TOUT EST DIT

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lundi 2 novembre 2009

L'EPR mis en cause par les autorités de sûreté de trois pays

Les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise ont émis lundi des réserves sur les systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires EPR, demandant aux exploitants et fabricant "d'améliorer la conception initiale de l'EPR", selon une déclaration commune.
Le niveau de sûreté des systèmes de contrôle commande, le cerveau de l'EPR réacteur de troisième génération en cours de construction en France et en Finlande, avait déjà été mis en cause en avril par l'Inspection britannique des installations nucléaires (NII).
La critique porte sur la trop grande interconnexion entre deux systèmes de contrôle, supposés être indépendants, l'un faisant fonctionner le réacteur et l'autre assurant sa sécurité.
"L'indépendance de ces systèmes est importante. En effet, si un système de sûreté est appelé à servir en cas de perte d'un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément", soulignent les autorités de sûreté du nucléaire française (ASN), britannique (HSE/ND) et finlandaise (STUK)
En conséquence, les exploitants se voient demander "d'améliorer la conception initiale de l'EPR".
"Il incombe aux exploitants et au fabricant AREVA de répondre aux questions techniques soulevées par leurs Autorités de sûreté", des solutions différentes pouvant être proposées par chaque exploitant "pour pallier la perte de systèmes de sûrete", selon la déclaration commune.

Rama Yade

Quand elle avait en charge les droits de l'homme, l'étoile noire de l'équipe Fillon avait réussi à faire sortir de ses gonds son ministre de tutelle Bernard Kouchner. Secrétaire d'Etat aux Sports, il ne lui a pas fallu longtemps pour croiser le fer avec sa « patronne » ministérielle, Roselyne Bachelot. Dernier épisode en date, sa défense enflammée des exonérations fiscales réservées aux sportifs, dont la ministre de la Santé a approuvé la remise en cause. A mesure que sa cote de popularité s'envole dans l'opinion, l'agacement à son encontre croît dans le parti présidentiel. Le chef de l'Etat ne lui a pas pardonné son refus de prendre la tête de la liste UMP en Ile-de-France pour les européennes. Des propos tièdes sur la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l'Epad ont rallumé le ressentiment élyséen. A quoi s'ajoutent ses tergiversations pour les régionales de 2010 : la conseillère municipale de Colombes préférerait cultiver son implantation dans les Hauts-de-Seine, mais l'UMP voudrait la présenter dans le Val-d'Oise, où une élue a osé dire qu'elle ferait plus « couleur locale ». Preuve qu'elle n'en a pas fini avec le programme de travail que s'était donné avant elle Léopold Sédar Senghor, poète président du Sénégal, dont son père était proche conseiller : « Je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France »

Un décret définit le statut d'éditeur de presse en ligne

La loi de protection de création sur Internet (Hadopi) a créé le statut d'éditeur de presse en ligne. Les conditions d'obtention de ce statut ont été précisées dans un décret publié le 29 octobre au Journal officiel.
Les critères déterminants permettant à un site Internet de recevoir ce statut sont donc la "mission d'information professionnelle", la "production journalistique de contenus originaux et renouvelés", qui ne sont "ni outils de promotion ou accessoires propres à une activité industrielle ou commerciale", et, enfin, l'emploi "d'au moins un journaliste professionnel" (au sens de l'article L. 7111-3 du Code du travail).

Sont donc éligibles les sites Internet des titres de presse papier mais aussi les "pures players", c'est-à-dire éditeurs travaillant uniquement en ligne, non adossés à un groupe de presse classique comme Rue89 ou Mediapart. En revanche, "les sites Internet personnels et les blogs, édités à titre non professionnel", ne peuvent prétendre à ce statut.

Les entreprises concernées vont donc pouvoir bénéficier d'un régime fiscal propre aux entreprises de presse (TVA à 2,1 % au lieu des 19,6 %). Par ailleurs, la responsabilité pénale du directeur de publication est allégée afin de tenir compte des espaces participatifs, blogs, forums et commentaires, sur lesquels les internautes peuvent s'exprimer.

Le 26 octobre, plusieurs responsables de sites de presse en ligne (Médiapart, Rue89, Bakchich, Slate, Terra Eco,...) ont annoncé la création du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil) afin de faire reconnaître le journalisme sur Internet.

Plan cancer : "Près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles"

Nicolas Sarkozy a annoncé, lundi 2 novembre à Marseille, que "près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles" seraient consacrées au nouveau plan cancer (2009-2013). "Dans le contexte actuel c'est un effort très important que fait notre pays", a commenté le chef de l'Etat. "Mais je n'ai pas le droit de faire des économies sur la souffrance des patients et de leurs familles."
Il a fixé à ce nouveau plan trois objectifs, le premier d'entre eux étant de "construire dès aujourd'hui l'excellence des soins de demain. Comment peut-on faire pour être meilleur ?". "Deuxième objectif : réduire les inégalités" devant la maladie, notamment les inégalités régionales et sociales. "Le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales. Il ne faut pas banaliser ces chiffres". Enfin : "comment on vit après le cancer ?", a cité le président comme troisième objectif. "C'est une chose de dire qu'on va guérir de plus en plus du cancer mais si [c'est] pour qu'on soit laissé tout seul lorsqu'on a cette maladie, alors ça serait inacceptable."

20 % DE SPÉCIALISTES EN PLUS

"Pour garantir la qualité des soins à l'avenir, à côté de la recherche, il faut anticiper l'évolution démographique de certaines professions. Les spécialistes impliqués dans la prise en charge des cancers, je pense aux oncologues, aux radiothérapeutes, aux hématologues qui sont aujourd'hui en nombre insuffisants", a déclaré le chef de l'Etat, en fixant comme "objectif 20 % de spécialistes en plus".

"Un effort particulier de recrutement sera consenti en faveur des radiophysiciens", a-t-il poursuivi, en faisant allusion "au drame d'Epinal" où des patients avaient été irradiés. Il a souhaité ainsi "une centaine d'étudiants en plus dans les formations de radiophysiciens chaque année".

Enfin, il a annoncé que 15 % du budget de la recherche du plan cancer II seraient consacrés à l'étude "des risques environnementaux" dans le déclenchement de la maladie. "Je souhaite que 15 % du budget de la recherche prévu par ce plan soit consacré à quelque chose qui est très important à mes yeux, qui est l'analyse des risques environnementaux et comportementaux". Selon le chef de l'Etat, il faut "étudier davantage les effets à long terme des expositions, même à faible dose, à certains agents chimiques, biologiques ou physiques". "On n'a pas assez travaillé sur ces questions", a-t-il martelé, tout en se défendant de vouloir "affoler inutilement les Français". "Ça n'aurait aucun sens", a-t-il précisé, "mais il faut être attentif aux risques émergents, ce sont sans doute les risques de demain".

Sénateurs, pourquoi la fronde?

L'ANALYSE

Nouvelle accélération du marché automobile français

Les ventes de voitures particulières neuves ont bondi de 20,1% en octobre en France. PSA et Renault en profitent.
Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a annoncé que les ventes de voitures particulières neuves ont bondi de 20,1% en octobre à 210.140 unités. En données corrigées des jours ouvrables, le marché progresse même de 25,6%. En septembre, il avait déjà connu une hausse de 14,1%.

Des modèles comme la Renault Scénic, la Peugeot 3008 ou la Citroën C3 Picasso se sont particulièrement bien vendus, selon François Roudier, le porte-parole du CCFA.

Elles sont toujours dopées par la prime à la casse d'autant que celle-ci va passer au 1er janvier de 1000 à 700 euros.

Les groupes français en ont particulièrement profité. PSA Peugeot-Citroën a ainsi vu ses ventes de véhicules neufs bondir de 21,8%.

Renault fait encore mieux avec un coup de turbo de 34,5%.

A l'inverse, les ventes de véhicules utilitaires légers (-22,4%) et de camions (-54,5%) sont en fort recul en raison de la crise économique.

Ford : bénéfice surprise au troisième trimestre

DETROIT (Reuters) - Ford Motor publie contre toute attente des résultats trimestriels bénéficiaires grâce à la réduction de ses coûts, au redressement de ses activités de crédit et à des gains de parts de marché.
Le groupe, dont l'action gagnait jusqu'à 7% en avant-Bourse, a ajouté prévoir d'être "solidement rentable" en 2011.
Seul grand constructeur automobile américain a avoir échappé au dépôt de bilan, Ford a enregistré au troisième trimestre son premier bénéfice d'exploitation depuis le premier trimestre 2008, avec un cash-flow des activités automobiles de 1,3 milliard de dollars sur la période.
Son bénéfice net ressort à 997 millions de dollars, soit 29 cents par action, à comparer à une perte nette de 161 millions (sept cents/action) un an plus tôt.
Son bénéfice d'exploitation représente 26 cents par action, hors éléments exceptionnels. Sur cette base, les analystes financiers anticipaient en moyenne une perte de 12 cents par titre selon Thomson Reuters I/B/E/S.
L'action Ford gagnait 50 cents à 7,50 dollars en avant-Bourse.
David Bailey et Soyoung Kim, version française Marc Angrand

Médicaments : les députés rendent obligatoires les génériques

Les médecins qui prescrivent des médicaments chers vont peut-être se voir infliger des sanctions à partir de l'année prochaine. Les députés ont voté un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale qui contraint les praticiens à prescrire des produits pour lesquels il existe une version générique bon marché le cas échéant, « à moins que des raisons particulières tenant au patient ne s'y opposent ». Les médecins récalcitrants pourront passer sous le régime de « l'entente préalable », qui prévoit un accord de l'assurance-maladie avant la prise en charge des actes qu'ils effectuent.

Présentée par les rapporteurs UMP Jean-Pierre Door et Yves Bur, cette mesure a reçu le soutien de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Le problème visé par les parlementaires est bien connu de l'assurance-maladie. Lorsqu'un médicament perd son brevet, les dépenses se déportent, normalement, vers les versions génériques meilleur marché. En théorie, le médecin n'a pas à changer ses habitudes : il peut continuer à prescrire le même produit, puisque c'est le pharmacien qui lui substitue un générique. En pratique, il en est souvent autrement. Les visiteurs médicaux des laboratoires pharmaceutiques parviennent fréquement à convaincre les médecins de ne plus prescrire l'ancien produit génériqué mais une nouvelle molécule plus performante de la même classe thérapeutique. Le cas le plus flagrant est celui d'AstraZeneca, dont le nouvel antiulcéreux Inexium est devenu l'un des produits les plus lucratifs du marché français après la tombée dans le domaine public de son produit plus ancien Mopral. « Trop de praticiens privilégient les médicaments récents plutôt que les molécules génériquées, bien que leur efficacité thérapeutique soit équivalente », a argumenté Jean-Pierre Door. « Ce déplacement des prescriptions vers des médicaments en dehors du répertoire des génériques représente un surcoût de plusieurs dizaines de millions d'euros par an pour l'assurance-maladie », a renchéri Yves Bur. Reste à savoir si cette mesure survivra lors du passage du projet de loi au Sénat la semaine prochaine.
Propositions repoussées

L'Assemblée nationale a terminé l'examen du texte vendredi. Elle a repoussé de nombreuses réformes proposées par certains députés, y compris des mesures qui avaient bénéficié d'un très large soutien lors de leur examen en commission. Les parlementaires ont ainsi renoncé à augmenter les prélèvements sociaux sur les jeux et les ventes de bijoux et métaux précieux, les amendements adoptés en commission en ce sens n'ayant finalement pas été soutenus. Ils ont aussi repoussé l'amendement prévoyant que le premier jour de carence des arrêts maladie ne soit plus pris en charge par la Sécurité sociale.

