TOUT EST DIT

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mercredi 9 décembre 2009

Copenhague : la réponse des pays émergents au texte de la présidence danoise

Le Monde a réussi à se procurer le brouillon ("draft") de l'accord souhaité à Copenhague par les pays émergents et en développement. Un texte mis au point, en secret, par la Chine avec le Brésil, l'Inde, l'Afrique du sud, et le Soudan – en tant que président du G-77 qui regroupe les pays en développement. Ce document confidentiel est leur réponse au texte qu'avait discrètement fait circuler le Danemark, qui préside le Sommet sur le climat, comme l'avait révélé Le Monde, le 3 décembre.
Envoyé par fax le 30 novembre de Pékin, ce document est intitulé "Copenhagen accord (draft)". Il marque nettement les positions du G-77, mais ouvre la porte à des compromis. Insistant en préambule sur le maintien du Protocole de Kyoto, le document indique que la hausse de la température du globe "ne doit pas dépasser 2°C". Il promeut l'engagement des pays développés à réduire leurs émissions de façon contraignante, et inclut une formule visant au même objectif pour les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto.

Le texte mentionne aussi les actions qu'entreprendront les pays en développement, soulignant qu'elles ne seront pas contrôlées par une instance internationale. Des dispositions spécifiques sont aussi prévues pour le financement, notamment la création d'un fonds sous l'égide de l'ONU.

Ecrit dans un langage diplomatique assuré, bien équilibré, ce texte se veut réaliste et acceptable. Il montre que le G-77 est prêt à prendre la direction des opérations.

Les grands pays émergents n'ont pas voulu diffuser le texte que révèle Le Monde. Le document sera intégralement reproduit sur Le Monde.fr, jeudi 10 décembre, au moment de la publication du Monde qui analysera ce texte important.
Hervé Kempf

A Rome, la messe de minuit sera dite à 22 heures

"La santé du pape est absolument normale", a affirmé, mardi 8 décembre, le directeur du bureau de presse du Vatican, le père Federico Lombardi, se disant "étonné" des rumeurs qu'elle suscite. La veille, deux quotidiens italiens, le Corriere della sera et Il Giornale avaient publié l'information selon laquelle la traditionnelle messe de minuit du 24 décembre célébrée par Benoît XVI, âgé de 82 ans, en la basilique Saint-Pierre serait avancée de deux heures. Une première qui verra Rome célébrer la Nativité avant Bethléem et qui a obligé d'ores et déjà de nombreuses télévisions à revoir leur grille de programmes.
Si la nouvelle n'en est pas une - elle a été officialisée il y a plusieurs semaines dans le calendrier des célébrations liturgiques -, ce sont les commentaires de la presse italienne qui ont fait réagir le Vatican. Les vaticanistes transalpins n'ont pas manqué de souligner que cela n'était jamais arrivé sous le pontificat de son prédécesseur, Jean Paul II, même en 2004, au comble de ses souffrances, quelques mois avant sa mort. A la fin de son pontificat, celui-ci avait fait toutefois aménager les horaires de sa participation au chemin de croix du vendredi saint.

La communication du Vatican n'est pas sans ambiguïté. Tout en expliquant que rien ne motive une quelconque inquiétude concernant la santé du souverain pontife, le Père Lombardi explique qu'il s'agit d'une mesure de "prudence" destinée à "rendre un peu moins fatigantes, pour le pape, les journées de Noël au cours desquelles il a de nombreux engagements". Benoît XVI doit prononcer, le 25 décembre, son traditionnel message urbi et orbi à Rome diffusé en Mondovision.

Appliqué à un homme de 82 ans, victime cet été d'une fracture au poignet, le seul mot de "prudence" suscite le doute. Le pape se soumet à de nombreux examens. "Il prend des médicaments pour la circulation et veille particulièrement à son coeur, écrit le vaticaniste du Corriere della sera, Gian Guido Vecchi. Ce n'est pas pour rien que son médecin personnel, Patrizio Polisca, est un cardiologue."

Activité dense

L'activité officielle de Benoît XVI, bien que plus légère que celle de Jean Paul II, n'en reste pas moins dense. Jeudi 10 décembre, il recevra les lettres de créances du nouvel ambassadeur de Cuba près le Saint-Siège et, le lendemain, il s'entretiendra avec le président du Vietnam. En 2010, son programme prévoit une visite à Malte (avril) et au Portugal (mai). Des voyages à Chypre (juin) et en Grande-Bretagne (septembre) sont également envisagés.

