sont reliés que la moyenne des Français.

Cette mise au point qui règle son compte à nombre d’idées reçues révèle ainsi la fin de la priorité donnée au sociétal sur le social. Les ouvriers sont, depuis plus de deux décennies, les principales victimes de la profonde mutation sociale que connaît notre pays sous le choc de la globalisation. Ce dernier point est le plus problématique… Quand l’auteur pointe le fait que les séquestrations de patrons sont beaucoup plus acceptées par les ouvriers que par l’ensemble des Français, ne faut-il pas voir enfin que la « lutte des classes » est, comme le disait François Mitterrand, un « fait » qu’il s’agit simplement de constater. Il est donc logique qu’en conclusion, Jérôme Fourquet fasse l’hypothèse « que c’est d’abord sur l’équité fiscale et la juste répartition des richesses que devraient aujourd’hui se déterminer électoralement les catégories populaires. »

Cependant, il est une réalité que l’auteur n’aborde qu’à moitié : celle de la géographie sociale des classes populaires. Certes, il y a une France ouvrière du Nord-ouest plus ouverte sociétalement que la France ouvrière du Nord-est. Mais l’essentiel n’est pas là, il réside dans la fracture béante entre une France des centres-villes et une France périphérique (périurbaine et rurale), entre une France connectée à la mondialisation néolibérale et devenue partie intégrante du « village global » et une France qui paye au quotidien le prix de la globalisation financière. Son potentiel déflagrateur est-il analysé ? En faisant de la seule « banlieue », des « quartiers », l’incarnation exclusive de la France populaire, les dirigeants de gauche ont souvent oublié de parler à la France des dominés. En remplaçant le prolétariat par les exclus, ils ont aussi acquis un rôle : celui de confesseur du système néolibéral, lui donnant l’absolution pour peu qu’il pratique charité et compassion humanitaire.

Il importe donc, en l’absence de parti tribunicien, de définir un projet républicain qui rassemble les Français; pas un catalogue de « bonnes intentions » mais une vision de la France qui répondrait à cette grande passion française, celle de l’égalité, hélas mise à mal par le cyclone du déclassement qui frappe notre pays. Il y a en France environ 60% d’ouvriers et d’employés et la situation de ces derniers est loin de correspondre au mythe de la « classe moyenne » qu’on lui faisait miroiter voici trente ans. Les stratèges de Nicolas Sarkozy ont d’ailleurs raison sur un point essentiel : ce sont les classes populaires, les ouvriers et les employés, le salariat des zones périphériques qui feront l’élection de 2012. Il est peut-être enfin temps d’en prendre conscience et de bâtir la coalition sociale majoritaire qui peut permettre de gagner en 2012 et de gouverner dans la durée.

Gaël BRUSTIER et Jean-Philippe HUELIN sont les auteurs de « Recherche le peuple désespérément », Bourin Editeur, octobre 2009

Retrouvez ici l'étude de Jérome Fourquet sur les ouvriers