C'EST INADMISSIBLE !
C'EST UNE ATTEINTE À MA LIBERTÉ INDIVIDUELLE !

Beigbeder obtient le Renaudot 2009

Le prix Renaudot 2009 a été attribué à Frédéric Beigbeder pour "Un roman français" (Grasset), a annoncé aujourd'hui le jury au restaurant Drouant à Paris.

Le prix Renaudot de l'essai a été décerné a Daniel Cordier pour "Alias Caracalla" (Gallimard) et le Renaudot du livre de poche a été attribué à Hubert Haddad pour "Palestine".

Trublion de l'édition française devenu l'un des piliers de la critique littéraire, Frédéric Beigbeder obtient une nouvelle consécration pour son talent d'écrivain. "Un roman français", son récit autobiographique, fleure la province profonde. Fatigué des nuits de défonce dans les boîtes de nuit parisiennes, l'ex-jet-setter livre le récit sensible de son enfance béarnaise.

Au départ, il y a la prise de conscience que la dégringolade devient dangereuse. Interpellé le 29 janvier 2008 en plein Paris alors qu'il sniffe de la cocaïne sur le capot d'une voiture, il passe la nuit au dépôt. Pour tenir le coup, "Beig" décide de remonter le temps. Né dans une famille de la grande bourgeoisie du Sud-Ouest de la France, il retourne pour "Un roman français" sur les plages de son enfance, raconte sa rivalité avec son frère Charles, devenu l'un des dirigeants du Medef, et le divorce de ses parents. C'est souvent drôle, mélancolique, pudique à sa façon. Le roman d'une grande bourgeoisie provinciale en phase terminale.

Auteur comblé de "99 francs" en 2000 - 400.000 exemplaires vendus et une adaptation au cinéma en 2007 -, Frédéric Beigbeder a déjà obtenu le prix Interallié 2003 avec "Windows on the World".

Les beaux salaires des directeurs du 1 % logement

Une nouvelle affaire secoue le "1 % logement", ce dispositif cogéré par les partenaires sociaux qui draine la participation financière des entreprises à l'effort de construction et aide les salariés à se loger. Selon Le Parisien, un rapport confidentiel de l'autorité de contrôle du 1 % logement aurait permis aux administrateurs de l'Agence nationale pour la participation des employeurs à l'effort de construction (ANPEEC) de découvrir le montant des salaires de ses directeurs généraux.
Sur quatre-vingt-neuf directeurs, "trois déclarent plus de 200 000 euros par an, dix-neuf affichent entre 150 000 euros et 200 000 euros, et trente et un perçoivent entre 100 000 euros et 150 000 euros ! Et encore ne s'agit-il là que des salaires : ni les primes, ni les indemnités de départ, ni les éventuelles retraites chapeaux ne sont signalées", précise le quotidien.

Cet état des lieux sort inopportunément pour les directeurs de ces organismes chargés de collecter les fonds du 1 % logement. En effet, les cent neuf comités interprofessionnels du logement vont devoir se regrouper d'ici à fin mars 2010 pour n'être plus que vingt et un. L'heure est donc aux négociations des indemnités de départ pour un grand nombre de directeurs. Le pression est sur eux pour qu'ils ne soient pas trop gourmands.

La Poste : la gauche relaie, au Sénat, la mobilisation"citoyenne"

Rarement bataille parlementaire aura pu se prévaloir d'une telle légitimité. La discussion du projet de loi "relatif à l'entreprise publique La Poste et aux activités postales", ouverte lundi 2 novembre au Sénat, a commencé… le 3 octobre. Ce jour-là, 2,3 millions de participants ont été recensés à la "votation citoyenne" organisée par le Comité national contre la privatisation de La Poste. Une mobilisation inédite, que la gauche sénatoriale dans toutes ses composantes entend à présent relayer dans l'hémicycle du Palais du Luxembourg.
Le texte du gouvernement prévoit de transformer La Poste, actuellement gérée sous la forme d'un établissement public industriel et commercial (EPIC) en société anonyme. Le projet soumis à la discussion garantit que la totalité de son capital, à l'exception de la part pouvant être acquise par les personnels, restera détenue par l'Etat ou par des personnes morales appartenant au secteur public.

Pour le gouvernement, ce changement de statut est "une nécessité absolue" pour faire face à l'ouverture totale des activités postales à la concurrence prévue à partir du 1erjanvier 2011. Il devrait permettre, assure-t-il, un apport en fonds propres de 2,7milliards d'euros, dont 1,2milliard à la charge de l'Etat et 1,5milliard en provenance de la Caisse des dépôts. Le ministre de l'industrie, Christian Estrosi, réfute tout projet de privatisation de La Poste et indique que ce changement de statut a pour objet de "moderniser" et d'"adapter" le service public.

C'est ce qu'il est venu une dernière fois expliquer devant le groupe UMP du Sénat, mardi 27octobre, afin de calmer des inquiétudes qui se manifestaient également dans les rangs de la majorité. Face à la mobilisation de la gauche, les responsables de l'UMP et du Nouveau Centre s'en tiennent désormais à cette seule antienne: "Ce n'est pas une privatisation…" En dépit de ces assurances, le rapporteur du texte au Sénat, Pierre Hérisson (UMP, Haute-Savoie) a jugé nécessaire de proposer une nouvelle rédaction "de nature à apaiser les craintes soulevées par la transformation de l'opérateur en société anonyme".

Les sénateurs veulent veiller à ce que le capital de La Poste reste bien public et que l'établissement continue à desservir l'ensemble du territoire conformément à ses missions de service public. Pour augmenter le financement de cette présence territoriale, la commission a ainsi adopté un amendement faisant bénéficier La Poste d'un abattement à 100% sur la taxe professionnelle. Le gouvernement a toutefois jugé cette proposition excessive et s'apprête à défendre en séance un amendement qui en atténue la portée.

Aux yeux de l'opposition, cette frilosité du gouvernement vis-à-vis des timides tentatives d'encadrement de son texte ne peut que confirmer les craintes qu'elle exprime. Aussi entend-elle tout faire pour que le débat dans l'hémicycle trouve son prolongement à l'extérieur. En liaison avec le Comité national contre la privatisation de La Poste, qui regroupe une soixantaine de partis, organisations syndicales et associations, une "veille citoyenne" va être organisée pendant toute la durée du débat.

Une motion visant à soumettre le texte à un référendum devait être déposée, mardi, par les trois groupes (socialiste, CRC-SPG et RDSE) regroupant l'ensemble des composantes de l'opposition parlementaire. "C'est un combat hautement symbolique", s'insurge Jean-Pierre Bel, le président du groupe socialiste, quand Nicole Borvo Cohen-Seat (PCF) parle d'un "défi". Objectif: ébranler la cohésion de la majorité en soumettant les sénateurs à la pression "citoyenne".
Patrick Roger
Encore une fois, la gauche nie le progrès que réprésentera cette concurrence, une meilleurs efficacité dans la distribution.
Mais ça personne ne veut en parler, la gauche ne pense qu'en fonction de son fond électoral, les fonctionnaires.

Christian Estrosi veut rendre La Poste "imprivatisable"

Le ministre de l'industrie a déclaré, lundi 2 novembre, sur Europe 1 son intention d'empêcher toute privatisation de La Poste. "Je vais faire rajouter dans le texte, qu'en application du préambule de la Constitution de 1946, La Poste ne sera pas privatisable", a déclaré Christian Estrosi. "Je vais la rendre, c'est un mot qui n'est pas français mais que j'utilise à dessein, 'imprivatisable'", a-t-il ajouté. "La Poste sera donc encore moins privatisable lorsque le texte aura été voté que dans l'état actuel", a-t-il dit.
Pour le gouvernement, il s'agit de "moderniser" et "d'adapter" La Poste à l'ouverture à la concurrence. Pour les syndicats et la gauche, c'est la porte ouverte à une future privatisation, après France Télécom, privatisée malgré les engagements du président de la République.

Après de nombreux mois de controverse, le projet de loi "relatif à l'entreprise publique La Poste et aux activité postales" arrive en séance publique lundi après-midi au Sénat. Le texte comporte deux volets. L'un transpose la directive européenne sur l'ouverture totale à la concurrence du secteur postal en 2011. L'autre transforme La Poste, actuellement établissement public industriel et commercial, en société anonyme à capitaux publics dès début 2010. Ce changement de statut permettra un apport en fonds propres de 2,7 milliards d'euros (1,2 milliard à la charge de l'Etat, 1,5 milliard venant de la Caisse des dépôts).

ESTROSI FAIT UNE ÉNORME CONNERIE, CE N'EST PAS ÉTONNANT, IL CÈDE AUX SOCIALISTES DANS UN SECTEUR QUI DOIT ÊTRE PRIVATISÉ, LA COMPÉTITIVITÉ DE LA POSTE EST EN JEU.
SI CETTE DERNIÈRE NE PASSE PAS DANS LE SECTEUR PRIVÉ, J'IRAI À LA CONCURRENCE ET JE NE SERAI PAS LE SEUL.

Mikhaïl Gorbatchev : "J'ai perdu, mais la perestroïka a gagné"

"On ne saurait porter directement au crédit de Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev les événements de 1989: il ne les avait pas préparés et n'en saisit que vaguement l'importance à long terme. Mais il en fut la cause permissive et précipita le cours des événements. Ce fut bien la révolution de M. Gorbatchev." Le verdict est de l'historien Tony Judt qui conclut par ces lignes le chapitre sur "La fin de l'ordre ancien" dans sa monumentale Histoire de l'Europe *.

Mikhaïl Gorbatchev accède au poste de secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique en 1985 et lance aussitôt la politique de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration). A l'été 1989, il déclare sans ambiguïté que l'Union soviétique ne s'immiscera plus dans les affaires intérieures de ses Etats satellites de l'Europe de l'Est. Il sonne la fin d'un empire. L'effet domino sera fulgurant.

Politicien toujours engagé et par ailleurs fondateur de la Croix-Verte internationale dont le siège est à Genève, Mikhaïl Gorbatchev explique dans une interview exclusive comment il a vécu ces événements.

Le Temps : La chute du mur de Berlin est associée à l'effondrement du communisme en Europe. Avec le recul pensez-vous qu'un autre scénario aurait été possible ?

Mikhaïl Gorbatchev : Il est difficile de me souvenir des détails, mais ce n'était pas si inattendu. De grands changements étaient en cours en Union soviétique et en Europe de l'Est. Il y avait un grand problème non résolu depuis la guerre: celui d'une Europe divisée qui concernait en particulier les Allemands. L'idée d'un changement s'est imposée, par une union monétaire, puis une confédération de deux Etats allemands. Mais ce devait être graduel. Or les passions se sont exacerbées et les Allemands ont pensé que c'était tout de suite ou que l'occasion serait perdue pour l'unification.