Quoi qu'il en soit, Benoît XVI est apparu en pleine forme lors de la célébration de la journée de l'Immaculée Conception, mardi, à Rome. L'occasion d'adresser une critique très sévère aux médias en les appelant à plus de "responsabilité éthique". "Chaque jour, a-t-il dénoncé, le mal est raconté, répété, amplifié, en nous habituant à des choses horribles, en nous faisant devenir insensibles."
Philippe Ridet

Sarkozy : "J'ai choisi d'être le DRH" du PS

"Vous savez, au fond, ce qui manque au Parti socialiste ? C'est d'un directeur des ressources humaines. Ils ont des talents, ils ne savent pas s'en servir. Franchement. Donc, j'ai choisi d'être leur directeur des ressources humaines." Nicolas Sarkozy ne résiste jamais à un bon mot pour railler le PS et mettre les rieurs de son côté. Quitte à répéter mot pour mot une blague inaugurée – déjà avec succès – deux ans plus tôt à l'université d'été du Medef.
Lors d'une rencontre "fermée" avec huit cents militants UMP, mardi 8 décembre à Lingolsheim, en Alsace, le président s'est donc une nouvelle fois gaussé du management du Parti socialiste pour vanter auprès d'une base pas toujours réceptive les mérites de l'ouverture : "Strauss-Kahn ? A Washington ! Kouchner ? Avec nous ! Jack Lang ? Avec moi ! Vous savez, une formation politique qui a des talents pareils et qui choisit Martine Aubry ou Ségolène Royal..."
La salle rit. "Poliment", assure sur son blog un militant UMP qui rend compte de cette réunion et de ce "long, trop long tunnel sur l'ouverture à gauche". Après des "moments d'enthousiasmes et d'applaudissements forts", ce passage du discours présidentiel est même qualifié de "douche froide" par ce militant guère conquis par les vertus de l'ouverture.

Et c'est justement à un autre militant UMP armé d'un simple téléphone portable qu'on doit ces images, explique Le Post.fr, qui a été le premier site à publier la vidéo. Mais à la mairie de Lingolsheim, on peine visiblement à comprendre comment des extraits de la rencontre ont pu se retrouver sur le Net. "On avait pourtant donné comme consigne qu'il n'y ait pas de caméra", proteste un conseiller du maire Yves Bur, tout en refusant de confirmer les propos du président. "Vous savez qui a filmé ?", tente une autre employée de la mairie.

Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy se présente comme le DRH du PS. A l'université d'été du Medef, le 30 août 2007, il avait déclaré devant une assistance ravie : "Peut-être que je suis celui qui sait le mieux exploiter les richesses humaines du Parti socialiste. Ils ont des gens très bien, ils ne les utilisent point. Dans une autre vie, je pourrais peut-être faire directeur des ressources humaines." Cette fois-là, c'était devant les caméras de LCI.

Le débat sur l'identité nationale tourne au débat sur l'islam

La tribune de Nicolas Sarkozy au "Monde" privilégie la question religieuse. Le chef de l'Etat suscite des critiques à gauche et ne lève pas l'embarras à l'UMP.
Après son discours sur l'identité nationale à La Chapelle-en-Vercors le 12 novembre, le président de la République vient de livrer, dans les colonnes du Monde du 9 décembre, sa nouvelle vision du débat lancé par le ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, Eric Besson.

Il y rappelle sa conception de la laïcité, "principe de neutralité et non principe d'indifférence" envers les religions, et demande fermement aux musulmans de respecter "le pacte social et civique" français. Les croyants doivent "savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation", insiste-t-il aussi, dans une allusion implicite au débat sur le port du voile intégral (niqab).

En novembre, le chef de l'Etat s'était essayé à une définition de l'identité française, en convoquant tour à tour – au risque de contradictions –, les racines chrétiennes et les vertus de la laïcité, la Révolution, l'Ancien Régime et les Lumières, le terroir et le métissage.

Depuis, les discussions voulues par M. Besson se sont déplacées sur le terrain quasi exclusif de l'immigration, avant de se concentrer sur l'islam et la question de son rejet mise en lumière par la votation suisse interdisant les minarets.

En revenant sur ce sujet polémique, et alors que le problème des minarets demeure en France une question plus virtuelle que réelle, M. Sarkozy semble vouloir prendre acte de l'évolution observée ces dernières semaines : sa nouvelle contribution au débat réduit spectaculairement la question de l'identité nationale à la présence de l'islam en France et en Europe.

