TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 24 octobre 2009

Pourquoi Axel Duroux a démissionné de TF1

Jeudi soir, après une semaine émaillée de conflits terribles, Axel Duroux, le numéro 2 du groupe TF1, a plié ses affaires et posé sa démission. Un départ express qui replonge TF1 dans ses tourments managériaux. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la direction de la communication de TF1 peaufine une formule lénifiante pour tenter de masquer le fracas de ce départ : "TF1 et Axel Duroux ont décidé de se séparer d'un commun accord pour divergences de vues stratégiques sur la conduite de l'entreprise. Axel Duroux quitte TF1 ce jour." Le communiqué est adressé à la presse à 8 h 23.

La vérité, c'est qu'entre Nonce Paolini, le pdg, et Axel Duroux, son second, rien n'a fonctionné. Exigeant et fonceur, Duroux, transfuge de RTL, avait pris des habitudes de numéro 1 auxquelles il pouvait difficilement renoncer. Pour la première fois dans l'histoire d'une entreprise, le pdg et le dg possédaient "le même périmètre". De quoi s'étriper copieusement toute la journée. Cela n'a pas manqué. À peine Axel Duroux avait-il mis un pied à TF1, à la mi-septembre, que les premières frictions sont apparues .

Corse ombrageux contre "beau gosse" autoritaire

"Le conflit portait à la fois sur le style des deux hommes, leur philosophie de l'action et l'appréciation que chacun portait sur la situation de TF1", explique un proche des deux managers. Autant Duroux est rapide et brutal, autant Nonce Paolini est lent et consensuel. Mais, sous des dehors suaves, le Corse Paolini est un ombrageux qui s'offense vite. Quant à Duroux, sous une carapace de beau gosse bronzé et éternellement souriant, c'est un autoritaire qui dirige à la baguette. Le précipité est apocalyptique !

La divergence de vue entre les deux managers sur la situation de TF1 a donné lieu à des scènes d'un comique absurde. "Quand vous entrez dans le bureau d'Axel Duroux, au 14e étage de la Tour TF1, on vous dit que la chaîne va mal, qu'il faut agir vite et concentrer toute l'énergie des talents sur l'antenne et les programmes, explique un cadre de TF1. Mais si vous frappez à la porte à côté, chez Nonce Paolini, on vous explique qu'après l'embellie de l'été avec les succès de Secret Story et l'amélioration des recettes publicitaires, TF1 ne va pas si mal et que, ma foi, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir sur l'avenir."
Naturellement, entre ces deux discours, les cadres de la maison ne savaient plus à quel saint se vouer. Ce que l'un décidait, l'autre le défaisait... Au bout de deux semaines, Duroux et Paolini comprennent qu'il va falloir être un peu plus clair dans la répartition des tâches. À Paolini, le business, à Duroux, la haute main sur les contenus. Chacun possède néanmoins un droit de regard sur le domaine de l'autre. Évidemment, ce rafistolage n'a pas tenu plus d'un mois. Et les tensions sont réapparues très vite.

Les limites du système Bouygues

Le rôle de Martin Bouygues, actionnaire de référence de TF1, est intéressant de ce point de vue. Tenu au courant des tensions, il convoque les deux hommes dans son bureau le lundi 5 octobre. "Mais il se garde bien de trancher", nous explique-t-on. En effet, pour Bouygues, le big boss, c'est Nonce Paolini, comme Patrick Le Lay avant lui. Dans la conception de l'entreprise selon Martin Bouygues, un pdg est le maître chez lui. C'est donc à Nonce Paolini et à personne d'autre de domestiquer la fougue de son numéro deux... Lui ne s'en mêle pas. Est-ce un tort ? En tout cas, il privilégiera toujours la fidélité d'un Nonce Paolini, grandi dans le sérail de la maison Bouygues, par rapport à une pièce rapportée, aussi brillante soit-elle.

On sera d'ailleurs très étonné d'apprendre que Nonce Paolini ne briguait pas la présidence de TF1... mais celle de Bouygues Télécom ! Une entreprise où il excellait au poste de numéro 2. "Quand Martin vous propose TF1, même si cela ne vous enchante pas, vous ne pouvez pas refuser", confie Paolini à ses proches. Martin Bouygues a sans doute commis ici sa plus grande erreur : après l'ère Mougeotte-Le Lay (un tandem qui a décimé la génération suivante), au lieu d'aller directement chercher un spécialiste de la télé extérieur à TF1, Bouygues préfère confier les rênes de sa filiale à l'homme qui a organisé les funérailles de son père Francis : Nonce Paolini... Fidélité, abnégation, discipline. C'est, à la fois, la force du système Bouygues... et aussi sa limite.

Ronald Blunden, l'entremetteur

Notons également un problème de timing qui n'a pas arrangé les choses : Paolini a fait appel à Duroux au pire moment pour TF1. Quand Duroux, à la fin de sa période de préavis chez RTL, prend ses fonctions, mi-septembre, Paolini est ragaillardi par un bel été. Il pense, à ce moment-là, que la présence de Duroux à ses côtés est, certes utile, mais moins urgente qu'auparavant. Il peste qu'on puisse présenter Duroux comme "Merlin l'enchanteur" ou "le magicien" ( sic ) tandis que, lui, pendant deux ans, a essuyé, seul, la mitraille... Le 26 août, la conférence des programmes de TF1 est hallucinante. Paolini rayonne tandis que Duroux, bloqué par sa clause chez RTL, est toujours contraint à l'inaction. Et le pdg pavoise, présente ses managers, répond à la polémique créée par les débordements de Secret Story... Pour la première fois, il sent qu'il maîtrise son métier. Sur Duroux ? Pas un mot...

Un désamour avant même leurs retrouvailles, quinze jours plus tard. Pour comprendre, il nous faut revenir en arrière. Nous sommes le 23 février, Nonce Paolini a le moral au plus bas. TF1 tombe en capilotade et accumule les bourdes depuis un an et demi. Ce jour-là, il déjeune au Lutetia avec son ami Ronald Blunden, ancien dircom' de TF1 passé chez Hachette. "Il faut que tu te fasses aider", suggère Blunden. Tu ne peux pas rester seul à la barre." Paolini regimbe : "Mais il n'y a personne..." Blunden lui jette un regard par en dessous : "Mais si, il y a quelqu'un..." Paolini soulève une paupière : "Oui, je sais, tu vas encore me parler d'Axel Duroux." Blunden est, en effet, l'ami des deux hommes. Duroux et Blunden ont été collègues chez IBM où tout deux travaillaient à la communication du groupe informatique américain. Paolini trouve alors toutes les bonnes raisons pour écarter l'idée que Duroux puisse être son numéro 2 : "Il est patron de RTL, il n'acceptera jamais d'être mon second. Et puis, il a gagné son procès contre Endemol. Il est riche. Pourquoi viendrait-il chez nous ?"

Le Lay et Mougeotte avaient fait le vide

Entre février et avril, la situation de TF1 empire. Martin Bouygues commence à se poser des questions. Il consulte les anciens, dont Étienne Mougeotte... Finalement, Nonce Paolini rappelle Blunden : "J'ai bien réfléchi. Je ne peux pas piloter le groupe tout seul. Qu'est-ce que ça me coûte d'essayer ? Essaie de tâter le terrain auprès de Duroux..." Ni une ni deux, Ronald Blunden décroche son téléphone et invite Axel Duroux à déjeuner, le 18 mai, à la Maison du Danemark, un restaurant chic sur les Champs-Élysées. Naturellement, Duroux réagit de manière intéressée... et n'est pas vraiment surpris que TF1 lui envoie Blunden en éclaireur. Cela fait quelques mois qu'il convoite de sauter sur la Une. D'autant plus qu'à RTL, filiale du géant allemand Bertelsmann, il sait qu'il se heurtera tôt ou tard à un plafond de verre : il a beau avoir stabilisé l'audience, il n'est pas Allemand. Ses perspectives sont limitées.