"En décembre, Hans Modrow [premier ministre est-allemand de novembre 1989 à mars 1990] m'a téléphoné pour me dire: "Ici, hormis les bureaucrates, tout le monde souhaite une unification immédiate." En janvier 1990, nous faisions la chronique quotidienne des manifestations à l'Est et à l'Ouest pour une réunification immédiate. J'ai réalisé que, dans ce cas, il fallait que nous changions notre politique, celle des nations victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale. Aucun leader de ces nations n'était enthousiaste à l'idée d'une rapide réunification. C'étaient les Allemands qui la réclamaient. Margaret Thatcher était contre. François Mitterrand, mon ami, m'a dit: "Nous aimons tellement les Allemands que nous voulons pour eux deux Allemagnes!" C'était son style… Il n'empêche, la chose à retenir c'est que, bien qu'il y ait eu des disputes, tous ces leaders sont parvenus à un accord sans trop de frictions pour une unification allemande. La pomme était mûre, il fallait la cueillir.
Une alternative à cette voie ? Oui, cela aurait été possible. Si Erich Honecker, le président de la République démocratique allemande (RDA), avait entamé deux ou trois ans plus tôt le processus des réformes pour démocratiser le pays. Les gens le voulaient. Dans tous les autres pays, le changement était en marche. L'URSS, qui était la forteresse du socialisme, changeait. Honecker, en cette occasion, n'a pas agi. Auparavant, nous voulions que les leaders des pays de l'Europe de l'Est nous suivent. Cette fois-ci nous avons dit : nous voulons la perestroïka. Nous allons la réaliser mais c'est vous qui décidez ce que vous voulez pour votre pays. Nous n'interférerons pas. A deux reprises, des leaders de ces pays ont fait appel à nous pour intervenir…

Lesquels ?

Je ne les mentionnerai pas. Nous leur avons dit d'agir au mieux, selon leurs besoins. A vous de décider. Nous ne sommes pas intervenus.

Le 7 octobre 1989, à l'occasion du 40e anniversaire de la RDA, vous rencontrez Honecker. L'épisode s'est imposé dans les mémoires comme le "baiser de la mort". Que lui avez-vous dit exactement ?

Cette fameuse bise n'avait aucune signification particulière. Nous avons eu une longue conversation et j'ai compris qu'il ne saisissait pas ce qui était en train de se passer. Le soir même, il y a eu un défilé à la torche de jeunes gens qui demandaient le changement en chantant "Gorbi, aide-nous!" J'étais à côté de Honecker. Il chantait seul de son côté, il ne comprenait pas, et j'en étais désolé.

Aux Etats-Unis, on pense que c'est l'intransigeance du président Ronald Reagan qui a précipité la chute du communisme. Qu'en pensez-vous ?

Ils ne le disent plus. J'ai visité il y a quelques mois le Musée Ronald-Reagan en Illinois. Là, tout comme dans l'establishment américain, on comprend peu à peu que c'est parce que l'URSS changeait avec une nouvelle génération de dirigeants que les choses ont évolué. Sans ces changements, Reagan aurait pu exécuter toutes les danses qu'il voulait à Berlin, le Mur serait toujours là.

Un des premiers problèmes que nous voulions régler en tant que nouveaux leaders était de normaliser nos relations avec les Etats-Unis. Et nous avons eu un certain succès. Par ailleurs, parmi les proches de Reagan, certains avaient compris que Gorbatchev et ses réformes leur offraient une belle occasion. Reagan avait la réputation d'être un guerrier de la Guerre froide. Au début de son second mandat, dans son entourage, on s'interroge sur son héritage. Allait-il rester dans l'histoire comme un guerrier ou un faiseur de paix ?

Quelle fut l'importance de la course aux armements dans l'effondrement de l'URSS ?

Ce n'était certainement pas le principal facteur. Cela n'a rien à voir avec la dynamique qui mènera à la chute de l'URSS. La course aux armements a engendré des pertes majeures pour nos deux nations et nos deux économies.

Les Américains et les Russes ont payé 10?000 milliards de dollars chacun pour cette surenchère, et il y avait une réelle menace de guerre nucléaire. Mais ce sont bien les luttes internes concernant le futur de l'union qui sont à l'origine de la chute de l'URSS. Il faut se baser sur les faits et non sur des concepts issus de l'imagination.

Quel était votre objectif en 1989 ?

Jusqu'au dernier moment j'ai pensé que l'union de nos républiques pourrait être préservée. Des erreurs ont été commises. La République de Russie était dirigée par des gens qui agissaient contre les principes de la perestroïka, contre une nouvelle forme d'union où toutes les républiques seraient égales. Ces gens étaient comme des animaux, assoiffés de pouvoir, ils ont ruiné le pays, ruiné l'union, ruiné l'économie et leur propre futur. En tant que politicien j'ai peut-être perdu, mais les politiques que j'ai défendues ont permis de réaliser toutes les transformations nécessaires jusqu'en 1991. La perestroïka avait atteint un point de non-retour. J'ai perdu, mais la perestroïka a gagné.

Le concept de "perestroïka" évoluait au fil des événements. En aviez-vous une définition précise ?

L'idée de la perestroïka était de mettre un terme au système totalitaire, d'évoluer vers la démocratie, l'économie de marché, la liberté d'expression et de la presse, l'ouverture vers les autres pays. Tout cela s'est réalisé. Ceux qui voulaient un menu, comme au restaurant, des spaghettis, un second plat, ceux qui voulaient que la perestroïka soit une liste, se trompaient. Nous avons bougé graduellement dans la direction qui nous semblait la bonne. D'un point de vue tactique, oui, nous avons fait des erreurs, il a fallu adapter notre trajectoire. Dans un pays comme la Russie avec l'industrialisation que nous avions entreprise, il y avait énormément de défis.

La "perestroïka", c'était des réformes économiques et politiques simultanées. A l'inverse, la Chine mène des réformes économiques avec de vagues promesses politiques. Que vous inspire le modèle chinois, cette antithèse de la "perestroïka" ?

Ce que font les Chinois est super ! A présent ils ont la Chine nouvelle, et ils ne savent pas très bien quoi faire. Ils devraient y réfléchir plutôt que de s'auto-congratuler. Je plaisante, bien sûr. Plus sérieusement, vous savez que les Chinois ont en fait commencé par une "réforme politique". C'était la Révolution culturelle, elle a duré une décennie, même Deng Xiaoping est parti en camp de rééducation. Ensuite seulement ils ont entamé leurs réformes économiques, mais pas à pas. La Chine est un pays très différent. Nous avions besoin de la perestroïka pour un peuple très éduqué.

Que pensez-vous de la façon dont Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev dirigent aujourd'hui la Russie? Assiste-t-on à un retour en arrière avec ce néo-autoritarisme assumé?

Souvenez-vous que la priorité numéro un du pouvoir actuel était de remédier au chaos légué par Boris Eltsine, un homme tant célébré par l'Occident comme un vrai démocrate. Son legs: chaos dans l'économie, chaos dans l'armée, chaos dans l'éducation, chaos dans la démocratie. Dans tous les domaines, c'était la désintégration. Nos amis à l'Ouest semblent incapables de pardonner à Poutine d'avoir sorti le pays de ce chaos. La Russie a pu se redresser – bien sûr avec une petite aide de Dieu. Dieu s'est dit, OK, aidons un peu ce Poutine! Et le prix du pétrole a commencé à grimper sur le marché international…
"La première présidence de Poutine a consisté à consolider le pays. Désormais le pays est stabilisé. Le temps est venu de renforcer la démocratisation des institutions du pays. Mais retenez cela, nous ne sommes qu'à mi-chemin sur la voie de la transition démocratique. Nous affrontons certains problèmes qui ne peuvent pas facilement être réglés par un système démocratique. C'est pourquoi le pouvoir doit parfois user de méthodes autoritaires. On doit dire franchement et ouvertement que si ces méthodes autoritaires peuvent parfois se justifier, elles ne doivent en aucun cas devenir la règle. Nos dirigeants ne doivent pas recréer un système totalitaire. Je ferai de mon mieux pour que le point de vue démocratique l'emporte et que la société civile continue à se développer.

Vous seriez sur le point de créer un nouveau parti politique. Qu'en est-il?

Nous avons besoin d'un parti politique fort et indépendant, capable de critiquer le gouvernement. C'est à l'agenda. Mais il y a un problème : j'ai 78 ans.

Gorbatchev est très populaire à l'Ouest et très impopulaire en Russie. Comment gérez-vous cela ?

Dans le passé c'était vrai. A présent, je n'en suis plus si sûr. Je suis une personne libre. Comme citoyen russe, de quoi de plus aurais-je besoin? Le pouvoir? Je l'ai eu. Maintenant je me contente de mon rôle critique et d'aider les jeunes.

* Tony Judt, "Après-Guerre, une histoire de l'Europe depuis 1945", trad. de l'anglais par Pierre Emmanuel Dauzat. Ed.?Hachette Littératures, Paris, 2007.

Identité nationale : le cyber-débat est lancé

«Qu'est-ce qu'être Français?» C'est la question que pose à partir d'aujourd'hui Eric Besson, le ministre de l'immigration et de l'identité nationale, en ouvrant «le grand débat sur l'identité nationale».
Destiné à «favoriser la construction d'une vision mieux partagée de ce qu'est l'identité nationale aujourd'hui», ainsi qu'à faire des propositions pour «conforter notre identité nationale, et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d'être Français», selon le communiqué du ministère, ce débat va s'organiser autour d'un site internet, www.debatidentitenationale.fr, et de réunions dans les départements.

Une circulaire a été adressée ce lundi aux préfets de région et de département afin de fixer le cadre général des débats locaux. D'ores et déjà, le site internet annonce cinq rendez-vous. Celui de l'Institut Montaigne, un «think tank» en pointe sur la réflexion, le 4 décembre à l'Ecole militaire (Paris VIIe), verra l'intervention du président de la République.

En attendant, le débat s'ouvre sur la toile. Chacun est invité à déposer sa contribution. Le site, pour le moment, ne permet pas de consulter les idées laissées par les internautes, les messages de soutien ou les critiques. Le ministère indique que «dans un délai de deux semaines, un forum interactif et un questionnaire à choix multiples seront mis en ligne afin d'animer le débat auprès des internautes».

Le sondage publié ce dimanche par Le Parisien - Aujourd'hui en France (*) atteste que, bien que sensible, la question de l'identité nationale intéresse les Français. C'est pourquoi 60% des personnes interrogées estiment qu'en débattre est une « bonne chose », toutes générations confondues. 63% des moins de 30 ans comme des plus de 65 ans.

A gauche comme à droite, selon cette enquête, la langue française apparaît comme l’élément le plus important pour qualifier l’identité nationale, devant la République, le drapeau tricolore, la laïcité, les services publics et « la Marseillaise», quand les sympathisants de droite se montrent plus attachés aux symboles.

Les Français veulent débattre, mais pas n'importe comment, ni n'importe quand. Un autre sondage, effectué deux jours plus tôt par BVA pour Canal+, se prononçait sur le «timing» de cette consultation, évoquée lors de la campagne présidentielle : tout en jugeant majoritairement la question importante, 64% des Français estiment que l'objectif principal du gouvernement est «avant tout» une «volonté de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales».


Quoi qu'il en soit, Eric Besson fera la synthèse de toutes ces discussions lors d'un colloque, exercice qu'il adore, dans trois mois, le 4 février prochain.

(*) Sondage exclusif CSA / LE PARISIEN / AUJOURD’HUI EN FRANCE réalisé par téléphone les 28 et 29 octobre 2009 au domicile des personnes interviewées. Echantillon national représentatif de 1006 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).

Pour Besson, "le peuple s'est saisi du débat sur l'identité nationale"

Le débat sur l'identité nationale souhaité par le ministre de l'immigration, Eric Besson, doit s'ouvrir lundi 2 novembre dans les préfectures et sous-préfectures en présence des "forces vives de la Nation". M. Besson prendra la parole, mardi, pour détailler l'engagement des groupes parlementaires de l'UMP, puis ce sera au tour de Nicolas Sarkozy de s'exprimer, le 4 décembre à l'Institut Montaigne, un think-tank de droite. Une synthèse sera rendue fin février, date de fin du débat national.
Face à la levée de boucliers de la classe politique, le ministre a estimé, dimanche, que le "peuple français s'est déjà saisi du débat", mettant en avant des sondages "de ces 48 heures" sur la question. "Le peuple français s'est déjà saisi du débat et il a envie qu'il ait lieu", a-t-il résumé sur France Inter. Dans la semaine, le ministre avait déjà formulé un argument similaire, affirmant que "les élites peuvent toujours dire ce qu'elles souhaitent, le peuple s'est déjà saisi du débat dans les blogs, sur les radios".

