TOUT EST DIT

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mercredi 4 novembre 2009

Google lance son concurrent d'iTunes

Les rumeurs disaient donc vrai. Mercredi, Google a lancé son nouveau service de recherche musicale, Google Discover Music. En partenariat avec plusieurs marchands de musique en ligne, il est désormais possible avec Google d'écouter un extrait de n'importe quelle chanson de n'importe quel artiste, tout en pouvant acheter le titre sur le champ.

Dès aujourd'hui, si vous cherchez une chanson, un musicien, un groupe ou des paroles, Google vous mettra l'artiste en tête de vos résultats de recherche. Si vous cherchez une chanson ou des paroles en particulier, le moteur de recherche vous proposera d'écouter un extrait du titre tout de suite avec un lien vers l'un de ses nombreux partenaires commerciaux (Imeen, Lala, Rhapsody, et al.), où vous pourrez l'acheter pour 99 cents. Si vous recherchez un(e) artiste, un aperçu de son œuvre apparaîtra à côté de sa photo.

Comme nous l'avons dit la semaine dernière, c'est une menace directe pour iTunes, premier marchand de musique sur le web et service phare d'Apple , qui était autrefois l'allié naturel de Google mais qui devient chaque jour un peu plus un ennemi acharné. Nous serons au premier rang pour regarder la bagarre dans les prochains mois. Entre temps, voici un tutorial rapide pour comprendre comment fonctionne Google Discover Music.

Vaccination H1N1 : méfiance des infirmières #

L'opposition iranienne à nouveau dans la rue

En marge des cérémonies anti-américaines marquant l'anniversaire de la prise de l'ambassade des Etats-Unis, des affrontements ont opposé mercredi les adversaires du régime et les policiers à Téhéran.

Les rues de Téhéran ont à nouveau été mercredi le théâtre d'une démonstration de force entre la police et les partisans de l'opposition. Les forces de l'ordre, déployées en nombre à Téhéran, ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les milliers de manifestants, venus dans le centre de la capitale, malgré l'interdiction des autorités. Une intervention rapidement bouclée par la police iranienne puisqu'après quelques heures de combats, les manifestations hostiles au gouvernement ont cessé. Selon des témoins, un nombre indéterminé d'opposants ont été blessés ou arrêtés lors de ces affrontements. Mais alors que le centre de la capitale reste quadrillé par les forces de sécurité, quelques petits groupes d'opposants sont toujours aux abords des avenues.

Les partisans de l'opposition ont multiplié ces derniers jours les appels sur Internet à descendre dans la rue, en marge de la manifestation officielle anti-américaine organisée mercredi pour célébrer le 30ème anniversaire de la prise de l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Des milliers de tenants de l'opposition se sont ainsi dirigés mercredi en petits groupes vers la place Haft-e Tir, dans le centre de Téhéran, aux cris d'«Allah Akbar (Dieu est le plus grand)» et «Mort au dictateur» (voir heure par heure les vidéos des manifestants). Mais la police, ainsi que des membres des forces de sécurité habillés en civil et la milice islamique des Bassidj, mobilisés pour l'occasion, sont rapidement intervenus à coups de bâtons et de tirs de gaz lacrymogènes, selon des témoins de la scène. L'avenue menant à la place Haft-e Tir a quant à elle été le point de cristallisation de l'opposition entre les «pro-Ahmadinejad» et les «antis». Au «Mort à l'Amérique» des partisans du pouvoir, les seconds rétorquaient ainsi «Mort à la Russie». Jusqu'à ce que la police disperse une nouvelle fois ces derniers.

«La prise d'otages de l'ambassade a été une erreur»

Parallèlement, à quelques centaines de mètres de la place Haft-e Tir, des milliers de personnes se sont rassemblées devant l'ancienne ambassade américaine pour commémorer sa prise d'assaut par des étudiants islamistes en 1979. Arborant des drapeaux iraniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait voir «l'oncle Sam» se faisant frapper à la tête, ils ont crié les slogans habituels de «Mort à Israël» et «Mort à l'Amérique».

Le 4 novembre 1979, des étudiants islamistes avaient attaqué l'ambassade américaine, avant de prendre en otage ses diplomates, restés détenus pendant 444 jours. Les relations diplomatiques entre Téhéran et Washington ont ensuite été rompues. Depuis cette date, une manifestation est organisée chaque année devant l'ex-ambassade américaine. Pourtant, ironie de l'histoire, des étudiants qui avaient participé à cet évènement, peu après la révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeiny, sont devenus, 30 ans après, de farouches critiques d'un régime qu'ils ont contribué à mettre en place. Le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a même déclaré mercredi que la prise d'otages avait été une erreur. «Compte tenu des répercussions négatives et de la haute sensibilité que cet acte avait créé chez le peuple américain et qui existe toujours, il n'était pas correct de faire cela», a-t-il dit mercredi sur son site internet

A l'occasion de cet anniversaire, le président américain Barack Obama a affirmé que l'Iran devait «choisir» entre rester fixé sur le passé ou ouvrir la voie à «plus d'opportunités, de prospérité et de justice» pour son peuple. La France a quant à elle condamné la «nouvelle vague de violence et de répression» en Iran et les «arrestations arbitraires» de manifestants de l'opposition à Téhéran, selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Cette commémoration survient alors que la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a accentué la semaine dernière la pression sur l'Iran, lui demandant de répondre rapidement au projet d'accord de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur son programme nucléaire.

Chirac-Giscard: le match des mémoires

Christine Lagarde refuse de polémiquer sur le montant du grand emprunt

La ministre de l'économie Christine Lagarde met en garde, mercredi 4 novembre, contre un grand emprunt "trop gros" qui pourrait encore détériorer les finances publiques françaises."Si on fait quelque chose de trop gros car on a envie de faire gros, on risque de dégrader la signature de la France", c'est-à-dire d'alourdir le coût du financement de la dette de l'Etat, a déclaré la ministre sur LCI.
Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a critiqué mardi le ministre du budget, Eric Woerth, qui a jugé "irréaliste" de fixer à 100 milliards d'euros le montant du grand emprunt voulu par le président de la République. "Henri Guaino est plein d'idées, plein de richesse intellectuelle, c'est très bien qu'on ait cette qualité-là. Maintenant, je crois qu'il ne faut pas poser les questions en termes polémiques comme il le fait", a-t-elle dit. Christine Lagarde estime que la question importante de l'emprunt est de savoir si la dépense qu'il va financer sera efficace. "Il ne faut pas que ça se retrouve dans les sables de la gestion budgétaire opérationnelle au quotidien", a-t-elle dit.

Mme Lagarde dit espérer une croissance au troisième trimestre supérieure à celle de 0,3 % du deuxième, mais ne souhaite pas fournir de prévisions chiffrées. "Je me méfie beaucoup des prévisions, beaucoup de gens se sont trompés, moi parfois aussi", a dit la ministre, qui avait été critiquée en 2008 pour avoir estimé que la crise financière ne toucherait pas ou peu la France. Elle exclut cependant que la croissance permette à la France de revenir en 2011 dans les critères financiers imposés par le traité de Maastricht, des déficits publics contenus à 3 % du PIB et l'endettement à 60 %. Le déficit public dépassera en 2010 les 8 % du PIB.

Le PS ne participera pas au débat autour de l'identité nationale jugé "malsain"

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a estimé que le débat sur l'identité nationale tel que proposé par le ministre de l'Immigration Éric Besson était "malsain". Le PS n'y participera pas. "Vous voyez bien la supercherie, je dirais même ce côté malsain extrêmement dangereux, quand on veut opposer identité nationale et immigration comme si, aujourd'hui, (...) le problème de l'identité de la France, c'était les immigrés", a-t-elle déclaré sur RTL.

Pour la patronne du PS, "le problème de l'identité de la France, c'est qu'aujourd'hui on casse ce à quoi nous tenons : notre modèle social, les services publics, la France des droits de l'homme, la France des libertés quand on s'attaque aux juges d'instruction ou même aux médias, la France de la solidarité, de la fraternité quand on renvoie des Afghans en Afghanistan". "Aujourd'hui, ce n'est pas ceux qui cassent cette France qui doivent nous donner des leçons d'identité nationale", a poursuivi la maire de Lille, rappelant qu'elle menait actuellement un tour de France pour demander aux Français "c'est quoi la France que nous aimons ?"

