TOUT EST DIT

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dimanche 18 octobre 2009

Ne tirez plus sur Monsieur Lombard!

Quoi qu’il fasse, quelque attitude qu’il adopte, il n’y arrivera plus très longtemps. Il porte un poids devenu trop lourd.
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Les images sont impitoyables. A la télévision jeudi, Didier Lombard, le tout-puissant patron de France Télécom, était à bout. On craignait presque pour lui. Cet homme transpirant face aux manifestants révoltés par la disparition de leur collègue a du mal à trouver les mots justes. Il refuse de prolonger sa visite à Lannion le lendemain, comme on l’y invite. Même avec les meilleurs conseillers en communication, il est difficile de faire face au drame absolu.

Sic transit… Il y a un tout juste un an, Didier Lombard était lauréat des BFM Awards décernés par BFM et La Tribune pour sa stratégie. Chacun louait le sens visionnaire exceptionnel de l’X-Télécom, un des meilleurs connaisseurs de l’industrie et des technologies nouvelles. Mais aujourd’hui, il porte le poids de ces vingt-cinq morts qui – ne l’oublions pas – ne seront jamais expliquées.

Le management ne s’apprend pas sur le tard quand on a été chercheur en télécoms, puis haut fonctionnaire à la direction des stratégies industrielles. Le père Joseph de Thierry Breton soudainement propulsé au sommet. Mais une société aussi complexe que France Télécom ne se dirige pas avec la seule intelligence. Lombard avait trop délégué le social.

Depuis l’été, l’emballement — un mort et deux tentatives rien que cette semaine — met à nu l’incroyable archaïsme du management de France Télécom. Des ingénieurs à qui on a voulu faire trop aimer les chiffres. Un système hypercentralisé. Une obsession des réductions d’effectifs. En réalité, on a pérennisé des mesures de survie prises en 2002 quand l’entreprise était au bord du dépôt de bilan.

Alors que faire? Comme souvent, il faut à la fois aller vite et se donner du temps. La révolution d’organisation va s’accélérer après des élections syndicales (la semaine prochaine) : la compétition empêche tout dialogue serein. Stéphane Richard, le numéro deux, détricote ce qui avait été mis en place. "Un salarié malheureux ne crée pas de valeur". L’homme veut aller vite, comme il nous l’a dit la semaine passée. Des fermetures de sites sont suspendues, comme à Cahors lundi dernier. Il va sans doute accélérer la grande négociation sociale pour en faire un Grenelle du stress.

Ce qui se passe à France Télécom aura des conséquences dans toutes les entreprises françaises. Chaque patron va se doter d’indicateurs de satisfaction au travail et les surveiller. Mais il faudra du temps pour que tout change en profondeur. En matière d’hommes, "le temps n’épargne pas ce que l’on fait sans lui".
Olivier Jay

"Le Nobel dessert Obama"

Barack Obama mérite-t-il le prix Nobel de la Paix? François Heisbourg, spécialiste des relations internationales,* fait le bilan de la politique étrangère menée par Barack Obama depuis son accession à la Maison blanche, il y a moins de neuf mois.
Comment peut-on qualifier l'évolution de la situation en Afghanistan depuis l'accession au pouvoir de Barack Obama?
L'évolution de la situation est mauvaise. 2009 marque même l'année la plus mauvaise pour la coalition depuis la chute des taliban fin 2001. Les stratégies successives adoptées – et la stratégie définie par Barack Obama en début d'année – ne fonctionnent pas. En la matière, il va falloir attendre la décision américaine. Le contingent américain représente plus des 2/3 des forces étrangères en Afghanistan. Les Etats-Unis donnent le la. Mais ce n'est pas anormal que Barack Obama prenne son temps.

Barack Obama doit se prononcer sur l'envoi éventuel de soldats supplémentaires en Afghanistan…
La façon dont se déroule le processus à Washington est inquiétante. En toile de fond, il y a un conflit entre le commandant des forces armées en Afghanistan, le général McCrystal, et la Maison blanche. Le général a fait publiquement état de ses préférences [il s'est prononcé pour l'envoi de 40 000 soldats supplémentaires, ndlr]. Un conflit entre le militaire et le politique n'est jamais très sain.
Barack Obama hésite entre poursuivre la stratégie actuelle ou se recentrer sur la lutte contre les combattants d'Al-Qaïda…
La première stratégie nécessite davantage de soldats. Mais il n'est pas sûr que cette solution résolve plus de problèmes qu'elle n'en crée. L'autre solution est de resserrer les buts de guerre et faire la chasse à Al-Qaïda. Mais cela pose aussi problème: qu'est-ce qu'on fait, dans cette hypothèse, de l'Afghanistan? Par ailleurs, les combattants d'Al-Qaïda se trouvent pour l'essentiel au Pakistan. Or, il est compliqué d'agir dans ce pays. Pour Barack Obama, le choix est vraiment difficile. Selon certaines indiscrétions, il opterait davantage pour le second.

L'évolution de la situation en Afghanistan n'est-elle pas essentiellement due à l'évolution de la rébellion?
La coalition a fait deux erreurs. La première, le pêché originel, est de ne pas avoir invité les responsables – plus ou moins représentatifs – des tribus pachtounes à la conférence de Bonn en 2002, lors de laquelle la stratégie de la communauté internationale en Afghanistan a été fixée. Or, aujourd'hui, les taliban recrutent dans les rangs de ces tribus. La communauté internationale est partie du mauvais pied. La deuxième erreur est le fait que l'Otan, en 2003-2004, ait pris en main l'essentiel du problème afghan, et ce, au détriment des Nations unies, des Etats de la région, etc, et alors même qu'elle élargissait ses buts de guerre (démocratie, mise en place d'un Etat central, etc). Le résultat a été un développement très rapide de l'insurrection, qui était encore quasi inexistante en 2002.
Au Proche-Orient, "bilan extrêmement décevant"

Barack Obama apparaît aujourd'hui comme celui qui a désengagé les Etats-Unis d'Irak. Les choses sont-elles aussi simples?
Barack Obama a été bien servi par les initiatives prises par le général Petraeus durant la dernière année du mandat de George W. Bush. Il en a récolté les fruits. Il a géré la situation de façon avisée. Il a eu l'intelligence de garder Robert Gates [le secrétaire américain à la Défense, ndlr] qui a assuré la continuité entre la fin du mandat de Bush et le début de celui d'Obama. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le fait d'accélérer le retrait d'Irak est financièrement intéressant. L'Afghanistan coûte très cher.