Les sondages sur lesquels s'appuie le ministre sont parus dans la presse du week-end, et confirment qu'une majorité de Français souhaitent que la question de l'identité nationale soit abordée. Selon une enquête CSA pour Le Parisien, 60 % des personnes interrogées approuvent ce débat, contre 35 %. En terme de répartition politique, 50 % des sympathisants de gauche l'approuvent, 70 % au MoDem et 72 % à droite. Toujours selon cette enquête, les éléments constitutifs de "l'identité de la France" sont la langue (80 %), la République (64 %), le drapeau (63 %), la laïcité (61 %) ou la Marseillaise (50 %)

Un autre sondage, réalisé par IFOP pour Ouest-France, avance que 77 % des personnes interrogées sont favorables à l'apprentissage de la Marseillaise à l'école. Enfin, un sondage BVA pour Canal+, paru jeudi, confirme qu'une majorité de Français (54 %) jugent l'initiative "importante", contre 46 % qui pensent le contraire. Autant de chiffres qui semblent montrer un intérêt pour la tenue de ce débat. Pourtant, selon la même enquête BVA, une majorité encore plus importante (64 %) estiment qu'il s'agit avant tout une tactique électorale visant à "mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales".

ROYAL DEMANDE À LA GAUCHE DE NE "PAS REJETER CE DÉBAT"

L'initiative du gouvernement a été critiquée tout au long de la semaine par l'opposition, qui a dénoncé une opération de "diversion" et de "surenchère" vis-à-vis du Front National. Marine Le Pen s'est empressée de réclamer une entrevue avec M. Sarkozy et un "Grenelle de l'identité nationale". Les Verts parlent d'un débat "hypocrite", même les syndicalistes, comme François Chérèque (CFDT) le jugent "glauque".

Au PS, une certaine division est apparue entre la ligne officielle, défendue par le porte-parole Benoît Hamon, et Ségolène Royal. Pour M. Hamon, "l'objectif politique de l'opération de Besson et de Sarkozy, c'est d'expliquer que la gauche aurait un problème avec la nation et l'identité nationale". Il a dénoncé un "débat faussé par excellence" qui s'apparente à "une pauvre opération de communication politique et de récupération électorale". Le PS doit encore officiellement décider s'il participe ou non, et à quel niveau, au débat.

Si Mme Royal est d'accord sur la forme – elle parle d' une "opération de diversion" avant les régionales – elle demande à la gauche de ne "pas rejeter ce débat, encore moins le craindre". "Les socialistes étaient gênés, c'est un comble ! La nation est à l'origine un concept de gauche", a-t-elle déclaré. "Il faut reconquérir les symboles de la nation. C'est pourquoi j'ai souhaité faire chanter la Marseillaise dans mes meetings, revendiquer le drapeau tricolore qui appartient à tous, pas seulement à la droite", a-t-elle rappelé. Pierre Moscovici, qui se dit "révulsé" par les termes du débat, a mis en garde l'ancienne candidate. A ses yeux, elle "cède à la diversion" et "semble faire écho à Eric Besson, qui l'a pourtant tellement maltraitée".

SALAIRES - Mieux vaut être grand patron... et Français

Avec 3,8 millions d'euros par an en moyenne, les grands patrons français sont les mieux payés d'Europe. Entre stock-options, jetons, bonus, parachutes dorés et autres avantages, leur salaire fixe s'arrondit très confortablement. Même si souvent cela ne correspond pas aux mauvaises performances de leurs entreprises. Tour d'horizon
En moyenne en 2008, le revenu moyen des cinquante patrons francais les mieux payés s'élevait en moyenne à 3,8 millions d'euros. Ce record européen, équivalent à 240 fois le Smic, nous est revelé par le cabinet d'études financières PrimeView. Dans une étude réalisée pour Capital, il compare l'évolution des rémunérations (salaire fixe et variable, et plus-values sur les stock-options) des 65 dirigeants français les mieux payés.
Ça se paye comment un patron ?
La rémunération des grands patrons ne se limite pas à un salaire fixe. Elle comprend aussi une part variable, appelée "bonus", dont le montant dépend des résultats de l'entreprise. A cela s'ajoute "les jetons de présence", qui rémunèrent la présence aux conseils d'administration du groupe. Puis viennent les avantages en nature, comme la voiture ou le logement de fonction. Les stock-options figurent en bonne place, qui permettent plusieurs années après leur souscription d'acheter des actions de l'entreprise à un prix fixé d'avance. Si le cours de l'action a progressé, elles offrent une plus-value, dans le cas contraire, elles ne valent plus rien. Enfin, les fameux "parachutes dorés", au centre de la polemique, completent le tableau. Ils permettent d'assurer des indemnités (en sus de celles prévues par le code du travail) au dirigeant s'il quitte l'entreprise. Si tous les patrons ne bénéficient pas de tous ces avantages, ils sont nombreux à les cumuler et il n'est pas rare que le montant de ces "petits "plus dépasse de loin le montant du salaire fixe.

Tout va bien pour eux
En tête du classement du cabinet, on retrouve Jean-François Duprez, le Directeur général de Camaïeu (textile) qui a gagné 23,1 millions d’euros uniquement grâce à ses stocks-options - son salaire n’a pas été communiqué. Uniquement en tenant compte du salaire cette fois, c'est Franck Riboud, le patron de Danone, qui est en tête avec 4,3 millions d’euros. Le PDG de LVMH (luxe) Bernard Arnault , ferait presque figure de pauvre hère avec ses 4 millions d'euros en salaire et plus values. Par chance ses 219 millions d’euros de dividendes devraient lui tenir chaud cet hiver. Coté "golden parachute", le directeur général de la Société Générale dispose de conditions de départ confortables et malgré la crise, BNP Paribas a été généreuse en stock-options. En revanche, le PDG de Renault, n'ayant pas atteint ses objectifs, a été mis au pain sec et ses ses stock-options ont été supprimées.

L'étude ne se contente pas de disséquer les salaires mais se concentre aussi sur la comparaison des remunérations en relation avec les performances des groupes évaluées sur la période 2005-2008 selon cinq critères: la croissance des bénéfices par action et leur régularité, la rentabilité financière, l'évolution du cours de Bourse et la variation de la marge brute. Résultat sans équivoque : près d'un patron sur quatre a un "salaire élevé par rapport à ses performances", tandis que la moitié "mérite son salaire" et qu'un quart "mérite une augmentation" au vu de ses performances.

Les assurances assurent ... leurs salaires
Le président d'Axa Henri de Castries, fait figure de très mauvais élève. Son "salaire fixe a été augmenté de 20%" en 2008 alors que les bénéfices de la société ont plongé de 83%. Il n'est pas le seul, l'ex-président du directoire de Wendel, Jean-Bernard Lafonta, a touché 1,9 million d'euros de revenus l'an dernier. Idem pour l'ex-PDG de Valeo Thierry Morin, dont le salaire fixe était de 1,7 million d'euros en 2008 malgré les lourdes pertes affichées par le groupe. Mis en cause pour son parachute doré, il bénéficiait notament d'un fond de pension au Royaume-Uni .
A l'inverse, il faut souligner la mention très bien pour le patron d'Eiffage Jean-François Roverato, celui de Canal Plus, Bertrand Meheut, et celui d'Accor, Gilles Pélisson, qui voient leurs rémunérations évoluer en adéquation au regard des - contre-performances de leurs groupes. A noter toutefois que globalement le salaire des grands patrons français a baissé de 17% par rapport à 2007.
Laetitia Gueugnon

CHIRAC DEVANT LES JUGES ?

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My journey to the heart of Islam

What is life like in a madrasa and why are young western women drawn to a life of strict religious discipline?
In the ancient cemetery of the desert town of Tarim, in south Yemen, a crowd of young women shrouded in black nylon are kneeling around a red clay gravestone.
"Bismillahi r-rahmani r-rahim," they mutter, hands cupped in supplication, shuffling under the midday sun. "Al hamdu lillahi rabbi l-alamin." They are reciting Qur'anic prayers for the soul of a saint and scholar who, 600 years ago, used to conduct miraculous conversations with the dead from the minaret of the mud-built town mosque.

The chanting is led by a birdlike old lady lost in her black robes: a "hababa", holy woman, who traces her ancestry back to the Prophet Muhammad. Behind the hababa, the girls stumble over the unfamiliar Arabic and begin to fidget. They surreptitiously check mobiles for a rare bar of reception or pull Polo mints from Warehouse bags hidden under their robes. Most have never been to Yemen before, understand little Arabic and have never worn a veil. Some have been Muslim for only a few months. But they have come to learn "pure" Islam, and are eager to do it properly.

Yemen is one of the poorest countries in the world, and one of the most conservative. Beyond the centres of the largest cities, life is still governed by tribal loyalties and an austere Saudi-influenced interpretation of Islam. But Islamic schools in Tarim are attracting increasing numbers of young western Muslims in search of an answer to the question: how do I live as a real Muslim in the west? I have followed them to find out what could draw young British women of my own age to a remote valley in the Yemeni desert – and what ideas they will bring back to the UK.

"Men! Watch out, girls – men!" An urgent whisper runs through the group and they hurriedly pull down an extra veil to conceal the only visible part of their bodies, their eyes. Through a grey gauze mist, they watch as, 25 metres away, an old man in a heavy green turban limps past to pray at another grave. At the cemetery gates, a bus waits to take the girls back to the madrasa, the traditional Islamic school for women, where they are studying. As they climb aboard, hurrying past the male driver with averted eyes, I fall behind. The cemetery paths, baked in the midday sun, have burned the soles of my bare feet.

"That's nothing compared with what hellfire's going to be like," a heavy-set girl from Luton says flatly, and hauls herself on to the bus.

I first hear about Tarim on a cold December night in west London, where one of its three highest-ranking scholars is addressing a hall packed on one side with young men in tracksuits, jeans and prayer caps, and, on the other, with young women in colourful headscarves. When the robed and turbaned scholar steps out on to the stage, both sides unite in a jostling sea of camera-phones. It looks less like a religious gathering than a music festival.

"It is my right to say," Habib Ali begins in Arabic, his voice rising then falling to a persuasive whisper, "while I am here in Britain, that the role the government played in the Iraq war was a crime. But does that justify the killing of innocent people here?"

Since 2001, Habib Ali, with his fellow Tarimi scholars Habib Umar and Habib Kadhem, has travelled increasingly widely through Muslim communities in Europe and the US. To western governments, they offer an Islamically credible argument against violence and militancy; to their audiences, they represent an unbroken line of charismatic Yemeni scholars that stretches back over a thousand years. After the talk I hear Muslim friends describing Tarim as a "place of miracles", where the faith and manners of the time of the Prophet are preserved. I am intrigued and, with their help, manage to persuade Dar al-Zahra, the Habibs' madrasa for women, to admit a non-Muslim visitor.