À l'issue de ce déjeuner, Duroux accepte donc de discuter avec Nonce Paolini. Blunden lui laisse le numéro de portable du pdg de TF1. Paolini aurait pu appeler Duroux et convenir d'un rendez-vous. Les choses ne se passent pas exactement ainsi. C'est à partir de là que deux versions circulent. Selon Nonce Paolini, Axel Duroux est son choix propre. Selon ses détracteurs, Martin Bouygues a imposé Duroux à Paolini... Nous ne trancherons pas, mais un détail paraît troublant : Duroux n'a pas de tête-à-tête avec Paolini avant de rencontrer Martin Bouygues. Curieux, non ? Un jour, Duroux reçoit un texto de Paolini qui l'invite discrètement à un petit-déjeuner avec lui-même et Martin
Bouygues. Pour des raisons de confidentialité, la rencontre à trois a lieu au siège du groupe Bouygues. "C'est l'entretien d'embauche le plus simple de ma vie", dira Duroux lorsque son transfert de RTL à TF1 sera rendu public, le 15 juin. Mais déjà, le hiatus existe : Paolini se cherchait alors un numéro 2 spécialisé dans les programmes, comme
l'était Mougeotte pour Le Lay. Pour Duroux, il n'en est pas question. Lui se voit comme un futur numéro 1, à la fois stratège et saltimbanque. Dans le plus grand secret, les deux hommes vont passer quinze jours à discuter le bout de gras. Duroux, se sentant en position de force, ne lâche rien. "On a pris la fonction de directeur général qui existait dans les statuts de TF1", expliquaient ses proches en juin. Voilà comment on aboutit à ce compromis bancal où le pdg et le dg ont les mêmes attributions stratégiques et opérationnelles. Cela ne pouvait pas fonctionner. Le départ de Duroux est aussi fracassant que son arrivée. Jeudi 22 octobre, les deux hommes se sont toutefois serré la main en se quittant. Un échec pour tout le monde, mais dont la responsabilité ultime repose sur les épaules de Martin Bouygues.

Duroux voulait changer l'info de TF1, Nonce Paolini protégeait Laurence Ferrari

Axel Duroux, directeur général démissionnaire de TF1, avait entrepris de s'attaquer au dossier de l'information, un domaine que Nonce Paolini ne lui a pas laissé bousculer. Duroux voulait réformer de fond en comble ce secteur en recrutant un nouveau rédacteur en chef en lieu et place de Catherine Nayl. Il envisageait éventuellement de remplacer Laurence Ferrari, dont les performances sur la cible des femmes responsables des achats n'étaient pas, à ses yeux, suffisantes.

Duroux s'appuyait, en effet, sur des données objectives. La saison dernière, à pareille époque, le JT de Laurence Ferrari séduisait 31,8 % des femmes. Cette semaine, Laurence Ferrari est tombée à 28,8 % sur les femmes, avec notamment une journée (le mardi 20 octobre) où la part d'audience a plongé à 25,5 %. Pour mémoire, en 2007, PPDA réalisait cette même semaine d'octobre pas moins de 38,9 % de part d'audience auprès des femmes... Les faits sont là. Et la montée en puissance des chaînes de la TNT n'explique pas tout. Duroux entendait restaurer le statut du JT de 20 heures qui, avant la crise, était la colonne vertébrale de l'audience de la chaîne. En outre, on murmure qu'il souhaitait confier le poste de patron de l'info à Hervé Béroud, son homme de confiance à RTL.

Une clause de confidentialité signée en toute hâte

En limogeant PPDA, Nonce Paolini s'était personnellement engagé dans le choix de Laurence Ferrari. Le maintien de cette journaliste dans le fauteuil du 20 heures n'était pas discutable. Tout comme il lui était insupportable de se séparer de Catherine Nayle. Dès lors, Duroux a réalisé qu'il n'avait vraiment la main sur aucun levier. Impossible d'exercer sa mission de redressement dans ces conditions. Il en a tiré les enseignements. Dès mercredi, sa décision était prise. Elle n'a été officialisée que vendredi matin, par un bref communiqué. Avant de se séparer, Axel Duroux et Nonce Paolini ont signé, en toute hâte, une "clause de confidentialité" quant aux raisons de leur séparation. Aucun d'eux ne validera nos informations. C'est la règle.

Mais tout de même, l'inquiétude est vive au sein de TF1, ainsi que chez ses partenaires. Les ratés s'accumulent. Par exemple, ce contrat Disney parti chez M6 alors que la chaîne concurrente n'a pas mis un euro de plus... Pourquoi Disney a-t-il préféré M6 ? "Ils ont choisi une entreprise qui est en état de marche plutôt qu'une entreprise qui se cherche encore", nous explique un proche du dossier. Disney s'est penché sur la stratégie de diversification de M6 et l'a jugée plus performante. Deux autres ratages reviennent souvent chez les observateurs de la chaîne : le pré-achat du film Le Petit Nicolas , arraché par M6 (deux passages pour 3 millions d'euros), et qui caracole en tête avec plus de 2 millions d'entrées. Et l'autre comédie du moment, Lucky Luke, avec Jean Dujardin, que France 2 et France 3 se sont partagée pour, respectivement, 1,6 million et 1,2 million d'euros.

Marine Le Pen tente de redonner une voix au FN

Le Front national peut-il tirer profit des difficultés actuelles de Nicolas Sarkozy ? A cinq mois des élections régionales, sa vice-présidente, Marine Le Pen, multiplie les interventions médiatiques. C'est elle qui a lancé, début octobre à la télévision, la polémique sur le livre La Mauvaise Vie, écrit par Frédéric Mitterrand, avant qu'il ne devienne ministre de la culture.
Elle, encore, qui a surfé sur le tollé suscité par l'annonce de la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public de la Défense (EPAD), avant que ce dernier ne fasse machine arrière. Son père, Jean-Marie Le Pen, tête de liste en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), et qui mène probablement là sa dernière bataille électorale, apparaît désormais plus en retrait. Depuis le bon score (47,62 %) réalisé par le FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où elle avait mené la campagne, en juillet, Marine Le Pen cherche à s'affirmer.

En cette rentrée, elle est convaincue qu'une brèche s'est ouverte. Elle dénonce un "gouffre entre les élites et le peuple" et axe ses interventions médiatiques sur les valeurs de la droite. Elle se défend de "toute stratégie électoraliste " et assure n'avoir agi que par "indignation" et "spontanément". Son ambition est pourtant bien de récupérer les électeurs FN passés dans le giron sarkozyste en 2007. "Les polémiques doivent être décantées. Le premier réflexe quand on vous annonce un cancer, c'est de détester le médecin. A terme, ça peut ouvrir les yeux aux Français."

Les sondeurs regardent le phénomène avec circonspection. "Marine Le Pen a créé un buzz incroyable, elle a lancé l'affaire Mitterrand, ç'a été un bon coup pour le FN, estime Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique à l'IFOP. Mais le FN est-il pour autant de retour dans le paysage politique ? Le parti n'est pas vaillant lors des élections. Dans certaines partielles, il ne se présente même pas. Et en PACA, une région phare, une étude préélectorale a montré que M. Le Pen obtiendrait entre 10 % et 11 % lors des régionales, on est loin des scores précédents."

Spécialiste de l'extrême droite, le politologue Jean-Yves Camus partage cette opinion : "Il semble que le FN n'ait plus de prise sur les déçus du sarkozysme. Ces derniers choisissent plutôt de s'abstenir." Une analyse partagée par Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion de l'institut CSA. "Actuellement, c'est la pratique politique qui choque. On a l'impression d'avoir affaire à un pouvoir qui fonctionne en autarcie et avec un sentiment d'impunité. Mais l'opinion déboussolée est plutôt tentée par l'abstention que par le vote FN."

Les difficultés du Front à rebondir tiennent aussi au fait que tous les thèmes sur lesquels ce parti est crédible parmi l'électorat de droite - immigration et sécurité - sont exploités par l'UMP. "Le parti majoritaire et l'exécutif adressent des piqûres de rappel dans le domaine de l'immigration ou de la sécurité pour éviter de créer un espace à sa droite, affirme M. Dabi. Les préoccupations des Français sont extrêmement indexées sur l'économie, le social, et ce ne sont pas des thèmes sur lesquels le FN apparaît audible."

Le FN mise sur quelques régions phares comme le Nord-Pas-de-Calais, PACA, ou Rhône-Alpes - où Bruno Gollnisch est tête de liste -, pour démontrer qu'un rebond est possible, alors que le parti a réalisé de mauvais résultats aux législatives de 2007 (4,29 % des suffrages exprimés) et un score en demi-teinte aux européennes de juin (3 élus et 6,34 % des voix). "On a vu la capacité de Marine Le Pen, notamment à Hénin-Beaumont, à rassembler derrière son nom une partie importante de la droite", rappelle M. Lévy. Les différentes polémiques qu'elle a lancées et entretenues pourraient attirer vers le FN une partie de ses électeurs perdus, mais à une condition : "Si on y voit une issue politique et si l'on pense que ça peut devenir une menace", précise-t-il.