Que pensez-vous de sa gestion du dossier du Proche-Orient?
Son bilan est extrêmement décevant. J'ai été très surpris de voir Barack Obama se lancer rapidement dans un pari hasardeux: celui de demander à Israël de s'engager tout de suite sur l'arrêt de la colonisation. Si sur le fond je suis d'accord, je ne vois pas ce qui a permis à Obama de croire que le système politique israélien allait pouvoir satisfaire cette exigence. La réaction de Netanyahou [qui a refusé de se prononcer pour un gel de la colonisation, ndlr] était totalement prévisible. Obama se retrouve aujourd'hui dans une situation relativement humiliante. Son exigence fondamentale a été bafouée. Sur la base de quelle information a-t-il cru qu'il allait réussir à passer outre l'opposition israélienne? C'est bien mal connaître la réalité. Il peut difficilement revenir en arrière sans perdre la face. Cela le contraint à un exercice de contorsion relativement désagréable.

Dans le dossier iranien, son offre de dialogue a été peu suivie d'effet. Pire, la République islamique a multiplié les provocations. Peut-on là aussi parler d'échec?
La situation en Iran est différente. Chacun savait que rien ne pourrait se faire dans ce dossier avant l'élection présidentielle en Iran, ce qui a donc neutralisé la première moitié de l'année. L'absence de résultat est donc mécanique. Ensuite, en tendant la main aux Iraniens, Barack Obama n'avait rien à perdre: soit les Iraniens s'en emparent et des négociations sérieuses débutent, soit ils refusent. Dans les deux cas, le président américain peut dire qu'il a essayé. Dans ce dossier, Obama fait le parcours qu'ont fait les Européens entre 2003 et 2005. Eux ont échoué à dialoguer, ce qui explique pourquoi ils sont plus fermes que les Américains. Obama tente ce que Bush n'avait pas essayé. Il agit de façon raisonnable et sérieuse.
L'abandon du bouclier? "Assez finement joué"

Finalement, la grande réussite d'Obama en politique étrangère n'est-elle pas le rapprochement avec Moscou?
La décision de politique étrangère la plus importante, sinon la seule de Barack Obama, est l'abandon du bouclier anti-missile en Europe de l'Est. Cela ouvre la voie à la signature d'un accord entre la Russie et les Etats-Unis en décembre sur la réduction des armements nucléaires stratégiques. Et cela facilite les relations avec Moscou dans le dossier iranien. Le timing est plutôt bon: Obama a annoncé l'abandon du bouclier quelques jours avant les révélations sur l'existence d'un nouveau site nucléaire en Iran. C'est assez finement joué.

Dernier grand dossier dans lequel Barack Obama est très attendu: le climat. Pourra-t-il concrétiser ses promesses?
J'espère que oui et je pense que non. L'ambiance actuelle entre son administration et le Congrès est tendue. Pour parler franchement, il va en baver des ronds de chapeau. Je serais très surpris qu'un texte législatif sur le climat soit adopté en temps utile pour la conférence de Copenhague [organisée début décembre pour trouver une suite à Kyoto, ndlr].

Dans ces conditions, le Nobel de la Paix n'est-il pas un cadeau empoisonné?
Je pense que ça le dessert. D'abord à gauche, parce que, s'il est obligé de prendre des décisions dures en Afghanistan et en Iran, on va lui opposer son Nobel. Ensuite à droite, parce que le moindre geste de conciliation sera mis au débit de son Nobel. Le Comité Nobel aurait mieux fait de ne pas lui donner ce lourd cadeau à porter, même si je ne pense pas qu'il fut délibérément empoisonné. Barack Obama doit travailler encore un peu pour mériter son Nobel!

*Aujourd'hui conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique, François Heisbourg, spécialiste des relations internationales, a été membre de la représentation permanente de la France à l'ONU et conseiller au ministère des Affaires étrangères.

Faux diplômes: Un président de fac dans le collimateur

Le JDD s'est procuré le rapport de l'Inspection générale sur l'université de Toulon. La direction est soupçonnée d'accueillir, dans des conditions suspectes, des centaines d'étudiants chinois.
L'intitulé du document fait mauvais genre: Présomptions de trafic de diplômes par des étudiants chinois à l’université du Sud Toulon-Var. Pas un tract vengeur ni une lettre anonyme, mais un rapport explosif de plusieurs centaines de pages rédigé par l’Inspection générale de l’Education nationale et de la Recherche que le JDD s’est procuré. "Une université qui entretient un rapport ambigu à la loi" ; "Graves irrégularités dans les procédures d’inscription des étudiants étrangers, notamment d’origine chinoise, et de validation des études supérieures…"

Habitués à peser leurs mots, les inspecteurs généraux accablent Laroussi Oueslati, le directeur de la jeune et petite (10 500 étudiants) université varoise, ainsi que certains de ses proches collaborateurs. "Je dois être entendu par la commission disciplinaire de l’université, vous parler pourrait être mal perçu", nous a répondu le président, joint au téléphone. C’est que Laroussi Oueslati se retrouve dans le collimateur de son ministère de tutelle mais aussi des services de justice et de police saisis d’une possible affaire de corruption comme jamais l’université française n’en a connue. Certes, si "la mission n’a pas établi de façon formelle l’existence d’irrégularités notoires des conditions de délivrance des diplômes", les rapporteurs écrivent qu’ils ont constaté "l’implication personnelle du président dans l’opacité des processus mis en place et dans les irrégularités qui ont été commises".

Perquisitions policières, pressions, tentatives de corruption, témoins qui raccrochent au nez: l’affaire de la fac de Toulon a tout d’un bon polar. Le 10 janvier dernier, un enseignant-chercheur porte plainte et dénonce un réseau de corruption en place dans l’université depuis 2004, affirme-t-il, plus particulièrement au sein de l’Institut d’administration des entreprises (IAE). Selon lui, plusieurs centaines de diplômes ont été délivrés d’une manière frauduleuse à des étudiants chinois. "Ouverte sur le monde", selon son vice-président Pierre Sanz de Alba, l’université de Toulon l’est particulièrement à l’égard des étudiants chinois. Elle en comptait 288 en 2005, 704 en 2008… "Pourquoi l’université s’est-elle montrée aussi accueillante à leur égard? s’interroge-t-on au parquet de Marseille. Peut-être parce qu’elle voulait gonfler ses effectifs, améliorer son image à l’étranger… Peut-être parce qu’il y existe bel et bien une filière frauduleuse et que certains personnels ont cédé aux sirènes de la corruption…"
2000 euros par étudiant chinois recruté, 5000 euros par diplôme