Aubry a dit que les socialistes "n'iront pas à ce débat", "non pas parce que ce débat n'est pas un vrai sujet, mais parce qu'on le pose mal". "Nous pensons que l'identité de la France n'est pas ethnique, pas religieuse, pas culturelle", mais "c'est l'appartenance à des valeurs communes", a-t-elle affirmé. "Comme d'habitude à droite quand on échoue, au lieu de se poser des questions et de changer de cap, on revient vers le vieux, les vieilles recettes : l'immigration, l'identité, l'insécurité", a-t-elle ajouté. Alors que Ségolène Royal a exhorté la gauche à ne "pas rejeter" ce débat, Aubry a déclaré être "d'accord avec ce qu'elle dit". "Nous sommes d'accord pour parler de l'identité de la France, elle nous appartient aussi à nous la gauche", mais "ce que nous voulons, c'est la défendre, la faire vivre", et "pas la manipuler", a-t-elle précisé.

COMME TOUJOURS, LE PS NE PARTICIPE PAS, À QUOI PARTICIPE-T-IL ?
CETTE GROSSE CONNE D'AUBRY NIE TOUT ET NOUS DIT SUR RTL QUE LE PS FAIT UN DÉBAT TOUS LES JOURS SUR CE SUJET.
ELLE SE FOUT DE LA GUEULE DE QUI CETTE POUFIASSE ?

Revers politique pour Barack Obama

Un an après l'élection triomphale du président américain, les électeurs ont choisi des républicains pour gouverner le New Jersey et la Virginie. Des résultats qui sonnent comme un avertissement.

A la veille du premier anniversaire de son élection triomphale à la tête des Etats-Unis, Barack Obama rêvait sans doute d'un meilleur jour. Dans le New Jersey comme en Virginie, ce sont bien les républicains qui l'ont emporté lors d'élections locales considérées comme des tests pour la Maison-Blanche.

Dans le New Jersey d'abord, bastion démocrate où Obama s'était lui-même rendu dimanche pour la deuxième fois en quelques semaines pour soutenir le gouverneur sortant Jon Corzine, le républicain Chris Christie a remporté la bataille avec 49% des voix contre 44% à son adversaire. «Une victoire pour les républicains dans le New Jersey profondément démocrate enverrait des ondes de choc qui seraient ressenties jusque sur les marches de la Maison-Blanche», estimait mardi le site de commentaires républicain redstate.com.

Barack Obama avait également fait campagne en Virginie, un fief conservateur conquis pour la première fois par les démocrates l'an dernier. Mais là aussi, la victoire, conformément aux sondages, est revenue au social-conservateur Bob McDonnell, élu gouverneur avec une large avance sur le démocrate Creigh Deeds.

Et les efforts du porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, pour minimiser l'impact de ces consultations - «Je ne pense pas que le président croie qu'elles soient vraiment significatives pour l'avenir», a-t-il lancé mardi devant la presse - n'y changeront pas grand-chose : ces victoires républicaines sont bien un revers pour le président américain. Seule consolation pour les démocrates, la victoire de Bill Owens dans le 23e distict de New York - où le vice-président Joe Biden s'était rendu lundi - pour un siège à la chambre des Représentants.

Gueule de bois


Un an après ce raz de marée d'enthousiasme, de cet espoir démesuré qui a submergé l'Amérique et le monde, le 4 novembre 2008 à l'annonce de la victoire d'Obama, ces deux victoires républicaines ternissent l'aura du premier président noir des Etats-Unis. Comme au lendemain d'une fête trop réussie, les Américains ont la gueule de bois. Après avoir caracolé à 68% d'opinions favorables, la cote de popularité de Barack Obama a entamé une chute importante cet été lors du débat sur son projet santé, se stabilisant à quelque 52% d'opinions favorables..

Attaqué sur sa droite par un camp républicain qui l'accuse de mettre en péril la nature de la tradition américaine en accroissant de manière démesurée le rôle de l'État, il est aussi très critiqué sur sa gauche démocrate pour ses hésitations et son obsession du juste milieu. Le maintien d'une situation économique morose et la persistance d'un fort taux de chômage pourraient encore aggraver la tendance en 2010.

Le dossier de la réforme de la santé, qui progresse avec lenteur au Congrès est caractéristique des obstacles que doit affronter la nouvelle équipe pour mettre en œuvre ses promesses de campagne. L'espoir de parvenir à forger des consensus bipartisans s'est brisé sur la radicalisation du Parti républicain.

Une réputation de «naïf»

De même, si l'entrée de Barack Obama sur la scène du monde a été triomphale, elle n'a pas encore donné de fruits convaincants. Malgré ses ouvertures spectaculaires, Obama bataille toujours pour amener l'Iran à des concessions sur le nucléaire. Sur le front russe, le renoncement unilatéral de Washington au déploiement d'un bouclier antimissiles en Europe de l'Est, n'a pas permis de gagner de manière certaine le soutien de Moscou dans le bras de fer engagé avec Téhéran. Une incertitude qui vaut au président une réputation de «naïf».

Le temps de réflexion que le chef de l'État a décidé de s'accorder pour prendre sa décision concernant l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan suscite également nombre de piques acerbes. Les républicains appellent à renforcer massivement le contingent comme le demandent les militaires. Les démocrates, eux, redoutent un embourbement à la vietnamienne. C'est dire si la marge de manœuvre politique d'Obama se rétrécit au fur et à mesure que les mois passent. Toute la question est de savoir si sa base électorale diminue elle aussi au même rythme, ramenant vers le camp républicain les brebis égarées indépendantes qui avaient «craqué» pour le jeune candidat démocrate.

Claude Lévi-Strauss, penseur du grand large

L'homme qui a révolutionné les sciences sociales en s'inspirant du structuralisme propre aux linguistes est un écrivain puissant et réjouissant, comme en témoigne son entrée dans la Pléiade

A-t-on jamais osé une comparaison entre le vin et l'intellectuel (le cru et le QI), deux spécialités françaises par excellence ? À cette aune, Claude Lévi-Strauss serait un château-d'yquem, complexe, harmonieux, d'une longévité exceptionnelle, s'accordant avec le blanc-manger : l'anthropologue se livre en effet à une mise en perspective de l'anthropophagie, qui ouvre le cerveau comme le premier grand cru de Sauternes ouvre le palais : « Nous devons nous persuader que certains usages qui nous sont propres, considérés par un observateur relevant d'une société différente, lui apparaîtraient de même nature que cette anthropophagie qui nous semble étrangère à la notion de la civilisation. Je pense à nos coutumes judiciaires et pénitentiaires. » (1)

Suffisamment constitué, sûr de lui pour aller vers autrui et sembler s'y fondre tout en demeurant soi-même, telle est la structure d'yquem comme de Lévi-Strauss ; à rebours du petit vin ou du petit esprit, qui rejettent le prochain dans le lointain et se font dissemblables face à l'autre.

Claude Lévi-Strauss est un souverain passeur : « «Chaque homme, écrit Chateaubriand, porte en lui un monde composé de tout ce qu'il a vu et aimé, et où il rentre sans cesse, alors même qu'il parcourt et semble habiter un monde étranger.» Désormais, le passage est possible. D'une façon inattendue, entre la vie et moi, le temps a allongé son isthme. » (2)

Il est surtout un écrivain raccord avec les modèles avoués par sa prose : Rousseau, Chateaubriand, Proust. Il est aussi gorgé de Baudelaire : « Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et sur excitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus. » (3)

Lévi-Strauss fut gibier de crématoire
Tristes tropiques (1955) ne saurait être réduit à un récit de voyage. C'est une sorte d'herbier de la fin des temps, dans lequel l'auteur contemple « l'abîme que nous frôlons » sur fond de dialectique du même et de l'autre, de l'identité et de l'altérité, de l'universel et du particulier. Mais aussi et surtout de l'innocence et de la culpabilité, en un récit à la première personne du singulier, empli de fièvre et de fulgurances.