Dans un préambule consacré aux vertus de la démocratie populaire, qui justifie le vote suisse contre les minarets, le président de la République prend clairement le parti du peuple contre "le mépris du peuple". Ce faisant, il s’inscrit dans un contexte marqué au niveau européen par une poussée du populisme.

"Les peuples d’Europe ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés", insiste-t-il, tout en reconnaissant que "leur longue histoire leur a appris que pour rester soi-même il faut accepter de changer"…

Puis, son propos s’adresse explicitement aux musulmans, "à mes compatriotes musulmans", insiste le chef de l’Etat. Il leur rappelle sa conception de la laïcité, qui "n’est pas le refus de toutes les religions mais le respect de toutes les croyances" et les assure de sa volonté de lutter contre "toutes formes de discrimination" à leur égard.

"DÉFI"

Mais, dans un climat marqué par le rejet d’une partie de la société française du voile intégral ou de la construction de mosquées, M. Sarkozy assortit désormais son discours d’une nette mise en garde aux musulmans : "Tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à l’héritage [chrétien] et aux valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France", prévient-il.

Deux ans tout juste après son discours sur la "laïcité positive" prononcé au Latran, dans lequel il louait le rôle essentiel des "croyants" dans la République, le chef de l’Etat exige désormais de leur part "une humble discrétion".

Parallèlement, M.Sarkozy ramène l’islam à l’immigration et semble réduire l’immigré à sa religion. "Respecter ceux qui arrivent c’est leur permettre de prier dans des lieux de culte décents", écrit-il.

Cette insistance à définir le nouvel arrivant comme musulman occulte le fait que l’immigration actuelle trouve ses sources en Afrique noire, en Asie et en Turquie – ce qui relativise le caractère exclusivement musulman de ces populations.

C’est oublier que l’on peut être de culture musulmane sans être un fervent pratiquant de l’islam. C’est faire mine d’ignorer que depuis une dizaine d’années, l’islam, au niveau local, s’implante de manière généralement apaisée. C’est oublier, enfin, que l’islam est aujourd’hui une réalité en partie franco-française.

Si les chiffres concernant la population musulmane en France varient de 3,5 à 6 millions, selon les méthodes de comptage, les sociologues des religions estiment que près de la moitié est désormais de nationalité française.

Quant à "tout ce qui pourrait apparaître comme un défi" à la République, autrement dit les pratiques religieuses ostentatoires, elles ne se résument pas au port du voile intégral mais restent marquées par une grande diversité.

Un tiers des personnes issues d’une famille d’origine musulmane se déclarent "croyants et musulmans", selon une étude de l’IFOP parue en août 2009, mais seuls 23 % fréquentent une mosquée le vendredi. C’est le jeûne du ramadan, suivi par 70 % des personnes interrogées, qui constitue la pratique religieuse la plus répandue chez les musulmans de France.
Stéphanie Le Bars

LE DÉBAT ÉTAIT INÉVITABLE, L'ISLAM NE FAIT PAS PARTIE DE L'HISTOIRE DE FRANCE, SINON EN TERMES DE CONFLITS.

Les finances publiques espagnoles dans le collimateur de Standard and Poor's

L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé ce mercredi à "négative" sa perspective sur la note souveraine de l'Espagne en soulignant que le royaume risquait de voir cette note abaissée d'ici deux ans faute de mesures radicales pour assainir les finances publiques.
Après la Grèce, l'Espagne ? Dans un communiqué, l'agence de notation Standard & Poor's explique ce mercredi qu'elle abaisse à "négative" sa perspective sur la note souveraine de l'Espagne, et que les finances publiques du pays sont menacées d'une détérioration plus profonde et d'une période de ralentissement économique plus longue que prévu lorsqu'elle a abaissé, en janvier, la note souveraine du pays à AA+ contre AAA.

"De notre point de vue, la correction des importants déséquilibres budgétaires et économiques de l' Espagne nécessite des mesures fortes, qui ne se sont pas encore matérialisées", estime l'agence de notation.

Les actions des banques espagnoles étaient en baisse après la publication du communiqué de S&P, qui entretient la nervosité des marchés financiers après la dégradation par Fitch de la note de la Grèce mardi. Vers 15 h GMT, Santander perdait 3,5% et BBVA 3,4% alors que l'indice DJ Stoxx paneuropéen des banques abandonnait 1,5%. L'indice de la Bourse de Madrid cédait 2,2% au même moment tandis que l'écart de rendement entre les emprunts publics espagnols à 10 ans et les titres allemands de même échéance, qui traduit la prime de risque exigée par le marché pour détenir des emprunts espagnols, se creusait à 69 points de base, son plus haut niveau depuis juillet.