Durant l’été 2008, W.D., un ancien élève chinois, propose à Nathalie Hector, en charge d’un Master 2 (bac +5) 2000 euros pour chaque Chinois recruté, plus 5000 par diplôme obtenu. L’enseignante refuse mais reçoit plus tard des courriels adressés de Chine. "J’ai discuté avec le président de l’université de Toulon, M. Laroussi Oueslati, dans son bureau le 17 février 2008. Je lui ai présenté mon projet de coopération universitaire franco-chinois, il est très intéressé. […] Ne dis rien à autre (sic): c’est un secret entre nous !!!" (29 décembre 2008). "Pourkoi les autres font la même chose chaque année et gagnent des sous, on fait pas? Ce sont des gens situés sur la même place que toi, ils ont le même pouvoir que toi . Je t’avais dit que cela va rapporter! […] y a pas mal de profs ou de responsables qui font ça…" (19 janvier 2009).

Nathalie Hector avertit sa direction. "Et si le réseau des Chinois n’était pas qu’une rumeur!" Le président lui propose d’éconduire le mystérieux correspondant mais, chose incroyable, ne se tourne ni vers le recteur ni vers la justice. L’enseignante persiste pourtant et se confie aux enquêteurs, tout comme le directeur de l’IAE, à qui un autre Chinois propose 100 000 euros: "Durant l’année universitaire 2007-2008, j’ai surpris trois Chinois en flagrant délit de fraude, raconte-t-elle. Après diverses relances, il s’avère que les étudiants n’ont pas été traduits devant cette commission de discipline, sur demande du président. […] Le président que je sentais ennuyé par la fraude m’a téléphoné pour me dire que je ferais mieux d’arrêter ces “prises” d’étudiants […] car il commençait à entendre sur le campus une rumeur selon laquelle j’étais raciste […]" Puis, affirme-t-elle, c’est au tour du vice-président de lui dire: "On vous a demandé de les prendre, pas de leur délivrer un diplôme !" Sous-entendu, selon un autre prof: "Peu importe qu’ils aient un diplôme puisqu’ils ont payé pour entrer!" "En tant que responsable du Master 2 'Création et reprise d’entreprises', j’ai été surprise de voir, chaque jour […] des étudiants chinois rentrer […] avec une inscription directement acceptée par les services centraux, reprend Nathalie Hector. On les appelait d’ailleurs 'les étudiants président'. Le plus surprenant est qu’aucun d’entre eux ne parlait français."
Admis en bac+5 malgré 1,2/20 de moyenne

Faux, réplique le vice-président qui dénonce un "acharnement pour des raisons autres qu’universitaires", et évoque même une "tentative de mise à mort" de son supérieur. Elu du Parti radical de gauche, Tunisien d’origine, le président serait victime d’"amalgames au relent xénophobe". Ses détracteurs répliquent en évoquant d’autres admissions invraisemblables en Master 2 (bac + 5) de jeunes chinois (voir ci-contre): comme B.F., 22 ans, qui vient d’échouer en première année de licence à Perpignan (moyenne de 1,2/20). Ou C.Y., deux échecs en première année de licence à Metz (moyenne de 3,2/20). "Tous avaient obtenu les diplômes nécessaires dans leur pays d’origine", se défend l’université de Toulon.

Reste qu’ils ne parlaient pas ou presque pas le français, et qu’ils ont été recrutés directement par le président, contrairement aux règles en vigueur dans toute université normale, accuse l’Inspection générale. Qui cite aussi des vols de clés USB, de disques durs externes, de passes pour entrer dans les bureaux. Des membres de la direction qui ont osé parler se sont aussi retrouvés, à la dernière rentrée, déchargés de leurs responsabilités. Ayant eu vent de pressions et de harcèlements au sein de l’établissement, le ministère de l’Enseignement supérieur (qui s’est refusé à tout commentaire) a diligenté, fait exceptionnel, un complément d’enquête sur ce thème, dont les conclusions seront rendues en début de semaine. De son côté, le président n’a toujours pas été entendu par la commission disciplinaire de son établissement, dont la constitution, jugée partiale, a été dénoncée par les syndicats. Si ses conclusions s’avèrent trop clémentes, le ministère pourrait engager des recours. Quant aux Chinois, deux d’entre eux ont déjà été écroués, dont celui ayant proposé 100 000 euros au directeur de l’IAE.

Quinze mesures pour simplifier la vie des Français

Eric Woerth, ministre du Budget, détaille une série de dispositions pour faciliter la démarche des usagers.
En dépit de la crise, les services publics s’améliorent. C’est le message positif qu’Eric Woerth envoie aux Français et aux parlementaires de la majorité, en butte à certains articles du projet de loi de finances pour 2010. Le ministre des Comptes publics et de la Réforme de l’Etat doit officialiser lundi quinze mesures de simplification administrative, qu’il dévoile pour le JDD. Il sera accompagné de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique. Les nouvelles dispositions sont, en effet, permises par l’essor d’Internet.

L’une des grandes nouveautés concerne l’inscription sur les listes électorales. L’an prochain, cette démarche sera possible depuis son ordinateur. En 2007, 44,5 millions de Français avaient une carte d’électeur après avoir fait la queue en mairie dans de nombreux cas, et 2,1 millions de personnes se sont inscrites l’an dernier. Sur Internet, il suffira de remplir un questionnaire et de joindre les pièces justificatives numérisées. La mise en place se fera à la demande de chaque ville.

Autre changement, le renouvellement des papiers d’identité perdus sera simplifié via Internet sur le site mon.service-public.fr. Le dispositif concerne la carte d’identité, le passeport, le permis de conduire, la carte Vitale et la carte Famille nombreuse. Actuellement, faire renouveler tous ses papiers peut demander la constitution de dossiers similaires (photo, justificatifs d’identité, de domicile…) auprès de cinq organismes différents et nécessite une attente variant entre quinze jours et deux mois. Plus de deux millions de documents sont perdus chaque année et quatre Français sur dix ont dû présenter un dossier (première demande ou renouvellement) au cours des deux dernières années. Le service doit être disponible au cours du premier semestre 2010.
Un panel permanent de 5600 foyers et 2400 sociétés

Le gouvernement signe également la fin des innombrables demandes de copie ou d’extrait d’Etat civil, exigées dans plus de trente démarches administratives (mariage, pièces d’identité, reconnaissance de paternité, etc.) et qu’il faut recommencer à chaque nouveau dossier. Les administrations s’adresseront elles-mêmes à la mairie d’origine pour obtenir le document désiré. Quelque soixante millions d’extraits ou de copies d’acte d’état civil seront ainsi transmis par voie numérique au lieu de passer par la Poste. Cela permettra d’économiser 13,5 millions d’euros en frais d’impression et d’affranchissement.