Lévi-Strauss fut gibier de crématoire : il échappa de peu à la griffe nazie et il revient dans son œuvre sur ce bateau salvateur de 1941, qui le mena en Martinique puis aux États-Unis d'Amérique, avec André Breton et d'autres réfugiés. Or il se voit aussi en démon d'une terrible annonciation. Il étudie des peuples en sachant qu'il signe par là un permis d'inhumer leurs traditions bientôt ravagées.

Incarnât-il le meilleur de notre civilisation, il n'en constitue pas moins le truchement du pire. Et son œuvre est hantée par l'effroi de ce qui advient en notre nom et en celui d'un progrès jugé irréparable. Du coup, Roger Caillois, lorsqu'il reçut Claude Lévi-Strauss sous la Coupole en 1974, devait dire méchamment : « Je ne me sens pas le courage d'expliquer leur privilège à ceux qui en manquent. »

L'anthropologue a le courage de l'alarme à point nommé, sans frayer ensuite avec la masse des retardataires. Il s'engage en 1940 et laisse l'inactif d'alors, Jean-Paul Sartre, souscrire à Mai 68. Il prononce dès 1972, à New York, une conférence sur « Structuralisme et écologie », mais ne se mêle en rien au vert paradis des politiques enfantines. Il avoue un pessimisme foncier.

La religion n'est pour lui d'aucun secours
La présence de l'homme sur terre n'aura été pour celle-ci qu'un mauvais moment à passer. Il se pose en veuf de la quintessence indigène : « Le chef apparaît comme la cause du désir du groupe de se constituer comme groupe, et non comme l'effet du besoin d'une autorité centrale ressenti par un groupe déjà constitué. » (4)

La religion n'est pour lui d'aucun secours. Il effleure le bouddhisme : « Tout contribuait à me rapprocher plus que je ne l'avais jamais été de l'idée que je pouvais me faire d'un sanctuaire », écrit-il à propos d'un séjour dans un village mogh du territoire de Chittagong au mois de septembre 1950. Il s'abstient de tout geste rituel, mais constate : « Pour une fois, je n'aurais ressenti aucune gêne à les accomplir. Entre ce culte et moi, aucun malentendu ne s'introduisait. Il ne s'agissait pas ici de s'incliner devant des idoles ou d'adorer un prétendu ordre surnaturel. » (5)

Le petit-fils de rabbin qu'est Claude Lévi-Strauss a rompu avec le judaïsme. Et l'anthropologue ne cesse de rompre des lances avec le christianisme : « Le totémisme est d'abord la projection hors de notre univers, et comme par un exorcisme, d'attitudes mentales incompatibles avec l'exigence d'une discontinuité entre l'homme et la nature, que la pensée chrétienne tenait pour essentielle. » (6)

Ou encore : « Car c'est l'obsession des choses religieuses qui a fait mettre le totémisme dans la religion, tout en l'éloignant le plus possible, en le caricaturant au besoin, des religions dites civilisées, de peur que celles-ci ne risquent de se dissoudre à son contact. » (7)

Lire Claude Lévi-Strauss, c'est donc se confronter à une sorte d'alpha et d'oméga de la pensée du XXe siècle, qui s'est déployée en « queue de paon », comme disent du château-d'yquem les œnologues, en une expression digne des ethnologues...

Antoine PERRAUD

(1) Tristes tropiques (p. 415).(2) Ibid. (pp. 32-33).(3) Ibid. (p. 25).(4) Ibid. (p. 311).(5) Ibid. (p. 440)(6) Le Totémisme aujourd'hui (p. 451).(7) Ibid. (p. 546).

Guaino joue au pyromane sur La Poste

Ce matin, sur i-Télé, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il «n'y a jamais rien d'éternel», concernant les assurances apportées la veille par Christian Estrosi qui s'efforce de nier toute perspective de privatisation. Avant de se reprendre, maladroitement.

Pendant qu'Estrosi fait le pompier, Guaino souffle sur les braises. Comme la droite n'a de cesse de le répéter depuis quelques mois, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a réaffirmé ce mardi, dans un entretien à l'AFP, que le changement de statut de La Poste était le «résultat inéluctable» de la directive européenne de 1997 sur l'ouverture à la concurrence du marché postal.

«Si on change le statut aujourd'hui, ce n'est pas la volonté du gouvernement, c'est le résultat des directives européennes que la France a acceptées, pas seulement la France de droite mais aussi la France de gauche», a martelé Guaino. Avant de passer à l'offensive: «Prétendre que cela n'entraîne pas le changement de statut est un mensonge.» Et bim sur le bec de la gauche et autres opposants au changement de statut de La Poste, actuellement en examen au Sénat. Et une caresse sur la joue de Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, qui jure ses grands dieux depuis quelques jours que cette loi, si elle est votée, rendra le service postal «imprivatisable».

Le problème, c'est qu'un peu plus tôt dans la journée, Henri Guaino, invité sur LCI, avait déclaré sur LCI qu'il «n'y a jamais rien d'éternel». Et un baiser de Judas, un, sur le front du même Estrosi, qui n'a dû que très modérément apprécier au vu de l'énergie qu'il met à convaincre les opposants au projet de loi.

La réaction du ministre de l'Industrie n'a, semble-t-il, pas tardé. Du coup, Guaino tente de se refaire comme il peut dans l'entretien à l'AFP: «C'était une forme de boutade sur le caractère non éternel de toute chose dans ce bas monde. C'est une réalité, ce qu'une loi fait, une loi peut le défaire», précise-t-il lucidement, en assurant que le projet de loi «offre la plus forte garantie juridique» possible «pour interdire la privatisation».

Et quand on a fait une boulette avec un de ses «amis», quoi de mieux pour se rabibocher avec lui que de taper sur l'ennemi commun? Ainsi, le conseiller de Sarkozy de rappeler fort à propos que l'«on est dans une démocratie». Et que «si demain les socialistes ont la majorité et qu'ils veulent changer la loi, ils changeront la loi». On ne peut pas mieux dire. Mais croix de bois, croix de fer, etc., La Poste «ne sera jamais privatisée par la majorité actuelle», dit Guaino. Selon lequel, «demain, elle sera peut-être privatisée par les socialistes... Nous verrons». Bug de communication ou volontaire double langage? L'avenir le dira, comme aurait pu analyser Henri Guaino.

L’empreinte Lévi-Strauss

Monument de l’anthropologie, le père du structuralisme est décédé vendredi à 100 ans. Avant-gardiste, son travail sur les pensées «sauvages» fait aujourd’hui référence.

A l’esprit vient l’opposition du Lynx, maître du brouillard, et du Coyote. Emergent pêle-mêle des images d’Indiens nambikwara nus et couverts de cendres, ou de Jivaros, disant que Soleil et Lune étaient jadis sur Terre et tous deux mariés à l’Engoulevent. On pense à de curieuses oppositions : la femme et l’argile, les excréments et les météores, le cru et le cuit, le bambou et la liane… Mais, comme le refrain d’une chanson qu’on a dans la tête, cela paraît dérisoire devant le monument que représente Claude Lévi-Strauss, dont l’œuvre depuis plus d’un demi-siècle appartient au patrimoine mondial des sciences humaines.

«révolution copernicienne». On dit de Lévi-Strauss ce qu’on dit des plus grands : qu’il n’a pas apporté une réponse supplémentaire, aussi neuve soit-elle, aux questions qui étaient posées, mais qu’il a changé les questions, découvert un autre continent, réalisé une «révolution copernicienne» bouleversant l’anthropologie, l’ethnologie, la philosophie, la linguistique, la psychanalyse, l’historiographie. Il faudrait citer Ferdinand de Saussure, Emile Durkheim ou Marcel Mauss, pour aller quérir quelques «sources» d’une telle révolution, réaliser que les phénomènes socioculturels ne pouvaient plus être expliqués comme expressions de choix individuels, mais devaient l’être en termes de représentations ou d’obligations collectives. Par exemple, à la base de l’échange archaïque, comme le montrait Mauss, il y a le triple devoir, enraciné dans l’esprit collectif, de donner, recevoir et restituer, c’est-à-dire un principe de réciprocité duquel dépendent les relations de solidarité. Lévi-Strauss va plus loin dans Les Structures élémentaires de la parenté, en repérant la logique - la «structure» - sur laquelle reposent tous les systèmes de parenté, au-delà de leurs variations.