"Porte-parole officieux du FN" de son propre aveu, Marine Le Pen joue en tout cas une partie importante dans la perspective du congrès du parti, prévu pour le printemps 2011. Incarnant de plus en plus son parti, elle espère marquer des points décisifs aux régionales.

A contrario, une contre-performance de sa part l'affaiblirait. "Le risque pour Mme Le Pen, analyse M. Camus, est d'arriver à la passation de pouvoir sur une défaite alors qu'elle aura porté médiatiquement le parti pendant la campagne."
Abel Mestre

Michael Jackson, le show impossible

Michael Jackson est mort à Los Angeles (Californie) le 25 juin, quelques heures après avoir répété dans la salle du Staples Center, en vue des cinquante concerts qu'il devait donner à Londres, en juillet, marquant son retour sur scène après douze années d'absence. "Ce seront mes derniers concerts", martelait le chanteur, lors d'une conférence de presse, en mars, donnant à cette tournée d'adieu le titre de This Is It.
Les images des répétitions et des préparations en coulisses, montrant les dernières heures de la vedette, ont été acquises en juillet par les studios Sony. Montées en trois mois, à la hâte et dans le plus grand secret, elles constituent la matière d'un film de 1 h 51 qui sort, mercredi 28 octobre, dans des salles du monde entier.

C'est une grosse sortie de film : 63 pays, 18 000 copies en plusieurs dizaines de langues. C'est même l'un des vingt longs-métrages étrangers autorisés cette année par le gouvernement chinois. C'est surtout une sortie atypique. Le public est invité à aller voir This Is It comme s'il allait au concert : on pouvait acheter son billet à l'avance, et le film ne restera que deux semaines à l'affiche (il y a une rumeur de prolongation aux Etats-Unis). A Los Angeles, la première aura lieu mardi 27 octobre au LA Live, une salle de spectacles. Le film sort en France dans 450 cinémas, au lieu des 400 prévues, à la suite d'une forte demande des exploitants : 80 000 places étaient prévendues il y a quelques jours, mais ce n'est pas complet.

L'affiche du film et la pochette du CD montrent la silhouette du chanteur - sur laquelle ont été incrustées des photos en couleur de ses performances -, avec cette invitation : "Découvrez l'homme que vous ne connaissiez pas."

"Michael était un nouveau Michael", soutient Kenny Ortega, auteur du film et chorégraphe des concerts. Celui-ci est loin d'être un inconnu. Il était le responsable des tournées de Michael Jackson dans les années 1990, "History" et "Dangerous". Les adolescents le connaissent surtout pour ses films musicaux, sur Disney Channel puis sur grand écran, High School Musical, qui ont été de gros succès, et les films-concerts avec la jeune star Miley Cyrus.

Pour 60 millions de dollars, le groupe Sony (également propriétaire de la maison de disques du chanteur) a acquis une centaine d'heures d'images en vidéo numérique, tournées par le promoteur des concerts, AEG, après en avoir visionné seulement 97 secondes - le clip où Michael Jackson chante et danse This is It, abondamment diffusé après sa mort.

"Nous savions que ce serait un événement culturel, sans avoir vu les images", explique Doug Belgrad, président de la production de Columbia Pictures (Sony), un studio qui a pris le risque de lancer le film sans l'avoir testé auprès du public ni montré en avant-première aux exploitants ou à la presse.

D'après un sondage informel effectué par le site Internet de cinéma Fandango, 52 % des personnes interrogées croient que This Is It est un documentaire sur la vie de Jackson, et 39 % seulement que c'est un film-concert. En fait, 80 % du film montre la star en train de chanter et de danser, suivant la chronologie des répétitions, d'avril à juin. Or les documentaires comme les films- concerts percent difficilement au box-office.

Visage émacié, corps faible

L'atout du film - en attendant le DVD qui devrait sortir le 1er mars - sera sans doute sa valeur de document. Car les spéculations vont bon train sur la forme physique et mentale du chanteur juste avant sa mort. Les images de la bande-annonce sont loin de dissiper les interrogations. On y voit un Michael Jackson au visage émacié, le corps apparemment faible. Des proches, jusqu'à Kenny Ortega, reconnaissent qu'il se nourrissait peu, dormait encore moins. On sait qu'il abusait de médicaments, qu'il en est mort, même si les conclusions définitives de l'enquête ne sont pas encore connues sur les circonstances et les responsabilités réelles.

Le chanteur était-il prêt pour cinquante concerts ? Les fans qui ont lancé sur Internet la campagne "This Is NOT It" ("Ce n'est pas fini") en doutent. Et même si personne ne sait si le film fait l'apologie du chanteur au sommet de son art, ou s'il s'agit d'un making of montrant la vedette dans un triste état, certains appellent à ne pas aller voir This Is It, estimant qu'il montrera un héros dégradé.

Reste à savoir si cette compilation d'images de répétitions et de coulisses sera un grand moment d'émotion planétaire, comme ce fut le cas juste après sa mort.
Cl. M

Ça suffit !

Ces encart dévastateurs, tant pour la page qu'on s'apprête à lire et qui se retrouve déchirée à cause de cette colle qui colle trop, cet encart qui dérange et qui énerve, justement parce qu'on ne veut pas s'abonner à ce journal qu'on ACHÈTE tous les jours chez notre MARCHAND, qui est aussi libraire, qui connait nos habitudes et qui nous le garde si, hier, on n'a pas pu passer le prendre, ces encarts qui poussent à la disparition des vendeurs de journaux, mais qui cherchent aussi, et c'est louable, à contourner les grèves à répétition des NMPP, mais, qu'en sera-t-il si le routage se met en grève ?
Alors stop ! stop à cette course, mon journal sera dans ma boite aux lettres quand je serai parti travailler, car si je n'ai pas de travail, le journal je ne l'achète plus, ce fameux journal que je vais aussi retrouver en vacances chez le vendeur du bord de plage, que je vais trouver en Grèce aussi, même s'il arrive avec 24 heures de retard, c'est rare, mais après tout ne suis-je pas en vacances, non ? Je ne suis pas obligé de me tenir au fait des turpitudes du monde entier pendant mes quinze jours, ou mes trois semaines, si j'ai des RTT, de congés.
Rien ne m'énerve plus que de voir trainer cet encart sur la table, roulé en boule parce que justement il m'a énervé.
Messieurs les patrons de presse, arrêtez de m'énerver.

La Terre vue de... son téléphone

L'agence spatiale américaine, la Nasa, a annoncé vendredi une application gratuite téléchargeable sur les iPhone et iPod Touch d'Apple qui permet de voir les images prises par certains satellites en orbite autour de la Terre.

En choisissant par exemple de suivre la trajectoire de la Station spatiale internationale, le possesseur d'iPhone ou d'iPod Touch peut non seulement voir le dessin de son itinéraire, mais aussi les images.

Il peut aussi accéder aux comptes à rebours de la Nasa, à une galerie de photos et vidéos, et à bien d'autres informations mises en ligne par l'agence.

"C'est une façon facile et intéressante offerte au public d'appréhender l'exploration de l'espace", a souligné Gary Martin, un responsable de la communication de la Nasa.

C'EST MICROSOFT QUI FAIT LA GUEULE !

Le couple Sarkozy en vacances au Cap Nègre

Le président de la République Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni sont arrivés vendredi en début de soirée au Cap Nègre, près du Lavandou (Var), pour les vacances scolaires de la Toussaint, a constaté un journaliste de l'AFP.

La voiture présidentielle est arrivée vers 20H30, suivie des escortes de sécurité au domaine du Cap Nègre où se trouve la résidence de la famille Bruni-Tedeschi, une propriété où Nicolas Sarkozy et son épouse ont l'habitude de séjourner lors de leurs vacances.

Le couple présidentiel, qui a prévu de rester deux semaines au Cap Nègre, avait atterri auparavant à l'aéroport de Hyères-Toulon à bord d'un Falcon de la présidence.

Le chef de l'Etat pourrait ponctuellement interrompre son séjour pour honorer dans la capitale les rendez-vous de son agenda, a-t-on appris dans l'entourage présidentiel.