Les entreprises sont, elles aussi, concernées par d’importantes mesures de simplification. Par exemple, les déclarations d’embauche pourront se faire par téléphone, les transferts de sièges sociaux auront lieu en une seule démarche… Surtout, les informations légales (chiffre d’affaires, effectifs…) pourront être transmises en une seule formalité, au lieu de 38 déclarations différentes actuellement ! Dans les très petites entreprises, cette activité "paperasserie" représenterait l’équivalent de cinquante jours de travail par an.

Eric Woerth est assuré de la popularité de ses mesures qui allègent le travail de l’Administration et expliquent le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la Fonction publique. Le ministre a mis en place un système d’ampleur pour les élaborer. Quelque six mille particuliers, entreprises, administrations et associations ont été interrogés avec l’aide de l’institut BVA à l’automne 2008. Un panel permanent est constitué de 5600 foyers et 2400 sociétés. Le ministre n’a pas oublié qu’il avait été consultant au début de sa carrière.

Les mots pour le lui dire

Qui ose encore parler franchement à Nicolas Sarkozy ? La question est posée alors qu'aucun poids lourd de la majorité n'a osé remettre en cause la nomination prochaine de Jean Sarkozy, le fils du président âgé de 23 ans, à la tête de l'EPAD, qui gère le quartier des affaires de la Défense.
Il y a ceux qui savaient tout depuis le début. Mais incapables de penser différemment de M. Sarkozy, ils n'ont pas saisi l'ampleur du risque politique. Brice Hortefeux, l'"ami" du président, le parrain de Jean, n'est guère à son aise. "A vrai dire, quand j'en ai parlé avec Jean, je n'ai pas vu venir l'affaire, sachant que le job était électif, bénévole et sans réel pouvoir", confesse le ministre de l'intérieur.

Les hommes de confiance auraient pu mettre en garde le président, mais ils n'ont pas été mis dans la confidence. "Le coup était parti. Il était trop tard pour l'arrêter", explique un conseiller, qui a donc jugé inutile d'aborder le sujet.

Et puis, il y a la foule des responsables politiques, qui n'ont pas eu d'autre choix que d'être solidaires d'un président sûr de son fait. Nul n'a pipé mot, jeudi, lors de la réunion à l'Elysée avec les chefs de la majorité. "Au point où sont les choses, il faut tout assumer et ne pas reculer d'un millimètre", estime le ministre de l'immigration, Eric Besson.

Pour la plupart, il était inenvisageable d'affronter Nicolas Sarkozy. L'hyperprésident est hypersensible sur ses relations sentimentales et familiales, comme l'a montré son divorce. "Cette fois, il a le complexe du père divorcé", entend-on.

Mais l'affaire Jean Sarkozy serait "l'exception qui confirme la règle", assure un ministre. On pourrait parler de tout avec le président, surtout avec sa casquette d'élu. M. Sarkozy a organisé, lundi, un tour de table avec les dirigeants de l'UMP, qui n'ont pas hésité à parler de l'affaire Mitterrand de retour de leur circonscription. "Nous avons la chance d'avoir un président au tempérament très direct, très franc. Quand il dit quelque chose, c'est cash. Il apprécie en retour qu'on soit cash", estime la secrétaire d'Etat à l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le lieu du dialogue n'est pas le conseil des ministres. "Sarkozy monologue, et après il dit : "Ah, j'aime bien quand on a ces discussions !"", sourit un ministre. Mieux vaut trouver un aparté en marge des réunions à l'Elysée, profiter d'un déplacement en avion, faute d'obtenir un tête-à-tête.

Si chacun se dit libre, c'est avant tout sur ses dossiers. Martin Hirsch n'en demande pas plus. "Je ne parle pas des problèmes qui fâchent ni de ceux qui ne fâchent pas. Je ne suis ni le confesseur de Nicolas Sarkozy, ni son conseiller politique. En revanche, sur mes dossiers, j'y vais à 1 000 %", commente le haut-commissaire à la jeunesse, le seul à avoir contredit en public M. Sarkozy lors d'une table ronde. "Hirsch a une détermination incroyable. Vous ne pouvez pas dire non, il revient sans cesse par la fenêtre", commente Raymond Soubie, le conseiller social de l'Elysée.

Alain Marleix, responsable du redécoupage électoral, a rencontré une fois le président, au début de sa mission, et ne l'a appelé que trois fois, pour des arbitrages politiques. "Quand Nicolas Sarkozy a donné sa confiance, il ne la retire pas facilement", estime M. Marleix.

Jean-Louis Borloo, à l'environnement, jouit d'une grande liberté, tandis que Bernard Kouchner peut s'affronter avec le président sur l'Iran. A une réserve majeure, la politique étrangère est pilotée de l'Elysée.

Mais de nombreux ministres sont désarçonnés par les ambiguïtés de Nicolas Sarkozy. Le président méprise ceux qui se courbent mais tolère très mal ceux qui affichent en public leur désaccord. Rama Yade, alors secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, est tombée en disgrâce pour avoir refusé d'être candidate aux élections européennes.

Nathalie Kosciusko-Morizet avait dénoncé "un concours de lâcheté" entre son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, et le patron du groupe UMP, Jean-François Copé. Elle a été rétrogradée lors du remaniement ministériel de janvier 2008.

Et les vexations vont au-delà des hommes politiques : le leader de la CFDT, François Chérèque, fut battu froid à l'automne 2008 pour avoir révélé des conversations privées. Il dut attendre des mois pour obtenir, en septembre 2009, un tête-à-tête avec M. Sarkozy.

A l'Elysée aussi, l'ambiance n'est guère propice aux débats publics. Le chef de l'Etat ne préside plus les réunions de 8 h 30 du matin avec sa vingtaine de collaborateurs. Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, centralise les pouvoirs. M. Sarkozy segmente ses réseaux. "Il se mitterrandise", répète dans tout Paris le "visiteur du soir" Alain Minc, ce qui, selon un ministre, flatte le président.