A la base de tous les systèmes matrimoniaux, se trouve la prohibition de l’inceste, laquelle empêche l’endogamie et force à l’exogamie, à rechercher l’objet sexuel au-delà du cercle d’appartenance, et donc favorise les pratiques d’échange. Celles-ci non seulement créent de nouveaux liens de solidarité ou de subsistance mais permettent tout simplement la survie du groupe. Le discours de Lévi-Strauss est complexe, mais il fait que l’anthropologie devient une science capable de saisir les structures profondes qui régissent les sociétés. Des structures universelles, hors historicité, auxquelles on accède par la construction de «modèles», aptes à révéler ce qu’il y a de commun dans les cultures et les sociétés, leur ossature, masquée par les phénomènes de surface ou invisibles si on considère que les faits sociaux sont arbitraires.

Cultures sacrées. Ce qui ne varie pas malgré toutes les variations avec lesquelles se présentent les choses : telle est la structure. Et, de fait, le «structuralisme» va devenir le label de la pensée de Lévi-Strauss. Que de querelles en sa faveur ! Que de batailles menées contre lui, au nom de l’existentialisme, de l’historicisme, du marxisme ! On ne saurait ici les rappeler. Mais ce qui de Lévi-Strauss demeure «sacré», le don qu’il a fait à notre culture, c’est l’idée que les cultures ont la même force et la même dignité, parce qu’on trouve en chacune, aussi éloignée soit elle des autres, des éléments poétiques, musicaux, mythiques qui sont communs, des «invariants», justement.

La «pensée sauvage», qu’on disait primitive parce qu’en elle auraient dominé les aspects émotionnels, n’est pas moins logique que celle de l’homme «civilisé». Sa rationalité est visible dans l’ordre qu’elle met dans la nature, dans la classification des phénomènes naturels, les phénomènes totémiques, les correspondances entre monde naturel et monde social, espèces animales et catégories sociales. C’est évidemment par l’étude des mythes que Lévi-Strauss l’a montré. Si on ne les considère pas comme des assemblages fantaisistes, ni comme des fables ayant leurs sens en elles-mêmes, mais bien en tant que structures mentales inconscientes, les mythes permettent en effet l’accès à des schémas formels constants ou invariants (Œdipe avait une blessure au pied, Achille avait le talon vulnérable : dans combien d’autres mythes, de cultures «autres», retrouve-t-on cette structure ?) et donc conduisent à la négation de toute supériorité d’une culture sur une autre.

L’œuvre de Lévi-Strauss est immense, et, pour l’explorer, tous les outils de la connaissance, en philosophie et en sciences, sont nécessaires. Mais le plus fondamental de ses apports se dit d’un mot: la rencontre de l’autre, de celui qui semble si différent, inassimilable, est la plus grande des chances, un trésor inépuisable même. Des effets de la pensée de Claude Lévi-Strauss, des générations se sont nourries et il faut espérer que celles qui viennent continueront à s’en nourrir. Elle est la pensée d’un homme qui a lui-même trouvé, dans les civilisations les plus humbles, sauvages, non seulement des savoirs inestimables mais aussi «la pureté des éléments, la diversité des êtres, la grâce de la nature, et la décence des hommes».

Quelques événements du 4 NOVEMBRE

4 novembre 1380
Sacre de Charles VI. Il n'a que douze ans lorsque son père, Charles V, meurt. Ses oncles, Louis d'Anjou, Jean de Berry, Philippe de Bourgogne et Louis de Bourbon, exercent la tutelle contre la volonté du défunt, tandis que le roi est sacré à Reims. Le pouvoir des oncles est très rapidement impopulaire, cependant que Charles VI est apprécié d'un peuple qu'il aime et dont il assiste à la révolte contre ses oncles dilapidant le trésor royal et augmentant les impôts. En 1388, il écartera ses tuteurs et gouvernera avec les anciens conseillers de son père. Mais en août 1392, Charles sera atteint de son premier accès de folie, ce qui aura des conséquences plus que néfastes sur le royaume de France.

4 novembre 1596
Assemblée des notables à Rouen, convoquée par Henri IV pour remédier au désordre des finances, et obtenir des subsides. « Je ne vous ai point appelés, comme faisaient mes prédécesseurs, leur déclara le Béarnais, pour vous obliger d'approuver aveuglément mes volontés, mais pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre, pour me mettre en tutelle entre vos mains. C'est une envie qui ne prend guère aux rois, aux victorieux et aux barbes grises, mais l'amour que je porte à mes sujets me rend tout possible et tout honorable. » Une telle éloquence de coeur chez un héros est bien au-dessus des harangues de l'Antiquité. On raconte qu'après la séance Henri IV demanda à la duchesse de Beaufort, sa maîtresse, qui avait entendu son discours, cachée derrière une tapisserie, ce qu'elle en pensait.
- Je n'ai jamais entendu mieux s'exprimer. J'ai seulement été surprise que Votre Majesté ait parlé de se mettre en tutelle.
- Il est vrai, répondit Henri IV, mais je l'entends avec mon épée au côté.

4 novembre 1686

Mort de Lefèvre d'Ormesson, un des plus illustres et plus intègres magistrats de Louis XIV.

4 novembre 1783
Mort du chansonnier et auteur dramatique Collé. Lui-même s'estimait doué des plus rares qualités et du talent le plus original, mais ses pièces nous apparaissent aujourd'hui bien plates. Il fut surtout un grand amuseur et le boute-en-train des soirées parisiennes les plus réussies. « Je suis né gai, écrivait-il. Je donnais ma gaieté à tout le monde : aux femmes de la Cour comme aux comédiennes, aux belles de jour comme aux belles de nuit ! » Surnommé le chantre du jus de la treille ou le glouglou fait homme, car il aimait le vin, il aimait encore plus célébrer l'amour, et en termes fort grivois. Plus une pièce de Collé était crue, plus elle avait de succès. « Ces scènes croustilleuses, écrit-il dans son Journal, la manière dont elles étaient rendues, la franche gaieté qu'elles y mettaient, les ordures gaillardes, enfin jusqu'à leur prononciation vicieuse et pleine de cuirs, faisaient rire à gueule ouverte et à ventre déboutonné tous ces seigneurs de la Cour qui n'étaient pas tout à fait dans l'habitude d'être ainsi grossiers ! » Gros calembours et lourdes allusions faisient pâmer d'aise une société qui passe cependant à nos yeux pour la plus raffinée qui ait jamais été.

4 novembre 1800
Un arrêté du Premier Consul - 13 brumaire an IX - décide que « le système décimal des poids et mesures sera définitivement mis en exécution pour toute la République... » Le coude, le pied, l'arpent, la toise et la brasse ne sont plus de mise. Le grain, la pinte, le boisseau, le quarteron sont résolus désormais en chiffres. On adopte le mètre, « dix millionième partie du quart du méridien terrestre », et le kilogramme, « poids d'un litre d'eau pure à quatre degrés centigrades. »

4 novembre 1836
Mort du roi Charles X à soixante-neuf ans. Il était le dernier Bourbon de la branche aînée régnant sur la France, frère de Louis XVI et de Louis XVIII.

4 novembre 1870
Les Prussiens assiègent la ville de Belfort. Ce siège durera plus de cent jours. C'est le colonel Denfert-Rochereau qui organisera la résistance de la ville et permettra à celle-ci de résister aux bombardements. Il ne consentira à se rendre que sur ordre du gouvernement.

A CETTE ÉPOQUE J'ÉTAIS FIER D'ÊTRE FRANÇAIS.