Merkel et ses alliés libéraux adoptent un programme de gouvernement

Les discussions sur les baisses d'impôts ont abouti ce samedi matin : le parti conservateur de la chancelière allemande Angela Merkel et ses nouveaux alliés libéraux se sont mis d'accord sur un programme de gouvernement. "Nous avons terminé les discussions... c'est un bon résultat pour le pays", a annoncé à la presse Peter Raumsauer, député conservateur de l'Union chrétienne sociale (CSU), pendant bavarois de l'Union chrétienne démocrate (CDU) de Mme Merkel.
Le contenu du programme de ce nouveau gouvernement Merkel II, issu des élections législatives du 27 septembre, doit être présenté à la presse dans la matinée, ainsi que la composition du nouveau gouvernement. D'après des sources proches des discussions, le programme prévoit des baisses d'impôts de 24 milliards d'euros sur les quatre ans de la législature.

L'ampleur des baisses d'impôts, promises par les conservateurs comme par les libéraux, était la dernière pierre d'achoppement des négociations qui ont duré trois semaines. L'accord a été conclu après une dernière session de négociations qui a duré près de 12 heures, durant laquelle la répartition des portefeuilles a également été décidée.

Selon des sources proches des négociateurs, le portefeuille des Finances a été attribué à Wolfgang SchHuble (CDU), actuel ministre de l'Intérieur, et celui des Affaires étrangères au chef du FDP Guido Westerwelle. Le conservateur bavarois Karl-Theodor zu Guttenberg quitterait le ministère de l'Economie pour prendre le portefeuille de la Défense.

LE PEUPLE ALLEMAND EST PLUS INTELLIGENT QUE LE PEUPLE FRANÇAIS. IL A CONFIANCE EN SES DIRIGEANTS, LUI.

Air france rappelle ses pilotes à l'ordre

La direction d'Air France a rappelé ses pilotes à l'ordre sur les procédures de sécurité et les polémiques liées à l'accident de l'Airbus vol AF447 dans un courrier diffusé cette semaine, selon La Tribune. Dans un courrier du 20 octobre "adressé à tous les pilotes", le directeur des opérations aériennes, Pierre-Marie Gautron, et le directeur de la sécurité à Air France, Etienne Lichtenberger, "font état d'incidents majeurs récents imputables au non-respect des procédures de vols de certains pilotes", révèle le quotidien.
Celle-ci cite plusieurs exemples récents de "déviations" qui "ont généré du risque", comme par exemple un décollage maintenu malgré une alarme "Config", synonyme d'"interdit", avant le décollage. "Nous pensions que nous maîtrisions ces risques élémentaires (...) que la situation actuelle inciterait chacun à redoubler de vigilance. Force est de constater que ce n'est pas le cas", affirment les auteurs de la lettre, en mettant en garde contre la "sur-confiance" des pilotes.

Par ailleurs, les spéculations sur l'accident de l'avion du vol AF447 "jettent le trouble dans l'esprit de certains pilotes en les faisant douter de la justesse de notre doctrine, de nos procédures et de celles du constructeur", estime la direction d'Air France. Intitulé "assez de polémiques et faux débats sur la sécurité des vols", ce courrier a provoqué des tensions avec les syndicats de la compagnie aérienne. Le syndicat des pilotes d'Air France (SPAF) et Alter, deux organisations minoritaires de pilotes, ont brandi mardi la menace d'une grève si la direction de la compagnie aérienne persistait à ne pas prendre en compte leurs propositions sur la sécurité des vols.

Suite à l'accident de l'Airbus A330 d'Air France le 1er juin dernier entre Rio et Paris, qui fait 228 morts ou disparus, le SPAF et Alter réclament une série de mesures, notamment d'être associés à l'étude des Air Safety Reports, les rapports écrits par les pilotes suite à des incidents.

Les députés votent la taxe sur les banques contre l'avis du gouvernement

Les députés français ont voté, vendredi 23 octobre, contre l'avis du gouvernement, une taxe de 10 % sur les bénéfices des banques, pour l'année 2010. Cet amendement au projet de budget 2010, présenté par le président de la commission des finances, le socialiste Didier Migaud, a été adopté avec quarante-quatre voix contre quarante. Le Nouveau centre et quelques élus UMP se sont en effet joints aux voix de l'opposition, comme lors de l'examen en commission.
"L'Etat ayant joué le rôle d'assureur de dernier ressort au cours de la crise bancaire de l'automne 2009, il est normal qu'il reçoive la contrepartie de cette couverture exceptionnelle en faveur de l'intérêt général", a plaidé Didier Migaud. La ministre de l'économie, Christine Lagarde, a réitéré son opposition à cette mesure. "Ajouter dix points de plus à l'impôt sur les sociétés au titre de l'année 2010 pour le résultat 2009, c'est faire payer les banques pour le passé, c'est faire payer les banques en imaginant que les banques françaises ont commis des fautes. Or, elles n'ont pas commis de faute", a-t-elle déclaré.

Le gouvernement a fait savoir un peu plus tard qu'il demanderait lundi à l'Assemblée d'annuler, par un nouveau scrutin, cette taxe parce que deux députés UMP se sont "trompés" dans leur vote.

L'Assemblée a en revanche adopté à l'unanimité un amendement présenté par Christine Lagarde qui instaure une contribution pour frais de contrôle bancaire. La ministre a précisé que cette contribution pérenne, qui devrait rapporter 100 millions d'euros par an, serait intégralement affectée à la Banque de France, "qui fournit actuellement à titre gratuit les moyens humains et matériels de la supervision bancaire".
Si les députés sont incapables de faire la différence entre pour et contre, alors que font-ils dans l'hémicycle ?

Valse-hésitation à la tête du PCF sur la stratégie aux régionales

La préparation des régionales semble affoler la boussole au Parti communiste. Alors que son conseil national de samedi 24 octobre doit adopter une "offre nationale" à proposer tant aux militants qu'à ses partenaires, la direction tangue.
Lundi 19 octobre, lors de la réunion de l'exécutif, Pierre Laurent, numéro 2 du parti, chargé de préparer l'orientation, a proposé une ligne quelque peu confuse. Analysant que les rapports avec le PS étaient compliqués par sa ligne social-libérale, que le Parti de gauche multipliait les mauvaises manières et que le NPA mettait des bâtons dans les roues à tout accord pour les régionales, le dauphin de Marie-George Buffet en a conclu qu'il n'y avait pas de possibilité de ligne nationale. En clair, les fédérations devaient se débrouiller avec des choix à la carte.
Les membres de la direction – Mme Buffet en premier – lui ont donné tort en réclamant un affichage clair de la priorité de listes autonomes Front de gauche au premier tour. Le PCF réaffirmera donc samedi son "attachement" à son alliance avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et la Gauche unitaire de Christian Picquet, et appellera à "amplifier" ce front pour constituer des listes au premier tour, au-delà de ce qui a été fait à l'élection européenne.

Le texte proposé au vote précise même que les listes devront exprimer "l'unité, la diversité et une démarche de large rassemblement" des acteurs sociaux comme la représentation des partis " jusque dans le choix des têtes de liste". Au second tour, ces listes devront "tout faire pour empêcher la droite de reconquérir les régions" et "créer les conditions de majorités régionales de gauche". Pour bien montrer que le PCF prend son offre au sérieux, c'est la secrétaire nationale qui le défendra, plus son numéro 2.

SONDAGE "SECRET"

Le trouble semble aussi gagner la direction du parti sur ses têtes de liste. Alors qu'en région Ile-de-France, le député de Seine-Saint-Denis Patrick Braouezec s'était porté candidat à la candidature, la direction traîne des pieds parce qu'elle ne souhaite pas un rénovateur. Elle a fait le tour des élus régionaux pour tester la candidature de Pierre Laurent. Et même fait réaliser un sondage "secret" par l'institut CSA sur les chances électorales respectives des deux hommes.

L'institut a gardé les résultats du sondage confidentiels "pour son client" mais confirme son existence. Et ne nie pas l'écart de 5 à 6 points entre les deux challengers au profit de M. Braouezec. La direction, elle, l'a rangé dans un tiroir.