Les vraies discussions ont lieu en petit comité ou en tête à tête : les hommes de confiance sont M. Guéant, M. Soubie (social), Xavier Musca (économie), Jean-David Levitte (diplomatie) ainsi qu'Henri Guaino et Franck Louvrier (presse), auxquels s'ajoute une discrète mais puissante équipe d'analyse politique (Pierre Giacometti, Patrick Buisson, Jean-Michel Goudard).

A l'Elysée, on a fini par ne plus frapper à la porte d'un président surchargé. Les voix les plus discordantes ont été marginalisées : la très directe Emmanuelle Mignon se concentre sur ses dossiers (presse, collectivités territoriales) faute d'avoir pu s'entendre avec M. Guéant. Henri Guaino défend ses dossiers fétiches, mais s'aventure peu sur le terrain des autres.

Les emportements de M. Sarkozy en épuisent plus d'un, à l'exception de M. Soubie, visiblement épargné, et de MM. Guéant et Louvrier, fidèles de toujours. Le président favorise ainsi un phénomène de cour, même s'il en est conscient, comme l'atteste cette remarque sur un conseiller : "Il va me dire oui, et je n'ai plus confiance, car il me dit toujours oui."

Les politiques, eux, cherchent à pouvoir dire les choses au président. Il y a la méthode progressive, comme celle de Xavier Darcos, inquiet de la rupture de M. Sarkozy avec les "sachants". Le ministre de l'éducation avait déminé le sujet avec Xavier Bertrand, le patron de l'UMP, et M. Guéant, avant d'en parler à M. Sarkozy.

D'autres prennent leur courage à deux mains, à l'instar de Christine Lagarde, qui marqua quelques lignes rouges à l'automne 2008, alors qu'elle était critiquée pour son manque de sens politique. Un an après la crise financière, elle est "premier ministrable".

La meilleure parade consiste à créer un rapport de force, puisque le président y est si sensible. Rama Yade s'est immunisée en devenant l'icône de la diversité. Elle est la seule à avoir émis des critiques sur la nomination de Jean Sarkozy, même si elle a dû rétropédaler vendredi dans un communiqué. "Nous remercions Rama, mais nous ne sommes pas des idiots. Nous sommes aussi élus et nous voyons ce qui remonte des territoires", s'exaspère un ministre.

Les jeunes cherchent à conjuguer lien direct avec le président et assise électorale. Nommé secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Bruno Le Maire a choisi de communiquer directement, par note, avec le président, alors que son prédécesseur, Jean-Pierre Jouyet, regrettait de n'être passé que par M. Guéant. Promu à l'agriculture, il cherche à diriger seul son ministère. Tant qu'il ne trébuche pas, l'Elysée laisse faire. Il veille à vouvoyer M. Sarkozy, qui le tutoie, et à conforter son implantation en Normandie, en menant la bataille des régionales.

Le benjamin du gouvernement, Laurent Wauquiez, cherche aussi ses marques. En réunion d'arbitrage, le secrétaire d'Etat à l'emploi s'est exprimé pour que le plan Hirsch ne tourne pas à l'assistanat des jeunes. Sur ses dossiers, il passe souvent par le filtre Guéant-Soubie. Mais le maire du Puy-en-Velay entend aussi parler politique. Alors il rédige des notes pour le président sur la sortie de crise, l'inquiétude des classes moyennes, le monde rural. "J'ai toujours un retour, soit écrit, soit oral par Claude Guéant ou par le président", raconte le secrétaire d'Etat. "Wauquiez est assez courageux, mais il agace", tempère une ministre. Mais chacun convient que le cheminement pour exister en "Sarkozye" est difficile.
Arnaud Leparmentier

Dans les Yvelines, les socialistes veulent croire à l'effet Jean Sarkozy

David Douillet (UMP), arrivé largement en tête le 11 octobre, et Frédérik Bernard (PS) s'affrontent, dimanche 17 octobre, dans les Yvelines au second tour d'une législative qui ne manquera pas d'être analysée à la lumière de la polémique sur Jean Sarkozy.
Sur fond d'abstention importante, l'ex-judoka a réussi la première étape en remportant 44,2% des suffrages. Dans un entretien au Monde.fr, David Douillet estimait, vendredi, que "les polémiques parisiennes n'ont pas eu d'impact sur la campagne" et que le débat sur l'élection de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad "ne l'intéressait pas".

Le candidat socialiste Frédérik Bernard, maire de Poissy, qui a recueilli au premier tour 21,9%, compte sur un bon report des voix écologistes (14,8 %), du Parti de gauche (4,9%) et du MoDem (7,7 %), même si ce dernier n'a pas donné de consigne de vote. La forte abstention de dimanche dernier (70 %) jouera certainement dans le scrutin. Frédérik Bernard dit "y croire" et compte sur ses "nombreuses" réserves de voix "dans les quartiers où l'abstention a été très forte et qui votent habituellement pour la gauche".

Mais la gauche compte pousser son avantage en tirant parti de la polémique sur le fils du chef de l'Etat. Le maire de Poissy a ainsi dénoncé "une présidence monarchisée", voyant dans la candidature de M. Douillet "le fait du prince". "Cette élection est une occasion pour chaque citoyen de montrer leur mécontentement, les Français attendent un sursaut contre Sarkozy", a-t-il ajouté. Plusieurs figures nationales du PS, de Ségolène Royal à Jean-Paul Huchon, ont apporté leur soutien à Frédérik Bernard.

Les élus locaux de la majorité présidentielle craignent que la polémique Jean Sarkozy ne fasse fuir une partie des électeurs. "Au premier tour, on a déjà eu des attaques sur la taxe carbone et sur les affaires de quelques membres du gouvernement, et maintenant, pour le second tour, on a l'affaire de l'EPAD", a dit mercredi Pierre Cardo, élu des Yvelines ayant mis le pied à l'étrier à David Douillet. Le député craint une déperdition de voix pour Douillet dans les "quartiers populaires" de la circonscription, selon Le Figaro de vendredi.

Dans son entretien fleuve au Figaro vendredi, le chef de l'Etat a cité le score de M. Douillet comme une preuve que la situation politique est loin d'être aussi mauvaise que celle de ses prédécesseurs à mi-mandat.

Le "plan com" de Sarkozy

Michel Jonasz, mémoire sur un banc de bois

Il joue et chante. Il évoque son grande-père maternel Abraham et le destin funeste de toute sa famille. Il est seul en scène, dans un petit costume d'autrefois. Il bouleverse en racontant, en se souvenant, en faisant revivre des hommes et des femmes d'autrefois...et en chantant !
Il est comme l'image. Un peu gourd dans son costume. Les bras ballants. Mais pas l'air paumé. Michel Jonasz est juste comme l'homme qu'il incarne : simple et sans défense. Il est connu comme chanteur. Mais il a été aussi comédien. C'est en lui. Il a joué, tourné. Et il avait en tête cette histoire. Il s'était promis de la raconter.