On my flight from Dubai to the Yemeni capital, Sanaa, every other woman is wearing a black face veil. After the glitz and hustle of Dubai, Sanaa's mud-brick old city feels dark, quiet and ancient. It is the summer monsoon and in the late afternoon the sunken street past the old city is suddenly waist-deep with rushing grey water, submerging a taxi. Four men with curved daggers thrust into their wide, gold-embroidered belts hitch up their white robes and wade in to heave it out. A crowd gathers, but the few women hurrying past, draped in black, do not stop. In Yemen the streets overwhelmingly belong to men.

Tarim is remoter still, 300 miles south-east across the desert in a vast canyon, the Wadi Hadhramaut – the tribal home from which the father of Osama bin Laden migrated to Saudi Arabia, where Osama was born. Descending towards the canyon's little airport, the plane plunges into a landscape of tiny emerald-green fields set with date palms and crumbling mud-brick towers. Where the irrigation stops, the valley sides are dotted with the whitewashed tombs of local saints. The Hadhramaut converted to Islam around the time of the Prophet's death and it has been famous for its scholars and holy men ever since. The Habibs are their newest incarnation.

The "place of miracles" turns out to be a nondescript grid of square concrete buildings under the high canyon walls. One of them conceals a tall, galleried white courtyard, where a dark-eyed Briton in black robes, Asma, is waiting for me.

"Assalaam aleikum, welcome to Dar al-Zahra," she says, taking my hands. Little girls in coloured gowns bring metal cups of iced water and wave palm leaf fans while the older students, all in black, press round to wish me peace. They have been sent from Indonesia, East Africa and the Arab world to complete their years of Islamic study. But I have come to meet the "Dowra girls", western Muslims on a 40-day programme introducing them to a beginner's version of life in the madrasa. In the windowless hallway of their separate home, a dozen twentysomething women in bright ankle-length house-gowns and headscarves are sitting on thin mattresses with their textbooks. They look tired and hot.

"This is Rachel, our guest," says Asma.

The warmth of the girls' welcome surprises me. They jump up, smiling, to wish me peace, hurry to bring tea and carry my bags – earnestly striving to live up to the Islamic virtue of hospitality. Aziza, a lively girl from Manchester with heavy kohl rings around her dark eyes, introduces me.

Many of my new housemates are, like Aziza, from Urdu-speaking British-Pakistani families, but there are also a handful of converts, including a South African lawyer called Samira, a Canadian student, Sara, and a blue-eyed English girl who has taken the Muslim name Nur, "Light". When they head off, chattering, to the afternoon prayer, I explore the Dowra house. It is less like an austere Islamic retreat than an English boarding school: it smells of shampoo, perfume and sweaty nylon, and the shared bathroom is a cheerful girly clutter of pink razors and make-up. But on the door someone has stuck a note in felt-tip pen: the duas – or special prayers – to be repeated before and after using the shower or toilet.

It is not unusual for British Muslim men to travel abroad for religious education, particularly to the Deobandi madrasas of Pakistan. But, partly because of the restrictions on female travel prescribed by many scholars, it is far less common for women to do so. Dar al-Zahra, a traditional Islamic school that actively encourages western women students, is a rare thing. The Habibs are Sufis, followers of Islam's mystical tradition, and many of their western students are drawn to Tarim by their charisma and emphasis on personal, rather than political, spiritual goals. Their philosophy and practices – reverence for the graves of holy people, devotional singing, the great respect paid to the Habibs – are anathema to more conservative scholars. Most Yemeni madrasas are influenced by hardline clerics from neighbouring Saudi Arabia and the government is so nervous that they will harbour or indoctrinate al-Qaida sympathisers that – spurred on by the US – it has closed many of them down.

Despite the Habibs' liberal reputation, life in Dar al-Zahra turns out to be one of strict discipline. The day begins at 3am with individual pre-dawn prayers, then continues through the set dawn prayer; classes in Islamic jurisprudence, hadith; the Sufi disciplines of adab, spiritual etiquette, and "sciences of the heart"; and Qur'anic recitation, punctuated by more prayers, lectures and homework. The girls sleep only a few hours a night. On Fridays there might be a trip to a saint's shrine or to the ancient graveyard.

We have been sitting cross-legged and barefoot on the floor for two hours and my knees and back are burning. Even the other girls are wincing.

"Is it too strict?" I ask.

"No, no," says Aziza. "And the more you suffer, the more it proves your himma." Himma is the Islamic virtue of spiritual aspiration, and the girls are keen to encourage each other in its feats.

"When we're really tired, I say, 'Come on, girls'," explains Aziza. "'Remember that the darkness on the way to the mosque in the morning will be repaid with light on Judgment Day, when everyone else is in the dark.'"

As we trail slowly back along the dust road, the girls describe the rules for students. They are based on the strict codes of behaviour that apply to Yemeni women, who are among the least educated and most cloistered in the world. Away from the concrete boxes of its outskirts, Tarim is an exotically beautiful town of merchants' palaces and mud-brick mosques. But, unlike the male students, the girls are not allowed to visit the fruit and vegetable souq, drink Fanta in the couple of grill cafes or visit the tumbledown outdoor teahouse in the shade of the date palms. They leave the house only for short walks along the dust roads to prayer halls or lecture rooms, rarely after dark, and never alone. Outside, they wear the abeyya, a voluminous black robe, and the niqab, a double-layered black face-veil. The unmarried women have no contact with men.

Late that night, as the girls prepare for bed or sit softly reciting the Qur'an, Iman, an American convert, takes me aside.

"You should wear niqab like we do. Then you won't draw so much attention to yourself. None of us wear it at home, but when we're here…"

My loose cotton tunic, trousers and headscarf leave only my hands, feet and face exposed, but they clearly mark me out from the other students in their black robes.

"You should wear it," insists Iman.

Her tone is polite, but firm. The next morning I find a bag containing an abeyya, a black headscarf and a niqab hanging on my door handle. Caught between irritation and amusement, I clumsily put them on. In the 40-degree heat, the swathes of heavy nylon are an unbearable addition to my clothes. The headscarf coils tightly under my chin and across my forehead, and the tight headband of the veil, even folded back, leaves only a narrow space to see through. When I blink, my eyelashes catch against it, and the heavy fabric presses damply against my nose and mouth. But when we step out on to the street, my companions' eyes look me over approvingly.

"Mashallah, you look lovely!" a girl whispers to me in friendly delight.

The dress that allows western girls to blend in with the women of south Yemen has temporarily made me part of the same community, closed to men and to outsiders.

That afternoon, we sit – cross-legged again – in a large square classroom listening to a lecture on the attributes of God. Although the scholar who is teaching us is in the same room, we are watching him on a TV screen because the room is divided by a long green curtain. Behind it, the scholar is sitting with his male students, one of whom is filming him for us, while another translates the lecture into elaborate English.

"Someone who allows his wife or daughter to go out of the house uncovered," repeats the translator carefully, "he has judged other than according to what Allah has revealed."

The next morning, the crowds of similarly dressed girls barely glance at me as I cross the sunlit courtyard of Dar al-Zahra on my way to my first Islamic class. In a small square room, 12 young women sit on the floor, poring over The Beginning Of Guidance, a guide to moral etiquette by an 11th-century theologian. Their teacher, Aisha, reads passages aloud, expanding complex points into diagrams on a whiteboard.

"One who has pride in his heart will never come close enough even to smell paradise," she reads, and explains the traps set for believers by their cunning, devilish egos. Her students listen, occasionally asking the meaning of a difficult term.

"Do you ever question your teacher's interpretation or argue in the class?" I ask a student afterwards. She looks surprised.

"No, that would be terribly arrogant," she says. "She is the one with the knowledge."

In this Sufi madrasa, debate and criticism take second place to the flow of baraka, the spiritual blessing or grace that comes from Allah and is channelled through his chosen intermediaries. Only by paying humble, loving attention to a teacher – in person, through books, or praying beside their grave – can a student receive the baraka that emanates from them. In Tarim, the greatest living source is the three Habibs, whom the female students adore from a distance.

"You can see a different aspect of the Prophet in each of the Habibs," Nafeesa, a senior student, tells me as we sit outside the dormitories drinking sugary black tea. "Habib Ali has his cheerfulness and his skill in communication, Habib Kadhem has his wildness and his freedom of spirit, and Habib Umar..." She breaks off, sighs and smiles ecstatically. "He just has light shining from him."

"Mashallah," whisper the girls, nodding. I am intrigued by the intensity of their devotion – especially for Habib Kadhem who has, they say, a wild prophetic beard, dancing eyes, chiselled features and a battered motorbike.

"One of the windows in Dar al-Zahra overlooks the road Habib Kadhem takes to Friday prayers, and when he drives past on his motorbike, all the girls fight each other to see," Nafeesa says. My housemates laugh wistfully.

I feel a little guilty. In my bag is a dented green Twinings tea tin, half-full of dark Yemeni coffee, which Nur had given me the night before.

"This is from Habib Kadhem's house," she said. "It's full of baraka. I want you to have it." Through their ancestry and spiritual dedication, the Habibs' baraka has become so strong, their students believe, that it radiates from objects they own or have touched.

The Dowra girls have come to Dar al-Zahra looking for an essence of Islam's past. Tarim's obvious differences from the west – the niqab, the authority of the scholars, the harsh desert surroundings – are, to them, precious marks of its authenticity. They speak of escaping the consumerism of home for complete simplicity. "This is the opposite of Oxford Street," Asma says as we walk between the old mud houses. They are so dedicated to the idea of Tarim that they would not dream of criticising it. To me, Tarim seems full of contradictions. The Habibs' male followers drive gleaming SUVs through the dusty streets. In the cemetery, the hababa hides her face in distress when the girls snap the tombs with slimline digital cameras. The local women endure poverty, segregation and a lack of healthcare, even vaccination for their children. But while the women's hardships move them, my housemates see something beautiful in their lives.

"Their deen" – religion – "is so pure and strong," they say.

The girls even welcome the ban on seeing or talking to men. "In Islam we understand that men are men and women are women," Nur says. "If you're praying or studying together, it's natural that you'll distract each other, and we want to avoid distractions." The Dowra girls accept this as a simple truth that the secular west, in its pursuit of equality, has forgotten. In an environment so preoccupied by the quest for purity, the tiniest contact between the sexes, even the glimpse of a hand or a brief meeting of the eyes, becomes charged. After a few days in the madrasa, I catch myself instinctively flinching at the sight of a male taxi driver. I understand why Samira says segregation feels "cosy and safe".

"We've lost this kind of sisterhood in the west," says Nur. "There, we just encourage women to compete with each other."

Before class, we sit in a circle as the converts explain why they gave up the freedoms of secular life – which believers see as the temptations extended by the dunya (material world) to the nafs (ego).

"There's nothing more free than a white Protestant female," says Nur, who was studying Arabic at university in Scotland when a Sufi teacher introduced her to Islam. For the past 18 months, she has struggled to cover her hair, pray and avoid alcohol, parties and men. "My nafs was strong. But no matter how many times I slipped into my old habits," she says, "something kept drawing me back to Islam like a fish on a hook."

Beside her sits Sara, a clever, acerbic engineering student who spent her teenage years smoking, drinking and hanging out with bikers and musicians.

"Do you girls know what the Maliki position on tattoos is?" she demands, asking if one of the schools of Islamic jurisprudence has ruled that laser removal is halal (permitted). "I have them all across my back." Looking at her demure house-dress and brown hair neatly smoothed back under her headscarf, it seems impossible. Like Nur, she says her old freedoms were empty and unsatisfying in comparison with the discipline she discovered when she began to read about Islam, and finally converted a few months before coming to Tarim.

"Before, my attention was scattered," she says. "When you follow Islam's rules, you finally feel clean."