Quant aux élus régionaux comme locaux, ils sont nombreux à avoir fait savoir que la candidature du député était plus crédible. Une pétition circule pour pousser une solution de compromis : à Patrick Braouezec la tête de liste régionale, à Pierre Laurent le titre de "chef de file communiste". Pour Daniel Brunel, vice-président du conseil régional, ce serait une façon de "réconcilier la famille communiste en Ile-de-France".
Sylvia Zappi

C'est le slogan de la Ve République : « Votez, éliminez ! »


Depuis plus de deux siècles, la démocratie a fait ses preuves en substituant des présidents sortis du rang à des monarques nés avec un sceptre entre leurs menottes. Si la tentation dynastique s'est manifestée aux Etats-Unis avec les Kennedy et les Bush, les Gandhi en Inde, les Papandréou en Grèce, en Afrique avec les Bongo, chez nous, un corps électoral volage ne se laisse pas souvent caresser longtemps par le même cacique et a fortiori par la même famille. Sans pour autant satisfaire à la fameuse égalité des chances dont se gargarisent tous les tribuns dès qu'ils sont parvenus à s'élever au-dessus du commun. Car d'un bout à l'autre de notre société, ce ne sont qu'examens et votes éliminatoires. Certes, chacun peut prétendre y participer mais à condition d'avoir des parrainages, un réseau, un CV. Le jour où un cancre dépourvu de tout diplôme sera élu à la magistrature suprême, la République se sera enfin affranchie d'une méritocratie forcément discriminatoire. Car le cursus politique est comparable au parcours du combattant : semé d'obstacles, truffé d'embûches et disputé sous des tirs à balles réelles. La route se rétrécit au fur et à mesure qu'elle monte vers le sommet, laissant sur les bas-côtés comme des épaves les gentils, les timides, les bien élevés. Tandis qu'excités par des rivalités dont ils tireront rarement avantage, les citoyens consacrent leurs loisirs à mettre hors jeu des candidats à coups de sondages et de scrutins. Dans les établissements d'enseignement, la lutte pour les premières places culmine à l'entrée des grandes écoles. Alors qu'on évite désormais le stress du classement aux enfants, on multiplie à l'usage des adultes les audimats, les box-offices, les hit-parades qui font rimer émulation avec éviction. Chez les sportifs, c'est pire. Au point que certaines nageuses, lassées des cruautés de la compétition, prennent leur retraite peu après leur majorité. Mais, alors que la Halde lutte contre le favoritisme, notre système ne cesse de hisser sur le pavois des jeunes gens qu'il déboulonnera le lendemain et tandis que, dans chaque média, une liste noire proscrit ceux dont, parce qu'on ne les aime pas ou parce qu'on en aime d'autres plus qu'eux, on a décidé de ne jamais parler.

- La polémique à propos des responsabilités confiées à Jean Sarkozy fait d'autant plus rage qu'elle permet d'atteindre le chef de l'Etat dans ce qu'il a de plus cher et sans le viser nommément. Or, c'est, je crois, Beaumarchais qui, à la fin du Mariage de Figaro faisait dire au juge Brid'oison : «On est toujours le fils de quelqu'un.» Mais si les parrains remplacent souvent les parents, si les protecteurs et les mécènes agrémentent un parcours comme, par exemple, celui de Rachida Dati, ils n'excluent pas le mérite personnel, le courage et l'assiduité. Le piston permet d'entrer dans la place. Il n'assure jamais d'y rester.

- Tous ces romanciers incapables de raconter une autre histoire que la leur. Tous ces pseudo-écrivains qui ne peuvent publier un livre que si un journaliste leur tient le stylo.

- Voilà un demi-siècle, alors préposé aux soirées parisiennes, je maraude dans la salle de rédaction du Figaro. Il est tard. Une dépêche tombe : le barrage de Malpasset vient de céder sous la pression des eaux. Les victimes se comptent déjà par centaines. Les grands reporters sont à l'autre bout du monde ou chez eux. Je n'ai d'autre compétence que ma disponibilité. Un avion de presse vient d'être affrété. On m'y enfourne. Je débarque à Fréjus en pleine apocalypse. La catastrophe - pas naturelle car la responsabilité en revient au gigantisme vaniteux des hommes - préfigure les horreurs des actuels tsunamis : un fleuve de boue charrie les corps, on fouille les décombres, les survivants sont anéantis. Je vivrai deux jours d'enfer jusqu'à ce qu'on me remplace par quelqu'un de plus qualifié.

- Les traitements médicaux dont les essais cliniques ont déjà guéri des primates doivent-ils exclure de leurs bienfaits les bipèdes ayant eu accès à l'enseignement supérieur ?

- Comment l'Etat qui régit tout - de la longueur des bananes commercialisables à l'âge auquel le fœtus devient embryon - a-t-il pu faire cadeau de 15 % de TVA aux restaurateurs sans exiger de ces derniers une contrepartie précise et profitant aux consommateurs ?

- La retraite est-elle la récompense d'une vie de travail ou la sanction d'un manquement professionnel ? Difficile de distinguer l'une de l'autre. Sauf que dans le second cas, il n'y a pas de vin d'honneur. Les premiers bénéficiaires ont plusieurs décennies pour se préparer à l'échéance, les seconds disposent de deux heures pour vider les tiroirs de leur bureau.

- Si le téléphone avait existé à l'époque de Molière, l'ensemble de son théâtre en eût été modifié : les personnages qui auraient, comme dans les films d'aujourd'hui, conversé sans jamais se rencontrer se seraient abstenus de tout mot d'auteur de peur de dépasser leur forfait.

- Retour du serpent de mer fiscal : la retenue à la source permettrait aux contribuables de n'avoir dans leurs poches qu'un argent qui leur appartient. Mais elle transformerait les employeurs en percepteurs et condamnerait à l'oisiveté des milliers de braves fonctionnaires qu'on ne peut licencier sous le seul prétexte qu'ils ne servent plus à rien. Inconcevable.

- Et s'il y avait un rapport entre l'augmentation d'une paresse générale et la taxation de toutes les énergies ?

- Il paraît que, grâce à internet, on va pouvoir vendre ses pronostics. Dans tous les domaines : sport, Bourse, politique. Je suis prêt à parier gros que les miens n'intéresseront personne...


La consécration pour Todt

Jean Todt a été élu à la présidence de la Fédération internationale de l'automobile (FIA). Le Français, qui a été l’emblématique patron de l’écurie Ferrari, a battu le Finlandais Ari Vatanen. Il prend la suite du très controversé Max Mosley.
Le choix de la continuité. Après seize ans de règne de Max Mosley, c'est Jean Todt, le candidat qui avait reçu le soutien de l'ex-président, qui a été élu à la tête de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) vendredi. Les membres, représentants des organisations sportives nationales, réunis en assemblée générale vendredi à Paris, ont préféré l'ancien patron de Ferrari à son adversaire, l'ex-pilote de rallye finlandais, Ari Vatanen.

L'annonce en juillet de la démission de Max Mosley a donné lieu, pour la première fois depuis l'élection du Britannique en 1993, à un duel entre deux hommes, le consensus étant jusqu'ici de mise dans le monde feutré de la FIA. Deux hommes qui se connaissent bien de surcroît, pour avoir travaillé ensemble durant les années 80 sous les couleurs de Peugeot. Todt était alors le patron de l'écurie tricolore, Vatanen son pilote. Vendredi, c'est le Français qui l'a emporté, par 135 voix contre 49 au Finlandais, pour 12 abstentions. Un choix clair, celui d'un homme qui a triomphé partout où il est passé et qui a annoncé vouloir travailler dans la continuité. Le candidat Vatanen, pilote fougueux reconverti en politique (il est député européen), aurait sans doute constitué un bouleversement trop important pour les membres de la FIA.
Relancer la F1, une priorité

C'est une mission délicate qui s'offre cependant à Todt. Réformer une instance contestée, critiquée pour bon nombre de ses décisions, qu'il s'agisse de choix en matière de sanctions ou de règlements. Il devra aussi renouer le dialogue avec la FOTA, l'association des écuries de formule 1, qui s'était opposée à la FIA cet été au sujet des réformes sur le prochain championnat du monde de F1. A 53 ans, Todt a pour lui le soutien de la plupart des dirigeants de l'automobile, et surtout une parfaite connaissance du milieu et des hommes, acquise au cours de ses expériences en rallye et en enduro avec Peugeot, puis en Formule 1 avec Ferrari. Des expériences à chaque fois couronnées de succès.
Mais en priorité, Todt devra s'attacher à redorer l'image du sport automobile, bien ternie par les frasques de Mosley et ses vidéos en compagnie de prostituées en tenue nazie, ainsi que par la récente affaire du Crashgate en Formule 1. Son sport en a besoin...