Le ministère de l'Economie espagnol n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat sur la décision de S&P. Malgré son avertissement, l'agence de notation reconnaît que le gouvernement espagnol dispose encore d'un certain temps pour prendre des mesures aptes à éviter une dégradation de la note souveraine.
"Si le gouvernement annonce des mesures budgétaires concrètes que nous jugeons crédibles pour atteindre un excédent primaire annuel de 2% ou plus d'ici la fin de la période de prévisions en 2012, la pression à la baisse sur les notes pourrait diminuer", a expliqué Trevor Cullinan, analyste crédit de S&P.

Le déficit budgétaire espagnol devrait avoisiner 10% du produit intérieur brut (PIB) cette année et le ratio dette publique/PIB pourrait atteindre 67% l'année prochaine, selon Standard & Poor's.

Alistair Darling

Son idée de surtaxer les bonus n'a pas de quoi faire chérir Alistair Darling par les banquiers, mais il permet au chancelier de l'Echiquier de renouer avec les engagements radicaux de sa jeunesse. Ce pilier de tous les gouvernements travaillistes depuis une décennie, qui présente aujourd'hui son pré-projet de budget, a milité durant ses années étudiantes à la section britannique de la Quatrième Internationale. L'avocat natif de Londres mais fidèle à ses racines écossaises a jeté depuis lors le trotskisme aux orties pour tracer son sillon au Labour. Elu député d'Edimbourg, où son grand-oncle avait exercé le même mandat côté conservateur, il a décroché le portefeuille du Travail puis ceux du Transport et du Commerce. Sa décision d'alourdir les taxes sur les alcools lui a valu un bannissement national de la part des tenanciers de pubs, mesure dont cet homme réputé austère a toutefois peu souffert. Le père de deux enfants, marié à une journaliste, a reconnu en revanche avoir goûté autrefois au cannabis et continue d'apprécier la musique planante des Pink Floyd et de Leonard Cohen. C'est peut-être à force de planer qu'il s'est trompé dans sa déclaration d'impôt, déduisant à tort, selon la presse anglaise, le salaire de son comptable ainsi que des travaux réalisés dans un

Sondage : Sarkozy et Fillon au plus bas

Les cotes d'approbation de Nicolas Sarkozy (39%) et de François Fillon (44%) sont à leur plus bas niveau depuis l'élection présidentielle de 2007, selon le tableau de bord politique Ifop* pour Paris Match à paraître demain.

A la question "approuvez-vous ou désapprouvez-vous l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République", 39% approuvent, soit autant qu'en novembre, mais 61% désapprouvent (+1).

Selon l'Ifop, c'est le plus haut niveau d'opinions défavorables depuis mai-juin 2007. Ce taux est maximal chez les 25-34 ans (74%), les ouvriers (73%), les diplômés du supérieur (70%) et les sans diplômes (68%). Des catégories de population qui s'étaient pourtant révélées décisives pour l'accession de Nicolas Sarkozy à la présidence. Il y a deux ans, l'actuel chef de l'Etat obtenait par exemple environ 50% de soutien chez les ouvriers et près de 40% parmi les jeunes...

Politiquement, le sondage Ifop montre que le taux de désapprobation de Sarkozy est presque aussi élevé chez les sympathisants du FN (79%) que chez ceux du PS (84%) et de l’extrême gauche (80%). Dans le détail, tous les traits d’image du président se détériorent, sauf celui ayant trait à sa capacité à réformer le pays (+1 à 53%). La baisse la plus nette s'observe sur la question de la défense des intérêts de la France à l'étrangèr (-3 à 68%).

L'opposition ne ferait pas mieux

De son côté, le premier ministre François Fillon chute de cinq points d'opinions favorables à 44%, son plus bas niveau depuis mai-juin 2007. 55% (+5) des personnes interrogées portent un jugement négatif sur son action, un record également depuis deux ans et demi, et 1% ne se prononcent pas.

Pour l'Ifop, cette dégradation va "de pair avec une plus forte présence médiatique du premier ministre (congrès des maires de France, taxe professionnelle...)". Dans le détail, les critiques les plus vives tournent toujours autour de sa politique sociale (56% de jugements négatifs).