On my last evening in Tarim, Asma hurries into my room, breathless. "Come with me, quickly – you've been asked to meet Habib Kadhem."

I am amazed. Students who have been in Tarim for years long to sit in the Habibs' presence. A private interview with them is considered the rarest of privileges.

In a bare meeting room, Asma and her friend Farida kneel silently, fully veiled, behind me. Asma's two small daughters solemnly carry in trays of iced water and peach juice. The translator, a white-robed westerner with a thin blond beard and the stocky build of a rugby player, sits cross-legged, piously avoiding my eyes. At the head of the room sits Habib Kadhem. A heavy pale blue turban frames his high-cheekboned face, and his robes fall in elegant folds around him. I can see the power of his presence over the other people in the room. The Habib raises his eyes to meet mine, smiles and greets me.

"Habib Kadhem wishes you peace and places himself at your service," repeats the translator, in a faintly but definitely Australian monotone.

"First, I have to thank you for your coffee tin," I say, and tell the Habib how it had come into my possession. He laughs. I had expected a scholar to be sober and grave, but his face, voice and gestures are full of energy.

"But that gift made me think that your women students are at a disadvantage. Do they have to be so strictly segregated?"

"Islam treats everyone equally," says Habib Kadhem firmly. "Education is everyone's right, man or woman. To disagree with this is completely contrary to our beliefs."

He is sincere. But living in a separate, freer world, I wonder how much he knows about the female students' lives. I remember the girls jostling to glimpse him drive by their classroom.

The Habib tells me that the scholars do everything they can to support their female students in the search for Islamic knowledge – which they will then pass on to their husbands, children and friends. "We must encourage women in the most important thing: the real jihad, the search for understanding in order to share it with others."

As soon as the door closes behind the Habib and his translator, Farida and Asma throw their veils back from their faces and rush forwards to where he has left his cups of juice and water.

"It's always the men who get to do this," Farida says happily, picking them up. "Mashallah, now it's our turn!" She sees my confusion. "Have some – it's full of the Habib's baraka." She hands me the cup and I take a small sip.

"Have more, and some juice," Asma urges me, passing the water to her daughters. "Don't waste any – drink right down to the bottom of the cup."

At dawn the next day, as I step out through the heavy front door of the Dowra house, the air is cool and fresh. At the airport, I finally take off my veil and black robe, and stuff them into my bag. Without them, I feel light, but frighteningly unprotected. I wrap a scarf over my hair and sit waiting, my eyes lowered against the stares of my fellow passengers. When I change planes at Dubai, the sight of loud, bare-headed women in shorts and vests eating Burger King meals shocks me. I try to imagine how they will look to my housemates on their journey home.

Four months later, in the short days of early winter, I meet Samira and Nur in London. We laugh when we see each other dressed in city clothes and bundled against the cold. Nur has even abandoned her headscarf.

"The Habibs said we should practise Islam in our home culture," she explains. "And anyway, I was angry about having been locked up for so long." Unlike the other girls, she admits that she struggled with the confinement, the segregation and the suspicion that women students were getting a second-class education.

"But was it hard to leave, even so?" I ask, remembering my shock at the airport in Dubai.

"When I came back, I felt like half of me was still there," says Samira. "It's difficult to find yourself back in a way of life that suddenly looks very alien."

Back in the UK, they find themselves facing the complications of living as an observant Muslim in the west without the certainties offered by life in Dar al-Zahra, with all its hardships and restrictions. The Habibs do not encourage them aggressively to separate themselves from secular society – by wearing Yemeni-style niqab or refusing to work outside the home, for instance – but to maintain their spiritual purity through prayer and study. But this is hard, and most of the girls long to leave the struggles and temptations of life in London and return to Tarim.

"Before, I was living for guys, for my university, for work," one writes to me. "Now all I want is to put my niqab back on and live as simply as a Yemeni woman. That's where real Islam is."

• This article was amended on 26 October 2009 to make clearer that while the bin Laden clan hailed from the Hadhramaut in Yemen, this was not the birthplace of Osama bin Laden.

Les mimosas du Président

"A force d’écrire des choses horribles, elles finissent par arriver", marmonnait Michel Simon, amateur de mimosas et auteur de polars dans un film sublime d’avant la guerre, Drôle de drame, signé Carné-Prévert. Nous y sommes toujours, dans un bijou de comique politique. A peine a-t-il vanté les vertus de la terre et de l’identité, Nicolas Sarkozy se fait rattraper par la droite terroir, qui ment rarement quand elle est en colère.

La révolte de Raffarin et de ses Jacques du Sénat est autrement plus sérieuse que l’épisode identitaire; on ne parle pas ici de terre symbolico-médiatique, utilisée dans un coup trop facile pour être sérieux (agiter la muleta tricolore pour pousser la gauche à la faute antipatriotique), mais des vraies villes et vrais villages de la vraie France, qui ont vraiment besoin de la vraie taxe professionnelle pour vivre, et ne se retrouvent pas dans cette réforme, trop vite bouclée, parce que le Président la voulait… Il voulait, le Président, et il n’aura pas, privé soudain de majorité?

Est-ce vexant d’être bloqué par Raffarin! Là encore, on peut se faire son cinoche, plus chez Prévert mais chez Audiard: le cave se rebiffe, qui n’en était pas un, sacré "Raff", trop vite négligé par un pouvoir qui ne connaissait que la vitesse, et Raffarin était si lent… Il y a de la revanche dans l’air, de la justice immanente, de la logique. Nicolas Sarkozy, devenu président pour faire valdinguer la vieille France, la retrouve face à lui; le Sénat devient haut lieu de la résistance contre ses accélérations. Les uns fustigeront l’alliance de réacs provinciaux et d’une gauche cynique contre un Président qui veut faire bouger les choses, et supprimer une taxe létale pour l’emploi; les autres salueront la vertu des sénateurs, qui seuls savent dire "non" au pouvoir, quand celui-ci s’oublie ou oublie les formes ou les usages.

Pas un hasard si un autre notable, Jean Arthuis, centriste de Mayenne et président de la commission des Finances du Sénat, joue les snipers de la droite, critiquant la promotion d’Henri Proglio, qui présidera EDF tout en conservant Veolia (une décision de Nicolas Sarkozy), dénonçant comme "inefficace et anxiogène" la multiplication des réformes annoncées (le style de Nicolas Sarkozy), et réclamant l’abrogation du bouclier fiscal (un fondamental de Nicolas Sarkozy). Arthuis, Raffarin… Voilà donc les opposants: pas la gauche, pas l’ambitieux Copé! Des grains de sable institutionnels, que nul n’attendait. Ce qui intrigue et fascine, chez Arthuis comme chez Raffarin, c’est le côté impavide de leur révolte, la conviction tranquille qu’ils ne risquent rien sinon de vaincre. Un jour, le bouclier fiscal tombera, assure Arthuis, quand Raffarin prétend remettre la réforme à l’endroit, donc à plus tard, évidemment…

Que tout cela arrive au moment où la justice convoque la fin du chiraquisme n’est qu’un hasard, mais tellement savoureux. On ne parle pas ici du fond de l’affaire mais de politique. Les emplois dits fictifs témoignaient d’un pouvoir chiraquien qui ne dérangeait personne, puisque nourrissant tout le monde… Pour Sarkozy, Chirac était l’anti-modèle, le président qui avait renoncé à changer la France, empêtré dans trop de compromis, trop de systèmes; lui, jurait-il, ne renoncerait jamais, ne s’autoriserait aucun répit, aucun compromis. A l’arrivée, le résultat est le même. Qu’importe la volonté si Raffarin a la clé du changement? Sarkozy est en panne, contraint par des résistances qu’il avait négligées, quand Chirac, sans doute, les anticipait trop.

TP: Le gouvernement embarrassé

Après la fronde des sénateurs UMP contre la suppression de la taxe professionnelle, menée par Jean Pierre Raffarin, l'exécutif tente de jouer l'apaisement. Et pour cause, le soutien de ces 24 sénateurs est indispensable pour que le Sénat vote la réforme.

L'Elysée et l'exécutif se retrouvent face à un dilemme. Celui de convaincre les sénateurs UMP de voter la réforme sur la taxe professionnelle, alors qu'ils sont de plus en plus nombreux, à s'opposer clairement à ce projet de loi. Jean-Pierre Raffarin a d'abord affiché la couleur dans les colonnes du JDD, en estimant que "l'actuelle proposition n'est ni claire, ni juste, ni conforme à nos convictions d'élus enracinés". Une position d'autant plus embarrassante pour le gouvernement, qu'ils sont 24 parlementaires à avoir cosigné cette tribune. 24 parlementaires dont le gouvernement a impérativement besoin pour que la réforme soit votée fin novembre, puisque la droite ne dispose pas de la majorité absolue au Sénat.
L'exécutif tempère

En réaction, l''Elysée et le ministère de l'Economie ont tenté dimanche de jouer l'apaisement face aux critiques formulées par Jean-Pierre Raffarin. Ce dernier explique en effet avoir réclamé des "simulations financières et fiscales" au ministère de l'Economie et des Finances, ajoutant que Bercy était "dans l'impossibilité de (les) fournir dans les délais impartis". Réponse dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde: "Nous sommes en contact permanent avec les sénateurs. Toutes les questions qu'ils soulèvent seront examinées afin de trouver une issue positive", déclare-t-on, avant de relativiser l'impact de cette contestation: "Avant le débat budgétaire à l'Assemblée, on avait aussi assisté à des prises de position plus ou moins spectaculaires mais le texte avait été voté", rappelle-t-on de même source. "On ne va pas réagir chaque fois qu'un sénateur, quel qu'il soit, fait une déclaration", estime de son côté l'Elysée. "Le texte est en discussion, il va être modifié au Sénat comme il l'a déjà été à l'Assemblée. On n'est pas à la fin de l'examen du texte", tempère-t-on.

En revanche, d'autres revendications se sont heurtées à des réponses beaucoup plus tranchées. Quant à la demande d'inverser le calendrier des réformes afin de voter celle des collectivités territoriales avant toute chose, Xavier Bertrand rétorque qu'il n'est pas question de repousser à 2011 la suppression de la taxe professionnelle, comme le suggéraient les sénateurs. Et le secrétaire général de l'UMP de recadrer le début de polémique: "Que des parlementaires de la majorité souhaitent apporter des clarifications supplémentaires, au nom de quoi le débat serait interdit? Mais cela doit se faire dans le cadre de ce budget-là, le budget 2010", a-t-il insisté sur LCI.
Le PS soutient la fronde

Si la contestation de la taxe professionnelle embarrasse profondément le gouvernement, elle satisfait en tout cas les membres de l'opposition. "Ça fait quand même quelques semaines que nous combattons sur ce terrain-là, que nous soyons aujourd'hui rejoints par des parlementaires de droite, est une bonne chose", a estimé Benoît Hamon dimanche lors du Grand rendez-vous Europe 1-Le Parisien. Pour le porte-parole du Parti socialiste, cette petite révolte est bien la preuve que cette réforme est "très mal ficelée". Et d'inviter "le président de la République qui a dit que sa marge de recul sur ce sujet était de 'zéro de chez zéro' à revoir cette intransigeance". Le député socialiste Pierre Moscovici semble lui aussi satisfait du pavé lancé par Jean-Pierre Raffarin: "Là franchement, il a raison, il met les pieds dans le plat", a-t-il lancé dimanche, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Le député du Doubs a estimé que l'ancien Premier ministre exprimait là "deux choses: d'abord le ras-le-bol d'une majorité qui est mal traitée (...) et aussi un peu de bon sens quand même; ça existe à droite aussi", a-t-il concédé.