Un Mur de Berlin virtuel à détruire sur le Net

Pour célébrer le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, Reporters Sans Frontières lance, en partenariat avec Hi-media Publishing, un site éphémère, Fallberlinwall.com, sur lequel les internautes sont invités à détruire symboliquement un mur virtuel, brique par brique, en envoyant un SMS.

Accessible à partir du 9 novembre prochain, date anniversaire de la chute du Mur de Berlin, Fallberlinwall.com sera accessible en France ainsi que dans 47 autres pays. Les internautes pourront choisir une ou plusieurs briques du mur virtuel et les détruire en envoyant un SMS.

Chaque brique cassée affichera ensuite le nom du donateur, qui recevra alors un "certificat digital de participation à la destruction du Mur de Berlin 2009". Il pourra également afficher ce document sur son profil Facebook.

Les bénéfices récoltés au cours de cette opération iront au profit de l'association de défense de la liberté de la presse.

Site : www.fallberlinwall.com

Pas de vente exclusive de l'IPhone en France

Le fabricant américain Apple et l'opérateur Orange (France Télécom) renoncent, pendant trois ans, à vendre l'iPhone en exclusivité en France, a annoncé mardi l'Autorité de la concurrence, qui avait pris des mesures d'urgence en ce sens en décembre 2008.

Apple s'engage "à ne pas consentir à des opérateurs de téléphonie mobile français (...) d'exclusivités opérateur ou de grossiste pour la distribution sur le territoire français des modèles actuels et futurs d'iPhone, à l'exception d'exclusivités (...) dont la durée ne serait pas supérieure à trois mois".

De son côté, Orange promet de "ne pas revendiquer d'exclusivité +opérateur+ et/ou +grossiste+ sur les modèles actuels de l'iPhone" et "à ne pas introduire, dans les contrats qui seraient conclus avec Apple pour la commercialisation des futurs modèles d'iPhone (...) une exclusivité (...) d'une durée supérieure à trois mois".

L'opérateur français s'engage "à régulariser en conséquence de manière complète et définitive les accords d'exclusivité de partenariat avec Apple sur l'iPhone, ainsi que les contrats de distribution de l'iPhone passés avec les distributeurs".

Ces propositions d'engagements ont été reçues par l'Autorité de la Concurrence, qui les rend publiques afin de "recueillir les observations des tiers intéressés".

L'opérateur Orange, qui bénéficiait d'une exclusivité de cinq ans sur l'iPhone d'Apple, avait vu cette dernière cassée le 17 décembre 2008 par l'Autorité de la Concurrence, alors appelée Conseil de la Concurrence. Cette décision avait été confirmée en février 2009 par la cour d'appel de Paris.

En conséquence, en avril, ses concurrents, SFR et Bouygues Telecom, avaient pu commencer à commercialiser le mobile d'Apple.

Selon l'Autorité, l'exclusivité était "de nature à introduire un nouveau facteur de rigidité dans un secteur qui souffre déjà d'un déficit de concurrence", "compte tenu notamment de la position d'Orange, de l'attractivité de l'iPhone" et "du champ et de la durée d'application de l'exclusivité".

Le Conseil avait néanmoins considéré qu'une exclusivité de trois mois pour de nouveaux produits "était acceptable" dans la mesure où "elle permet à un opérateur de couvrir les investissements spécifiques consentis pour le lancement" d'un produit.

Alors que la décision, sur le fond, de l'Autorité était attendue début 2010, celle-ci a précisé qu'"à l'issue du test de marché et d'une séance contradictoire, si ces engagements sont considérés comme étant de nature à répondre aux préoccupations de concurrence exprimées", elle rendra "obligatoires ces engagements et procédera à la clôture de l'affaire".

États-Unis - Discours historique d’Angela Merkel devant le Congrès américain

La chancelière allemande, Angela Merkel, a vivement remercié hier les Etats-Unis pour leur aide dans la chute du mur de Berlin il y a vingt ans, appelant à la même mobilisation pour lutter contre le réchauffement climatique, dans un discours devant le Congrès à Washington.
Première dirigeante allemande à s’adresser au parlement américain depuis Konrad Adenauer en 1957, Mme Merkel a loué les actes des anciens présidents John F. Kennedy, Ronald Reagan et George Bush père ayant abouti à la fin de la division de l’Allemagne, scellée en 1990.

« Je sais, les Allemands savent, à quel point nous vous sommes reconnaissants, nos amis américains. Nous n’oublierons jamais, à titre personnel je n’oublierai jamais ! », a lancé Mme Merkel, qui a grandi en Allemagne de l’Est et a d’ailleurs évoqué le « rêve américain » qui était le sien derrière le rideau de fer.

Les défis du XXIe siècle
« Maintenant, la génération d’aujourd’hui doit prouver qu’elle est capable de répondre aux défis du XXIe siècle. Et que nous sommes capables de faire tomber les murs d’aujourd’hui », a ajouté la chancelière, plusieurs fois interrompue par des applaudissements nourris.

A ce titre, elle a noté la nécessité de se mobiliser face aux menaces géopolitiques, lançant un avertissement au régime iranien, engagé dans de difficiles négociations avec l’Occident sur son programme nucléaire : « L’Iran sait quelle est notre offre, mais l’Iran sait aussi là où nous nous arrêtons. »

« Une bombe nucléaire dans les mains d’un président iranien qui nie l’existence de l’Holocauste, menace Israël et nie le droit à l’existence d’Israël n’est pas acceptable », a martelé la chancelière.

Sur le dossier économique, Mme Merkel a remarqué que « s’il y a une leçon à tirer de la crise financière de l’année dernière, c’est qu’une économie mondialisée a besoin d’un ordre mondial qui la sous-tend, un ensemble de règles mondiales ».

Filant encore la métaphore du mur, la dirigeante a parlé, à propos du réchauffement climatique, du « mur qui semble séparer le présent et l’avenir », et « nous empêche de faire ce qu’il est urgent de réaliser pour préserver les fondements de notre vie et de notre climat ». Dans la perspective de la conférence de Copenhague sur le climat en décembre, elle a jugé possible de convaincre la Chine et l’Inde de se joindre à la lutte contre le changement climatique, si les Européens et les Américains leur donnent l’exemple.

Cet autre 9 novembre allemand

Au début de son discours, elle a parlé des heures les plus sombres de l’histoire allemande, en rendant hommage aux victimes de l’Holocauste et en rappelant que la date du 9 novembre, qui marquera le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, sera aussi l’anniversaire de la Nuit de cristal de 1938, lorsque les nazis s’en étaient pris aux propriétés juives en Allemagne.

« Je ne peux pas me tenir devant vous aujourd’hui sans rendre hommage aux victimes de ce jour précis », a-t-elle dit lors de cette occasion particulièrement solennelle puisque les discours devant le Congrès sont réservés aux grands alliés des Etats-Unis.

Auparavant mardi matin, Mme Merkel, récemment réélue, a été reçue dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche par M. Obama, qui s’est répandu en éloges sur l’Allemagne, un allié « extraordinairement fort », et la chancelière, une « dirigeante extraordinaire ».

Un an d'Obama - La persistance d’un racisme sous-jacent

Malgré l’élection d’Obama, la question raciale est loin d’être résolue aux Etats-Unis.

Barack Obama est noir. C’est un fait. A son poste, il est même le premier, bien qu’il s’amuse à rappeler qu’il était « noir avant les élections ». Pourtant, la question raciale n’a pas vraiment évolué aux Etats-Unis depuis son élection. Selon un sondage Gallup pour USA Today, 70 % des Américains estimaient, en novembre 2008, que la victoire d’Obama améliorerait « les relations entre les races ».

Fin octobre, 27 % des personnes interrogées pensaient que rien n’avait changé sur ce point, 43 % assuraient que le climat racial était meilleur aux Etats-Unis depuis un an, quand les 30 % restants juraient le contraire. Les résultats de ce sondage sont loin d’être déshonorants pour Obama. Ils illustrent surtout les énormes attentes qui reposent sur lui.

L’Amérique n’a pas pansé toutes ses plaies, tant s’en faut. La médiatisation de l’« affaire Henry Louis Gates », du nom de ce professeur noir arrêté à son domicile l’été dernier, ou bien encore les attaques violentes contre la personne d’Obama sont là pour rappeler la persistance d’un racisme sous-jacent.