Toutefois, pour 68% (+1) des personnes interrogées, l'opposition ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel si elle était au pouvoir. 32% (inchangé) pensent le contraire.

Enfin, le sondage souligne que l'expansion de la grippe A-H1N1 est le sujet qui a le plus intéressé les Français, 86% disant qu'elle a animé leurs conversations. En revanche le projet de transférer les cendres d'Albert Camus au Panthéon vient à la fin des sujets proposés, avec 10%.

* Sondage réalisé par téléphone du 3 au 4 décembre auprès d'un échantillon national représentatif de 1.002 personnes de 18 ans et plus (méthode des quotas).

ET QUE FERAIT LE PAUVRE PÉQUENAUD SONDÉ, LUI ? FERAIT-IL MIEUX LE CON ?

L'App Store expurgé d'un millier d'applications

Molinker est une société chinoise qui a publié plus d'un millier d'applications sur l'App Store, le système de distribution et de ventes de logiciels pour l'iPhone et les iPod Touch d'Apple. Principaux points communs de ces logiciels : il s'agit le plus souvent de clones d'applications existantes, et ils ont presque tous d'excellentes critiques.
L'App Store permet aux utilisateurs de noter et de commenter les applications. Un internaute qui a téléchargé le logiciel est invité à le noter sur une échelle allant de une à cinq étoiles, et peut également laisser un commentaire en texte. Seules les applications approuvées par App peuvent être téléchargées sur l'App Store, ce qui garantit en théorie un certain niveau de sécurité.

Le système de notation, en revanche, n'est pas directement surveillé par Apple. Or la quasi-totalité des applications de Molinker avaient reçu un classement supérieur à quatre étoiles, et des commentaires élogieux mais rédigés dans un anglais approximatif. Ce qui a mis la puce à l'oreille d'utilisateurs, qui ont demandé à Apple d'enquêter sur ces classements étranges. Après vérification, l'entreprise a décidé d'exclure l'ensemble des applications de Molinker de son système de distribution, soit près d'un pour cent des logiciels disponibles sur sa plate-forme. Molinker avait mis en place un système de triche élaboré, offrant par exemple des applications en échange d'une critique positive.

LES ENJEUX DE LA NOTATION

Les critiques positives d'utilisateurs sont un enjeu majeur pour les développeurs d'applications, notamment sur les systèmes de distribution comme ceux de l'iPhone ou d'Android. Toutes les études sur le marketing en ligne montrent que les commentaires d'autres utilisateurs, même inconnus du client, font partie des principaux critères auxquels les utilisateurs accordent leur confiance. Obtenir d'excellentes notes permet également aux applications de remonter dans les classements automatiques du type "les mieux notés", qui sont également très prescripteurs.

En bannissant d'un seul coup un millier d'applications, Apple envoie un signal fort aux développeurs qui seraient tentés de détourner son système de notation. Ce choix suscite toutefois des inquiétudes au sein de la communauté des développeurs : Apple ayant un contrôle total de son outil de distribution, rien n'empêche la marque à la pomme de décider de bannir d'autres sociétés pour n'importe quelle raison.

Par ailleurs, il est peu probable que les utilisateurs qui ont acheté des applications de Molinker soient remboursés par l'entreprise. Or de prochaines mises à jour du logiciel de l'iPhone pourraient rendre ces logiciels inutilisables, étant donné qu'ils ne peuvent plus être mis à jour. Apple, qui touche 30 % de la vente de chaque application, n'a pas indiqué si un geste commercial serait fait pour les utilisateurs concernés.

Critiques, frustrations et inquiétudes au congrès de la CGT

C'est avec soulagement que Bernard Thibault et la direction confédérale de la CGT ont accueilli, mardi 8 décembre, le vote en faveur du rapport d'activité, avec 77,3 % des voix. Malgré de nombreuses critiques formulées la veille et le matin même, le bilan de la direction sortante a donc été validé par une forte majorité des délégués du 49e congrès, réuni à Nantes.
Comparé au précédent congrès, le pourcentage des votes en faveur du rapport d'activité est en léger recul. En 2006 à Lille, ils étaient 82 % à voter pour, 18 % contre.

Reste que le résultat de mardi ne saurait occulter les problèmes qui ont été soulevés durant la journée. La salle de la Beaujoire, stade historique de l'équipe de football des Canaris nantais, a résonné des interventions des délégués les plus durs à l'encontre de Bernard Thibault et de son équipe mais aussi de ceux, plus conciliants qui, sans attaquer frontalement la direction, ont exprimé leurs inquiétudes sur l'avenir du syndicat.