Déjà, le vote vendredi de la suppression de la TP à l'Assemblée nationale avait été laborieux et fait l'objet d'un bras de fer entre le gouvernement et sa majorité. Et Jean-Pierre Raffarin n'est pas le premier ancien Premier ministre de droite à afficher son hostilité à cette réforme. Edouard Balladur et Alain Juppé s'étaient déjà prononcés dans ce sens, parfois même avec des mots plus tranchés. En octobre le maire de Bordeaux avait en effet lâché qu'avec cette réforme Nicolas Sarkozy "se foutait du monde."

LES VIEUX CHEVAUX DE L'UMP, INCAPABLES EN LEUR TEMPS DE RÉFORMER LE PAYS, S'EN PRENNENT MAINTENANT À SARKOZY, ÇA DÉRANGE ET PORTE ATTEINTE À LEURS PRÉROGATIVES TERRITORIALES.




Où l’on reparle du Jyllands-Posten et des caricatures de Mahomet

Un projet d'attentat contre le quotidien danois vient d'être déjoué. Celui-ci en profite pour clamer qu'il continuera à user haut et fort de la liberté d'expression et du droit à la satire.
Grâce à l'efficacité de la police, deux hommes soupçonnés de préparer des actions terroristes contre Jyllands-Posten ont été arrêtés aux Etats-Unis. En attendant la décision judiciaire, il convient de rappeler le fond de cette affaire.

Les premières menaces de mort à l'encontre du quotidien danois Jyllands-Posten qui avait publié "les visages de Mahomet" datent de l'automne 2005. Elles ont continué en flux régulier pour culminer début 2006. Puis, en février 2008, un attentat projeté par trois musulmans contre Kurt Westergaard [l'un des caricaturistes] a été déjoué, tandis que, quelques mois plus tard, l'ambassade du Danemark au Pakistan faisait l'objet d'une attaque terroriste qui tua plusieurs personnes. Un groupe lié à Al-Qaida revendiqua cette action en déclarant qu'il s'agissait de représailles après la nouvelle publication du dessin de Kurt Westergaard dans les journaux danois et que, par ailleurs, les actes terroristes continueraient tant que le Danemark n'aurait pas puni les responsables et donné l'assurance que ce genre d'événement ne se reproduirait plus.

Terrorisme et intimidation se combinent ainsi pour inciter les gens à modifier leur comportement dans le sens souhaité par les auteurs de ces menaces. Cela s'est déjà vu sous l'Occupation. C'est ce qui se passe dans le monde musulman lorsque des minorités ethniques et religieuses sont persécutées ou partout ailleurs quand des opposants à tel ou tel régime sont menacés d'emprisonnement ou subissent la torture. Mais c'est aussi ce qui se passe lorsque des médias jugés trop critiques sont censurés, voire carrément interdits.

Les auteurs des menaces et des actions préparées contre Jyllands-Posten n'ont pas apprécié la publication des caricatures de Mahomet. Ils ont exigé leur interdiction et tenté d'intimider la population danoise. Malheureusement - mais il fallait s'y attendre -, certains ont pointé du doigt le journal comme étant responsable des menaces terroristes visant le Danemark. C'est une erreur. Et rien ne peut justifier le recours à la violence et aux menaces contre des citoyens exerçant les droits que leur garantit la Constitution. Il s'agit d'un principe qu'il nous faut absolument préserver au nom de la liberté et de la sécurité.

L'Histoire nous enseigne en effet que, si l'on commence à céder à la terreur et aux menaces, celles-ci ne vont pas diminuer. Bien au contraire, elles ne feront que redoubler car, lorsqu'un individu, un média ou une société cèdent à l'intimidation, cela prouve aux terroristes que leurs actes odieux et méprisables ont eu l'effet souhaité.

L'arme la plus efficace contre les menaces terroristes, c'est donc de montrer que nous ne sommes pas disposés à céder sur les principes qui assurent notre liberté et notre prospérité. Nous signifions ainsi clairement aux adversaires de la liberté d'expression qu'en dépit de leurs actes et de leurs tentatives d'intimidation nous continuerons d'agir comme nous l'avons toujours fait - voire nous pratiquerons la dérision et le mépris.

Certains n'approuvent pas cette attitude car nous vivons à une époque où une nouvelle forme de fondamentalisme menace la liberté. Il ne s'agit pas de fondamentalisme religieux ou politique. Non, ce qui constitue la plus grave menace contre la liberté, c'est le fondamentalisme de l'outrage. C'est un courant de pensée selon lequel quiconque a subi un outrage a le droit de réagir violemment. Ce fondamentalisme-là sert de fil conducteur aux nombreuses tentatives pour limiter la liberté d'expression dont nous sommes témoins ces temps-ci. Il est grand temps de tirer la sonnette d'alarme.

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Ce n'est pas pour rien que la presse danoise est n° 1 au palmarès de la liberté d'expression publié récemment par Reporter sans frontières. Explications d'Anthony Bellanger sur I>TELE :

Gaz ukrainien : la Russie met l'Europe en garde

Vladimir Poutine a prévenu les Européens que les livraisons de gaz en provenance de Russie allaient être perturbées, si l'Ukraine ne s'acquittait pas de ses factures.

Le rapport de force n'a pas varié. En Europe, un quart du gaz consommé provient de Russie, dont 80% transitent par l'Ukraine. Forcément, lorsque le premier ministre russe, Vladimir Poutine, avertit dimanche son homologue suédois que les livraisons vers l'ouest risquent d'être perturbées parce que Kiev tarde à payer ses factures, ce sont toutes les capitales européennes qui peuvent être prises d'inquiétude.

Dès vendredi, Vladmir Poutine avait tiré la sonnette d'alarme, accusant le président ukrainien Viktor Iouchtchenko d'empêcher le transfert d'argent vers Moscou pour le paiement de la facture gazière de son pays. «D'après le premier ministre ukrainien (Ioulia Timochenko, ndlr), Iouchtchenko fait obstacle à la coopération entre la banque centrale et le gouvernement ukrainien et bloque le transfert des fonds», avait-il affirmé.

L'ancien président russe est en effet convaincu que l'Ukraine dispose des fonds nécessaires pour payer son gaz, grâce au crédit accordé par le Fonds monétaire international (10,6 milliards de dollars à ce jour). Et il trouve ainsi une occasion de plus de s'en prendre à Viktor Iouchtchenko, partisan de l'intégration de l'Ukraine à l'Otan, bête noire du Kremlin. Avec une régularité confondante, le conflit gazier russo-ukranien est en effet relancé chaque hiver depuis la Révolution orange, en 2004.

L'Europe «n'a pas à souffrir» d'un conflit gazier

Mais au bout des pipelines, ce sont les Européens qui en font les frais. Début janvier, ils avaient subi une longue interruption des livraisons en plein hiver. L'Europe «n'a pas à souffrir» d'un conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine, a réagi samedi un porte-parole. Ni à se laisser «entraîner dans la campagne électorale» ukrainienne. Ioulia Timochenko compte parmi les favoris de la présidentielle du 17 janvier, avec l'ancien premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch. Son ex-allié Viktor Iouchtchenko a peu de chances d'être réélu.

Pour l'heure, le nouveau conflit n'en est toutefois qu'à ses prémices. De fait, Vladimir Poutine a prévenu son homologue suédois conformément aux engagements de la Russie et de l'Union européenne de s'informer mutuellement des problèmes en cours, notamment en matière énergétique. Mais il avait aussi, un peu plus tôt, montré du doigt l'UE, notant qu'elle n'avait toujours pas «versé un centime» à l'Ukraine, malgré l'aide financière promise qui aurait pu permettre à cette dernière de payer les livraisons de gaz.

Stress au travail : « Aime ta boite» … et puis quoi encore ?#@

SUITE À MON POST QUE VOUS TROUVEREZ EN LIEN(#) UN LECTEUR ME RENVOIT SUR UB ARTICLE QUE JE VOUS LIVRE IN-EXTENSO :«
Le travail c’est la santé » chantait Henri Salvador. « rien faire c’est la conserver » : l’actualité tendrait à faire penser que nous sommes plus proches de cette seconde affirmation. Les vagues de suicide ont mis en évidence, au-delà d’une « mode », les difficultés et désespoirs quotidiens de salariés du secteur public et privé. Le Gouvernement semble prendre la mesure de ce phénomène avec l’annonce d’un « plan d’action d’urgence » pour lutter contre le stress au travail et la remise d’un rapport visant à mette en place des indicateurs des risques sur la santé mental. Nous reviendrons ultérieurement sur ce rapport.
Comment en est-on arrivé là et où en est-on aujourd’hui ?


Au XIXème siècle Marx se détache de l’idéalisme hégelien en mettant en avant le « matérialisme social » qui permet à l’Homme de se réaliser, c’est à dire lui construit son identité à travers ses relations sociales, notamment ses relations familiales et professionnelles. Dans cette vision, l’Homme se définit à travers ses rapports sociaux eux-mêmes déterminés en partie par la structuration du rapport productif. Ainsi, dans la Misère de la philosophie, Marx décrit ce constat : « En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel. ».

La structuration du mode de production de l’époque, restons ici sur le secteur secondaire, impliquait ses propres difficultés, souvent physiques dues à la forte pénibilité du travail, ou intellectuelles, en raison de la nature des tâches effectuées à la chaîne.

Le secteur tertiaire désormais dominant, s’éloigne en partie de ce type de contraintes. Il structure à sa façon les relations sociales au sein de l’entreprise et engendre à son tour des difficultés inhérentes à cette structuration. L’intensification du travail, les nouveaux modes de management, le contact avec le public et le déclin des structures collectives de travail constituent désormais autant de difficultés et ont engendré de nouveaux risques professionnels. Ces risques sont généralement qualifiés de « psychosociaux » et renvoient la plupart du temps à des situations de stress ou de harcèlement moral sur son lieu de travail.
Le travail au XXème siècle : générateur de troubles psychologiques et physiques

Ces risques psychosociaux peuvent entrainer un certain nombre de troubles mentaux, au premier rang desquels l’anxiété et la dépression.

Ces deux troubles ont un poids considérable en France en termes de morbidité. Rappelons qu’en France, le suicide, fortement lié à la dépression, représentait en 2004 la 1ère cause de mortalité pour les hommes et les femmes âgés de 25 à 44 ans, la 4ème pour les hommes de 45 à 64 ans et la 3ème pour les femmes du même âge. En 2006, 3.8% des 16 – 39 ans, déclaraient une dépression et dans 8,7 % des cas des troubles anxieux1.

Ces troubles psychosociaux exercent également une influence réelle sur la santé physique, notamment sur les maladies cardiovasculaires et les troubles musculo-squelettiques. Les études les plus abouties sur le sujet ont mis en évidence la possibilité d’accroissement du risque de ces pathologies pouvant atteindre 50 % à 100 % en cas d’exposition aux facteurs psychosociaux au travail.

Les salariés en sont d’ailleurs conscients : plus de trois Français sur quatre considèrent que le travail contribue à la dégradation de leur santé((étude TNS-Sofres pour l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail réalisée en Europe en mai 2009)). Ce chiffre donne d’emblée la mesure du phénomène. 27% estiment même qu’il contribue « beaucoup » à cette dégradation. Les femmes (82% contre 75% des hommes) et les 35-54 ans (83%) sont les premiers à exprimer ce sentiment.