Et voilà : Michel Jonasz incarne son grand-père maternel Abraham. Cela commence d'une manière très forte et ne laisse aucun doute sur le dénouement : l'homme démuni est dans l'enfer des camps. On lui demande d'abandonner ses vêtements pour passer sous la douche. La douche, il sait où cela mène...

Une heure trente durant, avec une bande son, pas d'autre appui qu'un banc de bois, un de ces bancs publics comme il y avait dans les pays de l'Est, avant la guerre, pas d'autre décor que ce banc et quelques lumières, Michel Jonasz fait revivre ce petit peuple, ces gens qui parlent le yiddish, se chamaillent comme de bons voisins, ont les rêves simples des êtres qui sont heureux d'une vie de village, qui croient en Dieu, qui respectent religion et rites, qui se marient et ont des enfants. Beaucoup parfois. Sept pour Abraham, le grand-père maternel, cantor comme son père, chanteur comme le sera, par-delà les années, son petit fils Michel...

Abraham est né en Pologne. Vers l'âge de vingt ans, il quitte ce triste pays pour la Hongrie. Il ne sait pas qu'il retrouvera un jour sa terre natale...et ce sera pour le pire...Il rencontre sa femme. Ils ouvrent un petit commerce d'épicerie. Abraham est aussi "cantor" donc. Jonasz passe des anecdotes, des moments à plusieurs voix (car il joue Abraham, ses amis, et un peu de sa famille !!!!), au chant, aux moments de silence. C'est plein de rires et de larmes, c'est plein d'histoires juives, comme on les connaît, mais en plus "personnel", c'est plein d'un humour étrange, franc et douloureux à la fois. C'est plein de la sensibilité de l'artiste Michel Jonasz. Il joue, il compose. Il se tait. Et il chante aussi...il chante des chansons composées spécialement pour ce spectacle, cette évocation tendre et amusée.

Et la voix de Jonasz, elle est unique. Elle ne se raconte pas. Elle bouleverse. On rit, on sourit. On éclate de rire parfois. Ce qui ne veut pas dire que les vérités ne sont pas là, qui explosent et nous interpellent...Les enfants : ceux qui s'étaient exilés en France, cinq enfants, qui ont fait de belles études, médecin, dentiste, intégrés, loin des parents et des deux petits derniers, seront pour certains déportés et disparaîtront comme disparaîtra leur père Abraham dans un camp...

C'est un très beau moment de grand théâtre. Une petite comédie musicale déchirante et drôle tenue par un artiste unique, un grand artiste très sensible et lucide qui célèbre le courage des siens, leur probité. Il est très personnel et universel. Il nous fait rire et pleurer. Il est douloureux et burlesque. Un grand cantor pour un chant qui n'appartient qu'à lui : celui de sa fervente piété de fils, de petits-fils...

Petit Montparnasse, à 21h du mardi au samedi, à 17h30 le dimanche (01 43 22 83 04). Durée : 1h25 sans entracte. Un livre, un disque sont parus ou à paraître.

Une révolution feutrée au Palais du Luxembourg, par Patrick Roger

Lorsque Gérard Larcher a été élu, le 1er octobre 2008, à la présidence du Sénat, son engagement à rénover l'institution a pu être accueilli avec un brin de scepticisme. Sa détermination n'allait-elle pas se heurter au conservatisme d'une assemblée et de son administration fossilisées par l'absence d'alternance ? Ses promesses résisteraient-elles aux habitudes d'un personnel politique plus prédisposé aux intrigues de palais qu'aux bouleversements de son train de vie ? Un an après, le bilan plaide en sa faveur. Si le Sénat n'a pas changé de nature, son image est en train d'évoluer. Sur l'ensemble des chantiers engagés, la plupart sont en passe d'aboutir.
L'"autorité ronde et chaleureuse", selon l'expression du secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, du président du Sénat n'explique pas tout. Au début de son mandat, M. Larcher partait avec ce qui pouvait passer pour un handicap. L'UMP ayant enregistré un nouveau recul lors du renouvellement sénatorial de septembre 2008, la majorité était fragilisée. Beaucoup y voyaient une promesse d'immobilisme. Il en a fait un atout, en jouant la carte du fonctionnement collectif des structures et en y associant l'opposition.

Ainsi, la composition du bureau du Sénat (26 membres) a été établie sur la base d'une stricte proportionnalité avec celle des groupes. La généralisation du vote per capita au bureau a engendré une obligation de dialogue. En retour, le résultat des votes engage l'ensemble de ses membres.

Du côté de la majorité sénatoriale, où les cicatrices de la primaire ayant opposé M. Larcher à Jean-Pierre Raffarin pour la présidence du Sénat n'étaient pas totalement refermées, les mises en garde "désintéressées" n'ont pas manqué. Aux yeux de ses détracteurs, le président du Sénat cherchait à "s'arranger" avec l'opposition pour pouvoir se maintenir dans le cas où, lors du prochain renouvellement de 2011, dernière étape avant l'élection présidentielle de 2012, les rapports de forces s'inverseraient sans pour autant dégager une majorité stable. Tandis qu'une partie de l'administration sénatoriale faisait le dos rond en espérant que les velléités décapantes du nouveau maître de maison s'épuiseraient.

Sans brusquer les choses ni braquer ceux qui pouvaient s'opposer au changement, le successeur de Christian Poncelet est parvenu à ses fins. Ce n'est pas un dépoussiérage, c'est une vraie rupture qui est en train de s'opérer. Sur le plan du fonctionnement, tout d'abord : réduction des dépenses, transformation des appartements de fonction en bureaux, encadrement des groupes d'étude et des groupes d'amitié, non-reconduction de manifestations culturelles dont l'objet n'avait que peu à voir avec les missions du Sénat...

Un des dossiers les plus lourds - car s'entremêlant avec des actions en justice -, le Musée du Luxembourg, est en voie de règlement avec le lancement de l'appel d'offres pour une délégation de service public. Enfin, à l'issue d'un audit mené par un cabinet privé, la réorganisation administrative du Sénat va être mise en oeuvre. Une révolution feutrée.