UNE ORIENTATION DÉNONCÉE

A 9 h 25, mardi, c'est le candidat virtuel Jean-Pierre Delannoy, métallo du Nord et porte-parole d'une opposition mieux structurée que lors des congrès précédents, qui a ouvert le feu : "Le véritable danger, ce n'est pas le débat mais l'orientation proposée par la direction sortante", a-t-il déclaré, en essayant de démontrer que sa candidature au poste de secrétaire général était "légitime", même si, au regard des statuts, elle ne peut aboutir.

S'il a été sifflé lorsqu'il a dénoncé une CGT "syndicat d'accompagnement du système actuel", M. Delannoy a été applaudi par une grande partie de la salle au moment où il a réclamé le "retour aux 37,5 années de cotisation pour les retraites dans le secteur public". Il a été à nouveau salué en déclarant que "ce n'était pas avec des mobilisations tous les trois ou quatre mois, qu'on allait faire reculer le gouvernement et le patronat".

UNE STRATÉGIE TROP FLOUE

Cet argument, beaucoup de délégués l'ont repris, sans être nécessairement affiliés à l'opposition historique qui déplore "l'abandon de la lutte des classes" par la CGT. "Nous sommes retombés dans des conflits défensifs", se sont plaints les syndicalistes des chantiers navals de Saint-Nazaire, relayés par Sophie Duquesnes des métaux des Pays de la Loire. "La direction aurait dû être plus offensive après la deuxième journée d'action du printemps", a regretté Alain Le Maux (construction, Morbihan) quand Sophie Lacaze (syndicat des journalistes des Echos à Paris) a demandé : "La grève serait-elle devenue taboue à la CGT ?"

Nombre de délégués ont aussi critiqué le flou des revendications avancées par la confédération. "Il faut être plus offensifs dans nos revendications", a réclamé Gérard Bousteau, cheminot à Chartres. "Mobiliser ne peut se faire que sur des objectifs clairs, sans ambiguïté", a plaidé Alain Roques, de l'INRA (Loiret). "Qu'attendons-nous pour élever le niveau de la lutte pour élargir le mouvement ?", a résumé Laurent Delaporte, des ports et docks du Havre.

Le besoin d'être éclairé sur la stratégie de la CGT était très présent dans le congrès. Certaines interventions ont aussi ciblé l'engagement de la CGT dans la Confédération européenne des syndicats (CES), véritable bête noire de ceux qui, en 2005, avaient milité pour le "non" au traité constitutionnel européen. Son secrétaire général, John Monks, présent mardi à Nantes, a été en partie sifflé. Tout comme l'a été aussi, par une petite partie des délégués, le nom de la CFDT.

DES SANS-PAPIERS OVATIONNÉS
Le congrès a aussi fait une longue ovation aux travailleurs sans papiers, dont trois sont délégués au 49e congrès. Mais ils étaient une cinquantaine sur la tribune pour entourer Mondibou Traoré, "du Mali, 31 ans et dans une société de gardiennage depuis huit ans".

Durant de longues minutes, celui-ci a dénoncé les conditions faites aux sans-papiers, dénonçant le "ministre des reconduites à la frontière", Eric Besson. "Les travailleurs sans papiers ne demandent qu'une seule chose, c'est de cotiser, de faire partie d'un système", a-t-il dit, rappelant que, pour beaucoup de sans-papiers, c'était du "travail déclaré".

En répondant aux interventions des délégués, Daniel Prada, de la commission exécutive sortante, n'a pas hésité à se servir de l'enthousiasme du congrès à l'égard des sans-papiers. Réfutant "l'abandon des valeurs de la CGT par la direction", M. Prada a déclaré : "Merci Traoré, tu nous a apporté une meilleure réponse que je n'aurais pu le faire moi-même." Sur le fond des critiques, il a repris l'argumentation développée par Bernard Thibault la veille, dans son rapport introductif.

Ce dernier, en fin de journée, mardi, lors d'un point de presse, s'est satisfait des débats… et du résultat des votes, notamment ceux de la métallurgie, dont est issu l'opposant déclaré M. Delannoy. Vote favorable qui aurait été supérieur à la moyenne du congrès, s'est réjoui le secrétaire général de la CGT.
Rémi Barroux