Si la France se situe sur une moyenne encore assez élevée (79% contre 75% en moyenne dans les 27 pays pris en compte), il est toujours possible de se rassurer avec la Lituanie où 91% de nos amis lituaniens estiment que l’emploi contribue à dégrader la santé. A l’inverse, travailler à Malte ou en Hongrie semble plus doux avec « seulement » six personnes sur dix partageant ce point de vue. Dans notre beau pays, outre le sentiment de souffrance, l’optimisme n’est pas de rigueur puisque près de trois Français sur quatre (72%) estiment que les conditions de santé et de sécurité au travail risquent de se dégrader en raison de la crise économique. Notre pays arrive d’ailleurs en 8ème position des nations les plus pessimistes sur les 27 prises en compte. Seul ilot dans cet océan de stress, 57% des Européens interrogés (et un Français sur deux) déclarent que les conditions de travail se sont « plutôt » ou « beaucoup » améliorées, contre 32% (37% en France) qui pensent le contraire.

Cette amélioration n’empêche pourtant pas les deux tiers des Français de considérer qu’ils sont plus stressés et 27% qu’il y a plus de maladies professionnelles2.
« Aime ta boite » : et puis quoi encore ?

Que font les entreprises ? Face à ce constat, les entreprises et le management sont régulièrement mis en cause, tout comme la sincérité de la part des employeurs pour réellement améliorer cette situation. Ainsi 69% des Français pensent que leur entreprise agit peu ou pas du tout pour réduire le stress de leurs salariés((Troisième édition de l’Observatoire des perceptions et attentes des Français quant aux risques encourus dans la vie quotidienne)). De même, 45% estiment que leur patron ne fait pas grand chose pour prévenir les risques de maladies professionnelles.

Ajouté à cela un sentiment de perte de pouvoir d’achat, le gel des salaires annoncés pour une bonne partie de 2010 et quelques scandales bien sentis de rémunérations de dirigeants, il en faudra beaucoup pour que la cote d’amour des Français envers leur boite n’atteigne à nouveau des sommets.

L’enquête de TNS Sofres avec l’Observatoire International des salariés montre d’ailleurs dans quelles mesures le lien affectif à l’entreprise s’est érodé et les sentiments négatifs vis-à-vis de son entreprise l’emportent désormais sur les sentiments positifs. Les attentes de reconnaissance plus individualisée sont également très fortes.
Les différents vecteurs de stress : les facteurs liés à la gestion de la charge de travail

images2Le stress est devenu une réalité quotidienne pour des millions de nos concitoyens. Par stress, nous pouvons entendre la définition la plus couramment admise qui est celle de l’Agence européenne pour la sécurité au travail et la santé de Bilbao. Elle stipule : « un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a des ressources pour y faire face ». Dans cette définition le stress ne provient pas d’une situation objective mais d’un décalage entre deux perceptions du sujet, la première sur les contraintes subies, la seconde sur les ressources dont il dispose.

Les sources de stress peuvent être catégorisées au sein d’une typologique relativement précise. Celle réalisée par le groupe d’experts pluridisciplinaire((ce groupe avait initialement reçu pour mission de formuler des propositions en vue d’un suivi statistique des risques psychosociaux au travail)) auprès de Xavier Darcos met ainsi en avant quatre vecteurs de stress, quatre indicateurs de ce décalage, tous en lien avec la gestion de la charge de travail :

La quantité de travail : en 2007, l’enquête Santé et Itinéraire Professionnel montrait que 22.6% des Français âgés de 20 à 74 ans estimaient qu’on leur demandait « toujours » ou « souvent » « une quantité de travail excessive ».

La pression temporelle : l’enquête Sumer 2003 sur la surveillance médicale des risques professionnels montre que près d’un tiers des personnes interrogées estime ne pas disposer du temps nécessaire pour faire leur travail. L’enquête condition de travail de 2005 montre que près d’un Français sur deux déclare devoir « toujours » ou « souvent » se dépêcher dans leur travail.

La complexité du travail : 44,8 % des personnes interrogées dans l’enquête SIP 2007 déclarent devoir « toujours » ou « souvent » « penser à trop de choses à la fois ». Il est intéressant de noter que cette exigence concerne davantage les professions qualifiées (indépendants, cadres et professions intermédiaires), ainsi que les salariés des banques et assurances.

Les difficultés de conciliation entre travail et hors travail : 10,5 % des personnes répondant à l’enquête SIP 2007 estiment avoir « toujours » ou « souvent » des « difficultés à concilier travail et obligations familiales ».(( Chacun de ces points pourrait être développé, notamment avec l’abondante littérature déjà existante sur les modifications de culture managériale en France.))
Autre source de stress : le contact avec le public

La charge émotionnelle constitue également une donnée clé des difficultés ressenties. Ce type de charge se rencontre notamment lors de relations avec le public.

Aujourd’hui, en France, sept personnes sur dix travaillent « en contact direct avec le public » : c’est le cas de 63% des hommes et 80% des femmes((Sumer 2003)). Les personnes travaillant dans les commerces et les services se trouvent en première ligne. Pour 85,8 % de ces personnes, le contact avec le public se déroule « toujours » ou « souvent » en face à face et pour 54,4 % au téléphone. Ces relations au public peuvent aboutir à des sentiments d’agression, y compris parmi les cadres. Ainsi, plus d’un salarié sur cinq ayant des contacts avec le public déclarent avoir été victimes d’agression. Sont en première ligne les contrôleurs de la poste (un sur deux), les employés de banque et les infirmiers (environ 45% chaque) ainsi que les agents de sécurité (40%). A noter que les femmes se déclarent plus fréquemment subir des agressions verbales que les hommes : 25.4% contre 19.2%. Les agressions physiques sont heureusement plus rares même si elles concernent tout de même plus d’une femme sur cinquante et notamment plus d’une femme employée de services sur trente.

L’organisation du travail demeure une fois de plus une donnée importante du problème : près de 30 % des salariés dont le rythme de travail est imposé « par un contrôle hiérarchique ou informatisé » ont été victime d’une agression au cours de l’année passée.

Ici encore, le lien entre santé et stress semble difficilement niable dans la mesure où 34,3 % des salariés ayant déclaré au moins une atteinte dégradante jugent leur état de santé mauvais contre 12.3 % de l’ensemble des salariés. 57.5% de ces personnes estiment que leur travail est mauvais pour leur santé contre « seulement » 26.7% de l’ensemble des salariés.
On se fait agresser en dehors… mais aussi à l’intérieur !

Parmi les joies de la vie en entreprise, un salarié sur six (17.3%) déclare subir « un comportement hostile ». On retrouve ici trois types de comportement hostile :

- Les atteintes dégradantes concernant 1.9% des salariés (notamment « laisser entendre que vous êtes mentalement dérangés », ce qui pourrait prêter à sourire si cela n’était pas le cas d’un salarié sur cent…)

- Le déni de reconnaissance de travail, qui constitue la part principale de ces comportements hostiles et concernent 8.9% des salariés. 7.7% des salariés estiment ainsi que leur travail est critiqué injustement.

- Les comportements méprisants, quant à eux, concernent 6.5% des salariés

On voit donc que les raisons de stresser sont nombreuses. Afin d’épurer notre analyse, la consommation de psychotiques étant déjà suffisamment élevée, nous n’avons volontairement pas mentionné d’autres facteurs comme le contact avec la souffrance et le sentiment d’empathie qu’il peut provoquer, l’absence d’autonomie ou de marge de manœuvre, la peur au travail ou la peur de perdre son emploi…
Les jeunes, les employés et les ouvriers : premières victimes de ces troubles

Une étude de la DREES réalisée en 2007 auprès de 37.000 personnes a recensé les problèmes de santé mentale au travail à travers 17 pathologies, des troubles de l’humeur, du sommeil jusqu’au risque suicidaire.

Les résultats en sont alarmants :

- plus d’un homme sur dix (10,7%) et une femme sur six (16%) souffrent de troubles de l’humeur (épisodes dépressifs, dysthymie, épisodes maniaques)

- un homme sur six (17%) et une femme sur quatre souffrent de troubles anxieux (anxiété généralisée, agoraphobie, phobie sociale, troubles panique et stress post-traumatique)

dépressionLes jeunes âgés de 18 à 30 ans constituent les premières victimes : 22% des hommes de cette classe d’âge connaissent ainsi des troubles anxieux (contre « seulement » 17% des hommes en général). Le chiffre record est celui de près d’une femme sur trois de 18 à 30 ans qui développe au moins un trouble anxieux (29,9%) pour une femme en général sur quatre.

Les employés et ouvriers affichent également une prévalence supérieure à la moyenne (différence de 2.5 à 3.5 points)

11.8% de la classe d’âge précitée connait des conduites addictives à la drogue et 9.7% à l’alcool.
Que faire ?

Perçus d’un point de vue économique, ces troubles posent une question majeure en termes de rentabilité pour l’entreprise. En effet, au-delà des effets de ces troubles sur la productivité, difficiles à mesurer, les arrêts de travail, eux beaucoup plus simples à objectiver, donnent des indications plus précises. 20.5% des salariés ayant déclaré au moins une atteinte dégradante ont pris au moins deux arrêts maladie dans les 12 derniers mois contre 8.8% de l’ensemble des salariés((Sumer 2003)). La question se pose donc de l’intérêt économique des entreprises à prendre en compte ce type de souffrance pour assurer une meilleure présence de leurs collaborateurs.

Dans le cas par exemple de la dysthymie, 81.1% des femmes cadres ayant connu ce trouble ont pris au moins un arrêt maladie pour cette raison.
Le rôle des pouvoirs publics ou des entreprises ?

Si le débat se trouve désormais sur la place publique, il convient de prendre conscience de la généralité du phénomène et de ne pas le cantonner à une ou deux entreprises particulièrement frappées par des drames. La création d’une commission chargée d’étudier cette question sous la présidence de Jean-Frédéric Poisson, rapporteur d’un rapport d’information l’année dernière d’un rapport d’information sur la pénibilité du travail, va plutôt dans le bon sens.

Pour remédier à cette situation, de nombreux vecteurs peuvent être utilisés. Le management, le rythme de travail, le calcul de la productivité, les liens interprofessionnels et la représentativité au sein des entreprises constituent autant de pistes intéressantes. Mais si ces pistes peuvent représenter des leviers intéressants au sein de grandes compagnies, le mode de production actuel (en particulier celui des services) est tel qu’il sera difficile de modifier en profondeur les conditions de travail. Il parait également illusoire de prétendre mettre fin au sein des PME au syndrome « petit(e) chef frustré(e) ».

Seule une prise de conscience généralisée et une modification radicale des mentalités pourraient apporter des changements durables.

Cette prise de conscience, si elle n’intervient pas pour des raisons morales, pourrait se développer en partant de postulat de rationalité économique : un employé heureux est un employé plus productif. De nombreuses grandes firmes ont déjà mis en place – ce qui sur le papier semble être – un véritable paradis pour leurs collaborateurs. Google en est ainsi l’exemple le plus connu et le plus représentatif.

Nul doute que cette thématique restera présente tant la pénibilité du travail pourrait représenter un enjeu majeur pour la future présidentielle, dans un contexte plus large de rapport à l’entreprise où trouvent déjà leur place les questions de valeur du travail et de la justice fiscale.
Dans une société où l'efficacité est un exemple, ou la rentabilité est de mise, seul celui qui aime ce qu'il fait s'en sort sans trop de dégâts.
Le reste n'est qu'une histoire de compensation, et il est certain que les socialistes, avec les trente cinq heures n'ont pas généré des battants, le morale est lié à l'activité, les "patrons" ont compensé ce mauvais coup par une "baisse" des salaires (rapport temps de travail/coût du travail), c'était légitime. Les malaises naissent de là.