La question raciale loin d’être résolue

La perception même qu’ont les Américains de leur président reste confuse. Dans Harlem, la plupart des habitants refusent de considérer Obama comme un Noir.

« Vous ne pouvez pas dire qu’il est noir, s’exclame Leva, un jeune Afro-Américain. Sa mère était blanche, son père était noir. Lui, il est métis. Il est multiracial (sic). » Le discours est totalement différent chez les Latinos, première minorité du pays. « Il est noir mais personne n’ose le dire », assure Gladys. Pour cette femme d’origine paraguayenne et immigrée aux Etats-Unis depuis dix-neuf ans, tout le problème est là.

« Il (Obama) a une grande responsabilité, parce qu’il porte en lui les espoirs de la communauté afro-américaine. S’il échoue, qui sait dans combien de temps les Noirs arriveront, à nouveau, à de telles fonctions ? »

Quand les internautes jouent aux cartographes

Qui n'a jamais griffonné quelques informations pratiques sur un plan de ville ? Une croix pour désigner l'emplacement exact de son domicile, une flèche pour les sens uniques récemment créés, ou encore le tracé des nouvelles voies de dégagement. Et si tous ces précieux détails, ajoutés par chacun, étaient regroupés sur un même plan qui serait distribué gratuitement...
Cela existe déjà en ligne, par exemple avec Google Maps que les internautes peuvent compléter à leur guise, à condition toutefois de ne pas en faire un usage commercial. De même, le fabricant de GPS TomTom "demande à ses utilisateurs de mettre à jour la base de données", observe Thierry Joliveau, géographe à l'université de Saint-Etienne (Loire).

La technique de l'actualisation est utilisée dans les pays où les plans demeurent imprécis et les adresses imparfaites. Ainsi, à Beyrouth, au Liban, l'éditeur de plans Zawarib suggère aux habitants de signaler les évolutions de la voirie ou l'apparition de nouveaux repères visuels, tels que les magasins.

Le principal projet cartographique s'appuyant sur la contribution des utilisateurs demeure toutefois Openstreetmap. Née en 2006 au Royaume-Uni, cette base de données géographiques fonctionne comme un "Wikipédia de la carte", chacun étant amené à modifier, préciser, voire invalider un fond de carte disponible en ligne.

Le document, plus ou moins détaillé selon les villes et les pays en fonction de l'assiduité des internautes locaux, ne constitue pas la plus jolie carte, mais il présente l'avantage d'être, à l'instar des logiciels libres, utilisable sans restriction.

Nicolas Dumoulin, 30 ans, informaticien à Aubière (Puy-de-Dôme), dans la banlieue de Clermont-Ferrand, complète régulièrement la base de la version française en y ajoutant l'emplacement des containers de recyclage du verre, des pharmacies ou des boîtes aux lettres de sa commune. "Les plans imprimés distribués par les mairies sont rarement complets et s'arrêtent aux limites des communes", constate-t-il.

Si certains "mappeurs" - comme ils se sont nommés - utilisent leur GPS pour positionner une route ou un chemin, d'autres, au retour d'une promenade, signalent les toilettes publiques, les cafés reliés à un point d'accès Wi-Fi ou encore les noms attribués aux bâtiments au sein d'une résidence ou d'une université, des données essentielles au piéton mais qui ne figurent sur aucun plan.

Tout le monde peut prendre part au projet, à condition de maîtriser l'outil informatique et d'accepter les discussions interminables, en ligne, pour savoir s'il faut ou non inventer un nouveau symbole matérialisant les routes en mauvais état, par exemple.

En pratique, la plupart des contributeurs sont des hommes, étudiants ou trentenaires, informaticiens et militants pour des logiciels libres. "Il y a aussi beaucoup de sportifs, des adeptes de la randonnée", observe M. Dumoulin. Tous se retrouvent à l'occasion de "mapping parties", littéralement des "campagnes de cartographie" qui durent une journée et consistent, parfois avec l'encouragement d'une collectivité locale, à couvrir au mieux un territoire.

Parallèlement, les services de certains Etats mettent des données à la disposition d'Openstreetmap. On y trouve ainsi les relevés géographiques américains ou le cadastre français, mais pas la base de l'Institut géographique national (IGN) qui conserve jalousement ses données.

Les contributeurs s'interdisent pour leur part de recopier des éléments, même les plus basiques, trouvés sur les cartes commerciales. "Il faut se fonder sur les observations du terrain", plaide Guillaume Allègre, 35 ans, mappeur à Grenoble (Isère) depuis quelques mois. "Parfois, les cartes existantes induisent en erreur", observe-t-il. Initialement conçu pour aider les automobilistes à trouver leur chemin, Openstreetmap pourrait être utile aux cyclistes, comme l'explique Pascal Rigaux, la vingtaine, militant parisien de l'association Mieux se déplacer à bicyclette. "Un plan détaillé, comportant les pistes cyclables, les rues impraticables ou les places dangereuses, comme la Concorde, permet de produire un itinéraire fiable. L'outil a un grand potentiel", assure-t-il.

"A terme, grâce à la combinaison de la géolocalisation et des contributions humaines, précise Thierry Joliveau, on pourra se localiser à partir de l'écran de son téléphone portable et se passer de la carte. Cet objet abstrait et complexe redeviendra un outil pour maniaques", ajoute le géographe.
Olivier Razemon

Obama côté pile, Obama côté face

Un an jour pour jour après son élection, le 4 novembre 2008, à la tête des Etats-Unis, l’état de grâce consécutif à sa victoire est bel et bien terminé.

De son arrivée magistrale à la Maison-Blanche à sa bataille acharnée pour défendre son système de santé, revivez les moments les plus marquants de la première année de sa présidence. Face au monde qui l’attendait tant, l’ancien « ami public numéro 1 » du globe aura découvert dans l’action la lourdeur de sa tâche.
Le premier président noir des Etats-Unis

En ce 4 novembre 2008, un souffle nouveau nous vient de l’Amérique. Barack Hussein Obama, ancien sénateur de l’Illinois, devient le 44e président des Etats-Unis, le premier Afro-Américain à accéder à la fonction suprême. Au terme d’une élection présidentielle haletante, celui qui réinvente le rêve américain bat dans la course à la Maison-Blanche le républicain John McCain. L’Amérique, et à travers elle le monde entier, minée par les années Bush, reprend confiance lors de cette nuit à la portée historique. Le « Yes, we can ! » de sa campagne s’est transformé en « Yes, we did ! », et le nouveau président porte sur ses épaules les espoirs de la nation, qui repart de l’avant.

Des milliards face à la banqueroute

Le mardi 17 février 2009, Obama annonce le « début de la fin » de la crise financière la plus grave qu’a connu le monde depuis 1929. Son plan de relance de 787 milliards de dollars, pharaonique, est évidemment sans précédents. A coups d’allégements fiscaux et de programmes de dépenses publiques, l’Etat américain vide son porte-monnaie pour sortir ses financiers, son secteur automobile, son immobilier et ses travailleurs endettés d’une chute certaine dans le gouffre. Après une bataille acharnée au sein d’un Congrès divisé, Barack Obama signe l’un des plus gros chèques de l’histoire et remporte une première victoire législative.
Réforme de la santé : Obama attendu au tournant

Fournir une couverture santé aux 46 millions d’Américains qui en sont dépourvus. Ce qui était l’une des principales promesses de campagne de Barack Obama s’est transformé depuis quelques mois en une véritable bataille politique outre-Atlantique. La partie ne s’annonce pas facile : le président américain doit faire face à l’opposition de la quasi-totalité des républicains et de certains démocrates, hostiles à l’instauration d’un système d’assurance maladie public. « Les Américains ne veulent pas de ça. Ils sont préoccupés par le coût et par la prise de contrôle de la part de l’Etat », avait ainsi déclaré le sénateur Jon Kyl, dès l’ouverture des débats. Et le décès du sénateur Ted Kennedy, chaud partisan de cette réforme, en août dernier, n’a pas simplifié les choses.
La diplomatie au ralenti