POUR UNE FOIS QUE LE MOT INTELLIGENCE FAIT BON MÉNAGE AVEC LE MOT
SPORT, JE NE VAIS PAS BOUDER LA NOUVELLE !!

How much is too much government debt?

WASHINGTON (Reuters) - When it comes to borrowing trillions of dollars, it helps to have a golden reputation, a steady income stream, and plenty of rich, trusting friends.

As the world's wealthiest nations pile on debt at a pace that in less developed countries would alarm investors they appear to have ample supplies of all three -- for now.

That helps explain why a $1.4 trillion U.S. budget deficit announced last week drew gasps from politicians but didn't rattle investors who remain willing to loan money to the U.S. government at low interest rates.

It also explains why Japan and Italy can carry debt that exceeds their annual output, while emerging market economies such as Argentina in the past crumbled under such burdens.

Across all the Group of Seven rich nations, debt as a percentage of gross domestic product will rise in 2009, and probably stay elevated at least through 2012, according to International Monetary Fund data.

Some of that is a consequence of the global recession. Government spending soared to bail out banks and resuscitate economies, while tax revenues fell. Governments are trying to strike a delicate balance between doing enough to end the crisis without digging an inescapable debt hole.

"It is the central economic choice of our time," U.S. Treasury Secretary Timothy Geithner told Reuters on Tuesday.

Geithner, speaking at the Reuters Washington Summit, said it was imperative to do whatever it takes to restore economic growth and stop a recession from becoming a depression.

"For that to work over time, people need to understand and be confident that you will have the will and the ability to get back to living within your means when you have growth established," he said.

Confidence comes from decades of fiscal responsibility, but it can vanish almost overnight. While financial markets show little sign of losing faith in the United States right now, concerns about inflation are on the rise.

That suggests some degree of discomfort about whether Geithner, President Barack Obama, and Federal Reserve Chairman Ben Bernanke can safely navigate the economic and political obstacles to corralling rising deficits in the coming years.

"As long as there is confidence, things can be just rolling along," said Kenneth Rogoff, a Harvard University economist and former chief economist for the International Monetary Fund. "If confidence evaporates, for whatever reason, you're dead meat."

WHAT KILLS CONFIDENCE?

If the rich world mismanages its debt position, the consequences will be severe and widespread. For the United States, the early signs of trouble would probably come in the form of a sharp decline of the U.S. dollar, a steep rise in inflation, and a spike in Treasury debt yields.

Investors appear willing to give the United States and other major economies the benefit of the doubt as long as the global economy remains weak and unemployment elevated.

With the exception of gold, which is considered an inflation safe haven and recently jumped to more than $1,000 per ounce, the traditional inflation gauges look tame.

The U.S. dollar, while weakening, has not suffered an unnervingly swift decline. Yields on 10-year U.S. Treasury notes are still well below 4.0 percent, suggesting investors see little risk of runaway inflation in the next decade. Polls such as the Reuters/University of Michigan survey of consumers show households expect modest price increases in the coming years.

The major credit ratings agencies have maintained their top-tier "AAA" sovereign debt rating on the United States.

Still, Moody's lead U.S. analyst warned that the top-notch rating "is not guaranteed" and the government must reduce its budget gap in the next three to four years.

And Japan lost its last remaining "AAA" rating in May.

What causes investor confidence to evaporate is not fully understood. Economists have sought to establish early warning systems, but most studies have focused on emerging markets, which have been the primary source of sovereign debt crises.

Paolo Manasse, an economics professor at the University of Bologna who co-authored a paper with New York University's Nouriel Roubini on rules of thumb for predicting debt crises, said reputation and confidence go hand in hand.

Italy has a debt-to-GDP ratio slightly above 100 percent, yet its borrowing costs are manageable, in part because the country hasn't defaulted since the Benito Mussolini era. That history, plus the perceived protection that comes from being part of the euro zone, helps Italy sustain its debt burden.

Manasse said reputation was also working in the United States' favor, although he stressed that Obama's administration would soon need to detail how it plans to shore up finances.

"If the United States can announce credibly a plan for fiscal retrenchment and commit to it, then a temporary jump in the budget deficit and debt wouldn't scare anybody off," he said in a telephone interview.

KEEPING FRIENDS HAPPY

Mario Blejer, who was governor of Argentina's central bank in 2002, knows first-hand how difficult it is to restore investor confidence once it is blown. Argentina defaulted on its debt eight years ago, and is only now trying to return to global debt markets.

Blejer, who is now an economic consultant, said that at the height of the debt crisis, his central bank initially had to offer interest rates of 130 percent to entice investors to extend seven-day loans.

"We needed to do things that would create a situation where greed would exceed panic," Blejer said in an interview.

Argentina's experience shows that debt-to-GDP ratios alone don't always provide an early warning signal of impending default -- something Manasse's research shows as well.

The United States has the advantage of being the world's safe haven in times of panic, and as long as it retains that reputation, its debt sustainability won't be in doubt.

U.S. debt held by the public stood at $7.53 trillion as of October 19, amounting to 53 percent of total output and up by about $1.5 trillion from one year ago. Recent debt auctions have generally been well-received, and major foreign investors including China and Japan have maintained their purchases.

Those two countries together held $1.53 trillion in U.S. Treasury debt as of August, up from $1.13 trillion a year earlier, according to Treasury data.

Geithner has taken pains to ensure that China in particular understands the U.S. commitment to bringing down future deficits -- and is comfortable investing a large chunk of its $2 trillion in reserves in dollar-denominated assets.

« Le grandiose désastre français » selon Cioran

Vision. Pourquoi la France ne guide plus le monde ? Réponse de Cioran. En 1941.Ce portrait inédit de la France fut écrit en 1941, au coeur des années sombres, par Emile Cioran, génial philosophe roumain qui adopta la langue française par la suite pour rédiger ses nombreux ouvrages. Ce court livre, édité par L'Herne, se lit aujourd'hui avec émotion, tant les accents de lucidité et de pessimisme auxquels cet auteur nous a habitués font réfléchir sur les ressorts profonds d'un pays à la fois jouisseur et désespéré. Cet amoureux de la France, né en 1911 en Roumanie, mort à Paris en 1995, au passé sulfureux, dissèque à sa façon les grandeurs et petitesses d'une nation qui le fascine. Une réflexion plus vraie que jamais ?

Extraits

« Je ne crois pas que je tiendrais aux Français s'ils ne s'étaient pas tant ennuyés au cours de leur histoire. Mais leur ennui est dépourvu d'infini. C'est l'ennui de la clarté . C'est la fatigue des choses comprises .

Tandis que, pour les Allemands, les banalités sont considérées comme l 'honorable substance de la conversation, les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée.

Tout un peuple malade du cafard. Voici le mot le plus fréquent, aussi bien dans le beau monde que dans la basse société. Le cafard est l'ennui psychologique ou viscéral ; c'est l'instant envahi par un vide subit, sans raison-alors que l'ennui est la prolongation dans le spirituel d'un vide immanent de l'être. En comparaison, Langeweile [l'ennui] est seulement une absence d'occupation.

Le siècle le plus français est le XVIIIe. C'est le salon devenu univers, c'est le siècle de l'intelligence en dentelles, de la finesse pure, de l'artificiel agréable et beau. C'est aussi le siècle qui s'est le plus ennuyé, qui a eu trop de temps , qui n'a travaillé que pour passer le temps.

Comme je me serais rafraîchi à l'ombre de la sagesse ironique de Mme du Deffand, peut-être la personne la plus clairvoyante de ce siècle ! "Je ne trouve en moi que le néant et il est aussi mauvais de trouver le néant en soi qu'il serait heureux d'être resté dans le néant." En comparaison, Voltaire, son ami, qui disait : "Je suis né tué", est un bouffon savant et laborieux. Le néant dans un salon, quelle définition du prestige !

Chateaubriand-ce Français britannique comme tout Breton-fait l'effet d'une trompe ronflante à côté des effusions en sourdine de l'implacable Dame. La France a eu le privilège des femmes intelligentes, qui ont introduit la coquetterie dans l'esprit et le charme superficiel et délicieux dans les abstractions.