Parallèlement, la politique a repris ses quartiers au Palais du Luxembourg. L'absence de majorité absolue au Sénat a permis l'émergence d'un véritable débat quand, à l'Assemblée nationale, celui-ci se résume trop souvent à une stérile confrontation. Aucun groupe n'ayant à lui seul la majorité, le gouvernement doit convaincre les rapporteurs d'aller au fond, les responsables de la majorité de prendre en considération ceux de l'opposition et tenir compte des groupes minoritaires.

La majorité n'étant pas arithmétiquement acquise, elle doit être politiquement gagnée. Bien sûr, cela ne bannit pas les combinazione. Il n'empêche : le débat législatif ne s'y limite pas à une "coproduction" à guichet fermé entre hyperego. On l'a vu encore récemment, sur le projet de loi pénitentiaire et la question de l'encellulement individuel : le Sénat peut non seulement infléchir un texte du gouvernement, mais également faire prévaloir son point de vue.

Fort de cette influence reconquise, M. Larcher trace son chemin. Au moment où le "système Sarkozy" commence à générer des inquiétudes dans les rangs de la majorité, le président du Sénat apparaît en mesure de porter une vision moins "clivante" de la société. Il n'est pas étonnant que ce soit au Sénat que se manifeste la contestation la plus virulente des projets de réforme territoriale et de financement des collectivités.

Plus significative est la conviction affirmée par M. Larcher à l'égard de la Turquie, en refusant de fermer a priori la porte à son intégration européenne. Sur un dossier de politique étrangère, le président du Sénat a fait entendre sa différence. C'est suffisamment rare pour être relevé.

"La loyauté n'exclut pas l'autonomie", résume celui qui, à l'inverse de Jean-François Copé, ne prétend pas se poser en alter ego de Nicolas Sarkozy. Là où le président de la République et celui du groupe UMP de l'Assemblée cherchent d'abord à enfoncer des coins chez l'adversaire, lui propose le rassemblement. Il rassure. Et si, dans cette période de périls et d'incertitudes, cela n'était pas le meilleur antidote à la maladie des "hyper" ?

Epad : Chatel suggère que les représentants de l'Etat ne votent pas

Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a indiqué, dimanche 18 octobre, que les fonctionnaires administrateurs de l'Epad pourraient ne pas participer à l'élection du président de cet établissement d'aménagement, poste brigué par Jean Sarkozy, cadet du chef de l'Etat.
Sur Europe 1, M. Chatel s'est vu proposer cette solution par le député socialiste Gaëtan Gorce, pour apaiser la vive polémique autour des ambitions du fils du président, assortie d'accusation de népotisme. "J'observe", a répondu le ministre, "que dans le passé, il est arrivé que les représentants de l'Etat ne prennent pas part au vote de cette élection. Donc, par souci de clarté et de transparence, on peut très bien imaginer que les représentants de l'Etat ne participent pas au vote" du 4 décembre. "Ca peut s'imaginer, ça s'est produit par le passé", a répété M. Chatel. "On peut imaginer de laisser les représentants élus décider de manière à ce qu'il n'y ait aucune ambiguïté", a-t-il poursuivi, soulignant qu'il revenait aux ministres compétents d'en donner l'instruction.

Ne participeraient alors à cette élection que quatre élus de droite, quatre de gauche et un représentant de la Chambre de commerce, ce qui en rend l'issue plus incertaine.

RACHIDA DATI SUR LCI

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Marine Le Pen ou le ministère de la haine

On avait tort d’enterrer prématurément le Front national. Nicolas Sarkozy lui a certes porté de rudes coups, s’appropriant quelques thèmes (sécurité, immigration, justice), dominant nettement Jean-Marie Le Pen à l’occasion de plusieurs duels télévisés, le vieillissant aussitôt et lui ravissant une fraction substantielle de son électorat. L’extrême droite paraissait ainsi en déclin et subissait plusieurs déconvenues électorales. Cette phase-là s’achève peut-être. La crise économique, la montée du chômage, les polémiques récentes (Clearstream, Roman Polanski et maintenant Jean Sarkozy) lui offre un terrain favorable. Une partie de l’électorat de la majorité, dans les milieux populaires notamment, est de nouveau tentée par le Front national. Le climat d’anxiété et de protestation le sert, l’insécurité le porte. Dans la région Provence-Alpes- Côte d’Azur (Paca) ou en Picardie par exemple, l’extrême droite regagne des points.

Pour cristalliser ce retour du Front national, Marine Le Pen vient de réussir avec l’affaire Frédéric Mitterrand un coup d’éclat médiatique aussi répugnant qu’efficace, aussi fétide que spectaculaire. La vice-présidente du parti d’extrême droite vient ainsi de prendre la succession de son père dans la fonction qu’il occupait depuis des décennies : le ministère de la haine. La députée européenne ne possède pas le talent oratoire de tribun ou la culture classique de Jean-Marie Le Pen. En revanche elle en a l’aplomb, la violence, l’agressivité, la facilité d’expression et cette intuition politique qui lui fait discerner sur le champ que s’entrouvre une fenêtre de vulnérabilité. Elle démontre ainsi un instinct de chasseur, avec le goût du sang et le plaisir de blesser ou d’abattre. Durant une période, elle a tenté d’incarner une forme modernisée de l’extrême droite, veillant à ne pas apparaître explicitement xénophobe ou raciste, évitant les pièges des dérapages délibérés de son père, cherchant même à accréditer l’idée qu’en matière de mœurs, elle n’était pas du côté des pudibonds et des bigots. Tout cela vient de voler en éclats. En accusant Frédéric Mitterrand avec une fureur hystérique, en n’hésitant pas une seconde à déformer ses propos, à caricaturer ses écrits, à lui attribuer pour mieux l’atteindre des mots qu’il n’avait pas employés, elle a déchiré son masque et a révélé en gros plan son véritable visage.

Lorsqu’elle a porté ses attaques, elle éclatait de haine, d’exécration, comme la figure d’une vengeance guerrière. On sentait bien que derrière la dénonciation de la pédophilie et du tourisme sexuel, c’était l’homosexualité qu’elle pourchassait. L’extrême droite abhorre toutes les minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques, religieuses ou culturelles. Marine Le Pen agressant et diffamant Frédéric Mitterrand, c’était une furie vengeresse laissant échapper un torrent d’imprécations digne des prêcheurs fondamentalistes venus de la nuit des temps.