L’Iran et le Proche-Orient sont deux épines que le président ne parvient pas à enlever de son pied. S’attelant très vite à la tâche pour faire avancer un conflit israélo-palestinien latent, en envoyant notamment sur place un envoyé spécial personnel en la personne de George Mitchell, Barack Obama patine aujourd’hui sur la question. Acceptant le refus israélien de « geler » les colonies en territoire palestinien et fermant les yeux sur les rapports concernant les « crimes de guerres » commis par Israël à Gaza, le président n’apporte pas grand-chose de neuf. L’inédit, Obama l’a tenté avec l’Iran, en souhaitant une politique de « main tendue » totalement en rupture avec celle de l’administration Bush. Mais la question du nucléaire iranien et la personnalité particulière de Mahmoud Ahmadinejad ralentissent les « avancées » qu’évoquent certains diplomates.
Un plan climat qui ne satisfait ni les républicains ni les démocrates modérés

Le Sénat américain débute aujourd’hui l’examen du projet de loi sur les gaz à effet de serre, un mois presque jour pour jour avant l’ouverture de la Conférence internationale sur le climat de Copenhague (du 7 au 18 décembre 2009). Ce texte de plus de 800 pages affiche un objectif de réduction de 20 % des gaz à effet de serre et prévoit l’instauration d’un système de marché de droits d’émission, « cap and trade ». Mais les critiques fusent de toute part à l’encontre du plan. L’opposition républicaine a qualifié le projet de loi « d’impôt sur l’énergie qui détruira des emplois » et juge insuffisantes les mesures en faveur du nucléaire. Les démocrates modérés, issus d’Etats dépendant du charbon ou du pétrole, se sont eux aussi montrés plutôt tièdes à vis-à-vis de ce texte.
Le bourbier afghan


Dès les premiers jours de son investiture, Barack Obama a voulu rompre avec l’ère Bush, notamment en annonçant le retrait accéléré des troupes en Irak pour 2011. Pourtant, depuis, cette guerre que rejetait majoritairement l’opinion publique semble être passé au second plan, tant l’Afghanistan inquiète les Américains. Avec 53 soldats américains tués, octobre a été le mois le plus meurtrier depuis 2001. Obama hésite. Faut-il renforcer les troupes sur place en envoyant 45.000 hommes supplémentaires, comme le demande ses forces militaires ? Ou bien faut-il écouter les 45 % d’Américains farouchement opposés à cette décision (source Gallup) ? L’Afghanistan – avec son gouvernement impuissant qui plonge le monde dans la consternation et ses attentats qui frappent sans relâche civils et forces internationales – est un bourbier dont Barack Obama n’est pas près de s’extraire, quelle que soit sa décision, prévue avant le 11 novembre.


Obama débarque en Normandie

A l’occasion du 65e anniversaire du débarquement allié en Normandie, la France accueille en grande pompe la famille présidentielle américaine. Aux côtés du premier ministre canadien Stephen Harper, de son homologue britannique Gordon Brown, de François Fillon et du prince Charles, Barack Obama prend part aux cérémonies du souvenir pour les soldats tombés. Cette rencontre en Normandie symbolise le retour d’une certaine amitié franco-américaine, chère aux yeux du président Sarkozy. L’histoire retiendra le glamour de la rencontre entre les deux « first ladys », Michelle et Carla, et l’escapade de la famille Obama au cœur de Paris. Entre visites culturelles et découvertes touristiques, Sasha et Malia, les filles du président, goûteront les joies de la capitale le temps d’un week-end dans la peau de tout un chacun.
L’Amérique blanche, pays de la haine

26 août 2008. Ce jour-là, Barack Obama, alors candidat démocrate, aurait pu mourir, criblé de balles, lors d’une convention de son parti à Denver. C’est en tout cas ce qu’espéraient Tharin Gartrell, Nathan Johnson et Shawn Robert Adolf, trois Américains, blancs, âgés d’une trentaine d’années, arrêtés quelques jours auparavant alors qu’ils préparaient cet attentat. Un acte isolé ? Pas tant que ça. Depuis l’élection d’Obama, il y a un an jour pour jour, une certaine Amérique au visage blanc est réveillée par ses vieux démons. Les milices raciales, les sites Internet néonazis, et les organisations tristement célèbres telles que le Ku Klux Klan et le National Socialist Movement diffusent librement leurs idées et intensifient leurs activités. Choquant ? Aux Etats-Unis, le délit d’incitation à la haine raciale n’existe pas. Au nom de la liberté d’expression, fixée par le 1er amendement de la Constitution, chacun peut exprimer son opinion. Et mettre à prix la tête du président noir.
La surprise du Nobel

« Ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples » ont valu à Barack Obama de remporter le prix Nobel de la paix le 9 octobre, neuf mois à peine après son investiture à la Maison-Blanche. Et si le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, l’ex-militant anti-apartheid Desmond Tutu, Nicolas Sarkozy ou encore Angela Merkel n’ont pas manqué de féliciter le président américain, beaucoup ont au contraire jugé cette récompense prématurée. D’ailleurs, lors d’une apparition publique, Barack Obama a lui-même confié ne pas avoir l’impression de mériter ce prix, au vu de ses illustres prédécesseurs, avant d’ajouter qu’il l’acceptait « comme un appel à l’action » pour la résolution des conflits.

L'Italie condamnée pour la présence de crucifix dans les écoles

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Italie, mardi 3 novembre, pour la présence de crucifix dans les salles de classe, disposition jugée contraire au droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion.

La requérante, Mme Solie Lautsi, ressortissante italienne, réside à Abano Terme. Ses enfants, Dataico et Sami Albertin, âgés respectivement de onze et treize ans, fréquentèrent en 2001-2002 l'école publique à Abano Terme où toutes les salles de classe avaient un crucifix au mur.
Mme Solie Lautsi estimait la présence de ces crucifix contraire au principe de laïcité et informa l'école de sa position, invoquant un arrêt de la cour de cassation qui avait jugé la présence de crucifix dans les bureaux de vote contraire au principe de laïcité de l'Etat.
En mai 2002, la direction de l'école décida de laisser les crucifix dans les salles de classe. Une directive recommandant de procéder ainsi fut ultérieurement adressée à tous les directeurs d'école par le ministère de l'instruction publique.

Devant la Cour constitutionnelle, le gouvernement soutient que cette présence était naturelle, le crucifix n'étant pas seulement un symbole religieux mais aussi, en tant que "drapeau" de la seule Eglise nommée dans la Constitution, un symbole de l'Etat italien.

La procédure devant le tribunal administratif reprit le 17 mars 2005, celui-ci rejetant le recours de la requérante, jugeant le crucifix comme "tant à la fois le symbole de l'histoire et de la culture italienne et par conséquent de l'identité italienne". Par un arrêt du 13 février 2006, le Conseil d'Etat rejeta le pourvoi de la requérante au motif que la croix était devenue une des valeurs laïques de la Constitution italienne et représentait les valeurs de la vie civile.

Les juges de Strasbourg ont estimé que la croix peut aisément être interprétée par des élèves de tous âges comme un signe religieux, signe qui peut être perturbant pour des élèves d'autres religions ou athées. La Cour a conclu à l'unanimité à la violation de l'article 2 du protocole 1 (droit à l'instruction) conjointement avec l'article 9 de la convention (liberté de pensée, de conscience et de religion). La Cour de Strasbourg a alloué 5 000 euros à la requérante pour dommage moral.

Communisme : les plaies derrière le mur

Des hommes et des femmes transportés d'émotion, qui rient et qui pleurent ; des coups de pelle et de marteau, des mains qui en arrachent les fragments. La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, figure parmi les plus grandes dates de l'histoire européenne. Deux ans avant la disparition de l'URSS, un premier coup fatal était donné à l'empire communiste. Vingt ans, ce n'est rien. Une courte phase de transition, après une nuit d'un demi-siècle, pour les pays européens pris dans l'étau soviétique.
Il a fallu tout revoir : instaurer le pluralisme politique ; garantir la liberté d'expression et l'émergence de médias indépendants ; assurer l'avènement de la propriété privée et de l'économie de marché.