Un trait d'esprit vaut une révélation. L'une est profonde mais ne peut s'exprimer, l'autre est superficiel mais exprime tout. N'est-il pas plus intéressant de s'accomplir en surface que de se désarmer par la profondeur ? Où y a-t-il plus de culture : dans un soupir mystique ou dans une "blague" ? Dans cette dernière, bien sûr, quoiqu'une réponse alternative soit la seule qui aille.

Qu'a-t-elle aimé, la France ? Les styles, les plaisirs de l'intelligence, les salons, la raison, les petites perfections. L'expression précède la Nature. Il s'agit d'une culture de la forme qui recouvre les forces élémentaires et, sur tout jaillissement passionnel, étale le vernis bien pensé du raffinement.

La vie-quand elle n'est pas souffrance-est jeu.

Nous devons être reconnaissants à la France de l'avoir cultivé avec maestria et inspiration. C'est d'elle que j'ai appris à ne me prendre au sérieux que dans l'obscurité et, en public, à me moquer de tout. Son école est celle d'une insouciance sautillante et parfumée. La bêtise voit partout des objectifs ; l'intelligence, des prétextes. Son grand art est dans la distinction et la grâce de la superficialité. Mettre du talent dans les choses de rien-c'est-à-dire dans l'existence et dans les enseignements du monde-est une initiation aux doutes français. La conclusion du XVIIIe siècle non encore souillé par l'idée de progrès : l'univers est une farce de l'esprit. [...]

La divinité de la France : le Goût. Le bon goût. Selon lequel le monde-pour exister-doit plaire ; être bien fait ; se consolider esthétiquement ; avoir des limites ; être un enchantement du saisissable ; un doux fleurissement de la finitude.

Un peuple de bon goût ne peut pas aimer le sublime, qui n'est que la préférence du mauvais goût porté au monumental. La France considère tout ce qui dépasse la forme comme une pathologie du goût. Son intelligence n'admet pas non plus le tragique, dont l'essence se refuse à être explicite, tout comme le sublime. Ce n'est pas pour rien que l'Allemagne- das Land den Geschmacklosigkeit [le pays du mauvais goût]-les a cultivés tous les deux : catégories des limites de la culture et de l'âme. [...]

Le péché et le mérite de la France sont dans sa sociabilité. Les gens ne semblent faits que pour se retrouver et parler. Le besoin de conversation provient du caractère a-cosmique de cette culture. Ni le monologue ni la méditation ne la définissent. Les Français sont nés pour parler et se sont formés pour discuter. Laissés seuls, ils bâillent. Mais quand bâillent-ils en société ? Tel est le drame du XVIIIe siècle.

C'est une culture a-cosmique, non sans terre mais au-dessus d'elle. Ses valeurs ont des racines, mais elles s'articulent d'elles-mêmes, leur point de départ, leur origine ne comptent pas. Seule la culture grecque a déjà illustré ce phénomène de détachement de la nature-non pas en s'en éloignant, mais en parvenant à un arrondi harmonieux de l'esprit. Les cultures a-cosmiques sont des cultures abstraites. Privées de contact avec les origines, elles le sont aussi avec l'esprit métaphysique et le questionnement sous-jacent de la vie.

L'intelligence, la philosophie, l'art français appartiennent au monde du Compréhensible. Et lorsqu'ils le pressentent, ils ne l'expriment pas, contrairement à la poésie anglaise et à la musique allemande. La France ? Le refus du Mystère.

Elle ressemble davantage à la Grèce antique. Mais, alors que les Grecs alliaient le jeu de l'intelligence au souffle métaphysique, les Français ne sont pas allés aussi loin, ils n'ont pas été capables-eux qui aiment le paradoxe dans la conversation-d'en vivre un en tant que situation.

Deux peuples : les plus intelligents sous le soleil.

L'affirmation de Valéry selon laquelle l'homme est un animal né pour la conversation est évidente en France, et incompréhensible ailleurs. Les définitions ont des limites géographiques plus strictes que les coutumes. [...]

Un peuple sans mythes est en voie de dépeuplement. Le désert des campagnes françaises est le signe accablant de l'absence de mythologie quotidienne. Une nation ne peut vivre sans idole, et l'individu est incapable d'agir sans l'obsession des fétiches.

Tant que la France parvenait à transformer les concepts en mythes , sa substance vive n'était pas compromise. La force de donner un contenu sentimental aux idées, de projeter dans l'âme la logique et de déverser la vitalité dans des fictions-tel est le sens de cette transformation, ainsi que le secret d'une culture florissante. Engendrer des mythes et y adhérer, lutter, souffrir et mourir pour eux, voilà qui révèle la fécondité d'un peuple. Les "idées" de la France ont été des idées vitales, pour la validité desquelles on s'est battu corps et âme. Si elle conserve un rôle décisif dans l'histoire spirituelle de l'Europe, c'est parce qu'elle a animé plusieurs idées, qu'elle les a tirées du néant abstrait de la pure neutralité. Croire signifie animer.

Mais les Français ne peuvent plus ni croire ni animer. Et ils ne veulent plus croire, de peur d'être ridicules. La décadence est le contraire de l'époque de grandeur : c'est la retransformation des mythes en concepts .

Un peuple entier devant des catégories vides-et qui, des mains, esquisse une vague aspiration, dirigée vers son vide spirituel. Il lui reste l'intelligence, non greffée sur le coeur. Donc stérile. Quant à l'ironie, dépourvue du soutien de l'orgueil, elle n'a plus de sens qu'en tant qu'auto-ironie.

Dans sa forme extrême, ce processus est caractéristique des intellectuels. Rien, cependant, n'est plus faux que de croire qu'eux seuls ont été atteints. Tout le peuple l'est, à des degrés variés. La crise est structurelle et mortelle. [...]

Aux périodes où une nation est à un point culminant apparaissent automatiquement des hommes qui n'ont de cesse de proposer des directives, des espoirs, des réformes. Leur insistance et la passion avec laquelle ils sont suivis par la foule témoignent de la force vitale de cette nation. Le besoin de régénération par la vérité et par l'erreur est propre aux périodes florissantes. Un écervelé comme Rousseau représente un comble d'effervescence. Qui se soucie encore de ses opinions ?

Pourtant, leur tumulte nous intéresse encore en raison de leur écho et de sa signification. Une apparition de cette ampleur est aujourd'hui inconcevable. Le peuple n'attend rien. Alors, qui lui proposerait quelque chose, et quoi ? Les peuples ne vivent réellement que dans la mesure où ils sont gavés d'idéaux, dans la mesure où ils ne peuvent plus respirer sous trop de croyances. La décadence est la vacance des idéaux, le moment où s'installe le dégoût de tout ; c'est une intolérance à l'avenir -et, en tant que tel, un sentiment déficitaire du temps, avec son inévitable conséquence : le manque de prophètes et, implicitement, le manque de héros.[...]

Les Français se sont usés par excès d'être . Ils ne s'aiment plus, parce qu'ils sentent trop qu'ils ont été. Le patriotisme émane de l'excédent vital des réflexes ; l'amour du pays est ce qu'il y a de moins spirituel, c'est l'expression sentimentale d'une solidarité animale. Rien ne blesse plus l'intelligence que le patriotisme. L'esprit, en se raffinant, étouffe les ancêtres dans le sang et efface de la mémoire l'appel de la parcelle de terre baptisée, par illusion fanatique, patrie.

Comment la raison, retournée à sa vocation essentielle-l'universel et le vide-, pourrait-elle encore pousser l'individu dégoûté d'être citoyen vers l'abêtissement des palabres de la Cité ? La perte de ses instincts a scellé pour la France un grandiose désastre inscrit dans le destin de l'esprit.

Si, au soir de la civilisation gréco-romaine, le stoïcisme répandit l'idée de "citoyen du monde" parce que aucun idéal "local" ne contentait l'individu rassasié d'une géographie immédiate et sentimentale, de même, notre époque-ouverte, en raison de la décadence de la plus réussie des cultures-aspirera à la Cité universelle, dans laquelle l'homme, dépourvu d'un contenu direct, en cherchera un lointain, celui de tous les hommes, insaisissable et vaste.

Lorsque se défont les liens qui unissaient les congénères dans la bêtise reposante de leur communauté, ils étendent leurs antennes les uns vers les autres, comme autant de nostalgies vers autant de vides. L'homme moderne ne trouve que dans l'Empire un abri correspondant à son besoin d'espace. C'est comme un appel à une solidarité extérieure dont l'étendue l'opprimerait et le libérerait en même temps. De quoi une patrie le nourrirait-elle ? Quand il porte tant de doutes, n'importe quel coin du monde devient un havre. [...]