Il n’en était que plus déplaisant de voir quelques quadragénaires parmi les plus brillants et les plus ambitieux du PS participer sans retenue à l’hallali déclenchée par l’extrême droite. Sans prendre le temps de lire in extenso le texte incriminé, la Mauvaise Vie, ils se sont rués à l’assaut, accusant Frédéric Mitterrand d’apologie du tourisme sexuel, alors même que son livre décrivait des bouges d’une façon qui donnait des haut-le-cœur, le chargeant parfois de complaisance pour la pédophilie, bien qu’il s’en soit toujours défendu, exigeant sa démission, jouant sans vergogne les grands inquisiteurs, bref se comportant comme des hauts commissaires au populisme. Benoît Hamon, porte-parole officiel du PS,parlait ainsi de «ministre consommateur», comme s’il avait surpris Frédéric Mitterrand avec un adolescent prépubère. Au moins le porte-parole a-t-il fait ensuite machine arrière après les explications du ministre humilié. On n’a pas entendu en revanche Arnault Montebourg, éternel procureur autodésigné, regretter la violence et l’injustice flagrante de ses propos et on pouvait s’étonner de trouver Manuel Valls en si piètre compagnie. Ce qui prouve que lorsqu’on cherche trop à plaire à l’électorat, à épouser les embrasements de l’opinion (chauffée à blanc par la polémique Polanski), à séduire en s’identifiant aux passions, aux instincts et aux préjugés, on bascule vite dans le populisme, que l’on appartienne à la gauche ou à la droite.
ARTICLE PARU DANS LIBÉRATION

Présentateur allemand rit sur Jean Sarkozy à l'EPAD


PARTOUT EN EUROPE ON SE FOUT DE LA GUEULE DE JEAN SARKOZY, A RAISON D'AILLEURS, QUE DIRE DE PLUS, SINON QUE LE PÈRE DEVRAIT RÉAGIR.

Fragments come back home

The controversy over five 3,200-year-old ancient Egyptian tomb fragments removed from Egypt and put on display in the Louvre in Paris has finally come to a close, reports Nevine El-Aref
Following two weeks of sometimes difficult negotiations with the Louvre Museum in Paris over the fate of five ancient Egyptian tomb fragments dating back over 3,000 years, France agreed this week to hand the five painted fragments back to Egypt.

According to Egypt's Minister of Culture Farouk Hosni, President Hosni Mubarak received a telephone call from French President Nicolas Sarkozy in which Sarkozy confirmed that the five fragments, stolen from a tomb in Luxor, would be returned to Egypt. Hosni added that the conversation had emphasised the deep cultural relations between Egypt and France and the friendship between the two presidents.

Hosni said that preparations were now underway between the Supreme Council of Antiquities (SCA), the Louvre and Egypt's embassy in France in order to ensure the safe return of the fragments next week.

The controversy over the five fragments goes back to 2008 when, during a visit by German scholars to the Louvre Museum, they were surprised to find the five 3,200- year-old fragments -- parts of a painted scene -- they had discovered in 1980 at the tomb of a nobleman in Draa Abul- Nagaa necropolis on Luxor's west bank.

The Germans wondered how the fragments could have made their way to the Louvre.

This tomb and its paintings were scientifically documented at the time, leaving the question of how the fragments ended up in the possession of the Louvre Museum in Paris.

Investigation showed that the fragments had been removed from the tomb and subsequently acquired by the Louvre between 2000 and 2002.

As soon as the presence of the fragments at the Louvre was confirmed, Zahi Hawass, secretary-general of the SCA, contacted the museum asking for their return to Egypt.

According to the UNESCO 1972 Convention for the Protection of the World Cultural and Natural Heritage, artefacts are the property of their country of origin, and pieces smuggled out of a country must be returned to their homeland.

However, despite France having signed this convention, authorities at the Louvre did not at first agree that the fragments should be returned to Egypt, referring the matter to the French Ministry of Culture.

As a result, the SCA took action against the Louvre, halting its excavations at Saqqara outside Cairo and Deir Al-Medina on Luxor's west bank.

Claims that Egypt had decided to take action against the Louvre as a result of the failure of Farouk Hosni to be elected director-general of UNESCO, which is based in Paris, were dismissed by Hawass as "completely unfounded" and "contrary to the truth".

The SCA had decided to take action against the Louvre in January this year, Hawass said many months before the UNESCO election. In taking such action, the SCA was "implementing the UNESCO convention and Egyptian law," Hawass said.

Moreover, in an interview with Al-Ahram Weekly Hawass said that, "this is not the first time that the SCA has cut ties with a foreign museum," saying that this had happened before with the Saint Louis Museum in the United States, which had refused to return a mummy mask of Ka-Nefer, as well as with the Ashmolean Museum in Oxford in England and the Royal Museum of Fine Art in Brussels. All these museums have ancient Egyptian objects in their collections that are suspected of having been smuggled out of the country.

Similar actions have also been taken against foreign archaeological expeditions suspected of involvement in illegal antiquities dealing, Hawass said.

Following the SCA's decision to take action against the Louvre, described as "severe" by some foreign archaeologists, French Minister of Culture Frederic Mitterrand called for an urgent meeting with the French National Museum Scientific Committee, the body that oversees French museums, which recommended the return of the fragments to Egypt.

Mitterrand immediately decided to follow the recommendation, and though the items had been acquired by the Louvre in "good faith", Mitterrand said, the decision to return them to Egypt reflected France and the Louvre's commitment to take "resolute action against the illegal trafficking of cultural goods".

The French decision, welcomed by Egypt, has drawn attention to other collections of ancient Egyptian artefacts held in international museums, especially to objects on what Hawass called "an antiquities wish list".

This list includes the Rosetta Stone, now in the British Museum in London, the bust of Nefertiti in the Egyptian Museum in Berlin, the statue of Great Pyramid architect Hemiunnu in the Roemer und Pelizaeus Museum in Hildesheim, the Dendera Temple Zodiac in the Louvre in Paris, and the bust of Kephren pyramid builder Ankhaf in the Museum of Fine Arts in Boston.

According to SCA legal consultant Achraf El-Achmawi, in the 19th and earlier 20th centuries when many of these objects were found, Egypt typically divided objects found during excavations between the Egyptian antiquities authority and the foreign mission concerned.

This mean that foreign missions had the right to possess some of the objects discovered, which are now exhibited in museums around the world. Egypt cannot request the return of such objects unless it can be proved that they were originally stolen.

Since 2002, the SCA has had a dedicated returned antiquities department, which has successfully requested the return to Egypt from abroad of 5,000 objects originally stolen and smuggled out of the country, El-Achmawi said.