Estonie, République tchèque, Roumanie, Pologne : aujourd'hui, dans chacun de ces pays, de jeunes gens votent sans avoir connu la vie sous l'ancien régime, faite de mensonges, d'angoisses et de répression. Il faut bien mesurer cette révolution et le fossé qu'il suppose, avec les générations antérieures. Les rêves, les normes morales, les références culturelles n'ont plus rien à voir.

DES TRAUMATISMES ENCORE À VIF

Un nœud commun réunit tous ces pays. Pendant vingt ans, ils ont dû affronter une question épineuse, à la fois judiciaire, historiographique et politique : comment affronter le passé ? Comment traiter les crimes commis par le régime communiste ? Faut-il épurer les administrations, poursuivre devant les tribunaux les anciens dirigeants ? Aucun pays n'a répondu à ces interrogations de façon tout à fait satisfaisante, car il ne pouvait en être autrement.

Les traumatismes sont encore à vif, les archives explosives, les rancœurs tenaces, les exploitations politiques incessantes. Vingt ans après la chute du mur, Le Monde a décidé de se pencher sur le sort de certains pays ayant appartenu à l'empire rouge ; de mesurer à quel point les mémoires du communisme demeurent à vif.

En République tchèque par exemple, la génération des signataires de la Charte 77, qui avait joué un rôle pionnier dans la lutte contre le régime, n'a pas réellement trouvé sa place dans la modernité. Seul le dramaturge Vaclav Havel, devenu président, a su s'imposer, par son charisme, au sommet de la vie politique.

En Pologne, le général Jaruzelski, l'homme de l'état de guerre en décembre 1981, est aujourd'hui jugé comme un vulgaire criminel. C'est pourtant lui qui avait facilité la transition pacifique, au printemps 1989, en tendant la main à l'opposition, dirigée par Lech Walesa ; en acceptant le principe d'une table ronde, puis d'élections libres. L'histoire est souvent cruelle. Parfois, elle tarde à se dévoiler.

En Roumanie, les archives de la Securitate, lourds de secrets et de crimes, ont mis un temps fou à s'ouvrir. Longtemps, Bucarest a préféré se tourner vers l'avenir plutôt que de regarder le profil hideux de l'ancien régime. Aujourd'hui, les particuliers peuvent découvrir la minutie avec laquelle ils ont été surveillés, dénoncés, traqués.

En Estonie, la communauté nationale et sa composante d'origine russe vivent côte-à-côte, pacifiquement, mais sans partager la même histoire, les mêmes traumatismes.

Malgré ces difficultés, ces quatre pays ont réussi à tourner définitivement la page communiste, à changer de peau et se réinventer. Un de leurs moteurs a été l'intégration européenne. En leur fixant des conditions strictes avant l'adhésion, l'UE a dessiné un horizon contraignant et imposé une discipline salutaire aux gouvernements de toutes tendances.

Reste le cas de la Russie. Un voyage à Perm-36, dernier camp de travail à avoir fermé en Union soviétique, fin 1987, donne une idée du chemin qui reste à parcourir ("Le goulag oublié", Le Monde du 24 octobre). Depuis dix ans, la Russie a des pulsions nationalistes fortes. Mues par un esprit de revanche, après les humiliations des années 1990, ses élites refusent d'analyser le passé, de faire la pédagogie des crimes, sans même parler de poursuites judiciaires. La Russie vit dans le déni.

Mais un jour viendra, sans doute, où les corps remonteront à la surface pour réclamer des comptes aux nouvelles générations, éberluées.
Piotr Smolar

L'or bat des records

Les prix de l'or ont atteint de nouveaux records, mardi 3 novembre, l'once dépassant les 1 080 dollars pour la première fois de son histoire au lendemain de l'annonce du FMI d'une vente de 200 tonnes du métal jaune à l'Inde.

Sur le marché londonien des métaux précieux, le London Bullion Market, le prix au comptant d'une once d'or a touché 1 085,07 dollars, du jamais-vu. A New York, le contrat à terme pour livraison en décembre, le plus échangé, est monté jusque 1 084,70 dollars, là aussi un niveau inédit.
Les précédents records dataient du 14 octobre, respectivement à 1 070,80 dollars à Londres et 1 072,00 dollars à New York. Ces nouveaux sommets interviennent au lendemain de l'annonce par le Fonds monétaire international de la vente d'or à l'Inde, environ la moitié du total de 403,3 tonnes qu'il prévoit de vendre sur plusieurs années pour renforcer ses finances.

Une vente massive de métal sur le marché aurait pour effet d'apporter une offre considérable, ce qui pèserait sur les prix. A la place, l'institution multilatérale a effectué l'opération par tranches quotidiennes entre le 19 et le 30 octobre, auprès de la Banque centrale indienne. Elle s'est réalisée aux prix du marché et a rapporté 6,7 milliards de dollars à l'institution multilatérale.

Les Français et l’économie ou la culture du bonnet d’âne

70 % des leaders d’opinion estiment que les Français disposent d’un niveau plutôt mauvais de connaissance générale en économie, voire même très mauvais pour 12 % d’entre eux.

L’Institut BVA a interrogé, pour le Conseil pour la diffusion de la culture économique (Codice), des leaders d’opinion politique, économique et médiatique sur la promotion de la culture économique en France. Le constat se révèle sans appel. Seuls 18 % d’entre eux jugent que les Français dans leur ensemble se montrent bons en économie.

En ce qui concerne les connaissances économiques des élus et des journalistes, la moitié des leaders d’opinion pense qu’elles sont « satisfaisantes ». Les résultats montrent l’importance pour les leaders d’opinion de faciliter une large diffusion de la culture économique afin de remédier au peu de connaissance des Français dans ce domaine.
Enseignement à l’index


A la lecture du panel, la culture économique demeure insuffisamment enseignée et diffusée. Si 91 % des personnes interrogées estiment que l’éducation nationale ne promeut pas suffisamment la culture économique, son enseignement fait également polémique. En effet, 22 % jugent l’enseignement dispensé dans les filières générales « de qualité » et 13 % « concret ».

Ces chiffres sont un peu meilleurs dans l’enseignement professionnel (enseignement « de qualité » pour 35 % et « concret » pour 34 %). En 2008, la commission dite « Guesnerie » installée par Xavier Darcos, alors ministre de l’Education nationale, remettait un rapport sur le traitement de l’économie dans les manuels scolaires. Ce document reprochait aux programmes actuels de trop s’intéresser aux problèmes sociaux négatifs et pas assez aux réussites de la société. Il préconisait ainsi d’inverser la démarche de conception des programmes, l’objectif premier devant être l’acquisition de « fondamentaux » et d’un savoir de base.
Professeurs et journalistes au rappel


Selon le panel, l’éducation nationale et la presse écrite sont plébiscitées pour être les principaux diffuseurs de la connaissance économique.

La très grande majorité des leaders d’opinion (90 %), estiment que c’est à l’éducation nationale de la promouvoir en priorité, suivie par les journalistes de la presse économique (87 %). Comme le souligne Isabelle Knock-Méo, déléguée générale du Codice : « L’économie souffre de clichés préjudiciables à la manière dont elle est perçue dans notre pays.

Il est temps de dédramatiser cette situation en formant les jeunes. » Les programmes doivent donc être revus et une initiation à l’économie étendue à tous les lycéens. Viennent ensuite les hommes et les femmes politiques (83 %) et les chefs d’entreprise (71 %).

En revanche, les banques et les assurances ne sont légitimes à promouvoir les connaissances économiques auprès du grand public que pour 51 % des leaders d’opinion.

Au rang des bons élèves, figurent les chefs d’entreprises et les associations de consommateurs. 91 % des leaders d’opinion, toutes catégories confondues, estiment en effet que les chefs d’entreprise ont un bon niveau de connaissance en économie. 46 % d’entre eux pensent que les associations de consommateurs font suffisamment d’efforts pour diffuser la culture économique. CQFD