L'arrachement aux valeurs et le nihilisme instinctif contraignent l'individu au culte de la sensation. Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie. Un certain Romain, Gabius Apicius, qui parcourait les côtes de l'Afrique à la recherche des plus belles langoustes et qui, ne les trouvant nulle part à son goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit, est le symbole des folies culinaires qui s'instaurent en l'absence de croyances. Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas le fait de manger, mais de méditer, de spéculer, de s'entretenir pendant des heures à ce sujet. La conscience de cette nécessité, le remplacement du besoin par la culture-comme en amour-est un signe d'affaiblissement de l'instinct et de l'attachement aux valeurs. Tout le monde a pu faire cette expérience : quand on traverse une crise de doute dans la vie, quand tout nous dégoûte, le déjeuner devient une fête. Les aliments remplacent les idées. Les Français savent depuis plus d'un siècle qu'ils mangent. Du dernier paysan à l'intellectuel le plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quotidienne du vide spirituel. La transformation d'un besoin immédiat en phénomène de civilisation est un pas dangereux et un grave symptôme. Le ventre a été le tombeau de l'Empire romain, il sera inéluctablement celui de l'Intelligence française. [...]

Un pays tout entier qui ne croit plus à rien, quel spectacle exaltant et dégradant ! Les entendre, du dernier des citoyens au plus lucide, dire avec le détachement de l'évidence : "La France n'existe plus", "Nous sommes finis", "Nous n'avons plus d'avenir", "Nous sommes un pays en décadence", quelle leçon revigorante, quand vous n'êtes plus amateur de leurres ! Je me suis souvent vautré avec volupté dans l'essence d'amertume de la France, je me suis délecté de son manque d'espoir, j'ai laissé rouler mes frissons désabusés sur ses versants. Si elle a été, des siècles durant, le coeur spirituel de l'Europe, l'acceptation naturelle du renvoi à la périphérie l'enjolive maintenant d'une vague séduction négative. Pour qui recherche les déclivités, elle est l'espace consolateur, la source trouble où s'abreuve la fièvre inextinguible. Avec quelle impatience ai-je attendu ce dénouement, si fécond pour l'inspiration mélancolique ! L'alexandrinisme est la débauche érudite comme système, la respiration théorique au crépuscule, un gémissement de concepts-et le moment unique où l'âme peut accorder ses ombres au déroulement objectif de la culture... »
« De la France », de Cioran, L'Herne, 96 pages, 9,50 E.

Windows 7 contre Mac OS X: qui est le meilleur?

Microsoft et Apple s'affrontent avec des nouvelles versions de leurs systèmes d'exploitation lancées à deux mois d'intervalle. Et pour une fois, c'est la sortie du nouvel opus de Windows qui a été la mieux préparée. L'Expansion.com s'est risqué à un comparatif.
Avec Windows 7, Microsoft tente de faire oublier les trois ans de cauchemar qui ont suivi l'introduction de Windows Vista. Pour cela, le premier éditeur mondial de logiciels n'a voulu prendre aucun risque: 3000 ingénieurs ont travaillé sur Windows 7, qui a été testé par 8 millions de personnes. "Windows 7, c'est Vista: la même technologie mais plus soignée, grâce aux trois ans supplémentaires que les ingénieurs de Microsoft ont eu pour corriger leurs erreurs", explique l'analyste Rob Enderle.

Une réalité gênante que le géant de Redmond n'hésite plus à admettre. "Lorsque Vista est sorti, Windows XP existait depuis plus de 5 ans et était parfaitement optimisé pour les machines du moment. Pour Vista, nos partenaires ont dû adapter leurs logiciels et leurs périphériques à la nouvelle architecture du système, ce qui a pris du temps et a freiné son adoption", souligne Philippe Perechodkin, le directeur de la division Windows chez Microsoft France.
En 8 ans: 2 version de Windows, 7 versions de MacOS X

L'échec de Vista est patent: plus de 60% des utilisateurs de PC, en entreprise ou dans le grand public, utilisent encore aujourd'hui Windows XP, contre un peu plus de 22% pour son successeur. Chez les fans de netbook, ce taux est proche de 100%, puisque Vista est beaucoup trop lent pour fonctionner sur ces machines low-cost.

Comparé à Apple, le contraste est assez violent. Sur les huit années du règne Windows XP, le rival de Microsoft a lancé 7 versions de son propre système d'exploitation, Mac OS X, réussissant une transition en douceur vers les puces d'Intel. La version 10.6, également connu sous le nom de Snow Leopard, de Mac OS X a été lancée en août dernier. Heureusement pour lui, Windows a pour lui son quasi monopole sur les PC, mis en place au cours d'une véritable sage d'un quart de siècle.
Windows 7 sur 260 PC en France

"Contrairement a Apple, Windows 7 est disponible rien qu'en France, sur plus de 260 nouveaux PC: du netbook a 259 euros au PC a plus de 2 000 euros. Un choix impressionnant encore inégalé", ajoute Philippe Perechodkin.

Cette année est en tout cas la première, depuis le lancement de Windows XP et de Mac OS X en 2001, que les deux entreprises s'affrontent avec une nouvelle version de leurs systèmes. "Les deux compagnies s'observent en permanence et n'hésitent pas à adopter les fonctions populaires de l'autre. Microsoft DirectCompute et OpenCL pour le graphisme se ressemblent, tandis que Live Essentiels (gratuit) s'inspire de la suite iLife. Mais je ne vois pas de copiage excessif, estime Rob Enderle qui regrette au contraire que les deux plateformes ne soient pas plus similaires afin de faciliter le passage de l'une à l'autre. L'occasion de se livrer à un petit comparatif.
Installation / Migration: Pas d'avantage évident

Pour un utilisateur de Windows XP, le passage à Windows 7 relève du parcours du combattant: sauvegarde obligatoire de toutes les données, avant le nettoyage complet du disque dur et une installation qui peut durer plusieurs heures! En revanche, la migration de Vista à Windows 7 est automatique et bien plus rapide.

Plus surprenant, la sortie de Snow Leopard restera dans les mémoires comme le pire lancement par Apple d'une nouvelle version Mac OS X: nombreux bugs et incompatibilités logicielles , dont certains ne sont toujours pas corrigés, ont en effet entaché sa sortie. "C'est d'autant moins excusable qu'Apple ne doit tester son logiciel que sur ses propres machines, soit plusieurs dizaines de modèles tout au plus, alors que Windows 7 doit fonctionner avec des milliers de PC, aux configurations les plus diverses. En voulant coiffer Microsoft au poteau, Apple a bâclé son logiciel. Une sortie qui me rappelle celle de Windows Vista", ironise l'analyste Rob Enderle.
Interface utilisateur: Avantage Microsoft

Même si Mac OS et Windows usent de menus déroulants, de fenêtres et d'icônes pour naviguer au sein du système ou lancer des applications, il est difficile de les confondre. Les fans de Mac continuent de plébisciter la plus grande simplicité d'utilisation tandis que Windows 7 se distingue par sa capacité à gérer des écrans tactiles multi-touches, comme celui qui équipe le PC TouchSmart de HP. Cette fonction est cependant déjà présente dans la version mobile du système d'Apple qui équipe l'iPhone/iPod touch depuis son lancement, il y a deux ans et demi. Ce qui fait dire aux observateurs qu'Apple prépare des ordinateurs (MacBook et iMac) équipés d'un écran tactile pour l'année prochaine.
Rapidité: Egalité

Même si Windows 7 prend moins de temps à démarrer et éteindre que son prédécesseur, cela dépend de la puissance de son PC et de l'optimisation logiciel/matériel réalisée par le fabricant. "Windows 7 prend encore plusieurs minutes avant d'être prêt à utiliser et naviguer sur Internet par exemple", souligne Nathan Brookwood, analyste chez Insight64. En revanche, Windows 7 brille dans sa gestion du mode "veille", qui redonne vie à un PC en seulement quelques secondes, comme le faisait déjà Mac OS.

Utilisateur d'Apple depuis toujours, je n'ai pas constater de bugs sur mon iMac, ce que l'on prend pour des bugs chez les utilisateurs de PC ce sont des priorités de réglage à faire sur le Mac.